La chemise à fleurs - Bastien Payramaure - E-Book

La chemise à fleurs E-Book

Bastien Payramaure

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Beschreibung

"La chemise à fleurs" est une histoire émouvante se déroulant à La Havane en temps de guerre et mettant en avant la résilience de deux femmes face à l’adversité. Cuba, autrefois paradisiaque, est désormais un champ de ruines, plongeant les vacanciers dans l’horreur. Les survivantes luttent pour trouver l’espoir au milieu du chaos, affrontant des défis tels que les militaires corrompus et les tempêtes de poussière.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Bastien Payramaure puise son inspiration de sa vie quotidienne, de ses passions, des actualités et, notamment, de ses voyages. Son roman, "La chemise à fleurs", est un récit de résilience et d’espoir face à l’adversité.

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Couverture

Page de titre

Bastien Payramaure

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chemise à fleurs

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Bastien Payramaure

ISBN : 979-10-422-3068-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

Prologue

 

 

 

Lucie arriva trempée à l’entrée du café, ses amies étaient déjà là. Elle avait oublié son parapluie et la station de métro était un peu loin. Elle entra et s’assit avec ses trois copines qui rigolaient aux éclats. Les quatre femmes s’étaient rencontrées en cours et fêtaient, ce soir-là, leurs diplômes de médecine qu’elles venaient d’obtenir. Toutes les quatre discutaient du choix des spécialités qu’elles allaient prendre une fois en internat. Lucie pensait entrer en chirurgie, mais se rappela ce qu’avait dit son professeur.

Il pensait que la seule et vraie expérience était celle du terrain. Qu’elle pourrait avoir un avantage important sur les autres internes, si elle avait participé à de l’aide humanitaire ou du secourisme par exemple.

Elle n’osait pas parler de son désir de partir à ses proches, de peur qu’ils ne la dissuadent.

Les femmes buvaient un café, elles organisaient leurs soirées. Restaurant, bar, boîte de nuit… La soirée allait vraiment prendre une bonne tournure, pensa Lucie.

Les télévisions du café qui passaient les informations en continu attirèrent l’attention de la jeune femme. Des images d’enfants courant dans les débris, de secouristes portant des blessés en civière, des hôpitaux de campagne, Lucie se dit que c’est là-bas qu’elle pourrait montrer sa valeur, prendre de l’expérience et revenir enrichie de souvenirs uniques.

— C’est où ça ? demanda Lucie en montrant la télévision à ses copines.
— Cuba ! C’est Cuba, Lucie ! répondit l’une d’elles.

 

 

 

 

 

Chapitre I

 

 

 

Cela faisait trois mois depuis « l’événement », Lucie était arrivée à Cuba avec la deuxième vague de secouriste, elle qui avait espéré venir en aide à des blessés, ne passait plus que son temps à fouiller dans les décombres de La havane à la recherche de corps.

Son quotidien la plongeait dans l’horreur, la poussière et la mort.

 

Ce matin-là, elle se leva encore fatiguée et morose, enfila sa combinaison qui la protégeait des radiations, de la poussière qui recouvrait la ville et des quelques incendies que les pompiers maîtrisaient avec difficultés.

Elle qui rêvait d’hôpital de campagne où l’on sauve toute personne abîmée, ne passait plus que ses journées à remplir des tentes immenses transformées en morgues. Trouver des corps était la seule chose qu’il restait à faire, scruter les alentours pour y trouver des informations sur les morts afin de pouvoir identifier des cadavres dont les familles désespéraient de les retrouver un jour.

Elle se présenta à la tente de commandement, l’agitation des premiers jours était retombée, et les visages étaient lugubres. Le commandant Alvarez esquissa un léger sourire en voyant Lucie, plus par réflexe que par réelle joie.

Alvarez était un ancien militaire cubain, reconverti en pompier secouriste, c’est lui qui avait accueilli Lucie à son arrivée, et s’occupait maintenant de la logistique des recherches.

— Bonjour Lucie ! Aujourd’hui, nous attaquons une nouvelle zone de recherche, lança-t-il avec un enthousiasme exagéré.
— Bonjour Commandant, dites-m’en plus, des pistes pour d’éventuels survivants ? demanda Lucie naïvement.
— Malheureusement, non. Il s’agit du port de plaisance Santa Clara, un lieu touristique. Nous pensons que nous pourrions plus facilement identifier les morts là-bas, les touristes voyagent avec beaucoup de documents et prennent plein de photos, de plus, reprend-il sur un ton plus sévère, les autorités américaines nous mettent la pression pour que nous retrouvions tous leurs ressortissants.
— Bien, commandant, je me mets en route, Luis est déjà là ?
— Oui, il vous attend près de la Jeep.

