Mushoku Tensei : Nouvelle vie, nouvelle chance (Francais Light Novel) : Tome 2 - Rifujin na Magonote - E-Book

Mushoku Tensei : Nouvelle vie, nouvelle chance (Francais Light Novel) : Tome 2 E-Book

Rifujin Na Magonote

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Beschreibung

Un homme de 34 ans, chômeur et ayant vécu reclus dans sa vie antérieure, renaît dans un autre monde et débute une nouvelle vie.
Rudeus se voit confier un poste de tuteur auprès d’une jeune demoiselle habitant dans la plus grande ville de la région du Fittoa, Roa. Il pensait être capable d’assumer son rôle de professeur, mais il s’avère que son élève, la demoiselle Eris, est bien plus violente qu’il ne l’aurait imaginé ! Afin qu’elle lui obéisse, Rudeus fomente alors un coup monté…


La mission la plus importante de sa nouvelle vie est sur le point de commencer…

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Table des matières

Cover

Pages couleur

Prologue

1. La brute épaisse en bas de soie

2. Supercherie

3. La violence, toujours d’actualité

4. Réunion du personnel et jour de congé

5. Mademoiselle fête ses 10 ans

6. Apprentissage des langues

7. Promesse formelle

8. Premier tournant

Épilogue

Extra – La déesse de la forêt

A propos de JNC Nina

Copyright

Points de repère

Pages couleur

Table des matières

Chapitre 2 — Enfance

— Arc du tutorat —

Prologue

J’étais en train de fuir. La peur au ventre et de toutes mes forces. Je fuyais une bête. Je descendais des escaliers, fonçais à travers les jardins. Parfois, j’utilisais même la magie pour me hisser sur un toit en roulant.

— Où est-ce qu’il est passé ?!

La créature me poursuivait en vociférant d’une voix terrifiante. Peu importe où j’allais. J’avais plutôt confiance en mes capacités physiques. Après tout, voilà deux à trois ans qu’on me faisait pratiquer l’escrime et la course. Mais cette confiance avait été réduite en morceaux. Et comme pour se moquer de mes efforts, l’autre me poursuivait sans perdre haleine en faisant virevolter ses cheveux rouge vif. La bête n’abandonnait pas. Peu importe à quel point je pouvais m’éloigner, si je baissais ma garde, elle comblait l’écart sans faute.

— Haa… Haa…

J’étais à bout de souffle. Je ne pouvais plus courir. Toute fuite était impossible.

Je n’ai pas d’autre choix, cachons-nous.

— Huu…

Je me réfugiai derrière des plantes d’intérieur, dans l’ombre de l’escalier. J’entendis résonner la forte voix de la bête dans tout le bâtiment.

— Tu ne t’en tireras pas comme ça !

À ces mots, mes jambes se mirent à trembler.

Mon nom était Rudeus Greyrat, sept ans. J’étais un beau garçon aux joues roses et aux cheveux châtain clair. Anciennement un vieux geek chômeur et puceau de 34 ans. J’avais été renversé par un camion après avoir été chassé de chez moi par ma famille pour avoir raté les funérailles de mes parents. J’étais mort empli de regrets, mais par un mauvais tour du destin, j’avais été réincarné en bébé avec les souvenirs de ma vie antérieure.

Repentant du déchet que j’avais été, j’avais vécu sérieusement ma nouvelle vie pendant les sept dernières années. J’avais appris la langue locale, la sorcellerie, l’escrime, j’avais été en bons termes avec mes parents et je m’étais même fait une adorable amie d’enfance. Afin d’entrer à l’école avec Sylphie, et suivant les instructions parentales, j’étais arrivé dans la cité fortifiée de Roa dans le but de gagner de l’argent. Si je parvenais à donner proprement des cours à la fille de mon employeur pendant cinq ans, je recevrais en récompense de quoi payer nos frais de scolarité à tous les deux.

C’était du moins la promesse qui m’avait été faite…

— Sors d’où tu te caches ! Je vais te réduire en miettes !

Je restais dissimulé dans l’ombre des plantes d’intérieur, terrifié par les cris de l’animal sauvage. Cette incarnation de la violence qui avait pris la forme d’une petite fille me terrorisait.

Comment en étais-je arrivé là… ?

Pour le savoir, il fallait remonter à un peu plus d’une heure auparavant.

1. La brute épaisse en bas de soie

Nous arrivâmes dans la ville de Roa en fin de journée. Il y avait apparemment environ une journée en charrette depuis le village de Buena. Il fallait donc compter six ou sept heures de voyage. C’était moins loin que je n’aurais pu le croire, mais ce n’était pas non plus la porte à côté. Roa était la plus grande cité de la région et était donc la plus animée. La première chose qui attira mon attention fut les remparts de la ville. Elle était entourée d’une robuste muraille faisant sept à huit mètres de haut. Les charrettes tirées par des chevaux allaient et venaient par la grande porte percée dans le mur. Une fois cette dernière passée, nous fûmes accueillis par des rangées d’étals de vendeurs ambulants. Les écuries et ce qui semblait être des auberges étaient rassemblées à l’entrée de la ville. Voir des gens en armure se déplacer parmi les habitants et les marchands était un spectacle digne d’un univers de fantasy. Soudain, j’aperçus des individus portant de gros sacs s’installer près de ce qui semblait être des places d’attente.

