Le Bachelor - Amanda Adams - E-Book

Le Bachelor E-Book

Amanda Adams

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Beschreibung

Certains rêves ont la peau dure.
Quand Chance Walker était petit, il voulait être beaucoup de choses. 

Pompier.
Astronaute.
Dieu du rock and roll.

Quel dommage qu’il n’ait jamais appris à jouer de la guitare.
Bien dommage qu’il soit devenu adulte et qu’il soit allé à la fac de droit plutôt qu’à la fac de rock. 
Bien dommage que la plus belle femme qu’il ait jamais vue de toute sa vie ne veuille pas entendre parler de lui. 

Elle a des secrets.
De gros secrets.
Et s’il pense qu’un baiser va changer sa vie…et bien…

Il a peut-être raison.
 Et elle va peut-être aussi s’avérer être bien plus que ce à quoi il s’attendait.  

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Le Bachelor

Les Frères Walker, Tome 1

Amanda Adams

Table des matières

À propos de : Le Bachelor

Prologue

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Chapitre Neuf

Chapitre Dis

Chapitre Onze

Chapitre Douze

Chapitre Treize

Chapitre Quatorze

Chapitre Quinze

Chapitre Seize

Chapitre Dix-Sept

Chapitre Dix-Huit

Epilogue

Le Cow-Boy

Livres d’Amanda Adams

À propos de : Le Bachelor

Les Frères Walker, Tome 1

Certains rêves ont la peau dure.

Quand Chance Walker était petit, il voulait être beaucoup de choses.

Pompier.

Astronaute.

Dieu du rock and roll.

Quel dommage qu’il n’ait jamais appris à jouer de la guitare.

Bien dommage qu’il soit devenu adulte et qu’il soit allé à la fac de droit plutôt qu’à la fac de rock.

Bien dommage que la plus belle femme qu’il ait jamais vue de toute sa vie ne veuille pas entendre parler de lui.

Elle a des secrets.

De gros secrets.

Et s’il pense qu’un baiser va changer sa vie…et bien…

Il a peut-être raison.

Et elle va peut-être aussi s’avérer être bien plus que ce à quoi il s’attendait.

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Copyright 2018 Amanda Adams

Le Bachelor : Les Frères Walker, Tome 1

Illustration de couverture Copyright 2016 eBook Indie Covers

Publié en 2018 Par Tydbyts Media

Tous droits réservés

Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont le pur produit de l’imagination de l’auteur, ou sont utilisés dans un but artistique. Toute ressemblance avec des personnes mortes ou vivantes est une coïncidence.

Réalisé avec Vellum

Prologue

Chance Walker glissa le doigt sous le col amidonné de sa chemise de soirée et tenta de desserrer la cravate qui menaçait de l’étrangler. Il ne quitta pas sa voiture et resta simplement assis là comme un imbécile, à essayer de se donner du courage. Il observa les tas de neige qui bordaient les deux côtés de l’allée. Des stalactites pendaient du toit de la maison et un souffle d’air chaud et blanc flottait depuis quelque part sur le toit.

Il garda les yeux fixés sur la porte d’entrée pendant au moins cinq minutes, sans bouger. Il n’y avait rien dans ce monde qui lui faisait moins envie qu’entrer dans cette maison, s’asseoir à la table de cuisine de Mme Klasky, et écouter son mari lui lire le testament de sa mère.

«  Fait chier ! »

Chance abattit ses mains sur le volant et décida qu’il était temps d’arrêter d’être aussi peureux. Sa mère était morte. Ça arrivait sans arrêt à plein de gens. Il s’en remettrait. Pas vrai ? Il finirait par ne plus avoir les paumes moites et le cœur tambourinant de panique.

Avec un soupir, il sortit de la voiture et attrapa sa veste de costume bleu marine sur la banquette arrière. Bien sûr, il allait seulement s’asseoir dans une pièce avec ses frères et un avocat, mais il avait appris à la dure, il y avait bien longtemps, qu’il fallait toujours se rendre aux réunions d’ordre légal prêt à en découdre. Certains instincts étaient difficiles à réprimer.

Il claqua la portière et remonta l’allée, en dépassant une grosse camionnette blanche, une voiture de sport rouge cerise, et une Jeep vieille de vingt ans que conduisait son frère Derek lorsque le temps l’obligeait à laisser sa Ducati Monster noire au garage. Le coupé sport Mercedes noir aux lignes racées de Chance était la seule voiture d’adulte, devant cette maison en briques à un étage vieille de cent ans. Et cela, il le devait à sa mère. Elle avait laissé à ses fils une police d’assurance substantielle. Selon Chance, cette nouvelle voiture avait été le dernier cadeau qu’elle lui avait fait.