 

La jeune secouriste attrapa quelques fournitures, lampe torche, kit de secours, talkie-walkie, et les glissa dans son sac, avant de sortir de la tente.

Luis fumait une cigarette adossé à la voiture, il regardait dans le vide l’air pensif, finalement comme tous les Cubains que croisait Lucie. Les horreurs qu’ils venaient de subir avaient durement touché les locaux, et même si Lucie était française, elle ne pouvait s’empêcher de compatir et d’être aussi touchée et émue que s’il s’agissait de la France.

À son approche, Luis écrasa sa cigarette et grimpa derrière le volant de la voiture.

— Holà señorita ! Où va-t-on aujourd’hui ? demanda-t-il à Lucie.
— Le port de Santa Clara, tu connais ?
— Sì ! Mais la route est un peu compliquée, il faudra sûrement finir à pied.

 

Elle hocha la tête et escalada la portière de la Jeep, puis s’installa à côté de lui. Luis démarra la voiture, une musique cubaine se mit en route en même temps. Il s’agissait d’un CD de Luis, les radios étant toutes réduites en cendre, il n’y avait que la musique de Luis pour rappeler à Lucie qu’elle était bien à Cuba, et non dans un cratère lunaire comme le semblait suggérer le paysage.

 

Ils firent plusieurs kilomètres de route, tantôt des tronçons de route encore viables, tantôt des sentiers improvisés. Le tout-terrain était éprouvé chaque seconde. Ils traversèrent même un bâtiment, faute de passage extérieur, celui-ci, totalement en ruine, était le reste d’une école ou d’un orphelinat, car on pouvait y voir encore des dessins d’enfants et des tableaux noirs, ce qui rajouta encore plus d’horreur à ce paysage ravagé et désolé de La Havane.

Lucie se demanda si les enfants de ce lieu avaient pu fuir, puis essaya de ne plus y penser, car la réponse était trop évidente et la rongeait encore un peu plus.

Au bout d’une trentaine de minutes de route, le vent se leva et avec lui un nuage de poussière digne d’une tempête de sable du désert saoudien. Lucie attrapa son masque et l’enfila, Luis, quant à lui, baissa ses lunettes enveloppantes qu’il avait sur le haut de son crâne et remonta son foulard qu’il portait autour du cou pour couvrir son nez et sa bouche. Mais malgré leurs protections, la visibilité commençait à être nulle. Luis arrêta la voiture près d’un bâtiment encore partiellement intact et hurla à Lucie :

— On va pas plus loin en voiture ! Ce serait trop dangereux, on y voit rien.
— Il nous reste beaucoup de distance ? demanda-t-elle à son chauffeur.
— Je dirais un ou deux kilomètres, il faut partir direction sud-est puis une fois qu’on atteint la mer on longe vers le nord, on tombera dessus, expliqua Luis.
— OK. Préviens le QG par radio et on se met en route.

 

Luis s’exécuta, attrapa le micro de la Cibi et parla en espagnol, la réponse à la radio fut à peine perceptible par Lucie, le vent était encore très violent.

Les deux compères partirent, laissant la voiture à l’abri du vent, et commencèrent une randonnée aux allures de traversée du désert. On ne voyait pas à cinq mètres, le sol était jonché de débris en tous genres. Ils avancèrent lentement, un pas après l’autre, traversant les restes de La Havane, dans une ambiance post-apocalyptique.

 

Au bout d’une heure, le vent se calma et progressivement la poussière redescendit, laissant apercevoir le rivage, puis le bruit des vagues vint aux oreilles de la jeune femme. Elle retira son masque et s’écria :

— La mer !
— À partir de maintenant, garde la mer à ta droite et remonte le long de la côte, tu devrais apercevoir les bateaux de plaisance, ce sera Santa Clara ! expliqua Luis.
— Tu ne viens pas ?
— Non, la tempête s’est levée, je vais rapprocher la voiture, si nous trouvons des corps ce sera plus simple, je te retrouverai, dans le doute, reste près du rivage.
— D’accord !

 

Elle attrapa deux talkies-walkies dans son sac, en accrocha un sur sa ceinture puis jeta l’autre à Luis.

— Au cas où il y aurait un souci, on reste en contact, expliqua-t-elle.

 

Luis fit demi-tour en faisant un petit signe d’acquiescement à Lucie, puis s’en alla. Au bout de deux minutes, il avait disparu de sa vue.

