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Paul et Clara, nés sous des étoiles divergentes, tissent un lien aussi mystérieux que dangereux. Paul, marqué par son handicap, se consume d’une jalousie insatiable envers la lumineuse Clara, qui semble incarner tout ce qu’il désire et méprise à la fois. Mais lorsque l’obsession s’empare de lui, jusqu’où ira-t-il pour posséder ce qu’il ne peut avoir ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après des années de voyages à travers l’outre-mer et d’autres horizons dans le contexte professionnel,
Corinne Dedeine revient finalement à ses racines, sur la magnifique Côte d’Opale. À l’approche de sa retraite, elle prend un nouveau virage dans sa vie en se lançant dans une formation à The Artist Académy pour concrétiser son premier roman, ancré dans le cadre de Wimereux.
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Seitenzahl: 398
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Corinne Dedeine
La carapace
Roman
© Lys Bleu Éditions – Corinne Dedeine
ISBN : 979-10-422-3660-1
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
La vie est une maladie mortelle. Dans 100 % des cas.
Marc Levy, Si c’était à refaire
Tout le monde va mourir. Pour lui, c’était maintenant.
Il ne gigotait plus, les yeux grands ouverts. Sa respiration était saccadée, laborieuse. Encore un peu de viscosité sur ses cheveux d’ange. La bouche cherchait le sein ou l’air.
La sage-femme avait chanté de la soul musique pour que le bébé s’endorme, qu’il ne pleure plus.
« Feeling Good » de Nina Simone. Un timbre ardent, une voix un peu traînante, envoûtante, surtout apaisante.
Puis elle l’avait retiré des mains avides de la maman, l’avait pris dans ses bras, l’avait embrassé, et l’avait déposé dans ceux du chirurgien.
Ses parents avaient décidé qu’il vivrait quoiqu’il en coûte en combats. Surtout sa mère qui s’est accrochée à sa vie comme on s’accroche aux croyances, aux prières qu’on ne dit plus, mais qui reviennent instantanément en suppliques.
Ils n’avaient pas dit stop aux médecins. Ils auraient pu. Leur espérance en la vie l’avait emporté.
L’attente était longue, trop longue. Les secondes, les minutes, les heures s’égrenaient lentement. Tous les yeux étaient rivés à l’horloge. Celle qui captait l’impatience et l’interminable souffrance.
La même question aux infirmières revenait comme une litanie. Allait-il vivre ?
Les derniers soins venaient d’être apportés à l’accouchée. Elle refusait qu’on la conduise dans sa chambre, pourtant claire et douillette. Elle voulait rester le plus près possible de son bébé, et ne pas avoir le sentiment d’abandon.
Ils ont étreint leurs mains à les blanchir pour que leur sang puisse aussi couler dans les veines du bambin.
La chanson est entêtante, récurrente. La mélodie vivace.
Toute sa vie, il a fredonné cet air qu’il ne dansera jamais.
Se préparer à mourir a été une des meilleures façons d’apprendre à survivre.
Sur la digue, je regarde les vagues déferler sur le béton. Elles réagissent aux moindres pets de vent pour venir se fracasser violemment à mes pieds. Elles enveloppent des masses d’air et apportent une fraîcheur piquante. Elles font un bruit de tonnerre, et pour moi, un bruit de relaxation par leur effet de va-et-vient. Je pourrais presque m’endormir sur le banc de cette plage démontée.
Ça fait presque onze ans que je vis reclus à Wimereux. Je me partage entre ma maison et cette magnifique digue.
Le ciel est peu amical. Les nuages, le vent m’enseignent qu’il faut d’abord ingérer une certaine force avant d’agir, avant de balayer.
Le ciel couleur ardoise métallique s’assombrit encore plus, inquiète les non-initiés, angoisse et annonce l’arrivée de l’orage.
Je chasse une mouche énervée, dernière survivante de l’automne, avide de ma peau. Soudain des voiles de pluie s’abattent. Un premier éclair illumine le plafond avant le noir complet. Les nuages se déchirent. Le bruit du tonnerre résonne. L’air tremble.
J’attends.
Je n’ai pas les contours d’un homme. Je suis juste une racine unique, désaxée par excès de pommade, de fertilisants médicamenteux. Je suis Paul.
Quand on sait que l’on va mourir prochainement, le temps paraît plus long. Les secondes valent des minutes. Les minutes, des heures, et les jours des années.
Je suis marié à ma mort.
Au début, je l’imaginais belle. Une mort vivante dans mon corps, blanche comme la robe de la vierge. Puis elle s’est faite amante, dévorante à petit feu, rouge sang, pour devenir la violente impétueuse.
Ma patience s’épuise dans cette attente. J’en rêve. Je m’y vautre comme un cochon dans sa fange. L’humanité doit consentir à me quitter.
