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"Tout le monde lui fit des compliments. De toute sa scolarité, Louis n'en avait jamais autant récolté." Ein Wunder für Louis: In der Schule ein Versager, daheim vom ehrgeizigen Chirurgen-Vater deswegen ständig unter Druck gesetzt, entdeckt Louis während eines Schulpraktikums in einem Friseursalon seine Begabung. Französische Lektüre mit Annotationen für das 5. und 6. Lernjahr
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Seitenzahl: 232
Maïté Coiffure
Marie-Aude Murail
Vocabulaire parLaure Soccard
1. Auflage 0002/2015
Das Werk und seine Teile sind urheberrechtlich geschützt. Jede Nutzung in anderen als den gesetzlich zugelassenen Fällen bedarf der vorherigen schriftlichen Einwilligung des Verlags. Hinweis zu § 52 a UrhG: Weder das Werk noch seine Teile dürfen ohne eine solche Einwilligung in das Internet oder ein Netzwerk eingestellt werden. Dies gilt auch für Intranets von Schulen und sonstigen Bildungseinrichtungen. Ein weiterer kommerzieller Gebrauch oder die Weiterleitung an Dritte sind nicht gestattet.
© für die Originalausgabe: Maïté Coiffure, Text by Marie-Aude Murail, 2004 l’école des loisirs, Paris
© für diese Ausgabe: Ernst Klett Sprachen GmbH, Rotebühlstraße 77, 70178 Stuttgart, 2014.
Alle Rechte vorbehalten.
Internetadresse: www.klett-sprachen.de
Redaktion: Sylvie Cloeren
Layoutkonzeption: Elmar Feuerbach
Gestaltung und Satz: Satzkasten, Stuttgart
Umschlaggestaltung: Elmar Feuerbach
Titelbild: Alamy Images / Martin Phelps
ISBN 978-3-12-909056-5
Vocabulaire thématique autour du monde de la coiffure
Liste des abréviations
Maïté Coiffure (texte intégral)
1Le stage
2Mardi 21
3Mercredi 22
4Jeudi 23
5Vendredi 24
6Le défilé de mode
7Samedi 25
8Toussaint
9Férié
10Reprise
11En grève
12Plein emploi
13Galère
14Le droit chemin
15L’engagement
16Apprentissages
17L’explication
18La vie sans Louis
19La présence
20Le principe de réalité
21Le mot de la fin
Le passé simple
Le gérondif
Biographie
Bibliographie (extrait)
Dans la liste suivante, vous trouvez tous les mots et toutes les expressions du texte qui ont à voir avec le monde de la coiffure.
D’un côté, il y a des mots qui sont très utiles dans la vie de tous les jours, d’un autre côté il y a des termes techniques (Fachwortschatz) que vous ne devez pas apprendre pour parler du roman.