Qu’est-ce que ça peut bien être ?

— Ghislaine, savez-vous ce qu’ils font ? demandai-je à la personne assise en face de moi.

Elle possédait des oreilles et une queue de bête et sa peau était couleur chocolat. Elle était grande et son impressionnante musculature était enveloppée dans un accoutrement en cuir révélateur. Il s’agissait d’un beau goss… euh, d’une épéiste. Elle s’appelait Ghislaine Dedoldia. C’était une bretteuse chevronnée qui possédait le troisième plus haut rang parmi les sept de l’école du dieu du sabre, la classe royale. Elle devait m’enseigner l’escrime là où je me rendais. C’était mon deuxième maître.

— Tu…

Elle afficha un air irrité face à ma question.

— Tu te moques de moi ?

Je me redressai de surprise en voyant son visage sévère.

— Non, c’est juste que je ne sais pas ce qu’ils font, donc j’aimerais que vous me l’expliquiez…

— Oh, je vois, désolée. C’était dans ce sens-là…

Alors que je faisais mine de pleurer, Ghislaine paniqua et s’empressa de me donner une explication.

— C’est la zone d’attente pour le départ des charrettes. En général, on s’en sert pour aller de ville en ville, ou bien on se fait déposer par un colporteur contre une petite somme.

Elle continua en montrant les boutiques du doigt.

— Ça, c’est une armurerie, là, une taverne, là-bas, c’est une succursale de la guilde des aventuriers, ça, ce sont des établissements douteux…

Et ainsi de suite. Malgré son visage sévère, elle était attentionnée.

L’atmosphère changea du tout au tout après avoir tourné à un coin de rue. Des boutiques pour ceux qu’on appelait les aventuriers, à savoir des vendeurs d’armes et d’armures, y étaient alignées, puis plus loin, les magasins pour les citadins pointaient le bout de leur nez. Il y avait sans doute des maisons de résidents au bout de ces allées. C’était bien pensé. Si des ennemis venaient de l’extérieur, les gens autour de la porte s’en occuperaient en premier, permettant ainsi aux habitants de fuir vers l’arrière de la ville ou dans la direction opposée au lieu de l’attaque. Avec une telle structure, évidemment, plus on s’éloignait de l’entrée, plus les maisons devenaient grandes, et les magasins montaient en gamme. Dans cette ville, plus on habitait près du centre, plus on était riche. Et c’était bien sûr au centre que se trouvait le plus grand bâtiment.

— Voici le manoir du seigneur.

— Ça ressemble plus à un château qu’à un manoir.

— Nous sommes dans la cité fortifiée, après tout.

Roa était une ville au passé glorieux, qui avait servi de dernière ligne de défense dans la guerre contre les tribus démoniaques, 400 ans auparavant. C’est pourquoi la demeure en son centre était un château. La seule chose de vraie dans cette histoire flatteuse était cependant l’ancienneté de la cité. Pour les nobles de la capitale royale, cette ville avait la réputation de n’être qu’un coin reculé de l’arrière-pays où vivaient des hordes de rustres aventuriers.

— Mais si nous arrivons dans cette partie de la ville, cela signifie que la jeune fille à qui je dois donner des leçons a un lignage assez élevé, non ?

— Pas vraiment, répondit Ghislaine en secouant la tête.

Nous étions pourtant déjà arrivés devant le manoir du seigneur. Et d’après la théorie émise plus tôt, seules les personnes de haut rang vivaient dans cette partie de la cité… ou pas, en fait. Cela devait signifier qu’il n’y avait pas tant de gens de la haute société dans une région aussi reculée.

— Hein ?

Alors que je me faisais cette réflexion, le cocher inclina légèrement la tête devant le garde à l’entrée du manoir seigneurial. Nous entrâmes directement dans la cour intérieure du bâtiment.

— C’était donc la fille du seigneur, n’est-ce pas ?

— Non.

— Je me trompe ?

— Juste un peu…

Cette tournure de phrase cache quelque chose. Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ?

La charrette s’immobilisa.

★ ★ ★

Quand j’entrai dans la demeure, un majordome m’entraîna dans un endroit ressemblant à un salon de réception. Il m’indiqua deux canapés alignés. Il s’agissait de mon tout premier entretien. Je devais être prudent.

— Veuillez vous asseoir là, s’il vous plaît.

Lorsque je m’installai sur l’un des canapés, Ghislaine s’éloigna et se plaça dans un coin de la pièce en silence. C’était sans doute pour être placée de façon à avoir un œil sur toute la pièce. Si on avait été dans ma vie antérieure, je lui aurais certainement dit : Tu te prends pour Batman ou quoi ?

— Le jeune maître sera bientôt de retour, veuillez patienter un moment.

