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Et si certains de vos proches, toutes origines confondues, vos voisins, vos relations ou collègues de travail faisaient partie d'une histoire insolite et totalement insoupçonnable ? Oui, le récit que vous allez découvrir est tiré de faits réels basés sur les témoignages des principaux protagonistes (sous conditions d'attribution de pseudonymes). Au tout début, cette histoire a pris naissance dans la France des années 80 avec l'arrivée d'un personnage charismatique venu pour annoncer sa mission de Mahdi, ce fameux sauveur attendu par les musulman à la fin des temps, préparant ainsi le second avènement du Messie. Et dans cette ambiance aux allures d'emprise sectaire, le récit se focalise sur un groupe d'enfants (d'une douzaine d'années) qui vont se retrouver mêlés à cette intrigue, puis le temps va défiler pour nous livrer leur évolution au cours d'une quarantaine d'année... À travers cette épopée pleine d'enseignements, d'intrigues et de rebondissements, la grande question à se poser est la suivante : tous ces enfants de l'innocence vont-ils se parfaire au fil des ans, ou vont-ils un jour commettre l'irréparable ? Toujours est-il qu'ils sont enfin prêts à nous livrer leur témoignage. À présent, il est temps de découvrir cette histoire unique en son genre, maintenue trop longtemps secrète et hermétique, jusqu'à la parution de ce livre...
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Remerciements
Préface
Avertissement :
États des Lieux et Prémices des événements à Venir
Entree en Scene
Premiere Vague
Deuxieme Vague
Troisieme Vague
Quatrieme Vague
La Revelation
Dix ans Plus Tard
En Guise D’epilogue
Les premiers remerciements vont à toutes celles et ceux qui, restant dans l’anonymat, ont apporté leurs précieux témoignages qui m’ont permis d’élaborer la trame du récit (pseudonymes : Maïssa et sa maman, Jaffar, Minos, Jéthro, Habib, Khalel, Pedro, Coco, Jonas)
Je remercie également Chouki Derrouiche pour la Préface, ainsi que Brigitte Flament, Francis de La Rivière, Blandine Guilles, et Michèle Urbaniak.
Que dire du second ouvrage de notre cher ami Mustapha Djellali ?
Si son premier livre « D’Orient et d’Occident ‑ Convergence vers la paix » brossait un large spectre de l’Histoire où se conjuguait en écho celle qui est dans les livres et la nôtre, dans ce nouvel écrit, c’est à une histoire encore plus intime qu’il nous invite...
Il y est question d’une bande de copains ayant été confronté très jeune, trop jeune peut-être, à des questions de sens et d’ordre théologique, sur fond d’emprise sectaire, sans avoir les outils nécessaires de critique et de distanciation.
Cette histoire, authentique, a le mérite de nous introduire à une compréhension plus subtile, au travers de la perspective spirituelle de l’Islam, au questionnement existentiel qui habite l’être humain depuis toujours.
Alors, plus précisément ici, il y est question d’ère messianique et d’eschatologie... Oui, oui, vous avez bien lu, vous savez, ces récits de « Fin du monde » avec à la clé un Sauveur naissant des forces du bien et résistant contre les forces du Mal dont nous avons tous été abreuvés par le biais de la culture cinématographique. Le cinéma qui a jusqu’à récemment encore essentiellement tiré son inspiration de la Bible avec des films comme « La septième prophétie », « Dune », « Matrix », « l’Élue », « Révélation », « La fin des temps », autant de productions inspirées des prophéties de l’apocalypse… mais aussi, depuis 2020, avec une réalisation originale sous la forme d’une série qui puise ses références symboliques à la fois dans le monde juif, chrétien est musulman, il s’agit bien sûr de « Messiah » qui aura su galvaniser un certain public au fait de ces considérations messianiques...
Ainsi, dans ce roman documentaire que vous allez découvrir, il ne sera pas question de cinéma car son auteur vous invite à découvrir une histoire aussi vraie que troublante et où la psyché humaine sera lourdement mise à l’épreuve quant à savoir distinguer ce qu’il est de coutume de nommer « le bien et le mal ». Le récit de Mustapha DJELLALI va vous plonger dans l’épopée de cette histoire sans fin mais qui pourrait vous apporter les réponses...
Chouki Derrouiche
Ce récit que je vais vous conter est entièrement basé sur des faits réels. Il a laissé des traces indélébiles dans les esprits de ceux qui l’ont vécu. Ainsi, et pour des raisons, osons le dire, d’éthique, de respect, voire de sécurité, les identités des différents protagonistes de cette histoire singulière et hors du commun ne seront pas divulguées mais substituées par des pseudonymes. Il en sera de même pour la dénomination des villes qui furent le théâtre des événements dont il est question.
Au vu des multiples témoignages relatant trois décennies de faits, la narration ainsi que les différents dialogues se rapprocheront le plus possible de la réalité ou, tout au moins, seront le reflet de ce qui s’est réellement passé...
Never Ending Story-1985) Limahl
Dans tes mains tu tiens le grand livre.Qui demain te dira comment vivre.Tourne chaque page et tu trouveras.Dans les mots et les images un jour la réponse.À cette histoire sans fin.
Va toujours du coté du ciel.Ou le jour invente le soleil.L’arc-en-ciel te fera signe et tu le suivras.Pour trouver entre les lignes un jour la réponseÀ cette histoire sans fin
Vis ta vie, cours vers l’infini.Fais escale dans le cœur des étoiles.Tourne chaque page et tu trouverasÀ la fin du grand voyage un jour la réponseÀ cette histoire sans fin, cette histoire sans fin...
Message officiel de Charles de Foucauld (en provenance d’Algérie) adressé au gouvernement français le 29 juillet 1916 dans le contexte colonial.
