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La traduction est celle d’Emile Chambry. Les fables sont dans l’ordre alphabétique des titres. « Par fables d’Ésope on désigne un ensemble de fables en prose attribuées à Ésope, écrivain grec qui a vécu vers la fin du VIIe siècle av. J.-C. et le début du VIe siècle av. J.-C.. Il était probablement originaire de la Phrygie. Les fables mettant en scène des animaux et dont on peut tirer une morale de l’histoire pré-existaient déjà à Sumer [archive] près de 3000 ans avant Ésope. Ces fables auraient été ensuite apportées en Assyrie lors d’échanges culturels, de là les Hittites les auraient transmises en Phrygie. » Source: Wikipédia.
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Veröffentlichungsjahr: 2018
1. Abeilles (les) et Zeus
2. Aigle (l’) aux ailes écourtées et le Renard
3. Aigle (l’), le Choucas et le Berger
4. Aigle (l’) et l’Escarbot
5. Aigle (l’) et le Renard
6. Aigle (l’) frappé d’une flèche
7. Alcyon (l’)
8. Alouette (l’) huppée
9. Âne (l’) et l’Ânier
10. Âne (l’) louant le sort du Cheval
11. Âne (l’) et le Chien voyageant de compagnie
12. Âne (l’) et les Cigales
13. Âne (l’), le Coq et le Lion
14. Âne (l’), le Corbeau et le Loup
15. Âne (l’) et les Grenouilles
16. Âne (l’) et le Jardinier
17. Âne (l’) faisant semblant de boiter et le Loup
18. Âne (l’) et le Mulet portant la même charge
19. Âne (l’) et le petit Chien
20. Âne (l’), le Renard et le Lion
21. Âne (l’) sauvage et l’Âne domestique
22. Âne (l’) qui broute des paliures et le Renard
23. Âne (l’) qui passait pour être un lion
24. Âne (l’) qui porte du sel
25. Âne (l’) qui porte une statue de dieu
26. Âne (l’) revêtu de la peau du lion et le Renard
27. Ânes (les) s’adressant à Zeus
28. Arbres (les) et l’Olivier
29. Archer (l’) et le Lion
30. Astronome (l’)
31. Avare (l’)
32. Aveugle (l’)
33. Belette (la) et le Coq
34. Belette (la) et la Lime
35. Belette (la) et les Poules
36. Berger (le) et le Chien qui caresse les brebis
37. Berger (le) et le Loup nourri avec les chiens
38. Berger (le) et le Louveteau
39. Berger (le) et les Louveteaux
40. Berger (le) et la Mer
41. Berger (le) et ses Moutons
42. Berger (le) mauvais plaisant
43. Berger (le) qui introduit le loup dans la bergerie et le Chien
44. Biche (la) borgne
45. Biche (la) et la Vigne
46. Biens (les) et les Maux
47. Bœufs (les) et l’Essieu
48. Borée et le Soleil
49. Bouc (le) et la Vigne
50. Bouvier (le) et Héraclès
51. Bouvier (le) et le Lion
52. Brebis (la) tondue
53. Brigand (le) et le Mûrier
54. Bûcheron (le) et Hermès
55. Bûcherons (les) et le Pin
56. Castor (le)
57. Cavalier (le) chauve
58. Cerf (le) à la source et le Lion
59. Chameau (le) danseur
60. Chameau (le), l’Éléphant et le Singe
61. Chameau (le) et Zeus
62. Chameau (le) qui a fienté dans une rivière
63. Chameau (le) vu pour la première fois
64. Charbonnier (le) et le Foulon
65. Chariot (le) d’Hermès et les Arabes
66. Chasseur (le) poltron et le Bûcheron
67. Chat (le) et les Rats
68. Chatte (la) et Aphrodite
69. Chauve-souris (la) et les Belettes
70. Chauve-souris (la), la Ronce et la Mouette
71. Chênes (les) et Zeus
72. Cheval (le) et l’Âne
73. Cheval (le), le Bœuf, le Chien et l’Homme
