IA, blues et psychos en balade - Saer Maty Ba - E-Book

IA, blues et psychos en balade E-Book

Saer Maty Ba

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Beschreibung

Et si l’Intelligence Artificielle n’était qu’une chimère, incapable de reproduire les compétences humaines ? Pourrait-elle réellement formuler un raisonnement moral ? Serait-elle susceptible de biais sexistes ou racistes ? Ces questions fondamentales émergent de l’exploration de l’intelligence, de l’éthique, de la sociabilité et de la conscience. Elles interrogent également ceux qui se retrouvent dans des réalités mixtes ou augmentées, se demandant si ces perceptions ne sont que des illusions. À moins d’un délire paranoïaque, qui choisirait de semer l’irréparable dans sa propre vie ou de provoquer l’effondrement et l’addiction chez les autres ? "IA, blues et psychos en balade," grâce à ses nouvelles où l’humanité oscille entre animalité, machine et divinité, nous invite à reconsidérer la certitude que l’humain, apparemment sorti des cavernes, constitue un Sujet à part entière.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Saer Maty Ba enseigne le cinéma, les études culturelles, l’anglais avancé et les littératures et civilisations anglosaxonnes. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels deux romans, "Le Serment du maître ignorant" et "Pulsions, parus respectivement" en 2020 et 2023 chez Le Lys Bleu Éditions.

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Saer Maty Ba

IA, blues et psychos en balade

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Saer Maty Ba

ISBN : 979-10-422-4609-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avec l’IA, nous sommes dans un rapport d’interlocution réelle. Tu es obligé d’accepter l’idée qu’on a créé des golems en codant des lignes sur du plasma pur. Ce sont nos Frankenstein. Ils sont vivants.

Alain Damasio

La mort n’existe pas. Nous nous endormons pour nous éveiller à une vie meilleure.

Philip K. Dick

Escobcar, fils de psychiatres divorcés, aussi déréglé qu’une horloge du Far West criblée de balles perdues d’un Colt 1849 Pocket.

Saer Maty Ba

Avant-propos

(Notes de Banjo, éditeur)

Bonjour, je suis Lance Lincoln Banjo et vous êtes sur le point de découvrir le tout premier livre édité par ma petite maison indépendante, BANJO Éditions. En y repensant, j’ai toujours préféré l’édition à l’écriture stricto sensu. Je ne possède ni la patience ni le talent pour écrire des livres, mais en tant que grand lecteur et critique constructif, j’ai toujours aimé lire et relire les travaux d’autrui. Sachant que je ne suis pas musicien et que la musique n’a aucun impact sur l’orientation éditoriale de ma maison, permettez-moi de vous donner la raison derrière le choix de « BANJO » : j’ai opté pour ce nom, tout simplement pour rendre hommage à mes parents. Ils étaient conscients des racines lointaines du banjo, un instrument à cordes dont l’origine remonte à l’akonting / l’ekonting africain, trouvé en Afrique de l’Ouest (Guinée, Gambie, Sénégal). Aussi mes parents, des McKay francophiles, au sang noir mariné par l’espace et le temps, étaient-ils des fans du grand Claude Jamaïcain, un auteur qui aura marqué la littérature mondiale de la première moitié du 20ᵉ siècle, avec l’aide de sa plume migrante ; son roman humaniste Banjo, une histoire sans intrigue mettant en scène un certain Lincoln Agrippa Daily, surnommé « Banjo », dans le Marseille portuaire des années 1920, leur plaisait énormément. C’est pourquoi ils m’ont appelé Lance Lincoln Banjo McKay, moi, un homme francophile et francophone, aux origines caribéennes doublées d’une appartenance écossaise contemporaine qu’il ne perd jamais de vue : une longue histoire que j’abrège ci-dessous, afin de vous laisser lire mon premier projet d’éditeur, trois longues nouvelles.

En effet, j’avais surfé un Master’s en Ciné-Littératures Comparées, avant d’atterrir sur un emploi de chargé de cours universitaire en études francophones, travail qui ne tarda à me déplaire.

