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Je sais que tu es là, que tu existes toujours, même si tu m’as oublié après cette nuit-là. Je sais qu’un de ces jours, tu me retrouveras, tu marcheras dans les rues de nos jeunes années, la nostalgie suspendant tes larmes au bord du vide. Te souviendras-tu de ton passé ? Comprendras-tu mon choix ? Pour cela, tu ne seras pas seule, laisse-moi te guider à travers trois mémoires que je t’ai laissés. Ils t’aideront à retrouver ton chemin. Je sais que tu retrouveras tout ce que tu as perdu, j’en ai la certitude.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né à Beaumont sur Oise, en région parisienne,
Doryan Fredon est technicien informatique. Il travaille en atelier depuis l’âge de vingt et un ans puis, l'année suivante, il se met à l’écriture. Il commence alors son premier roman,
À 5 ans trop tard, dans lequel il rend hommage à une personne croisée au cours de sa vie.
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Doryan Fredon
À 5 ans trop tard
À jamais
Tome II
Roman
© Lys Bleu Éditions - Doryan Fredon
ISBN :979-10-377-2536-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À une femme qui m’a inspiré une histoire hors du commun.
Que ma présence te pince le cœur autant qu’elle te manque en mon absence.
C’est un drôle de sentiment.
Je ne suis pas sûr que ce soit bien.
Mais je veux être un peu plus qu’un souvenir dans ton futur quotidien.
En fait,
J’aimerais te pincer le cœur.
À chaque fois que tu me revois à tes côtés,
Je veux juste te manquer.
Te manquer.
Grand Corps Malade.
Les mots sont, bien sûr, la plus puissante des drogues de l’Humanité.
Rudyard Kipling.
Nous sommes le vendredi 22 mai, à Estepona, Andalousie, en Espagne. Il est 13 h 30, un jeune couple d’une trentaine d’années vient de s’installer dans une maison récemment construite dans un quartier pavillonnaire, enthousiaste de rencontrer leurs voisins, ils décident tous deux d’aller se présenter à leur porte. Sortant de chez eux, ils longent leur portail qui devient plus grand et noir, avec des barreaux palmés, peu écartés et légèrement de travers. Ne laissant que des bribes du décor qu’il cache derrière. Chargé d’un panier garni et de petits cadeaux, le couple sonne à l’interphone. Trois tonalités retentissent avant qu’une femme réponde.
« Oui, qui est-ce ? »
« Bonjour, nous sommes vos nouveaux voisins. »
Quelques secondes passèrent avant que la voix provenant de l’interphone réponde.
« D’accord, entrez je vous ouvre. »
Un bruit strident retentit, le portail s’ouvre, le couple entre et découvre avec stupéfaction une maison blanc nacré dont des poutres en bois, positionnées à certains endroits, harmonisent la structure et l’environnement de la sublime propriété. Elle est montée sur deux étages, entourés d’un immense jardin des plus époustouflant. Le large terrain de verdure est entretenu avec précision. Avançant pas à pas sur un chemin de graviers menant du portillon à la porte d’entrée, l’un et l’autre détournant le regard, le couple aperçut au fond du jardin des jouets d’enfants posés autour d’un banc à balancelle.
À l’approche de la porte d’entrée, une jeune femme ouvrit, sortit de la maison et les accueillit sur le pas de la porte. Elle leur dit :
« Bonjour, je m’appelle Édith, je suis infirmière à domicile, et vous êtes ? »
L’homme s’approche, tend la main et lui dit :
« Nous sommes les Ravière, voici ma femme, Rose, et je suis Mathias. Nous venons d’emménager dans la maison d’à côté. »
Édith tendit sa main à son tour et dit au couple en leur serrant la main l’un après l’autre :
« Enchantée de vous connaître, entrez, je vais vous présenter à la maîtresse de maison, suivez-moi. »
La porte s’ouvrit en grand, les Ravière découvrirent un long couloir d’entrée, menant à une salle à manger et une cuisine ouverte, une grande porte vitrée sépare la maison d’une longue véranda d’extérieur faite de bois, donnant sur un magnifique paysage de plage. Le mobilier couleur bois donne une harmonie parfaite avec l’environnement. En regardant au loin, la plage au travers d’un rideau, emporté par le courant d’air, le couple aperçoit la silhouette d’une femme, de dos, assise sur une chaise de plage sous l’ombre d’un parasol blanc. À ses côtés se trouve une petite table sur laquelle est posé un verre rempli de moitié. Voyant le couple ébahi par la vue, Édith leur dit, le sourire aux lèvres :
« Je vois que vous avez un cadeau, vous permettez ? »
Le regard encore stupéfait par la vue, Rose peine à trouver les mots tout en donnant le panier garni à l’infirmière.
