Ajaccio, 27 juin 1980 - Georges Ruiz - E-Book

Ajaccio, 27 juin 1980 E-Book

Georges Ruiz

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Beschreibung

Vincent et Caroline, deux jeunes diplômés, découvrent la Corse à la faveur d’un séjour offert par leurs proches. Leur périple prend une tournure dramatique lors d’une soirée d’été entre Cargèse et Sagone, lorsque, témoins malgré eux d’une violente confrontation impliquant Dumé Mattei, le redoutable parrain de la mafia corse, ils se retrouvent plongés au cœur d’une machination dangereuse. Entre révélations sur les sombres agissements de la mafia et dangers constants, Vincent et Caroline parviendront-ils à déjouer les pièges de cet univers impitoyable pour retrouver leur liberté ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Georges Ruiz, fraîchement retraité, a d’abord écrit un roman jeunesse intitulé Hyppolite, sur les conseils de sa femme, et l’a auto-édité. Il a ensuite ressenti le désir de poursuivre l’écriture en se lançant dans un roman à suspense, un roman initiatique et un album jeunesse.

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Couverture

Page de titre

Georges Ruiz

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ajaccio, 27 juin 1980

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Georges Ruiz

ISBN : 979-10-422-4600-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Ajaccio, 27 juin 1980

 

 

 

 

 

Samedi, 14 juin 1980

 

Vincent Lépine, sorti major de sa promotion pour le concours d’avocat, a décidé de faire une surprise à la personne qui accompagne sa vie depuis maintenant 2 ans, Caroline Adon qui, elle-même, vient de réussir brillamment son concours d’infirmière.

 

Il l’attend, dans l’appartement qu’ils occupent dans le centre-ville de Nantes.

 

C’est une journée plutôt agréable et il entend, par la fenêtre ouverte, l’animation dans les rues, il sait d’avance qu’ils vont passer ensemble une agréable soirée.

 

Vincent a 26 ans, fils de Roger et de Nathalie, avec qui il entretient de très bons rapports.

 

Sa voie est toute tracée : en effet son père, avocat, tient un cabinet dans le centre-ville et il le sait, il a déjà sa place avec un bureau rien que pour lui.

 

Roger, spécialisé dans le pénal, a plaidé pour bon nombre de grandes affaires et est bien connu dans le cercle des avocats.

 

Sa mère enseigne l’italien dans un collège public depuis plus de 30 ans, et fait parallèlement des recherches sur l’histoire de son pays : la Sicile.

 

Sa grand-mère maternelle, Maria Vendovetto, est aussi très présente et il va souvent la voir, pratiquement tous les deux jours. Ensemble, ils parlent de tout et surtout de l’enfance qu’elle a passée en Sicile et de tout son passé. Vincent est toujours très à l’écoute et est fier de faire partie de cette famille ; il parle souvent autour de lui de sa grand-mère avec grandeur et respect.

 

Caroline, même âge que Vincent, a aussi de très bon rapport avec Maria. Elle aussi va souvent la voir et passe de longs moments avec elle pour aborder plein de sujets qui les réunissent. Maria lui parle très souvent de ses parents et surtout de son père avec qui elle avait une relation très forte et qui, malheureusement, est parti bien trop tôt.

 

Caroline n’a pas eu une enfance très facile. Née sous X, elle a été dans un premier temps à l’assistance publique, puis intégrée dans plusieurs familles d’accueil où tout ne s’est pas passé comme il le faudrait.

 

Abusée sexuellement par un père adoptif, il lui a fallu toute sa force d’adolescente pour dénoncer ces actes odieux et faire condamner cet homme qu’elle prénomme « le Démon. »

 

Très forte de caractère, elle a forcé le destin qui se présentait à elle, pour suivre des études qui l’ont projetée là où elle est actuellement, et en est très fière.

 

Ces études lui ont aussi permis de faire des recherches concernant sa mère biologique. En effet ayant accès à des dossiers de naissance sous X, alors que c’est interdit par la loi, elle a réussi à y mettre un nom sur cette mère qu’elle n’a jamais connue et qui l’a abandonnée. Sylvette Rocher, c’est son nom, mais elle n’en saura pas plus, pour une simple et bonne raison c’est qu’elle sait qu’elle ne la retrouvera jamais. Elle s’est faite à cette situation et, c’est pourquoi aujourd’hui, elle n’a qu’une seule famille, c’est celle de Vincent.

 

Installé dans son salon en pleine lecture, il entend la porte de l’appartement s’ouvrir et aperçoit la silhouette de Caroline :

 

« C’est moi, dit-elle le sourire aux lèvres. »

 

« Ne retire pas tes chaussures, je t’attendais, je t’emmène au resto, pour arroser nos résultats. »

 

Caroline, ravie, ne se fait pas prier longtemps et pose sans tarder sa main sur la poignée de la porte afin de l’ouvrir :

 

« Tu m’emmènes où ? »

 

« C’est une surprise, je ne peux pas t’en dire plus pour le moment. »

 

Beaucoup de personnes marchent dans les rues, les Nantais ont l’esprit en fête et profitent pleinement de la douceur de vivre de cette ville.

 

Après vingt minutes de marche, ils se retrouvent près du château des ducs devant un restaurant italien bien connu des fines bouches.

 

« C’est ma mère qui me l’a conseillé, en ajoutant que l’on ne serait pas déçu… Et d’ailleurs, j’ai bien fait de réserver, car le restaurant est plein. »

 

À peine installée dans le fond de la salle à la table n° 12, Caroline, le sourire aux lèvres remercie Vincent en se penchant vers lui et en l’embrassant amoureusement sur la bouche.

 

« Attends, dit-il, ce n’est pas fini, il y a encore une autre surprise, mais d’abord choisis sur la carte ce qui te fais plaisir. »

 

Caroline s’empresse de lire les menus afin d’avoir le plus vite possible connaissance de la surprise.