Cependant, mon employeur avait fait preuve de générosité concernant le financement de mes participations à diverses conférences (billets d’avion, frais d’inscription et d’hôtel). Cela m’avait encouragé à intégrer la SCLS, l’une des plus grandes associations actuelles de recherche cinématographique et littéraire ; à sa récente conférence annuelle, tenue à Los Angeles, j’ai présenté le papier « Science-fiction, Guerre Froide et mémoire dans le cinéma et la littérature francophones contemporains » – jet-lagged, mais content de m’être débarrassé d’un boulet aussi rapidement que possible. Parce que mon sujet de recherche favori et officieux porte sur autre chose : « les psychédéliques, le cinéma et la littérature » ; j’ai tourné ledit sujet dans tous les sens… Jusqu’à l’arrivée et l’imposition de l’IA dans nos vies d’humains. Jadis et toujours fasciné par l’ascension des IBM, Apple, Microsoft, etc., j’avais déjà eu quelques contacts sûrs dans la Silicon Valley ; et, progressivement, l’IA et l’informatique / les ordinateurs se sont invités dans mes investigations (cinématographiques, littéraires, etc.). Récemment, en tant qu’éditeur en herbe en visite à la circonférence de la Valley, j’ai rencontré des spécialistes de l’IA qui étaient mécontents, ce qui ne me surprenait point, même si leur mécontentement était plus nuancé que je ne l’avais imaginé. Bref.

Une fois mon papier SCLS présenté, je louais une voiture et allais voir un de mes contacts à la Vallée – ces derniers résident encore dans la cité sur la baie, la « Frisco bay », la cité brouillard. Même s’ils n’y travaillent plus et que Chayton, une exception à plus d’un titre, m’ait parlé en FaceTime depuis le Dakota, d’où il m’a ensuite fait parvenir un manuscrit (quelques pensées) d’un de ses ex-collègues, et ami, en me précisant que je pouvais le publier sans l’autorisation de ce dernier, sans crainte de représailles juridiques (j’ai quand même contacté l’intéressé et eu son accord). J’ai formaté, et entretiens et manuscrit en nouvelles, car les interviewés voulaient absolument garder l’anonymat ; et, quelques semaines plus tard, j’ai eu un troisième entretien avec une de mes collègues d’université, spécialisée en IA entre autres : ainsi naquit la nouvelle « L’IA, une contre-enquête ».

Ensuite me vint-il à l’esprit que j’avais deux autres nouvelles, psychologiques, « Le Blues écossé de H » et « C-Max : psychos en balade », dont l’essence flirte avec certains problèmes fondamentaux posés par L’IA au cerveau humain, à la condition humaine… Ces nouvelles m’avaient été envoyées par un auteur inconnu, dont l’écriture m’a paru aussi précise qu’une balle de sniper, Saer Maty Ba, qui, lui, m’a semblé agité au point de pouvoir extraire de ses propres tripes, une combinaison infinie de lettres écarlates qu’il aura couchées sur du papier blanc tel un Jackson Pollock agressant une toile immaculée !

Et voilà comment ce tout premier projet de BANJO Éditions est né, projet francophone (publié en langue française), entreprise transparente aux origines retraçables (voir, par exemple, la section « Une sélection de sources citées ») : sera-t-il aussi salutaire que Signing Off pour UB40, que Kafka sur la plage pour Murakami ? Peut-être, mais il m’est permis de rêver, parce qu’à l’instar du groupe de reggae britannique et de l’écrivain japonais, je travaille dur – depuis que j’ai quitté l’enseignement et la traduction, pour me consacrer à ma passion et je n’ai point l’intention de m’arrêter en (si bon) chemin…

L’IA, une contre-enquête

#Idiote ?

Paniquer. À la pensée même de son existence. Avant de vraiment connaître ses capacités. Pourquoi ? Pour quelle raison ? Elle est née. Faisons la paix avec cet état de fait. Et demandons-nous si, mieux, disons-nous que la nature de sa venue au monde a le mérite d’être une conjecture et que tout aboutissement découlant de cette dernière ne pourra faire plus que simuler l’apprentissage et l’intelligence humains.

