Le Recycleur - Jean Laberge - E-Book

Le Recycleur E-Book

Jean Laberge

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Beschreibung

Voici l’histoire véritable de Terminator rendu célèbre par les films à succès, du réalisateur James Cameron, dont Terminator 2 - Le jugement dernier. Avec en trame l’opéra de Beethoven, Fidelio, leitmotiv du roman, le lecteur fera une plongée entre mythes et réalité pour découvrir à travers la passion de Jérôme, le recyclage des métaux, la vision spirituelle du Recyclage, celle du Recycleur par excellence, Jésus Christ.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Jean Laberge donne à ce roman une portée philosophique et spirituelle. Il cherche à décrire la civilisation occidentale actuelle mue par le matérialisme et le transhumanisme où triomphe l’Homme-Machine apparu au Siècle des Lumières en Europe. Au fond, Le Recycleur - L’histoire de Rod Terminator veut redécouvrir la puissance de l’esprit laissé pour compte par le matérialisme des Lumières dont nous sommes aujourd’hui les héritiers.

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Jean Laberge

Le Recycleur

L’histoire de Rod Terminator

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jean Laberge

ISBN : 979-10-377-6010-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Là où la vie ne compte pas, la mort peut valoir beaucoup.

Sergio Leone, Et pour quelques dollars de plus

Ière partie

I

Ferrailleur émasculateur

Le ferrailleur, aux commandes de la grue mécanique, semblait presque en extase. Au bout du bras de la grue pendait une rondelle aimantée qui agrippait avec ses pinces divers appareils ménagers que le conducteur laissait tomber dans un conteneur affecté à ces masses de métal qui peuplent notre quotidien.

Jouissif, Rod Terminator actionnait les leviers de l’immense grue mécanique dans la cour de Recycle-Metal, une entreprise de recyclage de la Cité chez qui Rod – Barre-de-fer en français – travaillait depuis plus d’un an déjà.

Ce géant, doté d’un corps de culturiste, cheveux lisses noirs, ramassés derrière, coupés au couteau à la ligne des oreilles, arborait des yeux de feu. Les gens qui le rencontraient pour la première fois étaient tout en émoi devant ce regard féroce. La meilleure représentation qu’on puisse trouver de Barre-de-fer, c’est ce buste de Beethoven dû à Frank Klein datant de 1812. Les mauvaises langues soutiennent qu’il s’agit en fait du buste d’Arnold Schwarzenegger, l’acteur éponyme de la série des Terminator, tant la ressemblance est frappante.

En réalité, les films Terminator ne sont qu’une pâle copie de l’histoire véritable de Rod Terminator. C’est ce que vous apprendrez ici. Le meilleur de la série Terminator est dû au réalisateur de génie, James Cameron. Toutefois, Cameron erra dans le scénario complexe consacré au Terminator 2 - Le Jugement dernier. Je tiens le récit véridique de Rod Terminator de la bouche même de la sœur jumelle de John Connor, Sarah, avec qui Rod tomba en amour. La seule chose vraie dans Terminator 2, d’après Sarah, c’est le rôle sublime tenu par l’actrice Linda Hamilton.

Terminator se dit en français Éliminateur. L’histoire est celle du héros qui, dans un lointain passé, datant de la nuit des temps, libéra l’humanité du joug du tyran que fut Ouranos, maître du ciel. Skynet ne constitue en réalité que le prolongement du maître d’Ouranos, le tyran dominant Ouranie. La série de films Terminator n’en parle nullement. Mais avant d’aller plus loin, revenons à Rod T.

Ce dernier était à l’emploi de Recycle-Metal, une entreprise de recyclage du métal de la Cité. Rod T. était aux commandes d’une grue qui triait le métal que venaient déverser les ferrailleurs de la Cité.

Après son travail, le ferrailleur se dirigea à son domicile, lequel était bien dénudé, ne contenant qu’un réfrigérateur ainsi qu’un fauteuil berçant qui lui faisait office de lit. Rod avait lui-même fabriqué sa maison à partir d’un conteneur métallique. Sa maison-conteneur est située non loin de son lieu de travail.