 

« Pour moi ce sera Osso-buco à la milanaise et pour le dessert, je verrai après. »

 

« Tu ne prends pas un apéro ? » lui demande Vincent.

 

« Si bien sûr, je vais prendre un martini blanc et toi ? »

 

« Un amaro montenegro, en apéritif, c’est normalement un digestif, mais on n’en trouve pas beaucoup en France et il n’y a qu’ici que l’on peut en boire. Et en plat je vais prendre… Un muffuletta. »

 

« Un quoi ? » s’interroge Caroline.

 

« Muffuletta, c’est un sandwich sicilien au salami, mortadelle et provolone. »

 

« Tu me dis pour la surprise », s’impatiente Caroline.

 

« Au dessert, je te promets. »

 

Le serveur arrive et prend les commandes en demandant ce qu’ils souhaitaient boire comme vin.

 

Vincent regarde la carte des vins et tout en regardant le serveur lui commande « une bouteille de Pinot Grigio. »

 

« Très bon choix, Monsieur, c’est un des meilleurs vins blancs italiens. »

 

« Je ne savais pas que tu connaissais aussi bien la nourriture et les vins italiens », s’interroge Caroline.

 

« C’est grâce à ma grand-mère, elle adore son ventre. »

 

Une fois le repas pris, le serveur tout en leur demandant, si tout allait bien, leur propose la carte des desserts.

 

« Je t’écoute, conseille-moi pour un dessert, puisque tu connais bien les plats italiens. »

 

« D’accord » lui répond Vincent. » Comme je sais que tu es gourmande, je te propose le Zuccoto, c’est une génoise, de la chantilly et une ganache chocolat, avec ça tu vas te régaler. »

 

« Merci d’avance, j’ai vraiment hâte de le goûter et toi ? »

 

« Un Panna Cotta à la vanille, ma grand-mère c’est très bien la faire et je veux comparer. »

 

Caroline sachant qu’à la fin du dessert, elle connaîtra la surprise, s’empresse d’engloutir son Zuccoto tout en l’appréciant goulûment. Ce qui d’ailleurs fait bien rire Vincent.

 

« Ça y est j’ai fini », s’exclame Caroline.

 

« Oui, je vois cela, mais moi pas encore, donc tu attends encore un peu. »

 

« Tu exagères quand même, on dirait que tu y prends plaisir. »

 

« Oui c’est vrai, c’est un peu ça, j’aime bien te faire languir un peu. »

 

« Méchant ! »

 

« Allez, c’est bon ! » sourit-il en sortant de sa poche intérieure de veste une enveloppe qu’il tend à Caroline.

 

« Tiens, tu l’as bien méritée et moi avec ! »

 

Caroline s’empresse de prendre l’enveloppe et de l’ouvrir, très rapidement. À l’intérieur elle y découvre 2 billets d’avion pour la Corse ainsi qu’un séjour d’une semaine dans un des plus beaux hôtels de la baie d’Ajaccio.

 

« Ouah, c’est trop bien, quelle énorme surprise. Depuis le temps que je voulais m’y rendre, c’est trop bien. Mais comment as-tu fait pour financer tout ça ? »

 

« C’est ma grand-mère qui nous offre le séjour et mes parents qui nous paient l’avion. »

 

« Trop cool, je suis trop contente, j’ai hâte. D’ailleurs je n’ai même pas regardé la date du départ. »

 

« Tu as une semaine pour patienter. »

 

« Vivement, vivement » ; tout en disant cela, elle se lève de sa chaise pour se rapprocher de Vincent et s’asseoir juste à côté de lui.

 

Elle prend son visage entre ses deux mains et l’embrasse langoureusement tout en lui caressant les cheveux.

Le restaurant est presque vide et il ne reste que deux à trois clients en pleine discussion qui ne les remarquent même plus.

Cette nouvelle l’a tout émoustillée et elle sent l’envie de faire l’amour de plus en plus en forte.

 

Tout en continuant d’embrasser Vincent, elle pose sa main sur sa cuisse et commence à la caresser de bas en haut pour arriver jusqu’à son sexe.

 

« Qu’est-ce que tu fais, pas ici, on pourrait nous voir ? » lui murmure Vincent tout en lui tenant sa main.

 

« J’ai trop envie et ça m’excite de faire ça ici », lui répond-elle tout en continuant de le caresser.

 

Vincent, ne lui retenant plus sa main, surveille d’un œil si personne ne les voit.

 

La main de Caroline est maintenant sur son sexe et elle sent qu’il n’est en rien insensible à ses caresses… bien au contraire. Elle lui ouvre sa braguette et défait le bouton de son pantalon afin de pouvoir y glisser sa main et prendre dans celle-ci le sexe bien dur de Vincent.

 

Tout en le masturbant, elle passe son autre main dans sa petite culotte et caresse son sexe tout mouillé.

 

L’excitation est de plus en plus forte. L’un et l’autre n’en peuvent plus d’attendre leur retour à l’appartement et décident tous les deux de se lever et de se diriger vers les toilettes.

 

Par chance ceux-ci sont vides, et très vite ils s’engouffrent dans l’un d’eux, afin de répondre à leurs pulsions.

Pas le temps de se déshabiller. Vincent soulève devant lui Caroline par les jambes et la pénètre.

Le plaisir est intense et tout en se retenant de ne pas crier, les deux se mettent à jouir d’une vive émotion, jamais ressentie jusqu’à maintenant.

 

« Ouah c’était trop bon et j’en avais tellement envie qu’il m’était impossible d’attendre plus longtemps et tant pis si quelqu’un à remarquer quelque chose », soupire Caroline.

 

« Pareil pour moi et en plus j’adore quand tu prends des initiatives de la sorte, je ne te connaissais pas sous cet aspect-là, mais j’ai beaucoup apprécié, c’est quand tu veux. »

 

De retour dans la salle de restaurant, celle-ci est maintenant vide et il ne reste plus que le serveur qui les regarde à peine, mais qui d’un sourire malicieux, leur fait comprendre qu’il a tout compris.

