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Un jeune homme à l'âme de prince et rejeté par sa famille veut démontrer sa bravoure.
Aladdin est le fils de Kérim et de Nézar, le roi de l'Yemen. Il est rejeté par son père et sa belle mère. Mais Aladdin a l'âme d'un prince et veut démontrer sa bravoure.
(Re)découvrez ce conte oriental, issu de Suite de Contes arabes, et plongez dans l'univers des mille et une nuits !
EXTRAIT
Mahmed voyagea pendant trente jours. Au bout de ce temps, il arriva à un endroit où il y avait trois chemins, à l’entrée de chacun desquels était placée une inscription pour aider le voyageur embarrassé du choix. Sur la première pierre était écrit en grands caractères : ceci est le chemin de la paix. Sur la seconde : ceci est le chemin du repentir. Sur la troisième : ceci est le chemin d’où on ne revient jamais. Après avoir lu ces trois inscriptions, le prince hésita longtemps et ne pouvait se décider.
– Je ne veux pas prendre le chemin de la paix, disait-il, parce qu’il n’y aurait rien à faire, et l’oisiveté ne convient qu’à des paresseux. Quant au chemin du repentir, nulle personne douée de raison ne pourrait le choisir. Il ne me reste donc que celui d’où on ne revient jamais. Il y aura du moins quelque occupation, et si on y périt, ce ne sera pas d’ennui.
Ayant ainsi fait ces réflexions, il ordonna à tous ces gens de le suivre par le chemin d’où on ne revenait jamais.
Il voyagea encore pendant vingt jours, il se trouva enfin devant une ville presque ruinée où il ne paraissait personne et qui avait l’air d’être abandonnée. Il campa au-dehors et ordonna qu’on tuât cinq bœufs, quatre pour bouillir et un pour rôtir.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Trois contes emboîtés qui sont des variations sur le thèmes de la fuite initiatique.
Usant de l'art de conter comme d'un kaléidoscope, William Beckford nous restitue l'univers des mille et une nuits -
Takam Tikou
À PROPOS DE L'AUTEUR
Riche héritier d'une vieille famille anglaise, fils d'un fastueux lord-maire de Londres, membre du Parlement et pair d'Angleterre,
William Beckford est un précurseur du romantisme. Brillant esprit de son époque, William Beckford commence à écrire très jeune. Sensible à la mode des imitations de contes orientaux, il écrit à dix-sept ans
Suite de Contes arabes, dont est extrait
Histoire d'Aladdin, roi de l'Yemen, réédité en 1998 aux Éditions du Jasmin. À vingt et un ans, il écrit
Vathek, un « conte arabe », qui est son œuvre maîtresse, et qui le classe souvent dans la lignée des « mystiques de l'enfer ».
Suite de contes arabes et
Vathek ont été composés directement en français, qui est une langue dominante de la culture à cette époque. Beckford est un révolté fantasque aux mœurs légères. Accusé de sorcellerie, crime abominable en Angleterre à cette époque, il échappera de peu à la peine de mort, mais sera banni de sa patrie. À partir de 1784 et pour une dizaine d'années, il va errer à travers une Europe secouée par les soubresauts de la Révolution française. Outre
Vathek, que Mallarmé admirait beaucoup, et qu'il réédita lui-même en 1876 avec une préface devenue presque plus célèbre que le conte, Beckford a écrit de nombreuses lettres, des récits de voyages, rassemblés dans
Rêves, fantasmes et incidents (
Dreams, Waking Thoughts and Incidents) en 1783, et dans
L'Italie, avec des croquis sur l'Espagne et le Portugal (
Italy, with Sketches of Spain and Portugal) en 1834.
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Contes d’Orient et d’Occident
1. Histoire d’Aladdin Roi de l’Yemen
William Beckford
2. Les Quatre Talismans
Charles Nodier
3. Contes de Fez
Anonyme
4. Contes de l’Alphabet I
E. & B. de Saint Chamas
5. Contes de l’Alphabet II
E. & B. de Saint Chamas
6. Contes de l’Alphabet III
E. & B. de Saint Chamas
7. Contes de Berbérie
José Féron Romano
8. Nouveaux contes de Fez
Anonyme
9. Le prince dont l’ombre était bleue
J. Féron Romano et E. Tabuteau
10. Contes des six trésors
E. & B. de Saint Chamas
Tous droits de reproduction, de traduction
Il régnait autrefois dans la partie de l’Arabie qu’on nommait l’Yémen, un roi nommé Nezar qui était plus fortuné que sage quoi qu’il eût autant d’esprit que la plupart des rois ses contemporains. Ce monarque, dont le pays était si bon et si beau qu’il en fut surnommé l’Heureux, vivait dans l’indolence et la mollesse. Peu connu de ses sujets, il en était plus craint qu’aimé.
