La lampe magique… Maléfique ! - Dany Verplaetse - E-Book

La lampe magique… Maléfique ! E-Book

Dany Verplaetse

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Beschreibung

Depuis des millénaires, un coffret magnifiquement orné apparaît mystérieusement dans des foyers choisis. À l’intérieur se trouvent un parchemin ancien et une lampe magique, capable d’exaucer un vœu en échange d’un prix révélé seulement après la demande. Le dilemme est intense, la tentation irrésistible. Faut-il accepter ou refuser ? Saisir cette chance unique ou la laisser échapper ? Dans une réalité où la logique se dissout, chacun se retrouve face à une énigme envoûtante : comment naviguer dans ce monde déroutant où chaque décision peut changer le destin à jamais ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Dany Verplaetse a écrit cet ouvrage après avoir découvert une lampe à huile sur une étagère de son domicile. Immédiatement captivé par celle-ci, les idées ont germé en lui, comme une plante qui pousse lentement. Tel un pianiste devant sa partition, ses feuilles s'illuminaient de cette aventure.

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Dany Verplaetse

La lampe magique…

Maléfique !

Roman

© Lys Bleu Éditions – Dany Verplaetse

ISBN :979-10-422-4154-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Une découverte stupéfiante

Au cours des vacances d’été, une jeune et charmante demoiselle de douze ans proposa son aide à son papy de quatre-vingt-douze ans pour vider son grenier, de sa belle et grande villa. Ce vieux monsieur le demandait à son fils depuis le décès de son épouse, deux ans plus tôt. Il désirait se débarrasser de toutes les antiquités conservées par son épouse. Ce papy laissa sa petite fille s’organiser seule et gérer au mieux la situation alarmante à ses yeux, comme elle le désirait. Il ne pouvait plus, à son âge, la suivre dans ses péripéties, monter allègrement les escaliers et effectuer de nombreux allers-retours. Ce bric à broc ne comptait plus à ses yeux, des objets amoncelés tout au long de leur existence, lors de leurs nombreux voyages dans le monde. Pour son épouse, il fallait les conserver. Elle disait toujours : « on ne sait jamais dans la vie. Cela pourrait être utile un jour ou l’autre, pour eux ou quelqu’un d’autre. » Désormais, il fallait descendre toutes les affaires, qu’il offrirait à sa famille, à des amis et à une association qui se chargerait de vendre les objets, pour permettre la réinsertion de jeunes adolescents en difficultés, sur la mauvaise pente, à reprendre un bon départ. Une bonne initiative en soi. Son épouse serait fière de cette solution peu contestable. Julie descendit une dizaine de cartons dans la véranda pour commencer le grand déballage. Elle y découvrit des vêtements et du linge de maison. Elle empila les cartons dans le garage selon leur contenu. Elle continua ses allers-retours du grenier à la véranda, puis au garage. Des caisses de jouets anciens l’inspirèrent un peu plus. Elle les installa dans le couloir pour les emporter à son domicile. Le garage s’embarrassa de bibelots, de vaisselle, de livres, de revues, de matériel de pêche, de petits guéridons souvent vermoulus, d’une vieille horloge à réparer. Après trois heures de travail intensif, Julie descendit un coffre, marche après marche, avec beaucoup de délicatesse. Elle ne voulait surtout pas l’abîmer ou le détruire, ni le laisser dans le grenier, oublié de toute personne, sans connaître une nouvelle existence. Son papy l’aida à le déposer sur la table.

— Quel beau coffre ! s’exclama Julie.

— Tu as raison. Il est magnifique, sculpté dans le bois et orné de matériaux brillants de toute part.

— Comment est-il parvenu dans la maison ?

— Mamie l’a acheté lors d’un voyage au Pérou. Sur un marché typique de la région qui offrait l’abondance et en même temps la rudesse du coin, que nous visitions en bon touriste. Dans une petite boutique non loin de la place principale, mamie l’a découvert et a tout de suite aimé ce coffre. Elle semblait comme attirée, ou si tu préfères obnubilée par sa prestance, sa couleur, son relief et sa provenance d’une contrée lointaine, dont nous n’avons pas retenu le nom. Mamie ne pouvait plus détacher son regard de l’objet. Elle semblait animée par lui. Nous n’avons même pas négocié le prix. Elle le désirait énormément. Nous le conservions dans le salon jusqu’au changement de style de la pièce. La clé doit, si je ne me trompe pas, se situer sur le rebord du bougeoir du bahut en chêne dans la salle à manger. Va donc la chercher ma puce.

— Est-elle de couleur or ?

— Oui, une clé sculptée.

— La voici.

— Merci, ce coffre est un méli-mélo de petits compartiments. Un véritable casse-tête pour repositionner chaque boîte en bois aux motifs variés. Je dirais que mamie ne l’a jamais démonté dans sa totalité, seulement les deux premières rangées. Elle avait peur de ne plus pouvoir le reconstituer dans son état d’origine.

— Le tissu est magnifique. Cette couleur bleu nuit avec toutes ces étoiles couleur or scintillantes et cette flamme orangée au centre de chaque boîte. Que représente-t-elle ?

— Je n’en sais rien. Je ne me suis jamais posé cette question. La beauté de la représentation suffisait largement à nos yeux.

— Je l’adore.

— Je te l’offre. Mamie apprécierait ce don. Elle t’aimait tellement.

— Je le rangerai précieusement dans ma chambre. Il me servira pour ranger tous mes trésors.

— Que reste-t-il dans le grenier ?

— Rien, juste beaucoup de poussière.

— Tu as très bien travaillé. Merci Julie.

— Ce n’est pas grand-chose papy.

— Voici pour toi.

— Non merci. Je ne te demande pas d’argent. Je refuse. Et puis, j’ai reçu des cartons de jouets et une superbe malle. Cela me suffit amplement.

— Je te le donne de bon cœur.

— Range cet argent dans ton portefeuille.

— D’accord, j’acquiesce à tes désirs, chère mademoiselle Julie. Voilà ton père.

— J’espère qu’il acceptera d’emporter toutes ces affaires.