Ce qui semblait être un majordome versa alors ce qui ressemblait à du thé noir dans une tasse qui avait l’air très chère, puis il alla s’installer près de l’entrée. Je portai le liquide qui dégageait de la vapeur à ma bouche. Ce n’était pas mauvais, je ne m’y connaissais pas en thé noir, mais c’était certainement quelque chose de coûteux. Dans la mesure où la tasse de Ghislaine n’avait pas été préparée dès le départ, je devais être le seul à être traité comme un invité.

— Où est-il ?!

Alors que je réfléchissais, j’entendis des bruits de pas féroces ainsi que des cris provenant de l’extérieur de la pièce.

— ICI ?!

La porte s’ouvrit violemment et un homme massif entra. Il devait avoir une cinquantaine d’années. Des cheveux blancs étaient visibles dans sa tignasse brun foncé, mais il avait encore l’air dans la fleur de l’âge. Je posai ma tasse, me levai puis m’inclinai avec la tête bien basse.

— Enchanté de vous rencontrer. Je m’appelle Rudeus Greyrat.

L’homme souffla du nez avec force.

— Il ne sait même pas se présenter correctement !

— Seigneur, le jeune maître Rudeus n’a jamais quitté le village de Buena. Il est encore très jeune et n’a pas encore eu l’occasion d’apprendre l’étiquette. Veuillez lui pardonner un peu d’impolitesse…

— Silence, toi !

L’aboiement de l’homme contraignit le majordome à se taire. Si cette personne était le seigneur, il s’agissait donc de mon employeur. Il avait l’air en colère, avais-je fait une erreur pour le mettre dans cet état ? J’avais essayé de me présenter le plus poliment possible, mais il semblait y avoir une bienséance propre aux nobles.

— Pah ! Paul n’apprend même pas les bonnes manières à son propre fils !

— J’ai cru comprendre que mon père avait fui la demeure familiale, car il n’aimait pas le trop plein de cérémonieux. Je pense donc qu’il ne m’a rien appris volontairement.

— Tu commences déjà à te chercher des excuses ?! Tu es bien comme Paul !

— Mon père se cherchait-il toujours des excuses ?

— Pour sûr ! Il n’ouvrait la bouche que pour ça ! S’il pissait au lit, des excuses ! S’il se battait, des excuses ! S’il séchait des leçons, des excuses !

Il en a gros, hein.

— C’est pareil pour toi, si tu l’avais voulu, tu aurais très bien pu apprendre l’étiquette ! C’est parce que tu ne l’as pas fait que tu te retrouves dans cette situation.

Face à ses reproches, je hochai la tête en signe d’assentiment.

Je n’avais jamais essayé d’apprendre quoi que ce soit de nouveau à part la sorcellerie et l’escrime. J’avais peut-être commencé à devenir étroit d’esprit. Il fallait sans doute m’en repentir.

— Oui, vous avez raison. C’est mon manque d’assiduité qui m’a conduit ici. Je vous présente mes excuses.

Alors que je baissais la tête pour m’incliner, le seigneur émit alors un bruit sourd en frappant du pied sur le plancher.

— Mais… c’est une bonne chose que tu ne répètes pas que tu n’as rien appris et que tu essaies d’être le plus courtois possible ! J’autorise que tu restes dans cette demeure !

Je ne sais pas trop de quoi il parle, mais j’ai été pardonné.

Après avoir déclamé cela, le seigneur se retourna vivement et quitta la pièce avec fracas, créant un mouvement d’air derrière lui.

— Qui était-ce ? demandai-je au majordome.

— Le seigneur du Fittoa, Sauros Boreas Greyrat. L’oncle de maître Paul.

Voici donc bien le seigneur de ces terres. Il était un peu trop vigoureux, ses méthodes de gouvernance m’inquiétaient. Mais avec autant d’aventuriers dans la région, il fallait sans doute quelqu’un avec un fort caractère pour être le seigneur.

Euh, minute ? Greyrat ? Oncle… ? Ça veut donc dire que…

— Cela signifie que c’est mon grand-oncle ?

— C’est exact.

Je comprenais enfin. Paul avait utilisé ses connexions avec la famille qui l’avait renié. Je m’étais pas attendu à ce qu’elle soit d’un statut aussi élevé… C’était un sale gosse de riche, en fait.

— Que se passe-t-il, Thomas ? Pourquoi laisses-tu la porte ouverte ainsi ?

Une silhouette était apparue dans l’entrée.

— Et père semble de très bonne humeur, lui est-il arrivé quelque chose ?

Il s’agissait d’un homme mince, à l’allure gracile et aux cheveux bruns soyeux. À en juger par le terme père,il devait s’agir du cousin de Paul.

— Voici le jeune maître. Pardonnez-moi. Le seigneur vient tout juste de s’entretenir avec maître Rudeus. Il semble l’avoir pris en affection.

— Hmm. Si père s’est entiché de lui, je me suis peut-être trompé dans mon choix de candidat, répondit l’homme.

Il vint s’asseoir sur le canapé directement en face de moi.

