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Il semble bien que nous soyons en train de traverser une période où à l'ignorance s'est ajoutée la méfiance... Mais qui donc nous inspire cette méfiance ? C'est celui que l'on ne connaît pas ou que l'on croit connaître, bien souvent à travers des stéréotypes ou des attitudes marginales amplifiées par le prisme des médias et de certaines ambitions politiques... De tels agissements ne peuvent que porter des coups violents à notre savoir-vivre ensemble... J'avais rencontré un homme qui oeuvrait tel un médiateur entre l'Orient et l'Occident, c'était dans les années 90, il était un homme d'Eglise, son nom : l'Abbé Michel Becquart (paix à son âme). C'est lui, pourrait-on dire, qui a provoqué cette étincelle entre les mains qui sont en train de vous écrire et qui a souhaité réaliser une enquête profonde au sein de l'Histoire du monde oriental qui, vous le verrez, est entrelacée pour le meilleur et pour le pire avec l'Histoire du monde occidental. Renforcée par des ouvrages, archives, documentaires et autres documents précieux, cette enquête vous propose un grand voyage dans le temps, de l'Antiquité jusqu'à l'Histoire de l'immigration, une grande épopée qui va rétablir certaines vérités, et peut-être ôter ce voile obscur qui depuis trop longtemps enveloppe la culture orientale. Et quoi de plus beau que le symbole d'un homme d'Eglise incitant un musulman à prendre la plume et, par là-même, de témoigner et de récolter des témoignages où, d'ailleurs, l'émotion parlera d'elle-même. Cette Histoire, une fois mieux connue, pourrait inviter à une grande remise en question et changer les regards qui, au lieu de se tourner le dos, feront naître un désir de convergence afin de préserver un de nos biens les plus menacés, sans doute le plus précieux de notre époque : la paix...
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C’est bien sûr au regretté Michel, paix à son âme, que reviennent les premiers remerciements.
Je pense aussi Jacques à Senellart qui lui a succédé et qui m’avait contacté pour m’apprendre que la publication de ce livre faisait partie des dernières volontés de Michel. Je pense particulièrement à ceux qui m’ont soutenu et qui ont cru en ce projet : Michèle Urbaniak, Blandine Guilles, Alain Chanier et bien sûr Chouki Derrouiche.
Ce projet a aussi été enrichi par des témoignages et des échanges très riches qui ont donné vie à l’Histoire. Un grand merci à celles et ceux (nommés ou pas) qui se reconnaîtront dans les lignes de ce livre et aussi à tous ceux qui y verront un intérêt, au vu de notre époque agitée, à ce que le message de paix et de justice soit partagé et relayé…
INTRODUTION
-
Mes retrouvailles avec l’abbé Becquart, ainsi que d’autres rencontres, dans un contexte particulier, ont provoqué un déclic et m’ont motivé à enquêter, à écrire…
ETAT DES LIEUX – DIAGNOSTIC
- Quelques pages de présentation de l’état des lieux afin de relever les symptômes d’un mal nommé amnésie historique, ceci afin de renforcer l’idée du devoir absolu de raconter notre histoire lointaine et contemporaine, notamment celle des populations originaires du Maghreb…
CHAPITRE I : AU COMMENCEMENT DE NOTRE HISTOIRE
- Notre terre d’origine avec ses influences extérieures, de l’Antiquité à l’émergence du monde moderne
CHAPITRE II : LA CHUTE
- La colonisation française et la Guerre d’Algérie.
CHAPITRE III : UNE AUTRE HISTOIRE DE L'IMMIGRATION
-
L’évolution de notre implantation définitive en France avec ses moments forts et ses obstacles.
CHAPITRE IV : DE NOS DIFFERENDS VERS UN DESIR DE RECONCILIATION
(1993 à nos jours, mon témoignage en tant que fils d’immigré)
Avec 3 thèmes traités ensemble et sur fond d’actualité :
– Arrivée de l’abbé Michel Becquart à Libercourt
– Investissement dans la vie associative,
– Sculpture et voyages culturels.
CONCLUSION
– Le point sur notre histoire,
– Réconciliation, paix, …
- Jubilé de l’abbé Michel Becquart…
- Michel nous quitte,
- Anecdotes…
Annexe
– Création d’une association :
LES AMIS DE MICHEL
– Couverture du livre / signification
Le 15 janvier 2017, journée mondiale du migrant et du réfugié, un homme qui avait consacré sa vie à l’Église et aux hommes de tous les horizons nous quittait pour la dernière demeure. L'abbé Michel Becquart, un ami de longue date qui, dans ses derniers jours, avait prononcé difficilement ces trois mots « il faudra continuer !!!». Mais que voulait-il donc dire par « il faudra continuer » ? Je ne pense pas qu'il me demandait de continuer d'aller à la messe ! Oh, pour répondre à cette question, il suffirait juste de se souvenir du jour mémorable de son jubilé commémorant ses 50 années de sacerdoce, soit le 28 septembre 2014 (veille de la St Michel). Ce jour-là, il avait tenté de réunir tous ceux et celles qui l'avaient côtoyé, des femmes et des hommes de toutes origines, une journée sous le signe de l'arc-en-ciel.