« Eh bien je… oui, merci… mais, dites-moi ? »
« Qu’y a-t-il ? »
« Est-ce la dame de maison que l’on aperçoit ? » dit Rose en pointant du doigt la femme assise au loin sur la chaise de plage.
« Oui, c’est elle. »
« Vit-elle seule dans cette si grande maison ? »
« Non, madame vit ici avec ses trois enfants. Elle a deux garçons et une fille. Le premier se nomme Kyle, la deuxième s’appelle Malya, et le petit dernier, c’est Liam. Ils ont neuf, sept et quatre ans, ils sont à l’école à l’heure où l’on parle. »
Voyant Édith s’approcher d’un meuble sur lequel repose des cadres photos et deux livres empilés l’un sur l’autre, le jeune couple s’approcha à leur tour, et vit différentes photos de diverses époques. Regardant tous les visages souriants des enfants et de leur mère sur ces photos, Rose dit à voix haute :
« Ils sont beaux, regardez-moi tous ces beaux visages, ils sont à croquer. »
Le visage de Rose se tourna vers Mathias, qui lui, l’air intrigué, regarda vers Édith et lui dit d’une voix timide :
« Le père n’est pas sur les photos, je suppose qu’ils sont… »
Édith lui coupa la parole et dit d’une voix stricte, mais calme :
« On ne doit pas en parler, surtout devant madame. »
Puis une voix soudaine se fit entendre.
« Édith, qui sont ces deux personnes dans la maison ? » s’exclama la voix d’une femme inconnue.
Le couple se tourna et vit une femme habillée d’une tunique blanche et d’un short en jean bleu, dans ses mains, elle tient un livre avec une reliure de cuir d’un côté, et un verre de soda dans l’autre. Les cheveux attachés en chignon, elle a des traces de larmes sur les joues.
« Madame, tout va bien, que vous arrive-t-il ? » énonça Édith.
« Ce livre, j’ai du mal à le continuer, il ne me reste presque rien à lire, et pourtant… oh excusez-moi, mais qui êtes-vous ? »
« Madame, je vous présente vos nouveaux voisins, les Ravière, ils sont venus se présenter, ils vous ont offert un panier garni, regardez, il est sur la table », s’exclama Édith.
Rose s’approche et tend la main vers la femme et lui dit :
« Enchantée madame, je m’appelle Rose Ravière et voici mon mari Mathias. »
Madame imita Rose et lui serra la main sans dire un mot, le visage dans le vide.
« Tout va bien, madame ? », manifesta Édith.
« Veuillez m’excuser, le soleil m’a donné la migraine. Allez donc vous asseoir sous la véranda, je vais vous faire un peu de thé et du café. Édith, accompagnez-les, s’il vous plaît », dit-elle en se tenant la tête à une main.
« Bien madame, si vous avez besoin d’aide, appelez-moi. »
D’une voix éprise de douleur, la dame de maison dit à Édith.
« Oui, ne vous inquiétez pas. »
Le couple accompagné de l’infirmière se dirigea sous le toit couvert entouré de baies vitrées coulissantes, laissant un paysage de sable fin et l’océan étendu éblouir la vue des tourtereaux.
Assis autour d’une table en bois, le couple eut du mal à lâcher la maîtresse de maison du regard. Les voyant faire, Édith dit au couple :
« Si vous avez des questions, vous pouvez toutes me les poser, ça ne me gêne pas d’y répondre. Sachez juste que je n’ai pas toutes les réponses, pour commencer, je ne connais que peu de choses à propos de monsieur, je sais seulement qu’il faut éviter le sujet devant madame. »
Rose regarda Édith dans les yeux, et lui dit d’une voix fragile.