Je suis plus pluvieux et plus vieux qu’on ne le pense.
Tous les jours, j’écris sur ma vie. J’aime à penser qu’elle peuple les nuits de Clara. Je me fais des films. Et puis, je m’en fous. Ma triste vie est trop insignifiante. Ma santé tient à un fil. Mon cœur me le rappelle à chaque battement raté. Mon essoufflement me poursuit dans mes halètements.
Mon corps n’espère plus la vie.
Mais avant de trépasser, il me reste quelque chose à vivre. J’ai hâte de l’atteindre, de l’étreindre. Il le faut, c’est impératif.
Je peux prendre la beauté du paysage parce que c’est gratuit. Mais je veux ce qui me coûtera ma vie.
Je la veux, elle.
L’être humain est pathétiquement touchant. Il porte toujours sur les autres la lucidité qu’il ne possède pas à l’égard de lui-même.
Sylvain Tesson
Clara – Goût de fraise
Cette année encore, pour les vacances, nous restons à Wimereux. Faut dire qu’on a la mer, de la chaleur, et j’ai les copains. Mes parents ne sont pas partisans du partir loin. Et loin, pour eux, c’est au-delà de Paris. Le grand Sud. Là où tout le monde se rassemble l’été au nom du dieu soleil. Voitures cul à cul sur toutes les routes, un mètre carré de sable sale pour les plus chanceux, mélangé aux mégots encore vivants sur des corps ruisselants d’huile solaire.
Et j’en passe. Rien de tel que la Côte d’Opale. Partisans non, réalistes peut-être, fauchés certainement. Les vacances coûtent trop cher.
Wimereux est une petite ville de la Côte d’Opale où l’été, les touristes des pays voisins et les Lillois se retrouvent. Un endroit cosmopolite, international et d’une richesse foisonneuse de langages.
Certains prononcent Wimereux avec le « oui » et d’autres avec le « vi ». Y a pas d’outrage, mais y a débats. Je m’obstine. On dit wifi avec le « oui » !
Voisine du Touquet qui accueille plutôt les Parisiens, c’est une petite ville balnéaire, typique pour son architecture et sa belle plage de sable miel. Pour certains, l’eau est froide, mais pour les initiés, quel bonheur.
Dès le premier jour, j’enfile mon maillot de bain et m’enfuis voir mon eau. On n’est pas riche chez nous, mais on possède ce qui nous entoure.
J’enfourche mon vélo et pédale vers la digue, vers l’iode, le sable, les vagues, les cheveux dans le vent.
Je fonce, pressée, impatiente.
J’aime Wimereux. Je m’y sens bien. La plupart des maisons portent des petits noms : villa Marguerite, Ferdinand, Victoria, ou Frégate comme celle de Paul.
Paul sait tout sur tout.
Adossées aux maisons du vieux quartier, les cabines de plage, toutes blanches et bleues ont aussi une désignation. Un repérage bien utile pour se donner rendez-vous.
À marée basse, la plage est immense. Près de deux cents mètres au-delà de la digue et juste au milieu, une petite mare bordée de rochers. Un bassin où l’eau arrive à la poitrine des adultes. C’est là où j’ai appris à nager.
Sur cette belle étendue de sable, je pratique la course à pied, et des sports nautiques. Ça fait de moi, une sportive.
À mon, maître-nageur préféré que j’interpelle :
Sur ma plage, on ne choisit pas son moment pour nager. Respecter le vert du drapeau comme au Code de la route est impératif. Ludo, mon maître-nageur qui me fait les yeux doux, veille au respect.
Il y a aussi les marchands de glace, de bonbons, de seaux, de pelles, et autres jouets. Ça colore la plage, ça calme les enfants et ça dépouille les parents.
Jeanne, la vendeuse de sucreries que j’aimais beaucoup, était là tous les ans. Elle a bercé mon enfance parce qu’elle venait en vélo triporteur et s’arrêtait près de la cabine de Paul. Nous avions ce privilège. C’était comme une récréation quotidienne dans nos vacances. Une notion inséparable de notre espace-temps.
Elle nous proposait de jolies boules de glace sur des cornets gaufrette. J’aimais la fraise, car elle n’était pas trop sucrée et laissait mes lèvres joliment colorées. Paul voulait toujours les embrasser.
C’est à cette époque que je l’ai rencontré. Il se cachait. Il m’a fait peur. Je n’ai vu que son corset et sa chaussure.
Denise, sa maman et ma mère avaient sympathisé à la maternité et depuis étaient restées très proches. Elles m’avaient expliqué la vie de Paul jusqu’alors et la bienveillance que je devais avoir.
