La transparence, une nouvelle tyrannie - Gilles Gros - E-Book

La transparence, une nouvelle tyrannie E-Book

Gilles Gros

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Beschreibung

Peut-on tout montrer ?

Puisant leurs valeurs dans l’Europe du Nord, les États-Unis ont amplifié la valeur de transparence, nécessaire à l’efficacité de l’accumulation dans un monde de distance. Les distances sont raccourcies si l’on ne rajoute pas de l’obscurité dans les relations. Dans un pays neuf, cette valeur pouvait être poussée à l’extrême. Parce que les États-Unis jouent un rôle majeur dans la globalisation, la valeur de transparence s’exporte désormais, comme la valeur d’égalité s’était exportée hors de France après la Révolution française.

La transparence bute pourtant sur des réalités, qu’elle devra contrer pour éviter des blessures voir des crises potentielles. Le futur n’est pas transparent dans un monde au changement accéléré. Pour toute décision portant sur le futur, exiger la transparence peut fragiliser la décision.

Est-ce que tout est montrable ? Les frontières du « montrable » reculent tous les jours. Les conséquences sont incomprises. Montrer le difforme, montrer l’obésité est devenu commun.... L’obésité se montre dans tous les domaines : physiques, architecturaux, sociaux, économiques,... Pousser à montrer la difformité, les aspérités, est un encouragement à les créer, à les pratiquer ; des fonctions vitales de la société peuvent être ainsi blessées : l’économie, la diplomatie, l’intimité, l’équilibre psychologique, la santé. La transparence, une nouvelle tyrannie essaie d’apporter une réponse à la question : comment éclairer le despotisme de la transparence pour en éviter les inconvénients majeurs ?

Un essai économique sur le concept de la transparence

EXTRAIT

Quel est le lien entre les caméras qui parsèment les rues minimisant les espaces de l’intimité, la peur du gendarme et une société qui avance de plus en plus avec prudence ?
Le lien caché est la valeur de transparence qui rejette le risque et qui parsème la société de manière plus généralisée et sournoise que les caméras…
La transparence, une spirale morale et technologique qui engloutit toutes les dimensions de la société…

A PROPOS DE L’AUTEUR

Gilles Gros est docteur en économie mathématiques et méthodes économétriques. Après, un court passage dans l’enseignement universitaire et les grandes écoles, il entame une longue carrière de consultant marketing au niveau international, confronté aux multiples comportements du consommateur global et des professionnels qui tentent de les contrôler, enrichi par un contact permanent avec la diversité des comportements.

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Gilles Gros

La transparence, une nouvelle tyrannie

essai

Puisant leurs valeurs dans l’Europe du Nord, les États-Unis ont amplifié la valeur de transparence, nécessaire à l’efficacité de l’accumulation dans un monde de distance. Les distances sont raccourcies si l’on ne rajoute pas de l’obscurité dans les relations. Dans un pays neuf, cette valeur pouvait être poussée à l’extrême. Parce que les États-Unis jouent un rôle majeur dans la globalisation, la valeur de transparence s’exporte désormais, comme la valeur d’égalité s’était exportée hors de France après la Révolution française.

La transparence bute pourtant sur des réalités, qu’elle devra contrer pour éviter des blessures voir des crises potentielles. Le futur n’est pas transparent dans un monde au changement accéléré. Toute décision portant sur le futur, exiger la transparence peut fragiliser la décision.

Est-ce que tout est montrable ? Les frontières du « montrable » reculent tous les jours. Les conséquences sont incomprises. Montrer le difforme, montrer l’obésité est devenu commun…. L’obésité se montre dans tous les domaines : physiques, architecturaux, sociaux, économiques…. Pousser à montrer la difformité, les aspérités est un encouragement à les créer, à les pratiquer ; des fonctions vitales de la société peuvent être ainsi blessées : l’économie, la diplomatie, l’intimité, l’équilibre psychologique, la santé. La transparence, une nouvelle tyrannie essaie d’apporter une réponse à la question : comment éclairer le despotisme de la transparence pour en éviter les inconvénients majeurs ?

Gilles Gros est docteur en économie mathématiques et méthodes économétriques. Après, un court passage dans l’enseignement universitaire et les grandes écoles, il entame une longue carrière de consultant marketing au niveau international, confronté aux multiples comportements du consommateur global et des professionnels qui tentent de les contrôler, enrichi par un contact permanent avec la diversité des comportements.

SOMMAIRE

Avant-propos

Introduction

-

transparence ou égalité

Démocratie ou République

Chapitre 1

-

L’enseignement : la création, l’origine des mythes de la pensée

L’enseignement de la transparence

L’enseignement de l’égalité

Chapitre 2

-

Transparence versus égalité, un concours de difformités

L’obésité, une forme perverse de la transparence

La gratuité

L’anorexie du sens du service dans un monde égalitaire

Le business

Chapitre 3

-

Comment s’ajustent les grandes régions du monde entre égalité et transparence

L’Amérique Latine, un monde dual

Le monde indo-asiatique, le temps de l’optimisme

La Chine, un monde cloisonné à multiples facettes

Le monde arabo-islamique, l’efficacité économique de la solidarité aux prises à la rigidité

L’Afrique entre ruse et transparence

Chapitre 4

-

Monnaie et transparence

La transparence a créé la crise financière

La punition théâtrale

Les fonctions morales de la monnaie

Conclusion

Annexe

-

Comprendre la monnaie

La création de la dette, c’est la création de la monnaie

Qu’est-ce que la dette ?