 

Sortant main dans la main du restaurant, ils décident de profiter pour se promener dans les rues piétonnes afin de prendre encore en peu plus de bon temps.

 

Au détour d’une rue et arrivant place Royale, ils rencontrent, assis par terre et accompagné de son fidèle chien surnommé « sac à puces », un personnage bien connu des nantais et qui vit dans la rue « Ulysse ».

 

Ils décident de prendre du temps avec lui en demandant s’ils peuvent rester un peu.

 

Sans hésiter un seul instant celui-ci leur répond par un oui très franc et engage immédiatement une discussion avec eux en commençant par évoquer son passé.

 

Né au cœur de Nantes, d’un père clerc de notaire et d’une mère avocate, Alain Louis François fut enfant de chœur à la cathédrale.

Après de brillantes études au lycée Henry-IV à Paris, il fut jusqu’à 35 ans un parfait jeune cadre dynamique.

Professeur de philosophie, dirigeant de sociétés privées jusqu’au jour après son divorce où tout bascula et depuis il ne vit que dans la rue, « clochard » comme l’on disait autrefois.

 

Les deux jeunes amoureux l’écoutent avec beaucoup d’intérêt sur son passé et sur ses différents écrits à la craie, suivant son humeur sur le sol : poèmes, citations, pamphlets.

 

En le quittant, ils le remercient de s’être naturellement confié à eux et le quittent d’une poignée de main franche.

 

En continuant de déambuler dans les rues, Caroline s’arrête un instant et regarde fixement dans les yeux Vincent en lui demandant de lui promettre qu’il ne deviendrait jamais un homme de la rue.

 

Celui s’empresse de lui répondre : « Tant que l’on s’aimera, il ne pourra rien nous arriver. »

 

Postés devant l’entrée de leur immeuble et ayant bien profité de leur soirée, ils montent les marches qui les amènent à leur appartement.

 

Après avoir passé une nuit douce, calme et reposante, ils prennent ensemble un petit déjeuner, tout en se remémorant leur soirée passée et tout particulièrement cette énorme surprise du voyage en Corse et de leurs ébats sexuels dans le restaurant.

 

« Tu comptes faire quoi aujourd’hui ? » lui demande Caroline.

 

« J’avais envie d’aller voir Julien, ça fait longtemps que l’on ne s’est pas vu, et toi, tu as quoi de prévu ? »

 

« J’ai promis de passer voir ta grand-mère et de rester manger avec elle. »

 

« Très bonne idée, tu lui feras un gros bisou de ma part. »

 

Tout en se préparant mutuellement, ils écoutent à la radio, les dernières informations du jour et sont interpellés par une information qui les fait réagir.

 

« Attentat en Corse du sud, la gendarmerie de Bonifacio a été victime cette nuit d’une charge explosive, plus d’informations dans le prochain journal. »

 

Caroline, inquiète, se rapproche immédiatement de Vincent et lui lance :

 

« T’es sûr qu’on ne risque rien en allant là-bas ? »

 

« Sûr ! on ne l’est jamais, maintenant tu sais c’est surtout les lieux représentants l’état français et les habitations qui détruisent le littoral qui sont visés. Par contre, je suis sûr d’une chose, c’est que les Bretons et les Basques ont une bonne réputation en Corse. »

 

« Ça me soulage de t’entendre dire cela même si ça m’angoisse un peu, mais j’en ai tellement envie que je vais passer outre ce genre de risques et en même temps, j’ai beaucoup de mal à comprendre tous ces attentats et règlements de compte. »

 

Bientôt midi et Caroline adresse un dernier au revoir à Vincent en lui souhaitant une bonne après-midi.

 

Celle-ci utilise les bus pour se rendre chez Maria qui habite un petit pavillon, rue de la Marrière au numéro 10. Elle rentre sans frapper et s’engouffre dans la maison où elle retrouve Maria, bien installée dans son fauteuil en train de regarder des albums photos de son enfance.

 

« Je t’attendais et je savais que c’était toi à ta façon d’ouvrir la porte et de marcher. Buon giorno Caroline, comment vas-tu ma petite ? »

 

« Très bien, on a passé hier soir, avec Vincent qui vous fait de gros bisous, une très belle soirée et je tenais à vous remercier du séjour que vous nous avez offert pour la Corse, j’en rêvais. »

 

« Je savais que ça allait te plaire et je voulais justement te montrer des photos de mon enfance avec mes parents en Sicile et en Corse et te parler d’une chose très importante à mes yeux, mais avant, tu sais que je mange à heure régulière et je te propose de passer à table. »

 

Caroline aide Maria à se lever en la prenant par le bras pour se rendre dans la cuisine et s’installer afin de déjeuner.

 

***

 

Pendant ce temps, Vincent, qui lui aussi utilise les transports en commun, est arrivé chez Julien qui habite dans un HLM dans le quartier de la Bottière.

 

Les deux jeunes hommes ne s’étaient pas revus depuis un bon moment et les retrouvailles ont été chaleureuses. Ils se connaissent depuis leur toute jeune enfance, depuis le primaire en passant par le collège et lycée pour ensuite avoir un parcours différent.

 

En effet si Vincent est parti faire des études de droit, quant à Julien son parcours est plus atypique puisque, étant très doué en biologie et ayant ensuite fait une formation sur l’environnement et amoureux des oiseaux et des plantes, il est devenu ornithologue pour un laboratoire public et se déplace souvent dans les différentes régions de France.

 

« Alors que deviens-tu ? » lui demande Vincent.