Klasky, l’avocat de sa mère, avait sans doute un break ou un monospace dans le garage. Les Klasky avaient huit petits-enfants et jouaient sans arrêt les chauffeurs pour au moins deux ou trois des plus petits. Chance les voyait en ville dès qu’il venait pour rendre visite à sa mère, ce qu’il ne faisait jamais assez.

Il appuya sur la sonnette et patienta. Quelques secondes plus tard, Mme Klasky ouvrit la porte dans un pantalon bleu marine et un sweat-shirt trop grand couleur crème. Elle devait avoir au moins soixante-dix ans, mais elle faisait dix ans de moins.

«  Oh, mon cher, vous êtes là ».

Elle le fit entrer et referma la porte derrière lui.

«  Je suis navrée pour votre mère, mon grand.

— Merci. »

Qu’était-il censé répondre à ça ? Personne ne savait jamais quoi dire quand quelqu’un mourait. C’était désolant. Ça faisait mal. Et il n’y avait pas de bonne façon de parler de ces émotions-là, alors il se plongeait dans le travail et n’en parlait pas. Lorsqu’il vit que Mme Klasky restait plantée là en agitant les mains comme si elle envisageait de le prendre dans ses bras, il s’éclaircit la gorge et fit un pas en arrière.

«  Où sont tous les autres ?

— Oh, pardon. Entrez. Entrez. Ils sont dans la cuisine. »

Super. Exactement ce qu’il avait imaginé.

Il traversa le couloir, plein de photographies, certaines anciennes, d’autres récentes. Aucune d’entre elles ne le marqua. Il gardait les poings serrés dans les poches de sa veste. Il ne voulait pas être ici. Il ne voulait pas en parler. Pas aujourd’hui. Jamais.

«  Chance. »

Son frère, Derek, se leva de sa chaise en bout de table et vint le prendre dans ses bras. Derek sentait l’asphalte, l’huile de moteur et la menthe. Il avait arrêté le tabac à chiquer quelques années plus tôt, mais avait remplacé cette habitude par la mastication de chewing-gum, à tel point qu’il maintenait probablement l’industrie du chewing-gum à flot à lui tout seul. Il ne sortait jamais de chez lui sans un paquet de gomme à mâcher à la menthe bien rangé dans l’une des poches de sa veste en cuir noir.

«  Salut, loser. »

Après leur brève étreinte, Chance tapota l’épaule de Derek et fut légèrement surpris de voir que ses deux autres frères, Jake et Mitchell, faisaient eux aussi la queue pour le prendre dans leurs bras.

Derek ne rétorqua pas, pas la moindre remarque sarcastique, ni même un coup de poing dans le ventre. Qu’est-ce qui se passe, bon sang ? Maman meurt et on devient tous sentimentaux ?

«  Tu es le retardataire, comme d’habitude », dit Jake en l’attrapant et en le soulevant dans les airs.

Chance faisait tout juste moins d’un mètre quatre-vingt, la même taille que ses deux frères aux proportions raisonnables. Mais le plus jeune, Jake, faisait dix centimètres et vingt kilos de plus qu’eux. Il portait son habituelle chemise à carreaux, un jean, et des santiags qui le faisaient passer d’un mètre quatre-vingt-dix à un mètre quatre-vingt-quinze.

«  Et tu sens toujours la bouse de vache et les ballots de foin », répliqua Chance.

Jake était baraqué, blond aux yeux bleus, et plus beau que tous ses frères réunis. Alors bien sûr, ils lui avaient dit qu’il était adopté. Il les avait crus jusqu’à l’âge de cinq ans, quand leur mère lui avait dit la vérité.

Ils étaient tous adoptés.

«  T’es dur, mon frère. Mais toi, tu sens comme quelqu’un qui se ferait essuyer les fesses par un employé de salle de bains avec une lingette parfumée. Tu te transformes en l’un de ces métrosexuels de la ville ? »

Jake le reposa et Mitchell le prit à son tour. De tous ses frères, Mitchell était le seul qui passait plus de temps en ville que Chance.

«  Nan, mon pote. Ça, c’est moi », dit-il à Jake.

