Identité et mensonges - Juddy Rosthland - E-Book

Identité et mensonges E-Book

Juddy Rosthland

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Beschreibung

"Identité et mensonges" est l’histoire de Mélanie qui se retrouve prise au dépourvu après une rencontre inattendue dans un immeuble imposant. Son envie de revoir cet étranger se mêle à sa frustration envers Rachel, responsable de cette situation délicate. Cette histoire aborde les thèmes de l’identité, des confrontations fortuites et des secrets dissimulés, dévoilant les éventuelles manipulations derrière les apparences.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Juddy Rosthland trouve dans la lecture, son apprentissage et dans l’écriture sa libération, deux activités indissociables de son être depuis toujours. Elle ressent le besoin impérieux de laisser une trace, et sans effort ni résistance, les mots s’alignent aisément sur sa plume pour donner naissance à des histoires vivantes.

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Couverture

Page de titre

Juddy Rosthland

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Identité et mensonges

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Juddy Rosthland

ISBN : 979-10-422-3097-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122 – 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122 – 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335 – 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Dédicace

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À ceux qui m’ont encouragé :

C.

A.

B.

Identité et mensonges

 

 

 

 

 

La chaleur des premiers rayons de soleil commençait à se faire sentir lorsque le réveil sonne.

Étendue et détendue dans mon lit, où je dormais paisiblement j’osais à peine me réveiller.

Après avoir savouré la chaleur des draps quelques secondes, je décide enfin de me lever.

D’une main encore paresseuse, je commençais à ouvrir les doubles rideaux, mais très vite la pièce fut envahie par une douce et tiède lumière. L’envie de rester devant cette fenêtre et laisser le soleil caresser ma peau me traversa l’esprit, mais il ne fallait pas que je me laisse emporter par mes envies, mais par mes devoirs. À contrecœur je traversai la pièce et pénétrai dans la salle de bains.

Ma peau était chaude, par l’eau que je venais de laisser couler sur moi, afin de me stimuler un peu et avoir assez de courage pour affronter une nouvelle journée. En ouvrant la porte de la salle de bain, une odeur de café frais pénétra dans la pièce, ce qui me poussa à prendre la direction de la cuisine.

En moins d’une heure, j’étais prête à partir. Clefs en main, j’ai pris d’un pas décidé la direction du garage. La sonnerie du téléphone m’interrompit à mi-chemin. Après une brève hésitation de quelques secondes, je décidais de répondre.

— Allô ! Oui.

— Mélanie ? me demande une voix féminine.

— Oui. Qui est à l’appareil ?

— Rachel.

— Rachel ! On dirait que tu es à l’autre bout du monde, dis-je dans un ton de plaisanterie, tellement la communication était mauvaise.

— C’est presque le cas. Je suis encore à Londres.

— Tu veux bien répéter, j’ai du mal comprendre, demandais-je afin de confirmer ce que je venais d’entendre sans oser le croire.

— Je me trouve à Londres.

— Qu’est-ce que tu fiches encore à Londres ? Je croyais que tu rentrais vendredi soir après la conférence ! demandais-je en haussant le ton de ma voix sans me rendre compte. En fait une fois de plus je n’avais pas réussi à contrôler mes émotions et le fait que Rachel ait changé ses projets mettait en cause tout le déroulement de la journée organisée. Ce qui avait le don de me faire sortir de mes gongs et alors je perdais tout contrôle de moi-même.

— Là n’est pas le problème.

Et voilà une fois encore, la phrase que je n’aimais pas entendre. Cela signifiait que derrière tout ça un gros problème menaçait de pointer son nez.

— Peux-tu me dire quel est le problème ? demandais-je vraiment en colère, cette fois, sans arriver à me contrôler.

— Je ne sais pas quand je pourrais décoller. Mon avion est maintenu au sol à cause du brouillard.

Ma colère grandissait à chaque seconde, préférant garder le silence, je laissais à Rachel le temps de s’expliquer, tout en sachant à l’avance que ce qu’elle allait m’annoncer contribuerait à augmenter la colère que je ressentais déjà.

— Le vrai problème est le rendez-vous que j’ai à dix heures.

— Tu as quoi ?

— J’ai un rendez-vous…

— J’ai entendu. Pourquoi as-tu changé la date de ton départ ?

— J’avais quelques petites choses à terminer et comme j’étais déjà sur place j’en ai profité.

— Bon j’espère que c’est bien la dernière fois que tu me fais une chose pareille. Que faut-il que je fasse cette fois-ci ?