 

« Tu sais que j’ai réussi mon concours d’avocat ? »

 

« Oui je l’ai appris par ta sœur que j’ai rencontrée par hasard en soirée, toutes mes félicitations. »

 

« Merci, et toi alors toujours amoureux des oiseaux et des plantes ? »

 

« Plus que jamais et tu sais il y a une telle diversité qu’il est impossible de s’ennuyer. Tu commences quand du coup ? »

 

« Pas avant septembre, on compte prendre du bon temps avec Caroline et la semaine prochaine, on part pour un séjour d’une semaine en Corse. »

 

« Non ! moi aussi je dois m’y rendre, mais pour le mois de septembre afin d’étudier deux espèces d’oiseaux, le balbuzard pêcheur appelé aussi l’alpana et le goéland d’audouin. »

 

Vincent, à l’écoute de son camarade, se met à rire et lui dit :

 

« Tu ne changeras jamais, dès que je te parle d’un endroit ton seul repaire c’est le nom des oiseaux que personne ne connaît. »

 

Julien lui rend un sourire en lui répondant : « On me le dit souvent, mais ce n’est pas faux, je suis tellement absorbé par mon travail que parfois j’en oublie le reste, sûrement à tort. »

 

« T’inquiète ! pas les gens te connaissent et t’apprécient comme tu es, ne change surtout pas. »

 

Les deux jeunes hommes continuent leur discussion tout en se restaurant avec des sandwiches achetés à la boulangerie du coin. Julien ne savait pas que Vincent lui rendrait visite et c’est pourquoi il n’a rien prévu pour manger.

 

De toute façon, c’est très souvent qu’il saute un repas d’où son apparence presque squelettique.

 

***

 

Il est maintenant temps pour Caroline et Maria de se séparer après avoir passé une bonne partie de la journée, puisqu’il est déjà 18 h.

 

Caroline a de nouveau appris énormément de choses sur Maria. Des choses qui l’ont fait rire, mais aussi bouleversée, tant la vie de Maria a été intense.

 

Après une longue embrassade, Caroline s’éloigne de la maison sous le regard de Maria qui la suit des yeux jusqu’à ne plus la voir.

 

Les deux femmes se sont promis de se revoir très rapidement, de toute façon Caroline en a très envie.

 

Dans le bus qui la ramène, elle ne cesse de se remémorer tout ce qu’a pu lui dire Maria et tous ses secrets enfouis en elle, qu’elle a bien voulu lui confier.

Quelle femme formidable se dit elle et quel caractère !

 

Une fois rentrée seule dans son appartement, elle se dit qu’elle a beaucoup de chance d’avoir rencontré Vincent et sa famille et qu’il est temps qu’elle se prépare pour aller dîner chez eux.

 

Elle file droit dans la salle de bain, afin de prendre une douche, car avec la chaleur qui régnait dehors, elle a eu très chaud.

 

À peine fut-elle déshabillée, que Vincent annonça son entrée.

 

« C’est moi, Caroline, tu es où ? »

 

« Dans la salle de bain, je prends une douche. »

 

« Très bonne idée, je peux venir ? »

 

« Oui si tu veux, mais tu sais que la douche est petite et qu’on ne peut pas en prendre une tous les deux en même temps. »

 

« C’était pas mon intention, c’est juste pour te parler de ma journée. »

 

« D’accord, alors viens. »

 

À peine, avait-elle fini sa phrase, que Vincent était déjà dans la salle de bain, nu et posté devant elle.

 

Lorsqu’elle le voit, elle se met à rire et l’invite à la rejoindre.

 

« J’en étais sûre que tu ne venais pas uniquement pour me parler de ta journée, je savais que tu avais une petite idée derrière la tête… Mais cela me convient bien. »

 

Tout en lui disant ces mots, elle le prend par la main et le serre contre elle.

 

« J’ai moi aussi très envie de toi, et là aussi ce sera une première, faire l’amour sous la douche. »

 

Leurs ébats furent tout aussi intenses que dans le restaurant à une différence près, c’est que là, ils sont sûrs que personne ne les entendrait.

 

Après avoir pris du bon temps et s’être bien rafraîchis, les deux amoureux se racontent leur journée respective avant d’aller rejoindre les parents de Vincent, installés dans un appartement boulevard Guist’hau à Nantes, pour un dîner en famille.

 

« Alors, raconte-moi, comment va Mamie Maria et qu’avez-vous fait. »

 

« Elle m’a beaucoup parlé de sa famille en général et montrer des photos de son enfance, elle m’a également donné pour toi, l’arbre généalogique de sa famille qu’elle vient d’avoir, en m’expliquant pour chacun d’eux ce qu’il faisait et leur différent parcours. »

 

« Tu l’as avec toi ? »

 

« Oui je l’ai ramené, tiens regarde. »

 

 

« Ouah, c’est trop bien et tu te souviens de chacun d’entre eux ? »

 

« Oui à peu près, mais c’est mieux si c’est à toi qu’elle en parle directement. »

 

« D’accord, la prochaine fois que je vais la voir, je lui demanderai, j’ai hâte d’en savoir plus, c’est tellement intéressant de savoir d’où l’on vient. »

N’habitant pas très loin de ses parents, c’est à pied qu’ils décident de les rejoindre dans leur appartement. Après un quart d’heure de marche, il pénètre dans le logement où les parents de Vincent sont installés depuis un bon moment dans le salon en les attendant, afin de prendre un apéro.

 

« Alors on ne vous attendait plus, comme d’habitude toujours à l’heure… » leur souligne son père.

 

« Désolé, c’est de ma faute, je ne suis pas arrivé de bonne heure, je suis allé voir Julien, et vous savez comme il est, il n’est jamais pressé », lui répond Vincent.

 

« Allez ça va. Alors ce voyage se prépare ? »

 

« Oh que oui et je tenais à vous remercier, c’est une belle surprise et je suis pressée d’y être », leur confie Caroline.