74. Cheval (le) et le Palefrenier
75. Cheval (le) et le Soldat
76. Chèvre (la) et l’Âne
77. Chèvre (la) et le Chevrier
78. Chevreau (le) et le Loup qui joue de la flûte
79. Chevreau (le) qui est dans la maison et le Loup
80. Chevrier (le) et les Chèvres sauvages
81. Chien (le) à la sonnette
82. Chien (le) de combat et les Chiens
83. Chien (le) endormi et le Loup
84. Chien (le) invité
85. Chien (le) et le Boucher
86. Chien (le), le Coq et le Renard
87. Chien (le) et le Coquillage
88. Chien (le) et le Lièvre
89. Chien (le) et son Maître
90. Chien (le) qui porte de la viande
91. Chien (le) qui poursuit un lion et le Renard
92. Chiens (les) affamés
93. Chiens (les) réconciliés avec les Loups
94. Choucas (le) échappé
95. Choucas (le) et le Renard
96. Choucas (le) et les Corbeaux
97. Choucas (le) et les Oiseaux
98. Choucas (le) et les Pigeons
99. Cigale (la) et les Fourmis
100. Cigale (la) et le Renard
101. Cochon (le) et les Moutons
102. Colombe (la) et la Corneille
103. Colombe (la) qui a soif
104. Coqs (les) et la Perdrix
105. Corbeau (le) et Hermès
106. Corbeau (le) et le Renard
107. Corbeau (le) et le Serpent
108. Corbeau (le) malade
109. Corneille (la) et le Chien
110. Corneille (la) et le Corbeau
111. Cousin (le) et le Lion
112. Cousin (le) et le Taureau
113. Crabe (le) et le Renard
114. Cygne (le) et son Maître
115. Cygne (le) pris pour l’Oie
116. Dauphins (les), les Baleines et le Goujon
117. Débiteur (le) athénien
118. Demi-dieu (le)
119. Dépositaire (le) et le Serment
120. Deux Besaces (les)
121. Deux Chiens (les)
122. Deux Coqs (les) et l’Aigle
123. Deux Ennemis (les)
124. Deux Escarbots (les)
125. Deux Hommes (les) qui disputent des dieux
126. Dieu (le) de la guerre et la Violence
127. Diogène en voyage
128. Diogène et le Chauve
129. Écrevisse (l’) et sa Mère
130. Éleveur (l’) d’abeilles
131. Enfant (l’) et le Corbeau
132. Enfant (l’) qui chasse aux sauterelles
133. Enfant (l’) qui mange de la fressure
134. Enfant (l’) qui se baigne
135. Enfant (l’) voleur et sa Mère
136. Enfants (les) désunis du Laboureur
137. Enfants (les) de la Guenon
138. Escargots (les)
139. Esclave (l’) laide et Aphrodite
140. Ésope dans un chantier naval
141. Estomac (l’) et les Pieds
142. Eunuque (l’) et le Sacrificateur
143. Faon (le) et la Biche
144. Femme (la) et l’Ivrogne
145. Femme (la) et la Poule
146. Femme (la) et ses Servantes
147. Fils (le) et le Lion peint
148. Forgeron (le) et son Chien
149. Fourbe (le)
150. Fourmi (la)
151. Fourmi (la) et la Colombe
152. Fourmi (la) et l’Escarbot
153. Génisse (la) et le Bœuf
154. Grenadier (le), le Pommier, l’Olivier et la Ronce
155. Grenouille (la) médecin et le renard
156. Grenouilles (les) à l’étang desséché
157. Grenouilles (les) qui demandent un roi
158. Grenouilles (les) voisines
159. Grison (le) et ses Maîtresses
160. Grive (la)
161. Guêpe (la) et le Serpent
162. Guêpes (les), les Perdrix et le Laboureur
163. Héraclès et Athéna
164. Héraclès et Plutus
165. Hermès et les Artisans
166. Hermès et la Terre
167. Hermès et Tirésias
168. Hermès et le Statuaire
169. Hirondelle (l’) et la Corneille disputant de leur beauté
170. Hirondelle (l’) et le Dragon
171. Hirondelle (l’) et les Oiseaux
