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"Et ron et ron, petit patapon ou Une certaine idée du bonheur…" est un roman dans lequel Bambou, le chat narrateur, conte l’histoire de sa maîtresse, de son enfance dans le Périgord des années 50 jusqu’à nos jours entre la Dordogne et le bassin d’Arcachon. Ses souvenirs, joyeux ou mélancoliques, et les personnages singuliers du village donnent vie à un univers émouvant, telle une abeille butinant les mémoires de chacun.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Francine Roussely Viviant se livre à l’écriture après l’achat d’un livre de poche dans un aéroport alors qu’elle s’apprêtait à prendre l’avion. À travers son œuvre "Et ron et ron, petit patapon ou Une certaine idée du bonheur…", elle exprime ses émotions et relate son vécu afin de lui donner un nouveau sens et de trouver l’équilibre et le pardon.
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Francine Roussely Viviant
Et ron et ron, petit patapon
ou
Une certaine idée du bonheur…
© Lys Bleu Éditions – Francine Roussely Viviant
ISBN : 979-10-422-2407-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je raconte ma vie comme on fait des rêves au réveil.
Louis Aragon
Bonjour à tous.
Imaginez un petit village dans le Sud Périgord, avec une Abbaye classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, son cloître, les pierres ocres des maisons, les forêts qu’on traverse pour y venir ou pour y cueillir les cèpes et vous trouverez Cadouin : le village où je suis née dans le Périgord noir. Abandonnée à quelques mois par ma mère, récupérée par des jeunes qui faisaient Erasmus et aussi vite laissée sur le carreau, j’ai dû me débrouiller pour survivre.
Et même si je suis très belle, je ne ronronne jamais, car moi aussi je trimbale mes casseroles…
Le restaurant sur la place de ce village près de l’Abbaye m’avait attiré et c’est là que j’avais trouvé refuge, errant de table en table. Les touristes surpris et amusés de voir une chatte si jeune qui quémandait un peu de nourriture m’en donnaient en évitant que le serveur ne les voie faire. Tout le monde me trouvait jolie et on me caressait dès que je me laissais faire, c’est-à-dire pas souvent…
Et puis un jour d’été, ils sont arrivés et se sont installés en terrasse… Oui ! Car ils étaient six amis du même village venus visiter la bambouseraie toute proche. Dès qu’ils m’ont vue, ils n’ont pu que s’extasier, évidemment comme tout le monde…
J’étais vraiment trop jolie et probablement sans famille ! Mais oui, le serveur l’avait dit, j’avais bien été abandonnée.
La patronne le confirma aussi…
Ah ! cette chatte avait bien besoin d’une famille !
Il y avait Viviane, Robert, Dominique, Keven, Gérald et Francine…
Gérald avait tout de suite été gaga de moi. Il adorait les chats et il en avait toujours eu dans sa famille : d’ailleurs, sa mère les préférait à lui…
Quant à Francine, elle avait souvent recueilli des chats, des chiens, mais en ce moment elle n’avait rien à câliner, à part son Gérald qu’elle venait de rencontrer.
Et bla bla bla et bla bla bla… Le tour fut joué. On décida de m’adopter. Mais comment allait-on m’appeler ?
Ah oui, il fallait bien un nom qui sorte de l’ordinaire pour une rencontre aussi originale !
Dominique qui a toujours des idées se leva de son siège comme un ressort et s’écria : « Eh bien, il faut l’appeler Bambou, puisqu’on vient de la bambouseraie ! » Tu parles ! C’est un peu facile, ils n’ont pas cherché beaucoup ! Et voilà, je vais bien m’appeler Bambou.
Mais après tout, Bambou ou Minou ce n’est pas important : je n’ai jamais eu de nom et je ne répondrai que quand j’en aurai envie…
Keven me mit dans son sac à dos pour rejoindre la voiture sur le parking et tout le monde sembla heureux d’avoir fait une bonne action, mes futurs maîtres étant aux anges ne se doutant pas que je m’étouffais au fond du sac en ce beau mois d’août.
Nous voilà donc en route pour le village natal de ma future maîtresse, Saint-Léon-D’Issigeac.
C’est un petit village dans le Périgord pourpre, au cœur du pays des bastides, entouré de magnifiques et pittoresques villages, de châteaux, de marchés colorés et proche du Lot-et-Garonne.
Au début du siècle, il paraît qu’il y avait environ 400 personnes qui habitaient ce village, dont deux forgerons, un menuisier, un charron, deux épiceries et deux bars.