Mitchell sourit et prit Chance par les épaules. Il les pressa, mais ne bougea pas. Il vivait en ville, mais se précipitait à la montagne à la moindre occasion. Son frère lui envoyait même des photos de lui suspendu à des parois rocheuses dans son sac de couchage à des centaines de mètres de hauteur. Mitchell était chirurgien et vivait pour l’adrénaline que les urgences provoquaient chez lui. Les blessures par balles sanglantes et les coups de poignard rendaient son frère plus heureux que la flopée d’infirmières avec laquelle il passait son temps à sortir.

Chance se contenta de sourire. Il était le seul en costume. Même M. Klasky, l’avocat octogénaire de sa mère, portait un pantalon beige et un polo.

M. Coincé. Ils l’appelaient tous comme ça, et alors qu’il regardait autour de lui, il comprit pourquoi.

«  Maintenant que vous êtes tous là, nous allons pouvoir commencer. »

M. Klasky fit rouler une petite télévision avec un vieux magnétoscope. L’écran ne devait faire qu’environ cinquante centimètres, et il était si vieux que Chance se demandait s’il pouvait afficher des images en couleur.

Jake sortit une chaise et Mitchell le lâcha pour reprendre sa place. Chance s’assit à la table de la cuisine et tira de nouveau sur sa cravate. Bon sang, il faisait chaud ici.

Ils remercièrent tous Mme Klasky avec respect alors qu’elle leur servait de la limonade et un plateau de cookies aux pépites de chocolat, comme elle le faisait quand qu’ils étaient encore à l’école primaire.

Lorsqu’elle alla prendre place contre le mur, Jake lui proposa sa chaise, mais elle agita les mains.

«  Vous voudrez être assis pour ce qui va suivre. »

Ses frères semblaient aussi perdus que lui. Quand l’avocat s’assit à table, ils tournèrent tous les yeux vers lui pour parler héritage avec leur hôte.

«  Sauf votre respect, M. Klasky, le patrimoine de notre mère a déjà été réparti il y a des mois, lorsqu’elle est tombée malade.

— Oui. Oui. Je sais. »

Le vieillard se pencha en avant et chercha une prise sur le mur pour pouvoir y brancher sa télévision qui datait de Mathusalem.

«  Alors que faisons-nous là ? »,  demanda Chance en alternant les regards entre M. Klasky, qui avait enfin trouvé une prise, et sa femme, qui lui jeta un regard noir et haussa un sourcil jusqu’à ce qu’il ajoute : Monsieur.

Satisfait, M. Klasky se redressa et se frotta les mains, comme un écolier excité.

«  Bon, les garçons. J’ai promis à votre mère de tous vous réunir ici aujourd’hui, six semaines après sa disparition, que Dieu ait son âme.

— Mais pourquoi ? Tout est réglé.

— Pas tout », dit Mme Klasky en sortant quatre enveloppes de la poche de son tablier.

Toutes avaient l’air de pouvoir contenir une grande carte d’anniversaire. Elle marcha jusqu’à la table et leur en donna une à chacun.

«  Ne les ouvrez pas encore », dit-elle. « Vous devez d’abord regarder la vidéo. »

Chance baissa les yeux sur l’enveloppe vert pâle qu’il avait dans la main, et son cœur se serra. Son nom y était inscrit, en lettres aussi grandes que possible, dans l’écriture de sa mère. Il regarda celles de ses frères. Comme il s’y était attendu, leur mère avait écrit leurs noms sur chacune des enveloppes avant sa mort.

«  Nom de Dieu », dit Jake en s’enfonçant dans son siège avant de se mettre à se tapoter le genou avec son chapeau de cow-boy, preuve qu’il était nerveux.

M. Klasky fourra une vieille cassette VHS dans le magnétoscope et l’écran crépitant devint noir durant quelques secondes. Il entendit le bruit de la bande alors qu’elle était lue par le lecteur, et il ne put s’empêcher de secouer la tête. La cassette de sa mère datait de combien de temps ? Vingt ans ?

Et elle apparut à l’écran, jeune et en bonne santé. Oui, sans doute une quinzaine d’années plus tôt. Il devait avoir environ douze ans quand elle avait fait cette vidéo. Il se souvenait de son visage. De son sourire.

Seigneur, la voir était douloureux. Mais ce qui lui serra les entrailles, ce fut sa voix lorsqu’elle retentit dans la petite cuisine.