Ma mère a ajouté :
Paul – Ma rencontre
Je dors, non, je rêve. C’est ce que je fais de mieux.
Mon lit est défait d’une nuit agitée. Il me persiste en mémoire un bout de désenchantement. Celui du saut de l’ange depuis la falaise. Mon envol. Mon ratage. Je me mets en position fœtus. La nuit n’est jamais complète.
Je farniente dans les draps, encore souples, fripés de ma chaleur et mes enroulements. Je navigue sur mes rêves et suis le capitaine de mon bateau. J’ai finalement un soupir d’aise reluisant de ce bonheur à tomber de mon lit.
La fenêtre est entrouverte. J’écoute les oiseaux du matin. Des merles, des mésanges, des moineaux peut-être ?
Je m’arrache mon premier sourire de la journée. J’aime ces oiseaux. Je leur parle, leur prête des propos qui m’arrangent. On se comprend.
Viendra-t-elle un jour dans mon lit ? De son plein gré ? Faudra-t-il que je la force ?
Maintenant, je soupire, car je suis très loin de ma réalité.
Dans le nid qui trône dans le lilas, des oisillons sont nés. C’est l’heure de la bectée et ils font un tapage pour se manifester auprès des adultes. Bientôt ils quitteront leur abri et reviendront peut-être l’an prochain, pour à leur tour, couver des œufs. L’éternel recommencement pour ceux qui peuvent avoir des petits.
Me donnera-t-elle des enfants ?
Je pense à ma première rencontre avec Clara. La fille qui marque ma vie, qui fait qui je suis aujourd’hui, qui embellit mon existence. Celle que je veux posséder.
À sept ans, la première fois sur la plage, j’ai perçu une gamine lumineuse, qui courait, sautait, souriait, respirait la vie. Très vite, elle a peuplé mes rêves.
La plage de Wimereux lui appartenait. Elle ne m’avait pas regardé ni observé. On ne se connaissait pas. Elle ne m’a pas cherché. Valait mieux, nous étions tellement différents.
On ne s’extasie pas devant moi. On ne dit jamais à mes parents :
Ah, qu’est-ce qu’il te ressemble ! C’est tout toi !
J’attends le premier qui invente ce mensonge pour ajouter :
Clara avait la grandeur et la finesse de son père et la blondeur et les yeux de sa mère.
Mes parents m’avaient raconté qu’elle était née juste une minute avant moi. Même date, même heure, même maternité, mais pas le même moule ! Deux utérus bien différents, des géniteurs encore plus.
Elle avait tout ce que je n’avais pas. Elle était insouciante, agile, folle, et surtout elle était belle.
Clara était normale et tellement différente de moi. Elle se tenait bien droite, avait déjà de grandes jambes fuselées, une peau de satin et avait un regard scrutateur.
Elle avait tout pris à la naissance. Le cœur, le souffle, le physique. Elle avait pris le meilleur en naissant avant moi.
Moi, je n’avais que les restes.
Quand elle m’a aperçu, elle a eu la frousse. Ses yeux se sont agrandis et assombris. C’est d’ailleurs ce qu’ils font tout le temps quand elle a peur.
J’aime quand ses yeux sont grands. J’aime quand c’est moi qui lui agrandis les yeux. J’aime quand j’ai le pouvoir sur elle.
Clara a des yeux très clairs, presque délavés. Comme la couleur de l’eau quand se miroite un ciel sans nuage. Je peux m’y noyer et m’approprier cet espace limpide.
Elle a reculé et grimacé. Son regard allait de mon pied bot à mon corset.
Elle n’a examiné que ça de moi. J’avais les guibolles en yaourt, le palpitant qui roulait du tambour, et les épaules avachies.
Je n’osais pas la regarder et je me cachais d’elle. Je me souviens que sa mère l’a prise à part pour lui parler. Ses yeux se sont embués de larmes.
Ah non, elle ne va pas me chialer dessus.
De toute façon, je me suis toujours caché des autres. Toujours pas envie qu’on me voit.
Quelques jours après notre première rencontre, Clara s’est signalée à moi pour que je la rejoigne dans le sable.
Le soleil était au zénith. Je n’avais pas ma casquette.
Je ne veux pas tout cacher. Ma tignasse est épaisse, ensoleillée et dans tous les sens. Je refuse que maman me l’aplatisse surtout en mouillant la paume de main avec sa salive.
Elle me fait face, me sourit, ne baisse plus les yeux. Une effrontée comme je les aime.
Mes premiers mots ont été :
Tu veux toucher ma bosse ? À ce qu’il paraît, ça porte chance ! C’est mon porte-bonheur personnel. Je n’autorise pas tout le monde à la toucher, tu sais !
Moi, j’ai un trèfle à quatre feuilles. Si tu veux, je te le donne, ajoute-t-elle.