Lucie se retourna vers sa destination, soupira, et commença à marcher.

— Quelle idée j’ai eue… murmura-t-elle pensive.

 

Il faut dire que la jeune femme était fraîchement diplômée de médecine, et pensait qu’une ligne en plus sur son CV « participation à des aides humanitaires », avant d’entrer en internat ça en jetterait plus.

Mais elle était loin de se douter de ce qui l’attendait sur place. Elle qui partait pour être bien vu auprès de ses paires en France, était restée, car ce qu’elle avait vu l’avait marqué à jamais. Impossible pour elle de ne pas être touchée par la souffrance des Cubains.

 

De longues minutes passèrent, elle avançait péniblement dans le sable. La fatigue commença à se faire sentir, elle avait les yeux rivés sur le sol par peur d’un obstacle. Elle ne le vit pas tout de suite, mais en redressant sa tête, un paysage cauchemardesque se dessina non loin d’elle.

Des carcasses de bateaux en tous genres, immenses épaves de yacht et petits bateaux de plaisance étaient les uns sur les autres. Un peu comme si une vague géante les avait repoussés en force sur le rivage. Des centaines de mâts se dressaient, comme des croix dans un cimetière géant. Il avait beau faire jour et très chaud, l’ambiance était lugubre, froide et effrayante.

« Qu’allait-elle trouver ? » se demanda-t-elle.

C’était une zone encore inexplorée depuis « l’incident » et elle se fit la remarque qu’elle et Luis n’étaient peut-être pas assez de deux pour gérer la zone. Il faut dire que le personnel de secours avait beaucoup diminué depuis qu’aucun survivant n’avait été trouvé. Plus d’un mois s’était écoulé depuis le dernier « vivant », et la tente du QG semblait chaque jour un peu plus vide.

Mais Lucie ne pouvait pas se résoudre à partir, pas maintenant, pas après avoir vu les ravages et les souffrances de ce peuple. Alors déterminée, elle accéléra le pas et se rapprocha de ce cimetière à bateau.

Plus elle approchait, plus les épaves laissaient apercevoir derrière elles ce qui semblait être les restes de bâtisses colorées, dont Cuba a le secret ainsi que des carcasses de voitures des années cinquante, typique des lieux touristiques.

En slalomant les bateaux, elle vit le ponton de la marina. Elle l’escalada et se retrouva face à un énorme panneau, autre fois lumineux « Santa Cl… », le reste avait dû se disloquer.

— Ça y est, j’y suis ! dit-elle soulagée.

 

Elle attrapa son talkie.

— Luis ? J’y suis ! tu m’entends ?

 

Une voix un peu grésillante répondit :

— Sì ! Te escucho ! Je ne suis plus très loin, mais la voiture ne passe pas partout, je dois faire un détour, commence les recherches sans moi, mais cuidado Niña, c’est peut-être encore dangereux ! s’inquiéta Luis.
— Ne t’inquiète pas, Luis, je suis une grande fille ! lui rétorqua Lucie.

 

Elle raccrocha l’appareil à sa ceinture puis reprit sa route.

L’endroit était ravagé, tout était penché comme si une déflagration avait eu lieu non loin de là et avait soufflé les édifices, les panneaux et les arbres dans le même sens.

Un bâtiment moins détruit que les autres attira son attention. C’était les restes d’un bar, ou alors d’une boîte de nuit, le genre d’endroit où l’on rigolait, dansait, flirtait, en étant insouciante, pensait-elle. Le genre d’endroit qu’elle aurait aimé fréquenter durant des vacances avec ses amies parisiennes.

Des blocs de gravats bloquaient l’entrée, elle essaya de les déplacer, mais en vain. Alors elle se mit à faire le tour en longeant les murs, elle trouva un trou béant sur la droite du bâtiment. Elle franchit cette entrée improvisée en faisant bien attention de ne toucher à rien de la structure, comme lui avait appris Luis. Le moindre faux pas pourrait entraîner un éboulement et elle se trouverait prise au piège à son tour.

À l’intérieur, le mobilier avait été soufflé aussi, mais le bar tenait encore debout. Les bouteilles d’alcool qui devaient se trouver sur l’étagère derrière le bar, par contre, s’étaient toutes éclatées par terre le long du mur. On pouvait sentir l’odeur du rhum encore bien présente. Lucie avança lentement, le parquet grinçait à chacun de ses pas. Elle se dirigea vers une porte à droite du bar, qui semblait encore en état. Elle l’ouvrit et lâcha un petit cri de stupeur, tout en tombant en arrière sur les fesses.