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Lila est une adolescente qui vit avec sa mère dans une grande ville au Canada. Pendant des vacances en nature sauvage, elles se perdent et rencontrent Dana, une femme chamane. Cette rencontre bouleverse la vie de Lila, l’initiant à la danse chamanique celte et à la connexion avec la nature. Dana, discrète mais puissante, la guide dans son initiation et ses mystères, la menant vers une compréhension plus profonde d’elle-même et du monde qui l’entoure.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Au détour de son engagement dans la solidarité internationale,
Julie Cabot Nadal découvre les cultures natives et la profondeur des sagesses qu’elles recèlent. Elle créera alors La Canopée bleue, organisation dédiée à la connexion à la Nature. Poursuivant son propre pistage intérieur, elle ira à la rencontre de différentes traditions spirituelles, se formera à l’Université de Montréal aux traditions et spiritualités autochtones, avant de s’immerger dans la tradition du chamanisme celtique, établie depuis un lineage non interrompu.
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Julie Cabot Nadal
Kalüm
La voie de la connexion
Tome I
Lila et l’Esprit de l’Ours
© Lys Bleu Éditions – Julie Cabot Nadal
ISBN : 979-10-422-3246-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Pour mon fils Solal et mon neveu Gabriel.
Puisse leur chemin d’homme se dérouler en harmonie
avec celui de la femme.
À toutes les Mères-médecines
qui pansent les blessures de notre Monde.
À la recherche du féminin perdu, Julie Cabot Nadal, 2019, Jouvence ;
Dans l’empreinte sacrée celte, Transmission de l’Esprit de la Tradition de nos ancêtres, Julie Cabot Nadal, 2022, Éditions VEGA.
Lila est une jeune fille de 12 ans, brune, aux grands yeux de chouette. Son visage est rond comme une lune. Tête de « lune », l’appelle souvent sa maman, lorsqu’elle égare des affaires dans le bazar de sa chambre.
Elle vit dans une grande ville, Lila, avec de hauts immeubles et beaucoup de bruits.
Elle vit avec sa maman ; son papa, elle ne le voit pas. Il est où, son papa ? On ne le sait pas.
Lila va à l’école, comme la plupart des enfants de son âge.
À l’école, elle s’ennuie, assise des heures durant à sa table d’écolier, devant un tableau noir qui se remplit chaque jour, d’écritures qui ne lui parlent pas.
« On dirait que les grands écrivent sur ce tableau pour remplir mon esprit, comme s’il était vide », songeait la jeune fille.
« Ils parlent aussi beaucoup.
Qu’ont-ils donc, bon sang, à gribouiller et babioler sans cesse ?
Auraient-ils peur de notre silence ?
Bah… Peut-être bien du silence en général.
Les adultes ont pourtant l’air d’y croire… à leurs histoires « toutes faites ».
Elles sont mortes, leurs histoires.
« Comme des nuages de bruits qui me cassent les oreilles », pensait Lila. Pour elle, rien de tout cela n’était important.
Assise dans sa salle de classe, la jeune fille s’extrayait de ces parenthèses assourdissantes comme elle le pouvait.
Parfois, un oiseau de dehors surgissait de derrière la fenêtre, il n’en fallait pas plus pour que Lila s’envolât avec lui.
Une autre fois, elle se laissait bercer par une mélodie inconnue qui gambadait dans son esprit et l’enveloppait dans un monde de songes auquel elle seule avait accès.
Une autre fois encore, elle suivait les courbes et les angles formés par les contours de ses camarades, ici du meuble, là de la plante coincée dans son pot, et partait explorer ces contrées imaginaires, sans avoir oublié d’emporter son baluchon avec quelques racines de réglisse qu’elle aimait tant, et son ours en peluche, dedans.
Lila essayait aussi de faire bonne figure, pour rendre heureuse sa maman. Celle-ci se réjouissait tellement lorsque Lila rentrait à la maison avec de bonnes notes. Ce n’était pas bien compliqué, d’avoir de bonnes notes. Il suffisait de répéter les mots des grands.
Le soir, la nuit tombée, lorsqu’elle avait envie de pleurer, Lila se recroquevillait dans son lit autour de son ours brun.
