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Condamnées à mort par des hommes impitoyables, Justine, Perrine et Marilyn défient leur sort tragique et découvrent les retombées inattendues de leur survie. Confrontées à des épreuves insurmontables, elles s’opposent à la cruauté masculine et à un système judiciaire défaillant. À travers des rebondissements captivants, ces femmes fortes luttent pour leur droit, leur dignité et la justice. Leur courage collectif influencera leur destin, laissant une marque indélébile sur la quête de liberté et offrant une réflexion profonde sur la condition humaine et les choix qui façonnent nos vies.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Diplômé en droit,
Paul de Berge aspire depuis toujours à modifier la perception du droit chez les citoyens. Nourries par des œuvres telles que Desperate Housewives, ses inspirations littéraires le portent à admirer les personnages féminins forts et ordinaires. "La cage invisible" marque ses débuts en tant qu’écrivain publié.
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Seitenzahl: 138
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Paul de Berge
La cage invisible
Roman
© Lys Bleu Éditions – Paul de Berge
ISBN : 979-10-422-3024-1
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En ce jour du 4 septembre 2023, trois meurtres ont été commis dans trois villes en Nouvelle-Aquitaine. Voici les noms des victimes : Justine Canteloup, Perrine Réminiac et Marilyn St-Éloi. Deux d’entre elles se connaissaient, la troisième leur était totalement inconnue ; toutefois, leur destin allait être lié.
Le meurtre de Justine Canteloup
Justine Guiradeau est née le 14 avril 1983 dans un petit village nommé Izon, à quelques kilomètres de Bordeaux. Elle vivait avec ses deux frères et ses deux sœurs, dont elle était l’aînée. Ses deux parents étant irresponsables, elle a dû endosser leur responsabilité pour les élever, un peu comme si elle les avait elle-même mis au monde. La famille Guiradeau était ainsi composée : Justine l’aînée, suivie de Jérôme et de Charles, et plus tard, de Margaux et d’Iris.
Quand elle allait au collège et au lycée, personne ne se doutait que derrière sa superficialité et son faux désir de popularité se cachait une fille qui était devenue une femme bien avant les autres de son âge. Lorsqu’elle atteignit la majorité, son cousin lui présenta un de ses amis, Simon Canteloup, un gendarme de profession décrit comme étant un garçon sans histoires et travailleur. À l’époque, elle disait que seule une imbécile refuserait une aussi bonne affaire.
Elle attendit que le deuxième plus âgé de la fratrie ait terminé ses études d’ingénieur avant de quitter le domicile familial, dans l’espoir qu’il prenne en charge les autres qui étaient encore mineurs. Justine Guiradeau devint alors Justine Canteloup à l’âge de vingt ans, et en se regardant dans le miroir avant la cérémonie du mariage, elle s’adressa à son reflet : « Tu vas enfin vivre la vie que tu mérites. »
Elle commençait à douter de ses paroles à peine quelques mois après le mariage, lorsqu’elle tomba enceinte de leurs premiers enfants, deux jumeaux absolument adorables.
Au départ, Simon Canteloup était émerveillé d’être devenu le papa de deux garçons : Jeremy et Quentin. Il espérait qu’au moins l’un d’entre eux deviendrait footballeur, car il maîtrisait parfaitement les coups de pied et les coups de tête, sa femme pouvant l’attester sans la moindre équivoque. Elle ne laissait rien paraître, avec sa chevelure blonde toujours bien coiffée, un maquillage ni trop prononcé ni trop discret, et un physique qu’elle essayait d’entretenir en surveillant son alimentation et en pratiquant trois heures de sport par semaine. D’ailleurs, les personnes qu’elle côtoyait ignoraient ce qu’elle endurait chez elle ; une femme aussi lumineuse ne pouvait pas vivre avec un tel tyran.
Sans alcool, il parvenait à maîtriser ses excès de colère, et Justine pouvait facilement dissimuler les traces qu’il laissait sur elle avec un peu de maquillage. En revanche, lorsqu’il devenait ivre, il ne pouvait se contenir et commençait à se calmer uniquement quand il pensait que sa femme n’avait pas survécu à sa rage. Bien que Justine n’eût pas en temps normal la langue dans sa poche, elle décida tout de même de garder secret ce qu’elle endurait. Cependant, le voisinage et sa fratrie n’étaient pas dupes. Son frère Jérôme voulut intervenir une fois, mais le policier lui rappela son statut et lui dit qu’il risquerait d’être incarcéré et de ne plus revoir sa compagne et sa fille avant un bon moment s’il s’obstinait. Charles faisait ses études à l’autre bout du pays, et les deux autres sœurs étaient déjà assez occupées avec leurs parents alcooliques. À l’image de leur sœur aînée, elles priaient chaque soir qu’un homme vienne les enlever de leur domicile ou qu’elles gagnent à la loterie pour s’enfuir loin de chez elles.
