Les souliers magiques - Vanessa Sauvage - E-Book

Les souliers magiques E-Book

Vanessa Sauvage

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Beschreibung

Alors qu'il est passionné de lecture, Jules va découvrir un mystérieux message qui lui permettra de réaliser l'aventure de sa vie.

Dans sa nouvelle maison, l’endroit préféré de Jules est la bibliothèque. Il y passe tout son temps, s’isolant même de ses camarades, orphelins comme lui.
Il adore dévorer, s’imprégner des mots, des pages… Il rêve de toutes les histoires trépidantes racontées dans les livres. Il s’imagine chercher le trésor perdu, escalader les plus hauts pics de la planète, explorer le centre de la Terre, accomplir de belles choses, vivre de grandes aventures.
Jules sait qu’il ne pourra jamais réaliser tous ses rêves, il s’est fait à l’idée depuis l'accident.
Jusqu’à ce jour, ce jour fantastique où il découvre un mystérieux message... l’aventure de sa vie.

Découvrez sans plus attendre ce roman dans lequel une jeune garçon va réaliser le rêve de sa vie !

EXTRAIT

Sierre était une très jolie ville. Les parents de Jules avaient décidé de s’y installer juste avant sa naissance, sa mère adorait le charme de cette commune et surtout le calme qui y régnait. Ses pensées allaient vers elle en dévalant le plus vite possible la route principale.
Il était encore très tôt et il ne croisait personne. Il avait déjà parcouru des centaines de mètres et il savait que bientôt, il risquerait moins d’être vu par quelqu’un qui le connaissait.
Après un long moment, il décida de s’arrêter pour se reposer. Il se félicitait d’avoir pris ses gants en cuir pour soulager ses mains, il allait en avoir besoin, car il le savait, des milliers de kilomètres le séparaient de Cuzco !
Posé sous un arbre, Jules sortit une pomme de son sac, la mangea et s’assoupit.

Il sentit quelque chose s’en prendre à sa chaussure et le tirer progressivement de son sommeil. Il ouvrit les yeux et vit un tout petit chien, dont il ne connaissait pas la race, car la seule race connue, pour lui, était celle des bichons. L’animal ne voulait pas lâcher son pied, il le mordillait tout en secouant la tête de gauche à droite. Jules se mit à rire.
Pas du tout inquiet, il attrapa la petite boule de poils noirs, l’a mise sur ses genoux et l’interrogea :
— Bonjour toi ! Tu veux jouer, c’est ça ? Tu n’as pas d’ami ? Où sont tes maîtres ?
Jules regarda tout autour de lui, mais il ne voyait ni maison ni ferme dans les environs.
— Tu veux manger quelque chose peut-être ?
Il sortit de son sac un cookie et le donna au petit chien qui semblait adorer ça !
Après plusieurs minutes passées à caresser l’animal, il était temps de repartir. Il posa le chien au sol, lui dit au revoir et s’en alla vers le chemin le plus proche.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Vanessa Sauvage - J’ai toujours voulu commencer l’écriture, écrire pour de vrai, pour les autres, pas seulement pour moi, même si c’est finalement sûrement un peu pour nous-mêmes que nous écrivons.
Avoir cette idée géniale, celle qui nous semble parfaite et la poser, encore et encore, sur du papier, sur un clavier. Penser à ça tous les jours, en parler, l’écrire, la terminer, la relire… encore et encore.
J’ai souvent voulu le faire, mais tout était comme bloqué entre mon esprit et mes doigts. Et puis un jour, simplement, facilement, cette histoire s’est imposée.

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Vanessa Sauvage

Les souliers magiques

Roman

© Lys Bleu Éditions—Vanessa Sauvage

ISBN : 978-2-37877-749-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

1– La maison

Assis, à l’ombre, sous le seul arbre de la cour, Jules regardait ses camarades s’amuser.

Les garçons jouaient au football. Ils couraient, ils riaient… surtout lorsque Benoit n’arrivait pas à arrêter le ballon qui filait toujours tout droit dans son but, le faisant tomber au passage.

Les filles bondissaient sur la grande marelle dessinée à la craie par madame Hirondelle, la directrice. Elle était immense et pleine de belles couleurs. Les unes après les autres, elles sautaient à cloche-pied pour atteindre son ciel.