 

« Profitez bien, car lorsque vous rentrerez, il faudra penser à se mettre à l’œuvre. »

 

« Ça va papa, on a encore du temps, Caroline ne commence qu’en septembre et moi je t’ai dit que si tu avais trop de dossiers, j’aurais pu commencer avant. »

 

« Justement, je voulais t’en parler, je viens d’avoir une grosse affaire et il va falloir être plusieurs pour travailler dessus. »

 

« Attends ; ne me dis pas, je suis sûr que tu me parles de Félice Corli. »

 

« Exact, il vient d’être arrêté et est soupçonné d’avoir braqué le siège de la société Rolex à Genève pour un butin estimé à 13 millions de francs. »

 

« Ouah, et il t’a choisi comme avocat ? »

 

« Oui, j’ai déjà eu à le défendre pour une autre affaire. »

 

« Écoute, je vais profiter de mes vacances avec Caroline et à mon retour je commencerai à travailler avec toi, car c’est un dossier qui m’intéresse et ce sera pour moi le premier. »

 

« Oui, mais ne t’emballe pas trop vite, l’affaire est complexe et Félice Corli est bien connu, non seulement de la justice, mais aussi du milieu marseillais. »

 

« Mais c’est cela qui est intéressant, on n’a pas à faire à une simple histoire de vol de cacahuètes. »

 

« Tu verras par toi même que ce n’est pas si simple, même une histoire de vol de cacahuètes comme tu dis, peut devenir très complexe, suivant le voleur… mais bon, on en est pas encore là, profitons du moment et encore félicitations à vous deux. »

 

« Merci », disent en chœur Vincent et Caroline pour le remercier.

 

C’est le moment qu’a choisi Nathalie, la maman de Vincent pour les rejoindre dans le salon.

 

« J’ai une nouvelle surprise pour vous. »

 

« Encore ? » s’étonne Vincent.

 

« Fermez les yeux. »

 

Les deux jeunes s’exécutent et essayent en écoutant les différents bruits environnants de deviner de quelle surprise il s’agit.

 

Ce sont des bruits de talon que l’on entend sur le parquet du salon. Il ne faut pas bien longtemps à Vincent pour deviner qui vient d’arriver, et tout en ouvrant les yeux, il crie » Émeline. »

 

En effet, c’est bien Émeline, sa sœur qui vient d’arriver. Elle souhaitait être présente ce jour et même si elle les avait déjà félicités par téléphone, c’est avant tout le besoin de se revoir qui était le plus important.

 

« Ah comme ça fait du bien de se revoir, j’y avais pensé, mais comme je sais que tu es bien occupée, je savais que ce serait compliqué pour toi, je suis vraiment heureux, ouf ! que de belles surprises, pourvu que ça dure », se réjouit Vincent tout en prenant sa sœur dans ses bras.

 

« Alors, raconte-moi un peu ta vie parisienne et amoureuse, toujours célibataire ? » lui demande Vincent.

 

« Oui en quelque sorte. »

 

« Comment ça en quelque sorte, tu as quelqu’un ou pas ? »

 

« Oui, mais c’est tout récent, donc je ne peux pas trop en parler. »

 

« Allez, insiste Vincent, il fait quoi ? Comment s’appelle-t-il ? »

 

« Tu as fini de faire ton curieux, laisse-la, tu vois bien qu’elle ne veut pas en dire plus », lui répond sa mère, un peu agacée.

 

« Oh c’est pour rire, il n’y a rien de méchant, c’est ma grande sœur, j’aime bien savoir. »

 

« Tu sauras bien assez tôt, si ça dure. »

 

« Et le boulot, alors on peut en parler ou pas ? »

 

« Ça oui, mais comme je te le disais au téléphone, on a tellement peu de moyens qu’il est difficile de pratiquer cette médecine-là comme je l’aurais voulu. »

 

« C’est vrai que tu n’as pas forcément choisi la branche la plus facile. Médecin du travail, ce n’est sûrement pas reconnu comme ça devrait l’être, mais je t’avais prévenue », lui souligne son père.

 

« Oui je sais, mais c’est cette médecine qui m’intéresse, c’est ce côté préventif à toutes sortes de maladies qui me paraissait important. Le problème, c’est que le patronat a un tel pouvoir qu’il s’interfère aux restrictions médicales, aux préconisations sur les postes de travail en matière d’ergonomie, en bref il bloque toute possibilité d’amélioration, ce qui rend la tâche compliquée. Heureusement, par moment on arrive quand même à faire passer des choses, mais bon on n’est pas là pour ne parler que de moi. Alors la Corse ? »

 

« Nous sommes prêts et on n’attend que ça, surtout Caroline qui ne cesse de compter les jours. »

 

« Quel menteur, lui aussi il n’arrête pas de dire et on va faire ça et ça et encore ça, il est encore plus impatient que moi. »

 

« Oui c’est vrai, on va découvrir sans doute de nouvelles choses, même si une semaine ça passe vite, mais bon on va en profiter au maximum. »

 

« Je vous fais confiance pour ça et il faudra que je vous donne des adresses de restaurant et autres à découvrir », leur propose Nathalie.

 

« Avec plaisir, tu nous as toujours donné de bonnes adresses. »

 

« Oh tu sais c’est surtout Maria qui me les a données, tu connais son amour pour la cuisine du sud. »

 

« Oh que oui, avec elle, on n’est jamais déçu », souligne Vincent.

 

« Comment va-t-elle, ça fait trop longtemps que je ne l’ai pas vue ? » s’interroge Émeline.

 

« Bien ! Je suis passée la voir cette après-midi et on est resté un long moment à discuter. Le pays lui manque, alors elle se remémore ses souvenirs en regardant ses albums photos, mais à part cela elle va bien », lui répond Caroline.

 

« Tant mieux, il faut absolument que je m’accorde du temps pour aller la voir. »

 

« Je suis sûre que ça lui ferait plaisir », insiste Nathalie.

 

La soirée continue tranquillement et les discussions battent le plein sur moult dossiers aussi variés les uns que les autres.