«  Bonjour, mes garçons adorés. Je vais enregistrer cette vidéo et la donner à M. Klasky au cas où il m’arriverait quelque chose. Je n’ai pas l’intention de disparaître, mais si ça arrive, je veux que vous sachiez que je vous aimais plus que tout et que j’ai toujours été fière, chaque jour, d’être votre mère. »

Jake renifla et se détourna. Chance ne prit pas cette peine. Il sortit un mouchoir de sa poche et s’essuya la joue. Quand cela cesserait-il de lui faire aussi mal ? Il avait tenté de mettre en pratique toutes les astuces dont il avait entendu parler. Essayer d’être reconnaissant pour le temps passé ensemble. Ne penser qu’aux souvenirs heureux. Se souvenir de l’amour qu’elle avait pour nous, ses enfants. Bla-bla-bla. Des conseils incessants de la part de gens qui voulaient les aider. Rien n’aidait. Il avait un trou dans la poitrine, que rien ne pourrait combler.

«  Vous savez que je vous ai toujours encouragés à suivre vos cœurs. Suivez vos rêves, je vous dis. Eh bien, j’ai beaucoup pensé à ça cette année. Derek a quatorze ans, à présent, et je vois que ça arrive déjà.

 La vie va vous rattraper, et vous voler vos rêves. Je le sais. Le monde réel est dur et sans pitié. Les petits garçons ne peuvent plus rêver. Ils doivent être des hommes. Le monde attendra de vous que vous soyez durs. Et je sais que vous pouvez être coriaces. Vous tous. Je sais ce que vous avez vécu. Vous êtes nés dans un monde difficile. J’ai essayé de vous montrer une vie différente, mais j’ai peur. J’ai peur que vous grandissiez et oubliiez qui vous êtes vraiment. Je ne veux pas que vous oubliiez vos rêves.

 Alors, j’ai fait quelque chose d’un peu fou. Vous vous en souviendrez peut-être, ou peut-être pas, mais le jour de mon anniversaire il y a quelques années, je vous ai tous demandé d’écrire une lettre très particulière... »

Chance posa les yeux sur l’enveloppe qu’il avait dans la main et sa mémoire se réveillait, se rappelait quelque chose de lointain. Une carte avec son superhéros préféré. Une enveloppe verte assortie.

Impossible.

Le rire de sa mère le frappa de plein fouet et il leva la tête pour voir ses yeux brillants et son sourire éclatant une fois de plus. C’était la plus belle femme qu’il ait jamais vue. Elle le serait toujours, à l’intérieur comme à l’extérieur. Même chauve et malade, il l’avait trouvée belle. La revoir ainsi, jeune, en bonne santé, et en train de rire, lui donnait l’impression de retomber en enfance.

«  Je vais demander à M. Klasky de garder ces enveloppes un moment. Un jour, je mourrai. J’aurai peut-être quatre-vingt-dix ans, peut-être pas, mais si je meurs et que vous avez besoin qu’on vous le rappelle, il vous dira qui vous êtes vraiment. »

Elle prit un air sérieux et se pencha en avant jusqu’à ce que son visage emplisse tout l’écran.

«  Je vous aime. Tous autant que vous êtes. Et vous m’avez tous fait une promesse, il y a toutes ces années. Et morte ou vivante, je souhaite que vous la teniez. »

Puis elle rit encore.

«  Morte ou vivante. Elle est bien bonne, non ? Je vous aime ! N’oubliez pas qui vous étiez censés être. Ouvrez vos enveloppes, maintenant. Lisez-les. Et par-dessus tout, souvenez-vous de la raison pour laquelle vous les avez écrites. Tenez vos promesses. Je vous aime, et vous savez que je vous regarde. »

Chance regarda le papier vieilli et les bords jaunis qui couraient le long du cachet de l’enveloppe. Il savait ce qu’il trouverait à l’intérieur... Une image d’un Hulk rugissant sur la carte. Son écriture fouillis d’élève de CM2. Il se souvenait de cette journée, et des rires de sa mère alors qu’il écrivait ligne après ligne.

Bon sang, il était dans le pétrin.

Chapitre Un

Erin repéra M. Costume-Cravate à l’instant où il pénétra dans la boutique. Grand et mince, avec un physique de top model, son costume bleu foncé lui moulait parfaitement les épaules. Ses cheveux bruns ondulés semblaient si doux que ses doigts se serrèrent sur le comptoir en verre. Où qu’il tourne le regard, ses yeux chaleureux étaient pleins de vivacité. Ses iris d’un brun profond étaient bordés de cils plus longs que ceux d’Erin, ce qui était vraiment injuste.