— Je sais que je te mets en mauvaise posture, mais cette fois je ne pouvais pas faire autrement. En fait il faudrait que tu l’annules en te faisant passer pour moi. Essaye de trouver une bonne excuse.

— Quoi ? demandais-je au bord de la crise de nerfs et incapable de me contrôler.

En effet Rachel avait le chic pour me faire sortir de mes gongs. Jusqu’à présent j’ignorais encore comment on avait fait jusqu’à présent pour rester non seulement des amies, mais surtout travailler ensemble, vu notre différence de caractère et façon de voir les choses et la vie.

— Il s’agit d’un premier rendez-vous et je n’aimerais pas donner une plus mauvaise image. J’aurais aimé les appeler moi-même, mais je n’ai pas leurs coordonnées. Le mieux serait que tu les appelles en te faisant passer pour moi.

Ne me laissant pas le temps de protester, Rachel continua :

— Je sais que tu as horreur de ça, mais je te demande cela pour la dernière fois.

— Comment oses-tu me demandes une chose pareille ? Où es-tu allé chercher cette société, que je sache on n’avait aucun nouveau contact pour cette semaine, demandais-je, en ayant la certitude que jamais je n’aurais de réponse à ma première question.

— Il s’agit la société Tosan.

— C’est la première fois que j’en entends parler.

— Je peux te garantir qu’ils ont une bonne structure. Sur mon bureau tu trouveras un dossier leur concernant, leur numéro est à l’intérieur.

— Ok, je vais voir ce que je peux faire. Essaye de ne pas me refaire un nouveau coup de ce genre. Tu sais que j’ai horreur de ça.

— Je sais, merci. Je savais que je pouvais compter sur toi.

— Comme d’habitude ! Quand comptes-tu rentrer ?

— Dès que possible.

— Essaye de faire au plus vite. Bye.

Sans attendre une éventuelle réponse de sa part, je repose le combiné, et mit quelques instants à trouver une feuille où écrire le non de la société avant de l’oublier.

Après avoir repris le chemin jusqu’au garage, je fus incapable de me retenir de lui faire quelques des reproches sur ces quelques passages d’inconscience en ce qui concernait le monde du travail. Pourtant une certitude me trottait dans la tête et un murmure sortit de gorge :

— Je suis sûre qu’il y a un homme derrière tout ça, lançais-je tout en refermant la porte du garage après avoir enclenché l’alarme.

 

Au sein de l’aéroport, les gens commençaient à former des petits groupes, afin de discuter, mais surtout ils profitaient pour critiquer les conditions imposées par le personnel de l’aéroport. Les uns parce qu’ils n’avaient pas réussi à avoir la première classe après changement de billet. D’autres parce qu’ils en avaient assez que les conditions de décollage changent aussi souvent, et une bonne partie, parlait des rendez-vous qu’ils allaient manquer à cause de ce départ retardé. D’autres se contentaient d’étudier tout ce qui les entourait.

Rachel se trouvait assise dans le hall, près de la porte d’embarcation, elle feuilletait un magazine qu’elle venait d’acheter afin de passer le temps plus rapidement. Les feuilles se tournaient dans un rythme identique, mais elle ne faisait guère attention à leur contenu. Ses pensées étaient ailleurs.

L’espace d’un bref moment, elle lève les yeux, juste à temps de voir une maman qui embrassait sa fille, afin de la calmer de toute l’agitation autour d’elles.

Instantanément, ses pensées se sont dirigées vers le rendez-vous qu’elle n’avait pas eu le courage d’assumer, et soudain la culpabilité qu’elle ressentait disparut d’un coup. Trouvant cette scène touchante, elle laisse sa main effleurer son ventre, comme dans une caresse.

Se rendant compte de son geste, elle se dit qu’elle avait bien agi, afin de se rassurer. Toute son incertitude disparut à cet instant, elle osa exprimer un bref sourire et retourna une nouvelle page de son magazine, sans y prêter plus d’attention qu’aux précédentes.

 

Après avoir retiré les clefs du contact, je m’accordais une petite pause, et ferma les yeux quelques instants. Ces quelques instants de silence total me permirent de retrouver le calme qui m’avait quitté suite à l’appel de Rachel. L’espace de quelques secondes, j’osai mettre en doute sa parole, mais me souvenant du dernier voyage que j’avais effectué, je repoussai cette idée, et finis par trouver un calme complet.

Depuis le temps, je connaissais bien Londres pour savoir qu’à cette époque quelques heures suffisaient pour que le temps change du tout au tout.

