Je suis toujours en vie - Jenny Colin - E-Book

Je suis toujours en vie E-Book

Jenny Colin

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Beschreibung

Une quête au bonheur sous forme de témoignage suite à un burn-out au travail.

« Et voilà ! J’ai signé mon sixième arrêt ! Pas de mort, je vous rassure ! Sinon je ne serais pas en train d’écrire ceci. Mon sixième arrêt de travail consécutif… Que m’est-il arrivé ? Que s’est-il passé ? Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait ? Qui suis-je ? Que suis-je ? Où vais-je ? D’où je viens ? Voilà tout ce qui trotte dans ma tête depuis maintenant six mois. Six longs mois à ne pas comprendre. Quoi ? Pourquoi ? Est-ce moi ? Est-ce quelqu’un d’autre ? Est-ce mon métier ? Est-ce ma vie ? Est-ce mon destin ? Alors j’ai cherché des réponses à mes questions, et je cherche encore… »

Jenny, petit bout de femme d’un mètre soixante, au sourire ravageur et communicatif semble tout réussir dans la vie et se sens épanouie. Mais un jour, alors âgée de trente-deux ans, elle se retrouve clouée au lit dans l’incapacité physique d’en sortir. Elle comprendra quelques mois plus tard que c’était un Burn-out qui a entraîné une dépression sévère. Se posant tout un tas de questions sur la maladie, sur elle-même et sur le sens de sa vie, elle nous partage dans ce récit authentique, ses recherches de réponses, sa psychothérapie et sa quête du mieux-être et du bonheur, au rythme des hauts et des bas de la maladie.

Plongez-vous dans le récit bouleversant de Jenny Colin !

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JennyColin

Je suis toujours envie !

4 novembre2017

Voilà, c’est la fin des vacances de la Toussaint. J’ai été malade pendant dix jours, je suis encore bien fatiguée mais il va falloir continuer à tenir debout jusqu’aux vacances de Noël.

Je me suis fait une promesse hier : ne plus passer des heures, des soirées et des week-ends entiers à travailler (préparer mes cours, faire mes corrections, remplir tous les papiers administratifs, etc.). Résultat des courses : 5h passées aujourd’hui à préparer deux cours pour lundi ! Je n’en peux plus… est-ce que c’est moi qui ai un problème ou est-ce que tous les profs ont le même problème ?

Depuis un an, j’ai rejoint deux groupes sur Facebook, des groupes de partage et d’échange entre profs d’anglais. On y trouve beaucoup de ressources toutes plus originales et intéressantes les unes que les autres mais surtout on peut faire part de ses doutes et de ses craintes et y trouver du soutien, de l’aide… ou pas ! Oui, il arrive que ça chauffe un peu parfois. Nous n’avons pas tous les mêmes méthodes ni les mêmes convictions et la vérité c’est qu’on est quand même très souvent à cran à cause de la fatigue et de la pression. Cela dit, cela crée des débats plutôt animés et tant que ça reste dans le respect de chacun, c’est plutôt intéressant voire constructif.

Tout ça pour dire qu’il y a quelque temps, j’ai fait part de mon ras-le-bol sur l’un des deux groupes :

« Hi all! Y en a-t-il parmi vous qui arrivent à profiter pleinement de leurs week-ends sans rien faire pour le boulot ? Neuf ans que j’enseigne, neuf ans que je passe une grande partie de mes week-ends à bosser… Il faut dire que j’ai un gros défaut : je suis perfectionniste. Mais quand même, est-ce que ça s’arrête un jour ? »

Ce post a généré cinquante-huit commentaires, pas très encourageants, bien que réconfortants dans le sens où ils m’ont prouvé que je n’étais pas la seule à ressentir ce désespoir. Des profs ayant plus de vingt ans d’expérience commentaient que rien n’avait changé depuis le début de leur carrière, ils travaillent toujours autant. Certains ont commenté qu’ils préféraient rester travailler dans leur établissement tous les soirs après les cours pour pouvoir profiter de leurs week-ends. Malheureusement, ce n’est pas possible pour tout le monde et certainement pas pour moi : maman célibataire et soucis de santé qui m’épuisent énormément.

Pourtant, je culpabilise un peu de me plaindre de passer mon temps à travailler 7j/7 car j’ai commencé ma carrière d’enseignante en Angleterre en 2008 où les enseignants ont 22h de cours par semaine et obligation d’être présents dans l’établissement tous les jours de 8h45 à 15h30 même quand ils n’ont pas cours. Ils doivent assister et participer à une moyenne de trois réunions par semaine, soit le matin avant les cours, soit l’après-midi après les cours. Et bien sûr, qui dit réunion, dit préparation pour y aller et encore plus de travail à faire à la suite de chacune d’elles. Un véritable cercle vicieux. En outre, aux cours, aux obligations de présence et aux réunions viennent s’ajouter les « duties » où à tour de rôle, selon un planning bien déterminé, les enseignants sont « de garde » pour surveiller les élèves dans la cour pendant la récréation, la pause méridienne, la sortie d’école et les heures de colle. Et comme si cela ne suffisait pas, lorsqu’un prof est absent et que vous, vous avez une heure de libre dans votre emploi du temps, on peut vous demander de remplacer ce prof et vous n’avez pas le choix de refuser. Autant dire qu’il est impossible de prévoir « aujourd’hui pendant mon heure de libre, je ferai mes corrections ». Non. Il y a toujours des imprévus. Et ce n’est pas tout ! En Angleterre, si vous avez le malheur d’être absent pour quelque raison que ce soit, vous devez tout de même envoyer vos cours par mail (ou les donner à la personne qui s’en occupe dans l’établissement si l’absence est prévue) afin qu’un autre prof puisse dispenser vos cours à votre place. Je ne vous explique pas le calvaire pour moi, prof de français (langue étrangère), de préparer des cours qu’un prof qui ne parle pas un mot de français puisse dispenser… Trouvez l’erreur… Et c’est sans dire que quand un prof ne peut pas se rendre au travail c’est en général qu’il est cloué au lit, donc préparer 7 heures de cours entre 7h et 8h quand on est cloué au lit, pour qu’ils puissent être envoyés par mail avant 8h30, croyez-moi, bien des fois j’ai préféré aller en cours et faire de la garderie tant qu’on me laissait agoniser sur ma chaise… Triste vérité.

Ayant été formée en Angleterre, je ne peux m’empêcher de comparer les systèmes scolaires français et britanniques. Je suis régulièrement ce qui se passe en Angleterre et surtout au travers du site TES (Times Educational Supplement) qui publie un journal hebdomadaire avec toute l’actualité en termes d’éducation. Récemment, cet article est paru :

‘When teachers spend more time on planning than the teaching, we know we have a problem’.

Colin Harris

1 st November 2017 at 16:55

Pour ceux qui ne comprendraient pas l’anglais : “quand les enseignants passent plus de temps à préparer leurs cours qu’à les dispenser, c’est qu’il y a un problème”

Cet article, comme beaucoup d’autres, m’a interpellé. Je l’ai partagé sur les deux groupes Facebook que j’ai cités précédemment et là encore : plus de 100 « j’aime ».

Selon l’article, voici ce qui pose problème en ce qui concerne la quantité de travail :

•Teachers are teaching far too much. Each hour in front of the class brings another hour preparing and responding toit.

•In teaching, we seem to invent meetings for the sake of it. And of course, each meeting must be essential, well-planned in both content and the staff who should be there.

•Why are we creating so much data, and with it, the spreadsheets that haunt our dreams? What happened to a professional opinion?

•We plan more for it to be analysed by management, rather than the needs of the pupils themselves. This means that we lose teacher spontaneity, creativity and ad hoc decision-making. When teachers spend more time on planning than the teaching, we know we have a problem.