Lorsque Jeremy et Quentin atteignirent l’âge de quinze ans, il devint difficile pour Simon de tabasser sa femme quand bon lui semblait. Il voulait que ses fils le considèrent comme le père exemplaire qu’il n’était pas et s’occupait de Justine lorsqu’ils n’étaient pas dans le foyer. Seulement, Quentin alla à la faculté de droit de Bordeaux et Jeremy à la faculté de médecine de Toulouse lorsqu’ils eurent obtenu leur bac. Ce fut comme une sorte de délivrance pour cet homme frustré de ne pas se défouler quand l’envie lui prenait. Bien que leur mère redoutât les conséquences de leur absence, elle était plus qu’heureuse que ses enfants ne gâchent pas leur potentiel comme elle l’avait fait jadis en épousant celui qu’elle appelait l’homme de ses cauchemars.
Justine profitait des moments où son mari était absent pour regarder des témoignages inspirants de femmes qui avaient réussi à se libérer de l’emprise de leurs maris. Elle espérait au fond qu’elle deviendrait l’une d’elles. Elle eut droit à son moment de gloire par la suite. Toutefois, on parlerait d’elle pour annoncer qu’elle avait rejoint les milliers d’autres femmes victimes d’un féminicide cette année-là. Cette fois-ci, Simon n’apprécia pas le fait que sa femme ait accepté la demande du maire de devenir l’une des conseillères municipales. Pour lui, une assemblée remplie essentiellement d’hommes était synonyme d’orgie lorsqu’une femme décidait de les rejoindre. Pour la première fois de sa vie, elle lui tint tête et lui dit qu’il était la seule personne susceptible de mourir d’une MST dans cette maison avec toutes les femmes de petite moralité avec lesquelles il l’avait maintes fois trompée. Ne supportant pas la rébellion inattendue de sa femme qui avait jusqu’à maintenant enduré les coups sans un bruit, il prit sa ceinture et se mit à l’étrangler, comme si l’étouffer lui permettait à lui de mieux respirer. Quand ses pulsions meurtrières disparurent suite à l’accomplissement de son acte, il se dénonça lui-même aux autorités, sans le moindre remords et sans la moindre vibration dans le son de sa voix. Justine Canteloup était donc décédée à 8 h 40 du matin. Lorsque les autorités arrivèrent, elles décidèrent d’interroger l’ensemble des voisins afin de comprendre ce qu’il s’était passé.
Les voisins faisaient à moitié semblant d’être choqués par la nouvelle. Ils savaient bien que cela arriverait un jour, sans espérer que leur projection se réalise. Les collègues de Simon le pensaient incapable de commettre une telle chose. Certains lui trouvaient même des circonstances atténuantes : « Ah, il a dû être pris d’un coup de folie », disait son supérieur, ou encore : « Elle l’a peut-être trompé et il ne l’a pas supporté. Il a un peu exagéré son acte, mais qui ne se serait pas mis en colère en apprenant l’adultère de sa femme ? » disait son meilleur ami.
Plus tard, la presse locale s’empressa de recueillir les informations dont disposait le Procureur, ainsi que son ressenti. Ce dernier s’exprima : « C’est tout le village d’Izon qui pleure la perte de Justine Canteloup, sauvagement assassinée par son mari. Nous avons la ferme intention de poursuivre monsieur Canteloup pour homicide volontaire, aggravé par le fait qu’il ait été commis sur la personne de sa femme. Nous tenons à faire savoir à la famille de la victime que la République française ne tolère pas un tel acte. Nous demanderons la peine maximale lors du procès. »
Encore plus tard, un représentant politique de la majorité présidentielle se mit à parler de l’affaire : « Nous luttons activement contre les violences conjugales et a fortiori, nous mettons tout en œuvre pour éviter qu’un tel drame se produise. Nous devons également faire changer la peur de côté. Il est inconcevable dans une société qu’une femme se fasse tuer par son propre mari sans avoir eu la réelle possibilité d’échapper à son bourreau. »
Le meurtre de Perrine Réminiac
Perrine Réminiac est née le 30 janvier 1989 à Saint-Émilion. Contrairement à Justine, ses parents étaient loin d’être des irresponsables. Le fait qu’elle soit fille unique pouvait expliquer la raison pour laquelle ils étaient sans cesse sur son dos.