172. Hirondelle (l’) vantarde et la Corneille
173. Hiver (l’) et le Printemps
174. Homme (l’) et le Chien
175. Homme (l’) et le Lion voyageant de compagnie
176. Homme (l’) et le Renard
177. Homme (l’) et le Satyre
178. Homme (l’) mordu par un chien
179. Homme (l’) mordu par une fourmi et Hermès
180. Homme (l’) qui a brisé une statue
181. Homme (l’) qui achète un âne
182. Homme (l’) qui a trouvé un lion d’or
183. Homme (l’) qui promet l’impossible
184. Hommes (les) et Zeus
185. Hyène (l’) et le Renard
186. Hyènes (les)
187. Jardinier (le) arrosant des légumes
188. Jardinier (le) et le Chien
189. Jeune Prodigue (le) et l’Hirondelle
190. Jeunes Garçons (les) et le Boucher
191. Joueur (le) de Cithare
192. Laboureur (le) et l’Aigle
193. Laboureur (le) et l’Arbre
194. Laboureur (le) et les Chiens
195. Laboureur (le) et ses Enfants
196. Laboureur (le) et la Fortune
197. Laboureur (le) et le Loup
198. Laboureur (le) et le Serpent gelé
199. Laboureur (le) et le Serpent qui lui avait tué son fils
200. Lâche (le) et les Corbeaux
201. Lampe (la)
202. Lièvre (le) et le Renard
203. Lièvres (les) et les Grenouilles
204. Lièvres (les) et les Renards
205. Lion (le) amoureux et le Laboureur
206. Lion (le) enfermé et le Laboureur
207. Lion (le) enragé et le Cerf
208. Lion (le) et l’Âne chassant de compagnie
209. Lion (le), l’Âne et le Renard
210. Lion (le) et le Dauphin
211. Lion (le) et la Grenouille
212. Lion (le) et le Lièvre
213. Lion (le), le Loup et le Renard
214. Lion (le) et l’Onagre
215. Lion (le) l’Ours et le Renard
216. Lion (le), Prométhée et l’Éléphant
217. Lion (le) et le Rat reconnaissant
218. Lion (le), le Renard et le Cerf
219. Lion (le) et le Sanglier
220. Lion (le) et le Taureau
221. Lion (le) qui a peur d’une souris et le Renard
222. Lion (le) vieilli et le Renard
223. Lionne (la) et le Renard
224. Loup (le) blessé et la Brebis
225. Loup (le) et l’Agneau
226. Loup (le) et l’Âne
227. Loup (le) et le Berger
228. Loup (le) et le Cheval
229. Loup (le) et la Chèvre
230. Loup (le) et le Chien
231. Loup (le) et le Héron
232. Loup (le) et le jeune Agneau réfugié dans un temple
233. Loup (le) et le Lion
234. Loup (le) et la Vieille
235. Loup (le) fier de son ombre et le Lion
236. Loup (le) rassasié et la Brebis
237. Loups (les) et les Chiens en guerre
238. Loups (les) et les Moutons
239. Loups (les), les Moutons et le Bélier
240. Magicienne (la)
241. Malade (le) et le Médecin
242. Marchand (le) de statues
243. Mari (le) et la Femme acariâtre
244. Médecin (le) ignorant
245. Médecin (le) et le Malade
246. Ménagyrtes (les)
247. Meurtrier (le)
248. Milan (le) et le Serpent
249. Milan (le) qui hennit
250. Mouche (la)
251. Mouches (les)
252. Mouette (la) et le Milan
253. Mule (la)
254. Muraille (la) et la Cheville
255. Naufragé (le)
256. Naufragé (le) et la Mer
257. Navigateurs (les)
258. Nègre (le)
259. Noyer (le)
260. Oies (les) et les Grues
261. Oiseleur (l’) et l’Alouette huppée
262. Oiseleur (l’) et l’Aspic
263. Oiseleur (l’) et la Cigogne
264. Oiseleur (l’) et la Perdrix
265. Oiseleur (l’), les Pigeons sauvages et les Pigeons domestiques
266. Orateur (l’) Démade
267. Ours (l’) et le Renard
268. Paon (le) et le Choucas
269. Paon (le) et la Grue