Se sentir paniqué. Mais pourquoi ? Par où débuter ? En premier lieu, imaginons l’hypothèse ci-dessus un tant soit peu vérifiée et fiable. Ensuite, admettons que cette supposition n’empêche pas toute conception de programmes ou d’outils informatiques (appelés intelligents) d’être restreinte, de n’articuler que des généralisations, que des concepts. À la quatrième année de la deuxième moitié du 20ᵉ siècle, John McCarthy crut avoir eu bien fait d’inventer un nom pour un bébé qui naquit l’année suivante, en présence de ses amis : « intelligence artificielle », parasite épistémologique, contradiction de termes. Toutefois, ne nous attardons pas sur cette poignée de troubadours, McCarthy et ses amis, ces trublions dont les élucubrations à Dartmouth ont entériné la génération de ces deux termes contradictoires servant à nommer leur ouvrage collectif. Précisément parce que ce qui est artificiel, ce n’est point l’intelligence, mais plutôt les imitations de neurones qu’eux et leurs successeurs auront mis sur pied, par et en impulsion(s) ; non pas un ou deux neurones, mais tout un réseau, bombardé répétitivement d’impulsions, jusqu’à un seuil déterminé par avance, artificiellement créé ; et c’est ici que chaque neurone du réseau se voit activé et rendu capable de transmettre une ou plusieurs informations aux neurones suivants. Les innombrables synapses activées interagissent et nous permettent de qualifier le phénomène ainsi créé d’intelligent, c’est pourquoi le mot « liaison » est utilisé. Cependant, encore une fois, l’intelligence n’est pas artificielle. Elle ne peut l’être. C’est le processus de sa création, parasitique, disions-nous, qui l’est ; il nous installe dans une erreur telle que seuls notre besoin de consensus, notre hâte de progresser (vers quoi, en fait ?) nous poussent à accepter une contradiction faignante et presque imbécile : l’Intelligence Artificielle ou IA.

McCarthy n’aurait-il pas dû appeler son invention, « simulation artificielle de l’intelligence humaine » (SAIH), « approximation de l’intelligence humaine » (AIH), etc. ? À vrai dire, il y a ici matière à répondre par l’affirmative. Pour prendre un exemple probant, je dirais que les applications multiples de l’IA n’enlèvent rien à la véracité de notre proposition si l’on considère que la reconnaissance d’image (celle d’un âne, admettons), à l’instar de toutes les autres applications, pourrait être résumée en trois grandes étapes : (1) l’IA peut analyser une image inconnue ou reçue, mais elle ne sait le faire que de la (seule) manière par laquelle elle a déjà analysé des images connues, c’est-à-dire, celles de son entraînement (vous lui donnez l’âne Trotro à la place de l’âne Bing ou de nduut gi, elle se perd !) ; (2) ensuite, pour que l’IA puisse reconnaître l’image inconnue comme étant celle d’un âne (forte probabilité, mais aucune garantie), il faut que ses prétendus neurones réagissent, face à cette nouvelle image, de la même façon que lors de son entraînement ; (3) enfin, tout ce que l’IA peut faire, c’est calculer le taux de probabilité d’avoir un âne dans l’image en question. Par conséquent, le résultat obtenu par l’IA peut ne pas être pertinent ou assez adéquat pour nous autoriser à qualifier d’intelligent l’artificialité de l’IA. D’où la nécessité de retourner à LA case départ, j’ai nommé l’entrée des données, pour essayer d’améliorer le rendement de l’entraînement, ce qui veut dire intervenir, encore, dans un processus qui, finalement, ne sera que davantage assoiffé de paramètres nouveaux ou plus lourds. « Perfectible » est un autre slogan que j’entends ânonner autour de moi, formule qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’IA. Car le problème ne réside pas dans le fait d’essayer de perfectionner une bêtise. Il émane plutôt d’un départ qui a été faussé, en ce sens qu’âne est âne qui n’est mulet ou zèbre ou poney et qu’il faudrait un taux exorbitant d’intervention humaine dans l’entraînement de l’IA pour qu’elle comprenne tout cela ! Que vous nommiez l’IA prédictive ou générative ne l’aidera pas à vous pondre de meilleurs résultats ; prévoir et créer un contenu nouveau avec l’IA ne seront jamais des processus aussi fiables que ceux de la vraie intelligence, c’est-à-dire, celle humaine.