Tout le monde était très gai dans la cour de l’orphelinat ce jour-là. Il y avait un grand soleil et très peu de vent. Les journées étaient belles à cette période de l’année dans le canton du Valais et Sierre était vraiment une jolie ville surtout quand le soleil illuminait ses collines verdoyantes. Les arbres fruitiers des voisins proches de l’orphelinat étaient lourds de leurs fruits et les enfants adoraient quand madame Bosco, la cuisinière, rapportait des pommes de chez monsieur Druot, pour en faire des tartes. Les meilleures tartes, disaient certains !

Jules était un petit garçon comme les autres. Il avait de grands yeux verts en amande, un petit nez pointu, une bouche presque inexistante et des oreilles légèrement décollées. Son visage était allongé et pâle, ses cheveux noirs et bouclés. Il avait d’ailleurs beaucoup de mal à se coiffer le matin, alors, un jour, il avait décidé qu’il ne se coifferait plus.

Jules avait 11 ans. Lui aussi était content lorsqu’il faisait beau, il pouvait sortir, se mettre à l’ombre et regarder ses camarades jouer. Il aurait aimé, certainement, courir après ce ballon et l’envoyer tout droit et à pleine allure en plein dans le but de Benoit. Il désirait sûrement, jouer à la marelle et aller encore plus vite que Clémentine qui arrivait toujours la première au Ciel. Mais Jules ne pouvait pas.

Assis dans son fauteuil roulant, sous l’arbre, il pensait tristement à tout ce qu’il aimerait faire, à toutes les grandes aventures qu’il rêvait de vivre, aux choses extraordinaires qu’il souhaitait accomplir s’il pouvait marcher… Aux amis qu’il pourrait avoir s’il n’était pas si différent.

Jules se sentait terriblement seul. Il ne pouvait jamais jouer avec les garçons de l’orphelinat. Ils étaient trop intéressés par le football, les parties de cache-cache et la bagarre. Et les filles ? Ah non alors ! Il ne pouvait pas jouer avec les filles ! Tout ce qu’elles voulaient c’était faire des courses à pied, danser et jouer à être des princesses ! De toute façon, elles ne le regardaient même pas ! Ou juste pour se moquer, parce que les filles adoraient ça aussi, jouer à se moquer !

Tout d’un coup, madame Hirondelle annonça la fin de la récréation à l’aide de son sifflet rouge qu’elle disait avoir acheté, un jour, en balade à Paris avec sa sœur.

Jules était content, il allait pouvoir aller à la bibliothèque, pendant que ses camarades iraient en classe de sport. C’était son moment préféré, il adorait aller à la bibliothèque. Elle était tellement grande ! Il y avait même des échelles pour pouvoir atteindre tous les livres du haut. Mais ces livres-là ne l’intéressaient pas.

Lui, ceux qu’il aimait étaient les romans d’aventures, les livres de héros sauvant le monde, ou d’explorateurs-chercheurs de trésors. Il en avait lu déjà beaucoup, et ceux qu’il préférait, il adorait les reprendre pour les lire une deuxième fois. Il aimait beaucoup les romans de Jules Verne, son préféré était « Voyage au centre de la Terre ». Une nuit, il en avait même rêvé ! Il se voyait au pied du Sneffels et commençait la descente dans la cheminée du volcan éteint. Il adorait l’Île au trésor de Stevenson, celui-là était aussi l’un de ses favoris ! Quand il rêvassait sous le grand tilleul, il s’imaginait toujours, lui, vieux loup de mer, voyageant, voguant, ayant pour but ultime de trouver le trésor. Toutes ces histoires lui permettaient de s’évader, de se sentir invulnérable, de vivre des expériences magnifiques, trépidantes.