« Tout musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu’à l’approche du jugement dernier le Mehdi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l’islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non-musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l’islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s’il est soumis à une nation non musulmane, c’est une épreuve passagère ; sa foi l’assure qu’il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l’engage à subir avec calme son épreuve »
Ce missionnaire chérifien avait-il vu juste ? Quelque soixante-six ans après cette déclaration, eurent lieu des événements, ô combien inattendus, non pas en Algérie mais dans le pays de l’ex-colonisateur, la France..., une histoire dont les plus jeunes n’ont jamais entendu parler, une histoire dont les plus anciens ne se souviennent que des balbutiements, quant aux acteurs du récit, une histoire maintenue secrète et hermétique durant une quarantaine d’années, jusqu’à ce livre...
Nous sommes en 1980, tandis qu’un train, avec des passagers à son bord, quitte la gare de Paris à destination d’une autre région. Les voyageurs, bien assis sur leur banquette, et les yeux rivés vers les fenêtres, apprécient avec plaisir et rêverie le défilement des différents paysages plus ou moins vallonnés. Puis, alors que durant ce petit voyage, tant de villes et villages ont été traversés, voici que le paysage laisse apparaître au loin des collines d’un aspect très différent de celles perçues auparavant. Qu’ont-elles de si différent ? D’un noir intense, elles ne sont pas le fruit d’une évolution géologique naturelle, pour la simple raison qu’elles ont été façonnées par des hommes, plus couramment nommés mineurs de fond.
Pendant que ce train traverse la région, une bande d’enfants, âgés de 10 à 14 ans, marchent le long d’une voie ferrée qui jouxte l’un de ces monts plus communément appelés terrils. Non, Ils ne s’adonnent pas à la cueillette des marguerites ! Ils marchent le long du ballast, un lit de cailloux dont la fonction est d’amortir les vibrations provoquées par le passage des trains. Une fois la collecte des cailloux effectuée, ces d’enfants, disons une vingtaine, se mettent à gravir ce terril qui leur sert d’espace de jeu. Parvenus au sommet, voilà qu’ils s’alignent et marquent un demi-tour, tous ensemble, les regards pointés vers la voie ferrée. Et là, avec la patience du félin, ils attendent en silence. Soudain, un son venant du lointain se fait entendre tandis qu’il augmente crescendo et semble s’approcher. C’est peut-être bien ce que ces enfants attendent car ce glissement de locomotives serpentant sur les rails ne semble pas les effrayer, bien au contraire, et ils vont le prouver. Tandis que le convoi, avec ses passagers à son bord, pointe le bout de son nez, sa taille prend de l’ampleur au fur et à mesure que le son du passage des locomotives augmente. Puis, parvenu au niveau des enfants, bizarrement, un autre son vibrant va se joindre dans une cacophonie d’éclats de vitres, due probablement à des jets de cailloux «tombés» du sommet de la colline... Baignant dans l’âge de l’innocence, ces enfants ignorent qu’ils sont inconsciemment et symboliquement en train de reproduire des exactions que les pères avaient naguère commises quelque vingt années auparavant, mais dans un tout autre climat, celui d’une guerre d’indépendance.
Bienvenue dans le bassin minier, au sein de ce milieu plutôt modeste qui, en effet, avait connu l’arrivée massive d’immigrés majoritairement algériens. Il va de soi que cette région connut bien d’autres vagues d’immigration, les Polonais, les Italiens, les Portugais, les Marocains, mais ces différentes nationalités n’ont pas entretenu un rapport comparable à celui de l’aventure franco-algérienne. En effet, ce qui marque une différence fondamentale, ce sont les cent trente-deux années de colonisation et les huit années de guerre aboutissant à l’indépendance de l’Algérie, soit le 5 juillet 1962.
Et c’est suite à des longues négociations aboutissant à des accords signés à la fin de la guerre entre les deux États, que tant hommes avaient été appelés à quitter leur terre natale pour l’Hexagone, non pas à demeurer définitivement dans le pays qu’ils avaient naguère combattu, mais afin d’apporter la main-d’œuvre manquante et à bon marché...
Dans un premier temps, seuls les hommes avaient été emportés par la vague de l’immigration, nourrissant ainsi le projet d’un retour au pays d’origine. Et, lorsque des hommes quittent courageusement leur terre natale, ils emportent toujours avec eux tous les bagages qui ont construit leur identité. Les bagages culturels et historiques en font partie mais aussi, pour certaines vagues, le bagage des traumatismes liés à la colonisation, comme le sentiment d’infériorité, celui de demeurer dans la peau d’un citoyen de seconde zone. Et tout ceci ne peut que nourrir l’espoir d’une vie meilleure, d’un jour où la justice triomphera, ou encore, puisant dans la rancœur, l’espoir qu’un jour la situation s’inversera... Mais ce dernier sentiment n’a guère hanté les esprits de ces immigrés car, non seulement soulagés de la fin d’une horrible guerre qui dura huit longues années, mais aussi se languissant d’une indépendance durement acquise.
Ainsi, emportés par la lourdeur du fastidieux et prenant travail que représentait l’extraction de la houille du bassin minier, un seul souhait les hantait, celui d’un avenir prometteur. Comment ? En fondant une famille dont ils seraient les sacrifiés, permettant ainsi à leur progéniture de connaître cette vie meilleure qu’ils avaient tant espérée. Suite à cette indépendance lourdement acquise, une logique aurait bien voulu que cette vie meilleure s’enracine au pays d’origine après avoir opéré un retour mais, pour de multiples raisons, il en sera tout autrement.
Aussi, dès lors que les épouses, restées au pays, arrivèrent finalement en France, la situation bascula, et cette immigration passagère au départ, devint alors définitive car elle engendra une deuxième génération qui allait s’enraciner dans un nouveau pays, pour un nouveau départ...
Voici donc une belle jeunesse en pleine croissance, évoluant tant bien que mal mais évoluant tout de même dans une logique d’enracinement et de fondations sur laquelle doit se bâtir un avenir, une meilleure situation que celle de leurs parents illettrés. Une question pourrait alors se poser : des illettrés ne maîtrisant pas la langue du pays, seront-ils à même, sauf cas rares, de pouvoir accompagner et soutenir leurs nombreux enfants durant leur cursus scolaire ? Ces pères de famille sont appelés à descendre au fond des puits miniers, ou alors à peiner dans les usines avoisinantes. Quant aux mères de famille, les voilà affairées du matin au soir, à tenir leur foyer bien souvent composé d’une huitaine d’enfants. Voici alors que cette progéniture, sans trop de surveillance, sera bien souvent livrée à elle-même, d’où les pluies de cailloux évoquées en préambule...