270. Pêcheur (le) et le Picarel
271. Pêcheur (le) qui bat l’eau
272. Pêcheur (le) qui joue de la flûte
273. Pêcheurs (les) et les gros et les petits Poissons
274. Pêcheurs (les) et le Thon
275. Pêcheurs (les) qui ont pêché une pierre
276. Perdrix (la) et l’Homme
277. Père (le) et ses Filles
278. Perroquet (le) et la Chatte
279. Pots (les)
280. Poule (la) aux œufs d’or
281. Poule (la) et l’Hirondelle
282. Prométhée et les Hommes
283. Puce (la) et l’Athlète
284. Puce (la) et le Bœuf
285. Puce (la) et l’Homme
286. Queue (la) et le Corps du Serpent
287. Rat (le) des Champs et le Rat de Maison
288. Rat (le) et la Grenouille
289. Rats (les) et les Belettes
290. Renard (le) au ventre gonflé
291. Renard (le) écourté
292. Renard (le) et le Bouc
293. Renard (le) et le Bûcheron
294. Renard (le) et le Chien
295. Renard (le) et le Crocodile
296. Renard (le) et le Dragon
297. Renard (le) et le Masque
298. Renard (le) et la Panthère
299. Renard (le) et les Raisins
300. Renard (le) et la Ronce
301. Renard (le) et le Singe disputant de leur noblesse
302. Renard (le) et le Singe élu roi
303. Renard (le) qui n’avait jamais vu de lion
304. Renards (les) au bord du Méandre
305. Riche (le) et les Pleureuses
306. Riche (le) et le Tanneur
307. Rivière (la) et la Peau
308. Rose (la) et l’Amarante
309. Roseau (le) et l’Olivier
310. Rossignol (le) et l’Épervier
311. Rossignol (le) et l’Hirondelle
312. Royauté (la) du Lion
313. Sanglier (le), le Cheval et le Chasseur
314. Sanglier (le) et le Renard
315. Sapin (le) et la Ronce
316. Serin (le) et la Chauve-Souris
317. Serpent (le), la Belette et les Rats
318. Serpent (le) et le Crabe
319. Serpent (le) foulé aux pieds
320. Singe (le) et le Chameau
321. Singe (le) et le Dauphin
322. Singe (le) et les Pêcheurs
323. Soleil (le) et les Grenouilles
324. Taupe (la) et sa Mère
325. Taureau (le) et les Chèvres sauvages
326. Thon (le) et le Dauphin
327. Tortue (la) et l’Aigle
328. Tortue (la) et le Lièvre
329. Trois Bœufs (les) et le Lion
330. Trompette (le)
331. Trompeur (le)
332. Truie (la) et la Chienne disputant de fécondité
333. Truie (la) et la Chienne faisant assaut d’injures
334. Vantard (le)
335. Vieillard (le) et la Mort
336. Vieille (la) et le Médecin
337. Vieux Cheval (le)
338. Vipère (la) et l’Hydre
339. Vipère (la) et la Lime
340. Vipère (la) et le Renard
341. Voleurs (les) et le Coq
342. Voyageur (le) et la Fortune
343. Voyageur (le) et Hermès
344. Voyageur (le) et la Vérité
345. Voyageurs (les) et les Broussailles
346. Voyageurs (les) et le Corbeau
347. Voyageurs (les) et la Hache
348. Voyageurs (les) et l’Ours
349. Voyageurs (les) et le Platane
350. Zeus juge
351. Zeus et Apollon
352. Zeus et les Hommes
353. Zeus, Prométhée, Athéna et Momos
354. Zeus et la Pudeur
355. Zeus et le Renard
356. Zeus et le Serpent
357. Zeus et le Tonneau des Biens
358. Zeus et la Tortue
À propos de l’auteur
Les abeilles, enviant leur miel aux hommes, allèrent trouver Zeus et le prièrent de leur donner de la force pour tuer à coups d’aiguillon ceux qui s’approcheraient de leurs cellules. Zeus, indigné de les voir envieuses, les condamna à perdre leur dard, toutes les fois qu’elles en frapperaient quelqu’un, et à mourir après.