— Il ne te refuse jamais rien. Tu le sais parfaitement.

— Pas toujours. S’il sifflote, ce sera bon signe. Sinon, je bataillerais pour lui faire entendre raison. Salut papa.

— Bonjour ma fille, bien trop gentille. Que désires-tu ?

— Tu me connais par cœur.

— J’attends ta réponse.

— Emmener quelques affaires : les trois cartons dans le couloir et la malle, s’il te plaît, papa.

— Et autres choses ?

— Non ! Je me contente de cela !

— Tu débarrasses papy, pour embarrasser notre maison. Ta mère sera ravie. Je l’entends déjà râler, jeter ses bras au ciel devant tes nouvelles fantaisies, qui nous mèneront nulle part.

— Je trierais ces cartons à la maison dans ma chambre. Je pourrais rêver devant chaque objet. Imaginer leur provenance, leur interpréter une histoire et me la raconter. Vous dîtes toujours que je n’ai pas d’imagination.

— Et comme d’ordinaire, tu stockeras et empileras au fond de ton placard, sans jamais y retourner.

— Comme ta mamie !

— Et nous finirons par jeter l’inutile, en faisant un grand ménage en ton absence.

— Non, je garderai l’essentiel, le vraiment utile.

— Et pour le reste ?

— Je ferai des heureux ou vendrai des pièces anciennes en bon état.

— Dépose tes biens dans le coffre. Mais n’attends pas mon aide. Tu les veux, tu les portes.

— Merci papa, dit-elle en l’embrassant.

— Une vraie petite fée du logis ta fille. Elle a merveilleusement bien travaillé.

— La malle de maman.

— Non, la malle de Julie.

— Tu lui donnes ?

— Elle sera entre de bonnes mains.

— Tu peux en être sûr.

En rentrant chez elle, Julie monta toutes les récupérations dans sa chambre, avant le retour de sa mère du travail. D’emblée, elle déballa les cartons, jetant les jouets cassés, alignant les plus beaux sur les étagères de sa grande bibliothèque, se décidant de vendre le reste. Puis installa, sa nouvelle malle à côté de sa table de nuit, sous la fenêtre. Elle l’admira sous toutes les coutures. Avant le repas, elle descendit quatre à quatre les marches de leur splendide escalier en chêne massif, les bras chargés de jouets inutiles pour les revendre. Son père trouvait cette idée très farfelue. Ces jouets, dans un état très médiocre, ne pouvaient pas être vendus. Julie décida de les offrir à une association pour des enfants démunis. Toute la famille applaudit son choix. Ils passèrent à table. Julie parla de toutes les trouvailles du grenier de grand-père et anima toute la période du repas. Après sa bonne action, elle se coucha paisiblement. Vers minuit, elle se réveilla. Julie pensait qu’il était déjà l’heure de se lever. À sa grande surprise, après un rapide coup d’œil sur son réveil, elle décida de se rendormir pour plusieurs heures. Pourtant, une lumière forte l’avait bel et bien réveillée. Elle n’y comprenait rien. Probablement, une lumière sous la porte de sa chambre en provenance du couloir. Son père ou sa mère devait être éveillé de toute évidence et descendait l’escalier sous le spot du couloir. Elle se rendormit sans plus y penser. La nuit suivante, le même phénomène se produit à la même heure que la veille. Cette fois, Julie, tournée dans le bon sens, regarda l’éclat lumineux sortant des interstices de sa malle. Elle s’installa immédiatement sur le rebord de son lit et ouvrit délicatement le couvercle de la malle, pour y découvrir une lumière intense, brillante comme de l’or, venir du fin fond de la malle. Elle ne pouvait quitter du regard cette étrange découverte. Au bout de quelques minutes, la lumière s’atténua et s’arrêta. Julie mit un certain temps pour reprendre ses esprits. Une certaine excitation montait de son corps. Elle reprit son souffle au bout de trente minutes. Elle s’allongea, mais ne trouva plus le sommeil. Que révélait cette malle ? Pourquoi ce soudain rayonnement ? Pourquoi cette réaction ? Pourquoi cet intérêt insupportable ? Que m’arrive-t-il en ce moment et à l’ouverture de cette malle ? Pourquoi toutes ces questions ? Je ne suis plus moi-même. Est-ce un phénomène normal ou paranormal ? À qui puis-je en parler ? Pourquoi le dire ? Je peux le garder pour moi. Je résoudrai ce mystère, seule. Je suis capable d’y arriver. Dès demain, je commence mes recherches sur internet, sur l’origine de l’objet, sur son interaction avec moi, sur cette capacité de m’hypnotiser. Tous ces faits, je ne les ai pas rêvés. L’absurde ne provoque pas l’étrange. Julie se réveilla très fatiguée, au petit matin, bâillant énergiquement, avec pour seule envie de se rendormir sous sa couette bien chaude, incertaine de la vision de la nuit. Un rêve très réaliste perturbait ses réactions. Une fois dans la salle de bain, elle fut surprise de son état de fatigue, c’était les vacances et elle décida même de se recoucher quelques heures pour un sommeil réparateur. Elle s’endormit rapidement, mais l’effet cauchemar la fit sursauter. La lumière a pris vie dans son esprit cette fois. Elle leva et entreprit d’enlever chaque compartiment de la malle, les étalant sur son lit. Elle ouvrit chaque boîte, même les plus petites, sans rien trouver de bien spectaculaire. Seulement le vide complet. Elle admira la malle sous toutes les coutures, sans plus d’effet. Elle y trouva la marque d’un magasin. Après de multiples recherches sur internet, ce magasin avait disparu vingt ans plus tôt. Rien ne pouvait expliquer les faits de la nuit. Elle se résolut à passer à autre chose et à vaquer à ses occupations habituelles. Le soir, avant de se coucher, Julie retrouva toutes les boîtes sur son lit. Par manque de courage, elle les déposa sur sa commode. Elle s’en occupera le lendemain matin. Épuisée, elle dormit rapidement. À minuit, le rayonnement recommença, toujours en provenance de la malle vide. Instinctivement, elle ouvrit le couvercle. Une lumière intense l’éblouissait. Elle se distinguait au fond de la malle, par une boîte incrustée dans le bois. Comment la retirer, sans causer de dommage à la malle ? Il lui fallait comprendre. Elle retourna la valise cherchant un mécanisme. Aucune vis n’apparaissait dans le socle du dessous ni à l’intérieur. Pourtant, il devait exister une solution. Mais laquelle ? Pourquoi cette difficulté irréaliste ? Comme la veille, la lumière se stoppa. De peur de réveiller ses parents, elle regarderait ce phénomène le lendemain, calmement reposée. Dans la matinée, Julie prit le problème différemment. Il devait y avoir une solution toute simple pour ouvrir ce dernier boîtier. Aucune vis, aucun cadenas, pas d’ouverture pour une clé. Comment est-ce concevable ? râla-t-elle. Pas moyen de le tirer ou de le pousser. Julie s’arracha les cheveux face à cette énigme. Fallait-il simplement prononcer les bonnes paroles comme dans la caverne d’Alibaba ? Elle trouva cette solution totalement idiote et risible. Elle s’imagina de nombreux stratagèmes sans résultats. Vers midi, elle capitula. Déçue de ne pas y arriver. Après son repas, elle prit le problème à l’envers et se mit à réfléchir avant d’agir. Comment retirer ce dernier morceau ? Et s’il ne s’enlevait pas ? Que seul le couvercle se soulevait, ou l’un des quatre côtés. Aucune solution possible. Elle s’allongea sur son lit pour se calmer et peut-être penser autrement. En regardant, les autres boîtes, une lueur d’espoir la fit réagir. Elle attrapa une boîte et les compara. Seule différence, un nuage dédoublé dans la malle. Elle appuya sur la droite puis sur la gauche sans parvenir à son objectif. Puis des deux côtés en même temps, un cliquetis se produit. Un mécanisme se déclencha et le boîtier se souleva, comme monté sur des ressorts. Une autre boîte très bien décorée de nombreux motifs les plus variés et de couleur flamboyante s’y trouvait. Attendait-elle une personne pour la délivrer ? Est-ce un véritable cadeau ? Ou encore un trésor dissimulé depuis très longtemps ? Elle récupéra la boîte, qu’elle posa délicatement sur son lit et souleva le couvercle sans difficulté. Elle y découvrit une petite lampe à huile d’environ vingt centimètres de haut, de couleur orange, sans grande beauté, même plutôt moche, avec des motifs géométriques assez grossiers, colorés en vert et rouge, avec son mécanisme d’allumage à l’ancienne et sa mèche jamais allumée. Julie trouva cela très ordinaire. Pourquoi l’avoir conservée dans une si belle boîte, dans un écrin finement brodé, enveloppée de plusieurs couches de tissus ? Comme un objet d’une valeur inestimable qui pourtant ne devait pas coûter cher. La cohérence entre la lampe et la boîte était totalement désuète. Julie s’attendait à un véritable trésor, pas à une simple lampe très modeste. Elle l’a positionna tout de même pour la nuit sur son étagère face à son lit. Attendant minuit avec impatience et inquiétude. Comme chaque jour, la lampe s’illumina, pile à l’heure. Julie regarda la splendeur du rayonnement, jaillissant de plusieurs couleurs, orange, rouge, verte. De la base jusqu’au rebord supérieur, par tous les interstices, d’une beauté incomparable et époustouflante aux yeux de Julie. Pourtant, quelques heures auparavant, l’objet semblait si fade, si laid et bien plus encore. Elle ne la regardait plus de la même façon. Elle s’endormit paisiblement. Le lendemain, elle regarda la lampe sous toutes les coutures pour en comprendre le fonctionnement. Elle fut surprise de n’y découvrir aucun mécanisme électronique ou mécanique. Aucune solution pour déclencher les rayons lumineux. Elle ne comprit pas le fonctionnement. Pourtant, elle s’allumait chaque soir de façon automatique. Et s’éteignait au bout de cinq minutes chrono. Quelle astuce pouvait exister ? Cette lampe était aussi banale que toutes les lampes à huile les plus ordinaires. Julie prit la boîte ou plutôt le sympathique écrin pour y chercher un mécanisme à distance. Elle y découvrit un papyrus roulé sur lui-même et attaché d’une ancienne corde, un peu usée, prête à se détacher.

