La percée invisible - Annabelle Charton - E-Book

La percée invisible E-Book

Annabelle Charton

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Beschreibung

Un accident de ski réveille chez Amanda des souvenirs traumatisants de son enfance. Déterminée à échapper à cette douleur lancinante, elle quitte précipitamment le cocon familial pour entreprendre une quête introspective. Son périple la conduit à une rencontre fortuite avec une personne énigmatique qui bouleverse toutes ses certitudes. En suivant cet individu mystérieux, Amanda se trouve immergée dans une série de révélations troublantes, découvrant des secrets inavoués qui pourraient métamorphoser sa vie à jamais.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Annabelle Charton explore avec une sensibilité profonde les sentiments des êtres qui l’entourent afin d’enrichir ses histoires. Dans "La percée invisible", elle dévoile une compréhension aiguë de la douleur et des expériences de vie des autres et révèle les complexités et les beautés cachées des relations humaines.

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Annabelle Charton

La percée invisible

Roman

© Lys Bleu Éditions – Annabelle Charton

ISBN : 979-10-422-4302-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

La chambre aux murs impeccables fait résonner un ordre et une propreté irréprochable. Tant de patients passent du temps dans ces chambres d’hôpital qu’elles doivent être complètement neutres pour ne rien laisser transparaître de la vie des gens. Amanda est une des nombreuses patientes de l’hôpital, personne ne connaît sa vie ici, personne ne lui posera de questions dérangeantes concernant son passé ou ce qu’elle a pu vivre. Ici au moins, elle se sent en sécurité, elle ne doit pas affronter les regards des passants, la pression du travail, les réunions familiales et que sais-je encore !

Seule une légère trace de doigt sur la table de nuit laisse entrevoir un léger bémol dans toute cette machinerie parfaitement huilée. Une infirmière s’introduit doucement dans la chambre.

— Comment s’est passée votre nuit madame Morin ? Vous avez pu vous reposer un peu ?

— Oui, j’ai dormi un petit peu merci.

Elle n’ajoute pas que la douleur post-opératoire, qui émane de sa jambe droite, l’a tenue éveillée une bonne partie de la nuit. Tout ce qu’elle souhaite c’est que cette maudite infirmière disparaisse, oui, elle veut juste reprendre le cours de sa vie, ce séjour à l’hôpital lui fait soudainement réaliser qu’elle est seule face à elle-même et cela, elle a du mal à le supporter.

— Je reviendrai vous voir dans la matinée pour les soins, si vous avez besoin, sonnez et j’arriverai immédiatement.

Elle acquiesce d’un hochement de tête en esquissant un sourire forcé.

Une fois l’infirmière partie, Amanda réalise que c’est la première fois qu’elle se retrouve dans cette situation, elle ne maîtrise plus tout, elle qui était la reine de la maîtrise intérieure depuis si longtemps, c’est la première fois depuis plus de trente ans que ça lui arrive…

Chapitre 2

20 juin 1971

Il faisait beau ce jour-là, même un peu trop chaud, je dirais, on sentait déjà comme un air de vacances. Les enfants avaient hâte de terminer l’année scolaire, ils rêvaient déjà de glaces à la fraise et d’interminables courses-poursuites avec leurs camarades. Amanda n’échappait pas à toute cette frénésie enfantine si chère au cœur des enfants, elle aussi rêvait de toutes ces petites douceurs à l’approche de l’été de ses 7 ans.

Amanda, cette jolie petite rousse remplie de toute cette candeur enfantine qui lui allait si bien en ce début d’été, le premier par ailleurs qu’elle passait sur le sol français, elle qui, quelques années plus tôt, était née à Stratford-upon-Avon, la ville de naissance de Shakespeare. Son père, haut diplomate britannique, avait eu la satisfaction d’obtenir un poste à l’ambassade de Grande-Bretagne à Paris. C’était une chance inestimable pour cette famille anglaise, eux qui souhaitaient tant connaître la France, tous ces mangeurs d’escargots qui nous font danser le tango une baguette à la main, ah cette France, ce doux pays de mon enfance, comme le chantait Charles Trenet. Amanda était plutôt contente à l’idée de venir habiter à l’étranger, elle avait tellement entendu parler de la France par tous les amis de ses parents, ah la France, ce merveilleux pays où les amis de ses parents partaient en vacances chaque été sur la Côte d’Azur à Saint-Tropez, ah Saint-Tropez, le chant des cigales, Brigitte Bardot, la révolution des mœurs, mai 68 et quoi encore…