Comment détruire la dette ?

Où créer la monnaie ?

Quel est le lien entre les caméras qui parsèment les rues minimisant les espaces de l’intimité, la peur du gendarme et une société qui avance de plus en plus avec prudence ?

Le lien caché est la valeur de transparence qui rejette le risque et qui parsème la société de manière plus généralisée et sournoise que les caméras…

La transparence, une spirale morale et technologique qui engloutit toutes les dimensions de la société…

Tout est autour du façonnage des décisions par la valeur de transparence et la « singularisation » ultra simplifiée de deux régions occidentales : le vieux continent européen et les États-Unis. Puisant leurs valeurs dans l’Europe du Nord, Les États-Unis ont amplifié la valeur de transparence, nécessaire pour l’efficacité dans un monde de distances. Les distances sont raccourcies si l’on ne rajoute pas de l’obscurité dans les relations. Grâce à la transparence, les décisions sont plus rapides, et surtout plus efficaces. Parce que le pays est neuf, et donc moins dans la culture des pièges qui ont traversé l’histoire européenne, cette valeur pouvait s’imposer et être poussée à l’extrême.

Le diktat de la transparence peut pourtant détruire dans certaines occasions… Des fonctions vitales de la société : économie, diplomatie (Wikileaks), intimité, équilibre psychologique, santé,… peuvent être mis en péril. Les conséquences de la valeur de transparence peuvent devenir perverses…

L’Europe (principalement le sud de celle-ci incluant la France) a contrario a exacerbé la valeur d’égalité. L’égalité est une vraie drogue qui devient de plus en plus dure pour les accrocs, et qui écœure de plus en plus ses victimes.

La non-compréhension des effets pervers qu’engendrent ces deux valeurs extrêmement simples amène à ne pas trouver de solutions aux crises économiques et crises de société.

L’égalité pousse la redistribution et sous-estime l’importance de l’accumulation.

La transparence pousse l’efficacité économique et son corollaire : l’accumulation. L’accumulation nécessite que les inégalités/aspérités qui en découlent soient acceptées. Elles ne peuvent l’être que si l’on ne triche pas : en toute transparence. La transparence bute sur des réalités imparables :

- Le futur n’est pas transparent et l’est d’autant moins que le monde change de manière accélérée. Exiger la transparence peut fragiliser, freiner la décision à prendre, par excès de prudence.

- Montrer les aspérités, les banalise et les encourage amenant des comportements de plus en plus extrêmes et rugueux, qui peuvent être difficiles à contrôler. L’obésité dans de nombreux domaines en est l’illustration : physique, économie, finance,…

- Tout n’est pas montrable (intimité, diplomatie…)

- La gestion de la transparence par le pilori n’est pas sans conséquence néfaste.

Si l’on ramène chacun des deux mondes à l’égalité et la transparence, comment est-il possible que ces deux valeurs poussées à l’extrême n’aient pas d’incidence sur les actions des sociétés dans toutes leurs dimensions ? Les citoyens des deux mondes tapent leurs valeurs sur leur poitrine. Ils sont comme l’orang-outan qui tape ses valeurs sur la poitrine attirant le prédateur qui le tuera et surtout tuera la meute.

Une conséquence non voulue de la transparence est qu’elle permet de tout montrer, même ce qui est difforme, par exemple, l’obésité dans toutes ses formes : physiques, architecturales, gastronomiques, sociales, la publicité, les promotions, la monnaie et même les produits… Pourquoi cacher l’obésité dans un monde qui accepte les aspérités de la vie ? L’obèse physique peut se montrer aux USA. La facilité à se montrer obèse en fait un encouragement direct plus qu’inconscient. Parce que la transparence renforce l’efficacité, elle accentue l’efficacité des mécaniques qui rendent un sujet obèse/excessif. La nourriture sera servie sans limites, en grande quantité. C’est la double preuve que le restaurateur peut le faire et que le consommateur peut le payer. L’efficacité c’est être capable de faire du « grand » du « great » : des grands plats et des gros mangeurs. On est à l’opposé de la culture de Confucius tout en discrétion et humilité. Les corps en Chine ne supportent pas de s’étaler. Ils sont aussi discrets que les corps américains se montrent dans tous leurs aspects, même difformes.

La publicité est le reflet de la vie. Elle pourra donc elle-même être dans l’aspérité et le gigantisme : elle montrera qualitativement tout et sera gigantesque. Dans un monde américain, l’on ne cachera pas les laideurs comme la vieillesse. En opposition le monde égalitaire efface les difformités créant un monde de rêve : de jeunes beaux et en bonne santé, un monde égalitaire dans ce qu’il montre, mais déconnecté des aspérités du réel.

La monnaie sera également difforme et obèse, prenant des formes ventrues et grasses (les bulles monétaires) dans des domaines qui n’apportent rien à l’économie.

L’architecture n’échappe pas à la règle : Les USA feront dans le gigantisme de la hauteur des buildings dans un pays qui ne manque pas d’espace. La Chine qui est à l’opposé de l’esprit d’obésité construit de gigantesques tours par nécessité. Quelle est la nécessité de « verticaliser » « obésifier » l’espace de Chicago dans un monde où l’horizontalité à dimension équilibrée est loin d’être saturée.

