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Parce qu'après tout, si on n'a pas conscience de la mort, de la mort qui vient, il n'y a aucune raison que la mort soit source d'angoisse. Il n'y a aucune raison qu'elle soit pour nous une préoccupation métaphysique. Donc on va rappeler très brièvement le nom de quelques auteurs pour qui notre condition mortelle fait partie intégrante de la définition de la nature humaine. Pour Freud, on l'a vu dans la dernière vidéo, l'angoisse de la mort constitue l'une des raisons pour lesquelles l'homme a inventé Dieu, pour lesquels l'homme a inventé la religion.
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Seitenzahl: 50
ÉPICURE et LE STOÏCISME
La mort n'est rien. Vaincre nos émotions
Bonjour à tous. Aujourd'hui, on va parler de la mort et on va en parler dans la joie et la bonne humeur. Parce qu'il y en a marre qu'en Occident, à chaque fois qu'on parle de la mort, on se sent obligé de faire une tête d'enterrement. Quand on parle de la mort, il est convenu d'adopter un air grave, un air sérieux. Et la mort est un événement qu'on associe immédiatement à la tristesse.
Mais on va arrêter l'hypocrisie cinq minutes et dire les choses telles qu'elles sont. La mort, c'est comme les SDF, c'est quand c'est sous nos yeux qu'on s'en soucie. Voilà, donc ça c'est fait. Et si vous êtes déjà choqué, je vous le dis d'entrée de jeu, vous n'êtes pas prêt pour la suite. Mais c'était nécessaire de briser un petit peu la glace pour détendre l'atmosphère sur ce sujet. Et aujourd'hui, on va voir avec Épicure en quoi la mort ne doit pas nous effrayer. En quoi la mort ne doit pas être crainte? Et pour ça, on va commencer par partir d'un constat qui est que dans l'histoire de la philosophie, la mort a très souvent été associée à la souffrance et à l'angoisse. L'angoisse métaphysique de la mort, c'est quelque chose qu'on retrouve chez énormément d'auteurs. Et pour certains, la mort est même ce qui structure la condition humaine. L'humaine condition se définirait par notre caractère mortel, par notre finitude temporelle. Et plus que la mort, la conscience de la mort serait la marque de notre condition.
Parce qu'après tout, si on n'a pas conscience de la mort, de la mort qui vient, il n'y a aucune raison que la mort soit source d'angoisse. Il n'y a aucune raison qu'elle soit pour nous une préoccupation métaphysique. Donc on va rappeler très brièvement le nom de quelques auteurs pour qui notre condition mortelle fait partie intégrante de la définition de la nature humaine. Pour Freud, on l'a vu dans la dernière vidéo, l'angoisse de la mort constitue l'une des raisons pour lesquelles l'homme a inventé Dieu, pour lesquels l'homme a inventé la religion. Car la religion nous promet une vie après la mort. La religion nous promet qu'après notre vie terrestre, nous connaîtrons une vie éternelle, une vie éternelle auprès de Dieu si nous avons fait le bien, ou dans les flammes de l'enfer, si notre vie a été marquée par le péché. Mais dans tous les cas, il y a l'idée que, après la mort, la vie continue. Et c'est parce que l'idée d'une vie qui s'arrêterait définitivement nous paraît totalement absurde, nous dit Freud, que nous avons inventé Dieu pour conjurer cette absurdité. Un autre philosophe qui considère que la conscience de la mort fait partie intégrante de notre nature, c'est Heidegger. Heidegger qui définissait l'être humain comme un être vers la mort. On trouvera parfois un être pour la mort selon les traductions zen tsung tod. Et selon Heidegger, c'est ce souci de la mort qui vient, cette préoccupation métaphysique qui ne quitte jamais notre existence, qui fait que l'homme est constamment plongé dans l'inquiétude.
Au sens littéral, la non quiétude, le souci permanent. Et c'est seulement à la condition que nous acceptions notre sort d'être mortel, que nous pouvons sortir du soucis, sortir de l'inquiétude et accéder à l'authenticité. Pascal. On l'a vu considérer également que notre condition de mortel était absolument structurante pour Pascal. C'est parce que l'homme est incapable de demeurer en repos dans une chambre. C'est parce que l'homme est incapable d'oublier sa condition mortelle qu'il a besoin de se divertir, qu'il a besoin de dévier son esprit, de dévier ses pensées de cette angoisse fondamentale de la mort. L'homme se divertit par le jeu, par le loisir, par le travail, pour détourner son esprit de cette vérité à la fois effroyable et inévitable. Pour Schopenhauer, la mort est la marque de l'absurdité de notre existence. On sait que pour Schopenhauer, l'essence intime du monde qu'il appelle la volonté à laquelle nous essayons de donner du sens à travers la représentation, cette volonté est fondamentalement incompréhensible, inaccessible à l'entendement humain. C'est quelque chose qui nous dépasse radicalement et toute prétention à comprendre le sens de l'existence. Toute prétention à comprendre ce qu'est la volonté lui apparaît comme étant seulement la marque de notre orgueil. La vie est incompréhensible parce que la mort est incompréhensible. Elle est même l'incompréhensible. Et partant de là, notre existence est vaine.
Montaigne, quant à lui, disait que philosopher, c'était apprendre à mourir, apprendre à mourir, c'est à dire apprendre à accepter l'idée de la mort parce que, pris dans son sens littéral, apprendre à mourir, ça n'aurait pas beaucoup de sens. Nous n'apprenons pas à mourir, nous mourons et nous n'avons pas le choix. Et qu'on l'ait appris ou pas, le résultat sera le même. Mais ce que voulait dire Montaigne, c'est que si on ne peut pas empêcher que la mort nous emporte, si on ne peut pas se soustraire à la mort à cet inéluctable par excellence, on peut en revanche à prendre à accepter cette idée et ainsi apaiser notre angoisse, notre angoisse de quitter ce monde qui résume le tout de notre existence. Car qui existe t il à part notre existence? Il faut bien se rendre compte que l'angoisse de la mort, ce n'est pas juste un concept et c'est une expérience, une expérience intérieure, une réalité intérieure, une réalité qui nous prend aux tripes et aux neurones. Mais il faut savoir que cette vision pour le moins sombre de la nature humaine, cette idée d'une humanité qui se définirait par sa condition mortelle, n'a pas toujours été en vigueur chez les philosophes et notamment chez les anciens. On trouve l'idée que la mort n'avait pas ce caractère sinistre et mélodramatique qu'on lui prête dans l'Occident moderne. Par exemple, chez Platon, la mort n'était rien d'autre que la fin de notre existence terrestre et le début de la vie dans le monde intelligible.