Cette fable peut s’appliquer aux envieux qui consentent à souffrir eux-mêmes des maux qu’ils font.
Un jour un aigle fut pris par un homme. Celui-ci lui rogna les ailes et le lâcha dans sa basse-cour pour vivre avec la volaille. Alors l’oiseau baissait la tête et, de chagrin, ne mangeait plus : on l’eût pris pour un roi prisonnier. Mais un autre homme l’ayant acheté, lui arracha les plumes de l’aile, puis les fit repousser en en frottant la place avec de la myrrhe. Alors l’aigle, prenant l’essor, saisit un lièvre dans ses serres et le lui rapporta en présent. Un renard, l’ayant aperçu, lui dit : « Ce n’est pas à celui-ci qu’il faut le donner, mais à ton premier maître ; le deuxième en effet est naturellement bon ; tâche plutôt de te faire bien venir de l’autre, de peur qu’il ne te reprenne et ne t’arrache les ailes. »
Cette fable montre qu’il faut généreusement payer de retour ses bienfaiteurs, et tenir prudemment les méchants à l’écart.
Un aigle, fondant d’une roche élevée, enleva un agneau. À cette vue, un choucas, pris d’émulation, voulut l’imiter. Alors, se précipitant à grand bruit, il s’abattit sur un bélier ; mais ses griffes s’étant enfoncées dans les boucles de laine, il battait des ailes sans pouvoir s’en dépêtrer. Enfin le berger, s’avisant de la chose, accourut et le prit ; puis il lui rogna le bout des ailes, et, quand vint le soir, il l’apporta à ses enfants. Ceux-ci lui demandant quelle espèce d’oiseau c’était, il répondit : « Autant que je sache, moi, c’est un choucas ; mais, à ce qu’il prétend, lui, c’est un aigle. »
C’est ainsi qu’à rivaliser avec les puissants non seulement vous perdez votre peine, mais encore vous faites rire de vos malheurs.
Une aigle poursuivait un lièvre. Ce lièvre, se voyant dénué de tout secours, recourut au seul être que le hasard offrit à ses yeux ; c’était un escarbot ; il le supplia de le sauver. L’escarbot le rassura, et, voyant approcher l’aigle, il la conjura de ne pas lui ravir son suppliant. Mais l’aigle, dédaignant sa petitesse, dévora le lièvre sous les yeux de l’escarbot. Dès lors l’escarbot, plein de rancune, ne cessa d’observer les endroits où l’aigle faisait son nid, et, quand elle couvait, il s’élevait en l’air, faisait rouler les œufs et les cassait, tant qu’enfin pourchassée de partout, elle eut recours à Zeus (car c’est à Zeus que cet oiseau est consacré), et elle le pria de lui procurer un asile sûr pour y faire ses petits. Zeus lui permit de pondre dans son giron, mais l’escarbot avait vu la ruse : il fit une boulette de crotte, prit son essor, et, quand il fut au-dessus du giron de Zeus, il l’y laissa tomber. Zeus se leva pour secouer la crotte, et jeta les œufs à terre sans y penser. Depuis ce temps-là, dit-on, pendant la saison où paraissent les escarbots, les aigles ne nichent plus.
Cette fable apprend à ne mépriser personne ; il faut se dire qu’il n’y a pas d’être si faible qui ne soit capable un jour de venger un affront.