Dans un monde de transparence, l’obésité des richesses s’étale sans vergogne, comme l’obésité physique…

Dans un monde d’égalité, l’on cache, l’on essaie d’être discret dans les relations comme dans le corps. Le vivons heureux vivons cachés est le pendant de « si l’on est riche, l’on doit cacher sa richesse, parce qu’elle est contradictoire avec la culture ambiante ».

Ce n’est pas le cas dans la transparence, où il n’est pas incongru d’étaler sa richesse, sa différence. L’on étale les voitures de luxe, les maisons, les salons grands comme un « terrain de football »…

L’obésité prend toutes les formes, même les plus inattendues :

Dans un monde de transparence, il y a une surreprésentation/obésité du débat/de la transparence sur la mécanique des coûts pour tous les types de dépense publique. À l’opposé, dans un monde d’égalité, l’on est dans l’anorexie des débats sur les coûts des politiques publiques. Si la société permet la sécurité sociale pour tous, les mécanismes en seront cachés. Le qui paie est caché… Un américain pense toujours qu’un produit gratuit comme l’éducation, Google ou la sécurité sociale ou l’endettement d’une mairie ou d’un pays amène à la question de qui paie… Elle conçoit sans détour une possibilité de faillite. La société d’égalité cache le qui paie quand il s’agit de redistribution ou de biens publics accessibles à tous… La société d’égalité est aveugle sur les risques de faillite… la société d’égalité rejette les débats sur les prestations gratuites… Toute discussion serait une remise en cause du concept d’égalité, et serait même vue comme réactionnaire… L’on est dans l’acquis qui ne se discute plus…

C’est la même raison qui fait refuser les statistiques de ce qui pourrait gêner l’idéologie égalitaire française : statistiques sur la composition ethnique de la population française… Pourtant, la France a une forte tradition culturelle en matière de statistique : elle fut par exemple le premier pays à sortir des statistiques sur les effets de la canicule de 2005. Dès que le sujet statistique concerne la composition ethnique ou religieuse de la population française, il y a « black-out »/refus de la mesure. Dès qu’un immigré est naturalisé, il échappe aux statistiques. Le Berrichon de source ne peut plus se distinguer de l’Islamiste. Toute remise en cause serait un acte anti républicain. Les Charlies représentent l’aboutissement de la valeur d’égalité qui fonde la République. Pour se rassurer face à la cruauté d’un monde aux aspérités explosives, les Charlies ont crié en masse : le chant du cygne.

Les Charlies ont crié pour un monde sans aspérité, où les individus sont égaux et unis. Jusqu’à ce que la réalité avec ses aspérités montrera que les valeurs ne sont pas partagées au niveau national et encore moins au niveau international. Ce « Charlisme » n’existe pas dans un pays de transparence comme les USA. D’abord parce que la cause du mouvement Charlie a peu de chance d’exister aux USA : dans un monde américain où les aspérités sont montrées, il faut respecter l’autre qui a une autre aspérité que la sienne. Les expressions à la Charlie Hebdo n’existent pas. Le rouleau compresseur aplatissant les religions par la dérision n’existe pas. Spontanément, l’américain habitué à gérer un monde d’aspérités sera plus prudent que les Charlies pour exprimer une idée. Ensuite, la réaction par un mouvement égalitaire ne peut exister. Les aspérités, les inégalités sont acceptées. On ne peut réagir par une grand-messe de l’égalité. On réagira en montrant les différences, par la transparence, par les médias, par la communication… La question de l’acceptation des aspérités est préparée aux USA, évitant le choc français présent et futur de la découverte des aspérités, après un endormissement de la population. Les USA préparent en toute transparence leur pays à un changement de population vers un monde plus hispanique. A contrario, le Français est dans le « black-out », dans l’endormissement. Il ne sait pas où il en est sur le changement de sa population. Personne ne sait combien il y a de musulmans en France : 6 millions ou 20 millions ? Cela prête à l’ignorance, à un refus de gérer le sujet, et pour une partie de la population à la peur, à toutes les angoisses et fantasmes… Une manifestation ne résout pas tout…

Bill Gates représente le monde américain rêvé : la richesse est le but. La fortune de Bill Gates n’a rien d’égalitaire, ses combats pour la différence, ses actions caritatives donnent le ton de l’humanisme américain : il se fera dans la différence, non par l’égalité « charlinienne ». La diversité à l’Américaine n’a pas du tout le même contenu que l’égalité à la française. Le Yankie n’est pas un Charlie.

L’économie mondiale et monétaire étant dominée par les USA, c’est la valeur de transparence qui devient la valeur pivot dans la globalisation. Elle crée la crise monétaire. La valeur de transparence force à une clarté des comportements dans un monde de moins en moins clair par la vitesse du changement. Parce que la transparence est codifiée dans les lois avec son train de punitions sévères pour les déviants, elle amène la prudence. Agir en transparence, c’est refuser le risque sur le futur (par définition non transparent). Il y a destruction des décisions de paris sur l’avenir. Ces décisions sont pourtant le terreau du crédit qui crée la monnaie. Sans décisions sur le futur, pas de dettes. Et si la dette n’existe pas, la création monétaire n’existe pas, en tout cas là où elle est utile.

Les sociétés se positionnent par rapport à la valeur dominante de transparence : elles gagnent ou perdent sur ce registre.

