Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Anne, trentenaire et récemment installée loin de Paris, met en suspens sa carrière de grand reporter. De retour chez ses parents, dans les Landes, elle redécouvre sa boîte à souvenirs. Progressivement, elle choisit d'en extraire des objets liés à des moments vécus avec divers amants et amantes, marquant ainsi le début de sa vie adulte. Au fil des pages et des mois, la journaliste renoue avec l'un de ses rêves : entreprendre un voyage en catamaran autour du Pacifique. Ainsi, nous la suivons dans l'écriture d'une nouvelle page de sa vie, naviguant au gré des histoires d'amour, des danses, des rencontres et des vagues, toujours prête à chalouper. Chalouper explore la complexité des relations amoureuses et leur influence sur les individus. Julie Edant Trébaol nous entraîne dans une aventure captivante imprégnée des nuances de l'Atlantique, offrant une histoire aussi authentique que possible.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 88
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Julie Edant Trébaol
Chalouper
Roman
© Lys Bleu Éditions – Julie Edant Trébaol
ISBN : 979-10-422-2618-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Oh fais-moi tourner sous mes pas
Glissent les années, toi et moi
Jusqu’au bout d’aimer, on pourra
Chalouper, chalouper, chalouper
Chalouper, Gaël Faye
Avril 2032
Notre histoire débute le 16 avril 2032, le jour où Anne fête ses 30 ans, elle vient de prendre un congé sabbatique pour au moins six mois, et donc de mettre en pause son travail de journaliste. Elle est chez ses parents, entourée de sa famille et de ses amis, à Mont-de-Marsan, dans les Landes. Anne était locataire d’un studio à Paris, car c’est là qu’elle a fait ses études, et ensuite qu’elle a commencé à travailler ; mais elle vient de quitter ce studio, car pour les six prochains mois et peut-être plus, plus rien ne la retient à la capitale.
Après avoir soufflé ses trente bougies et fait un vœu – faire un jour un tour du monde en bateau – Anne dansa entourée de ses proches jusqu’au bout de la nuit et cette dernière s’étira tant que la soirée se finit ce jour-là à 9 heures du matin. Trois heures plus tard, ses amis partis, Anne déjeuna avec le reste de sa famille, plus éloignée. Elle manqua de s’endormir à table une bonne dizaine de fois, et décida donc d’aller faire une sieste, après le dessert.
Cela faisait deux ans qu’Anne n’avait pas passé plus de trois jours chez ses parents ; elle passait toujours en coup de vent depuis la fin de ses études : son métier de grand reporter lui prenait tout son temps. La journaliste ne savait pas vraiment pourquoi elle avait pris ce congé, probablement pour se reposer et se ressourcer ; elle était à la limite du burn-out quelques mois plus tôt. En cette fin d’après-midi d’avril, après s’être levée de sa sieste, Anne fouilla dans les placards de sa chambre d’adolescente, à la recherche d’un plaid ; mais cachée derrière des draps, elle tomba sur sa boîte à souvenirs, qui n’avait plus été remplie depuis quatre ans. C’était une boîte en carton, peinte en bleu avec des petites fleurs blanches. Elle contenait des cartes postales, des lettres reçues ou écrites et jamais envoyées, son ancien téléphone : un iPhone 11 – une antiquité –, des places de cinéma, de théâtre, des tickets de métro, des billets de monnaies étrangères rapportées de voyages, des photos, des carnets, quelques bijoux, un élastique à cheveux, des dessins, et plus encore. Chaque souvenir avait été conservé dans cette boîte pour une raison particulière et chacun racontait donc une histoire, et entre autres des histoires avec des amoureux, amoureuses ou des amants et amantes.
Anne, qui avait tout son temps, décida d’ouvrir cette boîte et de s’y plonger, en piochant au hasard. La première chose qu’elle attrapa fut un billet de train Bordeaux – Saint Jean, datant d’octobre 2022.