En ce 20 juin, Amanda se promenait tranquillement avec sa nourrice, fille au pair de nationalité anglaise, sur les Champs-Élysées, s’il vous plaît, les Champs-Élysées, une des plus belles avenues au monde. Cindy faisait partie des filles au pair qui avaient l’habitude de voyager seules ou accompagnées, elle n’avait peur de rien, était prête à toutes les expériences, mais son franc-parler et sa gentillesse avaient séduit les parents d’Amanda quand elle s’était présentée pour s’occuper de leur fille afin de les décharger de quelques corvées quotidiennes. Ce qu’ils ne savaient pas c’est que Cindy fréquentait tout un réseau de personnes qui, sous l’influence de certaines substances, n’étaient pas toujours très lucides.

Ce jour-là, par ailleurs, Cindy avait rendez-vous avec un de ses nombreux boyfriends, comment s’appelait-il ? Jacques ? Jules ? Jean ? Elle ne s’en souvenait pas, mais elle savait qu’elle devait rencontrer un garçon qui lui avait donné rendez-vous la veille.

— Comment tu t’appelles ? Tu parles français ?

Sous le charme de cette nouvelle rencontre, la jolie blonde n’avait pas hésité à revoir ce bel inconnu le jour suivant, mais ce jour-là, elle n’était pas seule, puisque Amanda était là. Amanda, du haut de ses 7 ans, ayant une confiance aveugle en Cindy, qui ne refusait jamais de lui acheter un bonbon ou une glace quand elles se promenaient ensemble dans les parcs de la ville.

— Amanda, j’ai quelque chose à te dire. Cet après-midi, nous ne pourrons pas nous promener toutes les deux comme d’habitude, je suis désolée, mais j’ai un rendez-vous de dernière minute, tu vas rester avec moi et si tu es très sage tu pourras utiliser mon maquillage et ensuite on te débarbouillera, comme ça tes parents n’en sauront rien, ce sera notre petit secret à toutes les deux, Okey Dokey lovely baby.

Amanda releva, la tête avec un grand sourire, c’était un peu sa seconde maman, Cindy, elle était tellement gentille avec elle, et puis ça la changeait un peu de la routine, cette proposition de maquillage. Elle enfila sa main dans celle d’Amanda en signe d’approbation et Cindy en profita pour se dépêcher, elle était tellement pressée de rejoindre son amoureux et si contente que cela ne sembla pas déranger la petite. C’est vrai, elle n’était pas encore prête à avoir des enfants, mais Amanda était si mignonne, si jeune et si naïve que la jeune fille était déjà très attachée à elle. Elles arrivèrent toutes deux au lieu du rendez-vous vers 16 heures, mais elles devaient être rentrées avant 18 heures.

Un jeune homme à l’air fringant les attendait sur le pas de sa porte, un sourire malicieux aux lèvres.

— Eh bien, vous avez l’air essoufflées, fallait pas courir comme ça, vous aviez pas un train à prendre.

— T’inquiète pas, on devait juste se dépêcher, je dois la ramener avant 18 h.

— Bah, ça va bien aller, un petit tour et puis s’en vont, dit-il en éclatant de rire.

Cindy et le jeune homme bavardèrent quelques instants, puis la jeune fille donna rapidement son maquillage à l’enfant en lui faisant promettre de ne surtout pas la déranger et qu’elle viendrait la chercher dans un petit moment, ensuite elle s’éclipsa avec le fringant jeune homme. Amanda était toute contente de se retrouver seule avec cette boîte à maquillage, elle avait l’impression d’avoir grandi tout d’un coup. Environ 1 heure plus tard, elle aperçut le jeune homme sortir d’une pièce, il lui fit signe de ne pas faire de bruit.

— Chut ! Cindy est en train de dormir, ne fais pas de bruit, nous la réveillerons tout à l’heure.

Amanda avança en souriant vers lui, elle commençait à s’ennuyer, elle lui tendit les bras pour lui faire un câlin et il la porta gentiment sur le canapé.

— Comment tu t’appelles ?

— Tony et toi ?

— Amanda.

Amanda pensa que Tony était comme son papa, qu’il allait lui raconter une histoire ou jouer avec elle.

— Tony, je peux jouer avec toi ?

— Bien sûr mon cœur, on va jouer au papa et à la maman.

— Ouais, comme à la maison !

