Charlemagne - une légende? - Robert Soisson - E-Book

Charlemagne - une légende? E-Book

Robert Soisson

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Beschreibung

Ce livre donne un aperçu sur les recherches de l'historien allemand Heribert Illig, qui en 1996 a boulerversé le monde scientifique de son pays avec la publication de son livre "Le Moyen-Âge inventé". En partant de considérations générales sur la chronologie de l'Égypte, de la Mésopotamie et de la Préhistoire, Illig reproche aux historiens de se référer jusqu'à nos jours au schéma temporel fixé par la bible et de combler les lacunes existantes par l'invention de peuplades entières et de leurs dynasties, comme p. ex. les Sumériens. Selon Illig, ce fut le cas également en l'Europe occidentale pour l'époque du Haut Moyen-Âge. Pour des raisons cmplexes qui sont développées dans ce livre, les rois et empereurs allemands du XIe siècle se sont créés avec l'aide de l'église catholique une descendance impériale avec Charlemagne comme personnage central. Illig définit ces périodes sombres ("dark ages") comme des périodes sans évidences archéologiques (traces de vie, bâtiments, tombes, lieux de culte, places fortifiées etc.). En effet, des centaines de monastères, résidences royales, églises et forteresses construites apparamment par Charlemagne en France et en Allemagne, il ne subsiste aucune trace.

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1 TABLE DES MATIÈRES

1.1.1 Note de l’auteur

2 Introduction

3 Histoire, Mythes et Catastrophes

3.1.1 Digression : Vélikovsky : Mondes en collision

3.2 La reconstruction de l’histoire

3.2.1 Vélikovsky, l’hérétique

3.2.2 Le chaos interplanétaire

3.2.3 Retour au Big Bang

3.3 Une chronologie basée sur l’évidence

3.3.1 Chronologie relative

3.3.2 Chronologie absolue

3.3.3 La bible et les sumériens

3.3.4 Les lacunes stratigraphiques

3.3.5 De la Chine à la Nubie

3.3.6 L’invention de Sumer

3.3.7 Le mystérieux Akkad

3.3.8 La triple Assyrie

3.3.9 Chronographie de l’orient antique selon l’évidence stratigraphique

3.3.10 Le temps d’Alexandre

3.3.11 Chronologie de l’Inde et de la Chine

3.3.12 Les Hittites

3.3.13 Ebla ne doit pas vieillir

3.3.14 Strates éoliennes en Palestine

3.3.15 Scythopolis (Bet Sche’an) sans scythes

3.3.16 La multiplication miraculeuse des Hyksos

3.3.17 Fouilles insuffisantes et lacunes temporelles

3.4 L’Égypte millénaire

3.4.1 Où se trouve l’Égypte du 1

er

millénaire?

3.4.2 Le verre incassable

3.4.3 L’Égypte sans aucune culture

3.4.4 Faits et fiction

3.4.5 L’évolution époustouflante de l’Égypte

3.4.6 Granite et voûtes

3.4.7 Bœuf à la Pythagore

3.4.8 Paradoxes égyptiens

3.4.9 Les noms et les listes des pharaons : pistes brouillées

3.4.10 La chronologie égyptienne

3.5 La construction des pyramides égyptiennes

3.6 La préhistoire en Europe

3.6.1 Le mégalithique se rétrécit

3.6.2 Les Celtes

3.6.3 La navigation maritime dans la préhistoire

3.6.4 Transfert culturel transatlantique ?

3.6.5 L’antiquité rajeunie

3.7 Retour aux sources

3.7.1 Un millénaire de continuité

3.7.2 Art et outils

3.7.3 Adam et Eve

3.7.4 Fossiles et catastrophes

3.7.5 Fin de la période glaciaire et holocène

3.7.6 Création et âge du monde

3.7.7 Digression : Shlomo Sand

3.7.8 L’âge du monde et les sciences exactes

3.8 Évolution cataclysmique

3.8.1 Le fossile Darwin

3.8.2 Les découvertes de Darwin restent des postulats

3.8.3 Evolution cataclysmique

3.8.4 La percée ?

3.8.5 Conclusions: La terre menacée ?

4 Le moyen âge inventé : Le premier livre à succès de Heribert Illig

4.1 Charlemagne – Super Empereur

4.1.1 Le juriste

4.1.2 Ethnologue et germaniste

4.1.3 Humaniste et amateur d’art

4.1.4 Saint et théologien

4.1.5 Charlemagne le conquérant

4.1.6 Digression : Problèmes de logistique

4.1.7 Homme d’action et flâneur

4.1.8 Le premier croisé à Jérusalem

4.1.9 Le territoire de l’empire carolingien

4.1.10 Lacunes historiques

4.2 Le pays des francs : Un pays sans économie

4.2.1 Un pays sans villes

4.2.2 Les invasions normandes

4.2.3 L’argent et le commerce

4.3 Charlemagne et les arts

4.3.1 Sculptures

4.3.2 Un maître d’œuvre hors du commun

4.3.3 La chapelle palatine: 24 indices pour une datation erronée.

4.3.4 A quelle époque appartient la chapelle de Charlemagne ?

4.3.5 Les enluminures

4.4 Charlemagne comme objet de falsifications

4.4.1 Les vraies répercussions de Charlemagne

4.4.2 Charlemagne le fictif : Quand et pourquoi ?

4.4.3 Cui bono ?

4.4.4 Saint-Denis : un exemple de confusion

4.4.5 L’étrange autodestruction des mérovingiens et la disparitiion des carolingiens

4.4.6 Digression : Le « Spiegel » et Charlemagne

5 Les tombes disparues des mérovingiens et des carolingiens

5.1 Les rois et les reines mérovingiens

5.2 Les rois et les reines carolingiens

5.2.1 Digression : Emmet Scott : Mahomet et Charlemagne

6 La preuve à l’exemple : La Bavière

6.1.1 Les terrassements

6.1.2 Les champs funéraires

6.1.3 Les agglomérations du haut moyen-âge

6.1.4 Indices pour des églises en bois

6.1.5 Les bandes à entrelacs

6.1.6 Les églises en pierre du haut moyen-âge

6.1.7 Ratisbonne

6.1.8 Freising et Salzbourg

6.1.9 Résumé

6.2 Et en France ?

6.2.1 Digression : le plan de St. Gall

6.2.2 Les palais impériaux

6.2.3 Auxerre et Dijon : deux flambeaux de l’art carolingien

6.2.4 Les églises préromanes et romanes en France

6.2.5 Les églises dans l’œuvre de Carol Heitz

6.2.6 Remmler et les palais disparus de Charlemagne

7 Qui a changé l’heure : Le deuxième livre à succès de Heribert Illig

7.1 Deux millénaires, mais pas 2000 années ?

7.1.1 L’énigme de la naissance du Christ

7.1.2 L’étoile de Bethlehem

7.2 Le 1

er

millénaire : beaucoup trop court ?

