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Une femme de quarante ans relie ses périples à un seul : son voyage intérieur. Son travail, sa vie de maman et sa place de femme dans la société en pleine pandémie témoignent de son édifice pyramidal en rattachant Normandie, Égypte et Algérie dans un triangle sacré. Une parfaite géométrie à lire que Méli Aïda ouvre comme un mythe des temps modernes en déposant une histoire singulière empreinte de passions, de secrets et de révélations.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Pour
Méli Aïda, la littérature c’est la liberté de voyager entre rêve et réalité, fiction et vérité, sans franchir de frontières. Son envie est de faire des ponts entre l’Orient et l’Occident, la beauté et la science, la spiritualité et la rationalité. Itinérance témoigne d’un parcours initiatique sur soi, une transmission, une connexion, un appel pour les autres hors de leur zone.
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Méli Aïda
Itinérance
© Le Lys Bleu Éditions – Méli Aïda
ISBN : 979-10-377-8257-1
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Réussite paradoxale d’une enfant étiquetée dès le primaire comme un produit sorti d’usine, j’étais vouée à être stockée, mais pas commercialisée en tête de gondole. Entre préjugés, moqueries, incompréhensions, différences d’origines sociales, j’avais un goût amer, un coup de fourchette trop lourd et l’addition fut salée. Et pourtant j’ai progressé. Complexée par un physique pyramidal aux fondations argileuses, j’ai commencé ma vie en dissimulant mes atouts mille pieds sous terre. De ma naissance à ma puberté, j’ai pourtant ouvert des portes, brusqué ma volonté, arpenté mes peurs et je suis devenue pendant vingt ans archéologue de mon édifice. En comprenant comment le courage peut suggérer l’envol, j’ai vu la 1re merveille de mon monde.
Page 8 du carnet de Léa
Sa Normandie
Née en 1979, Léa a vu le jour dans une petite ville, la Ferté-Macé dans le département de l’Orne. Arrivée tardivement dans une famille déjà composée d’un frère aîné de douze ans de plus et d’une sœur de onze années, elle passa les douze premiers mois de sa vie au cœur d’une belle maison bordée par un jardin en fleurs à toutes les saisons. Une arche de roses passait le relais à un plant de mimosas qui tendait leur tige à une touffe de chèvrefeuille. C’était verdoyant autour et peu florissant à l’intérieur. Les cinq sens en éveil, Léa observait et apprenait rapidement de ses aînés. Son grand frère, Nicolas, mince et musclé, yeux bleu azur, était joueur, attentif, impulsif et généreux. Il menait avec malice son entourage grâce à son visage d’ange. Sa sœur, Virginie, cheveux longs châtains, était douce, discrète et généreuse telle une carmélite à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession. Les deux aînés ensemble, avec seulement un an de différence, s’épaulaient, se chamaillaient et aidaient leur petite sœur à grandir. Léa était un bébé potelé aux petites jambes roses, au sourire aussi fondant et tentant qu’un caramel au beurre salé. Nicole, la maman, était une femme aux cheveux pur-sang, amazone d’une beauté singulière dont l’élégance simple ne passait pas inaperçue dans le village. Elle eut plusieurs métiers : aide-couturière, serveuse, assistante maternelle. Elle fit de ses mains son gagne-pain. Qui s’enrichit s’enlaidit. Elle restera belle toute sa vie. François, le papa, était un homme à la carrure épaisse, sourcils froncés, tête bien faite, épaules carrées et dos large. Il était le père fondateur de l’édifice familial qui s’écroulait progressivement depuis la naissance de Léa.
Dans ce cocon familial à la chrysalide bien fragile, un papillon tenta de grandir, niché dans un écrin normand qui lui servirait plus tard pour s’envoler vers la Méditerranée. Et d’un battement d’ailes, tout pouvait changer.