Tony commença à l’enlacer, Amanda adorait ce jeu, mais à un moment, elle se rendit compte que quelque chose n’allait pas, mais il était déjà trop tard, elle se mit à crier, mais Tony lui colla sa main sur le visage.

— Tais-toi petite peste ou tu ne reverras plus jamais tes parents.

Prise de peur, Amanda, les yeux écarquillés, se laissa faire sans un mot, elle pénétra dans l’antre de la noirceur et du non-retour.

Chapitre 3

— Madame, madame, réveillez-vous, il est déjà 18 h.

— Que se passe-t-il, vous me réveillez, j’étais en train de rêver…

— Mais vous dormez depuis 15 h, vous ne dormirez plus cette nuit.

— Oui, vous avez raison, je vais essayer de me réveiller.

Amanda s’étire doucement, elle émerge de son sommeil, sa jambe est encore douloureuse. « C’est encore ce maudit cauchemar, se dit-elle en elle-même, cela ne cessera donc jamais. »« Non, jamais, lui crie une petite voix, tant que tu refuseras d’y faire face. »« Oh fiche-moi la paix, je n’ai pas envie de t’entendre », lui rétorque Amanda intérieurement. Puis rapidement, elle réussit à faire le vide dans son esprit.

— Madame, vous avez de la visite, lui dit l’aide-soignante en entrant dans la chambre accompagnée de son mari.

— Comment vas-tu chérie, ta jambe te fait moins souffrir ?

— Oh c’est toujours pareil, j’ai l’impression qu’on est toujours sur le point de me l’arracher, mais ça ira mieux dans quelques jours.

— Eh oui, c’est ça de faire des folies au ski, la prochaine fois tu seras plus prudente.

— Oui, s’il y a une prochaine fois…

— Bien sûr que oui, tu es juste un peu découragée.

« Si c’était seulement ça, pensa-t-elle, il ne sait rien de ma vie et c’est mieux comme ça, d’ailleurs personne ne doit savoir, c’est mon petit jardin secret, on est ensemble depuis si longtemps lui et moi, je ne veux le partager avec personne, il fait trop partie de moi, mais depuis que je suis dans cette chambre d’hôpital, il me taraude nuit et jour, me réveillant sans cesse, avant il me laissait tranquille pendant de longues périodes, que se passe-t-il ? »

Chapitre 4

Cindy venait de sortir de la chambre où elle s’était assoupie quelques heures, ses cheveux étaient vaporeux, elle avait l’air reposée et un doux sourire s’esquissa sur son visage.

— Tu vas bien mon poussin ? dit-elle à Tony.

Ce dernier semblait abattu, il fumait silencieusement une cigarette et ne répondit pas immédiatement.

— Tu fais la tête, s’inquiéta Cindy, tu boudes ?

— Non, non chérie, je réfléchissais juste à quelque chose concernant mon travail.

Cindy le regarda dubitative puis se retourna vers sa petite protégée.

— Alors louloute, t’as passé un bon après-midi, tu t’es bien amusée ?

La petite ne lui répondit pas, elle avait le visage enfoui dans un coussin.

— Eh bien, si tout le monde fait la tête !

— Non, mon amour ne t’inquiète pas, tout le monde va bien, ça vous dirait d’aller manger un morceau toutes les deux ?

— C’est très gentil, mais j’ai promis à ses parents de la ramener tôt, ce sera pour une prochaine fois.

— OK, mais très vite alors, je n’aime pas attendre.

Cindy se mit à rire à gorge déployée, elle aimait sa désinvolture et son ton enjoué, et le moment qu’elle avait passé avec lui lui avait vraiment plu.

— Dépêchons-nous louloute ou tes parents vont être très inquiets.

La petite fille la regarda avec des yeux écarquillés comme si elle ne comprenait pas le message, elle avait l’air fatiguée et son air hagard trahissait ce qui venait de se passer.

Chapitre 5

« Eh bien, il ne se passe rien, sinon le fait que tu veux le garder bien au chaud comme un bébé qu’on veut protéger de tout, non tu n’es pas prête à le laisser sortir, vous ne faites qu’un tous les deux alors ce serait dommage de le laisser partir loin de toi. Oh non, mon pauvre bébé, on a fait la route depuis si longtemps maintenant, tu ne peux pas m’échapper », sanglote Amanda en se recroquevillant tel un fœtus sur son lit d’hôpital. Et soudain, elle réfléchit : « Oui, c’est ce que moi je veux, mais que veut-il, lui, le petit secret et s’il voulait sortir, ai-je le droit de l’en empêcher ? ».