Penchée sur le comptoir pour pouvoir l’admirer, elle fit bruyamment tomber le porte-crayon situé près de la caisse. Des stylos, des crayons gris et des trombones allèrent voler sur la surface en verre avec un fracas qui attira l’attention de l’inconnu.

Merde. Il venait vers elle.

Sur les nerfs, elle ramassa maladroitement les crayons, mais la présence de l’homme en costume lui faisait tant trembler les doigts qu’elle en fit tomber la moitié. Que lui arrivait-il ?

«  Attendez. Je vais vous aider. »

Il était proche, à présent, si proche qu’elle parvenait à sentir son parfum épicé, un mélange de chocolat noir et de cannelle. Son odeur envahit son organisme, et elle s’imagina en train de le grignoter. Partout. Il semblait avoir quelques années de plus qu’elle et il n’avait pas d’alliance. Non pas qu’elle ait regardé. Non. Elle eut soudain l’envie irrépressible de se blottir contre son cou pour voir s’il sentait aussi bon de près.

En cinq secondes top chrono, il avait tout ramassé et s’était levé pour regarder la bouche d’Erin avec ses yeux sombres et ténébreux. Elle aurait donné un demi-litre de son sang sans hésiter pour pouvoir lire dans ses pensées, parce qu’on aurait dit… qu’il avait l’air de penser à l’embrasser. Ce qui la poussa à s’imaginer l’embrasser à son tour. Avant d’avoir pu se retenir, elle se lécha les lèvres d’un geste lent, en se demandant s’il le remarquerait.

Il ne fit pas un geste, et elle commença à avoir l’impression d’être un oiseau en cage derrière son comptoir.

«  Euh, merci. De m’avoir aidée.

— Pas de quoi. »

Il lui fit un grand sourire et la regarda dans les yeux. Elle aurait préféré qu’il s’abstienne, car son cœur se mit à battre la chamade et elle eut l’impression qu’une voiture venait de se garer dans sa poitrine.

Lorsqu’elle resta figée comme une sculpture sur glace, il lui adressa un bref signe de tête et se dirigea au fond de la boutique, vers les guitares, et Samantha qui semblait impatiente de l’aider à faire son choix.

Super. La loseuse ringarde voit un mec canon et se fige une fois de plus. Pourquoi fallait-il qu’elle perde ses moyens à chaque fois ? Pourquoi ne pouvait-elle pas ressembler davantage à son personnage de scène ? Cette meuf était déchaînée et audacieuse, une vraie bête sauvage sur scène.

Son alter ego aurait bondi sur le comptoir et l’aurait suivi, mais les nœuds qu’elle avait dans l’estomac gardèrent Erin derrière la caisse. En plus, son tee-shirt élimé à l’effigie d’un groupe de rock, son jean troué, sa queue de cheval et son absence de maquillage étaient un vrai repoussoir à mecs. Et elle avait besoin de rester concentrée, pas de se laisser distraire par un rêve éveillé.

Elle baissa les yeux sur la chanson qu’elle était en train d’écrire. Ouaip. Il était plus sage de laisser Samantha se jeter sur ce canon. Sa collègue était magnifique, enjouée, et portait un sweat-shirt adorable et un legging. Là où Sam était toujours à l’aise et pouvait parler à n’importe qui, Erin savait qu’elle semblait réservée et hypersensible, même sous son meilleur jour. Sam était le feu et Erin était la glace. Aujourd’hui, elle n’avait pas envie d’entrer en compétition avec sa collègue rousse. Le groupe d’Erin, Fourth Strike, avait répété jusqu’à deux heures du matin, et elle avait dû venir travailler dans la boutique de musique à huit heures. Elle avait à peine eu le temps de prendre une douche, et encore moins de mettre du rouge à lèvres et du parfum.

Leur unique client prit son temps avec les guitares, et en toucha plusieurs de ses longues mains fines. Il passa le bout des doigts sur les contours lisses et les courbes, explorant les instruments comme un amant le ferait. Cette image, et l’attention totale qu’il portait aux guitares, la fit se tortiller. Le respect qu’il portait aux instruments se voyait à la façon dont ses doigts glissaient doucement sur le bois et à son air serein, et elle ne put empêcher son imagination de remplacer les cordes par les pleins et les déliés de sa propre chair nue.

Bon sang, elle était pathétique. S’il l’excitait rien qu’en déambulant dans la boutique, il l’achèverait s’il se mettait à jouer. Savait-il jouer de la guitare ? La façon dont il passait les mains autour de l’instrument lui disait que oui. Cette idée lui fit encore grimper plusieurs crans sur l’échelle de la séduction.