Très contente, elle démêla le nœud, précipitamment, puis déroula le parchemin au centre duquel apparaissait un dessin, la reproduction exacte de la lampe. Avec comme message : vous êtes en possession d’une lampe magique. Je m’illumine chaque jour à minuit pour continuer de battre au fil des siècles. Vous pourrez me dire un seul souhait et sous condition particulière. Chaque souhait s’accompagnera d’une demande de ma part. Vous ne choisirez pas. La lampe décidera à votre place. Votre vœu sera promulgué par le mystère de la lampe avec une contrepartie.

— Je ne comprends pas comment sera annoncée la contrepartie.

— Comme maintenant, j’écrirai sur le papyrus. Et je vous donnerai l’obligation à respecter dans votre vie future. Attention, réfléchissez bien ! Une fois annoncée, vous ne pourrez jamais revenir en arrière. Je disparaîtrai de votre domicile vers un autre lieu. Vous ne pourrez pas me retrouver, à aucun moment. Mais je vous surveillerais à tout jamais.

Pour actionner le dispositif du souhait, vous allumerez la mèche, une fumée blanche se dispersera dans la pièce, il vous restera cinq minutes pour formuler votre demande. La mèche s’éteindra. Votre vœu débutera dans les prochaines vingt-quatre heures, parfois immédiatement.

Je vous rappelle une action pour vous et une action pour moi. Le destin des souhaits de la lampe vous suivra toute votre vie. Maintenant, c’est à vous de jouer, si vous le désirez. Ce souhait et l’existence de la lampe magique ne devront jamais être révélés, sinon vous et votre famille subirez le mauvais sort.