Barre-de-fer – Rod, en anglais – ne dormait jamais. Il s’asseyait alors dans son fauteuil tout en réduisant au minimum le régime de son mécanisme électronique. Il avalait ensuite un lubrifiant, dont lui seul avait la recette, tout comme certains ont l’habitude d’ingurgiter un verre de lait avant d’aller au lit. (En fait, Rod découvrira par la suite qu’il n’était nullement une machine, il avalait en réalité de la mélasse contenant beaucoup de fer.)

Derrière l’épiderme de Rod se cache une machine ultra complexe. Du moins, c’est ainsi que Rod se représentait. Inséré dans son ventre, Rod disposait d’un ordinateur superpuissant conçu par d’autres machines dont Rod connaissait le fonctionnement. En effet, Rod, un crack de l’informatique, fut fabriqué dans les laboratoires informatiques d’Ouranie. Du moins, c’est l’histoire que Rod se mit en tête.

Le ferrailleur-machine n’avait évidemment pas d’amis. Car comment être l’ami d’une machine ? La vie de Rod était solitaire, courte et terne. Mais comme toutes les autres machines conçues en Ouranie, elles se croyaient immortelles. C’était leur « espérance ». Elles se trompaient lourdement. L’espérance provenait de leur CPU, le système informatique interne. UCT en français : Unité Centrale de Traitement (traduisantl’anglais CPU, Central Processing Unit).

Les machines d’apparence humaine n’exécutent que des tâches. Elles n’ont de but que de servir. À quoi donc servait Rod T. ? demanderez-vous avec raison. Lui-même ne le savait pas trop. Il avait la vague impression d’aider, de faciliter l’existence. Au-delà, il balbutiait, et alors son système tombait en panne. Lorsqu’un UCT se réinitialisait, une voix disait : « On visse dans le sens des aiguilles d’une montre ; on dévisse dans le sens horaire contraire. »

Le système informatique interne, l’UCT, était de la gamme T-800. L’UCT lui rappelait chaque jour qu’il fut jadis un grand criminel : il aurait été celui qui arracha Gaïa (la Terre) à Ouranos (le Ciel). C’est du moins ce que relate le récit mythologique des anciens Grecs, le récit officiel de la création qui avait cours en Ouranie.

Donc, selon le récit officiel, transmis par l’UCT à Rod T., avant le commencement du Temps, Chaos régnait sans partage. Chaos, pour le dire succinctement, c’est l’Indistinction primordiale. En fait, cette indistinction fut celle de la Terre (Gaïa) et du Ciel (Ouranos).

Ouranos copulait ainsi constamment avec Gaïa. Son immense membre viril éjaculait le liquide séminal qui se répandait à flot ininterrompu dans l’utérus de Gaïa. Laquelle se trouvait donc constamment dans les douleurs de l’enfantement. Une progéniture innombrable demeurait ainsi enfermée dans le sein de Gaïa puisque le membre viril d’Ouranos en fermait l’ouverture.

Le Système interne de Rod T. lui rappelait qu’il fut l’un des fils d’Ouranos. Non le moindre puisqu’il châtra son père, libérant de la sorte ses nombreux frères du sein de Gaïa. Châtré, Ouranos se détacha enfin de Gaïa, d’où la fin de l’Indistinction primordiale, c’est-à-dire de Chaos. D’où la naissance de la Terre et du Ciel.

Il importa peu à Rod T. de savoir si ce récit cosmologique fut véridique. En tout cas, à cette époque de sa vie, le récit lui paraissait vraisemblable. Encore une fois, sa conviction suivant laquelle il était fait pour servir lui fit avaler le récit mythologique. Il était fier de son passé, même si cela lui valut une haine terrible de son paternel. Et l’on comprend pourquoi.