Quel dilemme ! Je ne sais plus quoi faire, mon Dieu, aidez-moi, c’est si compliqué, j’ai bien vécu comme ça jusqu’à présent pourquoi ne pas continuer ainsi ?

Amanda se sent seule, perdue, elle a l’impression qu’elle ne peut en parler à personne, pas même à ses proches, peut-être lui ferait-il des reproches et ça, elle ne le supporterait pas, elle préférerait mourir plutôt que d’entendre la moindre critique.

Elle se sent si fatiguée, elle a envie de se rendormir pour oublier tout cela et son regard scrute les grands murs blancs impeccables qui semblent la protéger et faire office de rempart, mais en fait elle sait bien qu’ils ne la protègent pas, c’est juste une illusion, une de plus…

— Maman !

Soudain, une jeune fille apparaît dans sa chambre comme un ouragan, elle a 15 ou 16 ans tout au plus.

— Ma petite chérie, que fais-tu là à cette heure ?

— Eh bien, j’avais fini les cours en avance et j’avais trop envie de te voir.

Comment annoncer à cette petite poupée que sa mère avait été violée quelques dizaines d’années plus tôt, cela semble impossible.

Amanda se retourne un instant dans son lit pour que sa fille ne la voie pas pleurer, la jeune fille remarque cependant le visage grimaçant de sa mère, mais elle croit qu’elle a mal et ne se pose pas trop de questions, elle a trop hâte qu’elle rentre à la maison.

— Combien de temps vas-tu rester ici maman ?

— Je ne sais pas, le temps que je me rétablisse complètement, je pense, peut-être une semaine ou deux, j’ai vraiment besoin de me reposer.

— OK maman, mais tu nous manques tellement !

— Je sais mon bébé, ne t’inquiète pas, je serai bientôt de retour !

La jeune fille esquisse un pâle sourire et s’allonge délicatement aux côtés de sa mère.

« Si elle savait, pense Amanda, voudrait-elle encore de moi, je me sens si sale. Ce secret, c’est ma bouée de sauvetage, mon rempart, il m’aide à vivre, à tout supporter, non, je ne veux rien dire, je ne dirai rien, même sous la torture. »

Une fois sa fille sortie de la pièce, Amanda éclate en sanglots, elle a l’impression de trahir les siens, sa fille est si innocente, si jeune, que penserait-elle si elle savait que sa mère lui cachait un si lourd secret ?

À la naissance de Pearl, elle était si contente que pendant un temps, elle réussit à presque tout oublier, mais au fur et à mesure que la petite grandissait, elle approchait de l’âge fatidique où cette horreur s’était produite. Et arrivée à cette date, elle fit tout son possible pour pouvoir oublier ce cauchemar, même si ce n’était pas évident tous les jours.

Au fur et à mesure que Pearl grandissait, elle gardait toujours un œil attentif sur elle et était même parfois surprotectrice. Pearl ne s’était jamais doutée de rien et adorait sa mère depuis sa naissance.

Elle avait bien remarqué une certaine tristesse parfois, mais elle pensait que c’était dû aux tracas de la vie d’adulte et ne s’était pas posé plus de questions.

Amanda avait tellement fait tout son possible pour enfouir cette affreuse histoire qu’elle refusait à présent de faire marche arrière, mais le fait d’être immobilisée dans ce lit lui avait fait prendre conscience que sa vie antérieure la rattrapait tel un piège que l’on ne peut éviter. Elle aurait voulu pouvoir dormir des semaines ou des années et se réveiller complètement amnésique, mais ce n’était pas si simple malheureusement. Lentement, elle commença à remonter le cours du temps.

Chapitre 6

Que s’était-il passé exactement cet après-midi-là, avait-elle jamais voulu le savoir ?

Quand Cindy dormait dans cette chambre cet après-midi-là, elle était devenue quelqu’un d’autre en l’espace de seulement quelques secondes, quelques heures, la petite Amanda qui existait le matin même avait disparu le même soir. Une autre Amanda était née, la petite Amanda innocente, pleine de vie et d’assurance avait fait place à une petite fille craintive, solitaire, ne faisant plus confiance à personne. Elle n’avait jamais revu Tony, car à chaque fois que Cindy lui proposait de passer le voir, elle prenait sa mine boudeuse et disait qu’elle allait s’ennuyer chez lui, la jeune fille n’avait jamais insisté, mais avait-elle seulement deviné ce qui s’était passé ? Amanda ne le savait pas, car Cindy ne lui avait jamais posé de questions, peut-être aussi par peur de savoir ou de découvrir quelque chose.