J’arrivais à comprendre que Rachel ne puisse pas décoller, mais j’ignorais toujours pour quelle raison elle avait décalé son départ. Sur ce point, je tenais à avoir le fin mot de l’histoire, et me fis la promesse de ne pas lui laisser l’opportunité de laisser ce point obscur.

À nouveau rechargé à bloc par cette belle énergie que le soleil dégageait de si bonne heure, je repris ma bonne humeur et ma confiance. Enfin prête à affronter ma journée, je quittai ma voiture.

À mi-chemin une rose attira mon attention. Les rayons de soleil se reflétaient dans les quelques gouttes d’eau laissées par la brume matinale. L’envie de la couper me prit, mais l’image qu’elle reflétait me fit changer aussitôt d’avis. Ce serait dommage de faire disparaître un aussi beau tableau.

Bien que le spectacle fût fascinant, un bref coup d’œil à la montre, me rappela que j’étais une fois de plus en retard et suffit à me faire presser le pas.

— Bonjour Stéphanie, dis-je une fois à hauteur du bureau de l’hôtesse qui se tenait derrière le bureau qui trônait le hall de l’étage.

— Bonjour Mademoiselle ! dit-elle en s’apercevant de mon arrivée. Comme d’habitude son sourire donnait l’impression de prendre son visage d’un côté à l’autre. Il y avait des fois où je me demandais si cette jeune femme avait déjà connu des moments difficiles comme beaucoup d’entre nous. Chaque fois que je la voyais, le sourire était présent sur son visage et une paix palpable se dégageait de son aura.

— Y a-t-il des messages pour moi ? demandais-je en regardant en direction du compartiment des messages, sans pour autant pouvoir l’apercevoir.

— Oui, quelques-uns sont de vendredi.

— Qui a travaillé plus tard que moi ? demandais-je dans un ton de plaisanterie.

— Vous verrez bien, je crois que vous avez une annulation de rendez-vous si mes souvenirs sont bons.

— Très bien, je vais voir tout ça. Merci beaucoup.

J’allais prendre la direction de mon bureau lorsque mes pensées se tournèrent vers Rachel. En fait Rachel sera absente une bonne partie de la matinée, s’il y a quelque chose d’urgent dites-le-moi.

— Bien Mademoiselle.

 

Après avoir pris connaissance des messages, quelques-unes ont été jetées, d’autres mises de côté afin d’y répondre plus tard.

Poussant mon agenda ouvert dans un coin du bureau, mon regard parcourt d’un œil distrait la journée qui m’attendait. Je m’apprêtais à effacer mon rendez-vous annulé, lorsque l’annulation du rendez-vous de Rachel me revint en mémoire.

Machinalement je compose le numéro du standard. Au bout de la troisième sonnerie, le bruit du décrochage du combiné se fit entendre.

— Stéphanie, après la distribution du courrier pourriez-vous m’apporter le dossier de la société Tosan qui est sur le bureau de Rachel ?

— Je viens de finir, je vous l’apporte dans une minute.

— Merci.

Comme j’avais quelques minutes devant moi, je fus tentée par la bonne odeur du café que Stéphanie avait pris le soin de faire couler. J’avais à peine eu le temps de savourer ma première gorgée lorsqu’elle frappa à la porte le dossier en main.

 

La première chose qui me frappa une fois la chemise ouverte fut un post-it fuchsia indiquant un nom et l’heure du rendez-vous. Il était prévu à la même heure que le mien qui avait été annulé vendredi dernier. En y regardant de plus près, je me suis rendu compte que pour une fois Rachel avait pris le soin de faire une enquête approfondie non seulement sur la société, mais sur ses dirigeants. Cela ne ressemblait guère à Rachel. Ce dossier devait vraiment lui tenir à cœur pour le traiter aussi profondément.

Prendre l’identité de quelqu’un d’autre me gênait, et encore plus lorsqu’il s’agissait de travail surtout quand quelqu’un s’était donné autant de mal. J’essayai alors d’appeler l’aéroport, mais l’hôtesse que j’avais réussi à avoir au bout du fil fut incapable de me dire si Rachel avait réussi à prendre le vol qui venait de décoller. Elle me fit savoir que du fait de l’annulation du vol de Rachel ainsi que du suivant, ils étaient obligés de placer les gens selon leurs ordres d’enregistrement pour leur vol normal. Qu’ils faisaient de leur mieux afin de satisfaire tout le monde, mais qu’elle ne pouvait me faire savoir au moment actuel qui avait déjà embarqué ou pas. De plus le portable de Rachel ne répondait pas, le passage vers la messagerie se faisait immédiatement.