Julie lit le message trois fois de suite. Quelle part de vérité recelait ce document ? Comment la lampe pouvait disparaître ? Peut-être un jour, si je la jetais ou l’offrais à quelqu’un, à un collectionneur d’objet ancien. Pourquoi mamie ne l’avait pas utilisé ? Peut-être ne désirait-elle rien de plus que sa belle vie avec papy ou mamie n’a pas aperçu la lampe, même si cela semble difficile de ne pas l’apercevoir. Elle brille intensément. Personne ne pourrait lui dire à présent. Julie pensa à des idées de vœu, parfois tellement grotesques ou infondées. Cette lampe trotta toute la journée dans sa tête. N’est-ce pas simplement une blague de mauvais goût ? Une idée ridicule pour des personnes idiotes, croyant à n’importe quoi. Je ne suis pas ce type de personne à se laisser entraîner dans ce sens. Mais tout de même, pourquoi ne pas essayer, se laisser tenter ? Qui n’accepterais pas ce genre de proposition ? Toute expérience est bonne à prendre, dit toujours son père.

Le monde de Julie

En fin de journée, les parents de Julie quittèrent la maison pour un repas de travail. Julie avait la maison pour elle. Elle prit une boîte d’allumettes dans le tiroir de la cuisine. Puis elle installa la lampe sur son bureau, gratta l’allumette et enflamma la mèche. Après environ une minute, un épais nuage de fumée se propagea dans sa chambre. Julie annonça immédiatement son vœu : être riche, toujours posséder de l’argent dans mes poches. En échange de ton vœu, tu devras offrir de l’argent, des cadeaux, du bonheur, du bien-être aux pauvres malheureux ou à tes amis. La flamme s’éteignit et absorba la fumée présente dans sa chambre. Rien ne se passait, Julie comprit le canular et sourit même d’y avoir cru.

— Je ne suis vraiment pas maline. Comment pouvait-on croire en de pareilles sornettes ? Qui, à part moi, peut y croire ? Je me sens ridicule. Je mange, puis je dors. Cela fait plusieurs nuits que je ne récupère plus mon sommeil, à cause de cette lampe. Une bonne nuit et tout reprendra son sens. Et dire que cela tombe sur moi. Mamie n’a jamais voulu comprendre le sens de cette malle. Elle n’avait pas tort. Je me sens encore plus bête. Pourtant cette lumière devait s’apercevoir dans leur salle à manger, bien en évidence contre le mur principal. À minuit, mes grands-parents dormaient et ne voyaient donc pas le laps de temps de luminosité. Il est l’heure de dormir maintenant. Mes yeux se ferment seuls. Demain sera un autre jour.

