20, Audley St. - Luka Marteau-Kerivel - E-Book

20, Audley St. E-Book

Luka Marteau-Kerivel

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Beschreibung

En 1949, à Londres, Walter Dickens, détective privé, est recruté par une riche famille pour traquer un ancien soldat nazi. Armé des indices d’un informateur mystérieux, il s’engage dans une poursuite haletante à travers la ville et au-delà. Sa cible : « L’Organisation », un réseau clandestin dirigé par Hans Miller et ses acolytes. Ce roman noir vous plonge dans une aventure captivante, où les cicatrices du passé ressurgissent et où chaque personnage est entraîné dans une quête personnelle.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Luka Marteau-Kerivel publie son premier roman à 16 ans, marquant la fin d’une enfance tumultueuse. Féru de cinéma et de dessin, il se sert de "20, Audley St." pour partager ses émotions et ouvrir une fenêtre sur son propre parcours, alliant talent artistique et introspection.

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Luka Marteau-Kerivel

20, Audley St.

Roman

© Lys Bleu Éditions – Luka Marteau-Kerivel

ISBN : 979-10-422-4752-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon enseignante en français et histoire-géographie,

Mme Thiébaut.

À mon meilleur ami, Matt Engler,

passionné par l’Histoire et la Seconde Guerre.

À Doreen Flynn qui a traversé le monde.

Et puis finalement,

à tout le monde.

Il n’est qu’un bonheur sur la terre, celui d’aimer et d’être aimé.

Félix Arvers –

À mon ami, Mes heures perdues (1833)

Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons.

Sigmund Freud

Avant-propos

J’ai écrit ce livre en l’honneur d’un tas de choses, de la Grande-Bretagne, que j’affectionne tout particulièrement, c’est pour cela que la ville de Londres y est comme un personnage à part entière dans le récit, de la guerre, la 2de Guerre mondiale a été un évènement historique terrible et sans précédent. J’en parle dans ce roman, que je qualifierai de roman policier, en tant que simples souvenirs, quelques passages abordent ce sujet.

L’idée d’un détective m’a semblé évidente au moment où j’ai voulu imaginer une histoire se déroulant dans la capitale anglaise, du style de Sherlock Holmes et habillé de la façon dont on peut aisément s’interpréter Jack l’Éventreur. Ce livre parle d’une enquête qui durera le long de la trame, emplie de rebondissements, de moments tragiques et certains passages peuvent même faire sourire, c’est donc un livre à émotions, d’ailleurs un chapitre complet est réservé à mes pensées sur l’être humain et le monde actuel, tout du moins celui de 1949, celui de l’histoire principale.

Tout cela est fictif, mais j’ai fait mon possible pour que le tout reste réaliste. Je pense que cette histoire peut être captivante, des gens peuvent aimer les aventures du détective Dickens, d’autres non. En tout cas moi je les aime et c’est tout ce qui importe.

Ne perdez jamais cette notion en tête, si vous ne comprenez pas quelque chose alors c’est que vous ne deviez pas la comprendre. Parfois je peux vous éclairer, parfois je ne connais moi-même qu’un début de réponse. Parfois, ce que l’on crée est bien plus grand que nous.

Je vous remercie d’avoir lu cet avant-propos, en vous souhaitant une bonne lecture.

Luka Marteau-Kerivel

1

De la brume sur la capitale

Petit papa, voici la mi-carême, car te voici déguisé en soldat. Petit papa, dis-moi si c’est pour rire ou pour faire peur aux tout petits enfants ? (Ou pour faire peur aux tout petits enfants ?) Non, mon enfant, je pars pour la patrie, c’est un devoir où tous les papas s’en vont ; embrasse-moi, petite fille chérie, je rentrerai bien vite à la maison, je rentrerai bien vite à la maison. Dis-moi, maman, quelle est cette médaille et cette lettre qu’apporte le facteur ? Dis-moi maman, tu pleures et tu défailles. Ils ont tué petit père adoré ? (Ils ont tué petit père adoré ?) Oui, mon enfant, ils ont tué ton père, pleurons ensemble, car nous les haïssons, quelle guerre atroce qui fait pleurer les mères et tue les pères des petits anges blonds, et tue les pères des petits anges blonds. La neige tombe aux portes de la ville, là est assise une enfant de Strasbourg. Elle reste là, malgré le froid, la bise, elle reste là malgré le froid du jour, elle reste là malgré le froid du jour. Un homme passe, à la fillette donne. Elle reconnaît l’uniforme allemand. Elle refuse l’aumône qu’on lui donne, à l’ennemi elle dit bien clairement, à l’ennemi elle dit bien clairement :