« Excusez ma curiosité Édith, mais, que lui est-il arrivé ? »
« Madame a subi un accident de la route, il y a maintenant presque deux ans, elle est tombée face à un ivrogne qui avait perdu le contrôle de sa voiture, elle a basculé dans le coma pendant neuf longs mois et à son réveil, elle avait perdu la mémoire. Par contre, miracle, ses souvenirs avec ses enfants lui sont rapidement revenus, mais pour ce qui est de son mari, hélas, rien n’a ressurgi. »
Rose, le regard tombant des nues, demanda à Édith :
« Qu’est-il arrivé à son mari ? »
« Eh bien, par amour, monsieur a préféré se séparer d’elle afin qu’elle prenne le temps de retrouver ses souvenirs sans la brusquer. Tout ce qu’il reste de lui à ce jour dans cette maison, ce sont les trois mémoires qu’il a écrits pour elle et qui reposent sur le meuble à photos que vous avez vu tout à l’heure. »
Édith, le regard fixé sur madame qui, au loin dans la cuisine, se démène à trouver des tasses, continua de dire à Rose :
« Monsieur m’a lui-même fait jurer de ne jamais dire à madame qui était l’auteur de ces ouvrages, par contre, il m’a fait jurer de lui faire lire, quoi qu’il advienne, tout en me disant, je cite “Quand elle se souviendra, elle saura où me retrouver.” »
C’est avec le regard compatissant que Rose dit à Édith.
« Je suis navrée de l’apprendre. »
« Ce n’est rien, maintenant, vous connaissez un morceau de son histoire. »
Voyant la maîtresse de maison peinée à préparer les boissons, Édith se leva et alla à l’aide de madame.
« Madame, tout va bien… »
Voyant le réservoir d’eau de la cafetière dans la main tremblante de madame, Édith prit le relais, tout en lui disant :
« Parlez-moi de ce que vous avez lu aujourd’hui, parlez-moi de l’histoire de ce livre. »
Les mains se joignant l’une dans l’autre, Madame dit à son tour :
« Eh bien, il raconte l’histoire d’une idiote, qui s’est perdue pendant des années, elle a subi des choses horribles, jusqu’au jour où elle en prend conscience et fuit. Ensuite, elle retrouve son ami d’enfance, lui, il a toujours été amoureux d’elle. Alors qu’elle n’avait pas de sentiments amoureux de son côté, elle se confie. Elle a beau être brisée par son passé, lui, il ne la voit pas comme ça, il continue de croire en elle, il lui redonne le sourire qu’elle avait perdu et puis… »
« Continuez madame, que se passe-t-il après ? »
La maîtresse de maison se mit à pleurer tout en lui disant :
« Je n’ose pas lire la fin, Édith, cette jeune fille a subi tellement de choses, ses démons la persécutent, et puis, plus je lis, plus je sens des frissons dans le dos, comme des moments d’hésitation… tu es sûre qu’avant mon accident, j’aimais cet auteur ? »
Le regard perplexe, elle dit à madame :
« C’est vous-même madame qui les avez trouvés dans votre chambre, peut-être aviez-vous prévu de les lire avant votre accident ? »
Le visage triste de la maîtresse de maison ne changea pas, au contraire, cela poussa Édith à lui demander :
« Qu’est-il arrivé sur les dernières lignes que vous avez lues, madame ? »
« L’ami d’enfance et amoureux se fait poignarder par l’ancien petit ami violent de la jeune femme, et finit par mourir, je crois. Je n’en sais pas plus, je me suis arrêtée là, je n’ai pas eu la force de continuer. »
La maîtresse de maison fixa le livre à la couverture de cuir posé sur le plan de travail tout en disant à Édith :
« Je ne sais pas pourquoi Édith, mais durant la lecture de ce livre, à chaque ligne, à chaque mot, je ne pouvais cesser de me mettre à la place de cette femme. Au-delà de l’histoire, je ressens comme des moments vécus, des moments de déjà vu, et ça me fait très peur, serais-tu au courant de quelque chose Édith ? »
« Non madame, je vous assure n’être au courant de rien, je ne vous connais que depuis votre retour de l’hôpital, je ne connais rien de votre passé… »
Édith posa sa main sur celle de la dame de maison, elles se regardèrent dans les yeux, puis Édith lui dit :
« Lisez, madame, lisez jusqu’au bout, ne vous gâchez pas l’histoire en survolant les pages, lisez chaque ligne, chaque phrase, chaque mot, peut-être trouverez-vous quelque chose qui vous rendra vos souvenirs perdus, prenez votre temps madame, ne vous précipitez pas. »
« Tu as raison, en continuant je retrouverais sans doute, ce qui m’a fait tomber amoureuse de l’auteur par le passé, merci de m’y encourager, Édith. »
Avant de retourner auprès de leurs convives, Édith se tourna vers la maîtresse de maison et lui dit :
« Je suis ravie d’avoir pu vous aider, madame. »
C’est avec un sourire aux lèvres que la maîtresse de maison se joint à la table, elle fit connaissance avec ses voisins.