Ainsi, pour préparer cette journée, Michel m'avait sollicité et avait insisté pour que je m'exprime devant le public afin de témoigner... Témoigner, un mot que Michel prononçait souvent lorsque je me rendais chez lui pour le coiffer... Alors, pour témoigner, non seulement, je me mis à préparer le contenu de mon discours mais, en plus de cela, ma main ne voulait plus s'arrêter d'écrire... Il y avait tant de choses à dire. Le lendemain, lors d'une conférence sur le thème de la mémoire (à Libercourt), j'entendis une phrase prononcée par le sociologue Jessy Cormont qui cita un dicton africain, je cite : « Tant que les lions n'auront pas leurs historiens, les histoires de chasse ne raconteront que la gloire du chasseur ». Bien sûr, il fallait comprendre que le chasseur était le colonisateur, et le lion le colonisé ». Cette phrase ne me laissa guère indifférent au point que le fils d'immigré ex-colonisé que je suis, entreprit de faire des recherches, d'enquêter ici et là afin de retracer mon histoire, ou plutôt l'histoire des musulmans de France (de l'Antiquité à nos jours) tout en y insérant mes témoignages à propos, certes de ma rencontre avec Michel dans un contexte difficile, mais aussi des belles choses qui en résultèrent. J'ose à espérer que les graines que Michel a semées continueront de sortir de terre et de croître là où il est passé. Et justement, en parlant de semence, on se souvient de ce jour de l'enterrement de notre regretté Michel, lorsque le père Jean-Marie Leclercq de l’église d'Evin-Malmaison insista pour que ce soit les personnes d'origine maghrébine qui sèment dans la tombe de Michel les dernières poignées de sable du Sahara (en hommage à Charles de Foucauld) ainsi que les dernières gouttes d'eau de Lourdes par-dessus, un grand moment émouvant et inoubliable. Alors, un grand merci à la « communauté » chrétienne pour nous avoir ainsi honorés.
Quant à Charles de Foucauld (père spirituel de Michel), nul n'est censé ignorer qu'il vécut en Algérie dans une époque de colonialisme profond, à cheval entre le 19e et le 20e siècle... Un colonialisme dont il sut se dépouiller, un homme qui avait appris à vivre aux côtés des populations du Sahara. Oh, je n'étais pas toujours d'accord avec Michel quand il voyait en Charles de Foucauld un modèle à suivre car je pense que si ce dernier avait vécu à notre époque, c'est lui qui aurait été un disciple de Michel !!! Car Michel a commencé là où Charles de Foucauld s'était arrêté... C'est vous dire que nous sommes la suite de l'Histoire, et la connaissance de l'Histoire permet de mieux comprendre notre présent avec tous les troubles que nous traversons.
Quant à la volonté de Michel d’être inhumé avec du sable du Sahara algérien mêlé à la terre du sol français, et de l’eau par-dessus, mais quelle en est donc la signification symbolique ? N’était-ce là une manière de dire qu’à l’image de Charles de Foucauld, Michel était attaché à ces deux terres, ces deux cultures. Culture ? Un mot qui a plusieurs sens… Oui, le geste de cette eau versée sur ces deux « terres » mélangées, n’avait-il pas pour dessein de faire germer, croître, et cultiver une merveilleuse idée qui ne doit jamais mourir, celle de la réconciliation des mondes que l’ignorance s’acharne souvent à opposer ? Et s’il est vrai que l’on récolte ce qu’on sème, Il conviendra que chacun puisse apporter sa bonne graine…
Ainsi, une des dernières volontés de Michel était que ce livre soit publié, alors je vous propose ce travail de recherche qui fut pour moi une investigation des plus passionnantes tant pour les faits historiques que pour les témoignages recueillis. Remis à jour et amélioré, voici le livre dans le même esprit qu'il était au jour du jubilé de Michel.
Un contexte, des personnes, des lectures pertinentes m’ont motivé à témoigner, à écrire…
On peut lire une immense fierté sur leur visage, ils avaient revêtu leurs plus beaux vêtements afin d’immortaliser cet évènement attendu depuis 132 années… Leur pays était enfin libre et ne portera plus le nom d’Algérie Française. Ainsi, ils n’étaient plus « français » ni sujet de l’Empire colonial et choisiront de retrouver leur identité algérienne.
Mais dans ce moment d’euphorie et de fierté, pouvaient-ils imaginer un instant que bien qu’étant redevenus Algériens, ils resteraient définitivement en France au point que leurs enfants finiraient un jour par opter pour la nationalité française, accomplir leur service militaire dans ce pays, bénéficier d’une instruction scolaire française et que, contre vents et marées des discriminations raciales et d’une vie marginalisée, finiraient, pour beaucoup d’entre eux, par devenir des éducateurs, des médecins, des enseignants, des ingénieurs, des politiciens, des chefs d’entreprise… Pourtant ils devront toujours faire face aux inégalités toujours menaçantes.