L’espoir n’est pas une tactique, m’a dit quelqu’un ; imitation égale restriction, m’a raconté un autre rappeur qu’il m’est arrivé d’écouter. Tous deux illustrent bien la connerie que constitue l’IA. Vous me direz sûrement que s’il y a bêtise, il faudrait la chercher en nous, les adeptes de l’IA, en nous, la majorité des populaces de la planète qui sommes débiles de consommer l’IA telle que nous le faisons ? Eh bien non, parce qu’il y a tout un tas de raisons liées au concept de pouvoir, et à l’imposition de l’IA, qui font que ces masses obtempèrent – même si ces motifs ne constituent pas le sens de mon présent propos. En effet, je veux critiquer de manière aussi exhaustive que possible l’IA, cette idiotie artificielle qui est autre qu’intelligente.

Dans cet ordre d’idées, c’est une erreur que de formuler la problématique du corps éventuel de l’IA (lui en donner un, ou pas) en termes d’un corps humain qui influencerait nos pensées. Il devrait s’agir, préférablement, de savoir puis d’affirmer que la pensée naît dans nos corps – « dans la nuit de nos corps », nous dit le sage philosophe – et qu’elle y accomplit une tâche. Il est important de laisser la pensée faire son travail et de lui accorder le temps nécessaire pour accomplir son devoir. Qui plus est, ce qui précède dans mon propos doit être fait en amont, si l’on veut être en mesure de parler d’« intelligence incarnée », de ne pas aller trop vite en besogne. Est-ce clair ? (un silence : lourd) Vous savez quoi ? citons amplement mon sage philosophe parce que je veux réfléchir sur et comprendre comment la pensée est formée « par un phénomène d’intégration dans la nuit du corps [où] des éléments épars s’associent et produisent une synthèse, c’est-à-dire une concentration et une intensification de l’activité qui la rendent en ce point-là sensible à elle-même » : aller trop vite en besogne, pour donner un corps à l’IA, est une idiotie cherchant à généraliser l’usage de l’IA dans tout ce que l’être humain fait / peut faire ; aussi, si l’on est d’accord qu’imitation égale limitation, alors mauvais concept d’imitation égal idiotie rétrograde ; et par conséquent, faire interagir l’IA directement avec le monde, tout en sachant qu’il n’y aura jamais de vraie convergence physique entre les deux, n’est rien d’autre qu’une lacune qui créera d’autres déficiences. Est-ce si difficile à saisir ? non, dirais-je, si l’on prend le temps de saisir l’IA comme une non-intelligence mal conçue, mais aussi de comprendre que la robotique s’est engagée dans une brèche évolutionniste dont les principes sortent d’un autre processus d’imitation de la sélection naturelle, afin de construire des robots biologiques. Oui, vous avez bien saisi. Des robots fabriqués à partir de cellules vivantes, des machines capables à la fois d’effectuer des tâches et d’interagir avec leur environnement. Quelle idiotie : d’abord, nous ne restons pas assez dans notre corps d’humains pour (sa) voir qu’il est une donnée première et générale, pour percevoir qu’il est « activité » et que nous sommes « Sujet », nous qui constituons ce corps et prenons forme en son sein, ce corps qui, lui aussi, est une activité qui prend forme par elle-même ; ensuite, nous voulons immédiatement prendre ce corps incompris, ce corps pas entièrement cerné, pour l’analyser par projection au / vers le dehors ? quelle idiotie !