7.2.1 La réforme de Jules César

7.2.2 La réforme de Grégoire XIII

7.2.3 Une réforme incomplète

7.3 Les siècles noirs

7.3.1 Charlemagne le fictif.

7.3.2 La Franconie fictive

7.3.3 Des lacunes dans la chronologie du vieux monde

7.4 Indices pour l’invention du temps

7.4.1 La référence à la naissance du Christ

7.4.2 Les chronologies byzantines et juives

7.4.3 Charlemagne

7.4.4 Hégire et Islam

7.4.5 Le rôle des sciences naturelles

7.5 La manipulation du temps dans les pays de l’est

7.5.1 Constantin VII Porphyrogénète

7.5.2 Les reliques chrétiennes

7.5.3 Pourquoi 297 années

7.6 La manipulation du temps à l’ouest

7.6.1 Othon III

7.6.2 L’an mille et l’apocalypse

7.6.3 Le motif et sa réalisation

7.6.4 Christologie – Eschatologie – Hérésiologie

7.7 Du temps inventé sur parchemin

7.7.1 La correspondance

7.7.2 Les documents

7.7.3 Les dilemmes des études médiévales

7.7.4 Histoire et histoires

7.7.5 Digression : Thomas Kuhn et les révolutions scientifiques

8 Litérature

9 Illustrations

10 Tableaux

11 INDEX

Préface de Heribert Illig

Figure 1 Heribert Illig

C’est à peine concevable. Voilà un homme, dans ce cas mon ami Robert Soisson, qui se fraie son chemin à travers de milliers de pages d’une lecture passionnante, bien que laborieuse, pour faire un résumé de ma conception d’une chronologie critique pour les lecteurs francophones. Ceci ne peut être l’œuvre d’un homme qui s’est consacré à part entière à ce sujet. Mais Robert a encore d’autres points d’intérêt dont je peux citer son dévouement pour le réseau des anciens étudiants de l’université de Heidelberg1, la promotion du dessin humoristique au Luxembourg2 et son engagement pour les droits de l’enfant3. A eux seuls, ces trois domaines devraient être plus que suffisants pour son emploi du temps. Mais non, Robert s’intéresse également à la « critique de la chronologie », une discipline à peine connue dans les pays francophones.

Et pourtant, depuis la création du monde ou la naissance de Jésus, à travers toutes les périodes de crise des temps et des peuples, il aurait été surprenant de voir alignés correctement et nettement tous les jours du passé sur l’axe du temps. Mais comment l’histoire a-t-elle été assemblée ? A un moment, le savant Varro a établi un calcul pour déterminer la naissance de Rome en l’an -753 (« ab urbe condita ») officialisé 750 ans plus trad sous Auguste et qui sert de base pour la chronologie actuelle. Beaucoup d’archéologues auraient préféré une autre date comme p.ex. le début du -6e siècle. Ainsi les aléas et les incertitudes se prolongeaient.

Le sommet de ces incertitudes est atteint après l’ère des Romains à l’ouest. Ammianus Marcellinus, le dernier historien romain connu, nous a laissé des œuvres jusqu’en l’an 378. Après lui, c’est Grégoire de Tours qui publie ses « Dix livres d’histoire » à la fin du 7e siècle mais qui ne sont pas des chroniques au sens propre du terme. Puis, Fredegar, ainsi nommé au 16e siècle, saute dans la brèche et qui rend compte jusqu’en 642. Ses successeurs, tout aussi anonymes, le font jusqu’en 727. Quelques années plus tard, les « annales regni Francorum » semblent donner un témoignage fiable de la période entre 741 et 829, continué en Franconie occidentale jusqu’en 882, dans la partie orientale jusqu’en 901. Mais est-ce qu’on peut se fier à ces « annales » qui rapportent des événements astronomiques - constellations stellaires et indications des degrés - avec une précision qui ne réapparait qu’à la fin du 12e siècle à Paris ?

Ici apparaissent clairement des besoins de recherche après que les médiévistes, selon leur propre avis, ne se sont plus penchés sur la chronologie depuis plus de 100 ans. Nulle part au monde, il existe une chaire de chronologie dans les universités. Le premier à réviser l’histoire de l’antiquité était Velikovsky, qui en 1945 a mis en question l’axe du temps, un aspect de son œuvre qui va survivre à mon avis. Depuis 1991, j’ai commencé à examiner de près l’axe du temps du moyen âge. Les résultats que j’ai obtenus vont être présentés en détail dans ce livre de Robert.

Ces résultats sont en contradiction aigue avec les vues des historiens compétents. Depuis un siècle, ils n’ont pas remis en question la version officielle du courant de l’histoire après la parution en 1914 du 3e tome du « Manuel de la chronologie mathématique et technique : les méthodes chronologiques des peuples » de Friedrich Carl Ginzel. Lors d’un face-à-face avec des médiévistes, on me reprocha de ne pas suivre leur méthode. Il s’agit de la méthode de la « critique radicale »4 développée au 18e et au 19e siècle pour l’analyse de textes historiques. Mais à cette époque, les résultats de l’archéologie étaient peu nombreux et peu connus. Cela a changé radicalement après la 2e guerre mondiale. A ce moment-là, du moins en Allemagne, on a fait des fouilles systématiques dans les centres-villes mais les résultats de ces fouilles n’ont pas été incorporés à la méthode de la critique radicale.

Les habitations du haut moyen âge, où ont été rédigés et conservés les documents écrits à l’époque étaient quelquefois construites en pierre ou pour la plupart d’entre elles en bois. Mais pour la période qui nous intéresse plus précisément dans ce livre, les découvertes archéologiques sont quasi inexistantes. Un archéologue peut dater un bout de pilier contenu dans un trou du sol avec précision, mais quand il n’y en a pas … C’est pourquoi, j’ai pu sous-titrer mon livre sur la Bavière « L’archéologie réfute les documents du haut moyen-âge »5. Aucun médiéviste ne m’a pu expliquer jusqu’à ce jour ce qui n’est pas correct dans mon approche. Au contraire. Le professeur Michael Borgolte de l’Université Humboldt à Berlin décrétait déjà en 1999, qu’on avait suffisamment parlé de moi et qu’il faillait dorénavant m’ignorer. Mais même sa faculté ne l’a pas suivi, car pour l’opinion publique, l’affaire était trop passionnante. Toutefois, il a réussi à empêcher la publication d’articles dans les journaux et magazines spécialisés. En même temps les archéologues sont financés généreusement pour faire des fouilles visant à falsifier mes thèses. Je ne mentionne ici que la recherche futile de la tombe de Charlemagne à Aix-la-Chapelle ainsi que les fouilles continuelles près de la « Fossa Carolina ».

