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J'aimais bien le film avec Louis de Funes, j'ai adoré le livre, un petit chef d'oeuvre d'humour provincial, où le non sens prend le pas.
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Alphonse Allais est un journaliste, écrivain et humoriste français célèbre à la Belle Époque. Surtout connu pour sa plume acerbe et son humour absurde, il est l'auteur méconnu des premières peintures abstraites : ses monochromes Combat de nègres dans une cave, pendant la nuit, Récolte de la tomate sur le bord de la mer rouge par des cardinaux apoplectiques, etc., présentés au Salon des Arts Incohérents, précédent d'une génération le Carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch, généralement considéré comme le premier exemple en la matière. Il est aussi, bien avant John Cage ou Erwin Schulhoff, l'auteur de la première composition musicale minimaliste : sa Marche Funèbre composée pour les Funérailles d'un grand homme sourd, est une page de composition vierge, parce que « les grandes douleurs sont muettes ».
Cher Tristan Bernard,
Te rappelles-tu le voyage que nous fîmes l’an dernier à pareille époque au tombeau de Chateaubriand ? (Je ne sais plus si cette visite avait le caractère d’un pèlerinage, ou si elle était le résultat d’un pari de douze déjeuners.) Nous avions pris le train, selon une pieuse coutume, à la gare Montparnasse.
Le soin sur ces entrefaites, était tombé. Je me souviens qu’au moment où nous brûlions la station de N., et où une brusque secousse nous avertit que nous passions sur le premier degré de longitude, je te parlai de mon prochain volume, avec la fièvre et l’abondance qui me caractérisent quand je suis dans une période de production. Dans mon ardeur je m’engageai alors à te dédier ce livre, moyennant certaines conditions.
Je tiens aujourd’hui ma promesse : non sans une joie très vive, je te dédie le livre suivant, sur lequel j’attire ton attention.
Tu remarqueras d’abord que les descriptions y sont très brèves, et que l’on ni insiste sur l’aspect général des nuages, arbres et verdures de toute sorte, sentiers, lieux boisés, cours d’eau, etc., que dans la mesure où ces détails paraissent indispensables à l’intelligence du récit. En revanche, le plus grand soin a été apporté au dessin (outline) et à la peinture (colour) des caractères. D’autre part, l’intrigue (plot) est entrecroisée avec tant de bonheur qu’on la dirait entrecroisée à la machine ; or il n’en est rien. Quant au style (style), il est toujours noble et, grâce à des procédés de filtration nouveaux, d’une limpidité inconnue à ce jour. .
Tels sont, mon cher ami, les mérites de cet ouvrage, qu’en échange de la petite gracieuseté que je te fais, tu pourras recommander le cigare aux lèvres, avec une nonchalance autoritaire, dans les cercles, les casinos, les garden-parties et les chasses à Courre.
Cordialement à toi,
Alphonse ALLAIS
– Ces quelques lignes sont écrites spécialement pour M. Tristan Bernard ; néanmoins les autres lecteurs peuvent en prendre connaissance, elles n’ont absolument rien de confidentiel.
Dans lequel on fera connaissance : 1° de M. Jules Fléchard, personnage appelé à jouer un rôle assez considérable dans cette histoire ; 2° du nommé Placide, fidèle serviteur mais protagoniste, dirait Bauër de onzième plan, et 3°, si l’auteur en a la place, du très élégant baron de Hautpertuis.
Madame de Chaville appela :
– Placide !
– Madame ?
– Vous pouvez desservir.
– Bien, madame.
Et Mme de Chaville alla rejoindre ses invités.
Resté seul, le fidèle serviteur Placide grommela l’inévitable « Ça n’est pas trop tôt, j’ai cru qu’ils n’en finiraient pas ! ».
Puis il parut hésiter entre un verre de fine champagne et un autre de chartreuse.
En fin de compte il se décida pour ce dernier spiritueux, dont il lampa une notable portion avec une satisfaction évidente.
Bientôt, semblant se raviser, il remplit son verre d’une très vieille eau-de-vie qu’il dégusta lentement, cette fois, en véritable connaisseur.
– Tiens, M. Fléchard !
Un monsieur en effet, traversait le jardin, se dirigeant vers la véranda, un monsieur d’aspect souffreteux et pas riche, mais propre méticuleusement et non dépourvu d’élégance.
– Bonjour, Baptiste ! fit l’homme peu robuste.
– Pardon, monsieur Fléchard, pas Baptiste, si cela ne vous fait rien, mais Placide. Je m’appelle Placide.
– Ce détail me paraît sans importance, mais puisque vous semblez y tenir bonjour, Auguste, comment allez-vous ?
Et le pauvre homme se laissa tomber sur une chaise d’un air las, si las !
– Décidément, monsieur Fléchard, vous faites un fier original !
Lesen Sie weiter in der vollst?ndigen Ausgabe!
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