Le gouffre des innocentes - Abel Darggaud - E-Book

Le gouffre des innocentes E-Book

Abel Darggaud

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Beschreibung

Le gouffre des innocentes - Ou que le diable l’emporte est un recueil de nouvelles mêlant fantastique et thriller. La frontière entre les deux univers est ténue : ils s’entrecroisent et se confondent. Laissez-vous transporter, surprendre et frissonnez ! Un ouvrage à ne pas placer entre toutes les mains car de sa lecture, vous ne sortirez pas indemnes. Certaines images et certains personnages vous hanteront encore longtemps après avoir fermé ce livre.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Bercé dès sa plus tendre enfance par les Enid Blyton, Agatha Christie, Conan Doyle, Edgar Poe, Georges Simenon Marcel Pagnol et autres… Abel Darggaud se considère avant tout comme un amoureux des mots avec lesquels il adore jouer. Tantôt poète, tantôt romancier, écrire pour partager des émotions est son moteur, son leitmotiv. Sa Rencontre littéraire avec Franck Thilliez, il y a quelques dizaines d’années, a été un véritable coup de foudre, un raz-de-marée, un cataclysme.

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Abel Darggaud

Le gouffre des innocentes

Ou que le diable l’emporte

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Abel Darggaud

ISBN : 979-10-377-6340-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

À mes parents,

À ma compagne.

… ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu’endormis…

Edgar Allan Poe

Qu’y a-t-il ?

… plus loin que la réa,

bien au-delà du cap Horn…

Philippe Labro

Bip, bip, bip… série de bips répétitifs…

Au commencement, il y a cette blancheur immaculée, puis mes pleurs. Cette main énorme qui tient la mienne. Mon sourire, mes yeux, encore fermés. Je suis posé sur le ventre maternel, havre de paix rassurant, réconfortant ; plus pour longtemps.

C’est un de ces matins de novembre, où le froid et la grisaille semblent s’être invités dès votre réveil. Votre regard par la fenêtre en dit long. Le rapide coup d’œil à votre radio-réveil, aussi : ses 4:35 rougeoyantes semblent vous narguer, enfoncer le clou. Heureusement que cette bonne odeur du café qui finit de s’écouler de la cafetière programmée la veille, vous accueille dès votre arrivée dans la cuisine. Mais la joie est de courte durée, à peine saisie, vous laissez échapper la verseuse qui se brise en mille morceaux dans « son jus ».

C’était écrit, ce ne serait pas votre journée. Après un quart d’heure passé à vouloir tout nettoyer, juste le temps de boire un insipide café soluble et d’enfourner un de ces gâteaux fourrés plein d’additifs qui vous feront choper « une de ces saloperies » (votre maman vous aura bien prévenu !), que vous dévalez déjà les escaliers pour rejoindre le parking souterrain.

Le froid et l’humidité vous saisissent dès votre arrivée au niveau du 3e sous-sol. Il n’y a plus qu’un misérable néon qui fonctionne et encore, par intermittence, projetant une ambiance bleuâtre dans le parking. Vous avancez à tâtons et vous vous apercevez que vous venez de poser le pied sur quelque chose de mou. Votre vieux réflexe de bipède terrien est de frotter votre chaussure et de trouver un vieux journal abandonné pour essayer de faire disparaître, en partie, le corps étranger collé à votre semelle. Vous grommelez dans votre barbe de trois jours. Et ce n’est pas aujourd’hui que vous auriez eu le temps de vous la raser.

Ça y est, vous l’avez en ligne de mire, votre vieux carrosse n’a pas bougé, mais sa vue vous fait penser qu’il serait grand temps de le changer. Quinze ans quand même qu’il vous rend un fier service ! Vous enfoncez une main fébrile dans votre poche. Mes clés ? Si, elles sont bien là, au milieu de tout un fatras de pièces, de tickets de caisse, de vieux chewing-gums et des clés de l’appartement accrochées à un gros bouddha en plastique tout défraîchi. Vous enfoncez la clé dans la serrure. Bingo ! Pas de blocage, pas de serrure qui vous joue des tours. Miraculeux. Vous vous asseyez, un peu rasséréné, au volant de votre vieille guimbarde et vous démarrez. De ce côté-là, votre « titine » a toujours répondu présente au démarrage.

