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"Amour nostalgique" est un roman puissant et rondement écrit qui nous plonge dans l’intimité de Linda, personnage sensible et attachant. C’est une écriture pleine de vie et de couleurs qui dépeint avec beaucoup de sensibilité les tourments de ce monde.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ibrahima Sorel Sidibé est un membre engagé du club littéraire du centre culturel franco-guinéen. Très tôt, il ressent l’envie de restituer au monde, à travers la littérature, les réalités sociopolitiques de son environnement. Aujourd’hui, il compte à son actif plus de cinq ouvrages publiés.
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Seitenzahl: 79
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Ibrahima Sorel Sidibé
Amour nostalgique
Roman
© Lys Bleu Éditions – Ibrahima Sorel Sidibé
ISBN : 979-10-422-1924-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Il est fort gratifiant pour un jeune poète comme moi d’avoir le privilège de préfacer un autre jeune auteur en plein essor qui produit déjà, à son si jeune âge, des livres de haute facture littéraire et qui me témoigne une grande admiration. Vous pouvez donc imaginer la délicatesse du travail qui est mien en m’attelant à la rédaction de cette préface. Car, il y a une double exigence qui pèse sur moi ; une exigence intellectuelle et une exigence amicale. Mais je crois que la première surplombera la seconde, ou tout le moins, j’espère que je parviendrai à m’exonérer des convenances amicales, le temps d’un coup de plume. Du coup, j’ai une question : Que deviendra la littérature si chacun se réfugiait derrière des affinités mesquines et des attitudes laxistes et malhonnêtes ? La rigueur, voilà le maître mot. Je n’en dirai pas plus. Mettons à présent les mains dans le cambouis et les pieds dans le plat !
Amour nostalgique, un oxymore choisi à dessein pour titiller la curiosité du lecteur ou une simple coïncidence ? Toujours est-il que ce titre tombe sous le sens, d’autant plus que le récit qui est relaté dans ce roman est à la fois une belle histoire d’amour et une grande peine du cœur. Voilà un énorme paradoxe où s’illustre toute la magie de l’énigme (ça met de l’eau à la bouche).
Par pudeur littéraire, je me garderai de déflorer les intrigues et de dérouler la trame du roman, mais je vais un tout petit peu m’attarder sur la langue d’écriture de notre jeune auteur. Quel fut mon émerveillement quand je commis la grave imprudence de feuilleter quelques pages de ce roman ! Disons-le sans fausse modestie, l’auteur écrit dans une langue limpide et épurée. Au fil des pages, on voit avec bonheur sa langue se dévoiler et se déployer, singulière et fascinante, riche et aguichante.
Si la langue demeure la marque de fabrique d’un auteur, on peut alors dire que notre jeune auteur est plutôt parti du bon pied.
Je profite de cette occasion pour faire une petite précision importante ou, disons, une petite confidence de mauvais goût : je lis rarement les jeunes auteurs qui émergent en Guinée ces derniers temps. La raison est très simple : la plupart font dans le superficiel et le superflu. La qualité ou la littéralité de leurs œuvres laisse à désirer. C’est pourquoi j’ai été agréablement surpris de découvrir enfin un jeune qui sort de l’ordinaire. En effet, la plume de Ibrahima Sorel Sidibé est une belle trouvaille. Son langage accessible m’a tout de suite saisi et séduit. Avec des phrases simples composées d’un sujet, d’un verbe et d’un complément, il parvient à exprimer ses idées et ses émotions avec justesse et clarté. Il s’inscrit ainsi dans la veine de la belle tradition littéraire guinéenne dont les tenants sont les Camara Laye, les Williams Sassine et les Tierno Monénembo qui s’illustrent par la simplicité et la finesse de leur style d’écriture et la profondeur de leurs pensées. Je vous invite à découvrir ce jeune talent. Vous serez éblouis !
Aida’ra
Poète
Il faisait très sombre ce jour-là quand le soleil avait regagné tôt son logis. Le calme de la nuit présageait un mauvais signe. Tout le hameau assombri dans une obscurité inouïe annonça un évènement tragique. Céline était trouvée morte au bord de la mer, retrouvée par les pêcheurs des villages environnants. La petite Linda, âgée seulement de dix ans en ce moment, ne pouvait sentir la douloureuse disparition de sa mère. Et, pourtant, le visage pleurant des villageois exprimait une grande désolation. Vu l’importance de la défunte à cause de son altruisme et son hospitalité, la tristesse se sentait incommensurable.
Selon la cosmogonie africaine, le spectre des morts a toujours besoin de l’aide des vivants. Et, cette aide est caractérisée par des sacrifices et des prières. C’est pourquoi au cours des cérémonies funéraires, avant l’inhumation de Céline, le village lui rendit un vibrant hommage en l’accompagnant dans sa dernière demeure avec des prières et de bons propos.