Ah, oui, je dois me présenter.

— Enchanté. Je m’appelle Rudeus Greyrat.

Comme plus tôt, je me penchai en inclinant la tête.

— Et je suis Philippe Boreas Greyrat. Les salutations d’un noble se font la main droite sur la poitrine en inclinant légèrement la tête. Il s’est énervé en voyant ta révérence, pas vrai ?

— Comme ça ? demandai-je en relevant la tête après avoir imité Philippe.

— Oui. Mais tes salutations d’avant étaient très polies et ce n’était pas si mal. Si un artisan faisait un salut pareil à mon père, il apprécierait certainement. Installe-toi.

Philippe se rassit sur le canapé. Je suivis son exemple et m’assis à mon tour.

C’est le début de mon entretien…

— Qu’est-ce qu’on t’a dit de ce travail ?

— Si je parviens à donner des cours à la demoiselle pendant cinq ans, je recevrai une aide financière pour mon entrée à l’université magique.

— C’est tout ?

— Oui.

— Je vois…

Philippe porta la main à son menton et baissa le regard sur la table, réfléchissant à quelque chose.

— Dis-moi, tu aimes les filles ?

— Pas autant que mon père, mais oui.

— Bien, dans ce cas, tu es embauché.

Euh, quoi ? Ce n’est pas un peu rapide ?!

— Jusqu’à présent, les seuls précepteurs qu’elle a appréciés sont Edona pour l’étiquette et Ghislaine pour l’escrime. Il y a déjà eu plus de cinq licenciements. L’un d’entre eux était un instructeur qui enseignait à la capitale.

Je me retins de dire que ce n’était pas parce qu’il enseignait à la capitale que cela en faisait un bon précepteur.

— Mais… quel est le rapport avec le fait d’aimer les filles ?

— Il n’y en a aucun. Paul était le genre d’homme prêt à tout pour une jolie fille, je me disais juste que tu devais être pareil, répondit Philippe en haussant les épaules.

C’est moi qui veux hausser les épaules, ne me compare pas à ce type.

— Pour être franc, je n’attends pas grand-chose de toi. Je te donne juste une chance, car tu es le fils de Paul.

— C’est effectivement très franc de votre part.

— Oh, tu penses réussir ?

Je n’avais aucune certitude. Mais je ne pouvais me permettre de l’admettre à cet instant.

— Je ne saurai pas tant que je n’aurai pas rencontré la demoiselle…

D’ailleurs, je pouvais presque percevoir les moqueries de Paul si j’échouais et fuyais chercher un autre travail. Je l’entendais déjà dire : Tu n’es qu’un gamin, après tout.

C’est pas des blagues, il est hors de question qu’un type plus jeune que moi me prenne de haut comme ça. Pfff…

— Si même après l’avoir vue, il s’avère que cela risque d’être difficile… je tenterai une supercherie.

J’allais faire usage des connaissances de ma vie antérieure, une méthode pour rendre dociles les demoiselles indomptables.

— Une supercherie ? C’est-à-dire ?

Je donnai une brève explication.

— Alors que je serai avec la demoiselle, nous serons kidnappés par quelqu’un appartenant à votre maison. J’utiliserai alors mes capacités en lecture, écriture, arithmétique et sorcellerie pour m’échapper avec elle et la ramener à la demeure par nos propres moyens.

Philippe tomba des nues en entendant mon plan, mais il sembla comprendre de quoi il retournait et hocha la tête avec approbation.

— En d’autres termes, lui donner envie d’apprendre d’elle-même, n’est-ce pas ? Mais est-ce qu’elle sera aussi facilement bernée ?

— Il y a plus de chances que cela marche que de se faire gronder perpétuellement par des adultes.

Un enfant réfractaire aux cours découvrant l’importance d’apprendre par accident. C’était un développement commun dans les mangas et autres animés. Peu importe que j’aie inventé la situation nécessaire pour arriver à ces fins.

— Est-ce une méthode que t’a apprise Paul ? Un moyen de faire tomber amoureuses les filles ?

— Non. Père a la cote même sans ce genre de subterfuge.

— La cote… Pffff, ha ha.

Philippe éclata de rire.

— C’est vrai. Il a toujours été populaire. Même sans rien faire, les filles étaient attirées par lui.

— Toutes les femmes que je rencontre par l’intermédiaire de mon père sont d’anciennes conquêtes. Il en va de même pour Ghislaine, là-bas.

— Oui. Je l’envie plus que tout.

— J’ai peur qu’il touche aussi à mon amie d’enfance que j’ai laissée au village de Buena.

En le disant à voix haute, une sérieuse inquiétude m’envahit. Dans cinq ans, Sylphie aurait bien grandi… Je ne voulais pas rentrer à la maison pour découvrir qu’elle était devenue une de mes mères.

— Ne t’inquiète pas. Paul ne s’intéresse qu’aux grandes filles, répondit Philippe.

Il tourna le regard vers Ghislaine, dans le coin de la pièce.

— Ah… Je vois.