Je sors du garage en montant le petit raidillon. Le temps ne s’arrange pas : à la grisaille et au froid, s’ajoute une pluie fine. La buée et cette atmosphère humide se sont, elles aussi, invitées dans mon habitacle. Les essuie-glaces ne sont pas d’une grande efficacité, plus de première jeunesse. Et mes coups de chiffon, à la propreté douteuse, sur le pare-brise intérieur ne sont pas la panacée non plus. D’une main, je tiens le volant et de l’autre, j’essuie le pare-brise. Et de temps en temps, je m’accorde un placement de main-poupée sur mon pommeau de vitesses pour passer de deux à trois. Puis rétrogradation, deux, un…

J’arrive tant bien que mal au premier feu ; rouge, bien évidemment ! Je file ensuite sur le boulevard. À ma grande surprise, les deux autres feux sont : tiens ! rouges également ! Vert. Je jette le chiffon encore enroulé autour de ma main aux pieds de mon passager imaginaire. Et je reprends les rênes de ma caisse… à savon. Les deux mains correctement posées sur le volant, à 10 h 10, je regarde défiler les rues, à gauche et à droite.

J’avance et je sors fébrilement de la petite bourgade de banlieue où j’ai décidé de poser mes valises, pour mon premier « vrai emploi », à la grande satisfaction de mes parents légèrement inquiets. J’allais, il faut dire, sur ma vingt-neuvième année ! Tanguy n’avait qu’à bien s’tenir. Il est vrai que le logé-nourri-blanchi me convenait très bien jusqu’à présent. Mais ma rencontre d’il y a six mois avait quelque peu bouleversé mes plans… de cette vie, on ne peut plus confortable jusque-là.

Je roule désormais sur la départementale. Mon espace intérieur a réussi à se débarrasser de son ambiance « hammam ». Encore huit kilomètres avant d’atteindre mon but. Je vais retrouver mes collègues avec qui le courant est tout de suite passé. Il faut dire qu’on est tous de la même génération ; que cette start-up est une vraie réussite et qu’à nous quatre, on se complète parfaitement. L’intellectuelle, le manuel, le secrétaire, la comptable. On ne pouvait pas rêver mieux. C’est aussi un peu pour cette raison que j’ai décidé, sans beaucoup hésiter (quoi que… ça méritait réflexion, je me devais de peser le pour et le contre) de couper le cordon. Un avenir radieux rempli de belles promesses allait sourire à notre jeune entreprise dynamique !

C’est alors que tout se passe très vite. Une lumière aveuglante sur ma droite. Un choc. Terrible. Je sens que tout bascule. Le tambour d’une machine à laver, en plein essorage. Un déchirement effroyable de tôles froissées. De vitres brisées. De plastique et de caoutchouc brûlés. Des lumières rouges, jaunes, blanches tourbillonnent, défilent. Des odeurs d’essence, d’alcool, fortes, de différents fluides-moteurs, entêtantes, empoisonnent l’atmosphère. L’humidité. Le froid. L’obscurité. Je ne vois plus. Je suis comme pétrifié. Des sons arrivent à moi. Au loin, des sirènes, des bruits de portières, des voix… sortant d’une radio ; quelque part, on frappe sur du métal, on le découpe. Le bruit est infernal. Un vent glacial parcourt tout mon corps. Je sens et j’entends ; on me frôle, on me soulève. Puis plus rien. Le silence. Total.

Bip, bip, bip… série de bips répétitifs…

C’est alors que je me vois, sur ce lit d’hôpital. Je me vois comme si j’étais au-dessus de moi-même, comme suspendu au plafond, comme en lévitation au-dessus de mon propre corps. Je me vois, allongé et livide. Mes yeux sont clos et des spasmes intérieurs agitent mes paupières comme lorsque l’on vit des rêves agités. Un drap bleu pâle est descendu jusqu’à mon bas-ventre. De nombreux appareils médicaux m’entourent. Des électrodes poursuivies de fils partent de mon abdomen et de mon thorax pour se brancher sur l’une de ces machines. Un masque qui doit « me » délivrer de l’oxygène recouvre tout mon visage tuméfié, cassé, méconnaissable, enserré dans une sorte de coque en plastique. Gangue dérisoire. Une pompe, à mes côtés, monte et descend. Sur une autre de ces machines, un tracé lumineux et sonore dessine des espèces de montagnes russes… en une série de « bips » répétitifs.