*
Deux heures s’écoulèrent, chacun raconta son histoire avant d’emménager dans le quartier.
Les Ravière, sont un jeune couple marié depuis maintenant six mois. Ils ne sont que deux pour l’instant, mais ils souhaitent par la suite avoir des enfants. Aux dires de Rose, ils projettent d’en avoir deux, un garçon, suivi d’une fille de préférence. Étonnée de l’apprendre, Édith demanda à Rose :
« Pourquoi seulement deux enfants ? »
En écoutant la question d’Édith, la maîtresse de maison ne pouvait masquer un sourire aux lèvres, tout en écoutant la réponse de Rose, qui elle, répondit tout en regardant son mari dans les yeux :
« Vous allez trouver ça bête, mais nous avons choisi ce nombre en fonction de la place que nous avons autour de notre table à manger… »
Rose se tourna vers Madame, puis elle lui demanda d’une voix timide sans même réfléchir :
« Et vous, combien voulez-vous d’enfants en tout ? »
Un moment de silence s’installa autour de la table avant que la dame de maison prenne la parole, et répondit à Rose :
« J’ai toujours voulu trois enfants, je ne sais pas comment l’expliquer, mais ça a toujours été mon chiffre préféré », dit-elle le sourire aux lèvres, puis elle demanda à Rose :
« Dites-moi, où vous êtes-vous rencontrés ? »
Rose, prenant un sourire amusé, posa sa main sur celle de son mari, le regarda avec tendresse, puis elle dit d’une voix amoureuse :
« Pour tout vous dire, c’est la joie du destin… »
Un moment de ralenti s’installe autour de madame. Le mot destin fut comme un flash. En une décharge, des souvenirs lui sont apparus. Les mains posées sur la table, l’une sur l’autre, le regard fixé droit devant elle, une larme se mit à couler le long de sa joue sans qu’elle la sente. En la voyant ainsi, Édith lui demanda :
« Madame, vous allez bien ? »
« Le parc… Édith, je me souviens… »
« De quoi vous rappelez-vous madame, racontez-moi ? »
« C’est dans le livre, c’est vraiment arrivé… »
Madame se leva d’un coup de sa chaise puis se précipita en direction du livre qu’elle avait posé plus tôt sur le plan de travail. Ce n’est qu’après l’avoir saisi dans les mains, qu’elle est revenue à table. Le regard gêné, elle dit au couple :
« Je ne sais pas quoi vous dire, excusez-moi, mais il faut que je m’absente un instant. »
À cela, Rose répondit en se levant :
« Ce n’est rien, nous allions partir », lui dit-elle en regardant son mari. Madame se tourna vers Édith, l’air désespérée, en lui disant :
« Édith… »
Madame eut à peine le temps de dire quelque chose, qu’Édith lui dit en retour :
« Ne vous inquiétez pas madame, je m’occupe de vos enfants. »
« Merci Édith, dites-leur que je suis désolée de ne pas venir les chercher. »
Voyant le regard triste de Madame, Édith ne tarda pas à répondre le regard compréhensif :
« Je leur dirais madame », dit-elle en inclinant la tête de haut en bas.
Ce n’est qu’après avoir serré la main du couple tout en leur souhaitant la bienvenue dans le voisinage que la maîtresse de maison regagna, le livre à la main, la chaise de plage qu’elle avait quittée plus tôt. Ainsi, c’est sous un soleil adouci qu’elle reprit la lecture du premier livre.