Ce jour-là, il décida d’essayer un nouveau livre. Il s’aventura près de l’étagère où étaient entreposés ceux qu’il n’avait jamais consultés auparavant, car trop peu d’aventurent semblaient en sortir. Après plusieurs ouvrages feuilletés très rapidement, il en choisit un sur les rêves et leur interprétation. Au moment où il l’ouvrit, un morceau de papier en sortit et tomba sur ses genoux. Il le ramassa. C’était un petit bout de journal déchiré, sur lequel il pouvait lire « … et tous vos rêves se réaliseront ». Juste en bas de cette phrase, Jules reconnut le mot « Cuzco ». Il savait ce que c’était, il le connaissait, il l’avait déjà lu dans d’autres livres ; dans un de ceux, entre autres, qui racontaient la découverte du Machu Picchu par un explorateur anglais en 1900 quelque chose. Sur la gauche de la petite phrase, il y avait aussi une image, une paire de souliers bleus avec des ailes… Jules se demanda longuement ce que cela pouvait vouloir dire. Pourquoi ce morceau de papier déchiré avait-il été caché dans un livre ? Et pourquoi y avait-il une paire de souliers avec des ailes ?

Quelqu’un arriva dans la bibliothèque, Jules se dépêcha de ranger le bout de papier dans sa poche et remit le livre à sa place, il quitta les lieux et alla déjeuner avec ses camarades.

Pourquoi l’avait-il pris ? Pourquoi le cacher dans sa poche ? Il ne le savait pas, mais cette énigme était faite pour lui ! Il vit dans tout ça un grand secret, une aventure qui lui fallait comprendre !

Après avoir mangé, il retourna à la bibliothèque et prit un livre sur le Pérou pour en apprendre un peu plus sur la ville de Cuzco. Tout ce qu’il pouvait y lire lui plaisait, les images étaient magnifiques. Tout cet univers semblait tellement éloigné de sa vie à lui.

Jules adorait vraiment lire et voir des choses qui lui permettaient de s’évader de cette existence dans son fauteuil roulant qu’il subissait depuis l’accident.

La nuit tomba rapidement et il se mit au lit. Il partageait la chambre avec Benoit, celui dont tout le monde se moquait tout le temps parce qu’il ne savait pas arrêter les ballons. Jules se disait que s’il pouvait marcher, il les arrêterait sans problème, son père lui avait appris.

Sur le mur, au-dessus de son lit, une photo de ses parents, une photo d’avant. Sous la petite lumière de sa lampe de chevet, il regarda un moment ce petit bout de papier avec cette inscription « … et tous vos rêves se réaliseront. ». Puis, il s’endormit…

Jules explorait cette immense forêt, découvrant des végétaux jusqu’alors inconnus. Il avançait doucement et prenait soin de noter dans son petit carnet toutes ses découvertes, tel le premier explorateur de ces lieux inhabités.

Tout d’un coup, il entendit un bruit assourdissant, un fracas semblant venir vers lui, un grondement. Tous les arbres au loin paraissaient se plier sous le poids de quelque chose que Jules n’arrivait pas encore à apercevoir. C’était là ! C’était pratiquement sur lui, à quinze ou vingt mètres, un troupeau de mastodontes qui broyait tout sur son passage. Il fallait faire quelque chose ! Rester là était la mort assurée ! Jules allait se faire écrabouiller ! En une seconde, il pensa à son sac accroché au dos de son fauteuil. Il y attrapa sa paire de souliers bleus, celle que sa mère lui avait donnée en lui répétant que tous ses rêves se réaliseraient grâce à elle. Il les chaussa le plus vite possible et au moment où le premier énorme animal allait l’écraser sous son énorme patte… Jules volait déjà au-dessus du monstre !

Il se réveilla en sursaut, paniqué, perturbé !

— Quel cauchemar ! dit-il à voix haute.

C’était complètement dingue ! Il n’en revenait pas ! Il ne pouvait pas y croire, son rêve lui semblait tellement réel ! Il s’était vraiment senti voler, comme s’il avait réellement vécu cette aventure !

Très rapidement, il fit le rapprochement ! Il comprit que les souliers de son cauchemar, ceux qui l’avaient aidé à s’envoler étaient les mêmes que ceux sur le bout de papier mystérieux trouvé à la bibliothèque ! Quelle drôle d’idée, se disait-il, mais si cette paire de souliers pouvait vraiment faire ça ? Si elle pouvait l’aider à voler ? Peut-être même qu’elle pourrait le faire marcher ? C’était carrément fou ! Il savait qu’il avait une tendance à imaginer des tas de choses, les livres lui faisaient cet effet, il le savait. Mais plus sérieusement, si cette paire de souliers existait, si elle était réelle comme l’indiquait le journal, il fallait qu’il la trouve ! Il fallait qu’il les ait ! Tous ses rêves se réaliseraient, il pourrait de nouveau marcher, courir et même voler ! Il pourrait jouer et peut-être même se faire des amis ! C’était sa solution ! LA solution à SON problème !