Quelque peu frustrée que ma démarche n’ait abouti à rien, je posai un regard évasif sur ma montre. Résignée à annuler moi-même le rendez-vous, mes doigts se posent machinalement sur le cadran du téléphone, incapables de composer le numéro.

J’avais réussi à composer les premiers numéros, lorsqu’une feuille manuscrite attira mon attention. Arrêtant brusquement ma démarche, je repose le combiné machinalement.

En quelques minutes, j’ai pris connaissance du petit résumé, il relatait les activités de la société et quelques impressions sur le directeur, que Rachel avait pris le soin de souligner.

Le petit résumé sur la société m’a beaucoup plu, mais en ce qui concernait le directeur ne m’avait plu qu’à moitié. Selon Rachel, il était impossible à cerner, et beaucoup de points assez importants restaient à éclaircir. Ce petit résumé eut l’effet d’un déclic chez moi, et quelque chose attirait mon attention sur la brochure de la société.

En fin de lecture une certitude s’imposa à moi. Si ce rendez-vous était annulé aujourd’hui ils se passeraient des mois voire des années pour réussir à faire rentrer cette société qui sans que je sache pourquoi avait une importance capitale pour notre expansion dans notre liste de collaborateurs. Quelque chose me disait qu’une collaboration mutuelle ne pourrait faire que du bien aux deux sociétés. Il fallait tout faire pour que cette collaboration débute le plus tôt possible, mais si ce rendez-vous était annulé, cette collaboration risquait de ne jamais se faire. Le fait que Rachel ait signalé l’attente de deux mois pour réussir à obtenir ce rendez-vous ne contribua qu’à augmenter mon inquiétude.

Ma petite voix intérieure me disait d’agir au plus vite. Mon regard se posa sur la pendule accrochée au mur de mon bureau, lorsque l’idée de me présenter à la place de Rachel à ce rendez-vous me traversa l’esprit. Vérifiant à nouveau la pendule et l’agenda, l’idée me parut encore plus séduisante. L’annulation de mon rendez-vous me laissait deux heures de liberté, sans réfléchir une seconde de plus, je pris le soin de prendre le dossier que Rachel avait soigneusement préparée parmi les miens et quitta le bureau en faisant un signe discret à Stéphanie qui se tenait à son poste, comme toujours.

La circulation étant assez fluide, j’avais mis à peine vingt minutes pour faire le parcours et il me restait une dizaine de minutes avant le rendez-vous. En arrivant, j’ai pris la direction du parking visiteur. Sans me précipiter, je parcourus la distance qui me séparait de l’entrée du bâtiment où siégeait la société.

Avant de monter les escaliers qui menaient à la porte d’entrée, je profitais des quelques minutes qui me restaient pour jeter un ultime regard autour de moi. Tout était harmonie. Pas une herbe plus haute ou plus basse que l’autre. Les rosiers formaient une haie aux couleurs variées et les quelques arbustes qu’on pouvait appeler sauvage, trouvaient leur place. Formant ainsi un jardin à mi-sauvage. Bien que le côté sauvage fût étudié au préalable.

Ce fut non sans surprise que je découvris qu’au sein de cet immeuble, une seule société était domiciliée, la société Tosan.

Après m’être remise de ma bonne surprise, qui me réconfortait dans ma démarche, j’ai pris les quelques marches qui me séparaient de la porte d’entrée.

Encore fasciné par le jardin qui trônait en bas des escaliers, je m’approchais de la porte d’entrée, sans faire trop d’attention à celle-ci.

Je m’apprêtais à pousser la porte comme l’indiquait la petite plaque, lorsque quelqu’un de l’intérieur la tira d’un coup sec.

Sans avoir eu le temps de comprendre ce qui se passait ni de lâcher la porte, j’ai dû faire un grand écart pour pouvoir suivre le mouvement et faire une entrée trop rapide dans ce bâtiment qui m’était inconnu.

Surprise et incapable de réagir, mon attaché-case tomba par terre, moi-même pensais être la prochaine, mais une main ayant une force comme jamais auparavant je n’avais vu ou constatée me donna l’assurance nécessaire pour que je puisse reprendre mon équilibre.

En me baissant pour mettre de l’ordre dans les papiers, un murmure vint jusqu’à mes oreilles, mais je fus incapable d’en comprendre le sens, et sincèrement j’étais loin d’éprouver la force de dire quoi que ce soit.