Oui, c’est précisément dans cette génération que se trouvent les différents personnages du récit que vous allez découvrir et dont le déroulement de l’intrigue aura lieu au sein de deux principales communes que nous nommerons respectivement Frémencourt et Vendin-Belle-Forêt dont la population vivote tranquillement aux portes des années 80...
Cernés par les champs et les forêts, les différentes cités qui composent la ville de Frémencourt, varient sur un nuancier partant des plus aisés aux plus modestes. Oui, S’il y a bien des lotissements agençant de jolies habitations recouvertes de tuiles en ardoises, et bordées de routes et trottoirs plus ou moins entretenus, il n’en est pas de même des cités bâties par la société des houillères dont l’objectif premier fut de loger, avec le confort minimum, leurs ouvriers à proximité des puits d’extraction de la houille. Ainsi, ces dernières habitations qui composent ces différentes cités ouvrières aux allures de regroupement, ont plutôt tendance à marginaliser l’évolution de ses populations. Et, constituées de briques ou de parpaings rouges, ces maisons mitoyennes recouvertes de tuiles de la quasi-même teinte, offrent toutefois à ces locataires la joie des lopins de terre destinés aux potagers
Petite précision qui pourrait aussi avoir son importance : comme tant de communes avoisinantes, un bon tiers de la population de Frémencourt est de culture musulmane, sans pour autant être pratiquante, loin de là. En effet, dans toute la région, les mosquées, peu nombreuses, sont loin d’être prises d’assaut par les fidèles car ces lieux de culte sont plutôt fréquentés par ceux qu’il était courant de nommer ainsi, les vieux, des retraités pour la plupart. Quant aux jeunes de la deuxième génération, avec toute la vie devant eux, les voilà plus enclins à toute forme de distractions qui, çà et là, animent la vie de ces différents quartiers. Quelques activités sportives viennent chauffer les stades et salles communales durant les mercredis, les week‑ends et certains soirs.
Aussi, au cœur de ces corons, des mélodies résonnent au son coloré des populations dites noires, sans doute par identification à leur souffrance, avec le reggae, la soul musique, la oldies, qui seront les compagnons essentiels de ces enfants d’immigrés... Et cette musique, appréciée en solo ou en groupe a, pour point culminant, une cadence rythmée au sein des soirées dansantes communément nommées « boom », sauf peut-être pour les boîtes de nuit, car bien «chanceux », celui qui la peau basanée, parviendra à y être accepté...
Oui, cette réalité et ce schéma discriminant auront aussi contaminé tant d’autres sphères de la société, le travail, le logement, etc. Ainsi, malgré des instants de bonheur, un sentiment d’amertume se fait ressentir au sein de ces populations, c’est la ghettoïsation des quartiers selon les origines, ce qui ne peut que favoriser la tendance aux regroupements. Et quand ils se regroupent, au mieux, ils se défoulent sur un ballon, au pire, sur des équipements communaux non destinés à cet effet ou, pire encore, sur des passants... Fort heureusement, sauf cas isolés, les clubs de sport ainsi que le milieu scolaire n’épousent pas pour autant ces schémas discriminants. Toutefois, il plane en suspension, et de manière générale, un sentiment latent pouvant conduire à des différends.
Quant aux actualités diffusées par les différents médias, annoncent-elles des nouvelles rassurantes lorsqu’il y est présentée une spectaculaire percée de ce Front National des années 80, nourrissant ainsi des idéologies racistes invitant les immigrés et leurs enfants à quitter le territoire ? De plus, s’il est vrai qu’en France, les immigrés et leurs enfants ont droit au titre de « bougnoule », c’est le sobriquet de « migris » (immigrés) qui les attend lors de séjours familiaux en Algérie. Ainsi, en France comme en Algérie, ces populations issues de l’immigration peineront pour longtemps, voire toujours, à recevoir de la considération en matière d’identité. Alors, tout se passe-t-il réellement pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Ces populations sont‑elles en route vers cette vie meilleure jadis projetée par les parents ? La musique, la télévision, les distractions, seront‑elles suffisantes pour pallier ces déficiences ? Le monde de la politique saura-t-il répondre aux attentes de son peuple ?
Toujours est-il que toutes ces interrogations pour adultes ne semblent guère tarauder l’esprit des enfants emportés par leurs multiples divertissements, car non loin de leurs habitations, et parfois au cœur de ces cités, se trouvent des espaces verts qui les maintiennent dans un état d’insouciance faisant tout leur bonheur. Et c’est dans le décor des terrils avoisinants, des forêts et des plans d’eau que ces enfants flânent à tout va avec l’état d’esprit des personnages tirés du plus célèbre roman de Mark Twain, les aventures de Tom Sawyer. Et pendant que ces mêmes enfants foulent le sol de ce bassin minier, il gît quelque chose dans les profondeurs de la terre.
Ainsi, ce charbon, cette roche sédimentaire issue de la décomposition de la matière organique des végétaux, est disséminée tout au long des galeries obscures qui sillonnent les sous-sols de toute la région. C’est donc en profondeur que se trouve ce combustible extrait par les pères de ces enfants en route pour un devenir inconnu. Et le charbon, cette ressource énergétique, va donc alimenter des millions d’habitations, mais aussi tant de machines qui ont vu le jour avec la naissance d’un progrès technologique censé apporter le confort et, donc, le bonheur dans tous les foyers.
Mais tout ceci fera-t-il vraiment le bonheur de tous ? Il se peut que certains individus issus de ce milieu nous proposent un jour une réponse à cette interrogation... Oui, car dans cette histoire, une question va se poser et s’imposer. Et cette question, à laquelle nos dirigeants ne sont pas à même de répondre, se trouve au cœur du récit qui nous intéresse ici. Quel est donc le but de notre vie ? Avons-nous un rôle particulier à jouer ? Il semble que les acteurs de cette histoire vont se trouver au cœur de cette interrogation, mais auront-ils pour autant la bonne réponse ?