La journée se déroulait tout à fait normalement, mais dans la tête de Jules quelque chose se tramait, un plan se concoctait. Il ne s’occupait pas de ce que faisaient les autres, il ne les entendait même plus. Il était dans ses rêves. Il se voyait avec ces chaussures bleues, il voyait son monde changer, se transformer. Il avait la possibilité de remarcher ! Il ne s’était pas senti aussi bien, aussi vivant depuis tellement longtemps ! Il n’allait pas laisser passer sa chance.

En fin d’après-midi, il alla à la bibliothèque, comme tous les jours à cette heure-là. Mais aujourd’hui, ça n’était pas un jour comme les autres, il avait une idée, un plan, quelque chose se passait…

Il se dirigea vers l’étagère des livres de géographie et rapidement, trouva ce qu’il était venu chercher. D’un coup, il arracha d’un gros livre une très grande carte, une carte du monde, une très belle avec des couleurs, les noms des pays, les capitales… Une magnifique carte ! Elle allait être la sienne, elle allait l’aider. En échange de la carte, à l’intérieur du livre, il glissa un bout de papier sur lequel il avait écrit « je vous la rendrai, signé J. ». Il quitta rapidement les lieux.

Le soir arriva très vite et Jules ne s’était pas senti aussi excité depuis… il ne se souvenait pas en fait. Cela faisait déjà cinq ans qu’il avait perdu ses parents. Depuis ce jour, plus rien n’était beau pour lui. L’unique chose qui lui faisait du bien, c’étaient ces histoires d’aventure qu’il lisait, mais dès qu’il refermait le livre, il retombait dans sa tristesse. Il voyait bien qu’il n’était pas ce héros qui voyageait, qui explorait, qui vivait. Il savait, les médecins lui avaient dit… il ne pourrait plus jamais marcher, jouer au football ou faire la roue ; sa maman lui avait appris à en faire de bien belles, il en faisait tout le temps avant…

Mais ce soir, dans sa chambre, il se sentait conquérant, envahi d’une force inconnue. Il avait une idée, une volonté, il allait trouver ces souliers, les chausser et de nouveau marcher !

2– Très chère madame Bosco

Madame Bosco était une gentille femme. Elle était italienne et adorait raconter aux enfants son enfance et les vacances passées chez ses grands-parents en Sicile.

À l’âge de 20 ans, elle avait décidé d’aller voir le monde et était partie avec son sac à dos, une grande carte et ses cigarettes. Sur sa route, elle avait rencontré un jeune suisse et son voyage s’était finalement arrêté là. Ils étaient très amoureux, alors ils s’étaient mariés, mais malheureusement son gentil mari, comme elle disait, avait eu un terrible accident, un jour de septembre. Il était tombé d’un mur sur lequel il se tenait pour attraper des pommes perchées tout en haut d’un immense arbre. Il le faisait sûrement pour elle, elle adorait les pommes ! La chute avait été fatale !

Elle s’était donc retrouvée seule, sans amour à donner et sans enfant à élever. Un an plus tard, elle avait eu la chance de trouver cet emploi de cuisinière à l’orphelinat. Cela faisait maintenant vingt-cinq années qu’elle travaillait ici et elle adorait son métier. Elle était comblée d’avoir tous ces enfants à nourrir, à qui elle pouvait préparer de bons plats italiens.

