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James Butler, détective français, se trouve impliqué dans le mystère de la mort d’une danseuse de cabaret à Madrid durant la tumultueuse période de la « Movida ». Pour prouver son innocence, il se lance dans une enquête périlleuse, affrontant des policiers locaux dirigés par un commandant suspicieux, marqué par les épreuves de la vie. Au cours de son investigation, il devra surmonter de nombreux obstacles, risquant sa vie dans un monde troublé par sa récente liberté post-franquiste. Ces tribulations lui offriront-elles une chance de démêler cette histoire ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Dès son adolescence,
Jaime Fermor rêvait de se glisser dans les malles de Jules Vernes, Rudyard Kipling ou Arnould Galopin pour découvrir le monde à leurs côtés. Sous la guidance de son professeur de français de l’époque, il s’est plongé dans les trésors littéraires de Victor Hugo, d’Alexandre Dumas, de Guy de Maupassant et de bien d’autres encore… Ses souvenirs ibériques et Madrid, sa ville de cœur, ont inspiré ce roman où la liberté retrouvée des années 80 pourrait dissimuler l’innommable.
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Jaime Fermor
La movida madrilène et ses loups
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jaime Fermor
ISBN : 979-10-422-3936-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Bernadette, la femme de ma vie.
À Claire, l’amie de toujours, pour ses précieux conseils.
À mes enfants, soleils éternels.
La journée avait été épuisante. James Butler s’était levé tôt pour ne pas rater le vol Bordeaux-Madrid. La vague de chaleur continuait de mouiller les chemises en cette mi-septembre madrilène. Les cinq visites de biens immobiliers programmées par les agences, en vue de créer une agence madrilène, ainsi que les retards aux rendez-vous fixés avaient eu raison de sa résistance.
Il dirigeait à Bordeaux une agence de conseil en sécurité personnelle et d’entreprises, d’investigations diverses, de filatures et de reportages photographiques. Il était secondé par Lucien Beaumont, ancien lieutenant à la PJ, précieux collaborateur grâce aux contacts qu’il avait gardés avec la police judiciaire. Marie Louise Simage complétait le staff en assurant les travaux de secrétariat, recherches documentaires, et quelques fois certaines enquêtes où la sensibilité féminine s’imposait.
Le taxi le déposa devant l’hôtel Régina, à deux minutes de la Puerta del Sol, centre historique de la capitale espagnole. Une longue et fraîche douche le remit d’attaque pour mieux apprécier sa soirée. Il prit un dépliant vantant les meilleurs restaurants et l’essentiel du Madrid by night. Le sandwich qu’il avait avalé vers deux heures avait disparu de sa mémoire stomacale. Dans un restaurant du quartier de la plaza Mayor, il prit son temps pour apprécier une belle ration de chipirons grillés accompagnée d’une appétissante salade. Un bon vin blanc sec de Galice bien frappé lui redonna son tonus habituel.
Sur le dépliant touristique qu’il avait récupéré à l’hôtel, le choix était vaste. Il opta donc pour aller prendre un verre au Lido. Il connaissait l’endroit pour y avoir pris quelques verres, bien des années auparavant.
Situé carrera San Jeronimo, une rue donnant sur le Parlement espagnol, cet établissement avait une superbe façade 18e. Il était un peu plus de vingt-deux heures. Un portier lui souhaita une bonne soirée. Un maître de salle l’accompagna à une table légèrement en arrière-plan de la scène, proche du bar. Le fauteuil en velours rouge vermillon était fort confortable.
Comme chaque fois qu’il se trouvait dans un restaurant, un salon, une terrasse de café, il entreprit de détailler son environnement. La scène était de taille moyenne, cachée par de hautes tentures de velours assorties aux fauteuils. En face de la scène, une vingtaine de petites tables avec leurs fauteuils, et en retrait le même nombre de tables légèrement surélevées pour éviter de regarder le spectacle en se démanchant le cou !