* *
*
Octobre 2022
*Ding dong !* « Mesdames et Messieurs, je suis Manon votre cheffe de bord. Bienvenue à bord du TGV 54833 au départ de Paris Montparnasse, et qui aura pour terminus Hendaye. Ce train desservira les gares de Bordeaux – Saint-Jean, Dax, Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz – Ciboure et enfin Hendaye, son terminus. Chers passagères et passagers, je vous souhaite au nom de toute l’équipe de ce train et de la SNCF un agréable voyage à bord de notre TGV 54833. »
« Pardon ! Pardon ! Anne essayait tant bien que mal d’avancer dans son wagon. Excusez-moi, madame, mais je crois que vous êtes assise à ma place…
— Oh oui, pardon, mademoiselle, je me suis trompée de voiture ! Je vous laisse votre place. »
Voilà encore une fois un échange qu’Anne avait l’habitude d’avoir avec un passager de train. En effet, Anne était toujours en retard, elle ne pouvait faire autrement. Anne avait vingt ans, elle était étudiante en faculté d’histoire et voulait devenir journaliste, ou mieux : grande reporter, et en Iran si possible. Elle allait jusqu’à Saint-Jean-de-Luz pour rendre visite à ses grands-parents paternels qui vivaient dans le village d’Espelette. Anne était jolie, avait les cheveux châtains dans lesquels des reflets de miel apparaissaient lorsque les beaux jours revenaient, elle avait les yeux couleur vert gris (personne n’avait jamais réussi à décrire précisément la couleur de ses yeux) et des taches de rousseur formaient un masque autour de ses yeux dès qu’un rayon de soleil illuminait son visage.
Anne aimait beaucoup prendre le train pour le Pays Basque, car – selon elle – il y avait toujours de « beaux mecs » (je la cite). Et, hasard ou non, il y avait justement un beau mec assis juste à côté d’elle. L’étudiante en histoire observa aussi discrètement que possible son voisin de siège : il était brun, avait la peau bronzée – presque mate –, était habillé « comme un parisien » (dans le langage d’Anne, cela voulait dire qu’il s’habillait bien et qu’il portait des vêtements d’une fameuse marque américaine réputée pour ses bonnets, vestes et jeans avec leur logo mis en évidence et qu’il portait des « sneakers » – car le bobo parisien ne porte pas de baskets – d’une marque végan). Il restait au moins deux heures et dix minutes de trajet à Anne pour en savoir plus sur ce charmant jeune homme. Notre étudiante fixa ses écouteurs dans ses oreilles, connecta le bluetooth de son téléphone à ces derniers, ouvra son application de musique, mis la playlist du film Les bien-aimés (film du génial Christophe Honoré et bande originale du non moins excellent Alex Beaupain) et réfléchit à un plan.
Anne fit un « récap’ » de la situation dans sa tête : elle était à côté d’un des « plus beaux mecs (je la cite, hein) qu’elle avait vus DE TOUTE SA VIE », il était assis à côté d’elle, au moins jusqu’à Bordeaux ; Anne disposait donc de deux heures pour lui adresser la parole : elle devait au moins entendre sa voix, connaître son prénom et si possible obtenir un numéro de téléphone, un pseudo Instagram, quelque chose. Cet homme semblait avoir au moins vingt-cinq ans, peut-être un peu plus. Anne regarda ce qu’il faisait sur son ordinateur ; c’était un musicien : en effet, il écrivait des partitions sur un logiciel prévu à cet effet. Le fait qu’il soit musicien rajouta à ce charmant jeune homme encore plus de charme et accrut l’intérêt que notre protagoniste commençait à lui porter. Anne eut un éclair de génie (enfin, selon elle…) : elle allait lui demander son chargeur de téléphone : ils avaient le même modèle. Alors, Anne ôta ses écouteurs, coupa sa musique et feint de ne plus avoir de batterie. Elle prit son courage à deux mains, et dit :
« Euh… Excusez-moi, vous auriez un chargeur de téléphone, s’il vous plaît ? J’ai oublié le mien chez moi, je n’ai plus que 10 % de batterie et je dois avoir suffisamment de batterie jusqu’à Saint-Jean-de-Luz… voilà ce qu’Anne dit ; elle n’était pas très bonne actrice, mais elle avait réussi à adresser la parole à cet homme. Elle avait même souligné qu’elle allait descendre à Saint-Jean-de-Luz, donc – avec un peu de chance – il lui dirait probablement jusqu’où il allait.