L’Inde qui concilie optimisme (paris énormes sur l’avenir) et transparence surfe sur cette vague. Une partie de l’Afrique, particulièrement celle de l’Ouest (plus liée à la France), à l’opposé cumulant des valeurs opposées à la transparence aura donc du mal à attirer les capitaux.

Vouloir une transparence totale/totalitaire fait craindre le pari toujours obscur sur le futur. Cette peur du futur engendre moins de décisions de s’endetter, et donc la crise. La crise ne se terminera pas en réinjectant de la monnaie dans des bulles déconnectées de là où elle est nécessaire.

Pour les tenants de la valeur de transparence, les héros sont les épargnants parce qu’ils agissent sans risque. Pourtant les véritables héros sont ceux qui agissent dans un futur flouté voir opaque. Ils font vivre la meute parce que seuls ceux qui s’endettent créent de la monnaie. Ceux qui s’endettent sont comme les passeurs qui permettent de traverser une rivière : ce sont les passeurs du temps. Si l’on ne traverse pas le temps de manière sereine, c’est la crise. Les passeurs prennent le risque et donc méritent la gloire. Ne pas favoriser ces parieurs sur le futur détruit la meute.

Les faux héros « institutionnels » de la valeur de la transparence sont ceux de la rationalisation des coûts, pompeusement appelés « cost leaders » dans le monde anglo-saxon. Les chasseurs de coûts parce que les coûts sont plus transparents que les revenus sont de faux héros. La « confrérie » des cost leaders détruit la monnaie. Il est plus dur de parler de transparence des revenus que de transparence des coûts. Dans le monde financier de la transparence, le chasseur de revenu est moins considéré que le chasseur de coût.

La question devient : comment reconstruire les fonctions de la non-transparence, tout en gardant cette valeur de transparence. En matière monétaire, une des fonctions clefs de la non-transparence est de rassurer sur le futur et donc de permettre les paris sur le futur : minimiser, occulter, ne pas « sur punir » des comportements économiques litigieux, permettant dans certaines occasions la confiance dans l’avenir, évitant la spirale actuelle de la destruction de monnaie. Une solution évidente est de redonner confiance, donnant à l’État la possibilité de dévaloriser la dette ou baisser le niveau de risque en prêtant la monnaie dans de meilleures conditions. Si les investisseurs savent que dans des circonstances critiques telles que la crise économique, la dette peut être dévalorisée, ils reprendront confiance dans le futur et seront incités à s’endetter plus. Et la destruction de monnaie si nécessaire dans les rouages de l’économie sera évitée.

L’égalité caractérise la France. En forçant à la redistribution, elle décourage les forces nécessaires à l’investissement. En dévalorisant les actes d’enrichissement, elle détruit l’économie. Elle force à des comportements obscurs pour établir un monde impossible : celui de l’égalité. Elle devient un monde où les valeurs de la République ont besoin d’être contrôlées pour survivre. Contrôler ces valeurs, c’est contrôler la transparence, et ce faisant la détruire. Une plus grande volonté qu’aux USA de contrôler la pensée, les réseaux sociaux ou les médias en est une démonstration. Ce contrôle pour l’aplatissement général va même dans l’absurde : au nom du nivellement, les crèches avec santons deviennent les ennemis. La laïcité est l’arme de l’aplatissement général.

Ces deux mondes de valeurs, égalité et transparence ne sont pas complètement étanches. Égalité et transparence affectent les deux mondes. Si ces valeurs ne sont pas maîtrisées, elles créeront des déséquilibres destructeurs de l’économie et autres dimensions qui fondent la société.

Les valeurs ne troublent pas que l’économie ou la politique. Elles troublent les mœurs…

Comment s’assurer que les comportements économiques ou politiques des acteurs sont irréprochables si les comportements moraux des acteurs ne le sont pas aussi ? Cacher sa vie personnelle, tricher dans sa vie personnelle devient insupportable : c’est l’indice que l’on peut tricher dans la vie économique ou la vie politique…

L’expiation sur les planches du pilori, donc très transparente est la seule manière de remettre les individus dans les rails de la moralité.

A contrario un monde d’égalité s’accommodera plus facilement d’une déconnexion entre vie privée et vie publique… L’égalité pousse à tricher, à gommer les aspérités. Et effet positif du monde égalitaire, la vie privée sera plus respectée, les expiations publiques moins nécessaires… Très clairement l’on oppose 2 conceptions de la vie privée : celle des USA et celle de la France. Toutes les technologies liées aux réseaux sociaux, parce qu’elles facilitent la communication entre tous et sur tous les sujets, amplifient la valeur de transparence. Ces technologies associées à la nécessité de performance économique vont balayer les valeurs qui ne poussent pas la transparence…

L’égalité fera de moins en moins sens dans sa forme actuelle… La transparence a contrario fera de plus en plus sens. Elle devra toutefois s’adapter pour garder les avantages pertinents liés au monde passéiste de la non-transparence. C’est tout le challenge : construire la transparence sans gommer les avantages de la non-transparence.

INTRODUCTIONTRANSPARENCE OU ÉGALITÉ

Deux espaces de la valeur se répandent sans crier gare dans l’économie moderne :

- Ceux liés à l’égalité en France particulièrement et en Europe comme second temps. On verra combien le Français a été martelé par ce concept et l’a exporté dans la mesure du possible… L’inefficience économique de la France rend l’exportation de ce concept de plus en plus difficile, sauf dans les pays encore moins efficients qu’elle. À comparer aux mêmes difficultés d’exporter dans le domaine industriel. La montée du monde anglo-saxon rend le concept d’égalité de moins en moins approprié au moins dans l’Europe du Nord.