Peu de tables étaient occupées, sans doute parce qu’il était trop tôt. Les nuits madrilènes sont longues ! À sa gauche, un couple de retraités, enfin, c’était sa déduction, semblait ravi d’être là ; devant lui, à deux ou trois mètres, trois jeunes hommes semblaient fêter un événement, car les rires et les « à ta santé » se suivaient de près. À sa droite, un homme d’une cinquantaine, costume cravate, peut être un cadre d’entreprise, lisait un courrier qu’il avait sorti de la poche de son veston. Un peu plus loin, trois ou quatre tables rapprochées accueillaient huit ou neuf femmes, jeunes et moins jeunes qui semblaient célébrer un enterrement de vie de célibataire. Elles parlaient toutes en même temps et riaient aux éclats tout en buvant de bon cœur du cava, vin mousseux espagnol ! Quelques autres couples semblaient être en phase de séduction, trahis par leurs attitudes, leurs regards ! Des messieurs seuls semblaient attendre impatiemment que le show des girls débute ! Les notes de musique qui avaient du mal à se faire entendre émanaient d’un quartet de jazz installé sur un côté de la scène. Le piano obéissait délicieusement au toucher de Christian Weling qui savourait plus qu’il n’interprétait le célèbre Misty d’Erroll Garner. Joe Frasier à la batterie et Cristobal Escuella, contrebasse, accompagnaient avec fidélité cette magnifique et immortelle mélodie.
Un serveur élégamment vêtu à l’andalou, la trentaine, lui demanda en espagnol :
— Buenas noches, señor, bienvenido en nuestro cabaret. Que le apetece tomar ?1
Et il répondit toujours dans la langue du pays :
— Si vous avez, un très bon whisky de vingt ans, sans glaçons, ce sera parfait !
Le programme de la soirée posé sur la table lui proposait : spectacle à l’américaine à partir de 23 h Spectacle andalou après minuit. Un quartet de jazz assurait jusqu’à quatre heures. Le serveur arriva et installa un beau combiné ivoire. James Butler composa le numéro privé de Lucien Beaumont, son partenaire et bras droit de l’agence bordelaise.
James Butler raccrocha et se félicita d’avoir appelé son adjoint. Il pouvait enfin savourer son verre et se détendre. La soirée commençait à peine ! Voulant être respectueux, il se tourna vers l’homme qui occupait la table voisine et s’adressa à lui en espagnol.
Ne voulant pas paraître mal éduqué et désireux de savoir où son interlocuteur voulait en venir, James fit un signe de la main signifiant : vous pouvez continuer votre histoire. Puis Il fit signe au serveur de resservir les deux tables.
James Butler but une bonne rasade de whisky, jaugea son voisin, et réfléchit rapidement. Surprenant ! Après tout, ce job était simple et de toute façon, il ne se serait pas couché avant quatre heures. De surcroît, il serait bien payé ! Cela amortirait les frais du voyage ! Alors, autant accepter et rendre service à ce bougre d’homme !
À vingt-trois heures, la grande tenture de la scène disparut, faisant place à un décor new-yorkais, gratte-ciel compris, style Broadway, flamboyant. Le célébrissime air de New York New York de Fred Ebb et John Kander se fit entendre aussitôt suivi par l’entrée en scène de six magnifiques créatures et trois danseurs en smoking blanc. Les girls, seins nus, portaient une tenue minimaliste aux couleurs du drapeau américain, rouge, bleu et blanc, étoilé. Stéphane Lelièvre désigna à James la girl, élue de son cœur, une superbe femme nommée Lucia. Pendant près d’une demi-heure, ce fut un endiablé enchaînement de parades et chorégraphies, swings et marches, portées et claquettes. Tout cela rythmé au son de comédies musicales. Il ne manquait que Fred Astaire, Frank Sinatra et Liza Minnelli ! Un beau et vibrant spectacle tout de même !