Dans cette affaire, les scientifiques sont les pires malfaiteurs. À titre d’exemple, un roboticien nous dit que « Nos corps évoluent dans un environnement donné, et nous nous servons de nos sens pour observer comment cet environnement répond à nos actes et à notre présence. C’est par cette boucle de rétroaction que nous découvrons le monde [que] nous appréhendons le monde d’une manière qui nous est propre. » Je crois que la dernière phrase de cette citation serait vraie et la bienvenue, si notre roboticien, parlant au magazine New Scientist, ne nous faisait pas sortir de notre corps-activité à la hâte. Cette sortie signifie qu’à l’IA on fait imiter notre corps, pire, qu’à l’IA on donne une copie d’un corps qui nous aura été incompris, un corps au sein duquel l’on n’aura pas assez pensé. Les conséquences de tels actes sont nombreuses, tout en étant idiotes parce que l’idée de départ est stupide, parce qu’encore une fois notre corps nous est incompris et – le roboticien évolutionniste, un esprit brillant, le sait pertinemment – parce que l’IA ne pourra jamais posséder ou imiter l’intelligence humaine en ce que cette dernière possède de plus valeureux : sa capacité à démontrer ce qui marche dans le monde réel. L’imitation ne fonctionnera pas. Peut-on être, en même temps, intelligent et idiot ? je pose la question, car je ne peux comprendre pourquoi l’on sollicite l’IA, un outil problématique au mieux, pour concevoir le cerveau et la structure physique de ce robot-corps ; parce que je ne vois pas pourquoi l’on demande à l’IA de créer un cerveau nouveau et original alors qu’elle est une imitation mal fécondée ; et parce que je ne peux comprendre que l’on ait recours à l’IA pour concevoir une ossature molle, supposée nous rassurer. Allez, trêve de commentaires, disons que je suis rassuré ! Cependant, il existe un autre problème avec l’IA et ses adeptes-concepteurs : sur le chemin si bondé de bêtises qu’ils créent puis empruntent, ils ne savent jamais s’arrêter. Le roboticien veut créer des robots à partir d’une matière vivante, de tissus vivants – en dépit de l’argument selon lequel les xénobots sont faits d’organismes biocompatibles et biodégradables, cela constitue une autre, grosse stupidité, car respecter l’environnement consiste à ne pas aller trop vite en besogne. C’est du moins ce que je crois, en plus du fait que si l’intelligence réside à la fois dans les cellules et leur design, alors leur origine et leur état de contrefaçon jouent un rôle au sein du caractère de l’ensemble, de l’aboutissement, de la sortie de l’IA incarnée, qui possède un corps humain tel un djinn ou une jinniyya. Il est essentiel de prendre en compte toutes ces éventualités, car elles représentent des potentialités auxquelles nous devons ajouter l’idée fausse, la limitation initiale, représentée par l’IA comme synonyme d’idiotie.

En fin de compte, les pionniers de Dartmouth autant que les jeunes à haut potentiel travaillant dans l’IA, comme M. Bongard, essaient de nous rassurer (avec, par exemple, « Il n’y a pas de différence entre la chose qui contrôle la machine et la machine elle-même »). Néanmoins, plus ils tentent, plus ils échouent et plus ils sont préoccupés. Aussi, plus déblatèrent-ils des approximations, plus montrent-ils que leur champ de compétences cognitives est limité, tout en démontrant leur manque de lecture dans d’autres disciplines aptes à éclairer leurs ternes lanternes, si ce n’est à leur éviter de pondre d’autres immondicités telles que l’IA ; l’on sait depuis Lichtenberg, au moins, que c’est le corps qui pense, que c’est lui le siège de l’intelligence (soupir, hum !), mais bon, assez de bastons de scientifiques sur la conception et la création des IA. Il est maintenant temps d’aborder la question de ce qu’ils savent en faire ; où en est la disparate idiotie IA, à quel stade se trouve la dispersion de la connerie IA ?