Après cette entrée en matière mettant en scène le jour de la libération pour nos parents, allons faire un tour du côté de l’Afrique du Sud où vécut jadis un certain Nelson Mandela. Pourquoi donc évoquer ce personnage dans notre histoire ? Saviez-vous que le destin de cet homme avait croisé celui de l’Algérie alors qu’il fuyait l’Afrique du Sud, traqué par les sujets du régime apartheid, fuite qui le mena au nord extrême du continent africain où il put trouver asile dans un pays qui subissait une situation quelque peu similaire à celle de son peuple, c’était en Algérie. Là-bas, il put apprendre le maniement des armes parce qu’il ne croyait plus en une révolution pacifiste.
Pourtant, en plus du maniement des armes, il apprit une autre chose, c’est qu’on ne pouvait pas non plus s’appuyer sur de la violence. En 27 années de captivité, il eut tout le temps d’y réfléchir, voici le genre de phrase qui a pu sortir de sa plume :
« L’éducation est la plus puissante des armes que vous puissiez choisir afin de changer le monde »
« Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ».
« Le pardon libère l'âme, il fait disparaître la peur. C'est pourquoi le pardon est une arme si puissante »
C’est donc après 27 ans d’emprisonnement que Nelson Mandela put mettre un terme à plusieurs décennies d’apartheid. Ensuite, lors de son accession à la présidence de l’Afrique du Sud, il rejeta la vengeance et préconisa la réconciliation avec les « blancs » dans l’esprit d’une nation arc-en-ciel. Mais avant d’accéder à ce stade, il invita tous les bourreaux ainsi que leurs victimes à converger les uns vers les autres, le « blanc » devait avouer ses crimes et le « noir » devait pardonner, parfois jusqu’à serrer son pire ennemi dans ses bras avec les larmes d’une sincère réconciliation. Ainsi, quand bien même l’Afrique du Sud serait loin d’être devenue un paradis, il n’en demeure pas moins qu’un terrible massacre a été avorté. Un tel exemple doit servir l’humanité tout entière, des plus grands pays aux villages les plus reculés dont nous pourrions faire partie.
Mais revenons en France car si la mort de Nelson Mandela survient le 5 décembre 2013, date qui restera à jamais gravée dans les mémoires, il faut rappeler que chez nous, le hasard voulut que le 3 décembre de cette même année fut marqué par la commémoration des 30 années de la marche pour l’égalité et contre le racisme (nous en évoquerons les détails au chapitre concerné). Ainsi, cette année 2013, plusieurs associations dans toute la France ont souhaité battre le pavé, certes, pour ne pas oublier les faits mais aussi pour dire que ces trente années écoulées n’ont peut-être pas suffi à éradiquer les discriminations de notre pays.
A présent que nous sommes revenus en France, allons faire un tour quelque part dans le Pas-de-Calais, dans la commune de Libercourt. Cette petite ville, ô combien insignifiante à l’échelle planétaire, abrite néanmoins quelques milliers d’âmes qui ont le droit d’apporter leur petite pierre à l’édifice. Ainsi, les 6 et 7 décembre 2013, une association nommée CH’FAID (« souviens-toi ! » en langue arabo-berbère) participe à la commémoration de cette marche contre le racisme et organise un débat sur le sujet en présence de deux personnes issues de la municipalité. Un débat qui a démontré qu’il subsiste encore tellement de frontières mentales, tellement de maladresses et de préjugés, autant d’obstacles à une sincère convergence.
Ensuite, quelques jours plus tard (le 11 décembre 2013), je fus recontacté par une personne que j’avais perdue de vue depuis quelques années, l’abbé Michel Becquart, ancien curé de Libercourt, qui œuvre dans le cadre de la pastorale des migrants. Ainsi et totalement indépendamment de ce week-end pour l’égalité et contre le racisme des 6 et 7 décembre, ce prêtre que j’appelle Michel constitua une petite équipe de pilotage composée de toutes les confessions et origines afin de préparer, sur une durée de neuf mois, la célébration de ses 50 années de diocèse, jubilé qui aura lieu le 28 septembre 2014. Nous voilà donc à notre première réunion de travail, c’est le moment des présentations, et voici qu’une participante, se remémorant les différentes actions menées par cet homme habité par l’esprit de nation arc-en-ciel, s’exclame non sans émotion : « Michel, c’est notre petit Mandela à nous ! ». Mais si Michel est le pasteur des migrants de toutes origines et confessions, il faut savoir que certaines ethnies ont subi et subiront encore longtemps des stigmatisations dans un pays qui tarde à les accepter bien qu’ils soient, pour l’immense majorité, nés en France, ce sont les populations originaires d’Afrique du Nord dont je fais partie.