Pendant la pause des danseurs et danseuses, le quartet de jazz gratifia l’assistance de morceaux d’anthologie d’Oscar Petersson, Memphis Slim, et surprise, de Jean-Sébastien Bach dans le style de Jacques Loussier.
James Butler et son voisin continuèrent de discuter sur les opportunités immobilières madrilènes que semblait bien connaître Stéphane Lelièvre. Celui-ci lui remit la somme annoncée et promit à James Butler quelques bonnes bouteilles d’excellents vins d’Aragon.
Le grand rideau de la scène s’ouvrit de nouveau, mais cette fois, sur un décor d’Andalousie, ruelle et maisons blanches ensoleillées dont les murs se paraient de nombreux pots de fleurs. Puis les premières notes de Carmen de Bizet précédèrent l’entrée des danseuses vêtues de resplendissantes robes sévillanes. Mimant l’affrontement des deux clans, il s’ensuivit des mouvements pleins de grâce, mais aussi de rivalité haute en couleur, virevoltes et zapateados. Les danseurs avaient bien du mal pour calmer la fougue des Andalouses ! La chorégraphie s’était sans doute inspirée du célèbre ballet flamenco « Carmen » d’Antonio Saura, dansé par la troupe de Gadès et sa danseuse étoile Cristina Hoyos.
À deux heures, James Butler prit congé de Stéphane Lelièvre et se dirigea vers son hôtel. Une demi-heure après, il arriva à l’adresse que lui avait indiquée son « client ».
Il gara sa voiture presque en face du numéro 63 de la rue Diego de Leon. Situé dans un des quartiers chics de Madrid, cet immeuble début vingtième, de style art déco sobre, mais élégant, se dressait sur sept étages. En façade, une grande entrée donnait accès aux deux ailes de l’édifice. Lucia occupait un appartement côté rue au cinquième étage, à droite. Il prépara son Canon avec son téléobjectif, appareil de grande sensibilité, qui lui permettrait, aidé en cela par les lampadaires de la rue, d’obtenir des photos très convenables.
À trois heures trente, un taxi s’arrêta devant l’immeuble. Un homme assez grand costume-cravate en descendit, suivi par une femme qu’il reconnut aussitôt, c’était bien Lucia. Se tenant par la main, ils s’engouffrèrent dans le porche de l’entrée. La porte de l’immeuble se referma sur eux.
James Butler avait eu le temps de prendre plusieurs photos. Il attendit quelques minutes en regardant à droite du 5e étage qui s’éclaira enfin. Bien que fatigué par cette longue journée, il décida d’attendre une heure ou deux pour être bien certain que le couple ne se séparerait pas avant d’avoir partagé une partie de la nuit.
Un bruit aigu de sirène de voiture de police le réveilla en sursaut. Il s’était assoupi, la fatigue cumulée de la journée ainsi que les heures de veille avaient vaincu sa résistance ! Il regarda sa montre : huit heures quinze ! Il avait dormi quatre heures ! Il essuya de la main la buée qui recouvrait la vitre côté conducteur et vit, garées en double file devant l’immeuble qu’il surveillait, une voiture de la police nationale et un véhicule Seat gris équipé d’un gyrophare duquel descendaient un homme d’une quarantaine d’années, vêtu d’un jean et d’une veste en cuir fauve et un policier, la trentaine, en uniforme. Complètement abasourdi par ce remue-ménage imprévu, il décida d’attendre la suite des événements en se faisant tout petit dans la voiture. Il vit les deux hommes pénétrer dans l’immeuble. L’un d’eux tenait un mouchoir blanc dans sa main.