•We mark too much, for the satisfaction of senior leaders and parents. Research shows the most effective form of marking is the engagement and debate with the pupil in real-time.

•In regards to the curriculum, we’ve spent far too much time reinventing the wheel. Why is it considered bad practice to do what we did last year if it works?

•Far too much of a teacher’s continued personal development is irrelevant to them. Do Year 6 teachers need to know how a Reception class works?

•Let’s not forget form-filling. We write down too much at the detriment of face-to-facetime.

Je ne vais pas tout traduire car certaines choses ne s’appliquent pas ou peu au système français, pour les raisons que j’ai citées précédemment. Je vais tout simplement mettre le doigt sur ce qui m’interpelle et me concerne actuellement en tant qu’enseignante en France :

« Les enseignants ont bien trop d’heures de cours. Chaque heure devant la classe entraine une autre heure pour la préparer et y répondre. » L’article est gentil, moi j’ai passé 5h à préparer deux cours aujourd’hui, ce qui fait déjà 2h30 par cours et ça ne comprend pas le temps de « réponse » à chacun d’eux. Et sans vouloir en rajouter, dans mon établissement chaque cours dure 55 minutes, donc même pas une heure complète, alors faites le calcul : 2h30 de préparation pour 55 minutes. Cela doit faire du moins deux à l’heure en termes de vitesse ! (Oui, les maths et moi ça fait deux donc je préfère inventer mes propres calculs, ils parlent à tout le monde en général !) Pas étonnant que je sois débordée avant même d’avoir commencé ! Oh dear! Oh dear! Ohdear!

Le problème de la quantité de réunions auquel font face les enseignants britanniques ne s’applique pas au système français. D’ailleurs, j’ai toujours du mal à comprendre comment il est possible qu’il manque toujours des profs aux différentes réunions en France, parfois même la moitié de ceux qui y étaient attendus… Et comme diraient les élèves « ça passe crème » ! Croyez-moi chez les anglais, ça ne passerait pas crème du tout, ça ne passerait pas tout court ! Même pas en crème anglaise !

Le problème de l’administratif est différent en France et en Angleterre. Encore une fois, il y a bien plus de papiers, formulaires et bulletins à remplir en Angleterre qu’en France. Cela dit, en Angleterre tout est informatisé, ce qui est loin d’être le cas en France, donc au final, en termes de temps passé à tout compléter, cela revient pratiquement au même. En France, on avait les notes et les bulletins trimestriels. Ça fonctionnait. Mais même si les choses fonctionnent, qui dit nouveau ministre, dit nouvelle réforme. Alors on a réformé. Enfin…, nous, les profs, on l’a subie la réforme ! Maintenant, on a les notes, les bulletins et le LSU ! Et oui, veuillez accueillir le Livret Scolaire Unique ! Maintenant, il faut évaluer par compétences et rentrer tout ça sur un site. « Évaluer par compétences ?????!!!! » Ah ! Vous aussi ça vous fait cet effet « WTF » ? Je vous rassure, ce n’est peut-être pas du chinois pour moi, mais ça reste du japonais !

Le seul truc que j’ai retenu (et je vais me faire taper sur les doigts mais tant pis je balance tout !) c’est qu’en fin de cycle 4 (5èmes, 4èmes, 3èmes) il faut que toutes les compétences soient validées. Et croyez-le ou non, j’ai effectué mon année de stage l’année dernière (2016-2017) après avoir obtenu le CAFEP, et on nous a clairement dit que de toute façon, que nous validions ou non les compétences de nos élèves, elles seraient toutes validées à notre place pour tous les élèves en fin de troisième, parce que sinon cela voudrait dire que l’école n’a pas fait son travail. Qu’est-ce que ça peut me mettre hors de moi ce genre de chose. On nous demande de passer des heures à remplir le détail de compétences avec commentaire personnel pour chaque élève, pour au final nous dire que quoique l’on remplisse, tout sera validé en fin de cycle. Je passe en mode ‘élève’ : « Vous êtes sérieux les gars ?! »

Quatrième point cité dans l’article : « Les cours sont bien plus préparés dans le but de répondre aux critères des inspecteurs et du système que pour satisfaire les besoins réels de chacun des élèves. Ceci implique la perte de spontanéité et de créativité de l’enseignant ». Encore une triste vérité et celle-ci est bien plus réelle en France qu’en Angleterre. En effet, je rajouterais qu’en France il n’y a aucune liberté pédagogique et j’en ai énormément souffert l’année passée lors de mon année de titularisation et j’y reviendrai plus tard.

Cinquième point : « Nous notons beaucoup trop pour satisfaire les attentes de la direction et des parents. La recherche prouve que la manière la plus efficace d’évaluer est l’investissement et l’argumentation constructive avec l’élève en temps réel. » Alors là, le problème est bien pire en France qu’en Angleterre puisqu’en Angleterre il n’y a pas de notes mais uniquement des « niveaux » correspondants à des compétences très claires et très précises. Compétences ? J’ai dit : « compétences » ??? Oui, oui, mais j’ai ajouté « très claires et très précises ». Il nous manque juste ce petit détail en France ! J’y reviendrai, mais qu’est-ce que ça peut m’agacer aussi cette attitude de « on veut faire comme les anglais » ! Alors soit on fait tout comme les anglais, soit on ne fait rien, mais si on prend la moitié des choses ça n’a absolument aucun sens.

Sixième point : « En ce qui concerne les programmes, nous avons passé bien trop de temps à réinventer la roue. Pourquoi considère-t-on que ce soit mal faire que de refaire ce qui a été fait l’année passée si ça fonctionne ? » Moi, j’ai tout simplement envie de dire : « Pourquoi faire des réformes dans le seul but de faire des réformes ? Pourquoi faut-il faire des changements qui n’ont aucun sens ? Pourquoi je me retrouve à enseigner des matières dont je n’ai jamais entendu le nom avant et dont je ne suis même pas sûre de bien comprendre le contenu ? » Oui, oui, en plus de l’anglais, j’enseigne l’Accompagnement Personnalisé, la Méthodologie et l’Approfondissement. Et quand j’ai insisté sur le fait que je ne comprenais pas ce qu’on attendait de moi en tant qu’enseignante de ces matières lors d’une réunion pédagogique, et qu’on a tenté de me l’expliquer, je me suis vite rendue compte que je faisais déjà toutes ces « matières » dans mes cours d’anglais, quand et si nécessaire, en fonction des capacités, du niveau et des besoins de chacune de mes classes et de chacun de mes élèves. Alors pourquoi compliquer les choses en imposant de « nouvelles » matières à des horaires et jours précis et à intervalles réguliers ? Pourquoi suis-je obligée de faire de la méthodologie une fois par semaine alors que certaines classes en ont besoin deux fois par semaine et d’autres une fois par trimestre ? La réponse : « Parce que le changement c’est bien ». Ah oui, et c’est bien pour qui ? Parce que ça ne fait de bien ni à mes élèves, ni à moi en tout cas ! Et je ne vous raconte même pas le bureau des pleurs sur les groupes Facebook en ce qui concerne l’AP (Accompagnement Personnalisé) ! En fait, on m’a expliqué : « Les profs voulaient la paix, mais on les a mal compris, alors ils ont reçu l’AP ! » Blague pourrie, digne de la réforme et j’assume mes dires.

14 juin 2018 (7 mois plus tard…)

Et voilà ! J’ai signé mon sixième arrêt ! Pas de mort, je vous rassure ! Sinon je ne serais pas en train d’écrire ceci. Mon sixième arrêt de travail consécutif… Que m’est-il arrivé ? Que s’est-il passé ? Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait ? Qui suis-je ? Que suis-je ? Où vais-je ? D’où je viens ?