J’avais réussi à réunir une dizaine de feuilles, lorsque j’ai pressenti la présence de cet inconnu à mes côtés.

Le frisson qui me parcourut me surprit, j’ignore pourquoi, mais à aucun moment je n’ai ressenti de contact direct après avoir repris mon équilibre. Était-ce peut-être une peur tardive, suite au déséquilibre que je venais d’avoir.

Je m’apprêtais à réunir les feuilles qui s’étaient échappées de mes dossiers lorsque ce frisson me parcourut à nouveau, mais cette fois j’ai ressenti une main posée sur la mienne.

À ce contact un nouveau frisson me parcourut.

Tout en acceptant les feuilles qu’il me tendait, j’essayai d’apercevoir son visage, mais les reflets que le soleil provoquait sur la vitre de la porte qui était restée ouverte m’en empêchaient. Tout ce que j’ai pu apercevoir ce furent deux yeux d’une couleur claire. Dans ces yeux j’ai eu l’impression de voir une terrible douleur, mais lorsque je m’apprêtais à approfondir mon examen, le son de sa voix parvint jusqu’à moi et mes yeux se fixèrent alors sur ses lèvres. Le son de sa voix me ramena à la réalité.

La seule chose que j’ai réussi à entendre fut :

— … Je ne vous avais pas vu. Excusez-moi à nouveau.

Déconcertée par la douleur que ses yeux affichaient et surprise par la douceur de sa voix, je me contentai d’un geste affirmatif de la tête, incapable de prononcer un seul mot.

Après quelques secondes, j’avais réussi à retrouver mon calme. À présent je pouvais lui répondre, mais il était déjà trop tard, il avait déjà disparu de mon champ de vision.

Le bruit d’une voiture me laissa comprendre qu’il était déjà parti. Réalisant la position dans laquelle je me trouvais, je me permis de jeter un regard en direction de l’hôtesse. Soulagée de la voir occupée à son travail, je me suis permise de prendre quelques instants pour ramasser les quelques feuilles qui se trouvaient encore sur le sol tout en essayant de comprendre et de trouver une justification plausible aux frissons que j’avais ressentis en présence de cet inconnu.

Une fois mes esprits retrouvés, je repris la direction qui me menait au bureau d’accueil d’un pas sûr.

— Bonjour. Monsieur Tosany doit attendre mon arrivée.

— Bonjour ! dit l’hôtesse en levant la tête de la feuille qu’elle était en train de lire. À quelle heure aviez-vous rendez-vous ?

— Dix heures trente.

— Mademoiselle Dostin ? demande-t-elle après avoir jeté un coup d’œil sur son agenda.

Une fois de plus, mes pensées se tournèrent vers l’inconnu qui m’avait bousculé.

Réalisant que l’hôtesse s’était adressée à moi, je lui adressai un « Oui » interrogateur, mais tout me laissait croire que celle-ci avait pris mon interrogation pour une réponse affirmative.

— Je l’informe de votre arrivée, dit l’hôtesse en prenant le combiné du téléphone en composant le 2412. Après un bref échange de mots avec son interlocuteur, elle s’adressa à nouveau à moi.

— Quelqu’un va venir vous chercher, dit-elle après avoir reposé le combiné. Patientez quelques instants, merci.

— Merci, fis-je à mon tour.

Comme le temps commençait à me paraître long. Je décidai alors de continuer mon étude sur cette société qui commençait à me captiver de plus en plus. Faute d’autre chose je me concentrais sur l’étude de la décoration du hall.

Surprise de voir avec quel raffinement la décoration avait été étudiée, sans laisser la possibilité d’y ajouter un objet quelconque sans gâcher l’harmonie de la pièce.

Le bruit de la porte de l’ascenseur me fit revenir quelques secondes à moi et me rappela l’endroit où je me trouvais. À cet instant je ne pus m’empêcher de repenser à l’inconnu et faire quelques comparaisons avec l’homme qui se dirigeait vers le hall. J’étais encore dans mes penses lorsqu’un son inconnu parvint jusqu’à moi. Je réalisai alors que ces murmures qui me paraissaient lointains m’étaient adressés.

— Mademoiselle Dostin ?

Après un deuxième appel de la part de l’inconnu, j’ai dû revenir à la réalité et j’ignore encore comment mon attitude redevint aussi professionnelle que dans les autres occasions où j’avais tous mes moyens.

— Oui, excusez-moi j’étais absorbée par la beauté de ce tableau, dis-je en espérant avoir trouvé une excuse valable.