Ici, il faut mentionner une nouvelle discipline de recherche : La datation scientifique à l’aide d’isotopes de carbone (14C) et la dendrochronologie. Ceci fonctionne selon le procédé bien connu de la boîte noire : Un morceau de bois fait son chemin au laboratoire, et un jour ou l’autre, le résultat est publié sur une feuille de papier. Lors des fouilles dans le centre-ville de Hambourg, ça pouvait durer jusqu’à une année entière. Un prélèvement à la chapelle palatine d‘Aix fut l’un des plus étonnants : Là, dans la maçonnerie de la coupole existe un canal circulaire, dans lequel se trouvait au début des travaux un ancre en bois qui pouvait moisir parce que les ancres de fer assuraient plus tard la stabilité. De ce bois, on retrouvait un petit reste qui avait la consistance d’un bout d’ouate. Malgré cela, on lui trouvait des cernes annuels. Mais il ne remplissait plus la cavité entière du canal. C’est pour cela qu’on coulait du béton dans le canal pour ensuite compter les cernes à partir de la coulée de béton. Et, qui l’aurait cru, le résultat indiquait comme on l’espérait, une date proche de 810, ± 10 ans. Depuis, le monde pour les médiévistes est de nouveau en ordre.

Les sceptiques comme moi-même ne se laissent pas intimider par de telles pratiques. En analysant d’avantage de périodes du moyen âge, de plus en plus d’indices font jour : le manque strident de découvertes archéologiques dans le monde byzantin et le monde islamique pour la période du haut moyen âge comme p.ex. à Cordoue, où des fouilles ont été faites au centre-ville, contrairement à Bagdad. S’y ajoutent les études qui ont mené à une réduction drastique des listes des rois en Suède, en Pologne et partiellement aussi en Bohème, des listes qui remontaient parfois jusqu’au 6e siècle et qui maintenant débutent au 10e siècle. Ces mêmes études remontent parfois à l’époque des Lumières. Et pourquoi les raids meurtriers des Vikings sur le ‘continent’ n’ont pas été chantés par les bardes comme à l’Âge de Vendel, une époque de l’histoire de la Suède avec ses rois légendaires. Il y a donc toujours plus d’indices, non seulement archéologiques, qui plaident en faveur d’une construction historique erronée.

C’est pourquoi que je suis très content que maintenant la France, pays des Francs comme l’Allemagne, va avoir la possibilité de s’informer sur ces recherches. Cela se passe de la même manière comme dans les pays anglo-saxons, où Emmet Scott a résumé le nombre croissant de résultats de recherche et les a présentés au public anglophone. Entretemps, une traduction d’un de mes livres en italien attend d’être imprimée, en Hongrie, des traductions circulent depuis 2002. Pour les Hongrois, l’intérêt est de taille : Apparemment, le roi Árpád a envahi la Pannonie, bien que Charlemagne y ait laissé le ‘désert des Avares’. La solution de ce problème historique se résout, si on élimine 297 années : Avares, Slaves et Hongrois se disputent le territoire au 6e siècle et les Hongrois s’imposent. Ceci explique aussi pourquoi il y a tellement peu d’objets laissés par les Avares et pourquoi il y a tellement peu de noms de localités au Burgenland d’origine avare. Et une partie de l’histoire bavaroise apparaît sous un autre angle : En 906, la noblesse bavaroise a été si radicalement évincée lors de la bataille de Presbourg, qu’il est difficile de faire le lien entre les carolingiens et les ottoniens. Ainsi la noblesse inventée du moyen-âge inventé est détachée du moyen-âge réel.

Pour tout le reste, je vous renvoie au livre de Robert Soisson, qui a condensé tous ces évènements, un travail pénible, pour lequel je tiens à le remercier.

Dr. Heribert Illig, 20. 8. 2018

1 Soisson, Robert e. a.: 10 Jahre Heidelberg Alumni Luxemburg, publé par Heidelberg Alumni Luxemburg à Luxembourg en septembre 2016, ISBN: 978-99959-0-263-6

2 Soisson, Robert & Leurs, Pol : Humoristic Luxembourg. 31 portraits de c artoonistes contemporains. Textes en Français, allemand et anglais. Publié par CartoonArt.lu a.s.b.l., 2017, ISBN 978-2-9199469-0-7

3 Soisson, Robert : Das Echternach-Syndrom, tome 1 : Kinderrechte in Luxemburg (les droits de l’enfant au Luxembourg) publié par Books on Demand, Norderstedt, ISBN : 987-3-7448-1356-3: www.bod.de, août 2017

4https://fr.wikipedia.org/wiki/critique_radicale

5 Voil le chapitre 6 : « La preuve à l’exemple : La Bavière » p. 165 ff.

1.1.1 Note de l’auteur

Charlemagne a-t-il réellement vécu ? Les dynasties mérovingiennes et carolingiennes ont-elles été purement et simplement inventées ? Par qui et pourquoi ? Où sont les tombes de leurs souverains ? Peut-on parler d’une architecture ou d’une « renaissance carolingienne » ? Où sont les traces des palais de Charlemagne ? Notre chronologie est-elle exacte ? Les pyramides ont-elles été bâties en plein âge de pierre ? Comment et par qui ? Quelle influence la bible a-t-elle eu sur la construction de notre chronologie ?

Voilà seulement quelques questions auxquelles l’historien allemand Heribert Illig et ses collaborateurs réunis autour du magazine “Zeitensprünge” (“Sauts dans le temps”) ont tenté de donner une réponse. Tout ce qui est exprimé dans ce livre est puisé dans les quelques 25.000 pages publiées par Illig et ses adeptes au courant des 30 années passées. Il ne s’agit donc pas de travaux de recherche, d’idées ou d’opinions personnelles de ma part sauf dans le cas où elles sont marquées comme telles. Parfois, j’ai ajouté les idées d’auteurs qui, souvent en toute indépendance, ont exprimé des théories proches de celles d’Illig. Les sujets abordés dans ce livre ne sont donc pas traités d’une manière exhaustive. Mon intention est d’en donner un bref aperçu, invitant le lecteur à lire les textes d’origine, à faire éventuellement des recherches personnelles et à lire – ou à relire - les manuels d’histoire sous une perspective différente.

Le livre de Heribert Illig sur le « Moyen-âge inventé », qui en est à sa 23e (!) édition, a largement contribué à sa renommée en Allemagne. Sa thèse que presque 300 ans sont de trop dans notre chronologie et que, par conséquent, tous les personnages qui y figurent sont plus ou moins fictifs, y inclus Charlemagne, a provoqué la colère des historiens outre-Rhin. Mais 30 ans après, il apparait que le moyen-âge inventé n’est qu’une seule pièce dans le puzzle de la chronologie mondiale que l’historien tente de compléter.

J’ai rencontré Heribert Illig il y a quelques années à Munich et par la suite, je l’avais invité à Luxembourg pour une conférence, suivi d’un séminaire où nous avions l’occasion d’approfondir nos échanges sur ses théories. Depuis, nous sommes en échange permanent via les “Zeitensprünge” et par e-mail.

Robert Soisson

2 INTRODUCTION

Dans l’histoire, telle qu’elle nous est présentée dans les livres d’histoire à l’école et dans de nombreux livres écrits par de nombreux historiens à formation académique, on parle de périodes « noires ». Ce fait est bien connu de tous, mais personne n’y prête vraiment attention. Personne ?