Gardez votre or, je garde ma puissance, soldat prussien passez votre chemin. Moi je ne suis qu’une enfant de la France, à l’ennemi je ne tends pas la main, à l’ennemi je ne tends pas la main.

Tout en priant sous cette Cathédrale, ma mère est morte sous ce porche écroulé. Frappée à mort par l’une de vos balles, frappée à mort par l’un de vos boulets, frappée à mort par l’un de vos boulets. Mon père est mort sur vos champs de bataille, je n’ai pas vu l’ombre de son cercueil. Frappé à mort par l’une de vos balles, c’est la raison de ma robe de deuil, c’est la raison de ma robe de deuil. Vous avez eu l’Alsace et la Lorraine, vous avez eu des millions d’étrangers, vous avez eu Germanie et Bohème. Mais mon p’tit cœur, vous ne l’aurez jamais, mais mon p’tit cœur lui restera français !

La Strasbourgeoise

Une tonne d’applaudissements retentit aux quatre coins de la vaste place du Champ de Mars ; une place bien connue des Français, en particulier des Parisiens. Située au pied de l’imposante et aussi mystérieuse que gargantuesque Tour Eiffel, rayonnante de mille feux à travers la capitale en ce jour, ou plutôt début de soirée, du 14 juillet 1949.

L’armée remballait son équipement musical et s’apprêtait à repartir, tout comme le peuple qui s’éparpillait un peu partout dans le parc. Certains allaient vers les stands souvenirs de la tour Eiffel, sûrement des touristes, d’autres trouvaient un coin tranquille, posaient leurs appareils photo par terre et prenaient quelques clichés du paysage de Paris, et puis il y avait cet homme, de taille tout à fait banale, grand manteau plutôt beige, autant dire que cela faisait tache pour un mois d’été, avec son béret et sa pipe fumante, scrutant tout ce peuple, ceux des stands et ceux qui prenaient les photographies, une ville libre, bercée par le drapeau tricolore flottant à travers le champ de Mars en cette soirée.

Cet homme était Walter Dickens, outre sa similitude britannique et vestimentaire avec Sherlock Holmes, il était aussi là pour enquêter ; élémentaire, me trompai-je ? Il avait grandement apprécié les chants proposés par les militaires, mais il était surtout là pour retrouver un autre homme.

Les Parisiens ne le reconnaissaient certainement point, mais les Londoniens, eux, connaissaient la grande réputation du détective privé Dickens, Dickens & Cie, 20, Audley Street, dans la capitale anglaise. Le malheureux avait dû monter à bord d’un bateau, très tôt la veille, afin de retrouver ce fameux individu. Des années après la fin de la deuxième Grande Guerre de l’histoire, certains partisans du pouvoir hitlérien s’étaient cachés dans tout le globe. Or certaines familles aisées faisaient appel à des personnes comme M. Dickens pour venger un défunt proche, pris par la main nazie. Hans Von Miller était l’un d’eux.

Décoré trois fois pour ses services de bravoures au sein de l’armée boche, il avait été promu général, juste avant la chute de l’empire allemand, s’étant terré dans un village non loin de Paris depuis ce jour, d’après certaines sources, ces mêmes sources qui affirmaient qu’il serait présent lors de la cérémonie de la fête nationale ici même, puis qu’il se rendrait ensuite en voiture jusqu’au Café de Flore1.

Walter était armé de sa photo pour le repérer, il avait un don pour mémoriser et différencier les visages des gens, une aptitude rare de nos jours. D’un coup, le peuple se rassembla à nouveau ; tantôt les gens aux stands ; tantôt les gens qui prenaient des photographies, même ceux qui essayaient de prendre l’ascenseur pour monter au sommet de la tour, qu’est-ce qu’ils espèrent, il est 22 h 30 ? Unis en un seul bloc noir de monde, les têtes levées en l’air au premier coup lancé ; le feu d’artifice commençait, les premières couleurs et les premiers pétards au loin émerveillaient les petits, fascinaient les parents. La victoire et la gloire d’une ville et d’un pays luisaient dans leurs yeux, c’était un jour de célébration, un jour de fête. Les éclats qui illuminaient le ciel de Paris et sa grande tour symbolique marquaient la fête nationale en ce 14 Juillet.