Il y avait également un petit couvent à côté de l’église où six bonnes sœurs battaient la campagne pour soigner les malades.
Aujourd’hui, il y a à peine 135 habitants et heureusement des Parisiens, des Anglais, des Belges, des Suisses, un pseudo-Australien, des Texans et même des Hawaïens sont venus s’y installer…
Il y a également René le Belge qui a transformé à sa retraite, sa petite maison de vacances en épicerie de village. Comme les idées ne lui manquent pas, tous les vendredis soir, dès que les températures le permettent, il installe des tables dans son jardin.
Les soirées « Bruxel'Apéro » peuvent alors commencer jusqu’aux premiers frissons d’octobre, rassemblant quelques fidèles habitants du village autour d’une grande table dans son jardin ou partageant une partie de pétanque.
René a un parcours un peu atypique, à l’image d’autres habitants de ce hameau.
En effet, après avoir quitté la Belgique à l’âge de 22 ans, il partit en 4x4 avec deux amis français du même âge, pour un périple africain qui démarrait à Rabat et qu’ils appelèrent en mémoire du Maroc, l’expédition « Latifa ».
Leur itinéraire était vaste, car partant du Maroc, ils avaient prévu de passer par la transsaharienne, le Congo, le Sud Afrique, Madagascar, l’Éthiopie et la côte Libyenne. Être baroudeurs, sans argent et sans manger parfois, fut un vaste périple et les trois amis revinrent en 2CV après avoir vécu deux ans et demi d’aventures.
Mais les périples de René ne s’arrêtèrent pas là.
De retour à Bruxelles, sortant un soir en boîte de nuit où un groupe de Brésiliennes se trémoussaient « façon carnaval », une certaine « Véra » lui mit les sens en éveil. Elle avait traversé l’océan Atlantique pour parfaire un stage d’été dans diverses villes, en tant que future avocate. Et chaque Week-end, à Paris, à Londres où à Cortina d’Ampezzo en Italie, René allait la rejoindre, faisant en un mois plus de 10 000 kms avec sa petite VW de fonction qui ne devait pas sortir de Belgique, avec en plus, une crise pétrolière qui interdisait de rouler le dimanche !
Tout ayant une fin, Véra dut un jour rentrer à Rio de Janeiro suppliant René de venir l’y rejoindre, lui promettant une vie de rêve et pourquoi pas de l’épouser.
Un petit pécule d’aventurier caché dans sa ceinture, une valise fermée d’une sangle effilochée, voilà René qui s’envola la tête pleine de projets, rêvant à un futur restaurant de recettes africaines qu’il ouvrirait bientôt…
Toutefois, en arrivant sur le sol brésilien… adieu veaux, vaches, cochons et couvées, il déchanta très vite quant à son histoire d’amour, sa Carioca l’ayant à peine reconnu à sa descente d’avion. Elle accepta malgré tout de l’héberger un moment, le temps qu’il retrouve sa tête : pendant quatre ans, il réussit cahin-caha à faire un bout de chemin au Brésil, avant de retourner dans sa Belgique natale, pour repartir ensuite G.O, au Club Med en Sicile.
Fantasque et baroudeur invétéré à l’époque, il n’eut de cesse avec un ami que de rechercher un bateau à acheter.
Ils trouvèrent enfin un voilier de 8,60 m, leur permettant de balader les touristes pendant 5 ans et de traverser plusieurs fois la Manche.
Lorsqu’il se sépara de ce bateau où beaucoup d’améliorations avaient été faites, il le revendit 25 % plus cher que son prix d’achat, lui faisant envisager d’en acheter un plus grand.
Toutefois, les années passant et sa soif d’aventures commençant à s’apaiser, il trouva plus raisonnable d’acheter une petite maison de vacances dans le Périgord pourpre, à Saint-Léon-d’Issigeac.
À sa retraite, il y emménagea définitivement, et le village n’ayant plus de commerce, il la transforma en une petite épicerie de proximité.
Keven, l’ami de Dominique, est Anglais.
En France, depuis vingt-cinq ans, il a enfin obtenu sa naturalisation. Sa rencontre affective avec Dominique, avant qu’ils achètent ensemble à Saint-Léon-d’Issigeac deux petites maisons séparées par un terrain, fut un bon moment de rigolade que je vous réserve un peu plus loin.
Quant à Viviane et Robert, ils sont arrivés dans ce petit village à leur retraite, ayant passé une grande partie de leur vie en Afrique et ont acheté la maison juste à côté de ma maîtresse.
Lève tôt, celle-ci commençait sa journée en allant prendre un petit café avec Viviane, se racontant leur journée passée et celle à venir.