L’UCT lui révélait encore qu’il fut l’un de ceux qui restèrent avec Gaïa, la vaste majorité de ses frères ayant quitté le ventre de Gaïa pour suivre Ouranos, leur père, Maître d’Ouranie. Aussi ceux qui restèrent fidèles à Ouranos devinrent immortels, car Ouranos détenait le Savoir universel, la Clé de l’immortalité. En grec ancien, clitoris signifie clé. En se séparant de l’utérus de Gaïa, Ouranos emporta avec lui en Ouranie une partie du clitoris de Gaïa. Les fils d’Ouranos mirent alors au point une science et une technologie prodigieuse. Ils créèrent des Hommes-Machines, visant la destruction des humains fidèles à Gaïa. Rod T. fut l’un d’eux.

Puis, les Ouraniens mirent au point les fameux Terminators ou Éliminateurs. Si Rod T. fut l’un d’entre eux, c’est que Rod en fut le prototype car, le premier, il élimina son père Ouranos.

Ce soir-là, assis dans son fauteuil, après avoir ingurgité sa dose de lubrifiant, Rod T. pressa sur le bouton arrêt de son terminal situé sous la peau de son abdomen. L’UCT lui répondit « Bonne nuit. Merci d’avoir œuvré pour Ouranie. »

Rod se réanima au petit matin pour bosser à nouveau chez Recycle-Metal.

II

Je pense, donc je suis

Rod Terminator est une machine mutante. Encore une fois, selon une version que son concepteur lui inculqua, et dont nous parlerons dans la suite.

L’UCT n’était pas isomorphe à Rod. En langage vernaculaire et non informatique, cela signifie qu’une différence majeure, ontologique comme se plaisent à dire les philosophes, existe entre Rod et son UCT. En somme, le ferrailleur terrien était distinct et indépendant de son UCT. Prosaïquement, Rod existait parallèlement à l’ordinateur qui le faisait fonctionner et le gérait. Au début, l’Éliminateur n’avait aucune conscience de cet état de choses. Son UCT, oui ; et elle s’en inquiétait. De sorte que l’UCT communiqua de toute urgence avec les laboratoires d’Ouranos pour les informer qu’il fallait éliminer Rod. Il constituait une grave menace pour Ouranie. Aussi un Éliminateur, série XXX, TXXX de sa série, fut dépêché sur la terre afin d’occire Rod.

La preuve que l’UCT de Rod était distinct de son porteur est que Rod lut la Bible, le livre le plus lu en Amérique, et ce, sans l’autorisation de l’UCT. Rod y trouva une tout autre histoire de la naissance du ciel et de la terre qui, comme il est écrit dans le premier livre, celui de la Genèse, furent créés à partir de rien si ce n’est que par le Verbe de Dieu. Bon nombre de Terriens adhéraient à ce récit.

Un Dieu tout-puissant serait donc à l’origine de tout ce qui existe, dont Ouranos et ses fils. Rod fut troublé et tomba plus d’une fois en panne en lisant et méditant les chapitres 1 et 2 de la Genèse. C’est que son UCT luttait farouchement pour que Rod n’avalise pas ces récits fort différents de ceux véhiculés en Ouranie.

Rod lut également les évangiles. Il fut fort intrigué par l’Ascension de Jésus Christ quarante jours après sa résurrection. Marc, le premier évangéliste, écrit : « Après leur avoir ainsi parlé, le Seigneur Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. » (Marc 16,19) Rod ne put croire que le dieu fait homme ait pu être élevé au ciel car, pour lui, le ciel signifie le pays où domine Ouranos, Ouranie. Aussi, il en discuta avec un prêtre catholique qui l’assura qu’il ne s’agissait là que d’une métaphore. « Car en s’“élevant” au ciel », dit le curé, « le Christ ne faisait qu’être plus proche de nous. N’oublions pas que Jésus Christ est l’Emmanuel, ce qui veut dire Dieu parmi nous. Ainsi de même pour le fameux “Royaume des cieux”. Il existe déjà, il est en cours. Il n’existe pas dans l’espace-temps, mais au-delà. Dans ce qu’on appelle le Transcendant. » Le curé invita ensuite Rod à prier avec lui, mais le ferrailleur refusa, n’étant pas initié au rituel de la prière.