Quelques mois plus tard, elle avait arrêté sa relation avec lui, prétextant qu’il avait une autre fille, mais personne n’avait vraiment su le fin mot de l’histoire. Et en grandissant, Amanda s’était parfois posé des questions concernant sa relation avec lui, car un soir, elle avait trouvé Cindy en pleurs dans les escaliers de la maison. Cindy avait refusé de lui donner la moindre explication malgré l’insistance d’Amanda, qui avait plus ou moins deviné ce qui avait pu se passer. Puis quelques années plus tard, Cindy était partie, car Amanda était à présent assez grande pour s’occuper d’elle-même.

Le jour du départ de Cindy, Amanda n’avait pas voulu être présente, car Cindy représentait la seule personne qui aurait été susceptible de savoir et elle était très importante aux yeux d’Amanda, c’était son seul lien avec les fantômes de son passé. Elle passa plusieurs jours couchée après son départ, car elle était si triste de ne plus la revoir. Sa mère avait cherché à savoir pourquoi elle ne se sentait pas bien, mais Amanda n’avait jamais voulu lui avouer la vérité, reverrait-elle un jour Cindy ?

Chapitre 7

Amanda veut profiter de ces temps de repos pour se replonger dans son passé.

Le reste de l’enfance d’Amanda se passa un peu près normalement, sauf qu’au fond d’elle-même, elle avait profondément changé, mais ses parents, trop occupés à vaquer à leurs occupations, ne s’en étaient jamais vraiment rendu compte, car elle ne se plaignait presque jamais et ses résultats scolaires étaient plus que satisfaisants. Un jour pourtant, il était arrivé un incident qu’ils avaient rapidement oublié. Ce jour-là, Amanda faisait sa rentrée scolaire au collège et un de ses professeurs, Mr Vallon, lui avait gentiment tapoté l’épaule pour lui souhaiter la bienvenue, malheureusement, Amanda avait eu un vif recul et son regard trahissait ses pensées.

Là encore, ses parents ne s’étaient pas posé beaucoup de questions, peut-être était-ce dû à l’époque, car dans les années 70 les enseignants n’étaient pas soupçonnés comme de nos jours.

Durant toute son enfance et même à présent à l’âge adulte, elle continua à se demander ce qu’était devenue Cindy. Elle ne l’avait pas vue depuis plus de 30 ans, elle fit un rapide calcul, Cindy devait au moins avoir une bonne cinquantaine d’années à présent, était-elle toujours vivante, avait-elle des enfants, son passé en France lui collait-il encore à la peau ?

« J’aimerais tellement la retrouver, se dit Amanda, nous sommes les seules à porter ce lourd secret, cela me ferait tellement de bien. » Elle n’a pas très envie finalement de quitter cette chambre d’hôpital où elle se sent en sécurité, ici rien ne peut lui arriver, personne ne viendra troubler sa tranquillité, elle peut réfléchir en toute quiétude.

La pluie ruisselle au dehors flip flop flip flop, cette douce berceuse finit par l’endormir, c’est le bruit de l’infirmière rentrant dans la chambre qui la réveille.

— Madame, il est l’heure de dîner, réveillez-vous !

Chapitre 8

Le grand jour arrive enfin, Amanda doit libérer sa chambre à 11 h 30, il est presque déjà 11 h, rien n’est prêt, elle n’a même pas fait sa valise, non elle n’a pas du tout envie de partir, c’est trop dur de quitter ce petit cocon douillet, cette petite chambre proprette qui la protégeait de tout il lui semble…

Amanda traîne, l’infirmière s’impatiente.

— Madame vous devez être sortie dans une demi-heure, dépêchez-vous !

« Dépêchez-vous ! Elle n’a que ce mot-là à la bouche », pense Amanda.

— Oui oui, j’arrive, susurre Amanda entre ses dents.

Elle jette un dernier coup d’œil à la chambre et elle réalise d’un seul coup que sa vie ne sera jamais plus la même.

Je dois la retrouver, il le faut j’en ai tellement besoin, je dois savoir pour elle, pour moi.

— Madame, s’impatiente l’infirmière, vous êtes attendue

— J’arrive, dit Amanda en se déplaçant lentement dans la chambre.