La fumée rouge écarlate qui retombait sur la foule mettait en lumière certains visages oubliés dans la pénombre, dont celui de Hans Von Miller.

Avançant discrètement dans la populace, s’aidant de ses bras tels des pagaies, le détective Dickens l’avait repéré, l’Allemand quittait le parc, sifflant un taxi au loin. Walter était désormais lui aussi hors du parc et se hâta de monter dans le premier taxi qui passait par là.

« Walter Dickens, agent spécial au service de sa Majesté et de la Couronne, je vous ordonne de suivre la voiture devant vous. », dit-il dans un calme déconcertant.

Le chauffeur avança alors, sans même une réponse, en guise d’obéissance. Évidemment le petit cabinet de M. Dickens ne travaillait pas du tout pour les services secrets du MI6, mais qu’est-ce que ce pauvre espagnol émigré ayant trouvé un emploi au sein de la capitale française allait en savoir, c’était déjà une chance qu’il ait compris ce cher détective privé, Walter connaît les bases du français, mais s’il y avait une formation sur l’espagnol, alors il l’avait ratée. Il profitait de la course pour observer la ville ; « la ville lumière » était tout à son honneur avec les beaux réverbères qui éclairaient les petites allées de pierre, les arbres verdoyants qui décoraient les principales avenues de la métropole, les rats qui longeaient les bordures du trottoir et les bouches d’égout, ainsi que les pigeons qui roucoulaient sur les toits.

Charmant, pensa-t-il. L’espagnol s’arrêta devant le Café de Flore, comme prévu, Hans s’y était rendu, ne sachant qu’il allait se faire arrêter ce soir. Dickens sauta à pieds joints de l’automobile, franchissant la double porte du café parisien.

Senhor, tem que pagar !

Finalement il était portugais. L’Allemand avait passé commande au bar central puis s’était installé sur l’un des divans en velours bordeaux qui constituaient les places assises. L’intérieur était tout au charme extérieur de l’endroit, l’or qui ornait le plafond, ses voûtes majestueuses et ses piliers qui les maintenaient, et vous n’avez pas encore vu la tenue des garçons qui circulaient un peu partout, plateau en main. Le détective fit de même et vint s’installer à une table tout aussi confortable, sortant son élément ultime de sa poche, le fameux journal qui permettait de rester discret pour observer autrui, bien que ce soit plus louche qu’autre chose.

Chez les personnes comme M. Dickens, l’espionnage était tout un art. Un vieil art. Un des garçons s’approcha de lui et demanda s’il désirait consommer quelque chose, il pointa du doigt « Grand verre d’eau » sur la carte en guise de réponse.

« Bien Monsieur », formula le serveur avant de faire demi-tour.

Hans, lui aussi, avait passé commande auprès d’un des garçons du café, tendant une pièce à ce dernier comme pourboire. Qu’avait-il donc dans la tête ? Nous donnons la monnaie que quand le service est réussi, amateur…

Ce dernier n’avait toujours pas remarqué notre cher détective, ce qui allait grandement faciliter les choses. Walter avait mené bien des investigations, il se souvenait de cette fois où il enquêtait sur un voleur de bijoux dans son quartier de Londres, le malheureux l’avait repéré en moins de deux, et avait filé à l’anglaise jusqu’à Trafalgar Square où il avait interpellé un officier de la loi là-bas ; finalement c’est M. Dickens qui s’était fait arrêter ce jour-là, incroyable non ? Walter est revenu ensuite à son bureau et a organisé une gigantesque traque, puis il a en fin de compte arrêté le dérobeur, non loin du marché de Camden.

Trêve de bavardage, il avait reçu son grand verre d’eau plate et Hans sa commande également, ce qui semblait de loin être une sorte de bœuf bourguignon. Les Français avec leur cuisine !