Connaître l’autre à travers son histoire, son vécu…
Il était une fois un homme d’Église, il y a de ça très longtemps, qui s’en était allé vivre une année en Algérie afin de mieux connaître les musulmans à travers leur histoire. Alors qu’une très grande majorité d’individus se laisse absorber par les préjugés et la rancœur, Michel, quant à lui, a bien su franchir les frontières et les barrières de l’ignorance.
Nous sommes dans les années 70, alors que ce prêtre souhaitait aller au contact des immigrés Algériens, il eut l’idée de se rapprocher des habitants de la ville de Courcelles afin de faire plus ample connaissance et de tisser des liens, notamment avec ceux qui étaient originaires de la ville de Maghnia et de Tlemcen. Et comme si cela ne suffisait pas, il partit vivre une année en Algérie mais, à son retour en France, l’idée de repartir lui trottait dans la tête, alors par la suite, c’est à bord de sa voiture qu’il reprendra la route, et cette fois, accompagné de ses amis Algériens.
Ensuite, à son retour, comme cela n’était pas encore suffisant, il s‘était dit qu’il devait aussi vivre les conditions de vie des ouvriers immigrés afin de mieux les comprendre. Alors il va parallèlement se retrouver dans un tout autre environnement, un tout autre édifice que celui d’une église avec son clocher culminant, un endroit où seules les tours et les cheminées culminent vers le ciel. Oui, il entreprit de travailler avec ses amis Algériens dans l’assourdissante manufacture de Penarroya (Metaleurop). Il ne savait guère tenir un marteau, cela dura 15 ans.
Beaucoup plus tard, en 1993, c’est à Libercourt que je rencontrerai ce prêtre avec qui je partagerai des actions et vivrai des liens d’amitié. Encore beaucoup plus tard, en 2009, je rencontrerai ses Amis algériens à la mosquée de Noyelles-Godault. Ainsi, durant les quelque 7 mois de travaux décoratifs passés en leur compagnie, à boire le thé, à tremper le pain dans l’huile d’olive, j’ignorerai totalement qu’ils étaient les personnes avec lesquelles il avait noué des relations en Algérie, ainsi qu’à l’usine Penarroya (Metaleurop) dans les années 70. Quant à moi, en compagnie de ces gens, en 2009, j’aurais l’immense honneur d’exécuter la décoration intérieure de leur mosquée. Et si j’évoque ici cette anecdote, c’est tout simplement parce qu’il y a un lien que l’on retrouvera vers la fin de ce livre…
Quant à Libercourt, c’est donc dans cette ville que je rencontrerai Michel en 1993 dans le cadre de rencontres islamo-chrétiennes. C’est donc en tant que fils d’immigrés algériens que je tiens à apporter quelques témoignages concernant cette rencontre alors que je n’avais que 22 ans. Aujourd’hui, il serait juste de lui rendre un petit hommage pour toutes ses années passées au service de l’Église et des hommes, en relatant le contexte de nos différentes rencontres ainsi que l’influence que cela a pu avoir dans ma vie. Mais dans ce livre, nous explorerons un autre volet, c’est celui de l’Histoire, d’où la formule « il était une fois » énoncée précédemment. Oui, il sera aussi question d’Histoire car si, comme Michel, vous souhaitez faire notre connaissance ou mieux vous connaître, il vous faudra aussi faire un voyage mais juste en parcourant ces pages une à une…
Histoire et origine
Lorsque l’on se trouve en face d’une personne dite d’origine étrangère, une question nous vient souvent à l’esprit comme une nécessité de répondre à une interrogation, savoir qui l’on a en face de soi, savoir d’où il vient par la fameuse phrase « de quelle origine êtes-vous ? Et la réponse à cette question renvoie donc à un pays d’origine que l’individu ou ses parents ont laissé derrière eux, mais la réponse sera toujours superficielle car ne correspondant qu’à l’idée que nous nous faisons de ce pays d’origine. Ainsi, dans ce livre, il ne sera pas uniquement question de témoignage mais aussi d’Histoire car celle-ci ne peut se dissocier de la notion d’identité, d’origine, et c’est pour cette raison que la nécessité de remonter aux origines lointaines d’une histoire se présentera comme une évidence. Il sera aussi question, en plus des faits historiques, de soulever certains aspects culturels, religieux, sociologiques, tant par les rapports entre les hommes que par le rapport des hommes avec leurs croyances. On contera cela dans un ordre chronologique en évoquant, entre autres, une autre histoire de l’immigration, partant des origines lointaines de son histoire et se terminant par les évènements que nous avons vécus en France, en l’occurrence dans ce Bassin minier du Pas-de-Calais. L’intérêt de cet exercice sera donc de vous exposer notre parcours et ce que nous sommes devenus, mais aussi ce que nous pensons en tant que citoyens français enrichis d’une double culture.