 

Vincent et son père se retrouvent seuls dans le salon et ce dernier en profite pour lui demander quelque chose.

 

« Je voudrais que tu profites de ton voyage en Corse pour rencontrer quelqu’un d’important pour le dossier Corli, mais il faut que cela reste entre nous et surtout que le jour de la rencontre, il faut impérativement que tu sois seul, car il est très méfiant. »

 

« D’accord, ça me paraît jouable, je trouverais bien des arguments pour m’absenter quelque temps, surtout si c’est important. »

 

« Parfait. Il s’appelle Battistu Mariani, vieil ami de Corli et il a des révélations à nous faire sur lui et plus largement sur le milieu marseillais et Corse, donc c’est un témoignage qui pourra nous servir pour le dossier, à condition qu’il veuille bien témoigner devant le tribunal et ça c’est à toi de le persuader. »

 

« Je ferais tout ce qu’il faut pour, mais il faudrait que tu me donnes le jour et le lieu du rendez-vous. »

 

« Je ne peux pas te le donner encore, car il est très méfiant, il m’a précisé qu’il m’appellerait la veille. Donc attends-toi à avoir un message à la réception de l’hôtel. Message qui sera forcément codé. »

 

« D’accord, mais je vais faire comment pour le décoder ? »

 

« C’est facile, tu vas vite comprendre, je vais te donner un exemple. Si je te dis rendez-vous à Bastia, à 7 h du matin, place Napoléon, au London café, une fois le code établi, ce sera rendez-vous à Ajaccio à 19 h place Bonaparte au café Texas. »

 

« Ah oui, donc j’ai tout intérêt à me renseigner un peu avant, sachant quand même que notre hôtel se situe dans la baie d’Ajaccio et que même si on va louer un véhicule, il ne faudra quand même pas que ce soit trop loin pour ne pas éveiller de soupçons. »

 

« Ne t’inquiète pas cela se fera à proximité d’Ajaccio, il me l’a promis, mais il est important que tu respectes ses recommandations. »

 

« Compte sur moi, j’ai hâte de le rencontrer et j’espère que tout se passera bien. »

 

« Je te fais confiance et je sais que tu arriveras à le persuader. »

 

C’est le moment qu’ont choisi, Caroline, Nathalie et Émeline, pour les rejoindre dans le salon. Sans doute avaient-elles compris que les deux hommes avaient des choses importantes à se dire. Tous se quittent, après avoir passé une excellente soirée.

 

Les journées s’écoulent tranquillement en attendant de partir pour la Corse.

 

Caroline est retournée voir Maria et ensemble elles ont encore passé de bons moments. Elle lui a promis plusieurs choses : celle de bien profiter du moment présent et surtout de bien faire attention à eux et même de lui envoyer une carte postale de Bonifacio.

 

Elle s’est également rendue chez Julien, afin de lui proposer entre autres de se renseigner sur les endroits les plus appropriés où il pourra observer les oiseaux et les plantes en Corse.

 

Vincent, quant à lui, est allé à plusieurs reprises au cabinet d’avocat de son père, afin d’en savoir un peu plus sur Mariani et commencer à étudier le dossier Corli.

 

Vendredi, 20 juin

 

Veille du départ pour des vacances bien méritées.

 

Vincent revient de l’aéroport de Château bougon et rejoint Caroline, qui est déjà rentrée et qui commence à préparer les quelques affaires qu’ils doivent emporter. C’est la mère de Vincent qui les accompagnera.

 

« C’est moi, ça y est j’ai les billets, on va pouvoir enfin partir. »

 

« Cool, à quelle heure ? »

 

« 13 h 36 départ de Nantes pour une arrivée à Ajaccio à 14 h 50 et retour départ d’Ajaccio à 16 h, arrivée à Nantes à 18 h 2. On aura à récupérer la voiture et en route pour l’hôtel. »

 

« Trop bien, vivement demain ! » s’exclame Caroline en prenant Vincent dans ses bras.

 

« Tu sais, je suis très heureuse de t’avoir rencontré et de vivre avec toi cette histoire d’amour. Je n’ai jamais ressenti quelque chose d’aussi fort avec quelqu’un d’autre et je souhaite de tout mon cœur que notre histoire perdure quoiqu’il nous arrive. C’est très important pour moi surtout avec tout ce que j’ai vécu durant mon enfance. Je ne te l’ai jamais dit, mais je n’ai qu’une seule famille, c’est la tienne et pour rien au monde je voudrais la perdre. »

 

Vincent, très ému par ce qu’il vient d’entendre, enlace tendrement Caroline et lui promet qu’il fera tout pour que leur relation perdure.

 

La soirée s’avance tranquillement et les amoureux se retrouvent dans la cuisine, afin de préparer le repas du soir.

 

C’est à ce moment-là que la sonnerie du téléphone retentit.

 

« Laisse, je vais répondre, ce doit être sûrement pour moi », lui dit Vincent.

 

« Allô, oui ? »

 

« Oui c’est papa, je viens de recevoir un appel de Mariani, il a fixé un rendez-vous. »

 

« Vas-y je t’écoute, c’est pas plus mal que ce soit maintenant. »

 

« Je suis d’accord. Donc lundi 23 à 10 h, au bistrot Abbatucci 66 Cr Napoléon à Ajaccio. »

 

« Et si je décode, ça fait quoi ? »

 

« Pas besoin, il se méfie trop, ce sera quelqu’un d’autre qui t’attendra et qui t’emmènera à lui, tu pourras le reconnaître, il aura sur sa table un livre avec comme titre Hyppolite. »

 

« D’accord, mais après on va où ? »

 

« Il ne m’a pas dit, mais ne t’inquiète pas, j’ai tout à fait confiance et si ce n’était pas le cas, je te dirais de ne pas y aller. Une dernière chose, sois à l’heure, ni trop avant ni trop après et enfin bonnes vacances à vous. »

 

« Merci encore et à bientôt, bisous. »

 

Vincent raccroche et se remémore tout ce que vient de lui dire son père en tâchant de se rappeler de tout et surtout de l’adresse, car il ne doit surtout pas la noter.