Vorace pour la lecture, devint Rod l’Éliminateur. Il ne consacra plus désormais ses temps libres à ramasser le métal, mais à lire. Il se plut en particulier à la lecture du Petit Prince de Saint-Exupéry. Il demeura perplexe devant le célèbre mot du renard qui livrait ainsi sa sagesse au petit prince : L’essentiel est invisible pour les yeux. En tout cas, pointa dans l’esprit de Rod la distinction entre sagesse et science. Il fut fort intrigué par cette sagesse parce qu’il n’avait connu jusqu’ici que la science. Rod pressentit alors qu’il y avait quelque chose de supérieur à la science, la sagesse.

À ce moment précis, l’UCT de Rod s’ameuta. Il émit à nouveau un signal d’alarme en direction de la Sécurité Générale d’Ouranie. On lui répondit que TXXX était en chemin afin d’éliminer l’impie ferrailleur terrien.

Quoi qu’il en soit, Rod poursuivait inlassablement ses lectures. Il tomba sur le livre culte d’Ouranie, L’Homme-Machine rédigé par Julien Oufroy de La Mettrie (1701-1751). L’ouvrage du Français fut publié en 1747. De La Mettrie n’était pas un Ouranien, mais Terrien. Toutefois, il sut mettre des mots sur la philosophie qui domine en Ouranie, le culte de la Machine. Ouranos lui-même en fit le Livre Saint d’Ouranie. Or, dans le traité de L’Homme-Machine, Rod lut cette phrase étonnante, fulgurante, qui le frappa vivement :

Savez-vous pourquoi je fais encore quelque cas des hommes ? C’est que je les crois sérieusement des Machines. Dans l’hypothèse contraire, j’en connais peu dont la société fut estimable. Le matérialisme est l’antidote de la misanthropie.

Rod se dit en lui-même que le Français avait parfaitement raison. Du moins, de brime abord. L’UCT le félicita et lui fit savoir que L’Homme-Machine est le Livre sacré par excellence d’Ouranie. Brusquement, Rod changea d’avis car il détestait tout ce qui concerne Ouranie, la patrie de son haïssable paternel.

Mais que pouvait bien être « l’hypothèse contraire » dont parle de La Mettrie ? se demanda Rod. Et qu’est-ce que le « matérialisme » ? L’UCT ne sut offrir de réponse. Pour la première fois de sa longue existence, Rod dut réfléchir. Il s’en étonna d’ailleurs lui-même. Moment charnière dans l’existence de Rod T.

« L’hypothèse contraire », c’est que l’Homme n’est pas une machine. Alors, que peut être un homme s’il n’est pas une machine ? Car, dans l’esprit de Rod – c’est-à-dire rien d’autre que l’UCT – tout est machine, dont l’homme, la Machine par excellence.

Un doute, toutefois, pointa, non dans l’UCT, mais dans l’esprit de Rod : une machine peut-elle penser ? Encore une fois, l’UCT s’ameuta et lança un vibrant appel à la Sécurité générale d’Ouranie : Rod est coupable d’hérésie, et doit être impérativement éliminé.

Le mot de l’UCT est fort bien choisi, bien qu’il soit accusateur. Car, en grec ancien, hairesis, signifie choix. L’hairetikos, celui qui choisit donc, est celui qui choisit sa doctrine alors que la vérité est unique ; donc, il n’a pas à choisir. La vérité ici est évidemment celle professée en Ouranie, et dictée par la main de fer d’Ouranos. La Vérité (ouranienne) donc, stipule que l’Homme est une Machine, comme l’asserte de La Mettrie.

Or, la difficulté, pour ne pas dire la perplexité, de Rod, consistait à concevoir que l’Homme puisse ne pas être une machine. Que peut-il bien être alors ? se demanda le ferrailleur au comble de la perplexité. Puis, son esprit s’arrêta au mot « matérialisme