Aussi, avant de poursuivre cette lecture, il serait bon d’être solennellement averti que certains passages n’auront pas pour but de faire ressurgir ou de réactualiser certains conflits du passé. Bien au contraire, l’objectif sera de retracer quelques lignes concernant le parcours des populations d’origine maghrébine jusqu’à nos jours, d’y explorer nos différends, nos différences, mais aussi nos ressemblances afin de converger vers une reconnaissance mutuelle tout en militant pour le droit à la dignité pour tous. On pourrait aussi affirmer qu’il faut tourner la page car tout cela « c’est du passé ! », mais l’on pourrait aussi dire qu’il est juste de tourner la page à condition de l’avoir lue ! Et comme disait Karl Marx « celui qui ne connaît pas l’Histoire est condamné à la revivre ».
Mais revenons à Michel, il nous arrivait souvent de débattre de ce sujet et parfois il me rappelait que dans notre histoire commune, passé comme présent, il n’y avait pas que du noir à broyer mais aussi de belles choses qu’il fallait travailler à mettre en valeur plutôt que de toujours se lamenter… Ainsi, voici un adage chinois qui sied très bien à Michel : « au lieu de maudire l’obscurité, allume une bougie ! ». Si une des dernières volontés de Michel était que ce présent travail d’écriture soit publié, alors considérons cette enquête comme une petite bougie éclairant la mémoire de notre Histoire afin que nous convergions vers la paix.
Mais avant de nous lancer dans l’exploration de cette histoire, peut-être qu’un petit état des lieux nous permettrait de nous situer.
ETAT DES LIEUX - DIAGNOSTIC
Quelques pages de présentation de l’état des lieux afin de relever les symptômes d’un mal nommé amnésie historique, ceci afin de renforcer l’idée du devoir absolu de raconter notre histoire lointaine et contemporaine…
L’histoire, qu’est-ce qu’une histoire ? Écrite avec un petit « h » et dans sa définition la plus primaire, si nous gardons notre âme d’enfant, elle aurait plutôt tendance à évoquer des faits imaginaires dans le but de bercer, d’apaiser, d’accompagner vers le sommeil, ou de stimuler l’imaginaire. Très souvent, une histoire possède des ingrédients similaires tels que le héros et le méchant, le premier étant souvent une victime qui finira par triompher des forces du mal. Parfois et dans le même esprit des antagonistes du bien et du mal, il peut être aussi question de mythologie ayant pour but de construire une identité culturelle fière et digne, basée sur la vaillance de nos ancêtres. Et il est bien connu que, d’une façon générale, la fierté qui rend digne aurait plutôt tendance à encourager, à donne des ailes… Ainsi, connaître ou ne pas connaître ses héros, réels ou mythiques, peut aussi avoir des répercussions sur notre état d’esprit, et par conséquent, affaiblir ou renforcer notre volonté de faire partie du concert des nations.
A présent, voyons un peu la définition de l’Histoire en tant que discipline, celle que l’on écrit avec un grand H : (source Wikipédia)
$$« L’histoire, mot souvent écrit avec la première lettre majuscule, est à la fois l’étude et l'écriture des faits et des événements passés quelles que soient leur variété et leur complexité ; on désigne aussi couramment sous le terme d’histoire (par synecdoque) le passé lui-même, comme dans les leçons de l'histoire. L'histoire est un récit écrit par lequel des hommes et des femmes (les historiens et historiennes) s'efforcent de faire connaître les temps révolus. Ces tentatives ne sont jamais entièrement indépendantes de conditionnements étrangers au domaine tels que la veision du mond de leur auteur oue de sa cultur , mais elles sont censées être élaborées à partir de source plutôt que guidée s par la snpéc ulati'o ou l iedéologi… /… Elle reste malgré tout une construction humaine, inévitablement inscrite dans son époque, susceptible d'être utilisée en dehors de son domaine, n.otamment à des fins d'ordre politique »
C’est donc cette dernière partie qui a attiré mon attention, l’Histoire est susceptible d’être influencée par notre vision du monde, notamment à des fins d’ordre politique. Et il semble bien que ce soit tout le problème ! Autrement dit, on peut exagérer ou censurer une partie de l’Histoire et par incidence « nous raconter des histoires » pourrait-on dire. Et c’est à ce moment-là qu’une histoire avec son petit h nous décrit un antagonisme du bien et du mal lorsque le rédacteur dominant s’auto-attribue, il y va de soi, le meilleur rôle, celui du héros mais aux dépens d’un autre acteur, celui du méchant tout désigné qu’il faudrait maintenir dans une situation de dominé, et ce, sans histoire le valorisant, en l’occurrence, ici, il s’agirait de l’Histoire d’une bonne partie de la population française, ceux que l’on appelle les musulmans.
Ainsi, vous le verrez, dans la transmission de l’histoire des musulmans de France et d’ailleurs, il y aurait eu certaines inégalités de traitement.