 

« C’était qui ? » lui demande Caroline.

 

« Mon père. »

 

« Il voulait quoi ? »

 

« Pas grand-chose, juste nous souhaiter un bon séjour. »

 

« C’est tout, c’est bizarre, car vous êtes quand même restés un bon moment au téléphone. »

 

« Ah oui, mais c’est qu’il m’a parlé du dossier Corli, avec de nouvelles informations et comme je travaille dessus avec lui, il voulait m’en informer. »

 

« D’accord et bien écoute, c’est prêt, on peut passer à table quand tu veux. »

 

 

Samedi, 21 juin

 

Non seulement c’est l’été, mais c’est aussi et surtout le jour du départ de Vincent et Caroline. Tout est prêt, il est 11 h et ils n’attendent qu’une chose, que la mère de Vincent vienne les chercher pour les emmener à l’aéroport.

 

« Tu lui as bien dit qu’il fallait que l’on soit 2 heures avant ? » s’interroge Caroline.

 

« Oui, oui, ne t’inquiète pas, je suis sûr qu’elle ne va pas tarder à arriver. »

 

Caroline est anxieuse, elle tourne en rond et ne cesse de se rendre à la fenêtre pour voir si Nathalie arrive, mais toujours rien.

 

« On aurait dû prendre un taxi. »

 

« Mais non, je te dis qu’elle va arriver… un peu de patience. »

 

Dring. La sonnette de l’appartement retentit.

 

« Tiens tu vois je t’avais bien dit, à tous les coups c’est elle. »

 

En effet, une fois la porte ouverte, Nathalie apparaît devant eux avec, oh surprise, Maria qui a tenu à les accompagner.

 

Vincent et Caroline, très surpris par sa présence, l’enlacent et Vincent lui demande :

 

« C’est gentil d’être là, ça nous fait bien plaisir, tu viens avec nous jusqu’à l’aéroport ? »

 

« Bien sûr, j’avais très envie de vous accompagner, c’est comme si j’allais un peu avec vous. »

 

« Oh tu es trop mignonne, mais viens avec nous si tu veux », lui suggère Caroline.

 

« Non, tu sais avec mon grand âge, c’est beaucoup plus dur de voyager, mais je compte sur vous pour en profiter pour moi », lui répond Maria en la fixant dans les yeux et en lui adressant un grand sourire complice.

 

C’est une très belle journée qui s’annonce et tout le monde s’engouffre dans la voiture, direction l’aéroport.

 

Peu de monde a circulé en ce samedi matin et ce sera plus facile de s’y rendre par rapport à un jour de semaine. En passant dans les rues de Nantes, Vincent aperçoit Ulysse en discussion avec des badauds, avec qui sans doute il refait l’histoire à sa façon.

 

20 minutes plus tard, Nathalie trouve une place sur le parking réservé aux départs, place limitée à une heure.

 

« Ça nous laisse largement le temps de vous accompagner jusqu’à l’enregistrement des bagages », précise Nathalie.

 

Une foule plus importante est présente dans le hall principal et les tableaux lumineux précisent les départs et arrivées des avions.

 

« Alors départ Ajaccio, enregistrement guichet n° 7 », lit à voix haute Vincent.

 

Une file d’attente d’environ 20 personnes est présente au guichet et Nathalie propose à Maria d’aller s’asseoir en les attendant.

 

« J’espère que leur séjour va bien se passer et qu’ils n’auront pas de problèmes à gérer », s’inquiète Nathalie.

 

« Ne t’inquiète pas, tu peux leur faire confiance et connaissant la force de caractère de Caroline, je suis sûre qu’ils arriveront à se sortir de n’importe quelle situation », la rassure Maria.

 

« Oui tu as raison, j’ai tort de trop m’inquiéter pour eux. »

 

Vincent et Caroline les rejoignent et avant de leur dire un dernier au revoir, Maria glisse dans la poche de Caroline, une enveloppe en lui chuchotant dans l’oreille de ne l’ouvrir qu’une fois arrivée à l’hôtel.

 

« Encore une surprise ? » s’étonne Caroline.

 

« Oui en quelque sorte… » lui répond Maria.

 

Tous se séparent en une dernière étreinte, Maria et Nathalie les regardent partir jusqu’à ne plus les apercevoir.

 

Vincent et Caroline pénètrent dans l’avion et l’hôtesse les guide vers leur place respective rang A, place 25, pour Vincent, rang B, place 26, pour Caroline.

 

Une fois bien installés, les deux amoureux regardent autour d’eux pour voir qui va les accompagner durant ce voyage qui ne dure que 2 heures.

 

Devant eux, un couple avec deux enfants. Juste à côté, deux personnes âgées qui se tiennent la main et qui, après sans doute avoir passé du temps sur le continent, retournent sur l’île de beauté. Pour Caroline, il en fait aucun doute. D’ailleurs, en attendant que l’avion décolle, elle ne peut s’empêcher de commencer une discussion avec la vieille dame assise près d’elle.

 

« Bonjour, je m’appelle Caroline et mon ami, c’est Vincent, on vient de finir nos études et on va passer une semaine en Corse. »

 

« Enchantée, c’est un très bon choix, vous n’allez pas le regretter, moi c’est Francesca et mon mari s’appelle Ange. »

 

« Vous êtes Corse ? »

 

« Oui, ça s’entend quand même. »

 

« C’est vrai, vous avez un bel accent, et vous retournez chez vous ? »

 

« Oui, on a malheureusement été obligés d’aller sur le continent pour un enterrement, une sœur de mon mari. »

 

Caroline s’adressant aux deux leur présente ses sincères condoléances.