Elle secoua la tête pour s’éclaircir les idées, et s’efforça de regarder ailleurs. Elle avait des origines modestes, mais elle avait vu ce genre d’hommes à de nombreuses reprises. Vêtements coûteux. Menton ciselé. Épaules larges et posture pleine d’assurance.

Les types comme lui réussissaient toujours dans la vie. Il ressemblait à un agent de change ou à un banquier, quelqu’un qui jouait sans problème avec l’argent et la vie des gens. Elle ne voulait pas se frotter à ce genre de spécimens. Un homme tel que lui pourrait tout aussi bien la faire souffrir que lui faire mouiller sa culotte. Redoutable et inaccessible. Il pourrait lui faire vouloir des choses qu’elle n’avait pas à posséder. Un type comme ça lui briserait le cœur en mille morceaux.

Sa voix parvint jusqu’au comptoir et elle ferma les yeux. Évidemment, elle était douce et grave, le genre de voix qui lui donnait envie de déchirer ses vêtements et de lui demander de lui dire des mots cochons. Nom de Dieu, elle avait vraiment l’esprit mal placé. Elle tenta de ne pas l’écouter pendant qu’il parlait des différents modèles de guitares accrochés au mur avec Samantha.

Un bon quart d’heure s’écoula et Erin fit de son mieux pour ne pas prêter attention à sa collègue et au Dieu du sexe tandis qu’ils parcouraient la totalité de la section guitares. Ils s’approchaient de plus en plus de l’endroit où Erin se trouvait, au comptoir en verre près de la caisse.

«  Voilà, il veut la Gibson », dit Samantha en posant la guitare hors de prix sur le comptoir.

Erin ne leva même pas les yeux.

«  Il va avoir besoin d’un...

— J’ai besoin d’un étui. »

Les mots de l’inconnu se posèrent sur Erin et elle leva les yeux, croisant son regard alors qu’ils prenaient la parole exactement en même temps.

«  Oh, bien sûr. »

Samantha tira M. Beau Gosse par le bras et le mena au rayon étuis. Elle y resta trente secondes avant de revenir en vitesse chercher la guitare que lui tendait Erin.

«  C’est vrai. Désolée. Il faut que l’étui soit adapté à la guitare. »

Erin ne répondit pas et se contenta de retourner batailler avec les nouvelles paroles de chanson de son groupe. Son frère, AJ, l’avait déjà aidée à perfectionner le riff de guitare, et elle avait déjà une bonne idée de la mélodie au piano, mais les paroles ? C’était sa partie préférée, d’habitude. Aujourd’hui, rien ne lui venait.

Pourquoi ne vois-tu pas

Pourquoi ne puis-je pas être

Perdue en toi...

Non. C’était complètement merdique.

Elle effaça les deux dernières strophes et recommença à zéro.

Pourquoi ne vois-tu pas

Pourquoi es-tu si méchant avec moi

Tu me fais saigner...

Nul. Horrible. Elle détestait les paroles geignardes. Cette fois, elle faillit faire un trou dans la feuille avec sa gomme. Elle ferait mieux de se mettre à gribouiller sur une autre feuille de papier, parce que celle-ci contenait également les accords de guitares et les notes de la mélodie au piano. Si elle la déchirait, elle serait obligée de tout recommencer.

Mmm.

Il paraît qu’on doit apprendre grâce à l’expérience.

Mais tout ce qu’on fait, c’est payer les conséquences ? Perdre patience ? Avoir des flatulences ?

Sa propre blague la fit rire, et elle effaça tout, agacée. La chanson était prometteuse, mais son cerveau refusait de trouver les mots, et cela durait depuis six semaines. La page blanche. Même AJ commençait à s’inquiéter. Erin ignorait pourquoi elle avait autant de mal à écrire. Elle se sentait surmenée. Et fatiguée. Et elle ne savait pas si quiconque s’intéressait à ce qu’elle écrivait, de toute façon.

Elle avait écrit toutes les paroles du groupe, mais ces derniers temps, elle manquait complètement d’inspiration. Rien ne changeait. Ils ne progressaient pas. Ils donnaient les mêmes concerts dans les mêmes bars, soir après soir, semaine après semaine. Chaque bar avait ses clients réguliers. Elle savait que chaque mardi soir au Corbeau Rouge, les mêmes douze ivrognes que la semaine précédente l’écouteraient.