Ainsi, les événements qui seront dévoilés vont mettre en scène des personnages issus de la deuxième génération, autrement dit, des enfants d’immigrés de tous horizons, mais essentiellement originaires d’Algérie. Parmi eux se trouvent un enfant d’origine algérienne âgé de 10 ans, et que nous nommerons Jonas. Il se peut d’ailleurs que celui-ci fasse partie de ces enfants inconsciemment entraînés à participer à la collecte des cailloux sur la voie ferrée plutôt que des marguerites...
Mais Jonas ne tardera pas à s’éloigner de son quartier pour rejoindre un tout autre groupe d’enfants qui eux, ne s’acharneront pas sur les lignes ferroviaires. Non, cet autre groupe d’enfants adoptera une tout autre ligne de conduite car la destination du « train » sur lequel ils vont s’embarquer va traverser de multiples paysages mais sans vraiment savoir ce qui se trouve derrière l’horizon... C’est donc à travers le vécu d’une bande d’enfants baignant dans l’innocence, puis évoluant au fil de trente années d’une histoire improbable, que ce récit plein de rebondissements vous sera conté avec des révélations inédites à couper le souffle.
Êtes-vous prêts à les accompagner durant cette visite guidée ? Oui, ces enfants de mineurs de fond vous proposent de les suivre sans jugement ni âpreté dans cette aventure, et de les accompagner dans les profondeurs souterraines de leur histoire, car ce qui est souterrain demeure caché. Êtes-vous prêts à descendre avec ces enfants dans les profondeurs obscures du puits d’une partie cachée de leur vie afin, pourquoi pas, d’en extraire un précieux et chaleureux combustible et de le remonter à la lumière du jour ?
Nous sommes en 1981, dans une ambiance de fin d’année scolaire. Deux enfants d’une même classe de CM2, âgés de 10 et 11 ans, et que nous nommerons Habib et Jonas, se retrouvent dans une rencontre sportive réunissant bon nombre d’établissements de la commune. Alors que tous les élèves s’adonnent à cœur joie à cette manifestation sportive, plutôt orientée vers l’activité handball, Jonas est le témoin d’une scène qui va l’impressionner pour longtemps. En effet, il semble qu’un des jeunes participants, que nous nommerons Pedro, plutôt imposant par la rondeur de sa taille, ait la fâcheuse tendance à confondre la tête de certains participants sans défense avec des punching-balls. Le regard tétanisé, cette scène impressionne Jonas au plus haut point et lui fait donc soupirer « Oh que je n’aimerais pas me retrouver tous les jours dans l’école de ce bonhomme, et encore moins dans sa classe, un vrai tueur !». En dehors de cette scène surréaliste, le reste de la journée se déroule tout à fait normalement, mais il semble que le visage de ce « boxeur » restera gravé dans la mémoire de Jonas. Néanmoins, les grandes vacances arrivent, elles pourront peut-être lui faire oublier ce personnage qui comme lui, est en classe de CM2...
Deux mois plus tard, voilà qu’arrive la fin des grandes vacances, au grand plaisir des parents ! Oui, le lendemain, c’est enfin la rentrée des classes, mais il semble que l’élocution « enfin la rentrée » ne soit pas vraiment partagée par les premières personnes concernées, les enfants. Et c’est sans doute ce que ressentent, à ce moment-là, deux petits groupes de jeunes à peine âgés de 10 et 11 ans, qui, pour le lendemain, s’apprêtent à intégrer l’école des grands, le collège. Ainsi, autant profiter de cette dernière journée. Ces deux petits groupes, issus de deux quartiers, disons-le, rivaux, ne se connaissent pas, tout au moins pas encore. Ils flânent dans la ville en quête d’on ne sait quoi, se laissant emporter par leur instinct. Seulement, voilà, cet instinct va les mener au même endroit, un petit parc aux abords du centre-ville. Dans l’un des groupes, vous l’avez sans doute deviné, se trouve le cher boxeur, sans doute en quête de nouvelles proies, et accompagné de son ami et voisin, que nous nommerons Coco. Dans le deuxième groupe se trouvent encore Habib, accompagné de ses frères que nous nommerons Ismaël et Terken. Quant à ce parc, loin de posséder la superficie du Sahara, il ne peut que favoriser les rencontres, si possible, dans la gaieté, la joie et la bonne humeur, comme il est de coutume dans tous les parcs du monde. Mais il semble bien que nos deux groupes, rappelons-le, issus de deux quartiers rivaux, ne paraissent guère être habités par cet état d’esprit, disons-le, trop conventionnel ! Ah oui, un petit détail qui a son importance : dans ce petit parc se trouvent des arbres amoureusement plantés par le service municipal des végétaux. Et donc, sur certains de ces arbres se trouvent des poires, délicieuses, soit, mais surtout juteuses, voire même susceptibles d’occasionner des taches sur les vêtements de qui ne les manipulent pas avec la douceur qu’elles méritent. Les poires, comme chacun le sait, sont faites pour être mangées, on aurait donc du mal à leur attribuer un autre rôle que celui-là, sauf que nos chers petits futurs collégiens en avaient décidé autrement... La suite, vous la devinez, elle se termine par une bataille rangée et juteuse de préférence, un jihad, non dirigé contre soi-même, mais contre l’ennemi d’en face...
Oh, soyez rassurés, aucune victime à déplorer, preuve en est, le lendemain, jour béni de la rentrée, vêtus de leurs plus beaux vêtements de l’innocence, nos chers petits écoliers, Habib, Pedro et Jonas se retrouvent, par le plus grand des hasards, dans la même classe, les regards dans la même direction, rangés en rang, en face de leur professeur principal ! Celui-ci allait donc tenter, avec sa craie pour bâton de berger, de les mener sur le chemin de la connaissance. Et comment ? En les priant de bien vouloir sortir de leur fourreau, des armes redoutables contre l’ignorance, c’est-à-dire un livre ainsi qu’un stylo à plume dont l’encre sera le seul sang autorisé à être versé... Et cela ne peut pas mieux tomber car ce professeur principal enseigne l’histoire-géographie, discipline qui fait voyager dans l’espace et le temps, ainsi que le français, discipline donnant accès à la compréhension des textes mais aussi à leur rédaction.