En Allemagne, un groupe de chercheurs autour de l’historien Heribert Illig y consacre depuis presque trente ans un formidable travail de recherche et de documentation. A part les conclusions sensationnelles de ces chercheurs, combattues sans merci par les historiens « établis », l’originalité de leur travail consiste dans une approche multidisciplinaire intégrant les disciplines voisines de l’histoire : l’histoire de l’art, l’archéologie, l’astronomie, la géologie, la littérature etc. En fait, leur approche n’exclut aucune contribution qui peut participer à la reconstruction de l’histoire sur l’axe du temps.

Le présent livre veut porter à la connaissance d’un public francophone les découvertes de ce groupe qui s’est donné lui-même le nom de « Zeitenspringer » (sauteurs dans le temps), mot emprunté à leur bulletin d’information qui s’appelle « Zeitensprünge ». Personnellement, je caractériserais ces découvertes comme un changement copernicien dans la perception de l’histoire. Comme tous les changements de paradigme dans les sciences6, celui-ci est également combattu vigoureusement par « l’establishment » des historiens, du moins pour le moment en Allemagne.

En quoi consistent donc les hérésies formulées par Illig et ses amis ? Il y en a beaucoup, en non des moindres ! Il est bien sûr trop tôt pour l’instant d’entrer dans les détails, mais voici les principaux axes de leurs réflexions et les conclusions (entre autres) qui s’en déduisent :

Révision complète de la chronologie de la Mésopotamie : les Sumériens en tant que peuple sont une fiction

Révision complète de l’histoire de l’ancienne Égypte : Les pyramides de Gizeh ont été construites au 1

er

millénaire avant notre ère

Révision de l’histoire de l’hellénisme : il existe un trou de 200 ans avant notre ère

Révision de l’histoire du Moyen Age : Charlemagne est un personnage fictif

Trous noirs dans les histoires des civilisations en Asie, Afrique et Amériques

Révision complète de la protohistoire : Stonehenge date du 1

er

millénaire avant notre ère

Etc.

Plusieurs raisons sont souvent invoquées pour expliquer les résultats des chercheurs :

L’incongruence entre diplomatique et trouvailles archéologiques : Des périodes entières sont sans vestiges archéologiques ce qui remet en question la véracité de beaucoup de documents d’époque qui apparaissent comme des falsifications

Le « Bibelfundamentalismus », (« fondamentalisme biblique ») terme qui désigne la croyance absolue des historiens dans le schéma temporel fixé par l’ancien et le nouveau testament. Pendant des siècles, l’histoire des civilisations du monde entier a été « adaptée » à l’axe temporel préconisé par la bible avec le résultat que des périodes entières ont dû être « remplies » avec des évènements et des personnages fictifs pour combler les lacunes.

Le refus des historiens, de travailler d’une façon interdisciplinaire, même au niveau des universités et leur combat acharné contre les trouble-fête qui remettent en question leurs théories et leurs méthodes.

L’incroyable naïveté de beaucoup d’historiens qui n’hésitent pas à donner vie à des personnages fictifs en inventant purement et simplement, couche après couche, actes et paroles dans le but de publier des biographies pseudo-scientifiques.

Je reviendrai en détail sur les controverses qui opposent Illig et les historiens « établis » en Allemagne, mais il faut relever ici que son principal affront a été la publication en 1996 du livre : « Das erfundene Mittelalter » (Le moyen âge inventé)7 qui a remis en question l’existence de Charlemagne et des Carolingiens et s’est vendu à plus de 100.000 exemplaires (actuellement, les éditions Ullstein publient la 23e édition.)

Illig trouvait étrange, que le dôme d’Aix-la-Chapelle avait été construit sous les ordres de Charlemagne et terminé en l’an 800 avec une coupole géante qui n’a trouvé pareil que 600 ans plus tard en Toscane. En analysant de près quelques particularités de l’architecture de ce bâtiment, il a constaté que ces éléments ne pouvaient jamais faire partie d’un édifice du 8e siècle.

Ses soupçons éveillés, il s’est penché sur la Vita de l’empereur lui-même et il n’a pas fini de s’étonner des faits biographiques attribués à ce personnage. Mais comme ceci va être le sujet d’un chapitre des plus amusants dans ce livre, je n’entrerai ici pas dans les détails. Retenons qu’Illig suppose que plus ou moins 300 années sont de trop dans la chronologie du moyen âge, période qui couvre surtout l’époque des carolingiens.

Le scandale était parfait et les historiens attitrés en Allemagne calomniaient Illig à outrance allant même à le dénoncer comme « négationniste », le situant à proximité des néonazis qui renient l’existence des camps de concentration. Or Illig est tout sauf un réactionnaire, voire un fasciste.

Dans son livre sur Charlemagne, Jean Favier fait une remarque assez intéressante dans ce contexte : « Au XIIe siècle, les Capétiens chercheront à embellir leur légitimité en raccordant leur dynastie à celle de Clovis (souligné par l’auteur) … »8 C’est exactement ce que les Ottoniens ont fait en Allemagne mais Illig est mis au pilori pour avoir soupçonné une chose pareille.

Approfondissant ses recherches, Illig a publié un deuxième livre à grand succès : « Wer hat an der Uhr gedreht ? » (Qui a changé l’heure ?). Dans ce livre, s’appuyant sur des données en provenance d’observations astronomiques (éclipses solaires, lunaires …) et sur des réflexions concernant la mise en place et les réformes consécutives de notre système des calendriers, Illig arrive à calculer avec exactitude le laps de temps qui est de trop dans la chronologie, à savoir 297 années.

Inutile de répéter qu’il est considéré comme un charlatan par le « mainstream » des historiens. Aujourd’hui, Illig se défend d’être considéré uniquement comme celui qui a détrôné Charlemagne. Ses recherches sont en effet autrement plus profondes et compliquées. Souvent, il suffit de se poser des questions simples pour abouti à des réponses complexes : Est-il possible de travailler le granit avec des outils de pierre ou de bronze ? Ou : Est-il possible en plein néolithique d’extraire et de déplacer sur des centaines de kilomètres des blocs de granite pesant plus de 20 tonnes ?

Ensemble avec un praticien qui travaille dans la planification de grands chantiers, Illig a su montrer que les pyramides du plateau de Gizeh ont été construites autour de l’année 600 avant notre ère et que la construction elle-même a pu être réalisée – pour la pyramide de Chéops – dans un délai de 20 ans avec 5-6000 ouvriers spécialisés sans avoir recours à des esclaves. Pour expliquer le transport des pierres au sommet de la pyramide, Illig et Löhner9 ont imaginé un système de poulies utilisant la pente de la pyramide comme rampe et décuplant l’effort des travailleurs.

Comme la pyramide n’a pu être construite qu’après l’utilisation massive d’outils en fer et en acier, le pharaon Khéops n’a forcément pas pu vivre deux mille ans avant. Déjà avant la publication du livre sur les pyramides, Illig s’était penché sur la question de la chronologie égyptienne, ensemble avec son ami, le professeur Gunnar Heinsohn, spécialiste des civilisations anciennes. En résumé, leurs conclusions étaient que la chronologie égyptienne comporte de nombreux « trous noirs », des dédoublements d’entières dynasties de pharaons et constitue un imbroglio inextricable de noms de rois (un pharaon pouvait avoir jusqu’à cinq noms de souverain officiels et être connu en outre sous 20 autres noms), prêtres et hauts dignitaires. (Cf. le chapitre « Noms et listes des pharaons, p. 47).