— Je vois que vous appréciez l’art. Je suis Henry, le secrétaire de Monsieur Tosany.

— Bonjour Henry, dis-je en me forçant à lui adresser un sourire. Monsieur Tosany se trouve encore en rendez-vous ?

— Non. Malheureusement il fut obligé de s’absenter. Je vois que vous n’avez pas eu mon message de vendredi.

— Vous m’aviez laissé un message ? demandais-je me souvenant que j’avais oublié de vérifier les messages de Rachel.

— Oui, vendredi je vous ai appelé en personne afin de vous prévenir que Monsieur Tosany ne pourrait malheureusement pas honorer ce rendez-vous.

— Je vous présente mes excuses, je vous fais perdre votre temps, dis-je confuse. En fait je ne suis pas passé au bureau depuis vendredi. Vous l’avez peut-être fait après mon départ.

Je m’en voulais de ne pas avoir été assez professionnelle et d’avoir négligé les messages de Rachel. Mais il faut dire que depuis ce matin j’avais l’impression de ne plus raisonner avec toute ma tête.

La voix de Henry me retira à nouveau de mes pensées.

— Soyez certaine que je ferais le nécessaire pour que vous obteniez un nouveau rendez-vous le plus rapidement possible. Monsieur Tosany semblait assez intéressé pour votre projet.

— Merci. C’est gentil de votre part. Veuillez m’excuser une fois encore.

— De rien, ce fut un plaisir.

Une fois dehors, je ne pus m’empêcher de sourire. Décidément, mes impulsions me mettaient en mauvaise posture la plupart du temps. Heureusement que personne ne s’était rendu compte de mon embarras, pensais-je en colère contre moi-même. En tout cas, une chose était certaine, Henry semblait sincère lorsqu’il promit de prendre contact assez rapidement. De tout mon for intérieur, j’espérais qu’il tiendrait sa promesse.

 

En arrivant au bureau en fin de matinée, j’avais réussi à faire disparaître ma colère et ma bonne humeur habituelle me gagna à nouveau.

Tout en préparant une tasse de café, je repensais aux derniers mots d’Henry.

Après m’être versée une tasse de café. Je demandai à Stéphanie de bien vouloir m’apporter les messages de Rachel, afin de pouvoir confirmer les dires d’Henry, afin de dissiper tout doute de mon esprit.

Après avoir pris le soin de séparer les dossiers enfuis au four et à mesure dans mon attaché-case, à chaque fin de rendez-vous, je me permettais de savourer une nouvelle tasse de café.

Je venais de déposer le dossier de la société Tosan sur le coin droit de mon bureau après y avoir apporté quelques petites annotations sur mon ressenti, lorsqu’on tambourinait à la porte de mon bureau.

— Entrez ! dis-je avant de prendre une nouvelle gorgée de café.

— Alors il paraît que tu veux voir mes messages professionnels ? demande Rachel tout en s’approchant de mon bureau.

Elle aussi avait l’air d’avoir plus la forme que lorsqu’elle m’appela le matin. Son état de nervosité avait disparu lui aussi. En y prêtant un regard plus attentif, on pourrait dire que sa mine semblait plus épanouie et plus belle que depuis bien des semaines auparavant.

À présent, elle me regarda fixement, troublée à mon tour, je lui demandai :

— T’es arrivée quand ?

— Il y a une demi-heure environ. Je suis venu directement de l’aéroport, crut-elle bon de se justifier.

— Tu as regardé tes messages ? demandais-je en lui tendant une tasse de café encore chaud.

— Merci ! dit Rachel en prenant la tasse entre ses mains, comme si elle avait besoin de se chauffer. Oui, pourquoi ?

— Tu n’aurais pas trouvé un message venant de la société Tosan, par hasard ?

— Si. D’ailleurs cela m’a fait rire, moi qui m’inquiétais pour l’annulation si tardive du rendez-vous, ce sont eux qui ont annulé. Je n’aurais jamais pensé que cela arriverait, selon le peu de choses que j’ai pu recueillir sur le directeur, on m’a bien laissé comprendre qu’il était redoutable en affaires et qu’il avait en horreur les gens qui ne tiennent pas leurs engagements.

— C’est exactement ce que j’ai cru comprendre en lisant tes notes. Figure-toi que…

Stéphanie entra après avoir frappé deux fois.

— Excusez-moi, mais je savais que vous étiez là, alors j’ai pensé qu’il valait mieux les apporter ici, dit Stéphanie en déposant un grand bouquet dans les bras de Rachel.