Jetant à mon tour un coup d’œil à l’épéiste, je constatai qu’elle était gigantesque. Et maintenant que j’y repensais, Zenith et Lilia non plus n’étaient pas en reste. De quoi parlions-nous ? De nichons, pardi.

— Si ce n’est que pour cinq ans, tout ira bien. Comme elle semble avoir du sang d’elfe, elle ne devrait pas trop grandir. Et puis, même Paul n’est pas un gredin à ce point.

En est-on bien sûr ?

J’étais néanmoins étonné que Philippe sache que Sylphie était une elfe. Je devais sans doute partir du principe qu’il savait tout de l’époque où je vivais au village.

— Pour ma part, j’ai plus peur que tu séduises ma fille.

— Qu’est-ce que vous craignez d’un enfant de sept ans ?

Non mais vraiment, quelle impolitesse.

Je n’avais l’intention de rien. Elle allait juste (sous mes indications) tomber amoureuse de moi d’elle-même.

— Paul a écrit dans sa lettre que tu courtisais tant les filles du village qu’il avait dû te mettre à l’isolement. J’ai cru à une plaisanterie, mais après avoir entendu ton plan de tout à l’heure, je commence à croire qu’il disait vrai…

— Je n’ai pas eu d’autres amis que Sylphie, pourtant.

Et je n’avais fait qu’essayer de dresser cette seule amie en une fifille obéissante. Mais je ne le dirais certainement pas à haute voix. Il valait mieux garder certaines choses secrètes.

— D’accord. Bon, la conversation n’avancera pas en continuant ici, on va t’emmener voir ma fille. Thomas, montre-lui le chemin !

Et c’est ainsi que j’allais rencontrer la demoiselle.

★ ★ ★

Je sus tout de suite que c’était une peste en l’apercevant. Elle avait deux ans de plus que moi, un regard perçant et des cheveux ondulés si écarlates qu’on les aurait crus recouverts de peinture. Ma première impression fut : féroce.

Elle deviendrait une magnifique beauté dans le futur, mais je pouvais déjà pressentir que beaucoup d’hommes la fuiraient comme la peste. Il ne s’agissait pas juste d’être un véritable maso pour être avec elle, c’était au-delà…

Elle était dangereuse. Tout mon être m’ordonnait de ne pas m’en approcher.

— Enchanté. Je m’appelle Rudeus Greyrat.

Mais je ne pouvais pas fuir. Je la saluai donc comme on me l’avait appris un peu plus tôt.

— Pfeuh !

Après m’avoir regardé l’espace d’un instant, elle souffla avec véhémence par le nez, comme son grand-père. Elle se tenait debout, les bras croisés, et me toisait du regard avec une évidente condescendance. Elle était plus grande que moi. Lorsqu’elle m’avait aperçu, elle avait affiché un air ouvertement mécontent.

— Quoi ? Mais il est plus jeune que moi ! dit-elle. Vous vous moquez de moi si vous croyez qu’il peut m’apprendre quoi que ce soit !

Sa réaction était évidente. Elle avait l’air très orgueilleuse. Mais je ne pouvais pas reculer.

— Je ne pense pas que l’âge ait quoi que ce soit à voir avec mes compétences.

— Quoi ?! Tu oses me contredire ?! cria-t-elle.

Mes oreilles résonnèrent.

— Mais mademoiselle, il y a des choses que je peux faire et dont vous êtes incapable, n’est-ce pas ?

En lui disant cela, je crus voir ses cheveux se dresser sur sa tête. Je ne savais pas qu’il était possible de voir de la colère se manifester ainsi.

Elle me fiche la frousse. Bouuh, pourquoi est-ce que je devrais avoir peur d’une gamine de moins de 10 ans ?

— Insolent ! Est-ce que tu sais qui je suis ?!

— Ma cousine au second degré, répondis-je en cachant ma peur.

— Au second… C’est quoi, ça ?

— Cela signifie que vous êtes la fille du cousin de mon père. Ou bien que vous êtes la petite-fille de mon grand-oncle.

— Qu’est-ce que tu racontes ? J’y comprends rien !

M’étais-je trompé dans ma façon de parler ? Il aurait en effet été plus simple de dire que nous étions des parents éloignés.

— Avez-vous déjà entendu le nom de Paul ?

— Certainement pas !

— Je vois.

Étonnamment, elle ne connaissait pas son nom. Mais bon, peu importe nos liens de parenté. Il y avait plus important dans la conversation actuelle. Le dieu des jeux de drague l’avait dit, il était important de répéter les événements de la première conversation. Mais au moment où je pensais cela, la demoiselle leva la main.

Paf !!

— Hein ?

C’était arrivé soudainement. Elle m’avait giflé.

— Pourquoi m’avez-vous frappé ? demandai-je, légèrement déstabilisé.

— Parce que tu es insolent alors que tu es plus jeune que moi !

— Je vois.

Ma joue me faisait mal.

Ouille…

Ma seconde impression de la demoiselle fut qu’elle était violente.

Qu’est-ce que je vais faire d’elle ?