les objets dans le salon de coiffure
die (Einrichtungs-) Gegenstände im Friseurladen
un miroir
Spiegel
une glace
(Hand-)Spiegel
un bac
Waschbecken
un casque à cheveux
Trockenhaube
un registre des rendez-vous
Terminkalender
un présentoir (L’Oréal)
Verkaufsständer (für L’Oréal-Produkte)
les produits
die Produkte
un (flacon de) shampooing
un shampooing cheveux gras
un shampooing anti-poux
un shampooing traitant
(Flasche) Shampoo
Shampoo für fettige Haare
Shampoo gegen Kopfläuse
Pflegeshampoo
une bombe de laque
Dose Haarspray
un colorant (d’oxydation)
Färbemittel (Bleichfärbemittel)
un oxydant
Oxydationsmittel, Bleichmittel
une poudre décolorante
Entfärbungspulver
un tube de gel coiffant
- pour créer un effet-mouillé
Tube Frisiergel
- um einen Wet-look zu stylen
les outils de coiffure
die Frisierwerkzeuge
les ciseaux mpl, une paire de ciseaux*
les ciseaux sculpteur dentés
Schere
Effilierschere (zum Ausdünnen von Strähnen)
une brosse
Bürste
un peigne
un peigne démêloir
un peigne de coupe
Kamm
Kardätsche
Haarschneidekamm
un rasoir
Rasiermesser, Rasierer, elektrischer Haarschneider
un rouleau, un bigoudi
Lockenwickler
une pince à cheveux
Haarklammer
une touillette
Farbmischschale
un pinceau
Pinsel
une papillote d’aluminium
Alu-Streifen (zum Färben von Strähnen benutzt)
une trousse de manucure
Maniküreetui
le vernis
Nagellack
les activités dans le salon de coiffure
die Tätigkeiten im Frisiersalon
mouiller les cheveux
die Haare anfeuchten
laver les cheveux shampouiner
die Haare waschen
rincer
ausspülen
sécher
le séchage
trocknen
das Trocknen
couper
schneiden
une coupe
une coupe en brosse
une coupe courte
rafraîchir la coupe
Haarschnitt
Bürstenhaarschnitt
Kurzhaarschnitt
nachschneiden
bien court sur les côtés
an den Seiten recht kurz
plein d’échelles
voller (ungewollter) Stufen
faire un carré dégradé
einen gestuften Bob schneiden
un piquetage
abstufender Schnitt
coiffer
frisieren
(se) peigner
donner un coup de peigne
(sich) kämmen
kämmen, frisieren
démêler les cheveux mpl
die Haare ausbürsten
rebiquer les pointesfpl
die Spitzen stylen, formen
une teinture
Färben
touiller
die Farbe vorbereiten, mischen
faire des mèchesfpl
Strähnen einfärben
faire un balayage mèches-foncées, mèches claires
helle und dunkle Strähnchen einfärben (bürsten)
faire un balayage sur les mèches de recouvrement
Strähnen in die die Deckhaare einfärben
faire des mèches rouges sur la base foncée
rote Strähnchen auf dem dunklem Grundton (des Haares) einfärben
les cheveux prennent
die Haare nehmen die Farbe an
être éclairci
blondiert sein
faire une mise en plis
die Haare einlegen (Wasserwelle)
la coiffure
die Frisur
les cheveux mpl
les cheveux déliés
Haare
offene Haare
les cheveux ramassés en chignon
die Haare zu einem Knoten zusammengefasst, aufgesteckt
châtain clair
hellbraun
les tressesfpl
tresser
le tressage
les tresses afro
Zöpfe
flechten
das Flechten
Afro-Zöpfchen
une frange
Pony
déstructurée
fransig
effilée
ausgedünnt
une chevelure
Haar
une frisette
kleine Löckchen
une boucle
Locke
une crinière de bouclettes fauves
wilde Lockenmähne
le look surfeur
Surfer-Look
un effet ébouriffé
strubbeliges Aussehen
les pointes effilées
ausgedünnte Spitzen
une permanente
une permanente souple
une permanente froide alcaline
Dauerwelle
leichte, sanfte Dauerwelle
eine alkalische Kaltwelle
une perruque
Perücke
Expressions générales
C’est pour un rendez-vous ?
Sie möchten einen Termin ausmachen?
Une coupe simple.
Nur Schneiden.
Une coupe-brushing.
Schneiden, Waschen und Föhnen
Voulez-vous passer au bac ?
Kommen Sie bitte mit zum Waschbecken.
≠
antonyme de
→
mot de la même famille
°
après l’article, pas de liaison
[‘]
pas de liaison
arg
argot
cond
conditionnel
etw
etwas
f
féminin
fam
familier
fig
figuré
fpl
féminin pluriel
inv
invariable
iron
ironique
jdm
jemandem
jdn
jemanden
litt
littéraire
m
masculin
mpl
masculin pluriel
péj
péjoratif
pop
populaire
qc
quelque chose
qn
quelqu’un
subj
subjonctif
verlan
argot, langage qui inverse les syllabes
vulg
vulgaire
C’est une banale song,mais pour moi super-song.