Le dimanche, le généreux Robert achetait des huîtres qu’il partageait avec maîtresse et ne râlait même pas lorsqu’elle buvait une gorgée de vin blanc dans son verre. Tous les soirs de la semaine, elle rentrait vite du travail et retrouvait Robert dans sa piscine intérieure pour y faire leur gymnastique quotidienne, sur les airs d’opéra de Pavarotti. Toutefois, à cheval sur l’horaire, il avait la fâcheuse tendance de l’appeler s’il jugeait qu’elle était en retard et n’hésitait pas à partir tout seul à l’eau en râlant, attendant son arrivée avec impatience. Quant à Viviane, elle avait eu l’idée d’organiser, une fois par mois, un repas à thème avec les plus proches voisins, donnant à chacun l’occasion de se surprendre, le thème suivant étant tiré chaque fois dans un chapeau, la soirée terminée. Ils parlent encore du dernier repas chez eux, où après avoir bu du champagne à jeun dans la piscine, ma maîtresse était tellement gaie qu’elle avait grimpé sur la table du séjour et nettoyé le lustre, les zygomatiques lui faisant mal tellement elle riait…
Après leurs années agitées passées en Afrique, Viviane et Robert avaient enfin trouvé le repos dans ce petit village paisible.
Robert était d’abord parti au Malawi et ensuite au Sud Soudan pour la coopération française et, à chaque fois, avait mis en route une école d’infirmières. Il était parti ensuite au Rwanda avec pour responsabilité la mise en place de dispensaires et de laboratoires de brousse.
Un jour, on avait annoncé à Robert qu’une grande blonde allait arriver par avion, dans un petit aérodrome de Gisenyi au bord du lac Kivu : impatient de voir une nouvelle tête, il s’était rendu sur place.
Déception : c’est une petite brune du nom de Viviane qui débarqua, mais depuis, ils ne se quittèrent plus…
Viviane, d’origine belge, était infirmière au Rwanda quand la guerre débuta subitement. L’ambassade belge voulait que les coopérants restent sur place, mais commençait le génocide.
Pendant que Robert rentrait en France, Viviane ne partit pas, mais se réfugia dans un hôtel, soi-disant sécurisé…
Combien de fois, tétanisée par la peur, lui revenait en tête le film « Shining » et la terrifiante scène qui s’y déroulait : Jack Nicholson armé d’une hache poursuivant sa femme pour la tuer…
Lorsque la situation fut calmée, Robert revint au Rwanda reprendre son travail et la retrouver.
Quelque temps après, ils partirent au Tchad à Bah où Viviane mit en place un dispensaire mettant en avant la nutrition pour les enfants.
Le hasard de la vie, s’il y a un hasard, fit qu’ils y rencontrèrent en 1991, cousine Bernadette, surnommée « Nado », infirmière anesthésiste à l’hôpital de N’Djamena pour la coopération française, et née également… à Saint-Léon-d’Issigeac !
Bernadette venait de vivre trois ans en Allemagne et avait vécu la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.
À Berlin, elle avait passé le checkpoint Charlie la veille (poste-frontière le plus connu entre Berlin-Est et Berlin-Ouest) sans s’imaginer un instant que c’était la dernière fois. Elle assista alors à de poignantes scènes sur le poste-frontière envahi de Trabans où la liberté retrouvée et la promesse d’un monde meilleur faisaient descendre les gens des voitures pour en embrasser le sol.
Ce fut l’occasion pour la plupart de Berlinois de l’Est de retrouver leurs familles avec lesquelles ils étaient séparés depuis plus de 20 ans.
Nado avait beaucoup bourlingué pour son travail et après être revenue quelques jours dans sa famille à Saint-Léon, elle arrivait maintenant sur le sol africain.
Un jour, en se promenant dans les rues de N’Djamena, un petit singe sur l’épaule de son maître attira son attention et lui fit ralentir le pas.
Pourquoi son maître proposa à Nado de le récupérer et pourquoi Nado accepta ? Elle n’y connaissait rien en singe : toutefois pensant qu’Abdoulaye son gardien devait savoir elle le ramena chez elle et l’appela Chita.
Chita était encore sauvage et un peu peureuse au début, ce qui pouvait la rendre agressive par moment et lui faire mordre les bras ou les jambes de ceux qui voulaient la toucher de trop près ou qui faisaient de trop grands gestes pouvant la surprendre.
Attachée à un arbre, au début, pour l’habituer à son cadre de vie, elle retrouva très vite la complète liberté.
