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Anne et Xavier mènent une vie presque parfaite, baignée dans la quiétude et la sérénité. Alors que leur couple semble indestructible, ils se retrouvent confrontés à une série d’événements troublants, faisant voler en éclats leur tranquillité. Le harcèlement et les préjugés, souvent enracinés dans les différences, émergent avec une force redoutable, jetant leurs ombres menaçantes sur leur bonheur. Dans cette ère où les réseaux sociaux façonnent nos interactions, la solitude collective devient une réalité oppressante, exacerbant les tourments individuels et fragilisant les liens les plus solides…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Animé par le besoin impérieux d’échapper à la morosité de l’actualité incessante,
Corentin Vialle se lance dans l’écriture, déterminé à faire entendre sa voix et à affronter les défis de l’inspiration littéraire. Avec "Au-delà des ombres - Les différences", il dépeint des vices tels que le harcèlement, la misogynie et la violence.
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Corentin Vialle
Au-delà des ombres
Les différences
Roman
© Lys Bleu Éditions – Corentin Vialle
ISBN : 979-10-422-2458-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.
Je demandais, est-ce que plus tard tout redevient solide ?
Est-ce qu’on peut exister longtemps suspendu dans le vide ?
Francis Cabrel
Que sommes-nous capables de supporter ?
Jusqu’où peut aller la douleur que nous inflige la disparition des personnes que nous aimons ?
Que sommes-nous réellement capables de pardonner ?
La vengeance peut-elle nous guérir ou bien est-elle juste un leurre qui nous procure seulement un soulagement passager, une respiration anesthésique, une fenêtre à saisir pour repartir malgré tout ?
Anne et Xavier forment un couple à la parole impeccable, leur vie est sur des rails. Comment et pourquoi le ciel s’est-il soudain assombri et pourquoi leurs existences vont-elles irréversiblement basculer ?
Le harcèlement et les a priori médiocres se nourrissent essentiellement des différences. Ils n’ont pas attendu l’arrivée d’internet pour ravager des vies.
Les réseaux sociaux ont juste inventé la solitude collective…
Je m’appelle Anne, j’ai 36 ans. Ma vie est banale, si le bonheur est banal. Je suis heureuse, de tout, de rien, de petites choses, tout me suffit et je ne suis ni envieuse ni blasée. J’aime la vie, j’aime ma vie.
C’est bien ainsi que je peux décrire mon existence à ce moment précis.
Comment décrire Xavier ? Il a mon âge, nous sommes mariés depuis 3 ans.
Il me fait penser aux gabarres dont parlait mon grand-père quand j’étais petite. Des embarcations à fond plat qui descendaient tranquillement la Dordogne. Les gabarriers transportaient du bois qui servait ensuite à confectionner les fûts de chêne pour les vins de Bordeaux.
Mon grand-père enjolivait ça, on aurait pu l’écouter et conclure in fine que les vins de Bordeaux n’auraient pas existé sans les Périgourdins… Périgord pourpre évidemment !
Je ne sais pas pourquoi ces histoires me faisaient rêver. Sûrement, la nostalgie avec laquelle les anciens coloraient leurs récits. Une nostalgie douce et sépia, comme les vieilles cartes postales qui représentent les rives de la Dordogne dans les années 40.
Les mêmes histoires colorent toutes les fins, tout ce que les révolutions industrielles et technologiques ont laissé derrière elles, avec cette impression qu’on a loupé une case et que la vie était plus belle avant.
Comme si nous voulions toujours retenir le temps, nous rassurer face aux époques qui changent et nous angoissent parfois.
Voilà donc, Xavier me fait penser aux gabarres, sures et lentes.
Xavier n’a pas fait de longues études. Le bac en poche, il a rêvassé, traînassé, glandouillé et a brièvement tapoté une batterie dans un groupe tombé dans l’oubli local. Puis, il a enchaîné des petits jobs. Il est devenu magasinier dans une société de fournitures industrielles. Il s’est accroché dans cette petite boîte qui est devenue grande. Il y travaille à présent comme attaché commercial.
Un bon commercial, reconnu, efficace.
Il a trouvé sa voie, avec son style si particulier. Un style cool et rigoureux.
Il est brillant et sûr de lui, je l’admire, et vraiment sa réussite professionnelle me laisse sans voix.
Physiquement, il est un peu rond, brun, et ses yeux marron dégagent une sérénité qui m’apaise et me rassure.
Xavier et moi, nous nous connaissons depuis le collège. Nous étions dans la même classe de 5e.