Voilà tout ce qui trotte dans ma tête depuis maintenant six mois. Six longs mois à ne pas comprendre. Quoi ? Pourquoi ? Est-ce moi ? Est-ce quelqu’un d’autre ? Est-ce mon métier ? Est-ce ma vie ? Est-ce mon destin ?

Alors j’ai cherché des réponses à mes questions, et je cherche encore…

Aux mois de septembre et octobre 2017, après une rupture amoureuse difficile, je me suis mise à faire des rêves étranges. Des rêves dont je me souvenais dans les moindres détails à mon réveil. Alors, j’ai commencé à me demander si mon inconscient n’était pas en train d’essayer de m’ouvrir les yeux sur mon mal-être. Par chance, je suis tombée sur un groupe d’interprétations des rêves sur Facebook. Ce n’est certes peut-être pas l’endroit le plus qualifié en la matière mais j’ai eu la chance de tomber sur quelqu’un de très compétent en termes d’interprétations des rêves et je suspecte cette personne d’être psychologue ou du moins d’avoir eu une formation en psychologie. En effet, elle ne se contentait pas d’interpréter mes rêves mais elle les analysait de manière à me faire comprendre qu’il y avait un mal-être derrière tout ça et que le seul moyen d’en guérir, c’était de le reconnaître et de l’accepter. Cette personne a interprété une dizaine de rêves pour moi, et les mêmes choses ressortaient constamment. Pourtant, pour moi, tous ces rêves n’avaient absolument rien d’identique et je me demandais même d’où ils sortaient !

Puis, je suis tombée malade. Un rhume, je suppose. On soigne le rhume. Non, ce n’est pas ça. Grosse fatigue. « La fatigue ce n’est pas une maladie » me dit-on. OK, je l’entends bien, mais qu’est-ce que j’ai alors ? Je sens bien que quelque chose ne tourne pas rond ! On fait une prise de sang. Manque de fer. Vertiges, crises de spasmophilie, bouffées de chaleur… Arrêt de travail d’une semaine. Traitement pour remettre le taux de fer à la normale. Je reprends le travail. Ça ne va toujours pas. J’essaie, mais je n’arrive plus à avancer. Je suis épuisée. Je voudrais savoir ce qu’il m’arrive. Pourquoi mon corps me lâche ? Ce n’est pas le moment ! Ce ne sont pas encore les vacances de la Toussaint ! Il faut que je voie un médecin. Pas de rendez-vous avant la semaine prochaine ! Je ne peux pas attendre, je vais tomber. Au secours ! S’il vous plaît, aidez-moi ! Dites-moi ce qu’il m’arrive ! Je vais voir un médecin qui reçoit sans rendez-vous. C’est normal que ça n’aille pas mieux, il faut au moins trois semaines avant que le taux de fer commence à remonter. De nouveau en arrêt… Je tremble, je pleure, j’essaie de dormir, je n’y arrive pas, je suis à bout de force… Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Puis les vacances de la Toussaint arrivent. Mais pour moi, ça ne fait aucune différence, à part m’enlever la culpabilité de ne pas être au travail, de ne pas pouvoir assumer mes responsabilités, de ne pas être présente pour mes élèves. La routine est toujours la même : fatigue, tremblements, bouffées de chaleur, vertiges rythment mes journées. Je me couche de bonne heure : « Endors-toi vite, demain ça ira mieux ». Mais demain n’arrange rien. Mon corps me lâche… et quand le corps lâche, le moral s’en va vite avec.

Reprise après les vacances de la Toussaint. Ah non ! Pas de reprise pour moi. Retour chez le médecin. Encore un autre ! Je ne peux pas encore attendre dix jours pour voir mon médecin traitant ! Je vais voir un médecin qui reçoit sans rendez-vous. Encore un arrêt. Encore de la culpabilité. Alors je puise dans le peu d’énergie qu’il me reste, mais surtout dans mon mental de guerrière (qui me fera défaut comme je le constate aujourd’hui !) et je me mets en fonction « tout va bien, garde le sourire, regarde droit devant toi, l’adrénaline te fera tenir ». Ça fonctionne une semaine, dix jours. Puis c’est de nouveau la chute. Je vous épargne la suite, vous avez compris le schéma qui a continué jusqu’aux vacances de Noël.

Vacances ? J’ai dit « vacances » ? C’est quoi les vacances ? Moi, prof et maman célibataire, je n’ai jamais su ce qu’étaient des vacances. Les vacances ont toujours été pour travailler encore plus, toujours plus. « Ce n’est jamais assez » semble me répéter cette petite voix dans ma tête qui se prénomme « perfectionniste ».

Mais cette fois-ci, c’est différent. Mon corps et mon esprit sont en conflit. Mon esprit me dit « Allez, vas-y, tu peux le faire, tu l’as toujours fait, pourquoi t’arrêterais-tu maintenant ? C’est dans la tête que ça se passe, alors vas-y, fonce ! » Et mon corps me dit tout simplement « Stop, tu vas finir par me tuer ».

Je repense à mes rêves et aux interprétations qu’on m’en a faits. Je me dis que peut-être qu’il faudrait que j’aille voir quelqu’un. Un psychologue peut-être ? Mais c’est cher, je n’ai pas les moyens… On me parle alors du Centre Médico-Psychologique de la ville où les consultations ne sont pas payantes. Je prends rendez-vous.

Je rencontre, dans un premier temps, une infirmière qui m’explique qu’elle va essayer de comprendre quel est mon problème et qu’elle fera ensuite un compte-rendu à un comité de médecins qui décidera de ce qu’il faut faire pour m’aider à aller mieux. L’infirmière est très gentille et rassurante. Moi, je pleure, je pleure, je pleure… Je ne comprends vraiment pas ce qu’il m’arrive. Pourquoi ai-je été une battante infaillible pendant trente ans et maintenant j’ai l’impression de n’être plus rien… de ne plus avoir ma place, d’être en train de disparaître, sans que personne ne s’en rende compte…

Dès la première consultation, l’infirmière me dit : «Vous devriez voir avec votre médecin traitant, moi je ne fais pas de diagnostic mais je pense que vous faites une dépression ». Une quoi ? Une dépression ? Moi ? Ce mot que j’ai toujours détesté. Ce mot que j’ai toujours refusé que l’on associe à ma personne, à ce que je suis, à ce que je pense, à ce que je fais. Non, moi, je ne déprime pas ! Moi, j’ai le moral. C’est mon corps qui ne suit pas. Après plusieurs consultations avec mon médecin traitant et l’infirmière du CMP, je commence à accepter qu’une dépression n’est pas forcément un état psychique, mais aussi un état physique, ce qui serait le cas chez moi. On m’explique aussi que l’esprit et le corps sont liés : si l’un va mal, l’autre aussi. Et c’est un cercle vicieux. Mon corps va mal : je déprime ; et puisque je déprime : mon corps va mal. OK. Donc je ne suis pas sortie de l’auberge ! Et c’est reparti : Et pourquoi moi ? Et pourquoi ça ?Etc.