Chita prit rapidement ses marques et attendait chaque jour sa nouvelle maîtresse lorsqu’elle rentrait du travail. Elle descendait alors de l’arbre où elle se réfugiait pour échapper au chien des voisins et venait la retrouver pour manger avec elle. Parfois, elle n’hésitait pas à succomber à la sieste avec elle en se blottissant sur son ventre.
Un peu curieuse, un peu voleuse, un jour elle prit une plaquette de comprimés sur la table composés d’antiallergique et d’antihistaminique provoquant des somnolences et les avala l’un après l’autre. Nado la retrouva le lendemain matin par terre avec une patte fracturée, pensant qu’elle s’était endormie et était tombée de l’arbre. Elle la confia alors à ses collègues du service de santé des Armées qui acceptèrent de l’opérer et de mettre une plaque et des vis sur son fémur fracturé et Chita revint chez elle toute neuve, aussi dynamique qu’avant, avec une cuisse rasée.
Quelques mois après, il fut décidé de lui faire une radio de contrôle du fémur et Nado, au volant de sa Suzuki, se dirigea vers l’antenne chirurgicale avec Chita à ses côtés : là, elle s’agita et ne voulut plus descendre du véhicule, devenant totalement incontrôlable, comme si ce lieu lui rappelait de mauvais souvenirs. Elle finit par sortir de la voiture et s’échappa en grimpant très haut dans un arbre où malgré les appels de sa maîtresse elle ne revint pas, la laissant repartir toute seule.
Le lendemain matin, de bonne heure, un collègue vint chercher Nado, car Chita redescendue de son arbre avait été enfermée dans une pièce de l’antenne chirurgicale où personne ne voulait, ou ne pouvait l’approcher. Lorsque Nado arriva, pas très fière, elle se mit à lui parler et alors là miracle : Chita vint vers elle et se posa sur son épaule en lui parlant dans sa langue bien à elle.
Elles repartirent en voiture pour rentrer à la maison et pendant tout le trajet, Chita toujours posée sur son épaule ne cessa de parler à sa façon pour lui raconter son histoire et Nado lui dit qu’elle la comprenait, qu’elle était désolée et qu’elle avait bien fait de s’affirmer ainsi !
Ce fut un moment intense et unique rien que pour elles deux : une émotion sans pareille. Comment une telle relation avec un petit animal sauvage était-elle possible ?
Hélas, quelques semaines après, un soir d’orage, Chita tomba à nouveau d’un arbre et cette fois la suite fut moins heureuse : attaquée par des chiens elle eut la colonne vertébrale brisée et la dernière preuve d’amitié entre ces deux êtres obligea Nado à abréger les souffrances de Chita en lui administrant une dernière injection.
Robert et Viviane habitaient près d’elle et essayèrent tant bien que mal d’apaiser le vide laissé par Chita.
La maman de Nado, Tatie Renée, envoyait régulièrement des conserves et des chocolats à sa fille et ils découvrirent alors avec délice l’enchaud de porc, une des spécialités du Périgord.
Viviane repartit ensuite au Cameroun, donnant des cours de français aux Tchadiennes qui y étaient installées afin de fuir leurs problèmes ethniques liés au fait qu’elles étaient du sud. Puis elle termina son activité en restant quelque temps à Mayotte, dans un dispensaire, où elle faisait 60 vaccins par jour aux Mahorais et aux Comoriens qui y vivaient en illégalité…
Lorsqu’ils arrivèrent dans le petit bourg de Saint-Léon, Viviane sut qu’elle pourrait enfin voir fleurir les fleurs de son jardin et acheter quelques poules qui viendraient régulièrement, chaque jour, picorer à 4 heures, les petits biscuits au beurre que Robert leur tendrait du bout des doigts.
Quant à ma maîtresse, elle est née dans ce village et avait eu cette maison lors d’une donation-partage faite par ses parents, bien des années plus tôt.
Depuis sa rencontre avec Gérald, ils alternent donc leur vie entre la campagne et Arcachon où il habite. Je réalise alors que je vais faire beaucoup de route et, au vu du nombre de boîtes et de croquettes achetées, je sais que je n’aurai plus jamais faim et que je n’aurai plus besoin de voler ou mendier ma nourriture.
Cependant, je ne me doutais pas que ma vie changerait vraiment du tout au tout. Toutefois, avant d’aller plus loin, il faut tout de même que je vous conte leur rencontre.
Il y a des amis. Il y a la famille.
Et il y a des amis qui deviennent une famille.