Bip, bip, bip…

Deux mains enserrent ce qui reste de la mienne. Je les vois nettement tout comme je vois le prolongement de ces fines mains : une femme aux cheveux châtain clair, légèrement ondulés qui tombent en cascades sur ses frêles épaules. Elle est assise sur l’une de ces chaises-fauteuils anonymes de ces chambres d’hôpital, désuète et inconfortable. Sa tête est enfouie contre cette minerve et tout ce plâtre, corps froids couvrant tout mon corps. Elle semble pleurer. Elle pleure, forcément. Sa position ne laisse aucun doute. Je constate également des soubresauts qui l’agitent. Le mouchoir tombé à terre, près d’elle, au pied du triste fauteuil, finit de me le confirmer.

À cet instant, à quoi pense-t-elle ? Elle se cramponne à cette main, détruite, fracassée, cassée, en miettes, et sous tout ce plâtre, cette peau et cette chair noircies. Cette main. Main devenue un espoir vain. Elle ne le sait pas encore. Elle veut y croire. Dans ses pensées, certainement des prières, des sons auxquels se raccrocher. Des sons qui rassurent. On entend des sons partout ici. C’est bon signe.

Bip, bip, bip… Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.

C’en est fini. La pompe continue à monter et descendre. Mais mon électrocardiogramme est plat ; désespérément, et définitivement plat. Je quitte ce monde des vivants pour un autre qui m’est pour le moment totalement inconnu. Je suis pourtant très calme, serein. Je suis en paix.

Âmes sœurs

Leïla

Et ces deux âmes tragiques

s’envolèrent ensemble,

l’ombre de l’une mêlée

à la lumière de l’autre.

Victor Hugo

Nos regards se croisent, je suis émerveillé par ce sublime sourire et j’ose espérer que c’est réciproque. Sans ne pouvoir quitter l’autre des yeux, chacun d’entre nous poursuit son chemin, lorsque tout à coup, sa voix suave m’interpelle : « Ben ? C’est bien… toi. Tu es, Ben ? ».

Je dévisage cette parfaite inconnue. Sa peau au teint hâlé reflète une beauté venue d’ailleurs. Ses yeux d’un noir profond sont légèrement en amandes. Son nez dégage une force et respire la passion et les destinations lointaines. Sa bouche pulpeuse, aux lèvres légèrement entrouvertes, dessine un sourire ravageur. Ses longs cheveux ondulants, d’ébène, sont retenus par un crayon les emprisonnant de façon charmante et mutine, négligemment. Des mèches retombent de chaque côté de ce visage d’une beauté sauvage. Ce regard, et quel regard, perce le mien ; un regard de braise.

Elle a cette beauté des filles du sud. Cette beauté qui ne s’apprivoise pas facilement. Comme indomptable et indomptée. Sa peau mate est de miel. Je pense être plus âgé qu’elle ; peut-être de cinq, six ans… peut-être plus. Elle se tient à cinq mètres de moi.

Elle ne me lâche pas du regard. Ses grands yeux parés d’un fard à paupières sombre et d’un discret mascara font ressortir ses prunelles d’un noir abyssal, cernés d’ombre juste ce qu’il faut ; elles m’hypnotisent ; elles m’ensorcellent. Ces quelques mèches rebelles donnent à son regard encore plus d’intensité et de mystère. Je suis subjugué par tant de beauté, comme une attirance magnétique, et à la fois stupéfait, bouleversé qu’elle connaisse… mon identité.

Un ange passe. Le temps semble s’être arrêté. Là, maintenant, je ne saurais dire où je me trouve exactement. Peut-être dans une ruelle d’un de ces villages de l’autre côté des Pyrénées, dans une province espagnole, dont j’ai oublié le nom…

Il fait une chaleur de plomb. Juste un filet d’air rompt cette canicule écrasante. Elle est vêtue d’une robe légère voletant dans la brise. Le soleil dessine ses courbes dans un jeu subtil d’ombres et de lumières. Le tissu colle à ce corps bronzé aux formes généreuses et voluptueuses. Sa poitrine enfle dans un décolleté profond. Elle s’avance vers moi, un pied devant l’autre, lentement, dans ses escarpins noirs à talons dans une démarche de mannequin ; comme dans un défilé de Haute Couture.

Puis, toujours me fixant, elle avance en murmurant ; et je lis alors sur ses lèvres : « Le 14 juillet 2006, Plage des Sables d’or, Saint-Georges-sur-Mer ». Puis, elle stoppe, net, attendant une réaction de ma part, une attitude, une parole.

Alors, mentalement, je me répète en boucle cette phrase sortie comme un frémissement d’entre ses lèvres. « Le 14 juillet 2006, Plage des Sables d’or, Saint-Georges-sur-Mer ». Puis là, le puzzle se met implacablement en place. Imparable. Impensable.