Cette Normandie, c’était l’authenticité dans un terroir de préjugés. La ruralité n’aidait pas à s’émanciper. Les mentalités étaient pires que les seuils de pauvreté. Le Produit Intérieur Brut tapait bas dans l’estime de soi. Le père de Léa n’en a pas été épargné, tout comme le frère aîné de son père, Jean-Pierre. En moyenne, les familles normandes étaient constituées de quatre à cinq enfants. En se rapprochant de la grande ville grâce au travail, Nicole et François avaient changé la trajectoire de la comète et s’arrêtèrent à trois enfants. De sa petite ville de naissance, à Alençon, vers l’âge de ses un an, Léa a passé son enfance dans une cité préfecture dont l’ossature consolida les parois de sa construction. La maison isolée et fleurie de sa naissance se transforma en immeuble bétonné et dur. À l’esprit de village relié à la nature animale et végétale se succéda celui de quartier populaire connecté à la nature humaine. Nicole finira sa carrière de gardienne d’immeuble dans ce quartier, après vingt-sept ans de service. Léa y habita jusqu’à ses dix-sept ans. Comme sur l’affiche d’un bon polar, l’intrigue signait l’arrivée d’une douce petite fille de campagne dans un nid de vipères goudronné. L’odeur du riz thaïlandais venait se substituer à celle des roses de jardin. À l’instar de la verdure se profilait le skate Park non arboré. Au lieu de l’apprentissage primaire, Léa prenait de plein fouet l’enseignement de la vie. L’aridité de cette terre rendit plus fertile la vie de Léa qu’un sol trop arrosé.
« Aucun enfant n’est autonome face à ses parents. Aucun être humain n’est autonome par rapport à ses aïeux, par rapport à la vie, à la mort. Cela n’existe pas. La liberté n’existe que si nous reconnaissons que nous appartenons à un système qui nous prend à son service», disait Bert Hellinger, père des constellations familiales.
Léa apprit tardivement que chaque naissance témoigne d’une histoire de famille inscrite dans sa propre évolution générationnelle. Quelquefois, le dernier-né d’une fratrie va faire venir questionner l’édifice familial en long, en large et surtout en travers. L’enfant marteau-piqueur prend le relais sur celui démineur. Les effondrements personnels, les drames familiaux, les briques bonnes ou mauvaises, multiples s’empilent au fur et à mesure de l’arbre généalogique et peuvent apporter une lecture dense, complexe du plan de filiation. De son côté, comme un archéologue empirique et autodidacte, après le décès de son père en 2002, Léa entreprit des fouilles sur ses origines qui durèrent dix-neuf ans. C’est seulement en 2021 qu’elle arrêta son chantier.
Elle se souvient du jour de sa première communion. Son père, bourré, lui avouait avec nonchalance que sa naissance n’avait été qu’une erreur, un imprévu, voulue seulement par sa mère, surprise, qui prenait la pilule. Collée à la vitre arrière de la BX blanche et polluante, la tête de Léa appuyait de toutes ses forces pour briser ce verre épais et emprisonnant. Elle voulait s’envoler en fumée comme celle qui s’extirpait du pot d’échappement qu’elle regardait fixement dans le rétroviseur du passager avant : le tueur d’illusions. Le père tout puissant qui détruit sa foi, son foie… De ce jour, elle eut des douleurs récurrentes au ventre. Colère, peur. Sa naissance était arrivée comme un cheveu sur la soupe. Elle allait déguster.
Ainsi, Léa est la riche héritière de l’espoir paternel insatisfait d’avoir un fils et de l’envie maternelle d’un troisième et dernier-né. Se construisit le rez-de-chaussée d’un palais aux multiples couloirs. Entre désirs non concordants de parents inconscients, il émergea du chou, un enfant vernaculaire ambigu qui cherchera longtemps la forme des feuilles qui l’entourent. C’était sans compter le patrimoine légué par la génération antérieure. Les grands-parents de Léa avaient l’habitude des grandes fratries et d’enfants non désirés. De chaque côté de l’édifice généalogique, on retrouvait, comme des fresques sur un mur, des femmes seules, abandonnées, des grossesses non désirées ou des mariages forcés. Le quotidien d’une vie d’ouvriers ou de militaires de l’époque. C’est donc sans surprises que se succédait un héritage de situations de femmes seules : sa mère, sa sœur aînée, toutes deux divorcées. Léa, dépacsée. Une poisse collante, gluante qui consolida comme un ciment les bases de la jeune femme. Loin de céder à la fatalité, elle entreprit de s’acharner, en commençant par déterrer les secrets, libérer les paroles pour devenir son propre architecte.