Pourquoi tu hausses les épaules ? Je t’embête ? Tu ne retires pas tes pompes ? C’est ça qui m’intéresse.
Elle hausse les épaules et se retourne. Je devine la grimace qu’elle me fait. Langue tendue, nez retroussé, yeux plissés.
Ça démarre mal. Elle me fait déjà la tête. Une peste comme moi.
Elle porte un bikini rose et déjà elle me fascine. Une jolie bouille d’innocente. Une délicatesse dans sa façon de se mouvoir. Une façon de s’exprimer un peu traînarde. Je suis aimanté. Je ne comprends pas ce qui m’attire, mais qu’est-ce qu’elle est belle. Les autres filles que j’avais vues étaient loin de lui ressembler. Faut dire qu’elles étaient pensionnaires de l’institut.
J’ai commencé sous son regard espiègle à dégrafer le haut de la chaussure. Je ne m’étais jamais effeuillé devant une fille, juste devant des infirmières ou maman. Autant dire que ça ne compte pas. Des vieilles qui ne s’intéressaient à moi, qu’au travers de ma maladie. Je m’en foutais bien, mais là, c’était Clara et je savais déjà qu’elle n’était pas n’importe quelle fille.
Je devais l’impressionner. Ça devait lui sauter aux yeux et aux oreilles. Au fond de moi, j’aimais ma perversité. J’aimais qu’elle s’agenouille devant moi. Premier signe de nos futurs rapports.
Lentement sans même jeter un coup d’œil aux alentours, j’ai retiré le lacet et déboîté le monstre. Mes yeux ne quittaient pas les siens. Ma chaussette pendouillait sur le pied. J’y étais presque.
C’était comme me libérer d’un poids, d’un carcan. J’ai senti le souffle du vent sur ma peau, la chaleur des rayons et la douce humidité du sable. Clara a ouvert grand la bouche et rapidement m’a crié :
Je ne sais pas si on va pouvoir jouer ensemble. Moi, je cours vite alors avec toi, c’est pas possible. Attends que je réfléchisse. Ici on est dans ma salle de jeux, je te propose qu’on fasse des trous pour enterrer nos pieds.
T’es copain avec moi ?
Pour de vrai ou pour rire ?
J’avais enfin une copine, une vraie qui veut jouer à des jeux normaux avec moi.
À cet instant Clara serait ma canne. Celle sur laquelle je m’appuierais sans retenue, sans gêne, sans pudeur. Le temps qu’il faut. Toute ma vie, toute sa vie.
Elle voulait voir, elle allait voir.
Clara – La vie, les copains
Ma maison est proche de la gare. Pas vieille, pas neuve et pas dans le centre historique. Trop cher. À mi-chemin de tout. Elle est de taille moyenne avec ses deux chambres et son petit jardin où nous faisons pousser quelques légumes. Elle est surtout à sept cents mètres de la digue. Pour y aller, c’est facile, c’est en descente. Pour revenir, faut prendre son élan avec le vélo et souvent je finis à pied en soufflant.
La ville avait gagné du terrain par décennie, apportant de nouveaux quartiers, de nouvelles portions d’architectures différentes. Une chirurgie pas toujours esthétique qui permettait aux nouveaux habitants, aux touristes de s’installer eux aussi dans cette belle station balnéaire.
La marée est basse. J’ai le sentiment que la mer sera à moi, mais en approchant du bord, il y a déjà mes deux baigneurs préférés. Je les connais. Benoit et Nicolas, les deux frères lillois. Ils sont nés la même année. C’est rare, mais ça arrive quand les parents ne font pas attention.
On se retrouve tous les ans pour nos vacances. Ils ont une résidence secondaire près de la rue Carnot en ville.
Le premier matin des vacances, on se retrouve pour le bain.
J’installe ma natte sur le sable tranquillement alors qu’ils me font des signes pour se signaler à moi. Comme si je ne les avais pas vus ! Je prends mon temps, me tourne et me retourne. Je sais qu’ils vont me draguer et j’aime ce sentiment d’être désirée. Je les mate aussi. Finalement, après m’être tartinée de crème solaire, je finis par les rejoindre au petit trot. Il faut savoir doser pour ne pas être emportée par les garçons.
Nicolas est beau gars et il le sait. Toujours bronzé, sûr de lui. Juste une petite cicatrice au-dessus de son arcade sourcilière gauche comme un accent circonflexe qui rend son visage énigmatique.
Benoit est grand, mince avec un sourire presque éternel. Assez réservé, il me couve de ses grands yeux bleus verts.