L’atmosphère du café était vraisemblablement agréable, bien que la tension régnât du côté du détective. Son grand verre d’eau était sans glaçons, il aperçut au loin un grand bac en argent, arborant des cubes de glace pillée. Il se leva et alla s’en procurer quelques-uns ; ce qui tombait fort bien, il s’était rapproché de sa cible. Du coin de l’œil, il le guettait, remplissant son verre avec une petite cuillère, il avait fini, enfin lui avait fini, son assiette aurait laissé prouver le contraire, un fin gourmet, pensa-t-il. Quelqu’un qui ne finit jamais ses assiettes jusqu’à la dernière goutte de sauce. Il se réessuya le contour de la bouche avec la serviette qu’il avait à disposition, puis paya le garçon qui l’avait servi, pris la double porte et attendit de nouveau un taxi dans la rue. L’inspecteur fit de même, puis sortit à son tour, tenant tout de même ses distances.

Attendant dans un coin sombre, il ralluma sa pipe de bois, la fumée qui s’en dégageait vint se mêler avec la brume qui tapissait les rues de la capitale, faiblement éclairées par les lampadaires de la rue Saint-Germain. Une voiture arborant la pancarte TAXI vint se garer près de l’Allemand.

À l’intérieur, un autre homme parlant la langue germanique, ce n’était sûrement pas une coïncidence, pensait Dickens. Il se dirigea vers un véhicule garé juste à l’arrière du « taxi », sortit de sa poche un petit bidule en métal, donna quelques à-coups avec l’engin sur la serrure, ce qui ouvrit la porte, il fit de même pour démarrer l’automobile et suivit lentement la voiture qui transportait Hans ; toujours sa pipe en bouche.

L’épais brouillard de Paris lors de la nuit l’empêchait de voir correctement les ruelles dans lesquelles il s’enfonçait, bien qu’il pût deviner que ce n’étaient point des quartiers chics, rien qu’à l’odeur qui se dégageait des poubelles environnantes, des gens qui faisaient déféquer leur chien sur le trottoir sans ramasser et des bouteilles d’alcool que trinquaient de jeunes voyous. Peu de temps après, la voiture devant s’arrêta net sous un porche mal éclairé, gardé par un homme qui semblait aussi être d’origine étrangère, peut-être espagnole ou mexicaine, cela n’avait guère d’importance de toute manière. Le détective prit soin d’éteindre ses phares avant et sortit du véhicule discrètement, éteignant aussitôt sa pipe. Il s’approcha mine de rien de l’entrée sous le porche, mais fut vivement recalé par le garde étranger.

« Vous Señor ! N’approchez pas ! »

Il obéit et avança plus loin, il se retourna pour faire face au dos de ce dernier, glissa une petite seringue hors de sa poche ; un liquide transparent y transitait. Avançant pas à pas vers le garde, il planta la seringue sur sa nuque et injecta le produit. Le vigile se retourna rapidement, se frottant et se grattant de partout avant de s’effondrer sur le sol en pavé de pierre.

Walter poussa la porte et se retrouva dans un petit accueil miteux. Il y avait un tableau, comme un registre, où le nom de toutes les personnes logeant dans ce qui semblait être un hôtel était noté.

Miller, Hansel.

Locataire numéro 0123.

Chambre 07.

Rez-de-chaussée.

Un couloir au loin constituait les chambres du rez-de-chaussée, le détective chercha furtivement le numéro 07, sortant d’une autre poche de son grand manteau beige, un revolver qu’il arma, puis toqua. Aucune réponse, aucun bruit à l’intérieur. Il regarda à gauche et à droite, il n’y avait personne, il força la serrure à l’aide de son petit gadget de tout à l’heure et la porte 07 s’ouvrit lentement, l’intérieur de la chambre était tout aussi miteux que l’extérieur. Une lettre était posée sur le vieux lit :

Lieber Herr Dickens,

Ich weiß, dass Sie mir von der Place de la Concorde und dem Champs de Mars ausfolgen, meine Organisation ist Ihnen zu hoch, versuchen sie nicht, mich zu finden.