C’était il y a plus de quinze ans ; j’avais treize ans à peine. Et cet été-là, comme souvent, je m’étais accordé une après-midi – « baignade interdite » dans la Grande Bleue, un peu à l’insu de ceux qui étaient chargés de ma surveillance. Comme on le dirait simplement, j’avais décidé de faire le mur.

Je nageais lorsqu’un attroupement anormal avait attiré mon attention. Des gens, au loin sur la plage, s’agitaient et montraient une forme dans l’eau, à une centaine de mètres, là, devant moi. Des hurlements de panique, même. On semblait hurler, qu’« elle » était morte !

J’avais alors nagé, nagé aussi vite que j’avais pu. Je ne m’étais posé aucune question et j’avais parcouru la distance qui me séparait de ce point en à peine plus d’une minute.

Et c’est ainsi que je l’avais aperçu, ce petit corps sans vie. Le corps d’une fillette flottant à la surface, juste au niveau de mon visage, ballotté par les remous de la mer.

Je n’avais pas douté un instant. J’avais juste repris mon souffle et je m’étais remémoré mes formations. En effet, à cette époque, j’entrais dans les Jeunes Sapeurs-Pompiers de ma ville, et j’avais appris quelques notions de secourisme.

Je m’étais appliqué à positionner la jeune victime sur ma poitrine et l’avais ramenée sur la plage, en nageant sur le dos.

Une fois sur le sable, je parlai à la fillette afin de la maintenir en éveil, même inconsciente. Je me présentai, lui demandai si elle m’entendait, de serrer ma main. Elle devait avoir, tout au plus, six ou sept ans. Elle était blême. Inerte. Aucune réaction.

J’avais appris qu’en pareil instant, un sauveteur n’avait plus qu’une option. Je pratiquai donc les premiers massages cardiaques et le bouche-à-bouche. Quatre longues minutes durant lesquelles j’alternai, comme on me l’avait appris, massages en rythme… 1, 2, 3, 4… forts et soutenus. Puis à nouveau, bouche-à-bouche…

Maintenant, le petit attroupement m’observait faire, abasourdi. Un homme avait appelé les secours. Moi, je continuais sans relâche mes massages, mon bouche-à-bouche. C’est alors que je perçus un léger pouls, très léger. La petite victime recracha de l’eau, toussa ; et puis tout alla très vite. Je n’étais alors qu’un gosse.

Les pompiers arrivèrent. Ils prirent le relais. Les témoignages d’adultes présents, leurs identités. Je n’avais que treize ans, je n’étais alors qu’un gosse. Et j’avais déjà fait le mur pour venir profiter de la mer.

J’étais donc rentré chez moi, en catimini, ni vu ni connu ; et ma vie avait, banalement et normalement, repris son cours.

J’avais juste pu lire, le lendemain, dans les entrefilets des journaux locaux, qu’une fillette venue avec toute sa famille du Maroc, pour passer des vacances au bord de la mer, Leïla Saoudi, avait échappé à la noyade, prise dans ces imprévisibles et fatals courants de baïnes, qui piègent chaque année de nombreux baigneurs. Elle était malheureusement retombée dans un coma profond ; son cerveau ayant manqué d’oxygène, trop longtemps. La petite… Leïla.

« Leïlaaaaa ? ». Les paroles fusent instinctivement de ma bouche. « C’est toi, Leïla ?! ».

Alors, elle s’élance ; la scène semble être tournée au ralenti. Le temps paraît s’être arrêté et s’étirer en longueur, juste pour nous Deux. Tout le décor autour de nous est flou. Seuls nos deux personnages existent. Vivent. Elle se jette à corps perdu dans mes bras. Me serrant à bras le corps, de toutes ses forces ; de tout son cœur. Je le sens désormais battre à tout rompre. Elle éclate en sanglots. De ces sanglots qui vous libèrent, vous délestent d’un poids désormais trop lourd à porter.

Et c’est alors qu’elle me raconte tout, passant ses mains sur ses yeux mouillés et sa bouche, hoquetant : son coma, huit longs mois, son réveil, sa lourde rééducation, tout à réapprendre, à boire, à manger, à marcher, à parler. Plus aucun souvenir. Sauf un seul. Un seul et unique souvenir, fixé à jamais dans un endroit de son cortex cérébral, celui de : « Ben » ; ses premiers mots prononcés une fois le processus langagier enclenché.

« Ben », s