Durant ma scolarité en France où je suis né, j'ai pu constater, par exemple, que l'histoire des 1ère et 2ème Guerres mondiales avait pris une place assez imposante, au vu du traumatisme qu'elles avaient suscité. En effet, si l'Europe a le droit de se souvenir de ces quelques années d'occupation allemande, d'autres ont aussi un droit à la mémoire : ce sont les peuples jadis colonisés par cette même Europe... L'insistance de rappel historique autour de l'Allemagne nazie n'a jamais empêché la France de se réconcilier avec son ex-ennemi (l'Allemagne, devenue partenaire). Ainsi, il faut le dire, la revendication d'un droit à la mémoire n'est pas une forme de rancœur mais une nécessité pour ne pas répéter l'Histoire... Pourra-t-on alors admettre que les victimes de plus d'un siècle d'occupation française, revendiquent une mémoire de leur histoire diffusée de manière plus équitable ? Si cette revendication pouvait aboutir, ceci pourrait peut-être ouvrir une porte vers une meilleure acceptation de la part du peuple de France envers ses concitoyens originaires des ex-colonies. Puis-je vous rappeler une citation d'un certain humoriste français d’origine pied-noir nommé Guy Bedos qui avait prononcé cette phrase très juste et pleine de remise en question : "Nous, les États Européens, avons été de très bons professeurs pour Hitler". C’était là, sans doute, une allusion à la colonisation, mais lorsque Guy Bedos s’en retourna en Algérie pour y effectuer sa tournée, il y vécut de très grands moments de fraternité.
Parlons encore des livres d'Histoire ! Toujours en tant qu'ancien élève de France, on avait pu constater que le chapitre évoquant la brillante civilisation arabe était très furtif en comparaison avec les chapitres évoquant la civilisation gréco-romaine par exemple. Pourtant, les documents et l'Histoire sont formels, la civilisation arabo-musulmane a contribué de manière indéniable à la renaissance de la civilisation européenne et ce dans de multiples domaines... Les cultures d’Orient et d’Occident sont donc étroitement mêlées. Ainsi, si cette négligence pédagogique était rectifiée, et de même, si l'on enseignait aussi une plus juste histoire de l'immigration de nos parents comme étant un élément, certes manipulé, mais néanmoins moteur de l'économie, et non comme une invasion, il y a fort à parier qu'il y aurait, à la longue, plus de reconnaissance du Français "de souche" ainsi qu'un regain de dignité de la part du Français d’origine maghrébine. Encore faudrait-il qu'il y ait une volonté politique. Faut-il rappeler que le concept du savoir-vivre ensemble est souvent indissociable de deux autres concepts, la justice et la vérité ? Alors, à quand la vérité ainsi que l’équité dans nos livres d’Histoire ?
Toutefois, il existe tout de même des travaux et investigations d’une grande justesse réalisés par quelques rares historiens mais il semble que leur voix ne fut pas relayée par l’Éducation Nationale. Prenons par exemple cet excellent ouvrage de Sigrid Hunke qui nous apporte une version bien différente de celle qui est habituellement véhiculée dans nos différents médias. Qu’il s’agisse de notre histoire ancienne ou récente, la volonté de soustraire la contribution du monde arabo-musulman à l’histoire de l’humanité n’est pas un phénomène nouveau en Occident… Ainsi, je vous rassure, le titre volontairement provocateur du livre dont voici un extrait ci-dessous, ne fait pas référence à un film d’épouvante, mais à la civilisation arabe ainsi qu’à son influence sur celle de l’Europe. Cet ouvrage intitulé : « Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident, Notre héritage Arabe » de l’historienne allemande Sigrid Hunke, démontre bien la fâcheuse tendance, de la part des historiens occidentaux, à écrire l’histoire de l’humanité en passant sous silence certains épisodes, et pas n’importe lesquels. (À noter que l’auteur Sigrid Hunke était, bien avant la rédaction de son ouvrage, une ex-sympathisante de la jeunesse hitlérienne, donc ex-fervente fidèle de la race aryenne. Ses erreurs de jeunesse sont totalement balayées par son repentir ainsi que ce long travail honnête de recherche historique). Résumé du livre en quatrième de couverture :
$$« Alors que l’Europe cheminait encore péniblement dans les ténèbres du Moyen Âge, le monde arabe était déjà le théâtre d’une admirable civilisation, ceci à la fois sur le plan scientifique et dans le domaine de l’art. Dans toutes les disciplines – mathématiques, astronomie, médecine, architecture, musique et poésie – les Arabes multiplièrent les plus prodigieuses réalisations…/… Venant d’Italie, de Sicile, d’Espagne et autres territoires soumis à la domination ou à l’influence arabe, passant par l’entremise de grands princes, comme Frédéric II d’Hohenstaufen ou par le canal de nombreux voyageurs (négociants, pèlerins, croisés, étudiants), les réalisations de cette prestigieuse civilisation ont peu à peu gagné l’Europe où elles jouèrent un rôle déterminant dans l’éclosion de la civilisation occidentale.../… Sigrid Hunke brosse un tableau saisissant de cette rencontre entre l’Orient et l’Occident. L’influence décisive de la civilisation arabe sur celle de l’Europe, influence trop souvent passée sous silence sinon ouvertement contestée, est enfin mise en pleine lumière, preuves à l’appui. » (« Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident », Sigrid Hunke, éditions Albin Michel)
Nous n’allons pas développer ici ce sujet relatif à l’influence de la civilisation arabo-musulmane sur celle de l’Europe mais nous y reviendrons dans le chapitre concerné. Mais Il semble bien qu’il existe une Histoire bien plus récente dont nous avons pu être dépossédés, il s’agit de l’histoire de l’immigration de nos parents et donc de leur contribution au redressement économique de tous ces pays ayant accueilli tant de vagues migratoires. Prenons l’exemple de ma ville de naissance, celle où mes parents sont arrivés, la commune de Libercourt. Si chaque ville a son livre d’Histoire, on devrait très probablement retrouver des écrits relatant la présence d’immigrés et fils d’immigrés dans cette commune du Bassin minier.