- Ceux liés à la transparence sur les règles de comportement économiques aux USA. Les règles américaines sont drapées de pragmatisme et à l’efficacité plus que de grands principes. La valeur économique rejoint la valeur en matière de mœurs, comme si une défaillance dans un domaine pouvait créer une défaillance dans un autre domaine. Il n’y a pas de séparation des corps individuels et des corps sociaux. L’économie, la politique et la morale sont drapées du concept de transparence aux USA (du concept d’égalité en Europe). La transparence qui apparaît de plus en plus comme un besoin d’efficacité économique (l’efficacité ne peut être basée sur une black box) ne peut s’arrêter au « job » : elle doit être totale. C’est la garantie de l’efficacité. L’intimité des mœurs est sacrifiée sur l’autel de l’efficacité économique. Malheur à ceux qui se font prendre s’ils veulent contourner la valeur de transparence.

L’orang-outan dominant est celui de la transparence. Il est américain et en pleine accélération.

L’orang-outan de l’égalité est français, il est en perte de vitesse dans un monde globalisé.

La valeur de la transparence aux USA est une nécessité pour contrôler l’économie. L’obscurité est l’ennemi de l’efficacité. Être efficace, c’est dire clairement ce que l’on fait. La division du travail nécessite l’échange. Dans un monde d’échanges exacerbés, il faut un minimum de confiance. La non-confiance veut dire que l’on perd du temps à comprendre les éventuels pièges que l’autre fait et à fabriquer soi-même des pièges pour contrer une atmosphère obscure. Ne pas avoir confiance, c’est perdre du temps, et donc ne pas être efficace. La valeur la plus évidente pour créer un monde de confiance est la transparence. Dans un monde américain où les distances sont énormes par la géographie et par les organisations, l’on a d’autant plus besoin que les échanges se fassent vite… La transparence devient clef…

Un des échanges essentiels est celui entre l’actionnaire et le salarié. Être efficace c’est être transparent pour les actionnaires. C’est ne rien cacher… C’est montrer ses valeurs. Et souvent ce que l’on montre est nécessairement conforme à la moralité bienséante. Cela n’a rien d’extraordinaire : un actionnaire ne peut investir sur quelqu’un qui peut le tromper…

Parce que l’on ne peut sans arrêt tricher, l’on est forcé de rapprocher ses valeurs à celle d’un monde transparent. Tout ce qui est transparent est valorisé. L’actionnaire parce qu’il est transparent n’est pas rejeté : sa transparence dans un monde qui vénère la transparence le fait accepter… À comparer à un actionnaire obscur dans le monde latin… Les Latins « crachent » sur les actionnaires parce qu’ils n’y voient que trompeurs, voleurs, brigands qui détruisent l’idéal d’égalité… Les valeurs des Latins (et Grecs) sont ailleurs… Il ne peut y avoir convergence entre valeurs de l’actionnariat (forcément inégalitaire) et les valeurs d’égalité. La cohabitation se fait dans la triche… et la confrontation.

Le français est frappé par le respect de l’actionnaire aux USA. Ce respect se traduit en honnêteté vis-à-vis de l’actionnaire. Et parce que l’honnêteté n’est pas relative à un domaine, l’exigence est générale. A contrario, dans un monde d’égalité, l’actionnaire est l’ennemi, celui qui vole… Voler l’actionnaire, c’est reprendre ce qui lui est dû… L’on est aux antipodes de l’esprit américain. Le gauchiste est l’orang-outan sublimé de cette vision… Donnerait-on une voix à un drogué de la cocaïne ? Pourquoi donnerait-on une voix à un drogué d’une valeur ? Une raison est d’être drogué soi-même… Peut-on travailler la désintoxication d’une addiction dangereuse : la transparence ou l’égalité… Si quelques individus s’adonnent à la cocaïne, la société n’est pas en danger. Elle peut être en danger si l’intoxication prend des proportions importantes : l’assemblage… Les valeurs à la différence de la cocaïne ne peuvent être interdites, mais leurs conséquences doivent être contrôlées…

L’employé américain montre à l’actionnaire ce qu’il fait sans tricher dans tous les domaines de la vie. L’honnêteté a des implications au-delà de l’entreprise : comment peut-on être honnête vis-à-vis de l’actionnaire si l’on trompe sa femme, si l’on trompe sa famille avec une petite amie ou un petit ami ?

Démocratie ou République

Le choix entre démocratie et République

Deux traits simples marquants délimitent le monde USA et le monde européen dont particulièrement la France : le concept d’égalité marque la France comme le concept de transparence marque les USA. Deux idées/valeurs très simples qui pénètrent la réflexion, les problèmes et les solutions qui leur sont données. La monnaie est la caisse de résonnance de ces 2 valeurs : elle est le nœud de la crise qui va affecter le quotidien de tous : une direction non voulue de la monnaie.