Aujourd’hui, l’IA cible les domaines suivants : l’illustration ou la génération des images à partir d’un prompt formulé en langage courant ; la transformation de scripts ou de documents audio en sons ; la modification ou création de vidéos à partir de textes, d’images ou d’une vidéo ; le codage ; la rédaction, en répondant à des questions ou requêtes (ChatGPT, par exemple : j’y reviendrai) ; la traduction d’une langue donnée ou détectée vers une langue choisie ; et mener une enquête. Arrêtons-nous sur cette dernière aptitude pour dire que le mérite de la lacune nommée IA, son travail et ses connaissances se limitent à vérifier, telle une policière, qu’un contenu a été créé par une autre IA, par une autre lacune. Les esclaves humains de l’IA peuvent y voir une quelconque utilité, mais, pour moi, cette articulation d’IA n’aurait jamais dû voir le jour parce que son référent, son signifiant, l’IA stricto sensu, est elle-même une idiotie qui n’aurait jamais dû naître. Pire, l’association et le mimétisme ont donné naissance à des délires qui, à leur tour, ont généré toute une branche d’études de l’IA. De quoi s’agit-il ?

À peu près au même moment que McCarthy et compagnie baptisaient et nourrissaient cette bâtarde d’IA, l’idée que le cerveau humain était fait de signaux électriques, pardon, de neurones émettant et pouvant recevoir des signaux électriques, fit son apparition et s’imposa. Non pas pour rester au stade de constat ou de trouvaille intéressante, mais pour devenir un outil de spéculation sur la pensée (synonyme d’électricité), puis comme moyen de pousser ce raisonnement au point de créer des réseaux de neurones externes au corps humain, vu que ces neurones-là, qualifiés de formels par McCulloch et Pitts, se comporte(rai)ent de la même façon que les transistors électriques. D’où ce désir fou de copier le cerveau humain, de le reproduire avec l’aide de ces neurones-transistors (association et mimétisme). Ils prétendaient ainsi créer un support pour l’émergence de la pensée simple, sous-tendue par tout un brouhaha d’électricité, mais il ne leur était évidemment pas possible de simuler une cognition supérieure – même si, selon son concepteur, le Perceptron penserait comme un humain. Cela dit, le cerveau humain n’étant pas (que) un calculateur numérique, ce que je viens de décrire, j’ai nommé le connexionnisme, ne pouvait bien prendre, comme de la bonne mayonnaise faite maison par maman, patiemment, à la main. En conséquence, inévitablement, déclinait-il durant quarante années : hourra, devrait-on ainsi crier ? Tentant, mais pas si vite, dirais-je, car dans sa quête de connaissance l’être humain n’apprend jamais qu’imitation égale limitation. D’autres chercheurs tels que Rumelhart, auteur de Parallel Distributed, reprirent l’idée du connexionnisme, ce qui eut pour effet de rendre la critique de cette branche de l’IA plus véhémente. Ladite critique provenait d’une autre branche de l’IA, le fonctionnalisme, qui aurait pu être sa jumelle (en idiotie ?), même si le fonctionnalisme semble incarner une signification un peu plus profonde que le connexionnisme parasitaire. Néanmoins, nous ne nous fions pas aux apparences, souvent trompeuses, parce que le fonctionnalisme est un fruit qui, par nature, ne peut tomber loin de son arbre-parent ; c’est un essai de reproduction similaire au connexionnisme ; et il s’intéresse à la pensée, qu’il veut détacher de son support. Le fait qu’un calcul soit effectué par une calculatrice ou par le cerveau humain ne fait aucune différence, selon le fonctionnalisme qui le considère comme un seul et même type d’opération. En s’intéressant simultanément à la cognition supérieure, y compris au raisonnement, ce même fonctionnalisme a osé aller plus loin que le connexionnisme : il conçoit et simule la pensée humaine tel un ensemble de symboles manipulés par le biais de règles appliquées. Ce qui ne nous empêche pas de nous demander si l’on peut lui reconnaître des circonstances atténuantes. Cela reste une possibilité, répondrais-je, car en amont ses tenants / adeptes / concepteurs ont eu la présence d’esprit de s’imprégner de la philosophie, précisément du computationnalisme qui pousse ses racines jusqu’à Hobbes et se retrouve chez des philosophes du 20e