D’un coup, je plonge dans l’eau qui me ragaillardit et nage jusqu’à eux. On s’embrasse. On ne se serre pas encore, mais je sens la main de Nicolas qui enlace mon dos. Je l’enlève et lui fais de gros yeux. Benoit rit. Il aimerait bien lui aussi passer son bras derrière moi.
Humm, quelle chance pour nous.
On a eu notre bac et toi ?
Gros rires des copains alors que je souris.
J’éclate de rire. Nicolas a toujours ce charme d’associer l’humour et l’aplomb.
On plonge tous les trois, et on joue à qui sera le plus rapide.
Je me retourne et vois arriver clopin-clopant Paul.
Il me semble petit, maigre de loin. Il ne dépassera pas le mètre cinquante. Il a cependant beaucoup progressé et ne marche qu’avec une seule canne aujourd’hui. Hier encore il marchait avec les deux.
Je l’imagine me faire cette déclaration. Pas envie qu’il me drague.
Il traîne son gros godillot. Un malabar passe devant lui en le frôlant. Ils se toisent et s’invectivent. Le verbe est haut et les cris viennent jusqu’à nous.
Paul s’avance en levant sa canne. Il serait capable de lui foutre sa main sur la binette, de le bastonner. Je vais devoir intervenir avant qu’un pugilat n’éclate. Les copains, eux, regardent interloqués.
Le malotru passe son chemin alors que mon petit roquet le regarde avec hargne. Je suis sûre qu’il aurait aimé en venir aux mains. Juste pour se prouver qu’il n’a pas peur de rien. Il est fou.
Je le surveille d’un œil au cas où il faudrait intervenir. Je reprends ma discussion avec les frères.
Paul n’aimait pas du tout que je dise que je suis comme sa sœur jumelle. Pour lui la gémellité aurait voulu que j’aie les mêmes handicaps. Je dois donc me contenter de dire que je suis comme sa sœur. Je sens qu’il aimerait plus…
Ses parents étaient différents des miens.
Sa mère portait de grandes robes un peu gitanes, fumait des cigarettes sans filtre, qu’elle roulait elle-même et entreposait dans un étui en cuir, acheté sur un marché du Larzac. Elle avait milité plus jeune comme syndicaliste à la confédération paysanne. Elle aimait raconter qu’elle avait rencontré José Bové.
Gilbert, son père, faisait bouillir la marmite. Souvent à Paris, pour défendre la veuve et l’orphelin, il assistait des femmes victimes de leur bourreau de mari. Ils s’étaient rencontrés dans une manif, pour les droits des femmes. Elle brandissait une pancarte : « mort aux tortionnaires ». Il lui avait posé une question : « Et si les tortionnaires sont des femmes ? » Elle l’avait entraîné dans une farandole, puis au café, puis chez elle. La suite, une vie commune, un mariage, et Paul.
Paul s’entraînait à la marche, fier de lui et attendant que les yeux et le sourire de son père lui donnent l’approbation de ses progrès accomplis.
Il était à lui seul, le révolutionnaire de leur vie.
Dès son plus jeune âge, Paul a été vite mature.
Quand nous étions gamins, nous faisions les quatre cents coups ensemble.
Nos parents nous laisser faire, non pas par laxisme, mais parce que nos fous rires faisaient de Paul un enfant normal.
Dès qu’il fallait marcher un peu, je devais le prendre sur moi. Une bête à deux têtes. Il poussait des cris de cocher en me tapant les fesses pour que j’avance plus vite.
Paul a été un super camarade partageant nos glaces, faisant des rapports sur l’état de la mer : chaude ou froide, houle ou vaguelettes…
Il me faisait d’énormes châteaux de sable. Tous plus grands de jour en jour. En mûrissant, il a changé. Jamais satisfait de mon amitié.
Parfois adorable en m’achetant des cadeaux. Parfois détestable en me faisant des reproches sur sa triste vie. Pas toujours sûre de moi, il l’était pour deux.
Quand on est handicapé, la route est deux fois plus longue, deux fois moins large, deux fois plus pentue, deux fois plus caillouteuse.
Dès le départ de sa vie, il a trinqué.
Les médecins avaient annoncé à ses parents que des opérations étaient encore possibles, mais cela ne changerait pas son délai de prescription.
Un cœur délabré l’habitait et il lui manquait un poumon. Sa cage thoracique était déformée et il avait une bosse dans le dos.
Il accusait entre la naissance et ses premières années, trois opérations pour malformation cardiaque : les lobes ne communiquaient pas entre eux et le sang sortait d’une mauvaise perforation.
Le cardiologue lui avait fait un dessin.
Il gardait, après avoir été opéré, une insuffisance cardiaque l’empêchant d’efforts physiques.
Le corset qu’il portait redressait sa colonne vertébrale, mais ne raplatissait pas la bosse.