Elle n’était pas vraiment populaire au collège et au lycée. Cependant, elle n’en souffrait pas, puisqu’elle ne souhaitait pas s’intégrer dans une bande de snobinards obsédés par le paraître, dont la superficialité l’agaçait. Pour faire plaisir à ses parents, elle intégra une grande école de commerce à Bordeaux où elle obtint un diplôme en comptabilité et gestion. Elle exerça ensuite cinq années dans une entreprise où elle était plutôt bien rémunérée. Néanmoins, ne supportant plus sa routine et ne trouvant plus d’intérêt à se lever le matin, elle décida de démissionner et de créer ensuite sa propre ligne de prêt-à-porter.
En 2013, Perrine ouvrit sa boutique à Libourne, une ville un peu moins perdue qu’Izon, mais un peu moins agitée que Bordeaux. Elle ne connut pas le succès immédiatement, mais elle n’avait pas l’habitude d’abandonner et au bout de quelques mois, sa boutique devint la plus branchée de la ville. En 2015, elle fut félicitée par la presse locale et son petit bijou concurrençait les plus grandes chaînes de vêtements de la région. La jeune entrepreneuse méritait tout ce succès, elle se consacrait corps et âme à son activité. Elle n’avait sûrement pas le temps de s’amouracher du premier venu ou de construire des amitiés superficielles. En réalité, sa mère, Madame Charline Réminiac, était sa seule amie. Elle était avocate au barreau de Bordeaux et était tellement passionnée par son métier qu’elle jurait toujours que seule la mort lui ferait prendre sa retraite. Bien que Perrine n’était pas très sociable, elle parvenait à fidéliser ses clients qui appréciaient ses qualités commerciales qui ne lui enlevaient pas son honnêteté.
Un jour, un homme à peine plus âgé qu’elle entra dans le magasin et prétexta vouloir redorer sa garde-robe. Il voulait monopoliser l’attention de la jeune femme sur lui tout au long de son passage dans le magasin. Elle n’était pas dupe, elle savait parfaitement ce qu’il avait en tête, mais ce n’est pas un crime de profiter de ses charmes pour influencer un homme dans ses achats. Arrivé à la caisse, l’homme commença à flirter subtilement en lui faisant des compliments détournés : « Cela ne m’étonne pas que vos vêtements soient aussi beaux, vous avez l’air d’être une dame de très bon goût. »
Quand il s’aperçut qu’elle répondait brièvement et poliment à ses tentatives, il décida d’être moins subtil et ses compliments devinrent de plus en plus explicites : « Une jolie demoiselle comme vous doit sûrement être casée, mais même si c’est le cas, je vous promets de ne rien dire à votre fiancé. »
Ne pouvant se contenir face à une telle grossièreté dans un premier temps, Perrine finit par esquisser un sourire et se mit à lui répondre : « Je vous remets votre sac et vous trouverez votre ticket à l’intérieur. Je vous souhaite une excellente journée. »
L’homme retira le ticket de sa poche et se mit à écrire dessus. Il inscrivit son numéro de téléphone et semblait faire exprès de ne pas avoir compris que la vendeuse avait décliné son offre à maintes reprises. Cette fois-ci, c’en était trop pour elle : « Monsieur, si vous avez terminé votre achat, je vous invite à sortir du magasin. Je n’ai ni le temps ni l’envie d’aller à un rendez-vous galant. »
Le bougre entra dans une colère noire et se mit à insulter Perrine. Il exigea de se faire rembourser immédiatement et jeta ce qu’il venait d’acheter par terre : « Espèce de salope, si t’es autant coincée, faut pas t’étonner que tes clients soient mécontents. Je ne donnerais même pas tes vêtements à une œuvre de charité. »
Elle ne se laissa pas intimider, mais elle éprouva une peur immense au fond d’elle, à tel point qu’elle décida d’engager un agent de sécurité le lendemain de l’incident. Pendant plus de trois semaines, elle se sentit suivie lorsqu’elle terminait ses journées de travail. Elle ne savait pas si ses craintes étaient justifiées ou si la paranoïa l’empêchait de penser rationnellement. Un soir, elle sut que son cerveau ne lui jouait aucun tour. Un homme masqué s’attaqua à elle. Bien qu’elle se soit défendue de toutes ses forces, il réussit à lui porter un coup violent au visage qui lui valut une semaine d’hospitalisation. Les forces de l’ordre parvinrent à arrêter l’auteur d’une telle violence, José Félix, l’homme qui n’avait pas apprécié qu’une femme lui dise non.