Heinsohn s’est penché sur les civilisations mésopotamiennes et a analysé la stratigraphie des principaux sites archéologiques à la recherche d’objets de verre et d’orfèvrerie. Comme les techniques dans la production de ces objets d’art demandent un certain degré d’évolution, il a comparé les objets trouvés dans divers sites et essayé de réécrire l’histoire mésopotamienne dans la lueur de ses découvertes. Comme chez les égyptiens, il a découvert que des peuples entiers (notamment les Sumériens) ont été inventés de toutes pièces pour « remplir » un vide dans la chronologie.

Illig a également analysé la préhistoire dans son livre « Die veraltete Vorzeit»10 (la préhistoire obsolète). Là encore, il doit constater que les célèbres monuments néolithiques ont été datés d’une manière à les faire apparaitre plus vieux qu’ils ne le sont réellement. A part le bénéfice douteux de pouvoir être considéré comme le site le plus vieux dans sa catégorie, une datation délibérément incorrecte comporte de nombreux problèmes pour reconstruire la vraie histoire de ces lieux.

Ces quelques exemples montrent tout l’intérêt des théories qui feront l’objet de ce livre. Il a été conçu en concertation avec Heribert Illig, qui a revu les différents chapitres au fur et à mesure de leur rédaction.

6 Voir à ce sujet les réflexions de l’américain Thomas Kuhn, sur lequel je reviendrai à la fin de ce livre au chapitre « Thomas Kuhn et les révolutions scientifiques » p. 227 ff. dans: Gerhard Anwander : Nachrichten aus der Geschichte der Naturwissenschaften – Paradigma-Begriff bei Thomas Kuhn ; Zeitensprünge 2/2003, P. 349-375

7 Illig, Heribert: Das erfundene Mittelalter – Die gröβte Zeitfälschung der Geschichte, 1ère édition: Econ, Düsseldorf 1996

8 Jean Favier, Charlemagne, p. 39

9 Illig, Heribert & Löhner, Franz. Der Bau der Cheops-Pyramide - Nach der Rampenzeit. Gräfelfing: Mantis-Verlag, 2003 (6e édition).

10 Heribert Illig: Die veraltete Vorzeit - Eine neue Chronologie der Prähistorie. Gräfelfing: Mantis-Verlag, 2005 (2e édition).

3 HISTOIRE, MYTHES ET CATASTROPHES

Pour commencer, je vous propose de plonger dans le vif du sujet en vous présentant un livre publié en 2009 respectivement 2010 (2e édition revue et complétée) et qui s’intitule : “Geschichte, Mythen, Katastrophen” (Histoire, mythes et catastrophes), 360 pages, édité aux éditions “Mantis” dont H.I. est le propriétaire. Ce livre résume les travaux de H.I. et de ses collaborateurs durant les années essentielles entre 1970 et 2010 portant sur la préhistoire, l’histoire de l’espèce humaine et les civilisations anciennes en Mésopotamie, Egypte, Méditerranée, mais aussi dans les continents éloignés comme les Amériques et l’Asie. Le livre est basé sur les théories d’Immanuel Vélikovsky mais il va plus loin. Vélikovsky était un scientifique américain, un des premiers à mettre en question la chronologie traditionnelle et avoir mis en évidence l’importance des catastrophes naturelles dans le développement de l’histoire de l’humanité. Vélikovsky était psychiatre et a consacré plusieurs écrits sur la psychanalyse qui ne nous intéressent pas ici. Voici un large extrait tiré de Wikipédia sur les aspects de sa théorie qui ont influencé Illig :

3.1.1 Digression : Vélikovsky : Mondes en collision

« Mondes en collision

En 1940, Immanuel Vélikovsky compare les chronologies des civilisations égyptienne et hébraïque. Ces deux civilisations contemporaines lui semblent en effet avoir peu d'événements en commun. Il décide de prendre comme point de repère l'Exode, et s'attache à retrouver cet évènement dans l'histoire de ces deux civilisations.

Celui-ci ne doit pas passer inaperçu : l'Égypte est dévastée. Le peuple hébreu, réduit en esclavage, en profite pour s’enfuir ; il croise un autre peuple, en route vers l'Égypte, qu'il envahit et asservit, lui imposant une chape d'obscurantisme et d'oppression de plusieurs siècles.

La version originale de son livre « Le Désordre des siècles » paraît en 1952: il y aurait un décalage de sept siècles entre les événements relatés dans chacune des deux chronologies.

Allant plus loin dans sa démonstration, l'Exode serait selon lui la conséquence d'une catastrophe planétaire, dont les traces se retrouveraient dans toutes les civilisations: la Chine (dynastie des Yao), la Polynésie, chez les Indiens d'Amérique du Nord comme du Sud, les peuplades du nord de l'Europe, les Celtes, en Inde et chez les aborigènes d'Australie. Il démontrerait ainsi l'universalité du cataclysme.

Figure 2 : Mondes en collision

Immanuel Vélikovsky développe cette théorie dans son livre « Mondes en collision » (Worlds in Collision), paru en 1950. Les grands bouleversements cosmiques qui ont affecté la Terre expliqueraient nombre d'évènements comme l'extinction brutale d'espèces entières pourtant adaptées à leur milieu (tel le mammouth).

Ce livre a été sujet à maintes controverses, parmi lesquelles :

« Des thèses totalement ridicules (…) et qui ne respectent aucune loi physique » Bulletin of the Atomic Scientist, 1964.

« Vélikovsky pourrait bien avoir raison » Bulletin of the Atomic Scientist, 1975

Selon lui, les derniers de ces bouleversements seraient récents. Les grandes civilisations de l'Antiquité auraient ainsi été témoins et victimes de ces catastrophes. Certaines se seraient effondrées (mycénienne, crétoise), d'autres y auraient survécu (phénicienne, égyptienne, grecque) ou en auraient émergé (Carthage, Rome).

Les traces de ces bouleversements seraient présentes :

Dans les formations géologiques : fossiles broyés et entassés dans d'immenses fosses communes, couches anciennes basculées sur des récentes, cristaux indiquant le «mauvais » nord,

Dans les mythes et légendes des civilisations qui toutes relatent les mêmes désastres bien que réparties sur tout le globe,

Dans les témoignages écrits laissés par nos ancêtres (gravés sur bas-reliefs ou écrits sur tablettes d'argiles, papyrus) …

Immanuel Vélikovsky attribue les causes de ces bouleversements à des influences extérieures : météorites, comètes, planètes. Lors de l'approche de ces corps, les tensions exercées sur l'écorce terrestre seraient énormes, allant jusqu'à entraîner le basculement des pôles : des montagnes auraient surgi alors que des régions entières s'effondraient, provoquant de gigantesques raz de marée ; les forêts primaires se sont embrasées et leur ensevelissement quasi immédiat pourrait être à l'origine de la formation du charbon ! Ces phénomènes, très intenses aux ères géologiques, ont été en diminuant. Les deux derniers bouleversements seraient situés, l'un aux alentours de 1 500 av. J.-C. (Exode), l'autre aux 8e / 7e siècles av. J.-C. Pourtant, il est connu que l'échelle des temps géologiques n'a rien à voir avec l'échelle des temps historiques.