Le lendemain, Julie s’étira dans son lit. La nuit fut parfaite et reposante. Elle quitta sa chambre pour se rendre dans la salle de bains, se doucha tranquillement. L’eau chaude la revigora. Son cerveau se remit en route. Une soudaine pensée migra dans sa tête. Elle pensait à la lampe, plus comme un objet utile, mais comme une forme d’espoir impossible et improbable. Un conte de fées bien ficelé. Se séchant dans la salle de bain, quelque chose d’inconnu la tracassait. Elle n’en connaissait pas encore la cause. Son trouble la perturbait. En ce milieu de matinée ensoleillée, sans la moindre parcelle de nuage, une sensation montait du plus profond de son âme. Que lui arrivait-il ? Elle comprit, traversa la maison dans une parfaite nudité, jusque dans sa chambre. Elle n’en croyait pas ses yeux, la lampe et son coffret avaient disparu. Elle se pencha et regarda sous son lit avec l’intention de la trouver. Elle pouvait avoir glissé malencontreusement. Rien, absolument rien. La lampe avait quitté la maison, comme l’indiquait la prophétie. Sur la table, un message disait simplement :« Vous ne pourrez pas revenir en arrière sur votre vœu. N’oubliez jamais. C’est important ! » Ce message ridicule la fit rire. Son vœu ne se réalisait pas. Julie passa à autre chose. En début d’après-midi, ses amis la récupéraient pour une sortie au cinéma. Il était temps de s’habiller et de déjeuner avec le repas confectionné par sa mère la veille au soir. À quatorze heures tapantes, elle rejoignit ses amis. Elle récupéra le billet, pour payer l’entrée du cinéma, déposé par ses parents dans une poche de sa veste. La surprise fut énorme. Elle ne possédait pas un billet, mais plusieurs. Après avoir réglé sa place, Julie paya à ses amis des pop-corn et des boissons. Chose exceptionnelle et incroyable pour elle, qui habituellement passait pour une radine. Tout le monde accepta son invitation, sans rechigner à aucun moment. Une dizaine de billets de dix euros se cumulait dans sa poche. Elle voyait son vœu se dérouler et comprit les sens de la lampe magique. Elle ne réalisait pas encore l’impact sur sa vie. Elle regarda le film, sans réelle attention, pensant à cette lampe incroyable, disparue dans la nuit, sans connaître son futur destin. À la sortie du cinéma, ses copines la remercièrent encore une fois. Sa mère patientait au coin de la rue pour la récupérer tout de suite. En grimpant dans la voiture, Julie mit machinalement ses mains dans son blouson, après avoir attaché sa ceinture. Ses deux poches étaient fournies de billets de banque. Elle n’en dit mot à sa mère. Elle se rappela qu’il était interdit de révéler cette information à quiconque sous peine de malheur pour toute la famille. Heureusement, elle y pensa soudainement. En rentrant, Julie se précipita dans sa chambre et vida le contenu de son manteau. Malgré les dépenses au cinéma, elle possédait deux cents euros. Elle les déposa, sur-le-champ, dans sa tirelire. Avant de se raviser et de mettre son bien au fond de sa nouvelle malle, finalement très utile, pour ne pas découvrir sa nouvelle tirelire improvisée à l’instinct. Les jours suivants lui permirent d’accumuler un petit butin. À chaque sortie d’argent de ses poches, ce renouvellement se produisait. La somme devint considérable. Elle ne pouvait et ne devait pas prévenir ses parents. D’abord, elle serait traitée de menteuse et ils voudraient connaître la nature exacte de cet argent injustifiable. Julie décida de quitter la maison certains jours, indiquant à sa mère qu’elle travaillait pour aider des personnes âgées dans la ville. Elle demanda à sa mère de déposer son pécule sur son compte épargne. Même si Julie ne travaillait jamais et se promenait toute la journée. Toutes les semaines, elle aidait les restaurants du cœur ou d’autres associations d’aides à la personne. En distribuant régulièrement quelques billets. Ses parents appréciaient ses diverses tâches effectuées à droite et à gauche, sans se poser la moindre question. Pourquoi l’auraient-ils fait d’ailleurs ? Ils voyaient Julie investie dans de nombreux projets, tout en gagnant un petit pécule. Julie apportait régulièrement environ deux fois par semaine de l’argent. Lors de l’absence de ses parents, elles ne sortaient pas de son domicile. Ou se promenait dans les rayons d’un supermarché, achetant ses envies du moment sans réfléchir. Parfois de la nourriture qu’elle offrait aux pauvres malheureux résignés à faire la manche devant le magasin, assis à même le sol, l’été et l’hiver, qui la remerciait humblement de son action de solidarité pour toute sa famille. Elle continua ses travers de la même manière, jusqu’à son seizième anniversaire. Jonglant entre ses sorties, ses cours, son travail scolaire, son père lui proposa un emploi de vacances dans sa société. Tout de suite, elle refusa, prétextant ne pouvoir abandonner ses clients. Lui expliquant qu’elle se devait de se battre par ses propres moyens sur le monde du travail. Convaincu ou pas, il accepta les convictions de sa fille. Ce combat la rendait heureuse, un point important dans la vie d’un père. Il la laissa continuer ses occupations lucratives. Elle échappa au grappin de son père in extremis. Julie en fut soulagée. Son stratagème fonctionnait à merveille. Cela la fit réfléchir sur son avenir proche. À partir de cet instant germa l’idée de quitter la maison après son baccalauréat pour des études, pas trop compliquées, mais suffisamment éloignées de la maison pour ne plus avoir ses parents dans ses jambes. Elle serait majeure et gérerait elle-même ses comptes bancaires. Ouvrant même un compte dans une autre banque que ses parents pour faciliter ses transactions. Ses parents eurent du mal à accepter son départ pour une université éloignée de leur domicile. Leur fille unique devenait grande et quittait la maison. Ils lui louèrent un studio proche de l’établissement, lui allouèrent une somme d’argent pour ses dépenses diverses chaque mois. Elle utilisait une grosse partie de la somme. Son train de vie était bien supérieur que ses camarades, qui la prenaient pour la fille de richissimes parents et l’enviaient régulièrement. Julie profitait de cette facilité financière pour inviter de nombreux amis. Elle jouait avec eux à la case aux cadeaux. Moyennant dix euros, ils devaient choisir une case perdante ou gagnante, avec de génialissimes cadeaux, livres, consoles de jeux, télévisions, paniers pique-nique, repas au restaurant… Elle fut contrainte d’arrêter cet amusement, à la demande du chancelier de l’université, qui menaçait de porter plainte et surtout de prévenir ses parents, pour finalement l’exclure de l’université. Elle obtempéra immédiatement. Ses parents ne devaient rien apprendre de ses agissements illégaux. Ses études dans l’aide sociale à l’enfance lui plaisaient. Ses différents stages lui permirent de rencontrer des familles dans le besoin et dans l’indigence parfois. Elle déposait de menues sommes d’argent dans des enveloppes dans leur boîte aux lettres ou sur un meuble avant de quitter leur appartement, avec comme simples mots « pour les enfants ». Les familles ne comprenaient pas l’origine de ce bienfaiteur. Cela les importait peu. L’argent offrait un peu de bonheur dans leur quotidien très difficile. Personne ne parla jamais de ces enveloppes, qui jalouseraient les voisins et qui provoqueraient des disputes inutiles. Un jour, un petit garçon de neuf ans l’embrassa chaleureusement et la remercia intensément. Elle se sentit toute chose. Ce moment d’amour partagé, ces quelques moments lui font croire au bonheur pour chacun. À la fin de ses études, Julie reçut une proposition d’un centre d’aide à l’enfance privée. Ses excellents résultats aux examens lui offraient de nombreuses opportunités. Elle accepta cette proposition pour un poste à mi-temps. Ce centre résolvait par le biais d’avocats des situations familiales particulières d’enfants retirés du domicile, de divorces difficiles ou d’enfants atteints judiciairement. Le rôle de Julie consistait à donner un véritable avis sur les dossiers grâce à son jugement à la suite de ses rencontres avec les enfants. Quelle pouvait être la meilleure solution ? Existait-il vraiment un résultat idéal ? Et d’expliquer le contexte de vie de l’enfant. Un travail tout à fait dans ses cordes, dans ses compétences. Elle loua une petite maison près de son lieu de travail. Julie n’y resta que quelques mois, le temps d’acheter un pavillon à la sortie de la ville, avec un très beau terrain et une piscine. Ses parents pensaient à un crédit pour l’achat de son bien et appréciaient ce choix rapide et très utile. Seulement, Julie acheta la maison cash. Elle finit par mentir à ses parents, annonçant un gain de plusieurs millions à la loterie, montrant même son relevé de compte bien approvisionné, à la stupéfaction de sa famille. Ils furent très contents pour elle, satisfaits de la voir dirigée vers le bon chemin. Julie ne pouvait pas leur dire la vérité. Elle risquait un problème à tout moment. Son travail lui plaisait énormément. Pendant ses temps de repos, Julie aidait des associations d’aides aux personnes en détresse, des sans domiciles fixes, des femmes battues à la recherche d’un monde meilleur, des banques alimentaires et surtout des enfants affamés. Elle ne manquait de rien. Alors, elle offrait des plaisirs à beaucoup de familles. Elle appréciait le reflet du sourire des autres et n’aimait pas leur gêne. Elle offrait sans retour et pensait cela logique, car elle possédait beaucoup d’argent, et ne se voyait pas faire autrement. Lors d’une distribution alimentaire, Julie rencontra un charmant jeune homme, dont elle s’amouracha au premier regard. Son attachement l’a fait fondre immédiatement. Soudainement, elle se voyait sur une autre planète. Il discutait avec chaque parent et avait un geste tendre pour chaque enfant, à qui il distribuait des bonbons. Julie ne l’aborda pas. Elle, si clairvoyante, n’osa pas l’approcher et encore moins lui parler. Lui, la voyait agir du coin de l’œil sans jamais l’a regardé franchement. Sa délicatesse lui plut. Il s’en amusa même. Pour faciliter leur rencontre, il consulta le planning de la semaine et s’arrangea pour les faire se coïncider avec ses horaires de travail de sa société. Nicolas se rajouta au planning de distribution des mercredis, vendredis et samedis soir, à la récupération des denrées les samedis après-midi et parfois le mercredi. Informaticien, il passait un tiers de son temps à domicile et fluctuait ses horaires selon ses envies et ses besoins. Un bienfait dans le cas présent. Que ne ferait-on pas pour rencontrer peut-être son futur amour ou tout au moins une histoire époustouflante ? Tout le monde le connaissait comme un chic type, souriant et avenant, jamais un mot plus haut que l’autre et un petit plus, très agréable à regarder. Le samedi suivant, Nicolas se présenta au centre de distribution en milieu d’après-midi pour la préparation des colis de Noël. Sans le provoquer, ni le vouloir, il se retrouva au bout de la file pour déposer dans chaque colis deux chocolats en forme de père Noël et Julie, à ses côtés, ajoutait des paquets de biscuits. Ils se saluèrent naturellement, sans se mettre à discuter. Au fil du temps, ils se mélangèrent les mains dans les sachets, et s’excusèrent d’un petit désolé. Après une heure, la pause-café ou chocolat au lait stoppa leur tâche.