03 août 2018 (2 mois plustard)

Publié sur Facebook :

Ce monde n’a plusd’âmeCe monde n’a plus decœurCe monde me faitmalCe monde me faitpeurOù va-t-on ?À quoi bon ? C’est ça la vie ? Quelle déception !Que c’est triste !Que c’est douloureux !Sois fort !On te fera quand même tomber...Sois heureux !On viendra quand même tout gâcher...Bats-toi !Parce que t’as pas le choix Lâche l’affaire !La vie est unenferSèche tes larmes !Et ramasse tes armes !La vie est un combat,À base de coupsbasVraiment... C’est ça lavie ?C’est ça qu’tu veux pour ton fils ?C’est comme ça qu’tu veux qu’il grandisse ?Liberté, égalité, fraternité Mais où êtes-vous ? Y’a plus d’empathie, plus d’amour, plus d’humanité Mais qui êtes-vous ?Je me sens si étrangèreÀ ce monde, à cetenferMais que faire, de ce goût amer Qui m’envahit et génère En moi cette colère...Je n’aurai jamais d’réponseA toutes mes questionsJe l’ai bien compris Il n’y a pas d’solutionJe suis triste et désespéréeJ’ai le cœur quicriede douleurAu secours !J’ai besoin d’amour !Ça n’existe plus, me dit-on, Chacun sa route, chacun son cheminMais surtout, Chacun sa merde, chacun son destinJe refuse que ça s’passe commeça !Je refuse de laisser faireça !Je refuse de baisser les bras !Aujourd’hui, je disnon !Et vive la révolution !Mais je n’ai plus d’forceMême si je m’efforceDe continuerÀ espérerL’espoir fait vivre, parait-il.Mais s’il n’y a plus d’espoir, que se passera-t-il ?Je m’essouffle, je souffre, La vie est une souffranceLa faute à pas-d’chance ?Voilà, mon cœur aparléSur ce, Je vous souhaite une bonne soirée

Jenny

15 septembre2018

Je n’arrive pas à croire que cela fait déjà trois mois que je n’ai rien écrit… Il faut dire qu’il se passe tellement de choses dans ma vie que je ne sais plus trop où donner de la tête.

Je suis toujours en arrêt maladie, cela fait huit mois et demi maintenant. J’attends toujours la réponse pour ma deuxième demande de Congé Longue Maladie, la première ayant été refusée car cela ne faisait pas six mois consécutifs que j’étais en arrêt maladie (à quinze jours près !). J’ai donc renouvelé ma demande le 6 juillet dernier. J’ai reçu une convocation du rectorat pour une expertise médicale. J’ai pris rendez-vous en juillet, pas de consultation possible avant le 1er octobre ! J’attends…

En attendant, je ne touche que la moitié de mon salaire depuis deux mois car « tout le monde était en vacances cet été ». Pas facile à entendre comme réponse quand on sait que l’on va crouler sous les dettes en attendant que les personnes compétentes reprennent leur poste pour gérer mon dossier. Et oui, nous ne sommes plus que des numéros de dossier ou de client dans cette société inhumaine. Enfin bon… c’est un débat que j’entreprends souvent et que je ne gagne jamais. Toujours la même réponse : « C’est comme ça, tu ne changeras ni les gens, ni le monde ». Et pourtant, j’aimerais tellement pouvoir le faire… Je vis ceci comme un réel mal-être, je me sens complètement étrangère à ce monde, à cette société, et c’est une des causes de ma maladie. Quelle maladie ? Je n’ai toujours pas obtenu la réponse. Et pourtant, j’ai vu un bon nombre de médecins ces derniers mois : généraliste, psychologue, psychiatres.

Il y a deux mois, on m’a parlé de la Clinique de l’Anxiété, à Uzès, pas très loin de chez moi. J’ai fait quelques recherches sur internet et vu le peu (pour ne pas dire « l’inexistence ») d’amélioration de mon état de santé, j’ai décidé d’appeler pour demander un rendez-vous. Après tout, je n’ai rien à perdre. On m’a demandé le nom du médecin qui me suivait. J’ai donc donné le nom de ma psychiatre, Dr D. J’aurais préféré donner le nom de ma psychologue, j’ai l’impression qu’elle me connaît mieux que la psychiatre, qui me voit plus comme une patiente « malade » ayant besoin d’un traitement médicamenteux, que comme une patiente souffrant d’un mal-être nécessitant une thérapie psychologique (comme c’est le cas avec ma psychologue). Mais, les psychologues ne sont pas des médecins, je ne le savais pas.

La Clinique de l’Anxiété a donc envoyé un formulaire d’admission à ma psychiatre, le Dr D., et m’a mise sur liste d’attente. Entre temps, j’ai vu le Dr D. à deux reprises. Elle m’a dit qu’elle avait bien reçu le formulaire mais qu’elle ne savait pas où elle l’avait mis, qu’elle le chercherait… Pas facile à recevoir comme réponse, quand on est en pleine dépression, à la recherche d’un petit peu d’aide, de soutien et de compréhension. Encore une fois, j’ai bien compris que je n’étais qu’une patiente parmi tant d’autres, qu’un numéro de dossier, et non pas un être humain en souffrance… Bref !

Par chance, deux mois après mon appel à la Clinique, je reçois un appel me proposant un rendez-vous le 10 septembre. J’étais ravie ! Enfin une petite lueur d’espoir ! J’ai lu qu’ils pratiquaient beaucoup l’hypnothérapie dans cette Clinique. J’ai un peu peur mais en même temps, aucune autre solution ne m’a aidée à aller mieux jusqu’à présent alors pourquoi pas, si c’est fait par des professionnels compétents ?

Lundi 10 septembre, 15h. J’arrive à la Clinique de l’Anxiété. Je suis reçue par un homme dont je ne retiens pas le nom. Je remarque simplement qu’on le nomme « Monsieur » et non pas « Docteur ». Peu importe. Il me reçoit dans son bureau et me demande ce qui m’amène ici. Je reste muette quelques secondes, je ne sais pas trop par quoi commencer. Alors il m’aide, il me pose des questions, sur ma famille et mes relations avec les différents membres de ma famille. Puis on parle de mon arrêt maladie et des symptômes que je présente. Mon plus gros souci : les troubles du sommeil, pour moi la cause principale de tous mes soucis. Il m’a gardé une heure trente au lieu d’une heure. On a beaucoup parlé, j’ai eu un peu de mal à rester concentrer pendant si longtemps, il parlait beaucoup et assez vite, il faisait chaud, j’avais des gouttes de sueur sur le front et dans le dos… mais je n’ai pas fait de malaise.

Après avoir cerné les grands traits de ma personnalité et de mon mal-être, il m’a dit : « Vous êtes une guerrière, vous vous battez sans arrêt. Sauf que la vie ça n’est pas un combat, il faut arrêter de vous battre tout le temps ». Plutôt réaliste comme portrait… En même temps, je ne comprends toujours pas pourquoi mon fonctionnement (me battre sans arrêt) a toujours porté ses fruits et a même largement contribué aux diverses réussites de ma vie, et maintenant, depuis trois ans, ça ne fonctionne plus.

Je suis consciente que je n’ai plus de force, je n’ai plus cette énergie incroyable qui me permettait d’avancer voire même de courir même au milieu d’obstacles et d’embuches, j’étais comme invincible. Aujourd’hui, la moindre petite claque me fait tomber à terre. Du moins, c’est ce que je ressens, mais ce n’est pas forcément l’avis des médecins qui me suivent. Ils voient toujours en moi cette force. Moi j’ai l’impression que cette force est toujours là au fond de moi mais a du mal à se faire une place, elle est coincée entre mon épuisement physique et psychologique et mes idées noires assez récurrentes. C’est comme s’il y avait désormais deux personnes en moi alors qu’auparavant il n’y en avait qu’une : une qui me dit : « Continue à te battre, tu as toujours réussi, si tu le veux, tu peux et tu le sais, tu l’as prouvé maintes fois, rien ne peut t’arrêter », et une autre qui me dit : « A quoi ça sert de continuer à te battre, tu te bats depuis que tu es gamine, trente ans de combat et la guerre continue, à quoi bon ? C’est ça la vie ? Un perpétuel combat ? Tu vas continuer à souffrir comme ça avec des blessures de plus en plus graves pendant combien de temps ? La mort pourrait mettre un terme à toutes tes souffrances, et tu sais désormais pertinemment que ce combat qu’on appelle la vie ne cessera jamais et que tu seras de plus en plus faible, blessée, et que tu souffriras de plus en plus, et que tu arrives de moins en moins à supporter tes blessures… à quoi bon continuer ? » Et puis, il y a l’autre voix qui répond : « Tu as ton fils, tu te dois de te battre pour lui, tu ne peux pas l’abandonner, il a besoin de toi, tu dois être là pour le protéger de cette guerre incessante ». Au final, les deux voix se rejoignent : la vie est bien un combat, une guerre perpétuelle. La différence entre les deux voix, c’est qu’une pense que c’est un combat qui doit être mené, et l’autre pense que c’est un combat perdu d’avance. Mais d’après le « Monsieur » de la Clinique, la vie n’est pas un combat. Je me suis trompée ! Je n’ai rien compris à la vie !Ok…