Lui, il ne parlait pas, il n’écrivait pas. Et pourtant, lui, il savait. Il savait soigner ses larmes et regonfler son cœur.
Un de ces soirs comme tous les autres, sa maman vint la chercher à l’école. Elle l’attendait de l’autre côté de la rue, dans sa voiture aux nuances bleutées uniques.
Comme chaque jour, Lila monta à l’arrière, jeta nonchalamment son cartable dans le coffre. Mais cette fois-ci, elle tomba nez à nez avec leurs valises de voyage, pleines à craquer.
« Maman, pourquoi les valises sont-elles là ?
— Lila, as-tu oublié ? Ce sont les… vacaaaaances ! Et tu sais, quoi ? Supriiiiiiise ! Nous partons pour quelques jours ! lui répondit sa maman, de son grand sourire enjoué.
— Ah… et pour aller où ?
— Chez des amis. Te souviens-tu ? Ceux qui vivent dans une très belle forêt, au bord d’un lac. Je me suis dit que ça nous ferait le plus grand bien de changer d’air ! »
Lila fit la moue et laissa le paysage gris de la ville défiler sous son regard désabusé.
« As-tu pris mon ours ? demanda-t-elle seulement. »
Sa maman lui fit un clin d’œil, fouilla dans un sac posé près d’elle, et lui tendit sa chère peluche.
Rassurée, Lila le serra tout contre elle. On lui disait qu’elle était trop grande pour avoir encore besoin de sa peluche. De ça aussi elle s’en fichait… ou presque. Son amour pour son ours tout doux, aux oreilles toutes râpées de tant de câlins donnés depuis son plus jeune âge, était bien plus fort que les remarques des grands.
Au moins lui, il était toujours là. Et tant qu’il était là, alors… ça irait.
Voilà des heures maintenant que Lila et sa maman roulaient dans cette direction inconnue.
Sur la grande route grise toute droite, elles avaient traversé des prairies, des forêts, bordées d’immenses lacs.
Puis la route s’était mise à monter, faire un nombre incalculable de virages, comme un serpent grimpe une montagne de ses zigzags, la tête pointée vers son sommet. De quoi en avoir la nausée.
« Lila, regarde droit devant toi, tu verras ça va passer », lui conseilla sa maman.
Lila s’essaya à observer un point fixe loin devant elle, ça avait marché, un peu.
Il faisait nuit maintenant.
Quand sa maman arrêta finalement la voiture, comme au milieu de nulle part, et lui dit tout enthousiaste :
« Lila, ça y est… Nous sommes arrivées et tu sais quoi ? C’est l’heure de la surprise !
— …
— Bien, maintenant, ferme les yeux. D’accord ? Jusqu’à ce que je te fasse signe. »
Lila clôt ses paupières.
« C’est idiot son truc, de toute façon on ne voit rien, il n’y a même pas de lune pour tricher et voir dans la nuit », pensa-t-elle.
Elle entendit alors sa maman faire tout un tas de bruits, des bruits de portes, de sacs, ses pas qui venaient puis repartaient, quelques paroles aussi, entre elle et d’autres grands, ses amis sûrement.
« Mais que fait-elle, bon sang ? Elle en met du temps, pour me montrer sa surprise », bougonnait silencieusement Lila.
Quand, enfin, sa maman, tout heureuse, s’approcha d’elle et lui souffla à l’oreille :
« Tu peux ouvrir les yeux ! »
Lila s’exécuta, et devant elle apparut une image tout droit sortie d’un conte de fées sauvages.
Cette vision était comme le fait du surgissement de l’une de ces histoires que sa grand-mère aimait à lui raconter. Ça, c’était avant qu’elle ne rejoigne les étoiles, sa grand-mère.
Depuis le fond de cette nuit noire, la jeune fille aperçut, telles des bouées de sauvetage, de petites fenêtres aux lumières chatoyantes.
Elle se frotta les yeux… Oui, c’était bien un chalet tout en bois !
Son regard balaya rapidement l’horizon… un chalet au bord d’un lac… ?
« Eh bien, qu’est-ce qu’il est sombre, ce lac ! Toi, Lac, tu sais quoi ? Tu ne me fais pas envie du tout. »
Mais par contre, cette cabane, elle, elle l’attirait drôlement.