Farouka l’altière était la sultane favorite de Nezar. Elle lui avait donné deux jumeaux et lui avait fait bannir de sa présence un troisième fils dont la mère était aussi bonne qu’elle-même était méchante.
Le prince rejeté se nommait Aladdin et l’infortunée qui lui avait donné le jour, Kérime. Tous deux avaient été relégués dans un obscur et petit appartement qui touchait aux écuries du palais royal où ils vivaient si misérablement qu’ils en faisaient compassion à tout le monde, mais personne n’osait dire un mot en leur faveur, ni leur donner la moindre assistance.
La nature semblait avoir voulu venger Aladdin de l’injustice qu’on lui faisait. II était beau, bien fait et avait un cœur excellent et tant d’esprit qu’il apprenait tout sans maître et seulement en écoutant et en examinant dans les lieux publics ce que les autres disaient et faisaient de bien. Il n’en était pas de même des deux fils de Farouka : quoiqu’élevés avec des soins infinis, ils ne pouvaient rien apprendre de bon et quoique d’une figure à peine passable, ils étaient non moins vains et arrogants qu’envieux et pervers.
Kérime disait souvent à son fils :
– Le roi Nezar est un peu cruel avec nous, mais il faut l’aimer, parce qu’il est votre père. Vos frères vous traitent avec beaucoup d’insolence, mais il faut se taire et souffrir ce qu’on ne peut empêcher. Votre tour viendra. Chacun a, un jour ou l’autre, la récompense qui lui est due.
– Et cette méchante Farouka qui vous a chassée du lit et presque du palais de votre époux, quelle sera sa rétribution ? demandait Aladdin.
– L’heure qui doit venir nous l’apprendra, répondait Kérime, de la patience et du courage, voilà tout ce qu’il nous faut pour l’attendre !
C’était par ces sages discours que Kérime avait retenu la fougue de la première jeunesse de son fils qui, à dix-sept ans, avait la prudence de l’âge mûr. Ce qui n’empêchait pas qu’il n’eût les passions naturelles à un jeune homme et ne désirât le moyen de les satisfaire.
Un jour qu’il était sorti de très bonne heure, il revint trouver Kérime avec un air tout pensif et affligé.
– Qu’est ce qu’il y a de nouveau, mon fils ? lui dit-elle.
– Ah ! ma mère, s’écria-t-il, je suis au désespoir. Voilà que mes frères ont obtenu du roi la permission d’aller dans le désert pour chasser les bêtes féroces. On leur a donné des chevaux superbes avec une suite nombreuse et ils sont partis.
– Tant mieux pour les bêtes féroces, répondit Kérime, plus ils verront de monde, plus ils auront de quoi se régaler.
– Mais cela n’est pas si sûr, madame, répartit le prince, mes frères peuvent avoir de la valeur pour ce que nous en savons, et s’ils n’en ont pas, il peut se trouver que leurs gens en aient, ce qui serait la même chose pour eux. Oh ! Je parie qu’ils reviendront triomphants, qu’ils seront fêtés, loués de tout le monde, tandis que toujours regardé comme un misérable, je resterai confondu dans la foule qui les suivra. Hélas ! Il est bien dur d’être logé si près des écuries du roi mon père, et de ne pas pouvoir disposer d’un seul cheval, si mauvais fût-il ! Si j’en avais un, je suivrais la chasse, peut-être je trouverais l’occasion de me distinguer et de faire voir à l’injuste Nezar que je ne suis pas aussi indigne de lui qu’il le croit.
– Mon fils, dit Kérime, j’ai vendu presque toutes mes pierreries pour vous entretenir un peu convenablement. Il ne me reste qu’une bague. Elle n’est pas d’un grand prix, mais si vous la vendez à quelque honnête homme, vous pourriez en avoir assez d’argent pour acheter un cheval. Prenez-la et que le Ciel bénisse votre louable émulation !
Aladdin, bien joyeux, prit la bague et courut la porter à un vieux joaillier qui parlait sans cesse de son intégrité et que le prince, dans la simplicité de son cœur, croyait sur parole.