Marco Villalonga était issu d’une famille de la haute bourgeoisie espagnole, influente et appréciée, qui aurait bien voulu que leur fiston devienne un ingénieur de haut rang afin de le placer dans une des grandes entreprises du pays. Hélas, au grand désespoir de ses parents, il préféra prendre une ou deux années sabbatiques, parcourut l’Europe et l’Amérique du Sud, eut de nombreuses aventures, rentra au pays et se décida enfin à se pencher sur son devenir dans la société ! Son père lui fit rencontrer une personne importante au ministère de l’Intérieur qui le conseilla et l’assura que dans ce même ministère il pouvait avoir un avenir en béton. Il y veillerait ! Bien qu’il ne trouvât cette proposition bien folichonne, il se dit qu’après tout cela valait bien d’autres alternatives et au moins qu’il était assuré du soutien de son père et de ses relations. L’école nationale de la police accepta sa candidature. Il n’assista qu’à peu de cours, mais il fut néanmoins reçu aux examens qui lui ouvrirent les portes de la police nationale. On lui trouva un poste d’adjoint au commissaire principal de police d’Aranjuez, ville située au sud de la capitale.
Grand, bien bâti, plutôt beau mec, le sourire ravageur, il ne pouvait s’empêcher de regarder ses collègues féminines avec l’allure d’un conquistador !
Au bout d’un an, son patron, lassé de constater que son bras droit négligeait un peu son travail, fatigué de lui faire trop souvent des observations, constatant que l’équipe de terrain se plaignait à demi-mot de son incompétence, en parla à la direction et Marco Villalonga fut muté à la division madrilène du bureau de la répression des narcotiques. Poste qu’il accepta sur le champ tant il se trouvait à l’étroit dans cette belle ville d’Aranjuez.
Marco Villalonga allait quitter son studio, chercha son attaché-case et pensa qu’il l’avait sans doute oublié la veille chez sa sœur où il avait passé la soirée. Il eut quelques scrupules, car il était tôt, sept heures trente, mais se décida néanmoins à l’appeler avant d’aller le récupérer.
Un quart d’heure plus tard, Marco pénétrait dans l’entrée de l’immeuble où habitait sa sœur, au numéro 63 de la rue Diégo de Leon. Dans l’ascenseur, il appuya sur le bouton du cinquième étage. Arrivé sur le palier, il sonna à la porte de l’appartement situé à gauche de celui-ci. Sa sœur lui ouvrit aussitôt, elle avait l’air bizarre.
Marco se dirigea vers la seconde porte du palier et appuya sur la sonnette. Aucun bruit n’émanait de l’intérieur. Il sonna de nouveau, rien ! Se tournant vers sa sœur Conchita qui était restée sur le pas de sa porte, il demanda :
Conchita lui remit un trousseau de clefs. Marco ouvrit la porte et pénétra dans l’entrée de l’appartement. Il dépassa la petite entrée et entra dans le séjour.
Il vit le corps d’une jeune femme qui devait être Lucia au beau milieu de débris de verres et de marbre rougeâtre. Curieusement, le déshabillé qu’elle portait était ramené à la hauteur du cou. Le visage était ensanglanté et la tête baignait dans une large tache de sang. Il tâta le cou de la femme à hauteur de la veine jugulaire, pas de pouls, mais la peau était encore tiède. Par réflexe, il sortit de son holster le revolver qu’il portait toujours sur lui et pénétra dans la chambre attenante avec précaution. Il n’y avait personne. Pas plus dans la petite cuisine ni dans la salle de bains. Il sortit en refermant la porte et s’adressa à sa sœur qui était restée sur le palier.
Marco embrassa sa sœur et disparut dans l’ascenseur. Arrivé au niveau zéro, il sortit rapidement de l’entrée sans rencontrer âme qui vive.
La famille de Luis-Miguel Crespo, de classe sociale modeste, s’était serré la ceinture pour que leur fils puisse atteindre un niveau d’études supérieures lui permettant de choisir une orientation professionnelle intéressante. C’est ainsi qu’à vingt-trois ans il décida de passer le concours pour devenir officier de police et l’obtint avec mention.