Il faisait sûrement partie de ces garçons qu’on ne remarquait pas, ni meneur ni suiveur.
Il avait déjà cet air tranquille, un peu rêveur, toujours ailleurs. Il paraissait hors sol, n’attirant ni les moqueries ni les compliments. Un garçon insensible aux modes et aux tendances et il avait de la hauteur finalement, maintenant que j’y repense. Nous avions besoin d’appartenir à quelque chose pour exister, lui, il s’autosuffisait.
Nous ne nous parlions jamais et ne fréquentions pas non plus les mêmes personnes.
Je me souviens juste qu’il désespérait une prof de sport. Il rêvassait pendant qu’elle donnait les instructions et forcément tout se terminait de la même manière. Des échecs cuisants. J’ai des souvenirs de séances de saut en hauteur assez épiques.
Ça faisait rigoler tout le monde, mais lui, il ne semblait absolument pas affecté ou même déçu par ses performances.
Nous nous sommes revus, il y a sept ans, lors d’un mariage d’amis communs, Estelle et Jean.
C’était la grosse fête ce jour-là, ils avaient mis le paquet…
Moi, avec mes 29 ans de l’époque, je collectionnais les galères amoureuses, les râteaux, les gros lourds qui m’annonçaient une vie de rêve. Une vie merveilleuse qui se résumait en gros à des matchs de foot à la télé avec des bières, des pizzas et des copains qui finissaient par pisser tous ensemble par-dessus le balcon ou encore des retours tardifs de troisième mi-temps de rugby.
J’avais bien sûr besoin d’autre chose, je cherchais l’homme qui aurait les clés et les codes pour faire de moi la femme que je rêvais d’être. Celle que je suis devenue de fait.
Je commençais soudain à l’époque à devenir jalouse, tout simplement jalouse. Je ne supportais plus mes copines qui ne manquaient jamais de me détailler leurs unions idylliques et la chance qu’elles avaient d’avoir rencontré les hommes de leurs vies et leurs belles familles extraordinaires. Et il m’a offert ça, et on part en vacances là, et on va s’acheter ça… « Et moi je l’ai vu qui se baladait avec machine », non, bon, ça ne se fait pas, mais parfois ça démange…
Autant dire que j’allais à ce mariage à reculons, et après avoir entendu craquer ma robe en sortant de la voiture, après avoir trébuché et évité la gamelle éliminatoire de justesse sur les marches polies de l’église, je me voyais plutôt partie pour vivre une de ces journées dont je range les photos dans le fond de la boîte à chaussures pour éviter de m’en souvenir.
Et pourtant, en une minute, je suis tombée amoureuse d’un garçon que je connaissais depuis plus de quinze ans et auquel je n’avais jamais repensé.
Je ne m’étais jamais demandé ce qu’il était devenu, il avait complètement disparu de ma mémoire. Je repense souvent à ça et j’en suis toujours aussi étonnée.
Il ne me reconnaissait pas.
Apparemment, je ne l’avais vraiment pas marqué à l’époque.
Je l’ai trouvé tout de suite tellement différent, j’avais déjà envie de sentir son parfum ; non, je m’en foutais bien de son parfum, son odeur ; voilà, c’est exactement ce que je voulais à ce moment précis.
Comment notre histoire a-t-elle pu soudain apparaître comme une évidence ?
J’ai obtenu un poste dans une agence bancaire à Bergerac, après un an au siège régional, puis 3 ans dans un trou du Lot-et-Garonne.
Voilà, notre vie se stabilise, un petit pavillon, une pelouse verte que mon père vient tondre, car il trouve que Xavier est un peu mou de la tondeuse. Ils s’entendent bien, tout le monde s’entend avec Xavier.
Ce n’est pas le cas de mon père, qui est un hyperactif investi dans sa commune, au parti socialiste local, au club de pétanque, à l’association de pêche, à l’amicale laïque…
Mon père a ses détracteurs, ses contradicteurs préférés avec lesquels il s’invective volontiers lors des conseils municipaux.
Il nous relate tout ça devant le poulet dominical et le Pécharmant 2005 pour le moment, une bonne année.
Et c’est reparti, je l’adore, mais le dimanche soir quand notre divan nous ouvre en grand ses coussins moelleux, je ressens enfin un grand soulagement.
Ma mère est un peu dans l’ombre, mais je crois que ça lui convient.