Un aigle et un renard, ayant fait amitié ensemble, décidèrent d’habiter l’un près de l’autre, dans la pensée que la cohabitation affermirait leur liaison. Et alors l’aigle prenant son essor s’établit sur un arbre très élevé et y fit sa couvée, tandis que le renard, se glissant dans le buisson qui était au pied de l’arbre, y déposa ses petits. Mais un jour que le renard était sorti pour chercher pâture, l’aigle à court de nourriture fondit sur le buisson, enleva les renardeaux et s’en régala avec ses petits. À son retour, le renard, voyant ce qui s’était passé, fut moins affligé de la mort de ses petits que de l’impossibilité de se venger ; en effet il ne pouvait, lui quadrupède, poursuivre un volatile. Il dut se contenter, seule ressource des impuissants et des faibles, de maudire son ennemi de loin. Or il arriva que l’aigle ne tarda pas à subir la punition de son crime contre l’amitié. Des gens sacrifiaient une chèvre à la campagne ; l’aigle fondit sur l’autel, y ravit un viscère enflammé et l’apporta dans son nid. Or un vent violent s’étant mis à souffler fit flamber un vieux fétu, et par suite les aiglons furent brûlés, car ils étaient encore hors d’état de voler, et ils tombèrent sur le sol. Le renard accourut et sous les yeux de l’aigle les dévora tous.
Cette fable montre que, si vous trahissez l’amitié, vous pourrez peut-être vous soustraire à la vengeance de vos dupes, si elles sont faibles ; mais qu’en tout cas vous n’échapperez pas à la punition du ciel.
Un aigle s’était perché au faîte d’un rocher à l’affût des lièvres. Un homme le frappa d’une flèche, et le trait s’enfonça dans sa chair, et la coche avec ses plumes se trouva devant ses yeux. À cette vue, il s’écria : « C’est pour moi un surcroît de chagrin de mourir par mes propres plumes. »
L’aiguillon de la douleur est plus poignant, quand nous sommes battus par nos propres armes.
L’alcyon est un oiseau qui aime la solitude et qui vit constamment sur la mer. On dit que, pour se garder contre les hommes qui le chassent, il niche dans les rochers du rivage. Or un jour un alcyon qui allait couver monta sur un promontoire, et, apercevant un rocher qui surplombait la mer, y fit son nid. Mais un jour qu’il était sorti pour aller à la pâture, il arriva que la mer, soulevée par une bourrasque, s’éleva jusqu’au nid, le couvrit d’eau et noya les petits. Quand l’alcyon fut de retour et vit ce qui était arrivé, il s’écria : « Que je suis malheureux, moi qui, me méfiant des embûches de la terre, me suis réfugié sur cette mer, pour y trouver encore plus de perfidie ! »
C’est ainsi que certains hommes, qui se tiennent en garde contre leurs ennemis, tombent, sans qu’ils s’en doutent, sur des amis beaucoup plus dangereux que leurs ennemis.
Une alouette huppée, prise au lacs, disait en gémissant : « Hélas ! pauvre oiseau infortuné que je suis ! Je n’ai dérobé à personne ni or, ni argent, ni quoi que ce soit de précieux : c’est un petit grain de blé qui a causé ma mort. »
Cette fable s’applique à ceux qui, pour un profit mesquin, s’exposent a un grand danger.
Un âne conduit par un ânier, après avoir fait un peu de chemin, quitta la route unie et prit à travers des lieux escarpés. Comme il allait tomber dans un précipice, l’ânier, le saisissant par la queue, essaya de le faire retourner ; mais comme l’âne tirait vigoureusement en sens inverse, l’ânier le lâcha et dit : « Je te cède la victoire : car c’est une mauvaise victoire que tu remportes. »
La fable s’applique au querelleur.
L’âne trouvait le cheval heureux d’être nourri dans l’abondance et d’être bien soigné, tandis que lui n’avait même pas de paille en suffisance, alors qu’il était soumis à tant de travaux. Mais vint le temps de la guerre : le cheval dut porter un cavalier armé de pied en cap, et celui-ci le poussa dans tous les sens et le lança même au milieu des ennemis, où le cheval criblé de coups s’abattit. En voyant cela, l’âne changea d’avis et plaignit le cheval.
Cette fable montre qu’il ne faut pas envier les chefs ni les riches, mais penser à l’envie et aux dangers où ils sont en butte, et se résigner à la pauvreté.