— Je vous rends la pareille, d’accord ?

— Hein ?

Sans attendre de réponse, je la giflai à mon tour.

Clac !

Le son produit fut désagréable. Je n’avais pas l’habitude de frapper qui que ce soit, et c’était sans doute un bruit normal. Ç’aurait dû suffire, ça devait avoir fait mal.

— Maintenant, vous savez ce qu’est la…

J’avais eu l’intention de finir ma phrase par « douleur d’être frappé par quelqu’un ». Mais la demoiselle, les cheveux et les poings dressés, bloquait mon champ de vision. On aurait dit une statue de Bouddha enragée. L’instant d’après, elle me frappa à nouveau. Je titubai, elle me retint la jambe, puis elle me frappa à la poitrine pour me renverser.

En un rien de temps, elle se retrouva à me chevaucher. Je me rendis compte qu’elle bloquait mes bras avec ses genoux.

Minute, je ne peux plus bouger ?!

— Atten… dez !

Ma voix paniquée fut noyée dans les aboiements de la demoiselle.

— Je vais t’appendre à lever la main sur moi, tu vas voir !

Son poing (marteau) s’abattit.

— Ah, aïe, hé, stop, ouille, aïe, arrêtez !

Après avoir reçu au moins cinq coups, je parvins à utiliser la sorcellerie pour me dégager. Je me redressai, résistant à l’impulsion de mes jambes de s’immobiliser de peur, et je tournai les mains vers elle pour l’intercepter avec un sort. Je créai une onde de choc avec la magie de vent et claquai une nouvelle fois la demoiselle au visage.

— Toi, je ne te pardonnerai jamais !

Sa tête s’était orientée vers le haut avec l’impact, mais cela ne l’arrêta pas un instant pour autant, et elle tourna vers moi son visage déformé par la fureur. Quand je l’aperçus, je compris mon erreur.

Je m’enfuis alors à pleines jambes. Ce n’était pas le genre de fille de bonne famille que je connaissais. Ce n’était pas le genre de fille égoïste à rigoler une main devant la bouche en faisant des ho ho ho dans une robe à froufrous avec des cheveux bouclés façon princesse de shōjo. C’était l’héroïne d’un manga de baston !

Je pouvais sans doute la remettre à sa place avec la sorcellerie. Mais je doutais qu’elle m’écoute pour autant après ça. Elle reviendrait sûrement à la charge pour se venger. Chaque fois qu’elle reviendrait, je pourrais la battre grâce à mes sorts. Mais sa volonté ne craquerait jamais. Contrairement à l’héroïne d’un manga, elle ferait usage des moyens les plus vils dont elle disposerait, comme me lancer un vase du haut des escaliers, ou m’attaquer soudainement avec une épée en bois depuis un coin de pénombre…

Elle tenterait de me rendre 10 fois le mal que je lui aurais fait, usant de tous les moyens possibles. Et quand elle finirait par y parvenir, elle ne ferait montre d’aucune indulgence avec moi.

C’est pas une blague ! Je ne peux pas utiliser la magie de soin sans incantation.

De plus, tant que notre lutte continuerait, elle ne m’écouterait pas. Essayer de lui faire comprendre les choses de force était une option que je ne pourrais jamais choisir, ici.

Et on en revient au tout début.

Après cela, la demoiselle, sans doute par fatigue, finit par abandonner sa poursuite et retourna dans sa chambre. Elle n’était pas parvenue à trouver ma cachette. Mais je l’avais échappé belle. Lorsque la diablesse rousse était passée devant moi, j’avais cru sentir la vie me quitter. Je n’aurais jamais imaginé vivre un jour l’expérience d’un héros de film d’horreur. Épuisé, je retournai auprès de Philippe, qui m’attendait avec un sourire gêné.

— Alors ?

— Elle est irrécupérable, répondis-je, à moitié en pleurs.

J’avais sincèrement cru qu’elle allait me tuer lorsqu’elle m’avait frappé. J’avais manqué de fondre en larmes pendant que je fuyais. Cela faisait longtemps que je n’avais pas connu un tel sentiment, mais je retenais surtout que ça m’était déjà arrivé. Or, ça n’avait pas été aussi traumatisant, cette fois-ci.

— Alors, tu jettes l’éponge ?

— Certainement pas.

Je n’avais encore rien fait. Si j’abandonnais maintenant, j’aurais pris des coups pour rien.

— Nous allons procéder selon mon plan, si vous le voulez bien, implorai-je en baissant la tête devant Philippe.

J’allais montrer à cette bête ce qu’était la vraie peur.

— Très bien. Thomas, occupe-toi des préparatifs.

Aux paroles de son maître, le majordome quitta la pièce.

— En tout cas, tu as des idées intéressantes.

— Vous trouvez ?

— Oui, tu es le seul précepteur à avoir proposé un projet aussi ambitieux.

— Vous pensez que… ça pourrait marcher ?

J’étais un peu inquiet. Je n’étais pas sûr que mes tours suffisent pour faire changer cette demoiselle. Philippe haussa les épaules et répondit :

— Tout dépendra de tes efforts.