C’est Christine, une amie commune qui fut à l’origine de la rencontre de mes deux maîtres.
À l’époque, avec Hélène retraitée aussi, elles avaient pour habitude de meubler leur vie de célibataires en s’invitant les unes chez les autres afin de profiter agréablement du cadre de chacune et faire quelques activités ensemble.
En cette douceur d’automne qu’on appelle souvent « l’été indien », quand les feuillages se parent d’or et de vermillon il est bon de se promener dans la nature. Elle décida donc de les mener dans le cadre bucolique du petit village de Bardou où était née sa maman. Sur la route, ils rencontrèrent cousin Paulo, époux de sa copine Mimi et s’arrêtèrent lui dire bonjour.
Après une vie de travail en Corrèze où Paulo était inséminateur, ils étaient revenus tous deux dans leur pays natal, vivre dans l’ancienne maison de leur grand-mère, rénovée à cet effet. Paulo était maintenant Maire de ce petit village, mais pas le plus petit, bien que n’ayant pas plus de 40 habitants.
Être maire d’un village ne se limite pas aux petits problèmes de voisinage, aux divagations des animaux, des chiens, des moutons, et de la vitesse excessive des voitures dans le bourg… Il y a aussi des événements un peu plus cocasses qui, narrés par Paulo, sont un grand moment de rigolade, comme la découverte en été d’un âne dans le cimetière du village !
Les propriétaires, fumeurs de pétard et baba cools, ne comprirent pas qu’on leur demande de sortir leur animal de ce lieu de recueillement et de respect. Aux paroles de ces jeunes montrant les tombes, avec comme arguments que les morts n’allaient rien dire, la moutarde monta au nez de Paulo. Connu pour sa patience légendaire, il eut toutefois beaucoup de mal à les persuader du bien-fondé de sa demande et c’est seulement après quelques palabres à la limite du raisonnable qu’ils acceptèrent de faire quitter les lieux à leur âne que nous appellerons « Bourriquet » (l’âne de la comtesse de Ségur !).
L’histoire de Paulo les ayant bien amusées, les trois amies reprirent le chemin du retour quand Christine reçut un appel téléphonique et fut agréablement surprise d’entendre un ami venir prendre de ses nouvelles.
Lorsqu’elle raccrocha, elle dit enjouée à ma maîtresse : « C’est Gérald, un ami… je n’avais pas pensé à lui. Il est seul, veuf depuis six ans. Je veux bien te le présenter, mais je pense que ça ne marchera pas, car il est très maniaque ! ...».
« Maniaque » c’est un mot qui fait un peu peur à ma maîtresse, mais bon elle est curieuse et ça allait la changer des sites de rencontres sur internet qui, depuis six ans de solitude, ne lui apportaient que désillusions.
Hélène, toujours partante et généreuse et qui a déjà rencontré Gérald, propose de faire un petit dîner chez elle avec quelques amies de marche, autour d’un couscous qu’elle cuisine à merveille. En deux temps, trois mouvements, rendez-vous est pris pour se retrouver tous sur le bassin d’Arcachon dans quinze jours.
Les voilà donc poursuivant joyeusement leur marche, car c’est un week-end de plus d’occupé, Gérald leur ayant proposé de les emmener ensuite sur le lac de Cazaux faire un tour de bateau.
L’après-midi Dominique l’amie de Kéven vient les retrouver à la piscine et, bien entendu, elles lui parlent de cette future rencontre.
Tout naturellement, Dominique, passionnée de numérologie, suggère à Christine qu’il faut avoir la date de naissance de son ami afin de savoir à qui on avait à faire… Christine rappela alors Gérald, et Dominique, les dates en tête, calcula son chemin de vie pour savoir quelle était la personnalité de cet homme…
Le verdict tomba :
« Année personnelle 5 : année d’aventure… Tout était possible… tout était permis. »
(Ouf ! Voilà qui n’est pas si mal pour ma maîtresse !)
« Il vient de sortir d’une année 4 qui est une année très structurée organisée, en bref un cadre de vie un peu rigide où tout est à sa place… »
(Ouh là là ! Tout le contraire de ma maîtresse !)
Quant à ma future maîtresse :
« Elle est en année 2 : donc… dans l’attente de l’autre ! »
(Alors là, bravo Dominique c’est tout à fait ça !)
Le soir, les trois filles décident de terminer la soirée ensemble et c’est un moment propice pour se compter leurs histoires les plus drôles, concernant les rencontres marquantes qu’elles ont faites.
Christine est la première à rire avant de raconter son histoire et elles ont hâte de savoir la suite.