Eh bien, si vous cherchez à connaître l’histoire de l’immigration maghrébine en cette ville qu’est Libercourt, alors procurez-vous le livre : « Libercourt, des origines à nos jours » paru en 1993 après un travail de plusieurs années pour 16 rédacteurs dont le travail fut validé par la municipalité de l’époque. Cet ouvrage, très riche et passionnant, aurait pu être excellent s’il n’avait pas omis les quelque 30 % de citoyens qui résident dans cette ville qui nous a vus grandir, où tant de bons souvenirs nous ont marqués à jamais… Ainsi, en parcourant ce livre que j’ai sincèrement apprécié, j’aurais aussi tellement apprécié de retrouver notre belle empreinte dans cette ville qui nous a vus naître. Ci-dessous, vous aurez le loisir de découvrir les seules lignes qui relatent l’histoire de l’immigration maghrébine dans toute sa splendeur.
$$« Le besoin de main-d’œuvre s'accentuant pour les Houillères, celles-ci se trouvent dans l'obligation de recruter dans les pays du Maghreb. Les travailleurs immigrés arrivent sans leurs familles, avec un contrat de travail de cinq ans renouvelable. …/... La population masculine attire les prostituées qui viennent de Paris le jour de la quinzaine, à la paie des ouvriers. »
N’est-ce pas que ces uniques passages sont irrespectueux pour nos familles, insultants et sans aucune reconnaissance pour des hommes courageux venus de très loin ?
Après lecture de cet ouvrage, les membres de l’association CH’FAID (siégeant à Libercourt) interpellèrent la municipalité à propos du dénigrement de l’histoire de l’immigration maghrébine (environ 30 % de la population libercourtoise) mais il leur fut rétorqué le jour d’un débat où j’étais présent : « ça n’est pas à nous d’écrire votre histoire, c’est à vous de le faire» !!! Étonnamment, comme on peut le constater sur l’extrait du même livre ci-dessous, l’histoire de l’immigration polonaise a été encensée et c’est tant mieux mais, dans le fait de négliger voire de souiller la mémoire des populations d’origine maghrébine, n’y a-t-il pas là un cas de discrimination manifeste ?
$$« Aujourd'hui nous pouvons dire que les Polonais sont bel et bien intégrés dans notre société, …/... Aujourd'hui les anciens ont le droit d'être fiers ! La langue, la guerre, la résistance, où des fils d'émigrants sont morts au service de la France, les activités socioprofessionnelles et sportives ont accéléré le processus de l'assimilation. Aujourd'hui, au même titre que les Français, les descendants de ces courageux immigrants sont ingénieurs, docteurs, chefs d'entreprise, journalistes, conseillers municipaux et même maire. Leurs aînés ont le droit d'être fiers car, en soixante-dix ans, ils ont apporté leur contribution à la vie de notre région. » (Libercourt, des origines à nos jours, 1993)
Concernant cet hommage rendu à l’un et non à l’autre, on pourrait songer à l’allégorie suivante : serait-il juste d’inviter deux familles à un repas, puis de bien accueillir et servir l’une jusqu’au dessert pour ne laisser que les restes à l’autre famille que l’on a installée dans une pièce à part ?
Certes, ces uniques passages qui nous ont été servis sont irrespectueux pour nos familles, insultants et sans aucune reconnaissance pour des hommes courageux venus de très loin… Et pourtant, il faut aussi savoir que les autres vagues migratoires en provenance de l’Europe, comme les Polonais, Italiens, Portugais, avaient aussi subi ce même genre d’humiliation avant d’être gratifiées, mais l’immigration en provenance du Maghreb attend toujours son entrée dans l’histoire de ce pays. Étonnamment, vous le verrez, cette immigration maghrébine était pourtant la première, elle avait commencé en 1904, nous y reviendrons plus tard.
