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"Coma" nous entraîne dans l’histoire captivante de Charles, un homme dont l’esprit se matérialise en dehors de son corps après un accident de la route le plongeant dans le coma. Invisible aux yeux des autres, il entreprend un voyage extraordinaire à travers les méandres du présent et du passé, du réel et de l’imaginaire. Cette expérience bouleversante le pousse à remettre en question sa propre existence et les liens qui le rattachent à ses proches. Au fil de ses aventures, les entrelacs de son esprit créent des situations à la fois drôles et émouvantes, offrant un récit poignant et captivant.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Édouard du Closel trouve dans l’écriture à la fois un plaisir et un moyen de s’évader. Son premier roman, Coma, offre un voyage captivant au cœur de la sensibilité humaine, permettant ainsi à l’auteur de partager sa passion avec les lecteurs.
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Seitenzahl: 132
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Édouard du Closel
Coma
Roman
© Lys Bleu Éditions – Édouard du Closel
ISBN :979-10-422-3438-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma femme,
À mes enfants,
Tu es l’événement le plus important depuis que l’homme ne marche plus sur la lune. Tu ne m’as pas permis de ne pas t’aimer. Il m’était impossible de faire autrement. Tu ne m’as pas laissé passer à côté de toi. L’amour ressemble à ça : c’est quand on sent que rater quelqu’un serait rater sa vie. L’amour c’est quand on cesse d’hésiter. Quand toutes les autres deviennent fades.
Frédéric Beigbeder – L’égoïste romantique
— Votre mari est dans le coma. L’opération s’est bien déroulée, mais il a subi un grave traumatisme crânien. Je suis désolé.
Le médecin annonça à Mathilde la terrible nouvelle sans ménagement. Mathilde vacilla. Assaillie par la douleur, elle s’écroula sur le fauteuil avant de fondre en larmes. Par discrétion ou manque de temps, le chef de service sortit de la chambre d’hôpital, la laissant seule, inconsolable dans cette pièce, froide et aseptisée. Puis, avec ce détachement professionnel, le médecin s’en alla affronter le regard du reste de la famille, qui attendait dehors dans la salle d’attente. Ce professionnel de la santé avait l’habitude d’annoncer ce genre de mauvaises nouvelles, il y était confronté au quotidien, mais cette fois-ci c’était différent, c’étaient des amis. Il tomba nez à nez dans le couloir sur mes parents qui l’attendaient terrorisés par le diagnostic. Gêné, il prit ma mère dans ses bras. Puis il posa délicatement sa main sur l’épaule de mon père avant de prendre la parole.
— Anne, il va falloir que tu sois forte. Nous venons de l’opérer. Charles est dans la salle de réanimation. Ton fils est dans un état grave. Malheureusement, nous ne pouvons plus rien faire. Il faut attendre maintenant. Et prier. Avec le choc, ce serait un miracle qu’il s’en sorte. Il ne vous reste plus qu’à vous armer de patience. La chute a fait des dégâts irrémédiables, je suis sincèrement désolé.
— Merci Xavier, nous savons que tu as fait le maximum, lui répondit mon père.
Mal à l’aise, il ajouta avec empathie :
— Si je peux faire quoi que soit d’autre, appelez-moi ! Je serai là !
Leur vieil ami secoua la tête pour prendre congé et s’éloigna. Mes parents se regardèrent sans rien dire. Pour se réconforter, ils se blottirent l’un contre l’autre. Ce n’était pas dans la logique des choses que de perdre un enfant. Il n’y avait rien de pire pour des parents. Papa marmonnait qu’il m’avait prévenu mille fois. Il culpabilisait en silence, pensant qu’il portait une responsabilité dans mon accident. Maman restait debout sans rien faire, le regard hagard. C’était la première fois que je les voyais impuissants. Vidés. Mathilde sortit de la chambre vide pour ne pas rester seule. Les minutes passèrent. L’attente devenait insoutenable. Je me trouvais toujours dans la salle de réanimation. Les téléphones portables ne cessaient de biper. Les boucles WhatsApp ne cessaient de fonctionner. Mathilde décida d’éteindre son Smartphone. Elle n’avait pas la force de parler. Ni de lire les messages qui arrivaient en rafale. Mon père l’enlaça pour la consoler, mais rien n’y faisait, sa détresse était trop forte.