Heureusement qu’il était plus doué en allemand qu’en espagnol ou autre langue hispanophone, il avait difficilement compris la majeure partie de la lettre, en tout cas il en savait assez pour savoir qu’il avait été berné. La fenêtre de la chambre grande ouverte, donnant sur une grande avenue. Walter fit demi-tour, jetant un dernier coup d’œil au garde étalé par terre.

« Tu vas te réveiller bientôt… enfin, je crois ! »

Il laissa le véhicule d’emprunt (disons cela) sur le côté d’une ruelle peu visitée de Paris et commanda un taxi pour repartir à son hôtel. Heureusement que sa paye lui permettait d’en prendre un ; un soupçon plus haut de gamme. C’était comme un logement de fonction, sauf qu’il n’avait désormais plus aucune piste. En rentrant, il prit une feuille de papier et un crayon.

À la famille Brown,

Je suis désolé de vous informer que j’ai perdu le contact avec l’Allemand que vous recherchez, je sais quelles peine et misère il a causées au sein de votre famille, comptez sur moi pour vous écrire à nouveau si j’obtiens de nouvelles pistes à son propos.

Sincèrement dévoué pour vous servir,

Walter Dickens,

Dickens Agency & Co.

20, Audley St.

Londres, Royaume-Uni.

Déposant ses effets personnels sur la table de chevet, il éteignit la lumière et s’endormit, aussi difficile que cela puisse être.

Le lendemain, à 8 h 57, l’inspecteur dans une cabine téléphonique

« London Speaker, ici Walter Dickens. »

« Walter, ici London Speaker, j’ai des informations à vous donner, la cible a quitté Paris et s’approche désormais de Londres, je vous donnerai bientôt une adresse. Terminé. »

Walter raccrocha le combiné et sortit de la cabine, laissant la place à la vieille dame qui le foudroyait du regard parce qu’elle avait un appel urgent.

Retournant à l’hôtel, un membre du personnel lui transmit une lettre, venant du mystérieux indicateur, évoquant plusieurs lieux de Londres où l’allemand pourrait rôder, ainsi qu’un billet de transport, direction la capitale britannique. Retour à la maison comme disent les Français, Home Sweet Home comme disent les anglo-saxons.

2

Tea Party

Dickens était de retour dans sa très chère ville, à son bureau du 20, Audley St., il piétinait, faisait les cent pas dans le petit sous-sol, en face d’un gigantesque tableau, ou plutôt dirais-je un plan, de toutes les allées et venues de Miller, il avait inscrit à l’aide d’un feutre rouge sa trajectoire passée et celle qu’il comptait suivre.

Paris – Londres, Trafalgar Square2, Abbaye de Westminster

C’était les deux emplacements que le détective avait choisis de surveiller, car bien évidemment la tour de Londres et le palais de Buckingham semblaient peu probables comme planque pour la cible.

À cet instant, le détective ressemblait aux clichés des inspecteurs privés de l’époque, bureau encombré, fiches accrochées partout au mur, un verre de bourbon assez ancien, mais ne portant pas de valeur sur la table, la bouteille ouverte juste à côté et le journal, plié de façon à ce qu’il n’y ait que la une de visible, qui indiquait :

Prime Minister Winston Churchill met King George VI !

Réfléchissant à comment il allait pouvoir ne pas se faire repérer cette fois-ci, il fut interrompu par sa secrétaire, Daisy Markland, au sujet d’un nouveau client. Misère, il dut passer le reste de la matinée à devoir convaincre cette pauvre Madame Garcia qu’il ne retrouvait pas les chats perdus dans la rue, bien sûr la police l’avait mise dehors, alors elle avait été demandée à son cabinet.

Alors que le déjeuner approchait, il décida de partir au parc de Trafalgar, acheter à manger. Il s’était convaincu que ce serait l’Allemand qui pointerait le bout de son nez tout seul. Il monta dans son véhicule, pas volé heureusement, puis prit la route vers le parc, appréciant grandement son volant placé à droite, les Français étaient bien gentils avec leurs belles voitures, mais le volant à gauche ; quelle horreur à conduire !