Je n’ai cessé de lui dire que je pensais que la vie c’était de la merde, qu’on vivait dans une société pourrie, corrompue, injuste, où la grande majorité des gens souffrait et ne trouvait rien de mieux à faire que d’écraser les autres pour se sentir vivant et valorisé. Je ne supporte pas cette vie-là. Je suis humaine moi, j’ai un cœur, je suis hypersensible, je suis juste, je suis droite, j’ai toujours respecté cette valeur « ne fais jamais aux autres ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse » mais par contre, je peux vous dire que beaucoup de personnes ne se gênent pas pour faire aux autres ce qu’ils ne supporteraient pas qu’on leur fasse. Je ne comprends pas, ça me dépasse. Mais c’est comme ça.

Le « Monsieur » m’a dit : « Nous vivons dans le même monde vous et moi. Moi je pense que la vie est belle, magnifique. Vous vous pensez que la vie c’est de la merde. C’est juste que l’on ne la regarde pas de la même façon. » Humm… je n’y avais pas pensé. Je me suis toujours demandé comment faisaient les autres pour supporter toutes ces horreurs et injustices qui font partie de notre monde.

Par exemple, il y a un mois et demi, ma mamie a été hospitalisée d’urgence en cardiologie après avoir fait un malaise. Elle est restée hospitalisée pendant une semaine. J’ai vraiment cru que j’allais la perdre. J’allais la voir tous les jours et restais avec elle environ deux ou trois heures pendant lesquelles, je discutais et je riais avec elle, puis quand je rentrais chez moi, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je préfèrerais mourir que de perdre ma mamie. J’en ai parlé à ma psychiatre, le Dr D., elle m’a dit : « Mais vous vous rendez compte si tout le monde pensait comme vous ?! S’ils voulaient mourir à chaque fois qu’ils doivent faire face à une telle épreuve de la vie !» Mais en fait, je m’en fous des autres, je vous parle de moi ! Je ne sais pas comment font les autres et tant mieux pour eux s’ils supportent une telle épreuve ! Moi je n’y arrive pas et je n’y arriverai pas, à moins que vous m’aidiez à trouver le moyen de réussir à encaisser ce genre d’épreuve.

D’ailleurs, la dernière fois que je l’ai vue, cette horrible psychiatre (oui, je le dis enfin !), lorsque je lui ai demandé si elle avait reçu le formulaire d’admission pour la Clinique de l’Anxiété, elle m’a très sereinement répondu : « Non, pas encore, j’ai eu le déménagement et le décès de ma mère ». « Wow! » Sa réponse m’a perturbée pendant un bon moment et même quand j’y repense aujourd’hui, je n’arrive pas à la comprendre… Comment peut-on mettre un déménagement et le décès d’un proche au même niveau émotionnel ? Est-ce de l’insensibilité (caractéristique assez fréquente chez les psychiatres en général je trouve) ou une force incroyable permettant de tout surmonter émotionnellement, ou bien est-ce une capacité extraordinaire à pouvoir se déconnecter de faits réels perturbants ? Ou bien, est-ce que, encore une fois, c’est moi qui suis différente des autres ?

Différente des autres… Je me suis toujours sentie différente des autres. J’en ai beaucoup souffert enfant et à l’adolescence, puis j’ai réussi à en faire une force dès lors que j’ai eu mon fils et jusqu’à mon premier burn-out en octobre 2015. Depuis lors, j’en souffre beaucoup. J’ai l’impression d’être en totale déconnexion avec la société dans laquelle on vit et d’être dans l’incapacité totale de m’y adapter.

Un de mes gros problèmes, et celui-ci a été remarqué très clairement par tous les médecins que j’ai pu rencontrer depuis le début de cette année 2018, c’est que je vis tout à l’extrême : avec moi c’est toujours tout ou rien ! Je suis extrêmement exigeante avec moi-même et m’impose des objectifs très souvent difficiles voire impossibles à atteindre et je crois que c’est un peu ce qui explique mon mal-être aujourd’hui. Je m’impose une adaptation totale à la société d’aujourd’hui qui ne me correspond pas du tout, ou alors un retrait et un rejet total de celle-ci, contre laquelle je pars en guerre (perdue d’avance bien évidemment).

Après avoir souffert pendant plus de deux ans à tenter désespérément de m’adapter à la société française mais aussi et surtout au système scolaire français, mon corps m’a lâché, encore une fois (deuxième burn-out). Du coup, je suis passée à l’autre extrême : retrait et rejet total de cette société et du système scolaire.

Les médecins me disent donc qu’il faut que j’arrive à trouver le juste milieu, c’est-à-dire : me conformer un minimum aux règles et normes de la société et du système scolaire, et le reste du temps « faire ce que bon me semble » ! Sauf que je n’ai pas le mode d’emploi ! Mais, le « Monsieur » de la Clinique m’a dit qu’il pouvait m’aider grâce à l’hypnose. J’ai donc rendez-vous le 26 septembre pour ma première séance d’hypnose où il va me faire travailler le « lâcher prise » afin, notamment, d’essayer de me faire retrouver un sommeil réparateur où mon inconscient cesse de tenter de refaire le monde ! Affaire à suivre !

Je passe à un autre sujet, et pas des moindres puisque c’est ce qui contribue grandement à mon impossibilité d’avancer physiquement et psychologiquement depuis plus d’un mois.

Le 31 mars dernier (2018), je suis tombée sur une annonce d’un terrain de loisirs avec maison en bois à vendre sur Leboncoin. J’ai immédiatement eu un coup de cœur pour ce terrain, d’une part parce que je rêve de pouvoir vivre entourée de mes chevaux, d’autre part parce que c’était la première annonce qui correspondait exactement à ce que je recherchais et à mon petit budget de prof-mère-célibataire. Il était 22h10, soit un peu tard pour contacter le vendeur mais j’ai tellement eu un coup de cœur que j’ai quand même envoyé un sms disant que j’étais fortement intéressée par l’offre et que je souhaitais visiter le lieu. J’ai eu une réponse le lendemain et ai visité le bien 5 jours plus tard, le 4 avril 2018. Là encore, coup de cœur, d’abord pour le terrain, puis pour la petite maison en bois. On aurait dit une petite maison de poupée, très chaleureuse avec cheminée, salon, salle à manger, cuisine, salle d’eau/WC et trois petites chambres. Autrement dit, parfaite pour mon fils, moi-même et mes chevaux.

Le vendeur m’a vendu du rêve pendant plusieurs mois en m’expliquant comment il avait construit cette maison lui-même, etc. J’ai demandé conseil à mon beau-père de l’époque (ex-compagnon de ma mère), agent immobilier, qui a tenté en vain de me dissuader d’acheter ce terrain, du moins au prix demandé (110 000 €), le terrain étant situé en zone inondable, la maison ayant été construite sans permis de construire sur un terrain non constructible, n’étant pas équipée d’un raccordement à l’eau de ville ni à un réseau d’assainissement. Mais j’étais déterminée, j’avais vraiment eu un coup de cœur. Il m’a donc conseillé d’appeler un notaire qu’il connaissait pour lui expliquer la situation et lui demander les risques que je prenais si j’achetais cette maison.