En découvrant un ponton qui s’avançait dans l’eau, elle sourit. Il lui rappelait Tom Sawyer, le personnage de son dessin animé préféré.
Le connais-tu, Tom Sawyer ? C’est un jeune garçon qui aime vivre dans la nature, pêcher, les pieds nus même quand il ne faut pas, et qui n’aime pas l’école, comme elle.
Mais lui, il est plus courageux qu’elle, se dit-elle, parce qu’il ose désobéir, et il n’y va pas à l’école. Il file et préfère aller gambader toute la journée dans la nature avec son meilleur ami.
Sa maman la sortit de ses rêveries :
« Allez, viens, Lila ! Nos amis nous attendent pour dîner ! »
Son ours brun dans les bras, Lila sauta de la voiture et glissa ses pas dans ceux de sa mère pour ne pas tomber.
Le chemin était étroit, la jeune fille suivit prudemment sa maman, en une file indienne serpentant le bord de ce lac qui ne l’inspirait guère.
Plus la cabane se rapprochait, plus Lila se sentait attirée par la lumière rassurante des bougies, dans ce fond de nuit inquiétant. Puis elle devina un feu, par la fumée qui s’échappait du toit du chalet. Une cheminée ? Elle était enchantée…
Comme de nombreux enfants, Lila était attirée par le feu, surtout quand elle pouvait l’allumer.
Le craquement suivi de l’étincelle lui faisait l’effet d’une jubilation. Comme lors de la survenue d’un petit miracle.
Peut-être était-ce un très très ancien souvenir qui se logeait en elle et se rappelait à elle ? Celui de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, lesquels, grâce à cette étincelle, pouvaient survivre, en se protégeant de la menace des animaux sauvages, en se réchauffant du froid dans leur grotte… Le feu n’était-il pas source de vie pour l’humain ?
Regroupés maintenant autour de la table, le couple d’amis et sa maman parlaient… et buvaient du vin.
Plus ils en buvaient, plus ils rigolaient.
Cela faisait du bien à Lila de voir sa maman rire, d’habitude si sérieuse, si préoccupée par sa « vie d’adulte », comme elle le lui répétait.
L’un d’eux, Jean, regarda, d’un air amusé, Lila manger de bon cœur le poisson qui remplissait son assiette.
« C’est moi qui l’ai pêché ce matin ! Il vient du lac, directement. Dis, tu l’aimes ? »
Lila, hocha de la tête en guise de réponse, les joues rosées et gonflées du plaisir d’assouvir sa faim de cette barbue.
Quand un petit oiseau coloré sortit soudain d’une petite maison-horloge construite toute de bois, et alerta de son cri strident l’heure qui s’écoulait. Il se faisait tard.
On souffla les bougies, sécurisa les dernières braises du foyer, le silence de la nuit tombait dans le chalet.
Lila avait maintenant rejoint sa chambre, là-haut, dans le grenier du chalet.
Elle était faite toute de bois, elle aussi, du plafond, jusqu’au plancher !
L’odeur ambrée des sucs émanait de chacune des planches. Enveloppée de ces parfums boisés, Lila entendait une mélopée sensuelle, telle une douce berceuse qui lui était chantée à son nez, à ses oreilles, par la forêt.
Le toit était percé d’une lucarne ouverte tout droit vers le cosmos et ses guirlandes d’étoiles.
« Que c’est grand quand même… Le ciel. Au bout du bout, il y a quoi, songeait-elle ? Jusqu’où il va, le ciel ? »
Un frisson d’inquiétude mélangée à un brin de fascination la gagna, elle serra son ours tout contre elle puis, emmitouflée sous plusieurs couvertures, parvint finalement à s’endormir de cette journée bien chargée.
***
Le lendemain se levait sur le chalet et ses vastes paysages canadiens époustouflants, le soleil était radieux.
Lila se réveilla l’esprit clair. Elle ouvrit les volets de la balustrade sur une chaîne de montagnes aux cimes enneigées, entremêlées de la canopée d’innombrables arbres.
Les rayons du soleil plongeaient dans le lac, lui révélant une eau d’une clarté cristalline.
Il ne faisait plus peur à Lila à présent, le lac.