Walter avait beaucoup apprécié son voyage à Paris, mais il était très enchanté de retrouver sa bonne vieille métropole, admirant les petits détails qu’il ne remarquait point d’habitude. Comme cette plaque typique de la ville « Underground », ce pub de style irlandais, cette petite boutique de souvenirs qui vendait des gadgets, il l’avait passée rapidement, mais il était sûr d’avoir aperçu une statue de taille moyenne de la tour de Big Ben, eh oui la tour ! Les touristes se mélangent souvent, en réalité « Big Ben » n’est que le surnom du clocher et de la cloche, la structure fait partie du palais de Westminster. Enfin bref, la colonne de Nelson venait de sortir des chênes de la ville, il était arrivé.

La place était relativement vide en ce début d’après-midi, juste quelques civils qui discutaient çà et là à travers les différents cafés. M. Dickens se dirigea vers un restaurant artisanal de petite taille, tenu par un couple, on ne peut plus aimable, de vrais gens charmants. Le détective avait commandé sur place une assiette de petits légumes, avec comme dessert un bol de gelée typiquement anglaise et du pudding flambé. Ce couple très aimable lui offrit même une étagère d’assiettes sur laquelle était disposée des petits sandwichs sans croûtes, garnis avec de l’avocat, de la tomate et de la crème, et pour couronner le tout, une tasse de thé Earl Grey, servi avec des boudoirs et autres gâteaux sablés, le meilleur de Londres, la crème de la crème comme disent les Français. Son informateur n’avait pas donné d’horaires précis, il fallait désormais attendre, la phase la plus ennuyante, mais régulière dans le domaine de l’enquête.

Walter profita de cette occasion pour admirer sa belle et charmante ville, les gens défilant à travers la grande place, les oiseaux qui volaient au-dessus d’eux, un paysage naturel, ponctué par les arbres verdoyants de la capitale, laissant tout de même apparaître en fond, la Tour de l’Horloge ou plus communément appelée la tour Elizabeth ou « Big Ben. » Cela faisait des milliers d’années qu’elle était là, régnant sur la ville et sur le pays fièrement dressé, ancien symbole de la royauté, actuelle image du Parlement britannique, cette tour représente le pouvoir et la grande puissance qu’était l’Angleterre jadis.

Tout en observant cette foule noire de monde, il déposa l’argent sur un petit plateau en plastique, sur la table, qu’il devait pour le repas. Il préférait toujours régler ses comptes avant d’en profiter, c’était un homme sage, il le fallait pour exercer sa profession, on ne distribue pas un Colt 38 noir et marron de chêne à n’importe qui. La jeune femme vint rechercher le plateau.

« Merci, je vous souhaite un bon appétit ! »

« Ne vous en faites pas madame, un appétit j’en aurai un bon avec tous ces desserts qui semblent succulents ! »

« Et bien si vous voulez goûtez un peu plus de Londres, restez ici jusqu’à l’après-midi, nous organisons une grande tea party ! »

« Une tea party, vraiment ? Eh bien je suis du coin madame, mais l’idée est tentante ! »

Peut-être l’Allemand allait se trouver à cette réception. Il resta donc déjeuner tranquillement, profitant du calme et de l’air frais à la terrasse du restaurant.

À Trafalgar Square, 14 h 30

Le petit restaurant coquet d’il y a quelques heures s’était transformé en vraie bousculade, des gens venaient de partout, s’installer sur les bancs qui avaient été placés là avec les grandes tables, recouvertes d’une belle nappe mauve et rose pâle.

Alors que le couple y déposait le festin préparé au préalable, thé, petits sablés, scones anglais, pudding, des tartes et autres fantaisies sucrées. Notre inspecteur visualisait du regard chaque personne, s’il y a une chose qu’il avait remarquée, c’était qu’Hans aimait se trouver parmi une foule, s’il était à Trafalgar Square, alors il serait forcément ici. Dickens s’installa à son tour à la table, tous les mets proposés le tenteraient bien, mais il était évidemment rassasié de son dernier repas. Et puis il n’aimait guère les évènements de liesse populaire, malgré le fait que tout ici sentait le patriotisme des Anglais envers le Royaume-Uni, des « Union Jack Flag3 » ayant été déposés aux quatre coins de la terrasse. Pour l’instant, aucun signe de Miller, bien qu’en réalité, tout du moins d’après la lettre qu’il a laissée à Walter, il ferait partie d’une organisation, alors il faut se méfier de tout le monde.