Alain Souchon
– Un stage ! s’exclama monsieur Feyrières. Mais qu’est-ce que c’est encore que ces inventions ? Les gamins ne savent pas aligner trois phrases de français et il faut qu’ils fassent des stages. Un stage de quoi, d’abord ?
Il s’adressait à son fils à l’autre bout de la table.
– Mais j’en sais rien, grommela Louis. C’est à nous de trouver, qu’elle a dit, la prof.
– « Qu’elle a dit, la prof », le singea son père. Un stage de balayeur, voilà ce que tu trouveras. Non, pas balayeur, il faut dire « technicien de surface », maintenant.
Monsieur Feyrières ricana. Lui, il était chirurgien. Bel homme, la voix forte, il meublait à lui seul toute la salle à manger. Pourtant, il y avait quatre autres personnes à table : Floriane, sept ans, Louis, quatorze ans, madame Feyrières et Bonne-Maman.
– Si c’est qu’une affaire d’une semaine, dit cette dernière, je pourrais peut-être lui dégoter quelque chose.
Monsieur Feyrières adressa à sa belle-mère une grimace qui se voulait un sourire d’encouragement.
– J’ai ma coiffeuse qui prend des apprenties, poursuivit Bonne-Maman. Un stagiaire, c’est pas très différent.
Monsieur Feyrières écarquilla les yeux.
– Un stage de coiffure ? Pour Louis ?
– Ouah, trop de chance, murmura Floriane. Moi, je veux faire coiffeuse quand je serai grande.
Madame Feyrières eut un regard indulgent pour sa petite dernière, qui passait ses mercredis à faire des coiffures à sa Barbie Raiponce. Puis elle se tourna vers sa mère.
– Tu sais, maman, je ne vois pas trop ce que Louis ferait dans un salon de coiffure.
– Y a pas de sot métier, répliqua Bonne-Maman qui avait commencé dans la boulange à seize ans.
– Ça serait superbe, ricana monsieur Feyrières en faisant semblant d’admirer une enseigne sur le mur opposé : « LOUIS, coiffeur pour dames ».
Mais comme personne n’avait d’autre idée de stage, Bonne-Maman promit d’en parler à Maïté, la patronne du salon.
– Ça ne t’ennuie pas ? s’inquiéta madame Feyrières.
– M’est égal, grogna Louis.
Une fois dans la chambre à coucher, madame Feyrières redoutaun accès d’humeur de son mari. Il allait sûrement se plaindre des idées loufoques de Bonne-Maman.
– Dans le fond, dit-il en desserrant sa cravate, ce n’est pas une mauvaise chose, ce stage. Louis va apprendre ce qu’est le travail, balayer, ranger, rester des heures debout. Je ne te reproche rien, Véra, mais tu l’élèves dans un cocon, ce gosse. Il est temps qu’il découvre le principe de réalité !
Monsieur Feyrières parlait fort, avec de grands gestes, comme s’il était entouré de ses étudiants.
– Le travail manuel a ses vertus, approuva sa femme d’une petite voix.
Monsieur Feyrières lui jeta un regard de pitié:
– Oui, la vertu de vous faire comprendre que vous avez intérêt à poursuivre vos études.
Dans sa chambre, Louis pensait précisément à ses études. Il ramait en maths, ne comprenait pas ce que lui voulait la prof de français, s’endormait en allemand. De temps en temps, il avait un sursaut, un peu par amour-propre, un peu parce qu’il avait peur de son père. Il triait les devoirs et les photocopies qui tapissaient le fond de son sac à dos. Puis il s’enfonçait de nouveau dans un marécage de rêves et d’idées confuses.