Chacun d’entre nous a certainement, un jour, pu entendre parler, sinon l’avoir lu, du très célèbre roman d’Antoine de Saint-Exupéry, le Petit Prince ! C’est donc cet ouvrage qui sera le premier à être étudié par nos chers petits collégiens qui, à présent, sont bel et bien décidés à tourner la page de l’épisode des poires, enfin presque...
À présent, sans du tout nous éloigner de notre récit, permettons un instant à Antoine de Saint-Exupéry de nous emmener dans son monde. Saviez-vous que le Petit Prince est l’ouvrage le plus vendu au monde après la Bible ? Mais pourquoi donc un livre, beaucoup plus simple et moins volumineux que la Bible, et rédigé pour être compris par des enfants, est-il si prisé dans le monde ? Sans doute, comme il est de coutume de le dire, parce qu’il s’adresse à l’enfant qui se trouve en chacun de nous. Mais n’y aurait-il pas autre chose ? Peut-être bien que l’auteur est parvenu à pénétrer la sphère de l’imaginaire infantile tout en mettant en scène un personnage adulte, en l’occurrence un aviateur. Or, nous savons que, dans sa vie réelle, Antoine de Saint‑ Exupéry était justement spécialiste dans le domaine de l’aviation qui, d’ailleurs, lui coûta la vie le 31 juillet 1944. Mais revenons à son roman : l’histoire débute en plein cœur du Sahara tandis que le personnage, présenté comme un aviateur, tomba un jour en panne au beau milieu des dunes. Puis, le soir venu, il s’était donc « endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. », et là, certains d’entre vous connaissent alors la réplique la plus célèbre du roman dont voici la mise en scène « J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait: ‑ S’il vous plaît... dessine-moi un mouton ! ».Cette voix d’enfant est donc celle du deuxième personnage qui a donné son nom au récit, le petit prince, un être empli de mystère soudainement sorti de nulle part dans un lieu encerclé de dunes à perte de vue. Comme chacun le sait, le désert demeure un lieu propice à l’apparition de mirages, et si nous ajoutons à cela le martellement de la chaleur, le manque d’hydratation, et la peur effroyable de la mort, ce ne sont plus de simples illusions d’optique explicables scientifiquement qui apparaissent, mais des hallucinations et des voix qui s’adressent à votre conscience...
Reprenons notre récit, non celle d’Antoine de Saint‑ Exupéry mais celle de nos jeunes collégiens qui viennent justement de finir l’étude du Petit Prince. Ce que ces enfants ne savent pas encore c’est que pendant le temps qu’ils parcouraient le livre, il se préparait quelque chose qui allait faire basculer leur destinée. Oui, ces enfants allaient un jour vivre des expériences similaires. Comment ? Justement parce que pendant qu’ils parcouraient la lecture de ce livre dont l’intrigue prend naissance au cœur du Sahara algérien, il se passait parallèlement quelque chose aux portes du désert du même nom.
En effet, durant cette même période, un jeune fils d’immigré âgé de quelque vingt quatre années, quitte momentanément la France pour se retrouver sous les drapeaux, quelque part dans le Sud algérien. Ce jeune homme est plutôt connu pour être un bon vivant : la musique, les fringues, les sorties, rien de plus, rien de moins que les jeunes qui l’entourent... Mais alors, qu’a-t-il de si particulier qui justifie que nous nous attardions sur sa personne ? Commençons par dire qu’il vient d’une ville que nous nommerons Vendin-Belle-Forêt, et située à quelque cinquante kilomètres de celle de ces collégiens. Et donc, pour ce jeune homme, l’accomplissement du service militaire, pour une durée perçue comme interminable, n’allait certainement pas être une cure de thalassothérapie. À cette époque, ce grand départ pour la caserne de la terre natale, représente bien un exil de deux années pratiquement dépourvues de lien avec la famille restée en France. Bien entendu, il n’est pas le seul à avoir vécu cette séparation éprouvante car beaucoup d’autres jeunes de sa génération y sont allés et revenus fiers d’avoir arboré l’uniforme du pays d’origine. Mais ce jeune homme, que nous nommerons El‑ Yamin, ne semble pas réellement correspondre au profil de tous les jeunes qui l’entourent, et c’est peut-être une étincelle qui va révéler sa véritable personnalité.
C’est donc lors d’une nuit que cela arrivera, alors que le personnage, sans doute en permission, se trouve dans la lisière du Sahara. Et ce désert, rappelons-le, est aussi le lieu où vécut jadis celui que les chrétiens nomment « l’ermite du Sahara » qui n’est autre que le missionnaire qui, en 1916, adressa une « mise en garde » à l’intention du gouvernement Français... Comme c’est étrange !
Quoi qu’il en soit, nous sommes dans les années 80, et dans ce même lieu se trouve notre personnage El-Yamin venu accomplir son service militaire. Et en ce jour, ou plutôt, en cette nuit plongeant le Sahara dans l’obscurité, le voilà à la merci de ce que représente la solitude sous une voûte céleste étoilée. Isolé en ce lieu, il est non plus sous l’autorité des drapeaux mais sous une autre autorité qu’il attribuera à une force supérieure. Oh non, ce jeune n’assistera pas à l’apparition d’un petit prince lui quémandant gentiment de lui réaliser le dessin d’un mouton. Non, car visiblement, c’est un tout autre dessein qui l’attend. Quant à savoir ce que ses yeux ont vu, ou ce qui s’est réellement passé, personne ne le saura vraiment. Mais une chose est attestée, lorsqu’il rentrera en France, son entourage le retrouvera complètement métamorphosé.
Quelque temps plus tard... France, 1983, nous revoilà donc à Frémencourt, dans la petite ville de nos chers petits collégiens. Ce jour-là, Habib, Pedro et Jonas ne se trouvent pas sur les lieux de l’acte premier qui va se dérouler à l’instant.