Selon Immanuel Vélikovsky, la nature tendant vers l'équilibre, les impacts de toutes ces catastrophes iraient en diminuant.

Cette théorie, largement impossible en dépit de quelques arguments (notamment le fait que les astronomes babyloniens établirent plusieurs calendriers successifs différents et que seul le dernier corresponde à notre configuration du ciel, Venus comprise), lui vaut les foudres de certains scientifiques. Victime d'un ostracisme généralisé durant les années cinquante et soixante, il connaîtra un certain retour en grâce dans les quelques années précédant son décès du fait des découvertes des astronomes.

Malgré l'absence manifeste de base physique à sa théorie, plusieurs idées émises par Vélikovsky en 1950 sont aujourd'hui acceptées par la science: notamment l'importance des phénomènes catastrophiques dans l'histoire et l'évolution (par exemple, la disparition des dinosaures), ou bien encore que l'interaction électromagnétique joue un rôle non négligeable dans la dynamique des systèmes stellaires. Contrairement à ce qu'en disent les éditions récentes de Vélikovsky, ces idées n'ont rien d'original, le catastrophisme par exemple est d'origine très ancienne.

Au sujet de Vélikovsky et celui de son bannissement de la communauté scientifique, le célèbre astronome Carl Sagan, qui fut l'un de ses principaux contradicteurs, dans le quatrième épisode de sa série « Cosmos », aura les mots suivants: «Le plus navrant dans l'affaire Vélikovsky n'est pas que ses idées aient été fantaisistes, discutables ou manifestement contraires aux faits. C'est que certains scientifiques aient essayé de le censurer. Si la mise à l'index d'idées dérangeantes est courante en religion ou en politique, ce n'est pas le chemin vers la connaissance et ce genre de pratique est indigne de la véritable science. Nous ne savons pas a priori d'où les prochaines découvertes fondamentales au sujet du système solaire proviendront et l'histoire montre clairement qu'à différentes époques, les idées les mieux acceptées ont souvent été fausses — et que les conceptions les plus révolutionnaires peuvent provenir de n'importe où. »

Il remercie dans son œuvre Albert Einstein pour sa contribution. Ce dernier l'a beaucoup aidé, ils ont discuté jusqu'aux derniers jours d'Einstein, afin de débattre et de faire avancer les théories de Vélikovsky. » Wikipédia11

Mais revenons sur le livre de Illig. Sur les pages 302/3 il donne le résumé suivant :

« Nous avons derrière nous un tour d’horizon époustouflant. Nous sommes partis avec les nouvelles sondes spatiales et les résultats de leurs mesures. Ces signaux en provenance de plusieurs millions de kilomètre ont eu un impact décisif sur notre compréhension des lois cosmologiques. Le système planétaire a perdu sa tranquillité céleste et ‘contre-attaque’.

Ceci nous a menés à Immanuel Vélikovsky, qui a pronostiqué de telles observations il y a déjà 60 ans. Ses thèses courageuses nous ont conduits vers les origines des grandes civilisations humaines. Là, nous avons constaté que les historiens bricolent sans répit sur une chronologie ‘flottante‘ qui est de trois fois trop longue : 900 ans avant notre ère suffisent largement pour définir l’histoire des grandes civilisations. Dans nos livres d’histoire, des règnes fantôme, crées en doublant ou en triplant des cultures ayant réellement existées, peuvent être rayées complètement.

Dans une vue d’ensemble, nous sommes allés de l’Espagne ver la Mer Chinoise, du Nord de la Norvège jusqu’en Nubie et au Nouveau Monde pour détecter les erreurs décisives qui polluent encore actuellement la chronologie. En même temps, il a fallu jeter la lumière sur l’évolution des sciences de l’histoire ancienne pour comprendre quand et comment de telles graves erreurs n’aient pu se produire.

Après avoir montré que les grandes civilisations de ce monde ne se sont développées pleinement seulement qu’au cours du 1er millénaire avant notre ère, nous nous sommes penchés sur les cultures de l’âge de pierre. Néolithique et mégalithique se sont révélées être des cultures de la période tardive du -2e et du -1er millénaire, Le mésolithique s’est révélé – à part une seule couche stratigraphique – comme un ensemble vide. Le paléolithique supérieur, avec ses grandioses expressions d’art rupestre se termine probablement vers la fin du -2e millénaire. En regardant encore plus en arrière dans le temps, nous constatons à la lumière de comparaisons stratigraphiques et topologiques que nous pouvons réduire l’histoire de l’être humain sur plusieurs millénaires au lieu de plusieurs centaines de milliers d’années.

Ceci n’est possible que si la géologie du tertiaire et du quaternaire soient également reconsidérés. Sans avoir la prétention de faire ici des propositions pour une nouvelle table chronologique de cette époque, nous avons trouvé des indices que les périodes glaciaires sont nettement plus récentes et se sont terminées au -2e millénaire.

D’ici ce n’était qu’un pas vers les énigmes de l’évolution biologique dans son ensemble. Il est apparu que le regard fixé sur des millions d’années a complètement négligé l’élément catastrophique dans l’évolution. On comprend que des éléments essentiels font défaut dans le modèle actuellement en vigueur et que, si on leur tient compte, des millions voire même des milliards d’années se réduiront peut-être d’une manière radicale. Vers la fin de notre tour d’horizon, nous retournons au présent en revenant aux découvertes astronomiques récentes qui y figuraient au début.

Est-ce que cela veut dire que nous pouvons nous pencher en arrière avec soulagement et cultiver notre jardin comme Voltaire le préconise dans son Candide. Au contraire. Ce livre est le fruit de 30 années de travail dans les régions germanophones ayant pour but de faire progresser notre compréhension du monde. Peu de personnes y ont contribué et il reste beaucoup à faire. Au défi doit suivre une réponse. Le défi est clair : L’archéologie, l’astronomie, la biologie, la géologie, l’histoire, la paléontologie la physique doivent vérifier à fond leurs axiomes, prémisses et théories. Puis il faut trouver des réponses, des réponses qui ne doivent pas être si partiales que le crypto-volcanisme. Il nous apparait aujourd’hui comme un fossile bizarre mais dans les années 50, il était « dans le vent ». D’autres modèles de pensée, qui aujourd’hui nous paraissent incontournables conçus pour l’éternité vont disparaitre aussi vite que l’apparemment inébranlable URSS dans la politique mondiale. »

3.2 LA RECONSTRUCTION DE L’HISTOIRE

Comment rapprocher catastrophisme et chronologie ? Dans les religions judaïques et chrétiennes, la croyance dans un dieu qui punit l’humanité par des catastrophes allant jusqu’à la destruction quasi-totale de la vie sur terre est omniprésente (déluge, les dix plaies d’Égypte …) Darwin était le premier à s’opposer à de telles croyances mais dès que sa théorie gagnait en acceptation, de nouvelles théories invoquèrent des évènements catastrophiques (impacts cosmiques) pour expliquer certains phénomènes tels que la disparition des dinosaures (Alvarez Luis et Walter, 1979,1980)

Ces évènements catastrophiques sont très discutés, mais une chronologie est indispensable à toute recherche historique. Une ligne du temps ou frise chronologique a longtemps été définie par la bible et c’est seulement sous Napoléon que l’égyptologie a fourni un modèle de référence alternatif. Lepsius et Petrie ont défini le cadre temporel dans lequel se sont déroulées depuis -3000 l’histoire des pharaons, mais de nombreux historiens ont contesté leur théorie en essayant de « vieillir » l’histoire égyptienne.