— Merci ! dit Rachel avant que Stéphanie ne sorte aussi discrètement qu’elle n’était entrée.

— Eh bien, on dirait que ton week-end porte ses fruits, dis-je sans pouvoir m’empêcher de la taquiner, comme chaque fois que j’en avais l’occasion.

Entre-temps Rachel, qui avait ouvert la petite enveloppe qui accompagnait le bouquet, regardait son contenu, mais son visage resta sérieux, l’espace de quelques instants, je me demandai si elle arrivait à comprendre son contenu.

Ne tenant plus de ce silence qui s’était installé, j’ose le rompre en premier.

— Alors ?

— Une chose est certaine, je peux t’assurer qu’il n’a rien à voir avec mon week-end, d’ailleurs je n’y comprends rien.

— Comment ça, fais voir, demandais-je en lui prenant la petite carte des mains.

Retournant la petite carte à l’endroit, je procédai à sa lecture à voix haute.

« Un simple geste pour vous demander à nouveau des excuses pour ce matin. Je vous appellerais bientôt pour un nouveau rendez-vous. D. Tosany. »

— Tu comprends quelque chose, toi ? demande Rachel en voyant me voyant afficher un sourire discret.

— Je crois que tu devrais écouter ce que j’allais te dire avant l’entrée de Stéphanie.

J’entrepris alors de lui révéler ma mésaventure de la matinée, tout en prenant le soin de lui cacher les émotions qui m’avaient envahi.

Une fois le récit terminé, Rachel ne put s’empêcher de rire.

— Moi qui croyais que tu allais m’en vouloir ! mais après lecture de ton petit résumé je n’ai pu m’empêcher de réagir pour garder ce contact.

— Mais non. T’as bien fait. Je n’ai pas voulu t’alarmer ce matin, mais je craignais la même chose. Dire qu’il m’a fallu près de trois mois pour avoir un premier contact, cela m’embêterait sérieusement que tous mes efforts fussent réduits à néant à cause d’un contretemps.

— Contretemps ?

— Bien sûr. J’avais pris toutes mes dispositions pour pouvoir être à l’heure ce matin, mais il a fallu que le sale temps de Londres vienne contrecarrer mes projets. Bon maintenant que tout n’est pas encore perdu, j’espère que tu t’en sortiras mieux que moi.

— Moi ! fis-je surprise. Je m’attendais à tout, sauf à ça.

— Bien sûr. Il a bien précisé qu’il t’appellerait bientôt, non ? demande Rachel en posant son regard sur le bouquet.

— C’est ce que dit la carte, mais c’est à toi qu’il se dirigeait.

— Désolée de te contredire, mais si j’examine bien les mots qu’y sont inscrit, cela est dirigé vers la personne qui l’a croisé ce matin.

L’allusion que Rachel venait de faire me laissait perplexe. Et un doute s’installa aussitôt dans mon esprit.

C’est vrai, il avait l’air pressé, mais s’il se trouvait en ville, au sein de sa société, pour quelle raison il partait à toute vitesse, alors que l’heure de notre rendez-vous approchait.

Soudain, je me revis à ses côtés au moment où j’ai croisé son regard. Le souvenir de ses yeux, pleins de douleur, me provoqua un nouveau frisson.

Une fois de plus, le regard interrogateur de Rachel était posé sur moi.

— Mais… articulais-je.

— Il n’y a pas de mais. Ceci t’appartient, dit Rachel en déposant le bouquet au milieu de mon bureau. Réfléchis un instant. On sait que ce personnage est spécial au niveau de ses jugements. On sait qu’il t’a déjà croisé. Comment réagira-t-il en s’apercevant qu’il n’a pas affaire à la même personne ?

— Je suis d’accord, mais comment lui expliquer ce qui s’est passé ?

— Tu trouveras bien une solution, quant à moi j’ai un rendez-vous.

— C’est sympa de me lâcher, tu peux demander à Stéphanie de mettre les roses dans un vase ?

— Bien sûr, mais je ne sais pas si elle a un vase qui peut accueillir une vingtaine de roses, dit Rachel dans un ton de plaisanterie.

La porte venait de se refermer derrière Rachel, qu’on frappait à nouveau, avant que celle-ci ne s’ouvre à nouveau.

— Mademoiselle Stoons, votre rendez-vous est arrivé.

— Merci Stéphanie. Pouvez-vous me laisser deux minutes, avant de les faire entrer ?