Au lendemain des funérailles, Ayoub, assis sur sa véranda s’évertuant à tuer le temps, fut interrogé par une voix innocente et pathétique :
— Papa, où est partie maman ? demanda Linda.
Quelle option faut-il choisir pour répondre à la petite Linda ? Ayoub réfléchit un instant, puis répondit avec agitation :
— Ma fille, maman a voyagé.
Intelligente, Linda poussa ses interrogations :
— Quand est-ce va-t-elle revenir ?
Cette fois-ci, Ayoub eut le courage de dire avec un cœur serré et plein d’amertume :
— Ma fille, maman ne reviendra plus de son voyage. Elle est partie à jamais ! ajouta-t-il.
Le temps s’égrenait inexorablement, Linda grandissait et prenait de l’âge. À douze ans, elle comprit finalement la parabole de son père Ayoub et se rendit finalement compte de la disparition de sa mère. À son jeune âge, sa carrure exprimait une jeune fille de la campagne, très polie et d’une sagesse irréprochable. Jusqu’à cette époque, Ayoub avait su inculquer à sa fille les vertus d’une bonne éducation. En ce moment, seul avec sa fille, le décès prématuré de sa femme Céline lui avait ouvert la voie du mariage. Il épousa la fille d’un ancien notable dudit village, appelée Sarata. Très méchante, elle se définissait par son caractère haineux. Linda était hostile aux agissements de sa marâtre ; elle ne supportait guère ses malices. Quand elle atteignit la puberté, elle quitta son père Ayoub sous son autorisation et prit l’initiative de rester auprès de son grand-père Talby dans la grande sous-préfecture de Kourou-Kôrô, afin de pouvoir mieux étudier.
Le vieux Talby était un vieil homme très respectueux, affable, gentil et pourvu de sagesse. Son sens élevé d’humilité faisait que tous les autres sages du village venaient prendre conseil à son niveau. Grand érudit qu’il a toujours été, ses qualités de musulman pieux le différenciaient des autres vieux. Linda était fière de l’avoir comme grand-père.
Comme nombreuses régions du pays, Kourou-Kôrô est une sous-préfecture aurifère située à 500 km de la grande ville de Kansa. Moins peuplée, mais riche en sous-sol, elle est située au centre d’un État d’environ quinze millions d’habitants. Les jeunes gens vivant dans les conditions exécrables se voyaient obligés d’abandonner l’école au profit de la recherche du métal précieux. Ce qui expliquait la situation des personnes qui n’avaient pas les ressources nécessaires pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Chacun peinait à faire face à sa survie. C’était un combat de tous les jours ; un combat qui consistait à aller à la recherche du prestige même au risque de sa vie. Malheur pour le pays, car le moteur du développement tardait à être enclenché.
Animée d’une grande courtoisie, l’ambition de Linda l’amena à se surpasser dans ses études. Évitant les compagnons de tous genres, Linda n’avait presque pas d’amis. Elle fit des livres ses amants. À l’âge de dix-huit ans, elle affronta le baccalauréat unique en faisant preuve de courage, de sacrifice et d’abnégation. Mais en dépit de sa persévérance, elle avait toujours cette peur d’échouer. Surtout qu’au pays, le ministre de l’éducation mystifiait sans cesse les examens nationaux. Il déplaisait à Linda et celle-ci le traitait de populiste et de scientiste limité très souvent à cause de ses raisonnements scientifiques littéralement fallacieux.
Des mois passèrent et Linda attendait avec une grande impatience le moment fatidique : la proclamation des résultats. Chose qui préoccupait tous les candidats. Après un long moment de patience, ce week-end, Linda et ses collègues de l’école apprirent la disponibilité des résultats sur l’opérateur téléphonique MTN. Partagée entre la frayeur et l’extrême curiosité, elle envoya son PV d’examen sur le 8002, puis attendit en retour la réponse qui devrait l’amener à soit sauter de joie ou à laisser son visage couvert de larmes. Pendant ce temps, le battement étrange et effrayant de Linda exprimait davantage son inquiétude. Une minute passa, rien ; deux minutes, encore rien. L’inquiétude continua à s’agrandir. Une troisième minute passa, toujours rien. Quatre minutes après, elle reçut : FÉLICITATIONS !
Linda comblée et remplie de joie, accourut vers Talibé, son adorable grand-père pour lui annoncer la nouvelle relative à son admission.
— Je suis content, dit Talibé. Sauf que…
— Quoi, grand-père ?
— Je serais gêné quand tu seras loin de moi, ma petite.
— Ne t’en fais pas, grand-père chéri, je serai toujours là pour toi.
Après son admission avec brio, Linda se vit dans l’obligation de quitter son grand-père Talby. Elle voyagea sur Kansa quelques semaines après, où, décidément, elle était contrainte de poursuivre ses études universitaires.