Le risque principal pour moi était que la destruction de la maison soit demandée par l’urbanisme, la maison ayant été édifiée sans permis de construire. Mais le notaire m’a affirmé qu’étant donné que la maison avait désormais plus de cinq ans (six ans pour être précise), il n’y avait plus de risque de démolition. J’ai également écrit à la mairie pour en avoir le cœur net. La mairie n’a pas répondu clairement à ma question mais a pris soin de me rappeler que la maison était située en zone à risques (inondable). Le vendeur m’a affirmé qu’il n’avait jamais subi d’inondation en six ans, je n’étais donc pas inquiète et étais prête à prendre le risque en achetant le bien.

Le problème restait le prix. On m’avait bien informée que le terrain avec ou sans la maison ne valait pas plus de 50 000 € maximum. Mais j’étais prête à l’acheter le double car c’était vraiment un coup de cœur et je me voyais vraiment y vivre et y vieillir.

J’ai donc fait une première offre d’achat à 100 000 € sous certaines conditions, notamment la condition que tous les diagnostics immobiliers soient effectués avant la vente et démontrent le bon état d’habitation de la maison. Mais, la femme du vendeur, que je n’avais jamais vue et avec qui je n’avais jamais parlé jusqu’alors, m’a appelée pour m’informer que comme la maison avait été construite sans permis de construire, il n’était pas possible de fournir tous les diagnostics demandés. Moi, très naïve, ai accepté de faire une nouvelle offre sans demander les diagnostics, mais cette fois-ci à 80 000 €. Le vendeur m’a immédiatement appelé pour me dire qu’il refusait mon offre car il en avait déjà refusé plusieurs à 90 000 €. J’ai donc, dans la foulée, refait la même offre mais à 100 000 €. Et là, le vendeur et sa femme l’ont acceptée. J’en ai donc informé le notaire pour procéder à la signature du compromis.

Avant la signature du compromis (ou promesse de vente), la secrétaire du notaire m’a envoyé par mail un document très long, nommé « projet de promesse de vente » que j’ai lu très méticuleusement. J’ai été très soulagée et satisfaite lorsque j’ai vu que le notaire demandait à ce que tous les diagnostics que j’avais demandés dans ma première offre d’achat soient effectués préalablement à la vente. Je suis donc allée signer sereinement la promesse de vente (ou compromis) le 9 mai 2018.

À partir de la signature du compromis, j’ai dû faire faire plusieurs devis pour les travaux que je comptais effectuer et payer à l’aide de mon prêt immobilier avec travaux. Il me fallait tous les devis exacts pour pouvoir faire la demande de prêt à la banque. J’ai donc passé beaucoup de temps à faire venir des entreprises et artisans pour avoir des devis pour faire installer une fosse septique, faire les travaux nécessaires à la cuisine et à la salle de bain afin de raccorder l’évacuation des eaux usées à la fosse septique, et faire abattre une centaine d’acacias, l’écorce des acacias étant extrêmement toxiques pour les chevaux.

Après un mois de démarches téléphoniques, par email et sur place, j’ai réussi à avoir tous les devis dont j’avais besoin pour faire ma demande de prêt à la banque.

Début juillet, ma demande de prêt immobilier avec travaux a été accordée. Voilà, mon premier achat, mon premier crédit, je viens de m’engager sur vingt-cinq ans. Je suis plutôt fière de moi, c’est un aboutissement qui me satisfait vraiment, bien qu’il me mette un peu la pression. Et oui ! On y revient : Jenny et son questionnement perpétuel : et si je n’arrivais pas à tout rembourser ? Et s’il m’arrivait quelque chose et que je perdais mon travail ? Et si… ? Et si… ? Et si… ?

Le 26 juillet 2018, c’est le jour de la signature de l’acte de vente, le jour où je deviens officiellement propriétaire du bien, un jour que j’attendais depuis si longtemps. Tout se passe bien chez le notaire. A peine dix minutes que je suis sortie de chez le notaire, qu’une voiture me rentre dedans ! Je venais d’acheter ma voiture trois semaines auparavant et avait pris soin de faire mettre un attelage tout neuf qui n’avait encore jamais servi ! Plus d’attelage ! Heureusement, je n’ai rien, je suis juste bien secouée. Ce ne sera pas ce soir-là que je ferai péter le champagne pour fêter mon achat !

En fait, je ne ferai jamais péter le champagne pour fêter mon achat, ou alors ce serait pour me noyer dedans… En effet, à peine quinze jours après la vente, les « emmerdes » (Excuse my French !) ont commencé : le 9 août 2018, premier orage depuis que j’ai acheté la maison, trois heures de pluie assez forte, j’ai des infiltrations par le plafond ! A cinq endroits différents le plafond est trempé et il y a même un endroit où des gouttes tombent du plafond, formant une petite flaque d’eau sur la petite table du salon. Mon dieu, ce n’est pas possible ! Que se passe-t-il ? Quinze jours seulement que j’ai signé la vente, je n’habite pas encore dans cette maison et il y a déjà des problèmes inattendus !

J’appelle le notaire pour lui expliquer la situation et savoir ce que je peux faire. La secrétaire m’informe que l’étude notariale ne peut intervenir que dans un cadre amiable et que dans mon cas, il s’agissait de contentieux et qu’il me fallait un avocat ! J’essaie de relativiser, il y a peut-être une solution moins dramatique ?

Je contacte mon assurance pour déclarer un dégât des eaux. L’assurance me demande de faire venir un couvreur pour effectuer une recherche de fuite. Si les infiltrations proviennent de dégâts causés par l’orage, ils prennent en charge les réparations. Si les infiltrations proviennent d’un défaut de toiture, ils ne prennent pas en charge les réparations !

Le lendemain, vendredi 10 août à 12h19, j’envoie un sms au vendeur : « Bonjour Monsieur […]. J’espère que vous allez bien. Il y a eu un gros orage hier, le plafond du salon et celui du séjour sont bien mouillés, il y a même une petite flaque sur la table du salon. Il faut qu’on trouve une solution car je n’avais pas prévu ce genre de réparations. Je pensais que tout était bien isolé, sans infiltration. Dites-moi si vous savez d’où ça vient. Cordialement. Jenny Colin ».

Il me répond le soir même à 20h34 : « Bonjour Madame Colin. J’ai subi plusieurs orages depuis 5 ans et n’ai jamais subi de tels dommages. Je n’ai pas fait appel à mon assurance pendant ces 5 dernières années. Je ne vois que la solution de faire marcher votre assurance. Bien cordialement. […] » (J’ai corrigé les fautes d’orthographe et de syntaxe quand même, sinon ça donnait ça : « Bonjour Madame Colin j’ai subi plusieurs orages depuis 5 ans et n ai pas subit de tel dommage je n’ai pas fais appelle à mon assurance pendants ces 5 années. je ne vois que la solution de faire marcher votre assurance. Bien Cordialement. […] » Adieu, la conjugaison, l’orthographe et la ponctuation ! Enfin bref, ce n’est pas de la prof qu’il s’agit ici !)