*
La journée passa en silence après le départ des Ravière, Édith sortit la voiture du garage pour aller chercher les enfants à l’école. Il est 16 h, durant tout le trajet, Édith ne pouvait s’empêcher de penser à Madame. En effet, depuis qu’elle a été engagée, jamais elle n’était allée chercher les enfants seule. Madame a toujours été présente à ses côtés. Quand elle y repense, elle se souvient du visage épanoui qu’elle avait chaque jour en se rendant à l’école, on dirait que chaque instant qu’elle passe avec ses enfants est comme un cadeau béni du ciel, elle en apprécie chaque seconde. Édith esquissa un sourire en y pensant, puis elle se mit à dire à voix haute :
« J’envie l’amour immense que vous portez à vos proches, Madame, savoir que quelqu’un manque à ce cadre me désole. Je souhaite de tout cœur que votre mémoire vous revienne un jour, Madame, puissiez-vous vous retrouver un jour, vous et Monsieur. »
Madame dit à voix haute :
« Je veux t’aimer et être avec toi, jusqu’à la fin de ma vie, et même après, si c’est possible. »
En tournant une dernière page, elle aperçoit une phrase écrite à la main :
« Chaque mot de ces mémoires me sont cher, quoi qu’il advienne de nous à l’avenir, sache une chose, je t’aime. »
Arrivée à la fin du livre, elle le referma, les larmes aux yeux, tout en disant, à voix haute, pleine de sanglots devant l’océan et le sable pour seuls témoins :
« Je ne sais pas qui tu es, je sais que j’ai oublié des choses… mais toi… qui es-tu pour moi, pourquoi avoir écrit ces livres sur moi et surtout, où es-tu ? »
Puis, loin derrière, elle se mit à entendre le sable foulé par ses enfants qui courent la rejoindre, elle sèche vivement ses larmes tout en les regardant courir dans sa direction, le sourire aux lèvres.
*
Édith, dos appuyé contre le mur de la maison, regarde de loin ce cadre magnifique, une mère aux anges malgré la vie qu’elle mène, jouant avec ses trois enfants. Quand ils rentrèrent tous dans la maison, les enfants se dirigèrent de suite vers la table à manger où était posé leur goûter, tout en remerciant Édith comme à leur habitude. Lorsque madame foula le pas de la porte à son tour, elle interpella Édith, et lui dit :
« Il faut que je vous parle, venez, je vous prie. »
Elles se dirigent vers la véranda, et s’installent autour de la table, l’une devant l’autre. Un silence plana, jusqu’à ce qu’Édith dise les premiers mots :
« Qu’y a-t-il madame, de quoi voulez-vous me parler ? »
Le regard pendu dans le vide, Madame lui dit :
« Je sais ce que représente ce livre. »
Le regard émerveillé par la nouvelle, Édith répondit :
« Je suis contente pour vous, madame, que représente-t-il alors ? » dit-elle d’une voix excitée, impatiente de connaître la suite.
« L’auteur, il a écrit ces livres pour que je me souvienne de lui, mais… »
Le regard stupéfait, Édith dit à madame :
« Continuez Madame, dites-moi tout. »
Les mains sur la table l’une dans l’autre, Madame dit à Édith :
« Je n’arrive toujours pas à savoir qui c’est… je ne sais pas qui il est pour moi ni pour les enfants. »
Impatiente, Édith demanda à Madame :
« Dites-moi, de quoi parle le livre ? »
« Il parle de nous, de comment nous nous sommes connus, et… »
Le visage curieux, Édith lui demanda :
« Où vous êtes-vous rencontrés ? »
« D’après l’histoire de ce livre, je dois le connaître depuis mon enfance, mais je suis incapable de m’en souvenir. »
Elle prit un regard désespéré.
« Je veux tellement savoir qui c’est, s’en est rageant, de plus, il raconte l’histoire d’une femme qui se perd par amour, je me souviens seulement de certains moments, ce moment dans le parc par exemple. »
Elle pointa du doigt le chapitre du livre devant Édith puis elle lui dit :
« Mais je ne me souviens pas avoir vécu une histoire d’amour aussi douloureuse comme ce qui est écrit dans ce livre. »
Le livre posé au milieu de la table, Édith regarda madame droit dans les yeux et lui demanda d’une voix interrogative :
« Vous a-t-il laissé un message, une photo, un indice ? »
« Oui, il m’a laissé une phrase écrite à la main, comme pour une dédicace, il y est écrit : “Chaque mot de ces mémoires, me sont chers, quoi qu’il advienne de nous à l’avenir, sache une chose, je t’aime.” »
Édith prit un visage compatissant devant madame, malgré la frustration de ne pas pouvoir lui révéler son secret.
« Qu’est-ce que cela t’évoque, Édith ? »
« Et bien madame, d’après moi, cette phrase veut tout dire, il vous faut lire pour pouvoir avancer. »