Sa grosse chaussure de cuir cachait le talon gauche déformé qui n’avait pas voulu naître avec lui et un pied qui regardait l’autre méchamment.
Les toubibs les plus bienveillants, les moins acharnés affirmaient qu’il valait mieux se préparer à son départ rapide et l’entourer de tout l’amour possible.
Sa mère veillait toujours à confondre les pronostics des toubibs.
Elle était forte. Il n’a jamais eu de frère ni de sœur. Elle était passée à autre chose.
J’aimais nos moments de complicité. Je ne le plaignais jamais. Il avait beaucoup de chance d’avoir ses parents, de pouvoir vivre presque normalement.
Mais je ne suis pas amoureuse de lui.
J’ai dix-huit ans, je ne le porte plus sur mon dos. Mais je l’ai toujours sur le dos !
Paul est enfin arrivé près de mes affaires, a déplié le siège que j’avais amené, et son plaid sur ses jambes comme les vieux qui s’installent pour plusieurs heures. Je n’aime pas quand il débarque alors que je suis avec Benoit et Nicolas. Il me fait signe. Il sait qu’on l’a vu. J’aimerais profiter pleinement de mes premiers instants avec les copains, mais lui décide autrement. Il me veut pour lui seul.
Pour les vacances de mes dix-huit ans, j’imagine les passer différemment.
En plus il a un sale caractère et peut s’emporter vite quand il n’a pas ce qu’il veut. Enfant unique, les parents l’ont gâté. C’est vrai qu’il a des circonstances atténuantes, mais quand même il pourrait être moins râleur.
Pour l’instant, pas de pression. J’ai un bon karma. C’est les vacances et il fait beau. Je ne pense qu’au présent. La vie est belle.
Paul – Irascible
Elle est déjà sur la plage avec les deux corniauds qui ne m’aiment pas. Faut dire que je leur rends bien. Dès qu’on est ensemble, je traîne encore plus le pied et je ricane. La dernière fois, Nicolas la ramenait sur ses futures études. À croire que c’est le summum d’un avenir pour les plus intelligents. J’en profite pour lui demander combien de rafales vendues cette année ? Il ne me répond pas et je lui indique le nombre. Métier incertain, dépendant des achats des autres pays.
Je fais un énorme effort pour venir et planter ma canne dans le sable humide l’avalant à chaque mouvement. Si tu ne te défends pas, cette plage est carnivore, morphale. Je ne pèse pas lourd, mais à chaque pas, mes chaussures tracent une marque qui se remplit de flotte.
Rien que pour les embêter, je rejoins Clara, clopin-clopant jusqu’à ses affaires et m’installe comme si nous étions ensemble. La tête qu’ils font. C’est jouissif de les voir me regarder avec une bouche de poisson en manque d’eau. Comme eux, j’aimerais pourtant aller me rouler dans les vagues, mais ça n’est pas possible. À la moindre vague, je boulerai et de plus, je ne veux pas qu’ils voient mon corps. En fait je ne sais pas nager. Ma Clara a promis de m’apprendre. OK, mais pas de suite, quand les vacanciers seront rentrés à demeure et nous auront désertés.
Maman me freine régulièrement :
Ah enfin ils répondent à mes signes, mais Clara reste avec eux. La vache.
Toute l’année, je l’ai appelée pour prendre de ses nouvelles. Elle ne décrochait qu’une fois par semaine. Elle se prend pour qui !
Elle part sur Lille faire ses études me laissant seul. Elle logera en coloc. Les colocataires sont veinards. J’aimerais pouvoir profiter d’elle tout l’été. Rien que nous deux.
Ça y est, elle sort de l’eau telle une diva. Putain, qu’elle est belle avec ce deux pièces. Je n’ai pas assez d’yeux. Les deux autres cons sont là et l’entourent comme des gardes du corps.
Et me voilà refermé comme une huître. Les huîtres ne font pas les jeux. Elles se font bouffer toutes crues !
Clara propose qu’on aille se boire un café sur la digue. C’est parti vite pour eux trois. Je me la joue comme si de rien n’était, mais j’ai très mal à la patte et au dos et tous mes efforts font que je souffle comme un bœuf. La plage a commencé à se remplir d’individus regardants et je sens leurs yeux dardés sur ma petite personne. Un gars me propose son bras. Je réponds violemment que ça ira. Mon ton est venimeux. Je reste dans mon couloir de vue et ignore les voyeurs.
Je rejoins les copains, ils sont sur leur téléphone.
Clara me commande un café. Elle a eu cette bonté de ne pas le commander avant pour qu’il ne soit pas froid avant mon arrivée.
Je reconnais le serveur. C’est sa deuxième saison et il va encore draguer Clara. Les potes se lèvent, nous saluent et se coursent au plus rapide vers chez eux.