C’était on ne peut plus vrai.

Ainsi, mon plan fut mis en place.

★ ★ ★

J’entrai dans la chambre qu’on m’avait attribuée. L’ameublement était d’apparence luxueuse. J’avais droit à un grand lit et à des meubles ornés. Les rideaux étaient beaux et la bibliothèque semblait neuve. Si j’avais eu la clim et mon ordinateur, j’aurais pu y vivre une vie de reclus très confortable. C’était une belle chambre. Je portais moi aussi le nom de la famille Greyrat, je supposais donc qu’on m’avait donné une chambre d’ami plutôt que celle d’un employé. En parlant d’employés, pour une raison que j’ignorais, la plupart des servantes étaient des bestiales. J’avais cru comprendre que les démons faisaient l’objet d’une forte discrimination dans ce pays, mais c’était peut-être différent pour elles.

— Haa… Maudit Paul, où est-ce qu’il m’a envoyé… ?

Hébété, je m’assis sur le lit en me tenant la tête, qui me faisait un mal de chien. La douleur était toujours présente, sans doute à cause des coups que j’avais reçus. Je marmonnai Guérison et soignai mes blessures.

— Mais bon, comparé à ce que j’ai mangé dans ma vie précédente, ce n’est presque rien.

Prendre des coups et être chassé relevait du même processus, mais cette fois, je ne serais pas jeté à la rue. Il y avait une grande différence avec ce qui s’était passé à l’époque. Paul m’avait aidé, il m’avait trouvé un travail et un endroit où dormir. Il m’avait même donné de l’argent de poche. C’était plus que suffisant. Si mes frères en avaient fait autant avant que je ne meure, j’aurais peut-être pu me réinsérer socialement. J’aurais pu trouver un travail, un appartement, et me faire surveiller pour que je ne m’enfuie pas…

En fait, non, ça n’aurait pas marché.

Ils m’avaient mis à la rue parce qu’un type de 34ans sans expérience professionnelle était un cas irrécupérable. Si on m’avait mis face à ma situation actuelle à l’époque, j’aurais simplement abandonné. Je n’aurais même pas essayé de travailler. J’aurais peut-être même tenté de me suicider en me retrouvant séparé de ma petite amie (mon ordinateur).

C’était parce que cette bastonnade était arrivée à ce moment que j’avais décidé de travailler et de gagner de l’argent. Ce n’était donc pas si grave. On me forçait la main, mais c’était le timing parfait. J’avais peut-être mal jugé Paul.

— Mais cette furie, c’est beaucoup trop.

Qu’est-ce que c’était que cette créature féroce ? Je n’avais jamais rien vu de tel en 40 ans de vie. Elle n’était pas juste terrifiante, c’était l’incarnation de la violence. On aurait dit une bouilloire instantanée. Elle avait presque fait remonter à la surface mon traumatisme. Je m’étais même un peu uriné dessus.

— On aurait dit qu’elle me prévenait : Je suis un pétard prêt à exploser n’importe quand.

Mais en observant la demoiselle, il ne semblait même pas nécessaire d’allumer la mèche pour qu’elle pulvérise tout aux alentours.

— Je comprends maintenant pourquoi elle a été renvoyée de l’école…

Elle m’avait frappé avec la force de quelqu’un ayant l’habitude de faire ça. C’étaient les poings de quelqu’un qui cognait les autres, qu’ils lui résistent ou non. Elle n’avait que neuf ans, mais elle connaissait déjà trop bien le processus de neutralisation d’un adversaire. Parviendrais-je à enseigner correctement à une diablesse pareille ? Nous en avions discuté avec Philippe.

D’abord, il faudrait laisser les ravisseurs la kidnapper et lui faire goûter au sentiment d’impuissance. J’arriverais ensuite pour l’aider. Elle me respecterait alors et écouterait docilement mes leçons. Le plan était simple mais je connaissais son déroulement. Si je parvenais à susciter la réaction désirée, tout devrait fonctionner comme sur des roulettes… Mais est-ce que ça allait marcher ? Ses réactions violentes dépassaient de loin ce à quoi je m’étais attendu. Elle criait et aboyait, et lorsque l’adversaire résistait, elle l’écrasait jusqu’à l’immobilisation totale. Cela démontrait une volonté de victoire absolue contre l’ennemi. Ne risquait-elle pas de ne rien ressentir, même si elle se faisait kidnapper ? Si je venais à son secours, n’allait-elle pas prendre ça pour une évidence et dire Tu aurais dû me venir en aide plus vite, sale traînard ?

C’est possible. C’est totalement possible avec cette demoiselle.

Tout cela pourrait entraîner des réactions inattendues. Je devais me préparer à toutes les éventualités. Être prêt. Après tout, l’échec ne m’était pas permis.

J’avais réfléchi. À la manière de réussir, aux méthodes. Mais plus j’y pensais, plus je m’enlisais dans mes pensées.