 

« Merci, mais vous savez, elle était bien malade et souffrait le martyre, donc pour elle c’est sans doute mieux. »

 

Pendant ce temps tout le monde se prépare pour un décollage imminent et Caroline sent bien que sa voisine angoisse de plus en plus et a besoin de se concentrer davantage sur ce départ, c’est pourquoi elle se retourne vers Vincent en lui souhaitant un bon voyage.

 

Ça y est, l’avion prend de plus en plus de vitesse et c’est à ce moment que Francesca, prend la main de Caroline pour la serrer très fort, tout en la regardant dans les yeux.

 

« C’est bon, regardez, on décolle, tout va bien et ça va vite passer. »

 

Francesca prend un grand soupir et remercie Caroline en lui desserrant la main.

 

Alors que l’avion est au-dessus des nuages, Caroline a envie d’en savoir plus sur Francesca, la sentant un peu plus à l’aise.

 

« Nous on va Sagone dans un hôtel et vous, où habitez-vous ? »

 

« Tu es bien curieuse ma petite… »

 

« Ah oui… désolée », répond-elle, un peu gênée.

 

« Non tu as raison c’est une qualité, pas assez reconnue selon moi. On habite à Alata, un village au-dessus d’Ajaccio où notre fils est le maire. »

 

« Ah c’est bien de prendre des responsabilités, même si ça ne doit pas être toujours facile. »

 

« Pas toujours c’est vrai, mais il faut bien que des personnes prennent des engagements pour le bien-être de tous, et vous alors ? Qu’avez-vous fait comme études ? »

 

« Moi, je sors de l’école d’infirmière et Vincent termine juste ses études d’avocat. »

 

« Ce sont de beaux métiers et pour sûr, vous ne manquerez jamais de travail. »

 

« Non et on pourra même exercer en Corse. »

 

« Et pourquoi pas ? Mais quoi qu’il en soit si vous avez besoin de quelque chose durant votre séjour, n’hésitez pas à venir nous voir, tout le monde nous connaît dans le village, je n’ai même pas besoin de vous donner notre adresse. »

 

« Avec plaisir, et même si nous n’avons besoin de rien, on passera sans doute vous faire un petit coucou. »

 

« Vous serez les bienvenus. »

 

L’annonce faite au micro par le commandant de bord d’une descente sur Ajaccio et d’une arrivée proche fait que Francesca se remet à angoisser et aussitôt, Caroline lui prend sa main pour la rassurer.

 

« Tu es une bonne petite, il a de la chance ton ami de t’avoir, reste comme tu es et je suis très contente de t’avoir rencontrée. »

 

« C’est réciproque, j’aurais bien aimé avoir une mamie comme vous, hélas la vie en a décidé autrement », lui répond Caroline.

 

L’avion atterrit sous les applaudissements des passagers et ceux-ci se préparent à en descendre, Vincent et Caroline en tête, pressés d’être arrivés.

 

Après avoir récupéré les bagages et être passés à tous les contrôles, ils se retrouvent devant l’aéroport à la recherche du loueur de leur véhicule.

 

Caroline aperçoit Francesca et son mari, attendus par leur fils certainement !

Elle leur fait un dernier salut et rejoint Vincent qui est déjà en marche.

 

Les formalités remplies pour leur location, ils chargent leurs bagages et direction l’hôtel Casa Turrigiani à Sagone.

 

Vincent prend le volant et charge Caroline d’étudier la carte pour arriver à bon port, car même si Sagone est indiqué sur les panneaux à la sortie de l’aéroport, ils veulent rester vigilants pour ne pas perdre de temps.

 

Après un quart de route, elle aperçoit sur un panneau de signalisation, un peu troué quand même, la direction d’Alata.

 

« Tiens regarde, dit-elle à Vincent, c’est là qu’habite Francesca et en plus c’est sur la route de l’hôtel, on pourra peut-être leur rendre visite. »

 

« Oui pourquoi, pas, mais tu sais une semaine ça passe hyper vite, je ne sais pas si on aura le temps, mais on verra. »

 

Au loin ils aperçoivent une silhouette au bord de la route. C’est une jeune femme qui fait du stop.

 

« Arrête-toi Vincent, on a de la place, on va peut-être pouvoir la déposer où elle veut. »

 

« Oui si tu veux, mais il faut vraiment que ce soit notre route, pas question de faire un détour, j’ai trop hâte d’arriver. »

 

La voiture s’arrête au niveau de la jeune femme et Caroline ouvre sa fenêtre pour lui parler.

 

« Bonjour, tu vas où ? »

 

« Bonjour, je vais à Calvi. »

 

« On s’arrête à Sagone, mais on peut t’avancer jusque-là. »

 

« Oui, avec plaisir, ça sera déjà ça. »

 

Une fois installée à l’arrière du véhicule, une discussion entre les deux jeunes femmes s’installe.

 

« On est en vacances pour une semaine après avoir fini nos études pour bien décompresser, et toi, tu fais quoi ? »

 

« Vous en avez de la chance, vous n’allez pas le regretter, moi j’habite ici et je vais rejoindre mon ami à Calvi, qui vient d’être hospitalisé. »

 

« Rien de grave, j’espère ? » lui demande Caroline.

 

« Non c’est juste une opération de l’appendicite, mais il est rentré en urgence, car il avait trop de douleurs. »

 

« Ah tant mieux si ce n’est pas trop grave. »

 

La voiture longe la corniche et c’est un décor magnifique qui se présente à leurs yeux.

 

« Regarde Caroline, quoi de mieux, la mer, la montagne et le soleil, que du bonheur ! »

 

« Oui, trop bien. »

 

« Attendez, ce n’est que le début, vous n’avez pas encore tout vu, si vous remontez encore un peu plus, vous verrez les calanques de Piana, c’est encore plus beau, je suis sûre que vous allez adorer l’île et que vous allez avoir beaucoup de difficultés à la quitter », répond la jeune fille.