– Mon cher enfant, lui dit le rusé vieillard, il est bien dur pour votre excellente mère de vendre ainsi jusqu’à sa dernière bague pour subsister. Que maudits soient tous les palefreniers du monde ! Ce joyau est d’une très mince valeur, il ne peut être apprécié que cinq sequins, mais je veux faire une bonne œuvre aujourd’hui et je vous en donnerai dix ; entrez à l’intérieur de ma boutique, on vous y servira quelques rafraîchissements et pendant ce temps, je pèserai votre or. Que maudits soient tous les palefreniers du monde !
Aladdin, sans faire pour lors attention à cette étrange exclamation du joaillier, et tout pénétré de reconnaissance, se serait jeté à ses pieds si le sentiment de sa propre dignité ne l’avait retenu. Il n’épargna pourtant point les remerciements et après avoir bu du sorbet au jus de grenade musqué et reçu ses dix sequins, il se rendit en hâte chez un maquignon à qui il demanda un bon cheval pour aller à la chasse aux bêtes féroces.
– Seigneur, lui dit le marchand, en voici un qui vaut pour le moins autant que ceux de vos frères, bien qu’il ne soit pas si richement caparaçonné. À tout autre qu’à vous, j’en demanderais cinquante sequins mais vous l’aurez pour vingt-cinq, car j’espère que vous vous souviendrez de moi quand vous serez rentré en grâce avec le roi votre père.
– Vingt-cinq sequins ! s’écria Aladdin tout confus. Hélas ! Je n’en ai que dix !
– Oh ! Ceci est une autre affaire, répondit le marchand. Votre bonne mère n’avait donc plus que dix sequins, car elle vous en aurait donné davantage, si elle l’avait pu. Mais qu’à cela ne tienne, ne vous découragez pas, j’ai un autre cheval pour votre argent, et bien au-dessus. Il est vrai qu’il est borgne, mais c’est au profit de son autre œil : il a une vue de lynx. Il boite aussi tant soit peu, mais sa jambe qui a été cassée a fait calus (sic) et il n’en est que plus fort. Si vous saviez à quel galop il va dans l’occasion !
– Voyons cette étrange bête, dit le prince, qui fut tout scandalisé à l’aspect de la rosse qu’on lui présenta, car demeurant si près des écuries royales, il s’entendait mieux en chevaux qu’en bijoux quoiqu’il ne connût le véritable prix d’aucune chose.
– Que voulez-vous, s’écria-t-il, que je fasse de ce misérable animal ! Ô Ciel, quelle monture pour le fils d’un grand roi ! Prêtez-moi plutôt l’autre et je vous donnerai les dix sequins.
– Et qui me rendra le cheval ? répartit le maquignon. Faudra-t-il que j’aille le chercher dans le ventre de quelque tigre ? Non, non, seigneur, je ne hasarde point ainsi mon bien. Vous pouvez, si vous le jugez à propos, exposer votre personne à tous risques, en cas d’accident, le roi votre père a deux autres fils et plusieurs femmes pour lui en faire tant qu’il voudra. Moi, je ne fais pas des chevaux, je les achète de l’argent que je gagne à la sueur de mon front. Ainsi, si le marché ne vous convient pas, cherchez ailleurs.
Pendant ces discours, Aladdin avait entendu les cors de chasse résonner dans toute la ville. Il avait vu passer la superbe cavalcade de ses frères et sentait bien qu’il n’avait pas de temps à perdre s’il voulait rejoindre le gros des chasseurs. Il jeta les dix sequins aux pieds de l’inexorable marchand, monta sur sa haridelle et tâcha de l’exciter à ce galop qu’on lui avait tant vanté.
Ce prince était naturellement compatissant. Il s’y prit avec la pauvre bête d’une manière douce et caressante, ce qui lui réussit mieux que s’il l’avait traitée rudement, car comme elle n’était pas accoutumée à de si bons procédés, elle fit l’impossible pour les reconnaître.
Malgré cette extraordinaire diligence, Aladdin se serait trouvé trop tard au rendez-vous de la chasse, si les princes ses frères et leur compagnie n’eussent jugé à propos de se donner du courage par un splendide déjeuner.
Les tables avaient été mises à l’entrée de la forêt et on était à boire et à manger joyeusement quand Aladdin parut. Ses frères ne l’eurent pas plus tôt aperçu qu’ils se mirent à faire de grands éclats de rire, en quoi ils furent imités par tous les courtisans, quoique plusieurs d’entre eux pensèrent que la bonne mine du cavalier était une ample compensation pour la pitoyable encolure du cheval. On ne pouvait plus fermer la bouche à force de rire et conséquemment, on cessa de manger, mais non de faire des huées qui eussent déconcerté tout autre qu’Aladdin.