Le jour peinait à se lever lorsque Louis partit pour le collège, le lendemain. Il eut envie de faire un crochet par le quartier piétonnier. Maïté Coiffure se trouvait rue de la Cerche, en face d’une briocherie. En passant devant la vitrine, Louis ralentit le pas. 9h-20h, c’était l’horaire affiché à l’entrée, mais un néon blêmeclignotait déjà à l’intérieur. Une femme en pantoufles passait une serpillière sur le carrelage. Elle se redressa, une main sur les reins, et regarda vers la rue. Louis vit qu’elle l’avait vu. Il rougit et détala. Cette femme accablée par la fatigue le poursuivit toute la matinée. Était-ce elle, Maïté Coiffure ?
– J’ai trouvé un stage à Radio Vibrations, se vanta Ludovic à la cantine. Le présentateur est super-cool, tu peux voir les vedettes et tout. La semaine dernière, ils ont reçu les L5 dans leur studio.
Ludovic Janson avait un père anesthésiste, qui travaillait souvent avec monsieur Feyrières. Celui-ci avait donc décidé que Louis et Ludovic étaient amis et que Floriane et Mélissa, les deux petites sœurs, s’adoraient. Par une heureuse coïncidence, Ludovic et Louis (deux prénoms si proches !) étaient réunis dans la même troisième, cette année.
– T’as trouvé quoi comme stage, toi ?
Louis regarda son camarade en faisant craquer ses doigts. Il ne comprenait toujours pas pourquoi Ludovic s’asseyait à côté de lui en classe, en face de lui à la cantine. Par moments, il avait envie de lui dire : « Au fait, tu sais quoi ? J’en ai rien à foutre de toi. »
– Rien à foutre, grogna Louis.
Et il tira de ses phalanges un craquement sonore.
– Oui, mais qu’est-ce que tu vas dire à la prof de français ?
Ludovic était un bon élève un peu stressé.
– Je vais faire un stage dans un salon de coiffure, dit Louis pour voir l’effet produit.
– Tu te fous de moi ?
Louis pensa « oui » et répondit :
– Non.
– T’as pas peur ? Les coiffeurs, c’est tous des Michoubidou…
Ludovic fit une mimique efféminée tout en tourniquant le poignet.
– Très ressemblant, le complimenta Louis. Mais c’est des coiffeuses chez Maïté Coiffure.
Il revit en pensée la femme qui passait la serpillière.
– Il y en a une, une blonde, quand elle se penche pour les shampooings, tu vois tout.
Ludovic en eut le sifflet coupé pour le restant de la journée. Quand Louis sortit du bahut, à dix-huit heures, le jour se recouchait déjà dans un bon petit édredon de brumes. De loin en loin, trouantla pénombre, les vitrines des magasins brillaient d’une façon surnaturelle. Louis se sentit attiré de nouveau par Maïté Coiffure. Il eut un temps d’arrêt sur le trottoir. Ce n’était plus le même endroit. Le salon baignait dans une lumière dorée que diffusaient des vasques en forme de coquillage. À la caisse, au milieu des flacons de shampooing, d’après-shampooing, d’avant-shampooing, trônait l’authentique madame Maïté, une dame un peu forte, maquillée comme une voiture volée. Elle parlait à une cliente en lui posant une main grassouillette sur le poignet. Elles semblaient amies depuis des années. La cliente s’éloigna, suivie du tendre sourire de la patronne, qui se tourna ensuite vers une autre dame en train de sortir son chéquier. Louis comprit que madame Maïté allait l’aimer autant que la précédente, et il plongea le regard dansles entrailles du salon.
Il y avait trois femmes en batterie sous des casques à cheveux, feuilletant la presse people pour savoir si Michaël Jackson a vraiment voulu jeter son bébé par la fenêtre, combien a coûté la villa de George Clooney (sept millions d’euros) et le nom de la maladie mystérieuse qui a frappé le Prince Rainier (une bronchite, on est bien rassurée).
Un petit jeune homme en chemise blanche, le col très ouvert, virevoltait autour d’une vieille dame, un coup de peigne là, un psschit de laque ici, la glace, la glace, s’il vous plaît ! Il appelait une gamine en blouse blanche qui accourut avec un miroir tout rond pour que la cliente puisse admirer son chignon sous tous les angles.