Tandis qu’il fait nuit noire, des inconnus, entre vingt et vingt-six ans, circulent paisiblement en voiture. À bord de leur véhicule, ils tournent dans la ville et repèrent le quartier où se regroupent les jeunes, bien souvent oisifs, attendant le temps qui passe... Les visiteurs arrivent donc à proximité d’une rue de passage et d’une boutique spécialisée en alimentation générale... Cette première mission accomplie, ces visiteurs sortent de leur véhicule et se dirigent vers un groupe de jeunes situés en retrait dans la pénombre. Ces derniers, n’excédant pas la vingtaine d’années, discutent de tout et de rien, mais surtout de rien, en position debout contre une vieille palissade en béton armé. Puis, quémandant quelques minutes d’attention, les inconnus les abordent amicalement. L’on aurait pu en déduire que ces visiteurs venus d’ailleurs ont perdu leur chemin et qu’ils sont à la recherche de quiconque voudrait bien leur indiquer la meilleure route leur permettant d’arriver à leur destination. Mais non, loin s’en faut, ils ne se sont pas égarés ! Justement, ils sont venus pour guider les égarés...
Loin d’être déplaisants mais plutôt complices, ces individus venus d’ailleurs, abordent une simple conversation comme pourraient le faire les jeunes qui se rencontrent.
Mais d’où viennent-ils donc ? Eh bien, de Vendin‑ Belle-Forêt, cette autre ville située à quelque cinquante kilomètres de là, et dont les habitants présentent une sociologie semblable à celles des Frémencourtois. Les préliminaires des présentations étant faits, ils en viennent à un sujet plutôt inhabituel sous forme de questionnement philosophique : « il fait nuit mais heureusement qu’il y a la lune pour nous éclairer »lance la première personne, puis il ajoute « c’est un peu comme dans nos maisons, quand il fait nuit, on ne reste pas dans l’obscurité, on allume la lumière »,puis un autre propos du genre « Mais la lumière dans nos maisons ne s’est pas installée toute seule, il y a forcément eu un installateur !!! »Ces réflexions étonnantes et inattendues interloquent l’assistance :
– Que veux-tu dire par là ? Elle est bizarre ta question !
– Et dans nos maisons il y a bien un fourneau à charbon pour nous chauffer, donc il y a bien une personne qui l’a installé, non ?
– Euh, oui !
– Alors imaginez un peu la planète sans Soleil, fort heureusement il est là pour nous chauffer et pour nous éclairer. Pas de Soleil, pas de vie sur la Terre !
– Oui, bien sûr !
– Et on peut même dire que dans nos maisons se trouvent des robinets avec tout un système de canalisation. Grâce à cela, nous pouvons nous abreuver et nous laver, vous êtes bien d’accord, oui ou non ?
– Ben oui !
– Qui donc a installé ces robinets et ce système de canalisation ?
– Bah, des ouvriers !
– Mais êtes-vous d’accord pour dire qu’avant ça, l’eau tombe du ciel et remplit les nappes phréatiques, et que nous la trouvons aussi dans les rivières ?
– On est d’accord mais...
– Mais alors, comment se fait-il que la nature nous apporte l’eau nécessaire à la vie ? Il y a eu des ouvriers là aussi ?
– Écoute, moi et mes copains, on se pose pas toutes ces questions, que voulez-vous que ça change pour nous ?
– Oh non, quelque chose pourra changer pour vous mais en attendant, laissez-moi continuer... Dans nos maisons, il y a bien de la nourriture conservée dans nos réfrigérateurs ! Qui donc a installé le réfrigérateur et le remplit pour vous nourrir ?
– Oui, je comprends mais...
– Répondez juste à la question, qui a installé le réfrigérateur pour vous nourrir ?
– C’est le chef de famille, c’est mon père qui l’a installé mais...
– Donc si c’est le chef de famille qui l’a installé dans ta maison, d’où vient la nourriture ?
– Des magasins !
– Et avant ça ?
– Des usines !
– Et avant ça !
– Dans la nature !
– et avant ça ?
– Euh,...Tu nous fais un cours de sciences naturelles ou quoi ?
– Non, mais tu as bien répondu, tout ce que nous mangeons vient de la nature, et dans cette nature il y a tout ce dont notre corps a besoin pour vivre, n’est‑ce pas ?
– Oui, la nature est bien faite !
– Bien faite, tu as encore bien répondu, et c’est justement parce qu’elle est bien faite que l’être humain essaie de s’en inspirer pour construire sa maison, vous ne trouvez pas ? Regardez, la lune nous éclaire la nuit, donc nous installons des ampoules. Le soleil nous éclaire et nous réchauffe, donc nous installons un fourneau à charbon dans nos maisons. Il y a des rivières dans la nature, donc nous installons des robinets, bref, on voit bien que l’être humain a imité la nature pour construire sa maison !
– On dirait bien, oui !
– Mais alors, si l’être humain, doué d’intelligence, a imité la nature pour construire sa maison, cela voudrait donc dire que la nature est le fruit d’une intelligence supérieure à celle de l’homme, non ? Et s’il y a un chef de famille dans ta maison, il pourrait en être de même dans la nature, dans le monde...
– Oh là, on sent que tu vas nous parler de Dieu ! Vous êtes dans la religion ?
– Avant de vous répondre, je vous pose encore deux ou trois questions : Si on retire la nature, pensez- vous que l’être humain continuerait de vivre ?
– Bien sûr que non !
– Et si on retire l’homme de la nature, pensez-vous que la nature continuerait d’exister ?
– Oui, c’est évident !
– Donc la nature n’a pas besoin de nous, c’est nous qui en avons besoin. »
Dans le contexte de cette époque, cette première et très gentille conversation est en réalité, inédite, voire révolutionnaire pour ces jeunes. Elle attire l’attention tant elle est insolite, inattendue mais aussi tant elle pousse l’auditoire à voir cela comme une énigme à résoudre et donnant envie d’en entendre davantage... Et après tout, pourquoi pas ? Est-ce mal de favoriser la réflexion, le questionnement ou de remettre en question certaines certitudes ? On ne peut qu’encourager ce genre d’attitude !
