Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Née au sein d’une fratrie de six, Mariam quitte sa terre natale pour entreprendre un périple incertain vers l’Europe, en quête d’un avenir meilleur. Sous une apparente sérénité, elle revisite les choix cruciaux qui ont marqué sa vie. Migrer, bien plus qu’un simple déplacement, redéfinit l’identité et expose l’âme aux ambiguïtés de l’existence. "L’Afrique, un continent oublié" dévoile l’histoire d’une famille brisée, mais déterminée, engagée dans une quête profonde de sens, mêlant les introspections intimes et l’espoir de bâtir un avenir nouveau.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Leader visionnaire, conseillère en affaires et fondatrice de Maisha Planet,
Marie Oucar Gomis s’investit dans l’autonomisation des femmes et des jeunes en Afrique. Lauréate d’un trophée panafricain littéraire, elle incarne avec force la détermination et l’innovation pour un avenir meilleur.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 78
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Marie Oucar Gomis
L’Afrique,
un continent oublié
© Lys Bleu Éditions – Marie Oucar Gomis
ISBN : 979-10-422-4716-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Depuis des décennies et des décennies, des générations entières se battent pour une amélioration de leurs conditions de vie.
Ces générations de jeunes Africains ont besoin d’être reconnues comme des citoyens de ce monde, et non pas comme des parias. Ils ont les mêmes droits fondamentaux, droits inhérents à tous les êtres humains.
Nous sommes l’Afrique, nous sommes la génération oubliée, la génération asservie.
Aussi loin que se portent nos souvenirs, souvenirs de jeunes Africains, l’Afrique souffre et se meurt.
Nos enfants se perdent dans des combats et des guerres qu’ils ont le plus souvent du mal à déchiffrer et à interpréter, du fait de l’illettrisme et de la désespérance. Et nonobstant ce fait, ils meurent dans les eaux froides de l’Atlantique, voulant rallier l’Europe pour une vie meilleure, et quand bien même certains arrivent en règle dans certains pays, ils sont stigmatisés.
Qu’avons-nous donc fait pour mériter un tel acharnement ?
Tout a commencé par l’esclavage qui nous a asservis et a fait de nous des sous-hommes aux yeux de ceux qui ne nous aiment pas, ceux qui veulent nous voir quitter la surface de la Terre.
Le colonialisme nous a enlevé nos terres, a volé notre économie et a bafoué notre dignité.
Mais au-delà de ces calamités, notre combat reste intact, sans équivoque. Nous sommes des milliers, voire un nombre incalculable à migrer, à la recherche d’un meilleur avenir. Ce combat est quotidien. Il ne prendra fin que le jour où nous y arriverons et que nous aurons pu instaurer le niveau de modernité à l’africaine que nous souhaitons instaurer. Ils peuvent nous détester, nous couvrir d’opprobre, mais nous sommes en route, le retour en arrière est difficile, certes, quasi impossible, mais en précurseurs, ce combat sera gagné.
Le soleil brille pour tout le monde et il est grand temps qu’il brille pour notre terre nourricière, l’Afrique.
La liberté délivre. La liberté économique.
L’immigration n’est pas un fléau, mais un début de quelque chose. Elle aide à apporter cet équilibre détruit, il y a de cela des millénaires. L’immigration est un mal nécessaire.
Il est difficile pour quelqu’un qui n’a jamais quitté son domicile de comprendre les propos qui suivent, de comprendre cette recherche de soi. Notre héritage est lourd à porter.
Alimo, 5 ans, du haut de son jeune âge, goûtait aux joies de la vie. Il faisait beau et chaud, le soleil était à son zénith. Alimo ne pouvait tenir en place. Il jouait, insouciant et content de profiter de cette journée avec toute sa famille. Il était l’insouciance personnifiée, il était heureux.
La plage était son lieu de jeu préféré.
Il ramassait les cailloux et les faisait ricocher sur l’eau, si claire et si bleue.
Chaque fois qu’il y arrivait, son visage arborait un grand sourire.
Il courait dans tous les sens, taquinant ses frères, les invitant à le suivre dans cette frénésie. Ses frères se plaignaient, mais lui en prenait un malin plaisir. Son bonheur était contagieux.
À côté de ses frères, rien ne pouvait lui arriver.
Une famille unie, une famille africaine, en rien différente de celles du monde.
Tout près, Mère Fatou regardait ses enfants, sa progéniture avec amour et tendresse.
Que de chemin parcouru depuis la mort, il y a huit ans, de son mari. Veuve à 36 ans, elle s’était retrouvée toute seule à élever 4 enfants.
Assise sur ce rocher, ses mémoires la ramenèrent quelques années en arrière.
Son mari, Pierre Cissé, était un bel homme, élancé et généreux. Il était d’une tendresse et d’une patience incroyables. Il venait en aide à toute personne qui le sollicitait. Et malgré son petit salaire de fonctionnaire, il avait à cœur d’aider les pauvres et de leur venir en aide. Il se plaignait de leur nombre qui ne cessait de s’accroître, mais rien n’y faisait. Le gouvernement avait d’autres priorités. Et Pierre n’avait aucun moyen de changer et d’améliorer les choses.