Je n’ai pas répondu à son message. J’ai eu du mal à trouver un couvreur disponible rapidement car nous étions en plein mois d’août, proche du 15 août, et à cette période-là « tout le monde » est en vacances ! J’en ai quand même trouvé un qui est venu le 21 août. Il n’a pas eu besoin d’entrer dans la maison pour voir d’où provenaient les infiltrations ! Il m’a demandé si le propriétaire avait repeint juste avant la vente, ce à quoi j’ai répondu : « Oui ». Il m’a dit : « Eh bien, vous avez tout compris… ! » Lorsque je demande au couvreur, combien ça coûterait de faire les réparations, tout d’abord il m’explique qu’il peut réparer le faitage, ce qui empêcherait les infiltrations à court terme mais pas à long terme, qu’il faudrait reprendre toute la toiture car elle a été très mal faite, « c’est du bricolage » m’a-t-on dit à plusieurs reprises, mais qu’en plus, une grande partie de la toiture serait amiantée et qu’il n’y toucherait pas ! Oh dear! Oh dear! Oh dear! What the f*** is going onhere?

Le sujet de la présence probable d’amiante sur la toiture de ma maison m’intrigue. J’étais persuadée qu’il avait été évoqué de manière positive (soit, absence d’amiante) lors des deux rendez-vous chez le notaire : la signature de la promesse de vente le 9 mai 2018 et la signature de l’acte de vente le 26 juillet 2018. Je ressors donc les documents pour en faire une lecture plus méticuleuse. Et là, stupéfaction ! Je cite :

« Amiante

L’article L 1334-13 premier alinéa du Code de la santé publique commande au VENDEUR de faire établir un état constatant la présence ou l’absence de matériaux ou produits de la construction contenant de l’amiante. Cet état s’impose à tous les bâtiments dont le permis de construire a été délivré avant le 1er juillet 1997. Le BIEN n’a pas fait l’objet d’un permis de construire mais a été édifié postérieurement au 30 juin 1997, ainsi déclaré par le VENDEUR, par suite, les dispositions susvisées n’ont pas vocation à s’appliquer aux présentes. »

« Ainsi déclaré par le VENDEUR » ! Cela suffit au notaire pour en déduire que c’est véridique ? Je n’en crois pas mes yeux. Il me faut une preuve qu’il y a vraiment de l’amiante sur la toiture et que le diagnostic aurait dû être fait même si le vendeur a déclaré que le bien a été édifié postérieurement au 30 juin 1997. Qui sait où il a trouvé les matériaux pour faire cette toiture ? Et plus encore, qui sait si une partie de la toiture n’était pas déjà existante et avait été édifiée antérieurement au 30 juin 1997 ?

Puis en relisant méticuleusement l’acte de vente complet je me rends compte que même le diagnostic de contrôle de l’installation électrique n’a pas été fait ! Pour quelle raison ? La voici :

« Contrôle de l’installation intérieure d’électricité

Conformément aux dispositions de l’article L 134-7 du Code de la construction et de l’habitation, la vente d’un bien immobilier à usage d’habitation comportant une installation intérieure d’électricité réalisée depuis plus de quinze ans doit être précédée d’un diagnostic de celle-ci. Le VENDEUR déclare que le BIEN possède une installation intérieure électrique de moins de quinze ans, ainsi qu’il en a justifié. Aucun état de cette installation n’est en conséquence à produire. »

« Le vendeur déclare… » ! Cela aussi suffit pour croire ses dires ? Il déclare, donc ce qu’il dit est vrai ? Mon dieu mais pourquoi n’ai-je pas questionné tout cela avant de signer ? Pourquoi ? Tout simplement parce que je pensais pouvoir faire confiance à un professionnel comme le notaire, que j’ai choisi car on me l’a conseillé ! Pourtant il savait très bien que c’était le vendeur lui-même qui avait construit la majorité de la maison et réalisé l’installation électrique, et toutes les parties savaient pertinemment que le vendeur n’était pas électricien et n’avait pas les compétences pour garantir une installation électrique aux normes.

C’est alors que j’ai décidé de faire faire les diagnostics amiante et installation électrique, à mes frais. Le 30 août, un diagnostiqueur est venu. Nous avons passé deux heures et demie à tout inspecter. Il a effectué trois prélèvements de tôles, deux sur la toiture et un sur des restes de tôle à côté de la maison. Nous avons eu les résultats le mardi 11 septembre : pas de présence d’amiante sur la toiture de la maison, par contre les tôles présentes à côté de la maison et sur les deux abris qui l’entourent révèlent la présence d’amiante. Au total, 61 m2 de tôles amiantées à faire enlever par une entreprise spécialisée. J’ai fait faire un devis, il y en a pour 8266,89 € ! Quant à l’installation électrique intérieure, elle semble présenter quelques anomalies mineures, mais l’installation électrique extérieure n’est pas aux normes.

Entre temps, les travaux au niveau de la salle de bain pour le raccordement à la fosse septique ont commencé le 16 août. Dès le premier jour, il n’y a eu que des problèmes : le portail électrique a fait disjoncter toute l’installation électrique intérieure et extérieure. Étant donné que l’eau provient d’un forage, qui dit plus d’électricité, dit plus d’eau ! Génial ! Ça commence bien ! Et une journée de perdue à tenter de trouver la panne. On a fini par réussir à remettre l’électricité dans la maison puis plus tard au forage mais le lendemain, surprise : plus d’eau ! On découvre une vanne cassée dans le sol. On suspecte alors que la source du forage se serait vidée dans la nuit. Mais est-ce possible ? On perd encore du temps à chercher vainement la panne. Ce n’est pas un problème électrique apparemment. Que faire ? On laisse tomber pour l’instant. Il faut que les travaux avancent. On n’en est qu’au deuxième jour des travaux !

Mardi 21 août, matin, quatrième jour des travaux : il n’y a toujours pas d’eau, impossible de faire du béton. Les ouvriers ont alors entrepris la démolition de la salle de bain, et là encore : surprise ! L’isolation est mal faite, les poutres de la structure de la maison sont déjà bien abîmées alors qu’elles n’ont que six ans. D’ici cinq à dix ans il n’y aura plus rien, me dit-on. Le chef de l’entreprise qui effectue les travaux ne cesse de me dire qu’il va y en avoir pour plus cher que prévu car il ne peut pas effectuer ses travaux et ainsi engager sa garantie décennale sur une structure qui ne tiendra pas dans le temps ! C’en est trop pour moi : la toiture, l’eau, la structure. Je décide l’arrêt des travaux et le recours vers un avocat.

Le 28 août, j’ai rendez-vous chez un avocat. Il s’avère que son bureau se trouve dans le même bâtiment et sur le même palier que celui du notaire chez qui j’ai signé la vente de la maison ! Quand j’avais pris le rendez-vous, une semaine auparavant, je m’étais dit « Chouette, je sais où c’est, vu que c’est à côté de chez le notaire où j’ai signé ». Puis, quelques jours avant mon rendez-vous, j’ai eu des doutes : et si le notaire et l’avocat étaient amis ou du moins, proches ? J’ai donc décidé, non pas d’annuler mon rendez-vous mais de jouer franc-jeu avec l’avocat. Ce fut donc ma première question : « Je m’excuse de vous demander ça mais il faut vraiment que je sache, êtes-vous associés ou quelque chose comme ça avec les notaires qui travaillent à côté ? » L’avocate me répond : « Associés non, mais il est vrai que l’on se rend des services. Pourquoi ? Le notaire est concerné dans votre affaire ? » J’ai répondu : « C’est possible. ». Alors, elle m’a dit : « Écoutez, je vais vous laisser m’expliquer votre situation en bref et si je sens qu’il est probable que le notaire soit mis en cause dans l’affaire, je vous arrête. » J’ai dit environ trois phrases et elle m’a arrêtée. Elle m’a dit : « Je vais appeler mon supérieur pour voir ce qu’il en pense, si je peux vous défendre ou pas dans cette affaire. » Elle appelle donc son supérieur. Verdict : l’avocate ne peut pas me défendre car ils (elle et les avocats qui travaillent avec elle) ont des « relations privilégiées » avec les notaires d’à côté et si jamais ils sont en cause dans cette affaire, ils feront sûrement appel à eux pour les défendre. Génial ! Quelle justice impartiale ! Elle me donne le nom de deux autres avocats susceptibles de pouvoir me défendre, mais je ne sais pas si je dois suivre ou fuir ses conseils… Si jamais elle devenait l’avocate de la partie adverse, puis-je avoir confiance dans le choix de son adversaire ? Je décide donc de chercher par moi-même un autre avocat sur internet. Pas facile. Je veux absolument un avocat spécialisé en droit immobilier et dans la petite ville où je vis (40000 habitants), tous les avocats sont généralistes et non pas spécialisés. Il me faut donc aller jusqu’à Nîmes (150000 habitants), à quarante kilomètres de chez moi, où se trouvent seulement une dizaine d’avocats spécialisés en droit immobilier. J’en trouve une qui m’a l’air pas mal d’après ce que je lis sur internet. Je prends rendez-vous.