Sa mère
Nicole est une femme au mental solide, mais bloquée par la figure paternelle puis maritale. Elle a signé son inertie, ses interdits avec ses principes le jour où elle accepta de se marier avec François. Abandonnée par son père alors qu’elle avait quatre ans, Nicole passa son enfance hors des jupons de sa mère qui dut travailler pour deux. Avec son père, cocher pour un comte dans le château de Menneval en Normandie, l’histoire commençait comme un conte de fées. Mais Maurice eut le béguin pour une cuisinière portugaise qui fut licenciée et il partit avec. Ayant pourtant demandé mille fois pardon à son épouse Georgette, la grand-mère de Léa, il ne revit jamais sa fille. C’est dans un total silence que la vie défila par l’abandon du père. Georgette cacha à sa fille la volonté de son père de garder contact. Un mensonge se tissait comme une pelote de laine condamnant toutes les femmes de la lignée à être des tricoteuses de salon, assises dans un fauteuil, comme figées. Nicole, une fois majeure et sans référence paternelle, tomba enceinte d’un jeune homme issu d’une famille de notables de la ville d’à côté. La condition du mariage n’ayant pas été acceptée, elle accoucha seule dans un petit hôpital de la Sarthe sous le regard désespéré de sa mère. Privée de sa maternité et d’un homme pour l’épauler, Nicole confia son seul garçon à une nourrice pour aller gagner de l’argent comme couturière. Elle répéta l’abandon sans conscience et fractura sa vie un peu plus. Alors que son fils avait tout juste un an, Nicole, femme de plus en plus jolie, trouva un poste de serveuse dans un restaurant sarthois. Chaque jour à 7 h du matin, habillée d’un tablier blanc à fines fleurs rouges porté sur des robes sombres, Nicole préparait les tables, aidait en cuisine, attachait ses cheveux avant le début du service, prenait un verre d’eau et ajustait sa frange comme le rituel d’un horloger. Elle a toujours maquillé ses yeux, Nicole, comme une Andalouse. Ses yeux verts interpellaient, prononcés par un trait fin et du mascara en masse marquant son regard discret et fatigué, ce qui suscitait souvent les compliments et encouragements de la clientèle masculine. François, jeune banquier confiant et charismatique, discutait fort et blaguait beaucoup. Il allait toujours à la même table, souvent seul, parfois avec des clients. Les consommations, à ces occasions-là, portaient une addition salée. Il finissait toujours par payer et faire un compliment poli à Nicole. Habillé souvent dans un costume tantôt bleu nuit, tantôt gris clair, il savait se montrer gentleman. Un jour alors qu’il trinquait pour sa nomination de directeur d’agence dans la commune, il invita Nicole à se joindre à eux. Gênée, elle accepta avec l’accord de ses patrons. Tout alla rapidement. François, en présentant une femme ayant déjà eu un enfant, bousculait les principes de la famille. Ils se marièrent et eurent Virginie l’année qui suivit. C’est naturellement que François reconnut Nicolas comme son fils et permit à la famille de se reconstituer. Dans ce quatuor, un autre prodige allait forcer la cacophonie, dix ans plus tard. Le 28 janvier 1979, Léa vit le jour.
Son père
François est jumeau, issu d’une fratrie de six, coincé entre deux générations. Sa rébellion commença à l’adolescence quand l’injustice paternelle frappa son frère aîné, Jean-Pierre. Pourtant, l’histoire le montrera, les trois hommes, François, Jean-Pierre et Christian, leur père, ont fait exactement la même chose : ils ont épousé des femmes dont la modeste situation fait les grandes reines. Les trois hommes sont restés dans leur colère jusqu’à leurs morts et leurs femmes, Nicole, Juliette et Henriette, se sont toutes relevées avec courage et dignité malgré les épreuves de la vie.