Mais peut-être, peut-être qu’ils pourraient enfin souffler. Elle avait envoyé la bonne nouvelle à AJ par message une heure plus tôt environ. Ils avaient enfin décroché un concert au Funk Club la semaine suivante. C’était un lieu branché qui accueillait fréquemment des révélations de la musique. Et le propriétaire, qu’elle harcelait depuis des mois pour pouvoir jouer dans son club, lui avait dit que Wesley Shipton de Shipton Records avait demandé à les voir jouer.

C’était incroyable ! Elle avait failli faire tomber son portable dans les toilettes en recevant ce message.

Jouer pour Shipton pourrait être la percée qu’ils attendaient. Alors, elle n’avait pas dit à AJ ou aux autres qu’il serait là. Ils paniqueraient et feraient une bêtise, comme se pointer défoncés. Ou saouls. Ou les deux. La plupart des soirs, elle arrivait à les convaincre de ne pas commencer la fête avant la fin du concert, mais la pression supplémentaire risquait de faire déraper AJ.

Non, le concert au Funk Club allait être parfait. À condition qu’elle trouve des paroles pour cette nouvelle chanson. Le groupe répétait la mélodie depuis des semaines, mais les paroles ? Sans succès jusqu’à présent. Rien. Que dalle. Sa muse l’avait complètement abandonnée. Alors que la maison de disques allait venir les voir jouer, le moment était mal choisi pour que sa muse prenne des vacances.

Sale garce.

Par-dessus le marché, son père, au bout de vingt ans, avait décidé d’assumer son rôle. Les trois dernières fois qu’elle l’avait vu, il leur avait crié dessus, son frère et elle, et leur avait dit de trouver un vrai boulot, une vraie vie. Une carrière.

Ce qu’il voulait vraiment, c’était qu’on lui envoie de l’argent régulièrement et qu’on s’occupe de lui. Erin, à vingt-quatre ans, avait déjà bien assez de mal à s’occuper d’elle-même.

En plus, elle ne voulait pas d’un « vrai » travail et d’un poste dans un bureau. Elle avait passé deux ans à la fac et avait détesté l’expérience. Elle se fichait des maths et de l’histoire du monde. Elle voulait chanter et jouer de la guitare. Elle voulait enregistrer un album, partir en tournée, et que des beaux mecs, comme celui qui se promenait actuellement dans la boutique, se jettent à ses pieds pour la supplier de les embrasser. Mais si sa muse ne se mettait pas à obéir, rien de cela n’arriverait.

«  Jamais. »

Les types comme lui n’allaient pas à des concerts et ne suppliaient jamais les femmes pour quelque raison que ce soit. Une chaleur montait en elle alors qu’elle l’imaginait en train de la toucher et de l’embrasser partout. Non, avec un mec comme ça ?

«  C’est moi qui le supplierais.

— Je vous demande pardon ? »

M. Parfait était debout devant elle, si beau qu’elle dut se forcer à cligner des yeux avant de répondre. Venait-elle vraiment de dire ça tout fort ? Merde. Son cou se mit à chauffer et elle sut que son visage allait prendre une teinte cramoisie embarrassante.

«  Quoi ? »

Super réplique, Erin.Très intelligent.

«  Quoi ? »  dit-il à son tour.

Apparemment, elle s’était arrangée pour les perturber tous les deux, parce qu’il la regardait comme si une autre tête lui avait poussé. Lorsque ses yeux se posèrent sur les feuilles de musique qu’elle avait étalées sur le comptoir, elle se dépêcha de les rassembler et de les mettre hors de vue dans un placard situé derrière elle.

«  Je peux vous aider ?

— Oui », dit-il, avant de poser un étui flambant neuf sur le comptoir. « Je voudrais régler.

— Très bien. »

Elle examina l’étui et entra les informations dans la caisse enregistreuse sans vérifier si la guitare se trouvait déjà bien l’intérieur. Il l’interrompit lorsqu’elle lui annonça le montant à payer.

«  Mais, vous n’avez même pas regardé la guitare.

— La Gibson, Les Paul ?

— Oui.

— Je sais combien elle coûte. Vous pouvez me croire. »

Elle louchait dessus depuis trois mois, quand le propriétaire de la boutique l’avait sortie de son emballage. Il faudrait qu’elle passe trois ans à faire des économies pour se l’offrir.