— Bien sûr.

J’étais encore perplexe de la conversation que je venais d’avoir avec Rachel, et pour une fois je m’en voulais d’avoir agi sur le coup de l’intuition. Une chose était certaine, il fallait que je trouve une solution le plus rapidement possible pour ce nouveau problème que je venais de créer.

À ma sortie de rendez-vous, tout le monde ou presque se trouvait déjà dans la salle de réunion, il ne manquait plus que Rachel et moi.

 

Dans son bureau Rachel préparait les dossiers qu’elle allait présenter lorsqu’elle fut prise d’un malaise.

Stéphanie, qui répondait à une communication téléphonique, a juste eu le temps de tourner la tête, lorsque la porte du bureau de Rachel claqua, pour la voir courir en direction des toilettes.

À sa sortie, elle traversa le hall d’un pas un peu plus lent que la normale, ce qui permit à Stéphanie de voir les yeux de Rachel remplis de larmes. Elle allait lui demander si quelque chose n’allait pas, mais la sonnerie insistante du téléphone ne lui laissa pas le temps.

À l’heure prévue, tout le monde s’installait au tour de la table de la salle de réunion.

Après avoir discuté des problèmes principaux, sans pour autant faire allusion à tout ce qui concernait la société Tosan et son dirigeant, chacun regagna leurs bureaux respectifs, avant de rentrer chez eux.

J’avais fini de préparer les dossiers pour le lendemain, j’étais prête à rentrer chez moi, lorsque des pas pressés dans le hall attirèrent mon attention.

J’ai juste eu le temps d’ouvrir la porte, afin de savoir ce qui se passait quand j’ai surpris Rachel entrer précipitamment dans les toilettes. Après quelques secondes d’hésitation, je décidai d’aller voir si tout allait bien.

— Est-ce que tout va bien ? demandais-je en voyant la blancheur qui s’était emparée du visage de Rachel.

— Oui, ça va, me dit-elle entre deux jets d’eau sur le visage.

— On dirait que ton week-end ne t’a pas réussi. Tout à l’heure j’ai osé croire que ça allait mieux, mais maintenant je trouve que tu es encore plus pâle qu’avant ton départ.

— Ne t’en fais pas, je vais bien.

— Tu devrais te reposer un peu. Tu veux que je te raccompagne ? demandais-je à Rachel, qui commençait à vraiment m’inquiéter.

— Non. C’est gentil à toi, mais je vais bien.

— Comme tu voudras, en tout cas si tu as besoin de moi, tu sais où me trouver.

— Merci. Tu pars de suite ? me demanda Rachel en ouvrant la porte des toilettes.

— Oui, mais je dois faire quelques courses avant. Mais si tu veux, je peux annuler.

— Non, ne fais rien. Si j’ai besoin je t’appellerais.

— Très bien, je te laisse.

 

Les sacs de provisions sur les banquettes arrière de la voiture, je roulais tranquillement en direction de la maison.

Lors de mon arrêt au deuxième feu après avoir quitté le parking du magasin, une voiture qui suivait derrière moi se mit à klaxonner et fit deux fois des appels de phare. Sachant que je ne gênais pas et que rien de l’empêchait de doubler, je restai à ma place en attendant le passage du feu au vert, ce qui ne tarda pas.

À l’arrêt lors du prochain feu, un nouveau klaxon se fit entendre. Après avoir regardé dans le rétro, j’aperçus une voiture différente. Je me dis alors que les gens étaient particulièrement irrités, puisque chaque fois que j’en prenais cette artère elle était toujours aussi surchargée. Lorsque le deuxième klaxon se fit entendre, je ne pus m’empêcher de regarder autour de moi, mais déjà en troisième klaxon se faisait entendre, me forçant à tourner ma tête vers la gauche.

Une vitre fut baissée, et la lumière intérieure de la voiture me laissa voir des traits familiers. En quelques signes nous nous donnâmes rendez-vous dans la ruelle sur la droite. Par chance on avait réussi à trouver une place pour chaque voiture.

— Chris ! J’ignorais que tu te trouvais en ville ?

— J’avais juste envie de te revoir, mais tu me sembles assez occupée, alors c’est moi qui fais le déplacement. Alors, comment vas-tu ?

— Bien et toi ?

— Très bien. Je viens de finir mon dernier rendez-vous. Est-ce que tu aurais le temps de prendre un verre ? me propose-t-il.

— Ça me ferait extrêmement plaisir, mais d’abord je dois passer déposer les courses à la maison et me changer.