À quarante ans, François, baigné dans une tension familiale et une pression professionnelle, plaqua tout. Se sentant dans une impasse totale, il choisit la fuite plutôt que le suicide, laissant ses 3 enfants et sa femme au foyer. Léa était bébé. Pendant des mois, il fut porté disparu, voyageant en Europe. Il laissa une dette à la banque, épongé par son père. Nicole voulut divorcer, mais Christian l’en dissuada. Finalement, François rentra un soir d’automne comme la dernière feuille d’un arbre qui se sentait nu. C’est dans ce contexte que la famille de Léa déménagea, un an après sa naissance. Il reprit alors un quotidien de vie, cette fois comme gardien d’immeuble. Les costumes restaient au placard et les baskets à l’entrée du logement de fonction. Les gants en cuir s’inclinaient devant ceux en caoutchouc. Les années passèrent à bord de ce quartier avec de moins en moins d’air comme une corde de marins qui se resserre petit à petit sur un cou. À quarante-neuf ans, le navire familial s’engouffrait de plus en plus dans les eaux profondes, François buvait de plus en plus, se dégradant lui et ses proches dans sa tempête intérieure et il accumulait les dettes en fond de cale. Puis tout prit l’eau. Il perdit son travail. Se succédèrent petits boulots, chômage, reprise partielle, rechute. La noyade était annoncée. Nicolas et Virginie partirent dès leur majorité, laissant la petite Léa dans ce Titanic familial. Heureusement entre temps, la société de HLM proposa un poste de gardienne à Nicole comme une bouée de sauvetage. François perdit sa confiance et sa virilité. Le commandant de bord devint jeune mousse. Ils divorcèrent après vingt-sept ans de vie commune l’année du Bac de Léa. Son père, la cinquantaine, se retrouva seul, noyé, imbibé, au moment même où Léa prit son premier studio en tant qu’étudiante. Pour elle, la liberté et pour lui, la perpétuité. Elle suivit sa descente aux enfers comme on accompagne un malade à son chevet. François repartit à zéro et essaya la reconnexion à la nature comme gardien d’une grande propriété de daims dans l’Orne, mais il échoua. Il se rapprocha de la ville, à Rennes, comme agent de nettoyage. Puis il termina sa carrière de chômeur breton longue durée offrant un toit à ses potes SDF. L’alcool l’ayant pris en otage, il se condamna à voir son corps le lâcher progressivement. Dans cette période trouble, Léa allait régulièrement s’occuper de lui. Dans ses rechutes interminables où l’appartement devait un lieu insalubre, François laissait sa plus jeune fille faire des courses, nettoyer ses draps tachés de sang par sa toux de fumeur. Souvent, elle finissait par prendre un café avec lui, malgré l’odeur parfois insoutenable du tabac froid mélangé à l’alcool séché dans des fonds de verre. De ces échanges, elle garde le souvenir d’un face-à-face où aucune vérité ne sortait, mais leur lien se conservait. Il était assis à regarder souvent par la fenêtre, l’air ailleurs, rongé par ses remords. Léa écoutait comment il s’insurgeait d’une société qui ne place pas l’humain au centre. Elle voyait les fines veines rouges violettes parcourir ses joues, son nez et chercher une porte de sortie.
À ses cinquante-cinq ans, alors que Léa en avait vingt-quatre, il fuma sa dernière cigarette.
Il écrase sa cigarette
Puis repousse le cendrier,
Se dirige vers les toilettes,
La démarche mal assurée.
Il revient régler ses bières,
Le sandwich et son café.
Il ne rentre pas ce soir.
(…) Il ne rentre pas ce soir.
Il s’en va de bar en bar.
Il n’y a plus d’espoir, plus d’espoir.
Il ne rentre pas ce soir.
