33 ans de ma vie - Angélique Ferreras Roca - E-Book

33 ans de ma vie E-Book

Angélique Ferreras Roca

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Beschreibung

Victime d’atrocités infligées par ses proches, notamment ses parents biologiques et son beau-père, Angélique Ferreras Roca révèle dans "33 ans de ma vie" une enfance marquée par de nombreuses épreuves. Après sept années d’écriture intense, elle revisite son récit, un voyage émotionnel qui l’a profondément transformée. Aujourd’hui, elle émerge plus forte que jamais, témoignant non seulement de sa reconstruction personnelle, mais aussi de son chemin vers la guérison et la résilience.





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Couverture

Page de titre

Angélique Ferreras Roca

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

33 ans de ma vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Angélique Ferreras Roca

ISBN : 979-10-422-3988-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

33 ans de ma vie

 

 

 

 

 

Vingt-quatre novembre deux mille seize

 

J’ai rencontré ma grand-mère paternelle il y a environ quatre ou cinq ans. Je suis allée lui rendre visite après quelques coups de téléphone. Malheureusement, je ne l’ai vue qu’une seule fois car elle est décédée quelques semaines plus tard.

Étrangement, sept jours plus tôt, j’avais un rêve prémonitoire. Dans ce rêve, je voyais le lit de Mémé, ses chaises vides et je ne peux l’expliquer, mais je ressentais son départ vers l’au-delà. Durant cette journée de rencontre, elle m’a appris énormément sur mon passé, par exemple, qu’elle m’avait élevée de ma naissance jusqu’à mes deux ans pour me protéger de mon père, son propre fils. Ma mère, Agnès, n’avait que seize ans lorsqu’elle accoucha de moi. Elle est de taille moyenne, blonde aux yeux bleus, la peau si blanche qu’on aurait dit une poupée de porcelaine et un peu enrobée. Les relations que j’entretiens avec elle sont assez complexes…

Ma grand-mère, Jeanne-Marie, me confia qu’elle était le plus souvent possible près de moi lorsque mon père, Luc-Emmanuel, taille moyenne, brun, yeux noirs, le teint mat, gitan espagnol, me changeait la couche car il avait tendance à toucher avec ses doigts mes parties intimes.

Elle me confia aussi que Luc-Emmanuel avait essayé de l’étrangler et avait aussi menacé des policiers avec une arme blanche. Il a fait de la prison.

Je me souviens avoir vu mon père trois ou quatre fois au cours de ma vie. D’après ma grand-mère, je suis une enfant arrivée du mal que ma mère a dû endurer. « Alors pourquoi m’a-t-elle gardée ? »

Je m’appelle Angélique, j’ai trente-trois ans, je suis brune aux yeux noisette. Je suis très fine et pas très grande. J’ai trois enfants : une fille de treize ans, et des jumeaux de deux ans et demi.

Je me suis séparée de leur papa, Loy, quarante-quatre ans, châtain roux, yeux marron, pas très grand et fin également, le premier février deux mille seize. Cette séparation fut d’un commun accord car nous avons réalisé qu’au bout de dix-huit ans de vie de couple il n’y avait pas de vrai amour. C’était une forme d’échappatoire autant pour lui que pour moi.

J’habitais dans un foyer médicalisé la semaine et le week-end, j’allais en famille d’accueil. C’est là que j’ai rencontré Loy car c’est le meilleur ami du fils de mon ancienne famille d’accueil. Une échappatoire d’amour ? Pourquoi ? Nous l’avons découvert et surtout compris cette année.

À mes dix-huit ans, je voulais quitter le monde de la DDAS. Lui, douze ans de plus que moi, voulait quitter le cocon familial. Cela nous arrangeait tous les deux.

D’après le psychiatre que je voyais lorsque j’étais adolescente, j’avais choisi cet homme plus âgé car je recherchais l’affection et l’amour d’un père.

Aujourd’hui, je me rends compte effectivement que c’était vrai car à chaque fois que je souhaitais quelque chose, comme aller faire les courses, boire un café chez la voisine… je lui demandais toujours l’autorisation.