Garçon sérieux, aimant l’ordre et le travail bien fait, assidu aux cours et appliqué, il apprenait vite et aimait de plus en plus la carrière qu’il avait choisie.
Ouvert aux autres quoiqu’assez introverti, il laissait peu de place à la fantaisie et encore moins aux rapports avec le sexe féminin. Sa priorité, devenir officier de police avant tout ! On ne lui connaissait aucune liaison amoureuse. Ses rapports avec les femmes semblaient se limiter au plan professionnel. Alors qu’à l’âge de l’adolescence, la plupart des garçons, victimes de la poussée de la testostérone, sont attirés par les filles, Luis-Miguel les ignorait ! Sa timidité l’empêchait même de s’adresser à une fille jolie comme un cœur qu’il chérissait en silence ! Ce comportement atypique n’inquiétait pas ses parents qui étaient loin d’en connaître la raison.
Luis-Miguel, à l’âge de treize ans, était un ado assez sage. Le jeudi après-midi il allait souvent chez une voisine russe qui avait un fils, Boris, avec lequel il fabriquait des cerfs-volants. Un jeudi, son ami Boris ne vint pas. Sa mère et lui étaient allés faire des achats en ville. Luis-Miguel se retrouva avec pour seule compagnie, une jeune femme prénommée Ida, âgée d’une vingtaine d’années, nièce de la voisine. Mariée depuis moins d’un an, elle se retrouvait seule pendant quelques semaines, son mari exerçant sa profession de chef de chantier dans un pays voisin.
Luis-Miguel, assis à même le sol dans la véranda, était plongé dans le montage des différentes parties d’un cerf-volant. Il sentit une légère pression sur son épaule qui le fit sursauter. C’était la main d’Ida qui s’y était posée avec douceur.
Luis-Miguel, intrigué, mais curieux se leva, Ida lui prit la main et ils se dirigèrent vers l’intérieur de l’appartement. Ida ouvrit la porte de la salle de bains, entra avec le garçon et referma la porte à clef. Le garçon, surpris, eut un mouvement de recul.
Le garçon eut de nouveau un mouvement de recul tout en se cachant le visage de ses mains. Puis, voyant que la jeune femme souriait, il se rassura et ses yeux se fixèrent sur l’anatomie féminine d’Ida.
Luis-Miguel hésita, mais Ida lui saisit la main du garçon et la posa contre sa brune toison.
Toujours aussi intrigué, mais confiant, Luis-Miguel s’exécuta. Il était doté d’un bijou de famille conforme à son âge. Quelques poils blonds commençaient à recouvrir son pubis. Ses joues s’empourprèrent d’un rouge vif. Il n’avait jamais ressenti autant de gêne, de honte.
Rapidement, les mains d’Ida se posèrent avec douceur sur les cuisses du garçon et les écarta légèrement tout en les caressant. De sa main gauche, elle commença à caresser son propre sexe, puis sa main droite saisit le pénis de Luis-Miguel et l’enveloppa tout comme dans un cocon en le massant délicatement. L’objet de tous ses désirs n’allait pas demeurer insensible à sa générosité. Luis-Miguel restait muet, n’osant pas bouger, les yeux fermés, impressionné, un peu raide, n’osant pas repousser Ida. Il commençait à ressentir les effets imparables des caresses. Une douce chaleur l’envahissait ; il aimait le mouvement de la main d’Ida. Son pénis d’ado en fut reconnaissant et très vite se raidit tout en s’agrandissant. Une odeur qu’il ne connaissait pas et qui émanait du sexe d’Ida lui chatouillait les narines. Entre sueur et eau de toilette bon marché.