Un âne et un chien faisaient route ensemble. Ils trouvèrent à terre une lettre cachetée. L’âne la ramassa, rompit le sceau, l’ouvrit et la lut de manière à être entendu du chien. Il y était question de pâture. Je veux dire de foin, d’orge et de paille. Le chien s’ennuyait pendant la lecture de l’âne ; aussi lui dit-il : « Descends de quelques lignes, très cher ; peut-être trouveras-tu dans la suite quelque chose qui se rapporte à la viande et aux os. » L’âne ayant parcouru tout l’écrit, sans rien trouver de ce que le chien cherchait, celui-ci reprit la parole : « Jette ce papier à terre, ami ; car il est tout à fait insignifiant. »
Un âne, ayant entendu chanter des cigales, fut charmé de leur voix harmonieuse et leur envia leur talent. « Que mangez-vous, leur demanda-t-il, pour faire entendre un tel chant ? — De la rosée », dirent-elles. Dès lors l’âne attendit la rosée, et mourut de faim.
Ainsi, quand on a des désirs contraires à la nature, non seulement on n’arrive pas à les satisfaire, mais encore on encourt les plus grands malheurs.
Un coq paissait un jour en compagnie d’un âne. Comme un lion marchait sur l’âne, le coq poussa un cri, et le lion (on dit en effet qu’il a peur de la voix du coq) prit la fuite. L’âne, s’imaginant que, si le lion fuyait, c’était à cause de lui, n’hésita pas à lui courir sus. Quand il l’eut poursuivi jusqu’à une distance où la voix du coq n’arrivait plus, le lion se retourna et le dévora. Et lui disait en mourant : « Malheureux et insensé que je suis ! n’étant pas né de parents guerriers, pourquoi suis-je parti en guerre ? »
Cette fable montre que souvent on attaque un ennemi qui se fait petit à dessein et qu’on se fait ainsi tuer par lui.
Un âne, qui avait une plaie au dos, paissait dans une prairie. Un corbeau se posa sur lui et piqua sa plaie à coups de bec. L’âne sous l’impression de la douleur se mit à braire et à sauter. L’ânier, qui était à quelque distance, éclata de rire. Un loup qui passait le vit et se dit à lui-même : « Malheureux que nous sommes ! il suffit qu’on nous aperçoive, pour qu’on nous donne la chasse ; mais que ceux-ci osent s’approcher, on leur fait risette. » Cette fable fait voir que les gens malfaisants se reconnaissent à leur mine même et à première vue.
Un âne portant une charge de bois traversait un marais. Il glissa et tomba, et, ne pouvant se relever, il se mit à gémir et à se lamenter. Les grenouilles du marais, ayant entendu ses gémissements, lui dirent : « Hé, l’ami ! qu’aurais-tu fait, si tu étais resté ici aussi longtemps que nous, toi qui, tombé ici pour un moment, pousses de pareils soupirs ? »
Nous pourrions appliquer cette fable à un homme efféminé qui s’impatiente des moindres peines, alors que nous-mêmes, nous supportons facilement des maux plus grands.
Un âne était au service d’un jardinier. Comme il mangeait peu, tout en travaillant beaucoup, il pria Jupiter de le délivrer du jardinier et de le faire vendre à un autre maître. Zeus l’exauça et le fit vendre à un potier. Mais il fut de nouveau mécontent, parce qu’on le chargeait davantage et qu’on lui faisait porter l’argile et la poterie. Aussi demanda-t-il encore une fois à changer de maître, et il fut vendu à un corroyeur. Il tomba ainsi sur un maître pire que les autres. En voyant quel métier faisait ce maître, il dit en soupirant : « Hélas ! malheureux que je suis ! j’aurais mieux fait de rester chez mes premiers maîtres ; car celui-ci, à ce que je vois, tannera aussi ma peau. »
Cette fable montre que les serviteurs ne regrettent jamais tant leurs premiers maîtres que quand ils ont fait l’épreuve des suivants.