— J’ai ça ! Vous avez bien un iPhone 11 ? Voilà ce que répondit ce bel inconnu, avec un sourire éblouissant.
— Voilà, c’est ça, ah ah ! dit Anne, devenant aussi rouge que son siège.
— Parfait, le voici !
— Merci beaucoup ! Vous me sauvez ! Anne n’était jamais dans l’exagération…
— Je descends à Biarritz, donc vous pourrez me le rendre juste avant que je parte ; rien ne presse. D’ailleurs, moi c’est Marceau, et vous ? lui dit donc Marceau, d’une voix calme et joyeuse.
— Anne ! elle lui répondit cela en essayant de ne rien laisser paraître, mais elle était dorénavant rouge écarlate. Anne était assez timide, elle rougissait donc facilement, mais là elle était face au “mec idéal” (toujours selon elle), c’était donc pire : elle perdait tous ses moyens.
— Joli prénom ! lui dit Marceau, avec un joli sourire.
— Merci ! » c’est bon, on venait de perdre Anne ; elle était conquise (oui, il lui en fallait peu).
L’étudiante en histoire devait absolument continuer cette discussion avec Marceau, elle venait d’avoir un coup de foudre. C’était la première fois de sa vie qu’elle ressentait cela, et elle avait pourtant déjà été amoureuse. Cela venait de lui tomber dessus, d’un coup. Alors, Anne décida de surmonter à nouveau sa timidité et redit un mot à Marceau : elle lui demanda ce qu’il allait faire à Biarritz, il lui répondit qu’il allait rejoindre son groupe d’amis pour une semaine. Alors, pendant une heure ils continuèrent à discuter, à se présenter, dire ce qu’ils faisaient dans la vie, d’où ils venaient, et commencèrent à se tutoyer. Anne apprit que Marceau était (comme elle l’avait deviné) musicien et plus précisément compositeur et percussionniste de formation ; néanmoins il savait jouer du piano, de la flûte traversière et de la basse. Marceau avait vingt-neuf ans, était originaire de Marseille, il aimait la musique, mais aussi la danse, le cinéma (surtout regarder des films avec Jean Dujardin et Pierre Niney) et l’art en général. Il appréciait aussi la « bonne cuisine », le vin (s’il n’avait pas été musicien, il aurait probablement ouvert une cave ou un bar à vins), il adorait sortir avec ses amis et voyager (mais surtout passer ses après-midi à bronzer sur des plages). Tout ça, c’était aussi ce qu’Anne aimait : elle jouait du piano, elle adorait voyager (mais moins rester sur une plage à bronzer : elle ne bronzait pas, elle cramait…), aller au cinéma, aller boire des verres avec ses amis, se balader, écouter de la musique et elle avait fait douze ans de danse. Anne avait l’impression d’être tombée sur son double, son âme sœur. Marceau habitait à Paris et y était arrivé à la fin de ses études ; ils vivaient donc dans la même ville : ils pourraient être amenés à se revoir ! L’historienne et le musicien parlèrent de politique, de féminisme et d’écologie : ils étaient, à quelques détails près, sur la même longueur d’onde. Anne apprit que Marceau (qui glissa plus ou moins subtilement ces deux informations) était célibataire depuis plusieurs mois et qu’il n’avait aucun problème avec la différence d’âge dans un couple, tant que les deux partenaires étaient majeurs et consentants, bien entendu.