— Je vais aller vous chercher un café, lui dit-il.
Mathilde ne réagit pas.
— Mathilde, je suis désolé, lui chuchote-t-il à l’oreille.
— Je sais, Arnaud. Je sais. Merci. Je suis aussi désolée pour Anne et vous, c’est votre fils !
Les minutes passaient sans que personne n’y fasse attention. Mon père regarda sa montre. La nuit était tombée depuis déjà longtemps. Rien n’avait vraiment de sens. Soudain, le Professeur Ruffier toqua et rentra dans la chambre sans attendre de réponse pour réveiller tout ce petit monde à moitié assoupi.
— Son état est stable. On l’emmène dans sa chambre.
Grâce à ces paroles, une lueur d’espoir était revenue. Quelques minutes plus tard, le brancard qui m’emmenait dans ma chambre arriva à l’étage. Les deux infirmiers continuèrent leur chemin dans le couloir bicolore sans ouvrir la bouche. Sûrement fatigués par leur longue journée de travail. Arrivés chambre 214, ils installèrent le lit roulant. L’un brancha un à un les appareils électroniques et vérifia que tout fonctionnait. L’autre vérifiant les draps et couvertures, et se préoccupant de mon confort relatif. Les lumières et les sondes marchaient bien.
En me voyant dans cet état, mon corps rempli de sonde et inconscient, Mathilde éclata en sanglots puis se mit à rire nerveusement.
— Toi qui aimes tant les hôpitaux, t’es gâté mon chéri ! me lança-t-elle à côté de moi. Elle n’avait pas lâché ma main depuis que j’étais dans la pièce.
L’infirmier la fit s’asseoir pour la calmer. Elle lui donna un tranquillisant et un verre d’eau. Mathilde ferma les yeux et tenta de se reposer, cet accident a été un choc terrible. Une douleur l’envahit et la prit au corps. Mathilde ne sentait plus ses jambes. Elle avait envie de mourir. Elle se força à ne pas crier sa douleur. Sa gorge se serra et elle sentit les larmes monter à nouveau. Ses larmes continuaient d’affluer. Sa vision devient floue. Ses yeux gonflés par les pleurs, elle essuya son visage. Elle avait mal. Tellement mal. Elle était si malheureuse. L’homme qu’elle aimait gisait sur un lit d’hôpital. Sa vie ne lui appartenait plus, elle était liée à la sienne. Elle n’avait jamais ressenti ça auparavant. C’était comme si on venait de lui enfoncer un poignard dans le cœur, de lui arracher un membre, une partie d’elle. Son autre. Sa moitié. Son amour. Elle avait envie de mourir. Après un petit signe et un sourire, les soignants quittèrent la pièce. L’infirmier ferma la porte en sortant. Mathilde resta seule avec Charles.
Dans l’ambulance, je me souvenais de l’inquiétude qui m’avait submergé lorsque Mathilde se retrouva aux urgences de Bayonne des années plus tôt. La chaleur était accablante cet après-midi-là. Nous déjeunions amoureusement au restaurant sur une plage du Pays basque. D’un coup, Mathilde a fait un malaise. Inquiet, j’avais pris l’initiative de lui mouiller la tête pour la rafraîchir. Malgré ça, un deuxième malaise survint quelques minutes plus tard. Mon visage blêmit autant que le sien. Je craignais pour elle. L’idée qu’il lui arrive quelque chose m’était insupportable. J’étais tétanisé. Que se passait-il ? Que pouvait-on faire ? Appuyée sur mon épaule, nous marchâmes jusqu’au poste de secours. Là, un secouriste l’allongea sur un lit. Elle me demanda de ne plus lui lâcher la main. Je ne cessais de me dire que ma vie ne serait plus jamais la même sans elle, qu’elle n’aurait plus la même saveur. Je me sentais inutile. Tout me semblait superflu à cet instant, car Mathilde était l’essence de ma vie. Mon attention se fixait sur elle. Je souriais tant bien que mal. Le maître-nageur sauveteur me demanda les renseignements d’usage sur ma femme. Mathilde était toujours dans les vapes après s’être évanouie. Le sauveteur tenta vainement de détendre l’atmosphère. Trop préoccupé, je n’y prêtais pas la moindre attention. Les pompiers arrivèrent après quelques dizaines de minutes escortés par deux motards de la police. L’équipe de secours prépara Mathilde pour le transport en ambulance. À cet instant précis, j’ai bien cru que mon cœur allait cesser de battre. Quand je l’aperçus sur la civière des urgentistes, mon sang ne fit qu’un tour. Malgré la minerve posée autour de la nuque, Mathilde était belle. En deux temps, trois mouvements, la sirène retentit. Embarqué à mon tour dans le camion, je ne lui lâchais pas la main du trajet. Les kilomètres défilaient. Mathilde était calme, comme endormie.