Un jour, où il avait fini tard et était en route, dans sa petite voiture usée, il avait été attaqué par des délinquants, qui non contents de lui avoir ôté la vie, avaient pris du plaisir à lui voler tout son salaire et tous les biens qu’il avait sur lui. C’était la fin du mois, et malheureusement, le système bancaire à cette époque n’était pas fiable et beaucoup de fonctionnaires retiraient leur argent dès que le paiement était effectué. Les délinquants n’avaient plus qu’à se servir.
La délinquance était devenue monnaie courante à Dakar.
La perte de son mari, de cette manière si brutale, avait laissé Mère Fatou très amère. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, mais s’était très vite ressaisie, car elle ne pouvait pas se laisser aller, ses enfants avaient besoin d’elle. Toute sa vie, elle s’était battue. Elle allait faire face à cette épreuve de plus. Tout comme elle l’avait fait jusqu’alors.
Enseignante de métier, elle s’était mariée très jeune et avait eu son premier enfant à 15 ans.
Elle n’avait pas voulu se marier si jeune, mais elle n’avait pas eu le choix, c’était la tradition, le vœu de ses parents.
Il s’agissait plus d’une question d’honneur que d’amour, voire pire, d’une question de dette.
Ses parents avaient accepté, sans lui demander son avis, les cadeaux et autres babioles de la famille du prétendant.
Cette transaction s’était faite au-dessus de son berceau. Comme tout enfant de son âge né sur le sol du village, elle était consciente de son sort.
Notable renommé, le père Boubacar Cissé s’était bâti une solide réputation dans le village de Kafountine.
Il avait autrefois été un champion de lutte et un notable respecté et riche.
Les parents de la petite Fatou n’avaient pas osé lui dire non, c’était pour eux un honneur que Monsieur Cissé fasse cette démarche si gratifiante de vouloir unir son fils à leur fille. Une fille de paysans.
L’histoire démontrera plus tard que la gratification ne tenait qu’à un fil, celui de remplir la calebasse et de manger à sa faim.
À la première menstruation de Fatou, les choses s’étaient accélérées et les va-et-vient de la famille Cissé devenaient incessants.
Le père Boubacar Cissé se montrait toujours très gentil et affectueux avec la petite Fatou, cette dernière ne pouvait deviner et encore moins imaginer que derrière cette grande gentillesse se cachait une promesse de mariage faite par son père à son meilleur ami.
Le mariage devait être consommé, l’heure était venue pour la famille de la petite Fatou de payer et d’honorer leur parole. Il s’agissait d’une question d’honneur.
Le père Boubacar Cissé voyait, tous les jours, la petite Fatou passer devant sa cour pour aller à l’école. À l’école des Blancs et non à l’école coranique, cette situation ne lui plaisait guère.
Selon lui, il fallait éviter que la petite ne soit endoctrinée par les coutumes et traditions des Blancs, ce qui aurait pu compromettre le plan qu’il avait élaboré pour son fils.
La colonisation et la cohabitation avec les Blancs n’étaient pas tendres et certains vivaient cette situation très douloureusement.
Trois mois après la première venue de père Boubacar Cissé dans la concession familiale, Fatou fut convoquée par son père et sa mère.
Son père avait les traits tirés et arborait un air très grave. Il avait en très peu de temps vieilli de plusieurs années.
L’air grave et solennel, il prit la parole.
Sa mère, comme à l’accoutumée, gardait la tête baissée. À la vue du comportement de ses parents, son cœur fit un bond, elle avait deviné ce qui l’attendait. Elle n’était pas dupe et savait parfaitement ce qui attendait les jeunes de son âge.
Son heure était arrivée.
Le jour « fatidique » arriva : la cérémonie de mariage.
Les notables du village s’étaient réunis une semaine avant la cérémonie afin de sceller religieusement l’union et de finaliser les préparatifs.
La petite Fatou, malgré son jeune âge, ne pouvait se contenter de voir son avenir se sceller. Après un chapelet de prières, elle avait pleuré, supplié sa mère de lui laisser le choix de son futur mari, de lui donner la chance de terminer ses études.
Mais le pacte avait été signé, et faire marche arrière aurait été dramatique pour toute la famille.
Elle avait alors pensé à s’enfuir, quitter son village et aller s’installer en ville. Mais quel allait être son sort ?
Elle priait Dieu pour que son mari soit compréhensif et qu’il soit aimant au point de la laisser terminer une ou deux années d’études.
Mais elle n’était pas dupe et connaissait le sort qui était réservé à toutes les jeunes filles de son âge. Elle finirait dans les champs.
Son père avait versé quelques larmes, certainement de regrets. Fatou était si jeune, si frêle et tellement pleine d’ambitions.
Fatou devenait de plus en plus anxieuse.