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Lors des tragiques événements du Bataclan, Selma trouve refuge avec des amis punk à la base sous-marine de Bordeaux. Vingt ans plus tard, l’arrivée inattendue de son père fait resurgir un souvenir enfoui : le viol qu’il lui a infligé, qu’elle associe à une guerre intérieure. Armée de son bâton de pèlerin pacifiste, Selma pénètre les bancs de l’Assemblée nationale, exhortant les députés à instaurer la paix. Parviendra-t-elle à faire entendre sa voix dans les hautes sphères du pouvoir ? Quel impact auront les femmes dans cette quête de paix ? Selma réussira-t-elle à transformer sa souffrance en une force capable de changer le monde ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Animatrice d’ateliers d’écriture, Evelyne Bert puise dans sa culture littéraire pour trouver le style qui reflète le mieux sa personnalité. "1, 2, 3, soleil" s’inspire de son expérience de vie.
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Seitenzahl: 72
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Evelyne Bert
1, 2, 3, soleil
© Lys Bleu Éditions – Evelyne Bert
ISBN : 979-10-422-3618-2
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
« Vous vous souvenez de l’attaché de l’ambassade de France au Cambodge ? Cet homme qui promenait la fillette au jardin du kiosque à musique. Il était très proche de sa mère, l’ambassadrice… si proche qu’on a dit que l’ambassadeur n’avait pas supporté, que c’est pour cette raison qu’il était devenu fou, tirant à l’aveugle sur les invités lors d’une réception à l’ambassade. » Une oie accoursée par une petite fille en robe rouge, un grand arbre aux fleurs rouges.
La fillette monte dans l’arbre avec souplesse et grâce. Au seuil d’une porte, une jeune femme douce, Annah, l’amie de sa mère, lui fait un signe amical de la main.
On entend des détonations, puis l’éclat de vitres brisées.
La fillette, pétrifiée, scrute le jardin : sa mère danse, joue contre joue avec l’attaché culturel, DURIEUX, au milieu de la foule d’invités, l’ambassadeur court avec un fusil de chasse qu’il jette rapidement.
— SELMA ! SELMA, viens vite ! crie une voix de femme.
L’enfant ne bouge pas, repliée en boule sur elle-même, accroupie sur la branche.
La foule des invités se précipite vers un grand portail, bousculade, une femme perd son talon aiguille… Les tables alignées tombent comme un jeu de cartes.
Quand on ne voit que l’ambassadeur dans le jardin, elle saute de l’arbre, s’accroche au pan de chemise de son père, monte sur ses pieds pour qu’ils marchent ainsi synchrones.
Un instant, l’écran est noir, on entend alors un cri qui déchire l’air, un cri d’homme – l’ambassadeur –, un cri de douleur rauque, sourd, mais fulgurant.
La fillette joue à « 1, 2, 3 SOLEIL » contre le tronc de l’arbre.
Base sous-marine
Bassin à flots
Salle d’exposition
Ext.
Nuit
On voit le blockhaus à travers un filtre vert argile puis le blockhaus s’allume de brasiers rouges comme une scène de théâtre.
Devant, le bassin à flot où flottent des cercueils blancs tandis qu’une musique (style films de propagande nazi) sort d’immenses haut-parleurs d’écrans électroniques où sont diffusés des reportages sur les attentats de Paris en 2015. La bande-son dit :
« On recherche activement des individus lourdement armés à moins qu’ils n’aient déjà péri dans une explosion, on ne les tient pas, mais cela ne saurait tarder. »
Un homme, la cinquantaine, favoris, longe des hangars tagués.
La BASE sous-marine, illuminée de rouge se dresse au bout d’une étendue d’eau avec voiliers (des mâts cliquettent) : le BASSIN à flots.
Il ramasse des pierres et les jette avec colère dans le vide.
Homme élégant vêtu d’un veston mauve, mais son corps plie sous le poids d’une souffrance. Ses paroles sont inaudibles, il se fait bousculer par un Punk qui sort d’un groupe agité qui danse. Musique hurlante. Il coince l’ambassadeur et le traîne par le col de chemise puis le relâche.
Idem
Int.
Nuit
L’ambassadeur entre sous le blockhaus, reflets dans l’eau des arcades (voir photo), il marque un temps d’arrêt en proie à un immense plaisir. Une jeune femme, Selma en blue-jean et blouson noir – distinguée – vient droit sur lui.
Il hésite à l’interpeller, la laisse le dépasser puis la suit d’un pas incoordonné sur la passerelle le long des canaux. Elle entend son pas, se retourne, prudente, accélère le sien, affolée…
S’engage une course de plus en plus rapide entre eux.
La jeune femme, Selma, arrive face à ses trois potes vêtus de noir, tee-shirt rock and roll, tennis.