Arrivée au centre hospitalier de la côte basque, Mathilde avait repris connaissance. Livide, ses yeux me suppliaient de ne pas m’inquiéter sans pour autant la laisser seule. Les brancardiers l’emmenèrent et une infirmière arriva pour s’enquérir de son état. J’embrassais Mathilde et lui caressais le front. J’étais mort d’inquiétude. Elle aussi. Je me suis assis dans la salle d’attente. Vingt minutes. Trente minutes. Toujours rien. Quinze minutes supplémentaires. Ma tête allait exploser. Je faisais les cent pas à l’intérieur des urgences. Quand quelqu’un vint me chercher pour que je le suive, je lâchai un soupir de soulagement. Le sas s’ouvrit. Des malades silencieux attendaient sur des brancards. À l’inverse, un vieil homme hurlait de douleur sans que personne ne s’occupe de lui. La chambre de Mathilde était blanche… Froide. Clinique. Aucune chaleur humaine ne se dégageait de cet endroit. Mathilde était allongée sur un lit brancard roulant. Fatiguée, elle avait recouvré ses esprits et sourit en m’apercevant à travers la porte vitrée. Je voulais la prendre dans mes bras, mais j’avais peur de lui faire mal. La tension était redescendue d’un cran, j’étais enfin auprès d’elle. Je pris une chaise pour m’asseoir à son chevet. Elle me saisit la main, je lui chuchotais que tout allait bien se passer. Mathilde était angoissée. Ses yeux ne me trompaient pas, témoignant une réelle inquiétude. Je ne l’avais jamais vue ainsi. J’aurais donné n’importe quoi pour prendre sa place et lui éviter cette épreuve. 21 h, déjà cinq heures que nous étions arrivés. Dans cette chambre sans vie, entourés de sondes, de tuyaux et de draps immaculés, il n’y avait même pas une télévision pour passer le temps. Aucun livre à portée de main. Je me repassais la scène en boucle dans ma tête. Qu’avait-il pu bien se passer sur cette plage ? Pourquoi les résultats mettaient-ils autant de temps à arriver ? Peut-être avait-elle quelque chose de très grave ? Au bout de dix minutes, le médecin entra finalement dans la chambre. Elle nous annonça que tous ses examens s’étaient révélés positifs. Malgré toute cette normalité, ils allaient la garder une nuit en observation… au cas où. Nous étions soulagés, même si Mathilde pestait pour rentrer avec moi à la maison. Elle n’avait rien. Ce n’était qu’une grosse frayeur, un mauvais souvenir à passer. Mathilde et moi venions de traverser cette épreuve.