— Je n’ai pas eu le temps de vous demander votre prénom ?

— Julie et vous ?

— Nicolas. Enchanté de faire votre connaissance.

— Moi également, rougit-elle rapidement.

— Venez-vous souvent ?

— Plusieurs fois par semaine.

— Pour ma part, plutôt le week-end. Comme je suis seul dans la vie, je me sens utile pour aider la société.

— Moi aussi, dit-elle. C’est ma seconde nature.

— Quelle est la première ? Si je ne suis pas trop indiscret.

— Non, pas du tout. Je suis assistante sociale dans un cabinet privé d’aide à l’enfance.

— Vous devez en voir de toutes les couleurs !

— Oui, parfois la situation est simple, d’autrefois je possède des dossiers tragiques impensables, d’enfants désespérés de tous âges et de toutes sociétés, de tous milieux.

— Ce travail n’est pas simple.

— Non, mais je l’apprécie. Nous pouvons éventuellement nous tutoyer. Cela facilitera notre conversation. J’ai l’impression d’avoir un âge certain ou canonique si tu préfères.

— Avec plaisir Julie. J’en suis ravi.

— Ce sera plus convivial. Reprenons le travail, nous accumulons un certain retard.

— Oh oui ! Personne n’attend notre retour.

— Si, la personne qui range les cartons s’impatiente.

— Il a un peu raison. Rattrapons notre retard.

— Désolé pour notre absence, dit Nicolas. Je ne suis même pas sûr qu’il m’écoute.

— Ce n’est pas grave. Au travail !

Après trente minutes de tâches ardues, ils rattrapèrent le rythme normal de la tâche. Vers dix-sept heures trente, tout le monde commença la distribution des produits alimentaires au bénéficiaire. Chacun reprit sa place habituelle, selon sa spécificité. À vingt heures, chaque bénévole quitta le centre dans des directions opposées. Nicolas grimpa dans sa petite citadine et aperçut Julie à l’arrêt de bus. Il lui proposa de la raccompagner. Elle accepta la proposition, n’aimant pas prendre le bus si tard. Sans savoir pourquoi et malgré sa timidité, il l’invita à dîner dans un restaurant extérieur de la ville. Elle acquiesça volontiers. Ils se retrouvèrent face à face dans une salle peu lumineuse.

— Viens-tu souvent à l’association ? interrogea Nicolas.

— Deux à trois fois chaque semaine. Et toi ?

— Deux fois, je conserve le dimanche comme un véritable jour de repos. Il en faut au moins un, pour se ressourcer et se reposer tranquillement.

— Moi, bien souvent aussi. J’évite de m’inscrire sur le planning trop souvent. J’ai bien mieux le hasard, selon mes réelles disponibilités. Des bras supplémentaires restent utiles et contentent tout le monde.

— Il faut que je te dise un point important.

— Lequel ?

— Tu m’intimides.

— Moi, également. Je n’en connais même pas la raison.

— Un premier point commun. Je me sens étrange face à toi. Tu hypnotises mon cerveau et mes lèvres bougent difficilement.

— Mon trouble est aussi intense que le tien.

— Serions-nous quelque peu ridicules ? demanda Nicolas.

— Je ne pense pas. Je te préfère comme cela, plutôt qu’un type ingrat qui me parle comme un objet ou comme sa chose.

— Mes parents ne m’ont pas éduqué de cette manière.

— Encore heureux cher monsieur. Monsieur a de bonnes manières ! Une grande satisfaction pour ma part. Pourquoi me regardes-tu ainsi ?

— J’adore ton sourire. Ce léger pincement à la commissure de tes lèvres.

— Me draguerais-tu ?

— Cela peut s’appeler ainsi, dit Nicolas. L’interprétation n’est pas dégradante.

— À moi alors ! Tu as de superbes yeux bleu intensément très clair. Ton regard est surprenant. Je pourrais dire envoûtant. Je me délecte de cette couleur incroyable !

— Et dire que c’est moi le dragueur !

— Un à un, la balle au centre.

— Je ne le vois pas de cette façon. Je dîne avec une charmante jeune femme très sympathique. Ce repas te plaît ?

— Oui et cet endroit est élégant pour un petit restaurant, plutôt typique et très retiré de la ville. Je ne connaissais pas ce lieu. Et pourtant, je m’y sens très bien.