— Bon dieu, faites que je réussisse…

Je finis par prier. Je n’étais pas croyant. Comme tout bon Japonais, je me tournais vers le divin seulement quand j’étais dans le pétrin. Je demandai de parvenir à mes fins d’une manière ou d’une autre… puis je réalisai que la sainte relique (culotte) était restée dans ma chambre au pays, et je me mis à pleurer.

La déesse Roxy n’était pas ici avec moi.

Nom : Mademoiselle

Profession : petite-fille du seigneur du Fittoa

Personnalité : violence

Ce qu’on dit : n’écoute pas

Lecture/écriture : sait écrire son nom

Arithmétique : seulement les additions à un chiffre

Sorcellerie : néant

Escrime : école du dieu du sabre, classe élémentaire

Étiquette : sait faire les politesses à la façon Boreas

Aime : son grand-père, Ghislaine

2. Supercherie

Lorsque je me réveillai, je me trouvais dans une petite réserve crasseuse. La lumière du soleil pénétrait à travers les barreaux d’une fenêtre. J’avais mal partout, mais je confirmai que je n’avais aucun os cassé et je lançai un sort de soin. Mes mains étaient attachées dans mon dos, mais ça n’avait aucune importance.

— Bien.

J’étais rétabli. Mes vêtements n’étaient pas non plus déchirés. Tout se passait comme prévu. La stratégie pour m’attirer la sympathie de la demoiselle était la suivante.

1. Aller dans un magasin de vêtements de la ville avec elle.

2. Étant une sale gosse, elle voudrait sortir de la boutique toute seule.

3. Normalement, son escorte, Ghislaine, l’aurait suivie, mais cette fois-ci, elle la quitterait des yeux « accidentellement » alors qu’elle sortirait.

4. Je l’accompagnerais, mais étant un garçon plus jeune et qu’elle venait de battre à la bagarre, elle se moquerait de ma présence.

5. Elle m’entraînerait à sa suite comme si j’étais un simple sbire et s’éloignerait de plus en plus vers la périphérie de la ville (apparemment, elle admirait les aventuriers).

6. Là, des kidnappeurs à la solde de la maison Greyrat apparaîtraient.

7. Ils nous mettraient aisément hors d’état de nuire et nous emmèneraient dans une ville voisine où nous serions emprisonnés.

8. J’utiliserais la sorcellerie pour nous libérer du lieu de détention.

9. Je parviendrais à détecter que nous étions dans une ville avoisinante.

10. Faisant usage de l’argent caché dans mon caleçon, nous monterions dans une charrette.

11. Une fois de retour à la maison, je sermonnerais copieusement et pompeusement la demoiselle.

Pour le moment, tout s’était bien déroulé jusqu’à la septième étape. Il ne me restait plus qu’à faire usage de la sorcellerie, de mes connaissances, de ma sagesse et de mon courage pour nous permettre de nous échapper de façon spectaculaire. J’allais devoir beaucoup improviser pour que cela ait l’air réaliste. Il fallait espérer que tout marche comme prévu…

— Hmm ?

C’était cependant un peu différent de ce qui avait été organisé. La réserve était plutôt poussiéreuse, avec des chaises cassées et des armures trouées éparpillées çà et là. On m’avait assuré que l’endroit serait plus propre… mais comme c’était une supercherie, il avait peut-être été question de faire en sorte qu’elle ne découvre pas le pot aux roses. Oui, c’était probablement cela.

— Hmm… Hein ?

Au bout d’un moment, la demoiselle se réveilla enfin. Elle ouvrit les yeux, vit qu’elle se trouvait dans un lieu qui lui était inconnu et essaya de se lever d’un coup, mais comme elle avait les mains attachées dans le dos, elle tomba par terre telle une chenille.

— Mais c’est quoi, ce bordel ?!

Dès qu’elle eut compris qu’elle ne pouvait pas bouger, elle se mit à crier.

— Qu’est-ce qui se passe ?! Vous savez qui je suis ?! Détachez-moi !!

Elle vociférait. Je m’étais fait la réflexion quand nous étions dans la demeure, mais elle n’essayait même pas de baisser le ton de sa voix. Considérait-elle qu’il fallait parler au moins aussi fort dans ce si grand manoir pour se faire entendre ? Non, elle ne pensait à rien de tel. Le grand-père de cette demoiselle, Sauros, était du genre à intimider ses interlocuteurs en leur criant sans cesse dessus, mais il choyait sa petite-fille. Elle avait probablement vu à de nombreuses reprises comment il menaçait ses serviteurs et Philippe.

Les enfants imitaient ce qu’ils voyaient, surtout les mauvaises habitudes.

— La ferme, pisseuse !!

Alors qu’elle fulminait, la porte s’ouvrit brutalement et un homme fit irruption. Il était mal habillé et une odeur nauséabonde se dégageait de tout son être. Il était chauve et avait une barbe non entretenue. N’importe qui aurait été convaincu s’il s’était présenté en tendant une carte de visite et en disant : Je suis un bandit.

C’était un excellent choix. Avec un type pareil, aucun risque qu’elle découvre la supercherie.