Elle pensa :
« Pourquoi le lac me fait-il peur la nuit, et pas le jour ? Est-ce parce qu’il a vraiment changé lui-même, ou est-ce simplement que je le vois différemment grâce au soleil ? »
Pensive, elle le regarda plus fixement encore, quand, toute concentrée, elle lui lança :
« Excuse-moi, Lac, d’avoir eu peur de toi, alors que je ne te connais pas. »
Bientôt, une odeur de pancakes au sirop d’érable l’attira vers la vie matinale du chalet.
Lorsque Lila descendit la petite échelle de bois, les adultes s’affairaient, entre fin de petit déjeuner et empaquetage de matériel dans des sacs à dos.
« Ah, te voilà, Lila ! l’interpella sa maman. Allez, zou ! Enfile un pantalon, un pull, ton blouson et tes baskets. »
Elle lui tendit une pomme et un bout de pancakes dégoulinant en guise de petit déjeuner.
« On part en balade ! Tu as vu ce temps magnifique ? Quelle chance ! » s’exclama-t-elle.
Lila avait rarement vu sa mère si enjouée. Ce devait être encore les effets du vin, s’amusa-t-elle à penser, à moins que ce ne soit l’effet de ce chalet perdu dans la paix sauvage de ces montagnes…
À elle aussi, il lui faisait du bien, ce chalet. D’ailleurs, cela faisait combien de temps qu’elle n’avait pas si bien dormi ?
Comme d’habitude, sa maman n’attendit pas sa réponse et retourna à ses occupations.
Le bout de pancake enfourné dans un coin de sa bouche, la pomme dans la main gauche, Lila s’habilla, vaille que vaille, de l’autre main, dans un fragile et comique jeu d’équilibriste.
« Ça y est ! J’ai réussi ! J’arriiiiiiive ! »
Le soleil approchait de son point culminant.
Le petit groupe se déliait en file indienne le long d’un chemin de randonnée bordé de grands épineux.
Lila, derrière, traînait la patte et souffla :
« Mais qu’est-ce que je m’ennuie… !
Pourquoi Tom Sawyer, ce garçon pieds nus qui passe ses journées à pêcher1, aime-t-il tant être dehors en fait ? Il ne se passe rien, c’est toujours la même chose. Des arbres, et des arbres… rien que des arbres. Et puis je suis fatiguée. Mes baskets me font mal aux pieds. »
Sa maman sortit Lila de ses ruminations :
« Allez, ça vous dit ? On fait une pause et on va grignoter un bout ! »
Louise, la femme de Jean, se tourna vers Lila et d’un air malicieux lui dit :
« Pas d’aventure sans nourriture ! »
Lila, un brin blasée, haussa les épaules et pensa :
« Bah au moins, j’espère que ce snack sera meilleur que le pancake sec à s’en étouffer le gosier… ! »
À l’ombre des épinettes, la petite tribu s’installa aux bords du chemin de randonnée, près d’une grosse souche d’arbre en guise de petite table.
« Hé ! Attendez, j’ai envie de faire pipi moi !
— OK, Lila. Va te trouver un arbre un peu plus loin pour te cacher si tu veux, lui répondit sa maman. On ne bouge pas de là.
— Non, j’ai trop peur, viens avec moi.
— Lilaaaa… T’exagères, non ? T’es une grande maintenant !
lui répondit-elle, tout en se levant. Bon, d’accord, allons-y. »
Alors que Lila et sa maman s’éloignaient, Jean cria à la volée d’un air gentiment moqueur :
« Hé ! les citadines ! Restez à portée de voix ! On ne sait jamais… il y a des ours par ici, et pas que des gentils ! »
D’un geste réflexe, Lila glissa furtivement sa main dans la poche de son blouson et agrippa son ours brun avant de suivre sa maman entre les troncs et les fourrés, à la recherche d’un coin caché à la vue des randonneurs.
« Ici ?
— Non, on peut me voir.
— Bon… alors, ici ?
— Non, on peut aussi me voir. »
C’est ainsi que mère et fille s’enfoncèrent un peu plus profondément dans la forêt.
« Bon ici, Lila. Ça ira très bien », s’impatienta sa maman.
Quelques instants plus tard :
« Ça y est ! J’ai finiiii ! »
La mère et la fille s’en retournèrent d’un pas assuré. Quand rapidement, la maman de Lila fut saisie d’effroi.