Comme cet infortuné prince était accoutumé à de semblables traitements et qu’il avait grand appétit, il se munit d’une tranche de pâté et d’un flacon de vin et, sans descendre de son cheval, se mit à employer le temps que les autres lui laissaient. Il revenait tranquillement à la charge, quand son cheval, comme pour faire voir qu’il avait autant de sang-froid que son maître, porta la bouche sur quelques morceaux d’un pain blanc et frais qui étaient étalés devant lui.
Cet incident changea la scène : les deux princes, fils de Farouka, entrèrent dans une colère épouvantable et tout en frappant des mains et des pieds, ils s’écrièrent :
– Nous sommes insultés ! Nous sommes insultés ! L’arrogant fils de Kérime, non content d’avoir mangé les mets de notre table sans y être invité, a voulu nous donner son misérable cheval pour convive ! Allons, qu’on brise tout, plats, flacons, assiettes, que tout soit renversé et enseveli dans le sable ! Partons ensuite au grand galop ! Nous verrons si ce cavalier affamé et sa maigre bête pourront nous suivre.
Ils ne le purent pas en effet, les malheureux. À cent pas de là, le désastreux cheval tomba dans une fosse et se cassa sa bonne jambe, mais heureusement, Aladdin ne se fit aucun mal.
Les deux méchants princes aperçurent de loin cette chute. Aussitôt, ils revinrent sur leurs pas pour voir quelles en étaient les suites, puis, se tournant vers leurs gens :
– Ils sont bien et sûrement logés dans cette fosse, dirent-il, nous les y retrouverons à notre retour ! Poursuivons notre chemin !
Le cœur gonflé d’indignation, Aladdin ne daigna seulement pas regarder ceux qui l’insultaient si cruellement, mais avec son courage et sa patience ordinaire, il se dégagea des étriers, puis, voyant que son cheval rendait les derniers soupirs, il lui dit :
– Tu es à la fin de tes peines, pauvre animal ! C’est moi qui suis à plaindre, car si je me sors d’ici, je n’en serai guère mieux, ma funeste destinée me poursuivra partout, mais Kérime dit qu’il ne faut pas lâchement céder au malheur et comme elle a plus d’expérience que moi, je veux suivre son avis.
Avec cette louable résolution, Aladdin se mit à parcourir la fosse qui était fort longue et fort large, dans l’espoir d’y trouver quelque issue. Il marchait lestement sur un sable fin et léger quand tout à coup, quelque chose de dur qui heurta ses pieds lui fit faire un faux pas. Il regarda et trouva une cassette d’ébène presqu’entièrement couverte de lames d’or à l’anse de laquelle pendait une clef du même métal, dont il se servit à l’instant.
Au premier coup d’œil sur ce que contenait la cassette, il fut si ébloui qu’il en tomba à la renverse, mais après s’être remis et bien frotté les yeux, il vit clairement que l’éclat qui l’avait frappé provenait d’une queue d’écureuil dont le poil brun était parsemé ou plutôt tissé de plusieurs milliers de diamants,
Une feuille de papier de Chine, bien pliée, était au fond de la cassette. Aladdin y lut ces mots : « Cette queue brillante appartient à l’écureuil qui s’est échappé de la Montagne des Prodiges. Il en perd et en reprend une semblable tous les trois ans, et quiconque en est le maître possède en lui un trésor au-dessus de tous les trésors de la terre ! » Je ne doute point de l’incomparable valeur d’un animal si merveilleux, dit Aladdin, en repliant le papier de Chine et remettant le tout dans la cassette d’ébène, mais je me contente d’une de ses queues. Kérime me dira ce que je dois faire de celle-ci, car elle s’y connaît mieux que moi en toutes choses. Le cœur me dit que nous serons heureux si je puis sortir d’ici. Daigne le Ciel avoir pitié de moi ! Marchons toujours !
Il marcha en effet si bien qu’il vit enfin le bout de la fosse et s’aperçut que, comme il avait insensiblement monté, elle était moins profonde. Pour surcroît d’encouragement, il trouva une pioche à demi enterrée dans le sable, avec laquelle il se mit à travailler de grand cœur. Mais ce ne fut pas sans peine. Le sable qu’il attaquait était presque aussi dur qu’une muraille de pierre. Il lui fallut toutes ses forces et beaucoup de temps pour le faire s’écrouler et amonceler.