Mais revenons un peu à l’acceptation des Polonais par le peuple de France, oui, il faut bien reconnaître qu’eux aussi ont subi la morsure des discriminations et qu’ils ont aussi été considérés comme de simples outils sans âme, en témoignent ces quelques lignes (extraites du livre « Libercourt, des origines à nos jours »).
$$« les ouvriers polonais se trouvèrent placés dans une situation dramatique. L’État français refusait de leur verser des allocations chômage. Seul le personnel du pays y avait droit. Les compagnies minières décidèrent de se séparer d’une partie de la main-d’œuvre polonaise . Le gouvernement polonais accepta de la reprendre. Mais il fallait faire un choix. La plupart des familles affectées par le manque de ressources vécurent dans la crainte du lendemain, c’est-à-dire dans l’angoisse d’être expulsées. »
Alors comment expliquer le fait que l’immigration maghrébine et sa descendance éprouvent tant de mal à être acceptées ? Peut-on mettre sur un même pied d’égalité ces deux formes d’immigration ? (provenance d’Afrique du Nord et provenance d’Europe), Il serait partiel voire partial de ne pas voir les choses dans leur ensemble !
Qu’il me soit permis, au passage, de saluer mon cher ami Polonais nommé Marian (paix à son âme) avec lequel nous avons eu des kilomètres et des kilomètres de conversations en tous genres… Il était un homme de la génération de mon père, il avait pour voisin la seule famille maghrébine de la Cité du Bois de Libercourt, la famille Bouaoune. Je peux vous confirmer que, dans cette cité à dominante polonaise, je l’ai toujours senti plus proche de ses voisins d’origine maghrébine et ce, jusqu’à son dernier souffle. Durant nos conversations, cet homme d’une grande franchise admettait sans commune mesure, que les Polonais étaient avantagés sur beaucoup de points cruciaux qui leur permirent d’être acceptés si vite au point d’avoir réalisé une fulgurante ascension jusqu’à ce que tant de villes du Pas-de-Calais se jumelèrent avec des villes polonaises. Et pourtant, me disait-il, en France et malgré les apparences, les « Polonais » sont en réalité plus solidaires que les populations en provenance du « Maghreb ». De plus, certains, parmi ces « Maghrébins », ne montrent pas toujours le bon exemple, puis ce mauvais exemple minoritaire est vite emparé par les gens de mauvaise foi pour en faire une généralité. Oui, certainement avait-il raison sur ce point mais peut-on vraiment dire que Polonais et Maghrébins soient sur un même pied d’égalité dans un pays européen ? Et là, nous étions navrés d’être d’accord sur ce point.
Comme cette réaction que l’on entend souvent…
Lorsque les personnes d'origine maghrébine relatent les conditions difficiles dans lesquelles s'était déroulée leur immigration, on assiste systématiquement à des réactions similaires de la part des personnes issus des autres vagues migratoires européennes. Voici donc le genre de réactions redondantes : « vous n'êtes pas les seuls, nous les Polonais, Italiens, Portugais, ... avons aussi subi ces mêmes conditions si ce n'est pire... ». Et les Français de souche de rajouter « les Polonais, les Italiens, les Portugais, … se sont pourtant bien intégrés malgré leurs difficultés, alors pourquoi est-ce si difficile avec vous les musulmans ? ».
La réponse est pourtant simple, il me semble que les populations d'origine maghrébine ont nettement beaucoup plus d'obstacles dressés devant leur parcours...
Allons voir cela de plus près...
Il est donc évident que le chemin que nous avons parcouru fut jonché d’obstacles et de ralentisseurs mais si je puis me permettre une autre allégorie, je dirais que si 4 athlètes parcourent un « 100 mètres haies » soumis à un règlement imposant un plus grand nombre de haies à l’un de ces coureurs (d’origine maghrébine en l’occurrence), il y a de fortes probabilités pour que ce dernier arrive très en retard. Surtout si sur chaque haie, il est écrit : actualité internationale, média de masse, islamophobie, démagogie politique, etc.
A chaque vague d’immigration ses difficultés, restons solidaires.
Et pour conclure la question des comparaisons entre les différentes immigrations, il serait peut-être souhaitable d’afficher notre solidarité en affirmant que c’est tant mieux pour les migrants Polonais, Italiens, Portugais, ainsi que pour leurs descendants ! Alors, peut-être qu’un jour, sait-on jamais, nous dirons « tant mieux pour les fils de migrants d’origine maghrébine et autres ! ».
Les demi-frères et demi-sœurs de la République
Aujourd’hui, nous pouvons affirmer sans retenue que les Français issus de l’immigration, donc nés en France, sont le fruit d’un croisement de deux cultures. Ne pourrait-on dire, par une métaphore, qu’ils ont été engendrés par un père, le pays d’origine, et par une mère-patrie, la France. Il n’en demeure pas moins qu’un certain malaise persiste quelque part au plus profond de leur âme, un peu comme des enfants désemparés de voir leurs parents tenter de se séparer alors que ce métissage est en réalité une richesse. Oui, ils sont en mesure de prendre le meilleur des deux héritages et d’en rejeter le plus mauvais. Ils évoluent dans l’Hexagone depuis 3 à 4 générations mais sont pourtant considérés comme étrangers à l’histoire de ce pays qui les a vus grandir, tels des demi-frères constamment en quête de reconnaissance et de considération.