Les deux valeurs (égalité et transparence) coexistent dans les deux pays. Elles paraissent louables prises au niveau individuel, et prises collectivement vont dans de nombreux cas vers une forme de barbarie. L’égalité dirige/« esclavagise », « appauvrit » relativement plus le Français et quelque part aussi l’Européen, surtout du Sud. La transparence dirige relativement plus le monde américain. Parce que les idées traversent les frontières, et ce d’autant plus avec les nouveaux médias, les esprits convergent. Et politiquement, les démocrates Américains se dirigent vers quelque chose plus proche de l’esprit français (dirigé par l’égalité). Et la droite française et dans une moindre mesure une partie de la gauche française (uniquement par pragmatisme) vont vers quelque chose plus semblables à l’esprit américain moyen (dirigé par la transparence).

La transparence fait référence à la démocratie (les gouvernants sont le reflet continu et transparent des volontés des peuples) et l’égalité à la République (les gouvernants une fois élus se déconnectent des peuples pour forcer sans transparence les valeurs de redistribution pour lesquelles ils ont été élus). La volonté du peuple exprimée dans la démocratie exige que les gouvernants rendent des comptes de façon transparente, de façon continue. La transparence ne peut fonctionner par à-coups. L’égalité est un concept qui s’accommode d’être sous-traité par des gouvernants avançant cachés. Les gouvernants de l’égalité agissent en dictateurs et ne se reconnectent avec le peuple que lors des élections…

Parce que la transparence fait référence à la démocratie et l’égalité à la République, l’opposition entre transparence et égalité est l’opposition entre République et démocratie. La République cache pour pousser l’égalité. La Démocratie montre pour garantir la richesse (la volonté principale des peuples).

L’égalité procède du politique. La transparence procède de l’économie…

La transparence n’admettra une dose d’égalité que si elle voit une dose d’efficacité dans celle-ci.

En République, le peuple sous-traite ses exigences de redistribution aux gouvernants.

En démocratie, le peuple exige l’efficacité économique et donc la transparence continue des gouvernants.

Ces deux concepts/valeurs principaux déclinés à l’envi permettent d’accrocher les différences culturelles mondiales et jettent un éclairage qui peut aider à comprendre certains mécanismes pervers et principalement la crise actuelle.

La démocratie aux USA est en pleine résonnance avec la transparence

D’aucuns diront que ce qui singularise le monde américain en plus de la religion, c’est la démocratie, et non pas la transparence. Il est vrai que l’Amérique se définit volontiers plus comme une démocratie que comme une République. La spontanéité du mot démocratie aux USA a pour pendant en France la spontanéité du mot République. La République se situe vite dans le triptyque : liberté, égalité, fraternité. Nulle part, une référence à la volonté des peuples n’apparaît. D’ailleurs, les premières Républiques ont cassé la volonté des peuples pour forcer les valeurs de la République. Le sang a coulé… La démocratie se situe plus dans le domaine de respecter la volonté des peuples. Comment respecter la volonté des peuples si l’on ne favorise pas la transparence sur cette volonté ?

Toute action qui entraverait cette transparence entraverait par voie de conséquence la démocratie… Faire couler le sang pour respecter la volonté des peuples est beaucoup moins logique que faire verser le sang pour obtenir l’égalité. Jouer la volonté des peuples, c’est jouer la liberté de l’expression de cette volonté, c’est jouer la volonté de transparence. La liberté du triptyque de la République française est trop générale pour avoir un contenu. Parler de la liberté d’expression donne un contour volontaire et puissant à la liberté. C’est un des vecteurs de la transparence…

La République (revendication française) se fonde sur l’égalité, un concept incompatible avec la liberté.

La démocratie (revendication américaine) se fonde sur la transparence. Au triptyque français « liberté, égalité, fraternité » correspondrait le triptyque USA : « liberté d’expression totale, transparence, efficacité ».

Dans le triptyque français, la liberté n’est pas liée à la libre expression. Elle est liée à l’égalité. Je suis libre parce que je suis l’égal de tout le monde, parce que l’autre ne peut m’écraser, m’exploiter. Je suis libre parce qu’il n’y a pas une relation asymétrique entre moi et mon patron, qui d’ailleurs est dévalorisé, vu comme un prédateur/exploiteur. Cela crée une notion floue de liberté loin de la liberté spécifique d’expression qui est nécessaire à la transparence. La transparence de ce que les politiciens font est la garantie de la démocratie : la volonté du peuple.

Dans un pays marqué par l’égalité, un président ou un candidat à la présidence est perdant s’il est dans l’exhibition, dans les excès, dans des attitudes avec trop de relief… Un président ou un candidat à la présidence est gagnant s’il marche caché, sans relief, sur le concept d’égalité… C’est l’homme normal ou plutôt « égal ».

L’opposition entre République et démocratie existe dans l’opposition de deux dimensions fondamentales de la Chrétienté : la transparence et l’égalité.

La Chrétienté est transparence, elle ne cache pas : elle montre les plaies du Christ. Elle montre en facial la réalité de la souffrance et de la mort. La pub américaine est dans cette trame : elle montre les plaies de la société, elle montre la maladie, la vieillesse. Ce que le monde chrétien latin ne fait plus.

La Chrétienté est justice. Et la revendication de justice peut aboutir à une revendication d’égalité. Le monde méditerranéen a penché sur cette version de la Chrétienté.

Le monde anglo-saxon s’appuie sur une culture nordique où la nécessité de l’égalité n’apparaît pas. La nécessité de la communication y est plus importante : distances plus importantes entre les populations dans des pays où la météo est moins clémente. Le nord de l’Europe va donc retenir la transparence… L’Allemagne est entre la France et le Nord… En matière économique, l’Allemagne a une excellente résonnance avec le monde anglo-saxon de la transparence…, mais certainement de manière plus subtile : elle a accumulé des siècles d’expérience où il fallait ne pas tout dire…

La destruction par les valeurs

La valeur ne reste pas du domaine de l’intime avec l’intérêt restreint de l’ego.