Mais madame Bosco avait deux gros défauts que madame Hirondelle lui reprochait tout le temps. Premièrement, elle fumait beaucoup trop ! C’était un vrai problème ! Déjà, parce qu’il était arrivé que certains garçons de l’orphelinat lui volent des cigarettes et cela créait toujours une véritable enquête menée par la directrice qui en était épuisée ! Aussi, parce que fumeuse depuis ses quinze ans, madame Bosco toussait tout le temps, toute la journée et même quand elle cuisinait alors quelques fois, quand elle saupoudrait les plats d’épices et de poivre et qu’elle se mettait à tousser, les plats en devenaient immangeables ! Son autre défaut, et celui-là lui causait bien des tracas, c’était qu’elle était tête en l’air ! Vraiment, elle oubliait tout ! Il lui était arrivé d’aller au marché acheter des tomates, et quand elle était rentrée à l’orphelinat, elle avait égaré le panier contenant les tomates qu’elle venait d’acheter. Ou bien encore, responsable du courrier, il lui était arrivé de perdre les lettres à poster. C’était un véritable problème…

Madame Bosco nourrissait donc les enfants, la directrice et les trois instituteurs de l’orphelinat, mais elle devait aussi s’occuper des quatre Bichons à poil long de madame Hirondelle. En effet, tous les jours elle les sortait, derrière la maison près de la colline. Elle y restait presque vingt minutes et en profitait pour fumer deux, voire trois cigarettes, à l’abri des regards.

Ce jour-là, de la fenêtre de sa chambre, Jules observait madame Bosco sortir. Il était 6 h et comme tous les jours à cette même heure, accompagnée de ces huit paires de pattes et de son paquet de cigarettes, elle ouvrit le petit portail qui menait au chemin, lequel menait à la colline. Et, comme tous les jours à 6 h, elle ne referma pas le portail, le laissant grand ouvert sur le chemin qui menait aussi à la grande route. Jules comprit tout de suite qu’était là son unique chance !

Avec l’aide de la gentille, et néanmoins tête en l’air madame Bosco, il allait pouvoir quitter l’orphelinat et entreprendre l’aventure de sa vie, la recherche de ces souliers magiques !

Le mardi suivant, le réveil ne fut pas comme d’habitude.Jules n’avait d’ailleurs pas vraiment dormi. Il avait, toute la nuit, repensé une à une toutes les étapes de sa fuite. Tout était en ordre dans sa tête.

Il regarda sa montre, il était à peine 5 h 30. Benoit, dans son lit, à l’autre bout de la pièce, dormait toujours. À cette heure-là, presque tout le monde dormait. Une seule personne était déjà debout. Madame Bosco disait toujours que pour préparer la meilleure tarte aux pommes, il fallait pétrir la pâte avant le cocorico, et Max, le coq de monsieur Druot chantait tous les matins à 6 h 15 pétante !

Jules, qui n’avait pas quitté ses vêtements la veille, se hissa sur son fauteuil. Il attrapa son sac à dos dans lequel il avait déjà mis quelques vêtements et n’oublia pas la carte empruntée à la bibliothèque. Tranquillement, sans faire de bruit, il quitta sa chambre en regardant Benoit, pensant que lorsqu’il reviendrait, il pourrait jouer avec lui au football.

De là où il se cachait, il voyait madame Bosco préparer les chiots pour la promenade. Ceux-là étaient vraiment très excités à l’idée de faire leur première sortie de la journée, tellement contents qu’ils aboyaient et sautaient partout. Il ne fallait surtout pas qu’ils puissent voir le jeune garçon, sinon tout était fichu !

À 6 h 00 pile, madame Bosco mit sa veste, attrapa son paquet de cigarettes et ouvrit la porte de la cuisine, laissant s’échapper avec elle les huit paires de pattes à poil long. Après quatre mètres, elle poussa le petit portail blanc et comme tous les jours, ne le referma pas !

Très rapidement, Jules s’avança dans la cuisine. D’un coup d’œil, il repéra les pommes et en mis quelques-unes dans son sac. À côté du lait frais, il trouva le fromage que madame Hirondelle avait rapporté de chez sa sœur, une habitante de la ville de Gruyères. Il en avait goûté la veille et l’avait adoré, alors il en prit un très gros morceau ! Puis, il ouvrit le tiroir du buffet et en sortit quelques délicieux cookies.

Il fallait y aller ! Il ne fallait plus perdre de temps ! Jules respira profondément, sortit de sa poche le bout de papier si précieux, le regarda, de nouveau respira profondément et sortit.

Sur la petite allée de quatre mètres, il ne regarda pas autour de lui, il ne voyait que le portail blanc. D’un coup de pied, il le poussa un peu plus et se retrouva tout de suite sur le bord de la route.