Coup de projecteur
Il s’est éteint à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Marquée par son charisme et sa bienveillance, Léa voyait son grand-père comme une idole en noir et blanc sur une affiche de cinéma. Christian, gardien et projectionniste au cinéma Jeanne d’Arc de Mortagne-au-Perche, dans le pays d’Auge, était un homme brillant. Il a colorié les premiers films en huit millimètres, créé des décors en allant se former à Paris et fit tourner une troupe de 80 bénévoles dans les années les plus glorieuses du grand écran normand. Bien avant tout ça, il a été formé comme boucher puis partit rapidement au combat. Il eut son premier fils comme on perd une balle en tirant pour la première fois au fusil. Conçu hors mariage, ce premier né de la famille allait déclencher la guerre familiale.
Jean porte la Pierre
Aîné de la famille, Jean-Pierre est l’oncle paternel de Léa. C’est vers l’âge de 8 ans qu’elle comprit qu’il y avait eu quelque chose de pesant dans la famille autour de son oncle. On camouflait d’un côté et on étouffait de l’autre. Une gangrène de non-dits et de préjugés. C’est au décès de Christian que Léa a vu à quel point son père haïssait son propre père.
Les deux cousines, Sophie la fille de Jean-Pierre et Léa, ont fait pendant des années de nombreuses parenthèses dans leurs vies pour faire le trait d’union dans leur famille décomposée. Elles l’ont tiré ce trait, allongé, raccourci dans l’idée de ne former qu’un seul mot : la paix. Dans leur ponctuation, elles ont travaillé le verbe, acquis le sens et retransmis avec des maux la vérité. Aujourd’hui les deux femmes sont apaisées d’avoir relié et tiré un trait sur tout ça.
Jean-Pierre a été un bon petit soldat français, parti pour la guerre d’Algérie comme un fidèle à sa patrie. Il y rencontra les deux grands amours de sa vie : l’un inconditionnel et doux, pour Juliette, pétillante femme aux cheveux ébènes et aux yeux brillants et l’autre comme un coup de foudre, pour Oran1, la radieuse. Au final, il fit ses premiers pas d’homme en Algérie conjuguant un mariage d’amour pour un pays qui donnera naissance à ses deux enfants. Ses racines en France et son cœur en Algérie ont été liés comme un bilboquet avec lequel il a joué jusqu’à la fin de sa vie. À l’indépendance, ils retournèrent, forcés, en Normandie. Une deuxième embuscade eut lieu, dans sa propre famille cette fois. Christian refusa de l’accueillir chez lui avec sa famille. De là naquit une fissure familiale, celle d’un homme blessé dans son cœur désormais apatride. Il fallut tout reconstruire. Jean-Pierre trouva du travail dans son village natal, à quelques kilomètres de la maison de ses parents l’ayant rejeté, et il réussit à acheter une maison. Il tomba gravement malade et, à l’aube de la cinquantaine, décéda de son cancer. Juliette, sa femme, qui n’a jamais appris à lire, dut se débrouiller pour élever et éduquer ses enfants, aidée par les aînés. Aujourd’hui, elle habite toujours ce pavillon au cœur du Perche. Il y fleurit toujours les sourires et les souvenirs du nid construit avec Jean-Pierre. Léa prend plaisir à venir lui rendre visite chaque année. Juliette, comme une fleur qu’on découvre, est une femme exceptionnelle.Un livre2 a été inspiré par sa lumière. Il montre comment l’espoir peut échapper au désespoir et ouvrir une porte.
« Je trouve ce livre touchant. Il fait écho à ma vie, ma mère, qui n’était pas encore ma mère, m’a promis de m’offrir tout ce qu’elle n’avait pas : l’école, la lecture, l’écriture ; la chance de pouvoir choisir ma vie. Mais, pour ça, elle devait d’abord partir de l’autre côté de la Méditerranée. Elle dit que c’était écrit et qu’on a toujours une autre chance.» Yasmine
« J’ai aimé le livre, car il parle de l’amour mère-fille. La mère doit se battre pour que sa fille sache lire et écrire, pour qu’elle ne soit pas analphabète comme elle. J’ai trouvé ce court roman très réaliste et j’ai été très touchée par le courage de la mère que je trouve admirable.C’est un court roman pour une grande leçon. » Apolline