La valeur construit comme elle, détruit au-delà de l’individu qui la pratique. Elle est la raison principale des guerres comme des crises. La valeur va dans la direction impulsée, mais comme un boomerang, elle peut prendre une direction inattendue si elle est mal contrôlée… Une direction attendue de la transparence est un plus démocratique. Une direction inattendue est la tyrannie de la transparence avec ses effets collatéraux. Une somme d’effets positifs au niveau individuel peut devenir un assemblage pervers. L’être humain se comporte toujours comme l’orang-outan qui exprime bruyamment ses valeurs en se tapant les mains sur la poitrine. En même temps qu’il exprime ses valeurs de façon toute transparente, il attire l’ennemi qui le détruira. Ses mains étaient supposées faire fuir l’ennemi ou l’intrus… Les mains ont abouti à attirer le prédateur… (chasseur ou animal en manque de nourriture…). Taper les mains sur la poitrine est un acte social qui donne la mesure de sa puissance, de ses valeurs. Si toutes les mains se mettent à taper, c’est le conflit social, voire un appel plus fort du prédateur… Quand les valeurs s’assemblent, elles prennent une dimension nouvelle, souvent non perçue. Elles prennent des directions qui n’ont plus rien à voir avec la direction individuelle première de la valeur… Parce que la démocratie donne plein pouvoir au groupe majoritaire, l’assemblage est toujours celui du groupe majoritaire. Le groupe majoritaire veut le respect de ses valeurs et met au pouvoir ceux qui les subliment. L’assemblage d’individus aux mêmes comportements (a priori bénins pris individuellement) crée de nouveaux effets qui ne sont pas que la somme des effets individuels. Quelque chose de nouveau apparaît : des effets non contrôlés et souvent pervers.

L’ancêtre de la notion de la valeur est la main de l’orang-outan frappée sur sa poitrine… La naïveté de l’orang-outan est romantique, pleine de nostalgie.… Les nostalgiques des valeurs inoculées dans l’enfance agissent comme l’orang-outan.

Le Communisme comme excroissance monstrueuse de la valeur d’égalité

Un communiste (comme symbole du fanatique de l’égalité) aussi ridicule soit il est poignant dans sa nostalgie des valeurs d’égalité… Il est le sympathique, mais suicidaire orang-outan du XXIe siècle… Les baleines se suicideraient parce qu’attirées par un étrange phénomène, le communiste se suicide et suicide le pays, parce qu’aimanté par la valeur d’égalité… En France, l’on a des restes fantastiques de ces sédiments égalitaires outranciers. La liste est longue et prend la forme de sectes comme les sectes écologiques ou les sectes zadistes, ultra gauchistes… Ces sectes ont un point commun : elles ne peuvent s’entendre parce que la pureté du dit est importante dans une secte, et les sectes ne peuvent s’accorder sur ce qui est pur.

Le sectaire reste sur la définition du dit pour sa secte A et qui nécessairement est différent du dit de la secte B. Le seul avantage de ces sectes est de donner un sens à ses membres, même si ce sens est ridicule. Tout le monde ne peut tomber dans ce piège du sens de la vie par les sectes, même si tout le monde est peu ou prou paumé… Pour se rassurer, le monsieur Tout-le-Monde recherche quelque chose de plus universel qu’une secte… D’où le faible attrait de ces sectes par rapport aux partis les plus conservateurs (FN par exemple) rassurant par des valeurs qui paraissent éternelles ou par rapport aux partis prônant un individualisme dans la recherche du plaisir : un vecteur d’oubli. On retrouve cet individualisme autant dans la droite classique que dans la gauche bon genre, dite bobo…

Les sectes gauchistes ont un espoir : attirer une partie importante de la population qui ne voit que la redistribution comme clef de leur survie.

Chaque comportement individuel semble légitime : il est bon que l’orang-outang montre sa virilité, son désir de pouvoir, son désir de faire fuir l’intrus… L’assemblage d’orangs outans / individus ayant la même attitude peut aboutir à une cacophonie déstabilisant le groupe, à alerter plus de prédateurs, à une remise en cause du groupe.

L’assemblage de valeurs individuelles ne peut pas être compris en ne considérant que la somme des valeurs des individus pris un à un.

Les destructions sont générales

La transparence est une valeur individuelle essentielle dans le monde américain. Elle permet la confiance dans l’accumulation et donc l’efficacité.