Pourquoi étais-je dans un foyer médicalisé placée par la DDAS ? Je ne sais pas par où commencer alors j’espère être la plus claire possible sans trop de confusion…

J’ai dix-huit ans, mon petit frère en a cinq. Nous partons en week-end chez notre père en Charente. Il me met sur ses genoux pour conduire du sud du bassin d’Arcachon jusqu’à Angoulême. À huit ans, j’étais fière de conduire et n’en voyais pas le danger. Mon frère, Anthony, ressemblant comme deux gouttes d’eau à notre père, était assis côté passager à seulement cinq ans. Je me rappelle que sa ceinture n’était pas attachée.

Pendant que je tenais le volant sur l’autoroute, mon père sortit de dessous son siège une petite bouteille enroulée dans du papier marron. Il la porta à sa bouche et en but une gorgée. Je lui en ai demandé, car j’avais soif. Il m’a répondu que c’était un médicament et que j’étais trop petite. (Aujourd’hui, je sais qu’il s’agissait d’alcool.) Pendant ce temps, mon frère ouvrit la boîte à gants et y trouva un revolver. Mon père lui a dit : « Si tu veux, je t’apprendrai d’abord à tirer sur les animaux… » La suite, je pense que l’on s’en doute sachant que mon père était un alcoolique, drogué, trafiquant…

Nous sommes arrivés en Charente dans une petite maison qu’un de ses amis avait prêtée à Luc. Le repas de raviolis se passa plutôt au calme et mon père envoya mon frère au bain puis au lit.

Quand ce fut mon tour, pendant que l’eau du bain coulait, je me déshabillais et enjambais la baignoire. Quelques minutes plus tard, mon père entra dans la salle de bain et se mit à se déshabiller. Il était nu ! Mais qu’avait-il entre les jambes ? Je n’avais que huit ans et j’ai toujours été pudique. Je me demandais dans ma tête pourquoi je n’étais pas formée comme lui. Il entra dans le bain. J’avoue que j’étais un peu étonnée, voire choquée (je ne sais quel est le terme adéquat pour ça).

Il me proposa de jouer à un nouveau jeu. Les règles étaient simples : je ne devais en parler à personne car c’était notre secret à tous les deux, à vrai dire, le sien ! Il me mit en garde que si j’en parlais, il tuerait mon petit frère avec son pistolet. Mon visage devint pâle alors que je sentais mes joues si rouges par la chaleur du bain.

Il prit ma main, la porta à son sexe et avec la sienne posée sur moi, il commença à me faire faire des mouvements de va-et-vient. Puis il sortit sa main de la mienne en me disant : « Continue et va plus vite ! Tu vas voir, c’est magique, je vais sortir du lait grâce à toi ! »

Effrayée, je fis ce qu’il me demanda et effectivement, quelque chose de translucide, ni épais ni liquide, sortit de son sexe. Il sortit du bain comme si de rien n’était et me déclara tout simplement : « Ne te couche pas trop tard, ma fille. »

Je sortis du bain, me mis en pyjama, et allai me coucher à côté de mon petit frère. J’avoue avoir eu le sommeil un peu léger. J’ignorais si ce qu’il s’était passé la veille au soir dans la salle de bain était quelque chose de bien ou de mal.

Aussitôt levés, mon frère et moi allons déjeuner et notre père nous demanda de nous habiller car il devait soi-disant nous ramener chez notre mère un jour plus tôt.

Nous entrâmes à la maison et après le bonjour à ma mère, mon beau-père Laurent me « tombe » dessus : « Tu as vu l’état de ta chambre ? Ce soir, tu ne manges pas ! Viens dehors et dépêche-toi ! » Je le suivis tout en sachant ce qu’il allait se passer. Cette fois-ci, il a été « gentil » car j’avais juste à creuser dans la terre pour faire un trou pour un bassin à poissons…

Les contacts que j’ai avec mon beau-père sont assez compliqués. Il me déteste ! Pourquoi ? Je l’ignore. Peut-être que c’est parce qu’il a eu son fils avec ma mère. Mon demi-frère s’appelle Kévin.

Aujourd’hui, il doit avoir une vingtaine d’années, je pense. Cela fait très longtemps que je ne l’ai pas vu. Ni Amandine ni Aurélien d’ailleurs. Nous sommes de la même mère mais je connais à peine mes frères et ma sœur.