Le garçon de café est en approche.
Je me décide à me mêler à leur échange, suintant d’ironie.
Clara a la moutarde qui lui monte au nez. Elle est fâchée de mon intervention.
Arrête de geindre. Tes jérémiades, je commence à en avoir marre, plein le dos. Je suis sûre que tu es capable de bouger autant que Sylvain.
Peut-être pas à pour tous les emplois. Tu pourrais faire des études, plus loin. Ce n’est pas si compliqué de sortir de sa tanière.
J’aboie et je suis presque à bout de souffle.
Elle fait redescendre la pression en baissant la voix.
Sylvain a disparu. Parti travailler et ramener mon café.
J’ai l’impression que tout le monde sur la terrasse me regarde. Je transpire à grosses gouttes et mon tee-shirt est sans forme.
Je n’aurais pas dû marcher aussi vite. Je bois le verre d’eau de Clara aussi vite que je peux. Elle me regarde avec interrogation et bouge la tête en question muette. Elle sait qu’il vaut mieux me laisser quand j’ai une crise d’essoufflement. Elle commande une bouteille d’eau minérale.
Je suis avachi sur la chaise en plastique. Le cul déjà collé par ma transpiration. Peu habitué à me voir pantelant, Sylvain, le Don Juan de Clara m’interroge du regard, mais Clara lui pose la main sur le bras pour qu’il n’intervienne pas. Il me faut plusieurs minutes pour m’en remettre. La bête curieuse vous remercie.
Clara est une des rares personnes qui n’a pas ce coup d’œil intrusif avec moi.
Ou qu’il ne l’a plus.
Elle me comprend d’un simple regard. Dès la naissance, il y a eu un signe, une connivence. C’est pour cela qu’elle m’est destinée, comme une promise. Elle lutte encore, mais elle y viendra inexorablement. Si elle se refuse à moi, je prendrai ce qui m’est dû ou nous mourrons ensemble. Tel est notre futur.
Clara – C’est pas le pied
La première fois que j’ai vu son pied, j’ai dû pâlir, avoir un haut-le-corps. Il avait pris son temps pour le dénuder, comme une danseuse de bar qui se dépouille devant les clients.
Nous n’avions que sept ans et je voulais juste jouer. Pas tout entrevoir, discerner, examiner. Mais lui, il souriait, se moquait déjà, m’embobinait. Il a à peine hésité, peut-être pour me contrôler et me domestiquer.
Son regard allait de mes yeux à son pied. Il a pris son temps, pour ranger sa chaussette dans sa grosse godasse qu’il a posée calmement près de lui.
J’attendais patiemment. Je suis une fille tranquille, calme et sereine. Mais ce que j’ai vu dépassait l’entendement et ma compréhension.
Il lui en manquait un bout.
Nos pieds sont plats et forment comme une équerre depuis la cheville. Le sien ressemblait à une patte d’autruche. Pas de talon. Il reposait sur sa plante et ses cinq doigts. De plus, son pied était tourné vers l’intérieur. Un pied bot. J’ai pensé à une girouette dont l’axe était rouillé et ne permettait pas de revenir en position droite. La peau était rosée, un peu flétrie. Les doigts de pied étaient normaux comme la cheville et les ongles bien taillés.
Je gardais mes yeux grands ouverts. Je n’ai pas poussé d’exclamations, ni de râles, ni de murmures. Puis j’ai haussé les épaules, et lui ai demandé de jouer dans le sable avec moi.
En rentrant à la maison, je me suis enfermée dans ma chambre, enfoui ma tête dans l’oreiller, versé quelques larmes et je me suis jurée que plus jamais, il ne me ferait pitié. Il est bien trop intelligent pour l’accepter et moi trop fière pour lui accorder.
Devant le miroir, j’ai imaginé mon pied sans le talon. Et j’ai boitillé, clopiné, claudiqué de long en large pour percevoir ce que ça faisait.
J’ai compris le déhanchement, le genou mis à l’épreuve, le bassin qui dandine, l’autre jambe qui doit assurer l’équilibre, et les cannes pour appui.
Benoît – Gauche
C’est un été très spécial. C’est la fin de l’insouciance. Bac en poche, direction à la rentrée vers des études de médecine. La première année est un cap difficile à passer. J’ai hâte néanmoins d’y être. On a deux mois, pour profiter un max. et je ne vais pas m’en priver. La belle Clara sera à moi. Le grand saut. On rit bien ensemble, c’est important. J’ai toujours eu peur qu’elle préfère Nicolas, le bellâtre, mais elle passe entre nous sans nous laisser plus d’espoir à l’un comme à l’autre. De temps en temps, j’ai le droit à un clin d’œil et moi, je reste baba avec mon air de jeune premier et un petit sourire qui dessine mes lèvres.