Aujourd’hui, c’était moi qui étais dans cette ambulance en route vers l’hôpital. À la différence près, que Mathilde n’était pas là. Savait-elle au moins ce qui venait d’arriver ? Où était-elle ? J’avais mal à la tête. La porte du camion claqua dans un bruit assourdissant. Des lumières scintillaient me rendaient aveugle par les éclats. Une sirène stridente accompagnait chacun des mouvements des secours. À demi mort, je sentais mon corps inerte. Les couleurs ne cessaient de changer. Des boutons multicolores semblaient orner les murs en taule. De toutes les tailles. De toutes les formes. Des gros, des petits. Des ronds, des carrés. Que s’était-il passé ? Je n’arrivais pas à me souvenir des détails, seulement de la violence du choc. Harnaché au brancard, je restais immobile, passif face au sort qui m’attendait. Mes forces m’avaient quitté. Je ne ressentais plus rien. Mes membres ne m’appartenaient plus. Des gens parlaient autour de moi, mais je ne distinguais pas leur visage. Juste des bruits inaudibles. Le masque à oxygène m’aidait à respirer. Des tubes sortaient de ma bouche et de mon nez. Quant à mes bras, je n’osais à peine les regarder… les perfusions avaient remplacé mes veines. Il y en avait partout. Nous roulions à vive allure, sirène hurlante. Je perdis connaissance.
Immobile au milieu du trottoir, Mathilde repensait au dîner de la veille. Malgré la réaction de Charles, elle gardait un léger espoir de le voir changer d’avis. Elle resta ainsi devant la pharmacie pendant de longues minutes sans bouger. Elle ne savait pas quoi faire. Rentrer dans l’officine ou aller directement au bureau ? Il fallait qu’elle sache, et elle décida de rentrer. Cette pharmacie était gigantesque, jamais elle ne l’aurait crue si grande, et pourtant, elle y achetait ses médicaments depuis leur installation à Paris. Un coup d’œil à droite, un regard à gauche. Elle ne trouvait pas en rayon ce qu’elle cherchait. Mathilde continuait de regarder les rayons. Enfin, elle les trouva. Il y avait trois sortes de boîtes avec des tailles et des couleurs différentes. Mathilde décida d’acheter les trois marques. Mathilde tendit l’article à la pharmacienne. La jeune femme eut un sourire complice. Mathilde regarda l’heure, elle était en retard pour sa réunion. Au moment de sortir, Mathilde savait pertinemment que le plus dur restait à faire. Elle mit les écouteurs de son iPhone dans les oreilles et se dirigea vers la station de métro la plus proche. Elle glissa le paquet dans le fond de son sac. Elle tremblait.
Mathilde n’arrêtait pas d’y penser. Elle était à la fois excitée et très anxieuse. Arrivée au bureau, l’excitation laissait place à une profonde inquiétude. Mathilde sentait la peur apparaître. Et si elle était réellement enceinte, quelle mère serait-elle avec cet enfant, elle qui n’avait pas connu ses parents ? Élevé par sa grand-mère, elle-même décédée à l’adolescence de Mathilde, le vide affectif était encore béant.
Elle poussa la porte des toilettes. Personne à l’intérieur à première vue. Elle vérifia chaque toilette pour en être sûre. Personne. Mathilde sentit un frisson au moment de fermer le verrou de la porte. Elle posa son sac. Déboutonna son pantalon. Assise, elle attrapa une des trois boîtes dans son sac. Elle sortit le stylo et urina sur la languette en plastique. C’était une première pour elle. « Ça y est, je vais enfin savoir », se dit-elle. Mathilde eut un pressentiment. Elle savait. Elle prit la notice pour être certaine de ne pas se tromper quant au résultat. Stoïque, elle resta assise sans bouger. Les secondes passèrent. Encore un peu de temps à attendre. Sontéléphone vibra. Mathilde décida enfin de regarder le résultat du test. Il était bleu. Bleu. Cela voulait donc dire que c’était positif. La panique totale. C’était merveilleux et terrifiant à la fois. Ses jambes flageolaient. Une bouffée de chaleur monta d’un coup. Elle décida de faire un autre test pour en être certaine, et plongea la main pour sortir un deuxième test de la boîte. Mathilde était sur un nuage. Elle s’imaginait déjà avec son bébé dans les bras. Après quelques minutes, toujours assises sur les toilettes, elle regarda le stylo. La couleur était identique. Bleu. Il n’y avait plus de doute possible. Elle était enceinte ! Elle attendait en bébé. Son ventre était l’hôte d’un petit alien.