Je vois rarement mon frère Anthony (environ deux fois par an), mais parfois nous nous téléphonons. D’Arcachon, il a été muté à Toulouse, où il est chef cuisinier.

Comme je l’écrivais, avec mon beau-père ce n’était pas le top. Souvent j’étais privée de manger car je parlais à table. Je voulais juste raconter ma journée d’école…

Mais nous n’avions pas le droit de dire un seul mot. Je me rappelle une fois où il me leva du lit par les cheveux et me tapa la tête contre le mur du couloir en me disant :

« Tu es fière de toi ! Tu as vu ce que tu as fait ? » Sur ce mur, il y avait des traces de stylo sur environ un mètre de hauteur et deux mètres de long.

Au bout d’environ dix minutes de crise, il comprit enfin que c’était son propre fils, Kévin, qui venait d’apprendre à écrire à l’école maternelle et, à ma grande surprise, vu comment j’avais été traitée, il lui a simplement dit : « Ce n’est pas grave, mimolette (c’était son surnom car il adorait manger de la mimolette) mais la prochaine fois demande une feuille. »

J’ai douze ans, je me prépare pour mon entraînement de patinage artistique. Quand ce fut le moment de partir, le téléphone sonna. (Cela faisait quatre ans que nous n’avions pas eu de ses nouvelles.) Mon père ! J’entendis ma mère lui répondre qu’elle acceptait qu’il vienne nous chercher mais seulement après mon entraînement. Ma mère rajouta aussi « Si tu prends ta fille, tu prends aussi ton fils ! » Donc a priori, il ne voulait emmener que moi. Bref, mon entraînement se termina, et nous sommes partis pour le Cap-Ferret. Il louait une petite maison avec une chambre, un restaurant juste en face de chez lui. Nous devions rester une semaine. La journée lorsqu’il était absent, il nous faisait garder par la dame du restaurant, même le soir d’ailleurs.

Le lendemain, un samedi, il nous amena chez des gens où il y avait une immense piscine. La dame s’y baignait toute nue, mon père aussi. Ils voulaient que mon frère et moi les rejoignions dans la piscine mais nous n’avions pas de maillot de bain. Mon frère, pas pudique, se jeta à l’eau. Moi, j’ai refusé catégoriquement d’y aller. Peut-être qu’au final j’aurais dû prendre sur moi et y aller…

Mon père repartit en nous laissant chez cette dame. Une jeune femme d’une vingtaine d’années très gentille. Elle prépara un goûter à mon frère et moi. Elle avait ouvert un croissant en deux et y avait glissé une barre de chocolat qu’elle avait ensuite fait fondre au micro-ondes. C’était un régal.

Quelques heures plus tard, mon père arriva pour nous chercher et cette jeune femme nous a dit : « À ce soir. » Pourquoi à ce soir ?

Nous nous sommes assis à table vers vingt heures dans le petit appartement de notre père, il nous a servi des raviolis au repas. Ensuite, il nous a envoyés nous doucher en nous précisant de bien nous habiller car il recevait du monde et que nous sortions en boîte de nuit.

Je me suis levée de table pour débarrasser mon assiette et là je me sentis extrêmement mal à l’aise lorsqu’il me déclara : « Tu as les seins qui poussent, ma fille ! » Je file me doucher, m’habiller.

Mon frère suivit.

Entre-temps, plusieurs adultes étaient arrivés. Ils buvaient sûrement de l’alcool.

Anthony et moi commencions à nous endormir sur le canapé. Papa nous lève et nous partons dans une sorte de bar avec de la musique très forte, des gens étranges, des gens qui dansaient.

Il devait être quatre ou cinq heures du matin quand nous sommes rentrés à l’appartement de papa.

En arrivant, mon père dit à mon frère : « Ce soir c’est toi qui dors dans le petit lit de camp et moi je dors avec ta sœur dans le grand lit. » J’avoue que je trouvais ça louche. Je me mis en pyjama et me couchais. Je tombais de sommeil.

Mon père est venu me rejoindre et il commença par me caresser le dos. C’est vrai que c’était agréable mais bon. Il me demanda de le caresser à son tour, ce que je fis. Je lui caressais le dos et j’ai dû m’endormir.