Derrière lui, le chemin menant à la colline. À sa gauche, derrière le haut mur de briques rouges, l’orphelinat qu’il était en train de quitter. Devant lui et encore plus loin devant, l’aventure de sa vie.

3– Lui

Sierre était une très jolie ville. Les parents de Jules avaient décidé de s’y installer juste avant sa naissance, sa mère adorait le charme de cette commune et surtout le calme qui y régnait. Ses pensées allaient vers elle en dévalant le plus vite possible la route principale.

Il était encore très tôt et il ne croisait personne. Il avait déjà parcouru des centaines de mètres et il savait que bientôt, il risquerait moins d’être vu par quelqu’un qui le connaissait.

Après un long moment, il décida de s’arrêter pour se reposer. Il se félicitait d’avoir pris ses gants en cuir pour soulager ses mains, il allait en avoir besoin, car il le savait, des milliers de kilomètres le séparaient de Cuzco !

Posé sous un arbre, Jules sortit une pomme de son sac, la mangea et s’assoupit.

Il sentit quelque chose s’en prendre à sa chaussure et le tirer progressivement de son sommeil. Il ouvrit les yeux et vit un tout petit chien, dont il ne connaissait pas la race, car la seule race connue, pour lui, était celle des bichons. L’animal ne voulait pas lâcher son pied, il le mordillait tout en secouant la tête de gauche à droite. Jules se mit à rire.

Pas du tout inquiet, il attrapa la petite boule de poils noirs, l’a mise sur ses genoux et l’interrogea :

— Bonjour toi ! Tu veux jouer, c’est ça ? Tu n’as pas d’ami ? Où sont tes maîtres ? 

Jules regarda tout autour de lui, mais il ne voyait ni maison ni ferme dans les environs.

— Tu veux manger quelque chose peut-être ?

Il sortit de son sac un cookie et le donna au petit chien qui semblait adorer ça !

Après plusieurs minutes passées à caresser l’animal, il était temps de repartir. Il posa le chien au sol, lui dit au revoir et s’en alla vers le chemin le plus proche.

Il n’était pas toujours simple de manœuvrer le fauteuil, surtout sur une route comme celle-ci, les cailloux et les bosses secouaient un peu. Mais ça ne l’empêchait pas de voir… Tout autour de lui était magnifique ! Il ne se souvenait pas qu’aux pieds des collines, partout dans la vallée, se trouvaient de magnifiques arbres fruitiers, tous alignés parfaitement. Tout en avançant, il pouvait entendre le ruissellement de la rivière, ça lui rappelait quand son papa et lui allaient à la pêche. Une fois, il avait réussi à attraper deux poissons et son père, fier de lui, l’avait dit à tout le monde sur le chemin du retour. En fait, ce qu’il n’avait pas dit, c’était que le deuxième poisson mordait la queue du premier tout en se faisant remonter à la surface ! C’était vraiment très drôle ! Quand la maman de Jules l’a su, elle les avait fait cuire dans un grand plat, l’un mordant la queue de l’autre !

Jules repensait à ce tendre moment lorsqu’il entendit, venant de derrière lui, une déferlante de petits cailloux accompagnée d’un minuscule aboiement. Qu’elle fut sa surprise quand il vit le petit chien aux poils noirs rencontré un petit peu plus tôt !

Le pauvre petit qui venait de se faire mal tentait de se lécher le museau. Il avait suivi Jules depuis leurs adieux et semblait exténué !

L’enfant le prit sur ses genoux et le caressa longuement.

— Tu ne peux pas me suivre, je vais au Pérou ! Il faut que tu retrouves ta famille. Allez ! Va-t’en ! Pars !

Jules le reposa sur le sol et commença à avancer, mais le chiot resta là à le regarder tristement. Il continua quelques mètres sur le chemin, mais sa peine fut trop forte en entendant les pleurs de ce petit compagnon. Il revint en arrière et reprit l’animal sur lui :

— Tu veux être mon ami ? Toi non plus tu n’as plus de maman ? Mais je ne pourrai pas courir avec toi, regarde, je suis dans un fauteuil roulant.

Le chiot le dévisageait.

— J’ai un long voyage à faire, il faudra que tu sois bien sage ! Mais puisque tu es seul et moi aussi, alors on peut être seuls, ensemble.

Comme ça, on se sentira moins seul, non ?