«  Si vous permettez, je vais vérifier. »

Elle croisa les bras sur la poitrine, et répondit :

«  Je vous en prie. »

Elle haussa un sourcil, mais ne leva pas le petit doigt pour l’aider. Il fallait à tout prix éviter de le toucher par accident.

Il fit tourner l’étui et elle dut faire un effort surhumain pour ne pas regarder ses mains. Elle adorait les belles mains. Et, comme prévu, de près, les siennes étaient sublimes. De longs doigts puissants à bout carré et une grande paume qui pourrait épouser la forme de son crâne, ou de son sein...

Oh, non. Interdiction de penser à ça.

Trop tard. Ses tétons se dressèrent à l’intérieur de son soutien-gorge et elle se pencha légèrement pour s’assurer qu’ils ne soient pas visibles, pour ne pas se donner en spectacle.

Bon sang. Depuis combien de temps n’avait-elle pas été avec un homme ? Huit mois ? Et pourquoi pensait-elle à cela maintenant ? Le plus gros concert de sa vie était imminent. Il fallait qu’elle se concentre...

«  D’accord. Vous aviez raison. Tenez. »

Il lui donna sa carte de crédit noire de sa main sexy. Elle la prit sans un mot, mais remarqua qu’il avait posé les yeux sur sa poitrine.

Ses imbéciles de tétons étaient sans doute au garde-à-vous. Elle n’avait pas mis son soutien-gorge de sport pour venir au travail aujourd’hui. Non. Elle portait l’une de ces petites choses en dentelle et en satin, qui étaient sexy, mais n’offraient aucun soutien. Elle avait eu envie de se sentir belle, ce matin, alors elle avait enfilé ses sous-vêtements coquins sous le jean et le tee-shirt qu’elle portait habituellement au travail. Mais le coton fin qui moulait le sein ne cachait pas grand-chose.

Bon, tant pis. La routine.

Il signa le reçu et elle lui rendit son ticket et sa carte.

«  Merci d’être venu à la boutique. Bonne après-midi.

— Il faut que je m’inscrive à des cours. Je suis un peu rouillé. »

Elle leva les yeux vers lui avec un regard nouveau. Alors... il jouait vraiment de la guitare ?

«  Depuis combien de temps vous n’y avez pas touché ?

— Sept ans.

— Aïe. »

Il lui sourit, et elle eut le souffle coupé. Autant de beauté devrait être interdite, c’était une injustice totale. Et il avait bon goût en guitare, en plus ? Si l’homme parfait existait, elle était persuadée qu’il se tenait devant elle en ce moment même.

«  Très bien. Quel est votre emploi du temps ? Vous êtes libre le lundi soir ? »

Elle sortit le planning des leçons d’une étagère, derrière le comptoir et l’ouvrit à la semaine suivante. Il y avait quatre instructeurs pour la guitare. Eddie serait sans doute le meilleur choix. Il avait à peu près le même âge que le beau gosse, et c’était un excellent joueur. Eddie était le cliché du gosse de riche qui, à vingt-cinq ans, avait arrêté de se rebeller contre ses parents pour ne pas aller à Harvard et s’était tout simplement mis à se rebeller contre le statu quo. Bien sûr, c’était facile d’être un rebelle quand ses parents payaient toujours son loyer et sa voiture.

Sale chanceux.

«  Non.

— Non, quoi ? » demanda-t-il.

Elle regarda ses lèvres. Elles étaient pleines, et avaient l’air douces. Bonnes à embrasser. Que lui avait-elle demandé, déjà ?

«  Non, le lundi, je ne suis pas libre. »

Ah...

«  D’accord. Et le mardi ? »

C’était Ginny qui enseignait le mardi. Elle saurait le manier. Elle était mariée avec deux enfants, et elle était folle de son mari. Aucun problème en vue.

«  Non. »

Elle regarda le planning, puis releva les yeux et leurs regards se croisèrent.

«  Le mercredi ? Le jeudi ?

— Non et non.

— Bon, alors quand est-ce que vous êtes libre, au juste ? Parce que le samedi, c’est complet, et personne ne donne de cours le vendredi soir.

— Je ne suis jamais libre. Mais j’ai fait la promesse que je trouverais le temps, alors il faut que je me débrouille. Vous avez un créneau de neuf heures à dix heures le dimanche matin ? »

Il déconnait ou quoi ?

«  Vous êtes sérieux ?

— Malheureusement, oui. »

Une légère teinte de rose lui monta aux pommettes et elle le dévisagea, fascinée. Était-il en train de rougir ? Cette idée l’intriguait.