Ida s’assit alors à califourchon sur les cuisses de Luis-Miguel en lui faisant face et en évitant de trop peser sur lui. Elle était jeune et souple et son sexe, gourmand, déjà bien lubrifié, n’eut aucun mal pour avaler le jeune, mais ferme pénis qu’elle avait si bien flatté. Les mouvements de son bassin exacerbaient son désir. Bien sûr, le compte n’y était pas, la taille, la grosseur… mais elle avait un tel manque et un tel désir que ce sexe d’ado faisait tout de même son effet et assumait son rôle, à l’insu du pauvre Luis-Miguel. Celui-ci d’ailleurs semblait être aux anges. Les va-et-vient d’Ida qui poussait de petits gémissements d’excitation faisaient monter en lui un plaisir vierge et une chaleur enveloppante inconnus jusqu’à cet instant. Ida le serrait de plus en plus fort et accélérait ses mouvements. Puis un léger frémissement l’immobilisa et elle laissa échapper un long soupir suivi d’un oui… oh… oui… oui… Quelques secondes plus tard, Luis-Miguel eut l’impression qu’une sourde et douce douleur, assortie d’un plaisir fulgurant très localisé dans son bas-ventre, explosait dans son corps de petit homme.
Sans s’en rendre compte, il avait été la victime d’un superbe viol, mais légitime dépucelage !
Un quart d’heure plus tard, la tante d’Ida faisait son entrée dans l’appartement avec son fils. Ils avaient eu le temps de se remettre de leurs émotions ! Boris rejoignit son ami et lui adressa une question.
— Salut, Luis-Miguel, qu’est-ce qui se passe ? Tu en fais une tête ! Tu es tout rouge !
— Oh, ce n’est rien, je suis resté trop longtemps accroupi. Tu viens m’aider à finir le cerf-volant ?
— Bien sûr, juste le temps de déposer mes achats.
L’ado était terrorisé à l’idée que la voisine eut pu les surprendre et que ses parents en soient informés. Luis-Miguel n’eut plus l’occasion de renouveler cette incursion dans la sphère intime féminine. Mais, désormais, il connaissait mieux son corps. Il ne craignait plus les poussées de testostérone. Quant à Ida, elle continua d’être gentille, mais pas entreprenante à l’égard du jeune garçon, lui préférant le fils aîné de sa tante âgé de seize ans, très sportif et solide gaillard.
Ce n’est que vers seize, dix-sept ans que Luis Miguel eut quelques rapprochements avec le genre féminin. Ces petites amies acceptaient des baisers enflammés, et offraient leurs seins aux caresses, mais la ligne rouge était la ceinture. En dessous, interdit ! Luis-Miguel rentrait chez lui dans un drôle d’état, frustré, mécontent.
Ce n’est que bien plus tard, à l’âge de dix-neuf ans, que Luis Miguel se débarrassa de son fardeau, la timidité, lors de quelques jours de vacances qu’il s’était accordé sur la côte espagnole, à Torremolinos, près de Malaga.
En fin d’après-midi d’une chaude journée d’août, il combattait la chaleur en savourant une bonne bière avec ses amis espagnols, Antonio Vinuesa et Juanito Avila, qui l’avaient rejoint. Ils s’étaient installés autour d’une table en terrasse d’une cafétéria. De l’autre côté de la rue, trois jeunes et charmantes femmes en faisaient autant. Il est connu que la timidité peut être vaincue par le sentiment de témérité que le groupe vous procure. Aussi, s’armant de courage, il proposa à ses camarades d’inviter les jeunes femmes d’en face.
Le serveur traversa la rue et ses propos eurent le succès escompté par les trois amis puisque les trois jeunes femmes les remercièrent avec des gestes sans équivoque. Le serveur revint vers les trois compères.
La répartie du serveur plut aux trois amis qui ne purent éviter des éclats de rire. C’était en effet assez cocasse ! Ils remercièrent le vieil homme en laissant un bon pourboire et se dirigèrent vers les jeunes femmes. Leurs francs sourires prouvaient qu’elles n’étaient pas farouches. Encouragé par cette attitude, Luis-Miguel prit la parole.