— Même seul, leur accueil est toujours chaleureux. Je te conseille la tarte gratinée et fourrée aux framboises. Un véritable délice pour les papilles.

— Je ne demande pas ce que monsieur prendra en dessert. Vous restez sur votre choix habituel et pour terminer un thé à la menthe maison.

— Exactement.

— Je commence à vous connaître.

— Et pour vous, chère madame ?

— Ses conseils sont-ils adéquats ?

— Oui. Il faut patienter le temps de la confection, plusieurs minutes seront nécessaires. La divinité se fait toujours attendre !

— Je désire la même chose dans ce cas. Je suis ses conseils de client fidèle.

— Je vous apporte un premier thé dans quelques instants.

— Merci monsieur.

— Très gentil.

— Une des raisons de ma venue, mais aussi pour leur cuisine.

— Et voici.

— Merci beaucoup pour votre gentillesse.

— Bonne fin de repas.

— C’est sûr, je reviendrai.

— Je compte bien revenir avec toi.

— J’accepte volontiers cette proposition.

— Un refus m’offusquerait.

— Je sens un brin d’humour dans le son de ta voix.

— Ouf !

Après vingt minutes d’attente…

—  Ce dessert est incroyable. J’ai la sensation de me trouver dans le jardin de ma grand-mère pendant la saison des framboises, avec en plus le goût de sa cuisine généreuse et époustouflante. Elle est un véritable cordon bleu. Je l’adore et la respecte.

— Mes grands-parents sont très protocolaires, toujours dans la discipline, tels des militaires, ne rien salir, enlever ses chaussures avant d’entrer, mettre des chaussons, ne rien déplacer, ni toucher, encore moins casser. Le comble du comble, ne pas utiliser la télévision, éteindre son téléphone portable. La sonnerie provoquerait des déclenchements contradictoires dans leur for intérieur. Le summum de leur souffrance. Cela provoque un accès de colère, pire que toutes les tornades dévastatrices.

— C’est gai. Un environnement sain et gentil.

— Je les rencontre le moins possible.

— Je te comprends. Et tes parents ?

— Totalement, l’inverse, je devais simplement travailler mes études et trouver une situation stable pour être tranquille. Les résultats de mes bulletins prévoyaient la douceur ou l’infortune de mon futur. Très souvent en voyages d’affaires, mes parents me laissaient avec des domestiques qui approuvaient chacune de mes décisions, pour conserver un calme relatif dans la maison et surtout, même principalement, éviter la colère de ma mère, qui pouvait être ravageuse. Elle changeait régulièrement de personnel. Et moi, je devais reconquérir la nouvelle équipe. Un jour, je me suis opposée à sa décision. Ma mère ne les a plus jamais renvoyés. Comme si mon ultimatum défiait sa patience. Moi, qui ne disais rien de peur de frustrer ma famille.

— Elle ne t’a pas opposé de refus ?

— Non, simplement, je devrai gérer leurs mauvais comportements. Après ses paroles, ma mère riait à pleines dents, comme une véritable hystérique. Je la voyais comme une folle. Elle me fit frissonner, sur la totalité de mon corps. Elle me fit presque peur.

— Qu’est-il advenu de ces employés ?

— Ils sont toujours au service de mes parents, en évitant de croiser sa mauvaise humeur très pénible.

— Et ton père ?

— Seules ses affaires comptaient. Il jouait avec la bourse, comme quelqu’un jonglerait avec un paquet de cartes. Chaque achat était réfléchi. Il reniflait les bonnes affaires. Il devait sa fortune, notre mode de vie convenable, sans être aisé, à ses réussites. Il achetait des entreprises en difficulté, souvent proches de la faillite, ne licenciait aucun personnel, reprenait en main la gestion et les capacités, puis relançait le travail, pour aboutir au progrès de la société. Une parfaite relance offrait une parfaite réussite.

— Y avait-il des échecs ?

— Parfois, il proposait à chaque salarié, un poste dans une autre société pour éviter les licenciements inutiles.

— Un brave homme.

— Sauf avec son fils, bon en affaires, mauvais en famille.

— Avait-il envie de fonder une famille ?

— Non, je suis un accident dans sa vie. Il ne s’en plaignait pas. Je me trouvais là, un point c’est tout. Une chose importante, il m’aimait.

— Une bonne chose.

— Oui. Leurs absences m’ont perturbé jusqu’à l’âge de dix ans, puis j’y ai pris goût. Je gérais mon chez-moi à ma guise. Les employés devenaient ma véritable famille. Ils m’offraient beaucoup de bonheur, de compassion et d’interdits. Ils m’élevaient comme leur propre enfant, leur petit chérubin avec énormément d’amour et de complicité. Je leur rendais au centuple. Sauf en présence de mes parents, où là ils jouaient leur rôle de domestique et s’effaçaient devant l’employeur.

— Je sens de la reconnaissance dans ta voix.

— Effectivement. J’ai déjà songé à leur retraite et économisé un petit pécule pour leur bien-être et une ravissante maison en bord de seine. Je les considère comme mes parents adoptifs. Bien plus que mes vrais parents.

— Ton émotion me donne la chair de poule.

— Désolé.

— Non, ne le prends pas mal. J’adore cette sensation d’ouvrir ton cœur, et tout cet amour partagé et reçu.

— Puis-je te proposer une promenade sur le bord de seine ?

— Après cet excellent repas, j’accepte volontiers cette proposition. La chaleur du soir nous accompagnera.

— Tes yeux brillent.

— Un simple reflet de lumière.

— Je ne crois pas, dit-il en souriant.

— Essaies-tu de me déstabiliser, cher monsieur.

— Pas un instant, tu me sembles une femme forte et pleine de rigueur. Je ne me permettrais pas ce genre de manipulation.

— Je réside à un pâté de maisons. Désires-tu un mauvais café ?

— Pire que le mien.

— Probablement.

— Dans ce cas, je me limiterai à un verre de lait pour éviter l’intoxication alimentaire, et de faire connaissance avec les urgences.

— Tournons à droite dans cette résidence cossue.

— De belles maisons de stars.