Elle est jolie, ma mère, peut-être comme toutes les mères. Mon père, malgré son agitation incessante et son énergie insatiable, la respecte et la place au-dessus de tout, et Xavier adore en outre mon père pour ça.
Il me dit parfois : « je n’ose pas imaginer ce qui pourrait arriver au mec qui manquerait de respect à ta mère »…
Ma mère s’inquiète de la cuisson du poulet, elle s’inquiète pour mon père aussi qui se met dans tous ses états à la moindre contrariété. Elle s’inquiète tout le temps en fait et je crois que c’est ce qui m’a poussée à toujours être dans le rang, en haut du tableau, raisonnable, adaptable.
Georges (mon père) épuise parfois Xavier, qui n’est ni pêcheur, ni bouliste, ni socialiste, mais jamais une expression sur son visage ne vient trahir une exaspération que je devine pourtant.
Il est quoi d’ailleurs Xavier ? Rien, il s’occupe de moi, il lit, il cuisine, il bosse, il note des brèves sur un petit carnet qu’il a toujours sur lui et voilà.
Xavier est patient, plein d’empathie, jamais un mot plus haut que l’autre et jamais de nom d’oiseau pour personne.
Il est étourdi et ça me plaît autant que ça m’agace. Mes clés ? Ma montre ? Mon téléphone ? Avec tes clés !
Il m’a oubliée, et pourtant nous y allions pour moi, il m’a oubliée pour mon examen chez l’ophtalmo. J’ai essayé de l’appeler. Il avait oublié son téléphone aussi…
Il est revenu 15 minutes après… j’attendais sur le petit banc de l’entrée, il m’a dit :
Que répondre ?
Et voilà, vous commencez à vous dire de quoi veut-elle nous parler, avec sa jolie petite histoire sans vague, sans remous, sans nuage ?
Dans quelle galère niaiseuse vous vous êtes engouffrés en ouvrant ce bouquin ?
Elle va nous parler de ses gosses, de gentilles têtes bien faites qui travailleront bien à l’école et qui resteront chez papi et mamie pendant les vacances scolaires.
Eh bien non, nos gosses n’existent pas, ils n’existent que dans les verres de lunettes embrumés de mon père, si par mégarde quelqu’un vient à aborder le sujet. Les enfants, je n’en aurai pas, je le sais depuis 9 ans.
Voilà les premiers stickers en forme de nuages gris à coller sur mon ciel bleu.
Nous adopterons sûrement un jour. Nous avons décidé de penser cela sérieusement, de nous préparer pour vivre au mieux cette venue et ne pas faire cela seulement pour nous, mais surtout pour l’enfant.
Nous ne devons chercher dans cette aventure aucune réparation, aucune compensation.
La question centrale que m’a posée Xavier était : « adopterions-nous un enfant si nous avions déjà des enfants naturels ? ».
Et ma réponse pour l’instant est non.
Je pense qu’il a regretté d’avoir posé la question. Mais c’est ainsi, impossible de me mentir et de mentir à l’entourage. La question est parfaitement précise et ma réponse aussi, ma frustration est pour l’instant trop grande et je pense ne pas être prête.
Nous sommes samedi, ce soir, nous allons dîner chez le chef de Xavier. Il s’appelle Jean Luc et sa femme, Mathilde. J’y vais à contrecœur, mais je le fais pour Xavier.
Jean Luc est un sanguin, un rougeaud, un gros picoleur, il a la blague et la critique faciles.
Il a plein d’anecdotes désobligeantes sur tout le monde et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il en a sur nous aussi de fait.
Il est tout ce que je déteste et il est l’inverse exact de Xavier. Je le trouve lourd, obséquieux, vaniteux, sans gêne, avec une drague sous-jacente empreinte de misogynie. Il parle de voitures, de sa maison, de son jacuzzi, de sa piscine, de son clébard… il parle, il parle, il boit, il bouffe, il dit combien il a payé chaque truc de sa baraque et il parle mal à Mathilde.
Elle se complaît à merveille dans un rôle de cruche, mariée à la vedette de la boîte.
Elle travaille à la mairie, mais elle est incapable de décrire exactement son poste. Le Maire de leur commune et Jean Luc s’entendent comme des larrons en foire, ceci expliquant sans doute cela.
Ils ont un gosse footballeur de 9 ans qui monopolise l’attention et rend sa mère dingue, mais par bonheur il est chez la mère de Mathilde ce soir.
Il répond au très prévisible prénom de Kévin. Comme Kévin Keegan, dit Jean Luc, mais ni moi ni Xavier ne savons de qui il s’agit.