Le salon de coiffure avait une mezzanine. Tandis qu’il se tordait le cou pour voir l’étage supérieur, Louis crut que la blonde inventée pour l’usage exclusif de Ludovic venait de s’incarner. Elle descendait l’escalier, juchée sur des talons aiguilles comme on n’en voit qu’assez tard sur les chaînes cryptées. Un tee-shirt blanc barré d’un Maïté Coiffure lui moulait le buste, et ses seins magnifiques lui ouvraient la route comme la figure de proue d’un bateau. Louis eut envie d’y enfouir la tête et il avança le front. Bing ! Il se prit la vitrine. Dur, le principe de réalité.
À la maison, il retrouva sa petite sœur au salon. Elle jouait aux Barbie tout en regardant Charmed à la télévision. Louis s’assit sur la moquette et se mit à triturer Raiponce. Il s’aperçut que les longs cheveux blonds faisaient des nœuds et entreprit de les démêler avec la brosse qui traînait toujours sur le canapé.
– Tu es rentré, Louis ? fit soudain la voix de sa mère.
Le garçon rejeta la poupée. Madame Feyrières entra dans le salon, toute souriante.
– J’ai une bonne nouvelle pour ton stage. J’ai parlé avec Nadine.
Nadine Janson, la mère de Ludovic et Mélissa. Louis fronça les sourcils, inquiet.
– Elle connaît quelqu’un qui travaille à Radio Vibrations et qui accepte les stagiaires.
– Et alors ? fit Louis, incapable d’en articulerdavantage.
– Mais ça va être… « cool », non ? balbutia sa mère. Ludovic y sera aussi.
La colère alluma une brèveflambée dans les yeux de Louis.
– Je ne veux pas.
– Tu ne veux pas ? répéta madame Feyrières sans paraître comprendre.
– C’est un abruti.
Madame Feyrières joignit les mains de saisissement.
– Ludovic ? Mais c’est un bon élève !
– Et alors ?
Floriane, qui suivait la conversation avec un grand intérêt, crut judicieux de venir en renfort.
– Moi, c’est pareil. Je trouve que Mélissa, elle est abrutie.
– Mélissa ?
Madame Feyrières suffoquait.
– Mais c’est une charmante petite fille.
– Oui, elle est charmante, concéda Floriane, mais elle est abrutie.
Louis se mit à rire. Puis il vit que sa mère était toute désemparée. Elle avait voulu bien faire.
– T’inquiète, lui dit-il. Je vais faire le truc de Bonne-Maman.
– Quel truc ?
– Mais son machin de coiffure, bougonna Louis.
Il sentit qu’il devenait très rouge et il tourna le dos à sa mère en faisant craquer ses doigts.
Bonne-Maman prit rendez-vous avec Maïté, un jeudi.
– C’est son jour de creux, expliqua-t-elle à son petit-fils.
– Mais elle t’a dit qu’elle était d’accord ?
– D’abord, elle veut te voir. Tu aurais pu cirer tes chaussures.
Louis songea qu’il avait gardé son sweat taché de Nutella. La nervosité de sa grand-mère commençait à le gagner d’autant que Bonne-Maman avait fini par lui avouer qu’elle était nouvelle cliente dans ce salon.
Ce jeudi matin, l’heure était au recueillement chez Maïté Coiffure. L’apprentie reliait les points d’un dessin dans un Mickey magazine oublié par un petit client. La belle blonde, retenant son souffle, passait sa deuxième couche de vernis blanc nacré. Madame Maïté affrontait les mystères de la TVA dans son livre de comptes, les lunettes glissées au bout de son nez, tandis que le petit coiffeur finissait la coupe en brosse d’un vieux monsieur que tout le monde appelait « le colonel ». Madame Maïté gratifia Bonne-Maman d’un sourire qui en disait long sur l’amitié qu’elle lui portait.