Elle s’étend dans tous les domaines autres que l’économie. Elle permet sans honte les aspérités dans tous les domaines : dans la tenue vestimentaire jusqu’à autoriser le vêtement extrême : la burka, dans la corpulence physique allant jusqu’à l’obésité, dans les propos tenus qui peuvent aller jusqu’à remettre en cause la shoah, jusqu’à une architecture complètement décalée, par des projets de parcs d’attraction frôlant la folie, par les publicités réalistes montrant les rides de la vieillesse ou de la souffrance (que jamais les publicités du monde égalitaire montrent), par les émissions de reality show, par…

La transparence est plus qu’une valeur : l’on touche le sacré…

Le pendant de la transparence est le voyeurisme… La transparence a transformé la société en gangs de voyeurs très réceptifs à tout ce qui peut être montré… Voyeurisme et transparence se renforcent l’un l’autre. Et ce autant dans le domaine de l’économie que dans le domaine sociétal…

Le premier voyeurisme est celui sur la répartition des richesses. En France, les riches sont les défenseurs du « pour vivre heureux (c’est-à-dire riches), vivons cachés ». Ma grand-mère cachait la profondeur de son jardin pour ne pas angoisser/irriter les pauvres. Cela pourrait nuire… il était mal vu de s’écarter de la valeur d’égalité… Aux États Unis, l’on montre sa richesse et les pauvres la regardent en voyeurs, s’extasient devant les intérieurs des demeures des milliardaires… Les inégalités venant de l’épargne/l’accumulation ne sont pas à cacher. La seule contrainte est de respecter avec transparence certaines règles financières, dont l’une est la clarté totale des comptes. Il ne faut rien cacher sur la manière dont on accumule. L’accumulation sera sous les feux des projecteurs. Une accumulation qui ne respecte pas les règles sera mise au pilori. Il devient impossible de ne pas se soumettre à la transparence. Tous les artifices financiers qui paraissent louches sont rejetés. Ils sont louches si illégaux, ou parce que souvent liés de façon très lointaine à une base d’épargne ou liés à des risques financiers énormes.

Pour un tenant de l’égalité, montrer ses richesses dans un monde où existe la pauvreté tient du sadisme. Dans un monde américain de la transparence, cela tient de la vertu…

Des sociétés se spécialisent dans la traque des comptes pour faire surgir ce qui pourrait être caché, donnant les notations qui estampillent les bons comportements. Cette traque inquisitrice empêche les comportements non légaux, mais il gêne aussi des comportements légaux risqués, parce qu’il crée une situation de peur : tout est su/exhibé, donc je ne peux montrer que je prends des risques. Je ne peux qu’être excessivement prudent, refusant de parier sur le futur, par définition non prévisible, surtout dans un monde où le changement s’accélère... La prédictibilité devient la règle… Le voyeurisme, la transparence financière ont gagné…

La transparence tue la masse monétaire

La masse monétaire est endogène : elle dépend de la volonté des individus de s’endetter. La chasse à la transparence rend les prises de risques plus difficiles ; les individus emprunteront moins. Ce qui accentue la baisse de la masse monétaire et donc la crise.

Des pans entiers de l’économie sont mis à mal par la pénurie de monnaie. Des bienfaits individuels aboutissent à des désastres quand leur assemblage est mal géré. L’économie perd en croissance tout le potentiel de gens qui seraient prêts à prendre un risque financier, mais qui ne le font de peur de ne pas respecter les règles drastiques imposées par la transparence : pouvoir montre une capacité à rembourser.

Socialement, l’orang-outan de la transparence américain a raison de mettre sa valeur « notation financière » en avant, de la sur montrer et de se gargariser des orangs outans « ayant une mauvaise note ». Il a raison de se taper les mains sur la poitrine pour être reconnu dans sa tribu. Il est persuadé que dépenser sans base solide d’épargne n’est pas sain et n’est possible que parce que la transparence des mécanismes financiers n’est pas là. Cette valeur se heurte sur un point fondamental : il n’y a pas de boule de cristal pour anticiper le futur ; nécessairement, le risque existe. Un comportement financier complètement transparent/sain est impossible.

La monnaie et donc l’épargne n’existent que parce que des « héros " parient sur le futur en s’endettant. Tuer la possibilité de s’endetter, c’est détruire la monnaie ; si les orangs outangs refusent de s’endetter ou s’endettent insuffisamment, l’économie s’effondre. Parce que les orangs outans raisonnent avec leurs mains (voir avec leurs pieds), la meute / le groupe disparaît.

Les inquisiteurs de la transparence, les inquisiteurs de la dette saine détruisent l’économie comme les inquisiteurs religieux du Moyen-Âge détruisaient les sciences déviantes telle la sorcellerie qui certainement avait fait des découvertes perdues à jamais. La valeur purificatrice dans les deux cas est destructrice…

Le débat entre la France et l’Allemagne est quelque part un débat entre les destructeurs de dettes (les Allemands) et les promoteurs de dettes (les Français). Ce débat ne se fait pas indépendamment du débat sur la transparence. Les Allemands sont plus greffés sur la culture dominante mondiale que les Français.

L’orang-outan égalitaire (Français) ne comprend rien à la valeur de transparence. Il trouve l’orang-outan de la transparence ridicule, éloignant des vrais problèmes : la redistribution comme réponse à tous les problèmes. Tout le reste n’est qu’ennui empêchant la resplendissante redistribution/égalité de faire son œuvre.

Le système démocratique majoritaire amplifie les idées majoritaires. Y a-t-il une science de l’assemblage d’idées/valeurs comme il y a une science de l’assemblage dans d’autres domaines : par exemple, l’urbanisme est la science de l’assemblage des constructions individuelles. Tout le monde comprend qu’une maison qui est le résultat de la science de l’architecture doit s’intégrer dans un plan d’ensemble (le plan d’urbanisme).

Il y a une science de la physique qui dit que les agrégats ne fonctionnent pas comme le monde de l’infiniment petit : la chimie.

Il y a une science de la sociologie qui dit que les agrégats ne fonctionnent pas comme les psychologies individuelles.