Mardi 4 septembre, j’ai rendez-vous chez cette deuxième avocate. Je lui explique les faits en bref. Je ne la sens pas motivée. Elle ne fait que me parler de ce que dira la partie adverse pour se défendre et contredire mes affirmations si jamais j’engageais une procédure judiciaire. Elle me dit aussi que ça va me coûter cher, que ça va être long et que même si j’obtiens gain de cause, si le vendeur n’est pas solvable je n’aurai rien. On évoque brièvement une éventuelle annulation de la vente, qu’elle me dit impossible étant donné que j’ai touché à la maison et que d’après elle, la loi dit qu’il faut rendre le bien dans l’état dans lequel il a été acquis pour pouvoir procéder à une demande d’annulation de vente. Ça ne me dérange pas plus que ça car le terrain me plaît, j’ai juste besoin que le vendeur prenne en charge les frais de désamiantage et de réparations de la toiture. L’avocate conclut le rendez-vous en me disant de faire faire les devis de réparations pour ensuite pouvoir envoyer un courrier de mise en demeure amiable au vendeur pour lui demander la somme correspondant aux frais des travaux de réparations.

Je rentre donc chez moi vers 16h30 et me mets à rechercher sur internet des entreprises de construction en bois pouvant effectuer les réparations de la toiture ainsi que des autres problèmes d’infiltrations, notamment la rénovation du bardage qui lui aussi a pris l’eau et a gonflé avec le temps. Je contacte aussi une entreprise de désamiantage pour laquelle un ami à moi travaille. Pour le désamiantage, il va venir voir le chantier le vendredi 7 août. En ce qui concerne la toiture et le bardage, je ne trouve qu’une seule entreprise de construction et rénovation en bois proche de chez moi. Je les appelle. Ils me rappellent environ une heure plus tard pour me donner rendez-vous sur le chantier quarante-cinq minutes plus tard. Je suis contente, ça ne traîne pas, je vais pouvoir faire avancer les choses rapidement.

Faire avancer les choses rapidement, il le faut ! En effet, je suis actuellement en location dans une maison mais mon préavis de départ arrive à terme le 27 septembre. J’étais censée emménager dans ma nouvelle maison le 26 septembre. Ce sera impossible ! La maison n’est pas habitable : elle prend l’eau et il n’y a plus de salle de bain ni de WC ! Mon dieu, je vais me retrouver sans maison avec mon fils ! J’ai l’impression que le ciel me tombe sur la tête ! Je ne dors plus, je ne mange plus, c’est la descente aux enfers… Et dire que j’avais eu un gros coup de cœur pour cette maison ! Ce n’était en fait que le début d’un cauchemar !

17 septembre 2018 (2 jours plustard)

Pourquoi je n’arrive jamais à finir d’écrire tout ce que j’ai à dire ? J’ai tellement de choses à dire ! Maman dit que c’est bien, qu’écrire c’est une bonne thérapie. Je vois plutôt ça comme un exutoire, mais un exutoire est une bonne thérapie, non ? J’écris tout d’abord pour me vider la tête et peut-être soulager un peu mon esprit. Je ne sais pas si cela fonctionne mais ça me fait du bien alors j’écris. Au point où j’en suis, je n’ai plus rien à perdre ! J’écris aussi pour me souvenir, en espérant qu’un jour, si je relis tout ça, je me dirai : « Tu vois tout ce que tu as traversé, toute cette très longue mauvaise période, ce n’était qu’un moyen d’en arriver là où tu en es aujourd’hui ». Peut-être que ce n’est qu’une illusion mais on dit que l’espoir fait vivre.

Il faut aussi savoir que je n’arrive à écrire que quand je vais à peu près bien. Lorsque j’ai mes périodes où je vois tout en noir, je me dis : « Il faudrait que tu écrives, que tu racontes un peu ce que tu ressens, ce qui te passe par la tête quand ça ne va pas. » Malheureusement, quand ça ne va pas, je n’ai vraiment aucune énergie ni aucune motivation. Le plus gros effort que je puisse faire les jours où ça ne va pas, c’est de me laver et de manger un petit peu. Tout le reste me paraît impossible, insurmontable, au-dessus de mes forces et je n’y trouve aucun intérêt. Ce que je viens de décrire est un des symptômes typiques de la dépression, me disent les médecins. Et pourtant, j’ai encore du mal à l’accepter. Pour moi, ce n’est qu’un coup de mou, à cause de tous les problèmes auxquels je dois faire face, sans en avoir la force. Mais on me dit que ce que j’appelle « un coup de mou », ça s’appelle une dépression. Enfin bon, on ne va pas jouer sur les mots. Ou bien si, en fait, on va jouer sur les mots, si ça peut me réconforter un peu. Après tout, peu importe le nom, le tout c’est de savoir comment éviter ce genre de symptômes et comment se sortir de ces périodes-là.

J’en reviens donc aux problèmes de ma nouvelle maison, que j’ai commencé à conter il y a deux jours :

Suite à mon appel dès mon retour de chez la deuxième avocate, l’entreprise de construction de maisons en bois vient donc évaluer l’ampleur des réparations à effectuer sur la toiture et le bardage, vers 19h ce mardi 4 septembre. Le verdict est sans appel : c’est la catastrophe. La maison a pris l’eau par le toit, les façades et le sol ! Comment n’ai-je rien vu avant la vente ? Eh bien, je ne suis pas professionnelle de la construction mais aussi et surtout, le vendeur qui a construit la maison lui-même était très convaincant et a bien su cacher tout ce qu’il ne fallait pas que je voie ! Conclusion : il faut tout reprendre, la toiture, la charpente, le bardage et son isolation. Et pour le sol, il faudrait surélever la maison. En d’autres mots, il y a tout à refaire ! Génial ! Les ouvriers sont catégoriques : il faut faire un procès, c’est un scandale ! OK… et sinon, il y en a pour combien de faire tout réparer ? « Hors taxes et sous condition de ce que l’on découvre sous la toiture et derrière le bardage, minimum 30000 €. » Et bin voyons ! Et ça, c’est sans compter une éventuelle surélévation de la maison pour ne plus qu’elle prenne l’eau par le sol ! Je suis dépitée. Quelle merde ! (Excuse my French once again!)

Le lendemain, mercredi 5 août, le chef de chantier qui avait entamé les travaux sur ma salle de bain vient faire un « état des lieux » des malfaçons qu’il a pu observer afin de me fournir un document qui pourrait m’aider en procès. Il me remet également une facture des travaux effectués (3000 € pour quatre jours de travaux, sniff !) et me rembourse le trop-perçu que je lui ai versé (ça c’est une bonne nouvelle !).