– C’est mon petit-fils, dit Bonne-Maman en désignant Louis. Vous savez, pour le stage…
– Ah ? Oui.
Le sourire se rétrécit. La patronne dévisagea Louis, dont les joues se mirent à flamber.
– Il a les papiers du collège à faire signer ? demanda -t-elle.
– Oui, madame, répondit Louis en allant chercher sa voix dans les timbres les plus graves.
– Il a une chemise blanche ?
Un peu troublé par cet interrogatoire à la troisième personne, Louis répéta « oui, madame ».
– Faut pas hésiter à le faire travailler, intervint Bonne-Maman.
Le petit coiffeur s’approcha alors du comptoir et glissa à l’oreille de la patronne :
– Shampooing-coupe pour le colonel.
– Merci, Fifi. Il avait un vestiaire ? questionna Maïté.
– Garance s’en occupe, répondit Fifi.
Les yeux de Louis étaient allés de l’un à l’autre pendant l’échange. Fifi, Garance, le colonel, on tournait un film ?
– Quand veut-il commencer ? demanda la patronne en s’intéressant de nouveau à Louis.
– Le stage, c’est du lundi 20 au vendredi 24.
– Bien. Alors, une chemise blanche, les cheveux propres. On ouvre à neuf heures. Mais, le lundi, c’est fermé. On décalera du mardi au samedi.
Sur le chemin du retour, Bonne-Maman résuma ses impressions :
– Son homme doit pas rigoler tous les jours.
Louis se demanda s’il n’allait pas regretter Radio Vibrations.
un gaminfam un enfant
aligner aneinander reihen
un bout Ende
grommeler ne pas parler clairement
singer qn refaire qn en se moquant de lui
un balayeur qn qui nettoie les rues
un technicien de surface un balayeur
ricaner rire pour se moquer
Bonne-Maman la grand-mère
dégoter trouver
un encouragement → le courage
un apprenti → apprendre
poursuivreici : continuer à parler
un stagiaire → un stage
écarquiller les yeuxici : ouvrir tout grand les yeux avec surprise
indulgent ≠ sévère
Raiponce Rapunzel
sot idiot
répliquer qc répondre qc
la boulange la boulangerie
faire semblant jouer la comédie
une enseigne une pancarte
ennuyer qn ≠ plaire à qn
grogner grommeler
redouter avoir peur de
un accès d’humeur schlecht gelaunt sein
loufoquefam fou
dans le fond après tout
desserrerici : défaire
balayer → un balayeur
debout ≠ assis, allongé
élever qn dans un cocon surprotéger qn
un gossefam un enfant
être entouré être au centre
une vertu un bon côté
la pitié Mitleid
poursuivre continuer
ramerfam avoir beaucoup de difficultés
un sursautici : un moment de nouvelle énergie
l’amour-proprem le respect de soi-même
trier sortieren
tapisser se trouver
s’enfoncer entrer profondément
un marécage Sumpf
peiner avoir des difficultés
lorsque quand
faire un crochet passer
une briocherie une boulangerie
une vitrine la fenêtre d’un magasin
ralentir aller moins vite
blême presque blanc
clignoter s’allumer et s’éteindre
une serpillière Wischlappen
le carrelage Fliesen
se redresser se relever
les reinsmpl le bas du dos
détaler partir vite
accablé par la fatigue être très fatigué
poursuivre ne pas laisser tranquille
se vanter prahlen
une vedette une star
les L5 un groupe français de chanteuses
une coïncidence Zufall
être réuni être ensemble
faire craquer ses doigts mit den Fingergelenken knacken
au fait à propos
n’avoir rien à foutre de qnarg jemand ist einem scheißegal
une phalange Fingerglied
sonore qui fait du bruit
se foutre de qnarg se moquer de qn
un Michoubidouici : un homosexuel
efféminé ≠ masculin
tourniquer tourner
un poignet Handgelenk
se pencher sich beugen
avoir le sifflet coupéfam ne plus savoir quoi dire
un bahutfam un collège ou un lycée