À ce stade de l’évolution de ce récit, on pourrait citer une certaine réplique de film devenue célèbre et dont voici les premiers termes du propos « Jusqu’ici tout va bien... »
Reprenons donc le fil de la conversation avec nos chers visiteurs qui poursuivent leur élocution :
– Nous dépendons de la nature, et nous avons vu que chaque élément de la nature a un rôle ! La question que l’on doit donc se poser c’est « quel est notre rôle à nous les hommes ? Car s’il y a comme un chef de famille qui dirige le monde, c’est peut-être qu’il attend quelque chose de notre part ! »
– Tu crois vraiment que Dieu attend quelque chose de nous ?
– Réfléchissez, à l’école on vous a bien enseigné que la nature obéit à des lois physiques et que, grâce à ces lois, l’univers est parfaitement équilibré ?
– Oui, on sait tout ça mais...
– je vous pose encore une question. Si vous êtes conscients qu’il y a un Créateur et que chaque chose a un rôle dans cette nature qui obéit à des lois, quel est donc votre rôle à vous, et quelles lois suivez-vous ?
– Bah, on essaie d’obéir aux lois comme tout l’monde !
– Mais ce sont des lois écrites par des hommes qui ne font qu’essayer d’imiter la nature ! Ne voyez- vous pas toutes ces injustices dans le monde, pensez-vous réellement que les lois des hommes soient justes ?
– C’est vrai, elles ne sont pas justes, il y a des riches, des pauvres, et des guerres...
– Eh bien ça, c’est justement parce que tout dans la nature est juste et équilibré car elle obéit à des lois divines, sauf l’être humain qui préfère se distraire ! Et donc, si nous dépendons de la nature et si la nature remplit son rôle en obéissant aux lois d’un être supérieur qui règne sur toute chose, c’est peut-être que nous aussi nous devons trouver notre rôle et appliquer des lois prescrites par cet être supérieur, sinon il y aura toujours du désordre sur la Terre !!! »
Tandis que cet échange commence à prendre une tournure exaltée, il augmente en sonorité et attire l’attention d’autres jeunes regroupés non loin de la scène. Et donc, emportés par la curiosité, ces derniers s’approchent à pas feutrés. S’agit-il d’une querelle, d’un règlement de comptes ? Et là, d’autres encore s’approchent car ils sentent qu’il se trame quelque chose. Cet effet boule de neige va transformer un simple regroupement en un attroupement de jeunes de 12 à 20 ans attirés par l’intrigue que suscite cet échange inhabituel survenu comme un événement soudain et bousculant leur oisiveté. Nos chers visiteurs continuent d’exposer le message dont ils se sentent porteurs :
« Ouvrez les yeux ! Regardez autour de vous ! Regardez bien toutes les cités où sont regroupés les Arabes, regardez bien vos rues, vos trottoirs en terre, vos maisons délabrées, nous sommes pauvres et pourtant nos parents travaillent dur. Il y a des siècles le monde arabe était une grande civilisation. Pourquoi ? C’est parce qu’ils étaient musulmans et qu’ils suivaient ce que le prophète Muhammad leur avait enseigné. Mais alors pourquoi sommes-nous devenus pauvres et pourquoi nos parents ont-ils été obligés de quitter leur terre natale pour aller travailler dans des pays non musulmans ? C’est parce que les pays musulmans sont devenus les derniers ! C’est aussi parce qu’ils ne sont pas sincères et qu’ils ne pratiquent plus la religion comme à l’époque du Prophète !!! Ce qui nous arrive est une punition de Dieu pour avoir oublié sa parole !!! »
À ces mots, l’auditoire, à la fois interloqué et pris à partie, en vient à la question des questions. Un jeune dans la foule s’adresse donc aux visiteurs, l’air plus solennel que le leur « si Dieu existe, on aimerait qu’il nous donne une preuve ! Avez‑vous une preuve ? »,ce à quoi l’orateur répond avec un regard comme habité par une présence extérieure :
– Ce que vous venez d’entendre à propos de la nature, ce sont les signes de l’existence d’une force et d’une intelligence supérieure qui a créé le monde. Je ne suis qu’un serviteur de Dieu, il a tous les pouvoirs et nous lui devons toute adoration ! Mais si vous voulez une preuve, je vais m’adresser à Dieu afin de lui en faire la demande. Par contre, s’il décide de vous donner une preuve et que vous vous mettez à douter, il pourrait y avoir des conséquences qui ne viendraient pas de moi, mais de Dieu.
– Ah oui ! Eh bien nous, on veut une preuve !
Vous aimeriez certainement savoir si ce personnage mystérieux, accompagné de ses « ministres », fût en mesure de fournir une preuve à l’assistance dont le nombre avait bien atteint la trentaine en quelques minutes... Si vous désirez en savoir plus, usons alors d’un petit détour afin de satisfaire votre curiosité...
Le lendemain matin, peu avant 8 h, tandis que les braves écoliers se rendent au collège de Frémencourt, des petits bruits de conversations ici et là se font entendre... Et là, nous retrouvons nos chers petits collégiens, Pedro, Habib et Jonas, alors âgés d’une douzaine d’années. Tandis qu’ils se trouvent aux abords de l’école, Pedro demande à ses deux camarades s’ils ont vent de cette histoire survenue la veille :
Pedro : Eh, les mecs, est-ce que vous savez ce qui s’est passé hier dans ma cité ?
Jonas : Euh .. Non, je ne suis pas au courant !
Pedro : Hier, des hommes sont arrivés dans la cité, il faisait noir, et tout d’un coup, l’un d’eux a fait disparaître la tête d’un mec de la cité, comme par magie !
Mais non loin de là se trouve un autre enfant du même âge, et qui semble aussi en savoir quelque chose, nous le nommerons Osmane :
Osmane : Je crois que la tête n’a pas vraiment disparu, elle est devenue claire comme la lune !
Habib : Vous étiez là, vous avez tout vu ?