En 1950, Immanuel Vélikovsky a réécrit cette histoire en synchronisant des récits d’évènements catastrophiques bibliques et égyptiens. En prenant au sérieux des mythes et contes anciens, il les interprétait comme récits sur des catastrophes. Il avait le mérite d’insister sur deux choses :

La chronologie n’est pas un cadeau de dieu, mais inventé par l’homme et donc sujet à la critique et la révision.

Au courant de son histoire, l’humanité a été touchée et influencée substantiellement par des évènements catastrophiques d’origine extraterrestre.

Le monde scientifique a ignoré les théories de Vélikovsky, mais comme des incongruences dans la synchronisation d’évènements historiques surtout au proche orient devenaient de plus en plus évidentes, on créait le projet interdisciplinaire SCIEM 2000 (The Synchronization of Civilizations In the Eastern Mediterranean in the 2nd Millenium BC)12 Le projet se solda par un échec comme les savants impliqués refusaient toute critique de la chronologie traditionnelle et que les nouvelles découvertes scientifiques étaient incompatibles avec l’état des connaissances d’alors.

Depuis 1977, Heribert Illig s’intéresse à ces questions et en 1992, il a publié un résumé des recherches de la « Société pour la reconstruction de l’histoire humaine et naturelle », dont il était un des animateurs. La société a publié régulièrement un bulletin qui s’appelle actuellement « Zeitensprünge »13 (Sauts dans le temps). En décembre 2018 est paru le dernier Numéro, totalisant (avec les livres parus dans le « Mantis-Verlag ») depuis ses débuts plus de 25.000 pages.

Les thèses développées dans ce bulletin et dans les nombreuses publications des différents auteurs sont un sujet de discussions parfois venimeuses dans les médias en Allemagne. Le succès des publications, surtout de Heribert Illig, a obligé les représentants « académiques » des sciences historiques à réagir, mais en général, leur stratégie est de les ignorer tout simplement. Comme l’avait formulé Gandhi : « Tout d'abord ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, puis ils vous combattent, et puis vous gagnez. »

La tendance actuelle chez les historiens semble être dominée par le souci de vieillir artificiellement les faits historiques par des hommes et des femmes en quête de publicité ou de financements pour leurs projets d’après la devise : Plus que c’est vieux, mieux ça rapporte.

Pourquoi reculer dans le temps des millions, voire des milliards d’années ? L’orientation vers le passé ne cache-t-elle pas notre peur de l’avenir voire notre incapacité d’assumer notre présent. Ne faudrait-il pas se poser plutôt la question si des espaces de temps particuliers ont réellement existés ? Est-ce que le temps s’écoule paisiblement comme cela peut nous paraitre ou est-ce qu’il est dominé par des poussées chaotiques et catastrophiques ? La question qui se pose est si les indications temporales que nous fournit la science correspondent à la réalité historique.

En tant que touriste en Égypte, Illig a constaté que dans différents endroits (Karnak, Edfou, Kom Ombo, Abu Simbel etc.) des éléments architecturaux qui, selon la chronologie officielle avaient une différence d’âge de plusieurs centaines d’années, voire plus de mille ans, avaient sensiblement le même état de conservation. Mystérieuse était également l’attribution de ces mêmes éléments à différentes époques, dynasties ou pharaons. Qui plus est : Tandis que des découvertes datant du -3e et du -2e millénaire étaient abondantes, aucun objet ne pouvait être présenté qui datait de l’époque où les grecs étaient en contact étroit avec les égyptiens et même y résidaient (-6e siècle).

En comparant les masques funéraires en or d’Agamemnon découvert à Mycènes par Schliemann daté au -16e siècle et celui de Trebenište originaire de la Macédoine du Sud, daté au -6e siècle, Illig a constaté qu’ils sont presque identiques et qu’une différence d’âge de 1000 ans ne se justifie pas du tout. En discutant ce phénomène étrange avec un expert, directeur d’un musée, celui-ci se contentait de constater que ces techniques artisanales se sont conservées pendant plus de 1000 ans : il n’y a pas de mystère, seulement des lacunes dans nos connaissances de cette époque …

3.2.1 Vélikovsky, l’hérétique

Six mois plus tard, Illig est tombé sur une recension du livre de Vélikovsky sur les « Peuples de la mer ». Dans ce livre, Vélikovsky propose de transplanter Ramsès III du -12e au - 4e siècles pour éliminer ainsi les siècles obscurs qui remplissent cette période.

Figure 3: Ramses II devant les peuples de la mer

Pour la première fois, Illig s’est rendu compte que le vide archéologique peut être expliqué par la chronologie ! Pour lui, Vélikovsky a posé une très simple question : à savoir « est-ce-que la chronologie est correcte ? » et a ainsi tranché le nœud gordien qui ligote les sciences de l’histoire.

En 1945, Vélikovsky a en effet présenté ses 284 « Thèses pour la reconstruction de l’histoire ancienne »14 que l’on peut résumer comme suit :

Les historiens ont échoué en imposant la fausse chronologie qu’ils avaient développée pour l’Égypte entre -1500 et -300 à tout le monde antique ;

Les biologistes ont développé et défendu avec le Darwinisme un faux modèle de l’évolution ;

Les géologues ont délibérément mal interprété les témoignages catastrophistes dans l’esprit de Charles Lydell ;

Les astronomes n’ont pas voulu qu’on mette en désordre leur théorie du système solaire inspirée par Kant, Laplace et Weizsäcker ;

Les physiciens n’étaient pas capables de penser en matière de gravitation au-delà des théories de Newton et Einstein ;

Les psychologues n’ont pas reconnu que les catastrophes célestes sont restées profondément enracinées dans le subconscient collectif et ont méconnu le vrai caractère des mythes et légendes.