un édredon Daunendecke
la brume Nebel
trouer faire un trou
la pénombre → l’ombre f ≠ la lumière
briller faire de la lumière
attiré angezogen
un endroit un lieu
baigner être plongé
doré de la couleur de l’or
diffuser envoyer
une vasque Wasserbecken
grassouillet ≠ mince
tendre gentil, doux
un chéquier → un chèque
autant que genauso viel wie
précédent ≠ suivant
plonger le regard dans qc regarder qc intensément
les entraillesfpl l’intérieur m
en batterie ensemble
être rassuré être tranquillisé, calmé
un col Kragen
virevolter tourner rapidement
une blouse Kittel
une mezzanine Zwischengeschoss
tandis que pendant que
se tordre le cou sich den Hals verrenken
s’incarner apparaître
juché sur posé sur
un talon aiguille Bleistiftabsatz
crypté verschlüsselt
mouler qc prendre la forme de qc
un buste le haut du corps
les seinsmpl Brust
une figure de proue une statue à l’avant d’un bateau
enfouir mettre
le front le haut du visage
Charmed une série américaine
une moquette un tapis
triturer qc jouer nerveusement avec qc
un nœud Knoten
entreprendre de commencer à
traîner se trouver là sans raison
soudain tout à coup
froncer les sourcilsmpl die Stirn runzeln
articulerici : dire
davantage plus
balbutier parler de manière confuse et hésitante
bref court
une flambée l’explosion violente d’un sentiment
un abruti un idiot
joindre faire toucher
un saisissement un trouble
judicieux intelligent
venir en renfort venir en aide
pareil la même chose
suffoquer avoir des difficultés à respirer
concéder être d’accord
désemparé qui ne sait plus quoi dire
t’inquiètefam ne t’inquiète pas
un machin un truc, une chose
bougonner grommeler
un jour de creux un jour où il n’y a pas beaucoup de clients
cirer nettoyer
songer penser
taché befleckt
d’autant que um so mehr als
le recueillementici : le silence
relier un point à l’autre faire la liaison entre deux points
retenir son souffle s’arrêter de respirer
une couche Schicht
nacré perlmuttfarben
affronterici : s’occuper de
la TVA MwSt
un livre de compte Buch zur Kontoführung
glissé tombé
gratifier qn d’un sourire sourire aimablement à qn
désigner montrer du doigt
rétrécir diminuer
dévisager qn regarder qn avec curiosité
flamber brûler, rougir
un timbrepour la voix Klang
grave tief
°hésiter ne pas pouvoir se décider, ne pas savoir quoi faire
intervenir dire
un comptoir Tresen
glisserici : dire
un vestiaireici : un vêtement
propre ≠ sale
décalerici : changer
Le vendredi, puis le samedi, Louis passa devant Maïté Coiffure. À chaque fois, il cherchait Fifi des yeux et le détaillait. Le pantalon noir très ajusté, les chaussures de cuir avec une talonnette (Fifi voulait se grandir), la chemise un peu bouffante, la gourmette au poignet. Louis se regardait un peu plus loin dans une vitrine. La parka, le jean, les baskets. Ça n’allait pas. Une colère l’envahissait, une colère sans phrases.
Ce lundi matin, il n’avait pas cours avant dix heures. L’appartement était vide. Louis en profita pour fouiller dans la penderie de son père. Monsieur Feyrières n’était pas très grand et son fils avait bien poussé ces derniers temps. Louis essaya une chemise blanche et dut constater qu’il n’avait pas encore la carrure de son père. Mais en laissant du flou ? Il ouvrit le col, un bouton, deux, puis mit les mains dans ses poches-revolvers.
– Genre, dit-il à son reflet.
Il renonça au pantalon à pinces et choisit dans ses propres affaires un jean bien repassé. Il s’examina une seconde fois dans le miroir.