« Un vieux m’a suivie, dit-elle essoufflée, ces attentats me pètent la tronche ! » Elle s’assoit, parle rapidement, jette un coup d’œil…
Un homme, la quarantaine, l’enlace (DURIEUX), ils s’embrassent sans passion.
Musique à tue-tête…
Les jeunes punks forment un cercle autour d’elle et l’écoutent en bougeottant, l’un sort ses écouteurs, l’autre se gratte la jambe après avoir relevé son jean, etc.
Le « vieux » est au dos d’un pilier : « Ma fille, ma chérie, vivante ! Scrogneugneu ! Que n’ai-je pensé avant qu’elle pût être ici ? »
L’eau dégoutte du plafond devant lui faisant un son qui s’amplifie (flaque d’eau) l’ambassadeur monte lestement les marches d’un escalier et tombe.
Il entre dans une salle d’exposition où une cinquantaine de violons blancs sont dressés sur un tapis noir. Il est saisi par la beauté de cette exposition (voir photo).
Une musique lyrique baigne l’atmosphère, mais il ne supporte pas la scène longtemps et sort de la pièce hagard, s’engouffre dans un dédale de couloirs en titubant, longe l’eau sombre d’un canal intérieur.
Plus loin, une série de photographies en noir et blanc, il accélère le pas., tombe, épuisé.
Punks et Selma
Int.
Les jeunes Punks bondissent tandis que la jeune femme leur demande d’attacher le vieux au pilier (elle claque des doigts). Échange de langage non verbal : l’un des punks croise ses poignets au-dessus de sa tête.
Ils cherchent du regard et LOU (punk1) ôte d’un trait sa ceinture. Le vieux, impavide, se laisse faire.
Des éructations, des mots en verlan sortent de la bouche de YAOURT (punk2) :
« Gâteau, hum togaaa ! on va te tirer le portrait vieux ! Vas-y avoir du rif ! »
Ils se trémoussent les mains dans les poches de leur jean délavé ou treillis, troués aux genoux, chargés de chaînes, de pin’s, d’écussons.
Selma projette en un clin d’œil la peinture d’une bombe à taguer sur l’ambassadeur. « T’as vu l’avion c’est drôle », chante LOU l’air insolent :
« Où est passée ma maison ? » etc. (Chanson de Serge Reggiani parlant des bombes)
Selma, sensuellement puissante, relève son tee-shirt et le noue sous la poitrine, ceinturon bien serré au corps.
Elle se met à ondoyer langoureusement sous le regard de l’ambassadeur, qui a les mains liées au pilier, soudain lance sa jambe sous le menton du vieux sans le toucher.
L’ambassadeur ferme les yeux. Selma crie : « oï ».
Elle fait une démonstration de roulades d’arts martiaux, enchaîne rapide comme l’éclair entre chaque chute volontaire.
Elle se penche vers lui les mains dans les poches arrière de son blue-jean, puis laisse choir tout son corps sur la poitrine de l’ambassadeur.
« Je suis ton père ! » dit l’ambassadeur à voix basse.
Selma se détache de lui brusquement (reculant) : « C’est une blague, je rêve ! » Elle claque des doigts fermement : « Détachez-le ! »
Les traits de son visage se tendent, elle reste muette devant sa bande de potes médusés. Elle monte se réfugier sur sa poutre et entoure de ses bras ses jambes repliées contre elle. On entend une explosion, comme des détonations de fusils.
Lou tape du pied en simulant un homme qui se masturbe frénétiquement :
« Oï ! Charries pas Tortilla ! du cul ! du cul ! »
Anthony (punk3) : « Ta gueule Lou ! Là, y’a un truc qui colle pas, c’est pas du pareil au même, mec, tu piges ? La tête de ma mère ! Si tu fermes pas ta grande bouche de puceau ! aussi vrai que j’ai les yeux bleus, je te massacre ! OK ? »
« Basta ! t’en pinces pour elle, on n’a pas de la merde aux yeux ! » Il tripote sa braguette.
Anthony détache le vieux : « Pardon Papy, c’est pas tous les jours qu’on capture un rupin alors tu nous excuseras… clochard ? Mendiant ? On t’a mal jaugé au premier coup d’œil… »
L’ambassadeur (en se frottant les poignets) : « Simple plaisanterie, je le prends comme tel. »
Ils s’en vont l’air mi-figue mi-raisin de gosses à qui on a pris leur goûter, mais qui s’en moquent.
Anthony a l’air très préoccupé.
Lou (le prenant amicalement par l’épaule) dit en javanais : « Vabroies pas du avnoir, elle s’ vasortavira toujours ! »
« OK ! mais valà, c’est béton ! Elleavavapeur ! (En javanais)