3.2.2 Le chaos interplanétaire

Les réactions du monde scientifique sur les thèses de Vélikovsky furent véhémentes. Son éditeur américain Macmillan fut obligé par d’autres auteurs d’ouvrages scientifiques à transférer les livres de Vélikovsky vers une autre maison d’édition. Ces auteurs menaçaient de retirer leurs propres ouvrages du catalogue. Même en Allemagne, la sixième édition de « Mondes en collision » a été annulée à la suite de pressions provenant d’historiens proches des milieux ecclésiastiques et ne fut réédité que 25 ans plus tard, ce qui a amené Illig à constater que « l’inquisition est un fruit Européen ».

Figure 4 : Lucas Cranach (1552) Les étoiles tombaient du ciel

Après 1960, Vélikovsky se tût pendant de longues années. Presque imperceptiblement, ses idées concernant l’importance des évènements catastrophiques furent soutenues par l’aéronautique spatiale comme les sondes interplanétaires envoyaient les messages les plus étonnants sur la terre. Ils étaient tellement fascinants qu’on oubliait de filtrer les indications catastrophistes. Successivement de nouveaux éléments de notre système solaire furent découverts : Lunes, astéroïdes, anneaux planétaires. Le nombre des lunes connues est passé de 31 à 143 (en 2008), le nombre des astéroïdes ayant un nom à 2300 à côté des 435000 autres sans nom. Entretemps on a également découvert un moment magnétique chez toutes les planètes excepté Pluton. Le scepticisme d’origine dans ce domaine a cédé à une croyance tellement forte que l’on trouve que Vénus aurait un champ magnétique étonnamment faible. On a accepté également aujourd’hui que le soleil émet un flux plasmique constant et qu’il existe un champ magnétique interplanétaire en provenance du soleil. Einstein avait tort.

3.2.3 Retour au Big Bang

Le modèle de Hawkins est certainement le premier scénario cosmologique qui se prive de tout dieu créateur. Einstein se méfiait de la physique quantique : « Le Bon Dieu ne joue pas aux dés ! » Ce Dieu qui jette les dés, créé par la physique quantique, lui paraissait comme un facteur d’instabilité dans le modèle cosmologique qui ne pouvait être toléré. Apparemment Einstein, avec sa restauration d’un Dieu créateur personnel a trahi la science athéiste et évolutionnaire du XIXe siècle. Mais au fond, il a défendu la même cause en plaidant en faveur d’un univers prévisible et calculable.

Vélikovsky a contribué à un changement de paradigme dans l’astronomie et la cosmologie. L’archéologie reconnait maintenant les catastrophes suprarégionales. L’archéologue français Claude Schaeffer a présenté ses recherches stratigraphiques à Ugarit : Ainsi le proche et moyen orient auraient été touchés par au moins six perturbations sismiques en -2350, -2100, -1700, -1450, -1350 et -1250 (dates approximatives) qu’il a caractérisées explicitement comme évènements catastrophiques. Ces découvertes sont mises en question aujourd’hui : L’archéologue allemand Klaus Georg Sommer15 évoque plutôt une sécheresse extrême, genre de changement climatique et éventuellement une éruption volcanique comme responsable du déclin d’Ugarit. Ainsi s’effondre une partie des théories de Vélikovsky.

3.3 UNE CHRONOLOGIE BASÉE SUR L’ÉVIDENCE

Illig défend la construction d’une chronologie basée sur l’évidence. Le mot évidence regroupe les témoignages de toutes sortes au sens juridique du terme, à savoir des faits « durs » comme témoignages oraux, preuves, traces, documents etc. « Evidence » ne désigne pas la vérité ultime mais ce qui saute aux yeux.

Ainsi par exemple, les âges sombres grecs figurent dans les manuels d’histoire bien que personne n’avait vécu pendant cette période. Même Homer, fin connaisseur de la guerre de Troie n’en parle pas, bien qu’il soit supposé avoir vécu à cette époque. Hérodote qui est supposé avoir vécu au - 5e siècle ne les mentionne pas et Thucydide résume la période entre la guerre de Troie (-13e) siècle et le règne des Tyrans (-6e - -5e siècle) en 16 lignes.

Le concept d’histoire se laisse définir d’une façon très complète et très profonde. Au plus petit commun multiple, il désigne des événements qui ont été registrés sur l’axe de temps. Le cas idéal se présente comme suit : Un historien décrit une chronique objective, détaillée et sans contradictions. Une équipe d’archéologues trouve les objets correspondants dans un endroit précis et peut relier ces faits à la chronique de façon que le texte soit confirmé ou même complété.

Hélas, cette construction idéale ne se présente que très rarement. Premièrement, il n’existe pas de chronique qui décrive objectivement l’histoire et même si elle existait, personne ne lirait un truc aussi ennuyeux. En deuxième lieu, nous ne connaissions souvent pas les dates annuelles exactes. Les potentats aimaient énumérer leurs faits glorieux d’après leurs années de régence en négligeant les repères chronologiques. Ainsi par exemple au -1er siècle, les Romains inventaient la date légendaire de la fondation de Rome (-753) pour se procurer par l’intermédiaire des héros Troyens des ancêtres divins. Mais les fouilles d’Einar Gjerstad ont montré que l’année -575 peut être considérée comme la date de création de la ville impériale.

De même les Grecs n’avaient pas de date exacte pour la première olympiade. Hérodote, qui a écrit autour de l’année 430, n’a jamais mentionné une date concernant les jeux olympiques. Il paraît que les dates sur le commencement des jeux olympiques correspondent aux autres jeux et concours tels que les jeux de Delphi, autour de -582 ; les jeux de Corinthe - 593 ; les jeux isthmiques -581-570 et les jeux d’Athènes -566.

Les juifs ont encore aujourd’hui une chronologie à partir de la date de la création du monde le 7 octobre -3761. L’année 2016 correspond donc à l’année 5776/77. Mais cette chronologie n’est utilisée qu’au moyen âge (± 1000). Ceci vaut également pour l’ère « byzantine » ainsi que pour l’ère « alexandrine » auxquelles on ne se réfère qu’au moyen âge.

Même notre chère chronologie chrétienne est très récente : C’est seulement à partir de 1431, que les papes datent leurs documents « après Jésus Christ ». Comme la chronologie islamique n’a été introduite qu’après l’antiquité, on doit constater qu’en Europe, il n’existait pas de continuité chronologique entre l’antiquité et les temps moyenâgeux et modernes au-dessus de tout soupçon. Evidemment, ceci pose d’énormes problèmes à la synchronisation de la chronologie des différents pays.

Troisièmement, l’archéologie ne peut pas dans tous les cas, apporter des solutions à ces problèmes. Pendant de longues années, l’archéologie fut pratiquée comme pure chasse aux trésors, menant sans gêne à la profanation de tombes détruisant ainsi toute évidence nécessaire à l’identification exacte des objets trouvés et leur datation.

Notre connaissance des temps anciens est très lacunaire. Ainsi la Rome antique existe théoriquement depuis -753, date de la création de la ville. Mais entre -753 et César on trouve très peu de vestiges archéologiques comme par exemple des ruines de temples, des bustes et sculptures, des arcs de triomphe... Voilà pourquoi Illig propose de biffer tout simplement quelques 320 années entre -400 et -80. Cependant on trouve beaucoup de vestiges du