– Ça le fait.
Restait le délicat problème des chaussures. Pas d’autre solution que de craquer les cent euros de Bonne-Maman. Qui aurait imaginé, quinze jours plus tôt, que Louis emploierait l’argent de son anniversaire à acheter des chaussures de vieux ? C’est pourtant ce qu’il fit. Dans la salle de bains, il put enfin s’admirer de la tête aux pieds.
– T’es amoureux ? fit une petite voix dans son dos.
Floriane le dévorait des yeux. Louis porta un doigt à ses lèvres. Son cœur était secret-défense. Même lui n’y avait pas accès.
Le mardi, il était en avance. Dans la lumière mal réveillée du néon, la femme de ménage nettoyait mollement les miroirs. Louis resta quelques instants à battre la semelle sous la bruine en rentrant les épaules. Puis il s’aperçut que le cuir de ses chaussures se ternissait. Il ressentit de nouveau cette muette colère contre lui et courut se réfugier sous l’auvent de la briocherie. Sans le vouloir, il bouscula une personne qui s’y trouvait déjà.
– Ah… mais, protesta une jeune femme qui grelottait dans un imperméable.
– S’cusez.
Il lui jeta un regard de côté. C’était la belle blonde, mais méconnaissable. Les cheveux hâtivement ramassés en chignon, le visage sans fard et les yeux rougis, elle reniflait en se serrant elle-même entre ses bras. Louis fut à la fois peiné et déçu. C’était comme une statue de déesse que des brutaux auraient jetée à terre.
– Ah ! s’exclama la jeune femme quand le salon de coiffure s’illumina.
Elle partit en trottinant sur ses trop hauts talons. Louis la suivit peu après. Il eut un petit choc en poussant la porte du salon. Madame Maïté était déjà là, impeccablement maquillée. Or, Louis ne l’avait pas vue entrer. Elle semblait s’être brusquementmatérialisée derrière son comptoir.
– C’est pour un rendez-vous ?
Elle avait oublié Louis.
– Non, le… le stage, bredouilla-t-il, cherchant autour de lui l’appui de sa grand-mère.
– Le stage ? Ah, oui, le stage… Mon Dieu, soupira madame Maïté. Bon, ne mouillez pas le carrelage. Allez mettre vos affaires au vestiaire.
– Oui, madame.
Louis éprouva pour la première fois de sa vie la sensation qu’il était responsable de lui. Il suspendit sa parka à un cintre, puis vérifia sa tenue dans un des miroirs.
– Bonjour, tout le monde ! fit une voix gaiement perchée.
– Bonjour, Fifi. Si ça ne vous ennuie pas, il y aurait le petit stagiaire à occuper aujourd’hui.
Louis se fit l’effet d’un boulet. Mais Fifi lui sourit.
– Je vais vous apprendre à faire le café, lui glissa-t-il, le ton confidentiel.
Il fallait en proposer aux clientes pour les aider à passer le temps.
– Ou du thé, si elles préfèrent. Là, c’est les sachets. Vanille ou Earl Grey. Et vous pourrez aussi donner un coup de balai, hein ? Vous verrez avec Garance ?
Il parlait très poliment, avec plein de petits gestes délicats. Louis évitait de le regarder en face. Fifi n’était pas très beau et essayait de masquer sous du fond de teint une acné des plus pénibles à voir. Mais il était d’une gentillesse inaltérable.
– Vous voulez porter une tasse de café à Clara sur la mezzanine ?
– Oui, monsieur.
– Oh, vous pouvez m’appeler Fifi.
– C’est votre nom ? s’étonna Louis en songeant aux trois neveux d’Oncle Donald.
La candeur du garçon fit rire le jeune coiffeur.
– Non, c’est Philippe.
Louis s’en voulut de sa propre stupidité. Il prit la tasse de café et monta à l’étage.
– Bonjour, mademoiselle. Votre café.
– Hon, lui répondit-on.