Jules regarda son nouvel ami et se remit à avancer.

4– Le poulet aux carottes

Dans la prairie, les vaches se prélassaient sous le soleil couchant. Le chiot sautillait dans tous les sens et s’amusait à les effrayer et cela faisait beaucoup rire Jules. Il regarda sa montre, il était déjà 18 h 00 !

Quelle journée exténuante ! Il commençait à ressentir une grande fatigue et les cookies, le fromage et les pommes ne le rassasiaient pas suffisamment. Il entendit alors le tintement de plusieurs cloches. Il regarda à gauche, à droite, et comprit que quelqu’un appelait les vaches à rentrer. Elles commencèrent à se diriger toutes vers le même endroit, au fond de la prairie où Jules distingua une personne. Le chiot aussi s’en alla, suivant le troupeau.

Jules l’appela plusieurs fois, mais il était trop tard, il était déjà aux pieds de la personne. Et si c’était son maître ? Et s’il ne voulait plus rester avec lui parce qu’il était trop lent assis dans son fauteuil ? Dans ses pensées, Jules n’apercevait pas l’individu se rapprocher de lui, tenant la boule de poils dans ses bras.

Il était là, à deux mètres de lui, le regardant fixement et avec étonnement. C’était un garçon, un enfant, comme Jules, mais lui pouvait marcher. D’ailleurs, il devait beaucoup marcher, car Jules remarqua tout de suite que ses chaussures étaient toutes abîmées. Il avait l’air plus jeune que lui, mais ne devait pas aimer se coiffer non plus… Ses cheveux roux étaient dans un tel désordre que Jules ne pouvait s’empêcher de les fixer !

— Bonjour, lui dit le garçonnet. Je m’appelle Tom. 

— Bonjour, moi c’est Jules. 

— C’est ton chien ? 

— Euh oui… répondit Jules.

— Fais attention parce qu’il veut suivre mes vaches ! 

— Oui merci… ce sont tes vaches ? Les tiennes ? 

— Ben oui, les miennes, celles de ma famille ! affirma Tom.

Jules le regardait avec insistance. Comment pouvait-il, tout seul, s’occuper de tous ces animaux ? Il continua l’interrogatoire :

— Tu n’as pas de parents ? Tu t’occupes seul de toutes tes vaches ? 

— Ah non ! Je les rentre seulement à l’étable pour la nuit, et le matin, je les sors. Après mon père les nourrit, et ma mère s’occupe du lait. Ensuite, avec ma maman, nous faisons le fromage que nous vendons chez les voisins.

— Dis donc tu fais beaucoup de choses ! J’aimerais bien faire tout ça, ça à l’air super ! lui dit Jules.

— Mouais, c’un peu trop fatiguant si tu veux tout savoir ! Je préfère m’amuser en fait ! Et toi, où est ta maison ? Où sont tes parents ? 

— Je suis tout seul, avec mon chien. Nous partons à l’aventure ! Aujourd’hui, c’est le début de notre grand voyage !

Jules lui raconta sa première journée, il lui parla du bout de papier trouvé et du voyage qu’il s’apprêtait à faire. Très intéressé par son histoire, Tom lui répondit :

— Si tu veux, je peux t’aider ! Nous pouvons rentrer chez moi voir mes parents, ils sont très gentils tu verras ! Ils pourront peut-être te rendre service. Tu pourrais dormir chez nous, te reposer pour être en forme demain pour le deuxième jour de ton voyage ! Ce soir, au dîner, il y aura du poulet et des carottes, ma mère dit que les légumes c’est bon pour la santé. Moi, c’est surtout le poulet que j’aime ! Mais bon ! Tu veux venir ? Avec ton chien bien sûr ! Il a l’air d’avoir faim lui aussi !

Tom fixait son nouvel ami l’aventurier avec un grand sourire ! Jules remarqua tout de suite qu’il ne devait pas non plus aimer se laver les dents ! Très hésitant, il lui répondit :

— Tu es sûr ? Mais je ne veux pas déranger ! 

— Non, ne t’inquiète pas ! 

— Alors d’accord, je veux bien… en plus j’ai très faim !

Le jour commençait à s’assombrir. Accompagnés des vaches et du chiot, les deux garçons se dirigèrent vers la ferme.