Pendant quelques semaines, elle refusa d’aller travailler. Toutefois, son père réussit à la convaincre d’affronter ses peurs, et elle rouvrit son magasin un mois après son agression. Elle était persuadée que toute cette histoire était derrière elle, jusqu’au jour où elle reçut une lettre de menaces de mort signée anonymement, dont elle était clairement identifiée comme étant la destinataire. Elle n’eut pas besoin de réfléchir longtemps avant de savoir qui était l’auteur de cette lettre et alla porter plainte au commissariat le plus proche. En arrivant, on lui dit qu’elle n’avait aucune preuve que José était l’auteur de ces lettres, et qu’en l’absence d’éléments solides, ils étaient dans le regret de ne pas pouvoir prendre au sérieux sa plainte. Perrine sombra dans une profonde terreur tout en s’interdisant d’inquiéter ses parents et garda tout cela pour elle. Au fil des mois, les lettres se succédèrent et devinrent de plus en plus menaçantes. Cette fois-ci, elle informa sa mère de la situation. L’avocate entra dans une rage folle et indiqua aux forces de l’ordre, qui avaient refusé d’enregistrer la plainte de sa fille, qu’elle comptait bien faire en sorte que l’ensemble du service se retrouve au chômage ou rétrogradé en agents de la sécurité routière, dans le meilleur des cas.
José avait écopé de deux ans de prison, dont quatre mois ferme. Il était sorti la semaine précédente, la dernière lettre qu’il avait envoyée à sa proie. À peine deux semaines suivant sa remise en liberté, il était convoqué à nouveau au tribunal correctionnel et écopa cette fois-ci de quatre années de prison, dont deux années assorties d’un sursis probatoire. Il avait également interdiction d’approcher la victime à sa sortie de prison. Cette fois-ci, Perrine se sentait en sécurité et n’eut aucun mal à reprendre son travail. Elle avait même rencontré un ingénieur un peu plus âgé qu’elle, avec qui elle décida d’entamer une relation sérieuse. En 2020, ils devinrent les heureux parents d’une petite fille prénommée Salomé et adoptèrent un petit chien qu’ils appelèrent Chaloup.
Le jour du 4 septembre 2023, Perrine accompagnait Salomé à sa toute première rentrée des classes. Comme bon nombre d’enfants de cet âge, elle ne voulait pas se séparer de sa mère lorsqu’elle arriva à l’école. Perrine lui dit alors : « Je te promets de venir te chercher ce soir, ma chérie. Maman viendra te chercher tous les jours à l’école. »
Elle reçut ensuite un appel de Jérôme Guiradeau, qui avait l’habitude de la téléphoner chaque matin avant qu’elle n’ouvre sa boutique. Comme il rentrait tard du travail, il dormait un peu plus longtemps que sa compagne et sa fille. Il lui dit qu’il ne travaillerait pas aujourd’hui afin qu’il puisse s’occuper des deux amours de sa vie quand elles rentreraient ce soir.
Perrine ouvrit le magasin à 9 heures, avec le sourire aux lèvres tout en ayant hâte que la journée se termine pour retrouver Jérôme et Salomé. Elle avait le dos tourné, car elle s’occupait du réassort. Soudain, elle entendit un grand corps s’effondrer sur le sol. Quand elle se retourna, elle vit l’agent de sécurité qui gisait au sol, suite à plusieurs coups de couteau qu’il avait reçus d’un homme. Quand Perrine s’aperçut qu’elle connaissait cet homme, elle fut paralysée et ne pouvait bouger. C’était José qui était sorti de prison quelques mois plus tôt. Il s’adressa à elle et lui dit : « Tu croyais vraiment te débarrasser de moi ? » et continua : « T’as bien vu que ça servait à rien de me dénoncer aux flics, j’arriverais toujours à me débrouiller pour finir ce que j’ai commencé. » Perrine connut alors le même sort que son agent de sécurité. Elle fut découverte sans vie par le deuxième client de la journée. Avant de recevoir le coup fatal, elle s’en voulait tellement de ne pas pouvoir tenir la promesse qu’elle avait faite à sa petite fille. Perrine rendit son dernier souffle à 9h05 du matin.