J’aimerais l’embrasser, la prendre dans mes bras, caresser ses cheveux et l’emmener dans mon lit. Tous les matins, je me regarde de la tête aux pieds pour vérifier que tout est parfait et que rien ne la rebutera.
De Paul, je ne suis pas jaloux. Elle l’affectionne. Beaucoup trop d’attention pour ce nabot qui commence sérieusement à m’énerver. Je suis patient et pas chiant comme mec. Mais lui bat tous les records de mauvaise foi, de perversité et de cruauté. Clara est bien trop gentille avec lui. Il ne la mérite pas.
Il s’interpose toujours entre elle et nous. Il est jaloux et ne nous compte pas parmi ses amis. Je vois bien qu’il aimerait s’approprier Clara, rien qu’elle. Je ne lui connais pas d’autres amies femmes d’ailleurs. Il n’y a qu’elle qui compte. Je l’imagine parfois lever sa canne si elle ne fait pas ce qu’il attend. Clara m’a confié qu’elle était sûre qu’il ne lui ferait jamais de mal, mais moi, je n’en suis pas aussi sûr.
Alors que nous étions venus chez lui inviter Clara, je l’ai vu fondre sur le facteur, car le colis était abîmé ! Nous nous sommes interposés avant que cela ne dégénère. Ça rend triste Clara. Mais il n’y a qu’elle pour le raisonner. Quand elle lui fait la gueule, alors il redevient comme un petit garçon et s’excuse. Uniquement auprès d’elle.
Un jour alors que ses parents étaient là, il nous a invités. Il était heureux de nous présenter comme ses meilleurs amis du monde. Ses parents étaient ravis qu’il ait des copains. Se doutent-ils de son caractère ? De ses colères ? Et de nos relations réelles ? Certainement.
Clara est différente des autres. Il ne faut pas la bousculer, lui ordonner. Elle n’est pas frêle pour autant. Juste délicate.
Ce soir, je lui fais le grand jeu à la maison. Nico sera de sortie. Elle aime les huîtres. Je passerai chez le poissonnier avant de rentrer.
Clara – Sucre ton cœur
Benoit m’a invité à dîner et visionner un film chez lui ce soir. Il va tenter de me séduire. Trop vite, trop tôt. Benoit est celui que je préfère, mais je n’ai pas envie encore de brûler la chandelle.
Paul a encore besoin qu’on soit près de lui. On a grandi ensemble. Il a une telle perception de mes sentiments qu’il sentirait de suite si j’ai changé dans mon attitude. Je voudrais d’abord qu’on finisse tous nos études. Le problème est que certains mettront plus de temps que d’autres.
J’ai vu les parents de Paul dernièrement et j’ai trouvé sa maman fatiguée et vieillie. C’est tellement bizarre. Elle a toujours été dynamique et je ne sais plus qui j’ai le plus aidé : elle ou Paul.
Faut dire que Paul est parfois odieux avec elle. Cette femme est naturellement résiliente.
Un matin, il avait décidé de mourir. Et pendant sa douche, il est resté très longtemps sous l’eau froide afin que son cœur s’arrête définitivement. Quand elle l’a découvert, elle a eu une peur bleue et a dû appeler le SAMU. Régulièrement, il lui fait vivre une ambiance de fin du monde. Il traîne ses pieds, ne parle plus, reste avachi dans le fauteuil, refuse de se nourrir, râle comme un mourant. Il exerce une nature rance volontairement sous un éclairage de chantage auprès de sa mère.
J’ai beau lui déclamer qu’une maman est un être spécial pour qui on doit gentillesse et amour, mais voilà il a toujours à redire.
Avec lui tout est blanc ou noir, mais je connais sa ritournelle.
Ta mère n’a pas fait le choix de te voir handicapé. C’est la nature. Elle n’a sûrement jamais voulu cette situation.
Tu te complais dans cet état et pour l’instant tu as la chance de réussir bien plus que d’autres.
Tu devrais sortir, aller au ciné, écouter des concerts, aller plus loin que la plage. Tu pourrais même apprendre à conduire et avoir une voiture. Alors, bouge-toi. Ça nous fera des vacances de te voir un peu plus heureux au lieu de passer ton temps à te lamenter.
Tu veux me plaire, mais tu ne fais rien pour cela. Il serait bon que tu sucres un peu ton cœur. Tu sais « celui qui doit s’arrêter ». Donne-lui un nouveau carburant.
Il a baissé la tête.
Paul est arrivé avec un caleçon vert fluo, tape à l’œil.
Je tire par la main mon récalcitrant.
Paul – Bain de mer
Mâchoires contractées par le froid ou par la peur.