En cherchant le chemin du retour, aucun signe ne lui apparaissait dont elle put se souvenir :
« Mais enfin, c’est dingue ! Tout se ressemble ! J’étais pourtant sûre que nous étions passées à côté de ce tronc d’arbre… s’alarme-t-elle.
— Maman, ils se ressemblent tous, ces arbres ! Eh bien… Nous voilà dans de beaux draps, tiens ! embraya Lila, la voix défaite. »
Sa maman de poursuivre, en agitant son bras vers le ciel :
« Et mon téléphone qui ne capte aucun réseau… pas de GPS, pas moyen d’appeler les copains, Jean et Louise. C’est bien notre veine ! »
La maman de Lila lui saisit la main, et l’invita à s’accroupir avec elle :
« Attends, Lila, chuuut… pas un bruit… Voyons au moins si nous les entendons. »
Mais non. Rien de rien ! Pas de son. Ou plutôt si, une symphonie cacophonique de chants d’oiseaux qui ne laisse aucune chance à la voix humaine de percer, réalisait tristement Lila.
Elles se redressèrent et repartirent, le pas mal assuré.
Lila décela sur le visage de sa maman toute son inquiétude. C’était rare. Elle qui savait toujours tout. Mince alors, Lila réalisa qu’elle préférait quand même quand sa maman était sûre d’elle. Au moins, cette maman-là, elle la connaissait bien. Elle s’agrippa une nouvelle fois à son ours toujours dans sa poche.
Lila suivit sa maman, sans moufter. Elles marchèrent ainsi en silence, main dans la main, aux aguets, l’esprit tendu vers un éventuel signe… quelque chose qui finirait bien par leur indiquer la direction à suivre ?
Un signe qui… n’arrivait décidément pas.
La peur de Lila grandit un peu plus à chaque pas. Elle espérait ne rien en dire à sa maman, mais voilà que le flot de sa peur déborda de sa bouche :
« On est perdu, Maman, hein ? C’est ça ? sanglotait-elle maintenant.
— Non, Lila. Enfin… oui, enfin… écoute, il y a un truc à savoir dans ces cas-là : on marche toujours tout droit. OK ? On finira bien par tomber sur une route !
— Ah oui ? Tu crois ? Et si on croise un ours, tu sais aussi comment il faut faire, je parie ? » interpella Lila d’un ton plus désespéré que provocateur.
Lila observait la lumière du soleil décliner dans les feuillages des arbres. Elle le savait, la nuit arrivait et allait les enfermer dans leur déroute.
Elle savait que ça, sa maman le savait aussi. Alors Lila finit par se taire, pour ne pas la troubler davantage.
Malgré leurs silences, leur peur, à chacune, grandissait à mesure que la nuit prenait sa place dans le fond du ciel, s’ouvrant sur l’infini cosmos. La nuit, la reine des bals obscurs, des fantômes, des esprits inconnus aux canines acérées, des animaux fantastiques comme… le loup-garou ?
« Stop, ma tête, arrête de penser à des trucs pareils ! Tu crois que tu m’aides ? » s’insurgea Lila contre elle-même.
Quand, éreintée de désespoir, Lila stoppa sa marche, et s’assit près d’un arbre parmi tant d’autres, excepté que celui-ci semblait trôner d’une présence singulière. N’était-il pas l’arbre le plus haut et le plus vigoureux qu’elles n’aient croisé ?
« J’en ai marre, je suis fatiguée, je veux m’arrêter, ici. Et puis j’ai faim », dit-elle en reniflant ses premières larmes.
« Encore, dans une ville, il y a des gens à qui l’on peut demander de l’aide !
Mais ici, il n’y a pas personne ! En ville, il y a des écriteaux sur les rues, je connais les noms des rues près de la maison et de mon école ; mais ici, pas un panneau. Rien… »
Cette fois-ci, Lila sortit son ours de sa poche sans plus hésiter, elle lui caressa les oreilles un instant, avant de le glisser sous son pull tout contre elle, comme si elle craignait que lui aussi, il n’ait trop froid. Puis, rassemblant son courage, dans un cœur à cœur, elle lui souffla :
« Tu vas voir, ça va aller. »