Un âne, qui paissait dans un pré, voyant un loup s’avancer vers lui, fit semblant de boiter. Le loup, s’étant approché, lui demanda pourquoi il boitait. Il répondit qu’il avait, en franchissant une clôture, mis le pied sur une épine, et il le pria de la lui enlever d’abord, après quoi il pourrait le manger, sans se percer la bouche en mâchant. Le loup se laissa persuader. Tandis qu’il soulevait la patte de l’âne et fixait toute son attention sur le sabot, l’âne, d’un coup de pied dans la gueule, lui fit sauter les dents. Et le loup mal en point dit : « Je l’ai bien mérité ; car pourquoi, ayant appris de mon père le métier de boucher, ai-je voulu, moi, tâter de la médecine ? »
Ainsi les hommes qui entreprennent des choses hors de leur compétence s’attirent naturellement des disgrâces.
Un âne et un mulet cheminaient ensemble. Or l’âne, voyant que leurs charges à tous deux étaient égales, s’indignait et se plaignait que le mulet, jugé digne d’une double ration, ne portât pas plus que lui. Mais, quand ils eurent fait un peu de chemin, l’ânier s’apercevant que l’âne n’en pouvait plus, lui ôta une partie de sa charge et la mit sur le mulet. Quand ils eurent fait encore un bout de chemin, voyant l’âne encore plus épuisé, il lui retira une autre partie de sa charge, et enfin prenant le reste, il l’ôta à l’âne et le fit passer sur le mulet. Alors celui-ci tournant les yeux vers son camarade lui dit : « Eh bien ! mon ami, ne trouves-tu pas juste qu’on m’honore d’une double ration ? »
Nous aussi, ce n’est point par le commencement, mais par la fin que nous devons juger de la condition de chacun.
Un homme qui avait un chien de Malte et un âne jouait constamment avec le chien. Allait-il dîner dehors, il lui rapportait quelque friandise, et, quand le chien s’approchait la queue frétillante, il la lui jetait. Jaloux, l’âne accourut vers le maître, et se mettant à gambader, il l’atteignit d’un coup de pied. Le maître en colère le fit reconduire à coups de bâton et attacher au râtelier.
Cette fable montre que tous ne sont pas faits pour les mêmes choses.
Un âne et un renard, ayant lié société, sortirent pour chasser. Un lion se trouva sur leur chemin. Voyant le danger suspendu sur eux, le renard s’approcha du lion et s’engagea à lui livrer l’âne, s’il lui promettait la sûreté. Le lion ayant déclaré qu’il le laisserait aller, le renard amena l’âne dans un piège où il le fit tomber. Le lion, voyant que l’âne ne pouvait s’échapper, saisit d’abord le renard, et se tourna ensuite vers l’âne.
Pareillement, ceux qui tendent des pièges à leurs associés se perdent souvent inconsciemment avec leurs victimes.
Un âne sauvage ayant vu un âne domestique dans un endroit bien exposé au soleil, s’approcha pour le féliciter de son embonpoint et de la pâture dont il jouissait. Mais dans la suite l’ayant vu chargé d’un fardeau et suivi de l’ânier qui le frappait avec un gourdin, il s’écria : « Oh ! je ne te félicite plus ; car je vois que c’est au prix de grands maux que tu jouis de ton abondance. »
C’est ainsi qu’il n’y a rien d’enviable dans les avantages qu’accompagnent les dangers et les souffrances.
Un âne broutait la chevelure piquante d’un paliure1. Un renard l’ayant aperçu lui adressa ces railleuses paroles : « Comment avec une langue si tendre et si molle peux-tu mâcher et manger un mets si dur ? »
Cette fable s’adresse à ceux dont la langue profère des propos durs et dangereux.
1Le paliure est un arbuste épineux courant dans les régions méditerranéennes [NdE].
Un âne revêtu d’une peau de lion passait aux yeux de tous pour un lion et il faisait fuir les hommes, il faisait fuir les bêtes. Mais le vent, ayant soufflé, enleva la peau, et l’âne resta nu. Alors tout le monde lui courut sus et le frappa à coups de bâton et de massue.
Es-tu pauvre et simple particulier, ne prends pas modèle sur les riches : ce serait t’exposer au ridicule et au danger ; car nous ne pouvons nous approprier ce qui nous est étranger.