Osmane : Non, mais c’était la tête de mon frère Dahmane, elle était pleine de lumière, et maintenant, lui et ses copains commencent à apprendre à faire la prière. Ils étaient là, ils ont tout vu !
Et donc, au cœur de la cour de récréation, voici que ces jeunes collégiens issus de l’immigration, se languissent à transmettre l’information à qui voulait bien l’entendre, français de souche y compris. Et déjà, au lendemain des faits, des scènes improbables ont lieu. D’autres jeunes, un peu plus âgés, et connus pour bercer dans le petit banditisme, se lancent sans vergogne dans des débats, tenant tête à certains surveillants au sujet du christianisme et de l’islam...
Mais que s’est-il donc passé de si extraordinaire durant cette fameuse nuit noire ? Comment est-ce possible qu’autant de témoins assistent à un phénomène si bouleversant, sans que cela ne soit le fruit d’un phénomène miraculeux ? C’est en tous cas la grande question que Jonas ne cesse de se poser telle une ritournelle qui lui tourne dans la tête, et il n’aura de cesse que lorsqu’il aura obtenu la réponse. Et cela tombe bien puisque nos chers visiteurs, loin d’en avoir fini avec leurs nouveaux disciples, qui d’ailleurs ont été chargés d’en appeler d’autres, leur ont donné rendez‑vous un mercredi après-midi. Où donc ? Eh bien, dans la même rue, celle où le miracle a eu lieu, oui, ils doivent poursuivre leur mission qui est très loin d’être parvenue à son terme.
Nous voilà donc au mercredi après-midi du rendez‑vous, une rue assez fréquentée, un lieu de passage incontournable car, rappelons-le, non loin de là se trouve une alimentation générale assez populaire. En bref, tout est disposé pour que même les plus sceptiques s’approchent, ne serait-ce que pour satisfaire leur curiosité. Et cela n’a guère manqué puisque le nombre avait cette fois-ci quadruplé depuis la dernière visite.
Et c’est dans une bonne ambiance d’attroupement digne de cette époque que nos chers porteurs de la bonne parole arrivent à quelque quatre ou cinq personnes, de quoi remplir une voiture, bref, ils sont là, au rendez-vous fixé. Non, ils ne sont ni barbus ni vêtus de djellaba, ils ressemblent à monsieur tout le monde. Vous pourriez penser que le leader se trouve aujourd’hui parmi eux, mais non ! Aujourd’hui, El‑ Yamin ne se trouve guère parmi ces visiteurs, car il a missionné ses porte-paroles qui, tout comme lui, semblent être animés d’un quelque chose d’inexplicable. Et là, Chose absolument inédite pour cette époque, certains de ces prêcheurs, la peau blanche et les traits européens, rajoutent davantage de stupéfaction, voire de magie à cet événement. En effet, jusqu’à ce jour, l’islam paraissaient, aux yeux de ces populations, être une religion exclusivement réservée à ceux que l’on nomme « les Arabes ». Le public est donc composé de jeunes de 12 à 25 ans qui, nul doute, demeurent impatients d’entendre de leurs propres oreilles ce qui leur fut apporté par les témoignages. Aussi, sait-on jamais, ils seront peut-être les témoins d’un phénomène qualifié de surnaturel. En attendant, nos chers visiteurs sont là et, après avoir salué le public d’un mouvement circulaire de la main droite portée vers le cœur, ils lâchent alors un « salam alaykoum » auquel il est convenu de répondre par la formule inversée « alaykoum salam». Ensuite, afin de faciliter l’écoute et les échanges, ils proposent de réaliser des petits groupes. Tandis que Jonas est présent, il se retrouve dans un groupe mené par un prêcheur dont les traits semblent bien être ceux d’un Italien. Les petits groupes sont formés, et le discours peut enfin commencer, mais tous ces préliminaires ne sauraient déroger à l’inévitable interrogation, d’ailleurs émise par un des aînés dans la foule :
« Il y a des Européens parmi vous, pourquoi êtes-vous musulmans ?
– Nous nous sommes convertis après avoir entendu la vérité.
– La vérité ? Quelle vérité ?
– C’est justement pour vous parler de la vérité que nous sommes venus !
– Donc, vous n’êtes plus chrétiens, vous ne croyez plus en Jésus ?
– Ah si, nous croyons toujours en Jésus, car il est mentionné dans le Coran, mais en tant que prophète et non en tant que fils de Dieu. Et le prophète de l’islam est arrivé après Jésus, alors nous suivons le messager Muhammad qui est le dernier prophète envoyé à l’humanité tout entière.
– Mais c’est quoi la vérité dont vous parlez ?
– La vérité s’oppose au mensonge, et le monde dans lequel nous vivons est rempli de tromperies. Et pour ne pas tomber dans ses pièges, il faut connaître la vérité.
– Mais pourquoi est-ce qu’il y a des pièges, et qui donc voudrait nous piéger ?
– Dieu a créé l’homme dans un but bien précis, ce qui veut dire que vous avez un rôle important à jouer. Observez bien la nature, chaque chose est à sa place, le Soleil, la Lune, les étoiles, le vent, les nuages, la végétation, les animaux, tout a un rôle important. Et je vous le répète, vous aussi, vous avez un rôle important à jouer. Nous sommes donc sur Terre car Dieu a voulu nous mettre à l’épreuve afin de voir lesquels d’entre nous seront les plus proches de lui. Et donc pour nous éprouver, il nous envoie des tests. »
Puis, un autre parmi les aînés se saisit de la parole, armé d’un air très sceptique :
– Pourquoi ce Dieu ne se montre-t-il pas aux hommes, ce serait quand même plus facile pour tout le monde ! Vous allez certainement me dire qu’il est invisible ! J’ai passé l’âge de regarder l’homme invisible !
– Crois-tu en l’existence du vent ?
– Oui mais...
– Pourtant, le vent est invisible ! Et l’oxygène que tu respires, et qui te fait vivre, est aussi invisible ! Il en est de même pour l’existence de Dieu, mais beaucoup de personnes sont aveugles devant les signes ! »