— J’ai profité d’un gain à un jeu de loterie pour acquérir la maison de mes rêves les plus lointains. Entrons !

— Très ravissant. Des meubles d’une grande simplicité et peu de bibelots pour accueillir la poussière.

— Pour moi, l’endroit le plus important est ma cuisine. Je l’ai aménagé avec tous les ustensiles et appareils nécessaires pour réussir de bons petits plats.

— Une bonne cuisinière dans ce cas.

— Je m’y attelle. J’adore les plats remplis de gourmandises, qui permettent de voyager avec les saveurs. Et parfois, un peu d’audace et des particularités de mon improvisation, dont je suis coutumière. D’où certains exploits que je qualifierais comme un temps catastrophique de mauvais goût. Alors, je restreins mes tentatives vouées à l’échec culinaire et surtout une direction vers la poubelle.

— Aurai-je l’occasion de goûter à un bon plat ?

— Une grande probabilité. Je dirais, dimanche, en huit à treize heures. Si tu es disponible.

— Je me libère pour revenir dans ton charmant chez-toi.

— J’en suis ravi.

— Le temps passe vite. Je te laisse. À la semaine prochaine.

— Rentre bien.

— Merci bonne nuit.

Julie exécuta un repas digne des meilleurs restaurants. Elle désirait lui montrer ses atouts. Ils s’étaient rencontrés plusieurs fois à l’association à la distribution du soir dans la semaine. Rencontre après rencontre, ils s’amourachaient. Leur relation devint plus sérieuse au fil du temps. Après un an, ils décidèrent de s’épouser. Ils invitèrent leur famille intégralement, leurs amis et leurs connaissances dans un restaurant chic et branché de la capitale. Ils louèrent les lieux dans sa globalité. Le lendemain, ils s’envolèrent pour leur voyage de noces en Égypte, via une croisière romantique sur le Nil. Loin de leur vie mouvementée et souvent incommodante au fil du temps.

Neuf mois plus tard, après une grossesse facile, naissait Charles. Un beau bébé de trois kilos cent. Depuis plusieurs mois, Julie s’affairait à la préparation de la chambre de son enfant. Ne pensant plus qu’à cela.

Julie décida d’arrêter de travailler, pour s’occuper pleinement de son enfant. Plus aucune visite de la famille à l’association. Plus aucune aide de sa part à tous ses enfants en difficulté ou malheureux.

Julie ne pensait qu’à sa famille, les couvrait de cadeaux. Elle se payait la moindre envie au désespoir de son époux. Elle inondait de cadeaux sa maison. Rien ne pouvait l’en dissuader.

Après six mois, un dimanche, au lever, Julie perdit l’équilibre et s’écroula sur le carrelage de la cuisine. La venue des pompiers fut nécessaire. Julie ne reprenait pas conscience. Les médecins urgentistes décidèrent de l’hospitaliser. Charles arriva chez ses grands-parents paternels. Et l’attente débuta. Julie devint fiévreuse. Les médecins n’y comprenaient rien. Les résultats des différentes analyses se trouvaient conformes. Et pourtant, Julie allait de plus en plus mal. Après huit jours, elle se mit à délirer, à crier des paroles incompréhensibles, de plus en plus souvent. Elle marmonnait entre ses dents. La fièvre s’arrêta spontanément. Le soir, elle rentra à son domicile, dans sa chambre, sous le regard de son époux. Le calme dura quarante-huit heures. Puis, Julie délira de nouveau prononçant les mots sans jamais s’arrêter de façon incompréhensible : « lampes, peur, souffrance, excusez-moi maître de la magie, pitié, je n’oublierai plus jamais, pitié, pensez à ma famille, elle a besoin de moi, pitié, je suis coupable, je le sais, je vous vois, vous brillez, vous me hantez désormais, mais pitié, je m’exécuterai, pitié la lampe, je comprends vos ordres, je ferai amende honorable, pitié s’il vous plaît, il n’est jamais trop tard pour bien faire, pitié !!! » Deux heures plus tard, son cœur s’arrêta. Le destin de la lampe l’emmena. Julie avait rompu son engagement. Les médecins essayèrent en vain de la réanimer.

Pour soi

Martin avait depuis trois ans pour habitude de s’extérioriser dans son vaste jardin. Il le modifiait chaque année, comme une coutume ou plutôt un besoin, une période de renouveau. Il s’occupait l’esprit de son mieux. Un oubli nécessaire à sa vie quotidienne. Martin s’en voulait énormément et se surprit à s’accuser de faits insoupçonnables.

Comme défi sportif, il emmenait son fils de dix ans, en circuits VTT. Ils devenaient très bons, chacun à sa juste mesure. Ils s’amusaient et riaient de bon cœur.

Dans la semaine précédant chaque nouveau défi, ensemble, ils regardaient des pistes, des chemins conseillés par d’autres sportifs, sur différents sites internet et s’y rendaient en fin de semaine.

Un week-end, sans défi, en famille, ils se promenèrent à pied autour de leur domicile. Nicolas notait sur son calepin les détails de chaque chemin, désirant faire une sortie à vélo proche de la maison et de l’expliquer sur internet, comme d’autres enfants de son âge. Pour Martin, ce chemin semblait beaucoup trop ambitieux. Sa petite expérience ne suffisait pas. Nicolas manquait de talent. Cette piste n’était pas à sa mesure. Beaucoup trop de pierres, de creux ou de bosses, de virages précurseurs de chutes et de blessures, de branches dépassant sur le chemin ou de racines débordantes d’un sol instable. Nicolas photographia tout de même les méandres de cette piste, sous tous les regards, cherchant chaque piège avec vanité.

Pendant les semaines suivantes, Nicolas bouda du refus de son père pour le terrain de ses rêves et ne désirait plus aucune sortie. Mais, chaque soir en cachette, dans sa chambre, il examinait cette œuvre de la nature, cette libre construction. Les arbres protégeaient le chemin de la pluie, donc à ses yeux un avantage certain, pour éviter les glissades boueuses et dangereuses. Il scrutait chaque parcelle, au point d’en connaître chaque détail au millimètre près.