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"La valse triste" est une étreinte fugace, mais inoubliable d’une passion estivale entre un vieil homme et son amour de jeunesse. Chaque mot tisse la trame délicate d’une romance éphémère, désormais éternelle dans les étoiles. Laissez-vous emporter par les nuances subtiles de ce récit, où les saisons changent, mais l’empreinte de cet attachement persiste et illumine le ciel de souvenirs lumineux.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après de longues années de lecture,
Patrick Bottacci écrit "La valse triste", son premier livre, précurseur d’une série à venir. Fasciné par le pouvoir des mots, il aspire non seulement à inspirer un large public, mais aussi à laisser au monde une trace indélébile.
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Patrick Bottacci
La valse triste
Roman
© Lys Bleu Éditions – Patrick Bottacci
ISBN : 979-10-422-2978-8
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En mémoire
de Monsieur Veschi et de Rose
16 d’août 193… 9 heures du soir
Les peines anciennes, le temps les adoucit, la mienne n’est que de ce matin : vous êtes partis et je ne puis chasser la tristesse que m’ont apportée les premières heures de cette journée. Me voici seule, avec mes pensées grises… Je regarde au loin… Je vous regarde vous éloigner et vous commencez à vivre dans ma mémoire. Hier, c’était nous. C’était la joie et le rire, c’était la vie, légère et lumineuse. Aujourd’hui, c’est le silence et c’est la solitude, le vide aussi. Un départ laisse si souvent au fond du cœur cette âpre sensation de quelque chose qui s’arrache, cet affreux sentiment de quelque chose qui finit ! Et c’est si douloureux parfois, tout ce qui est fini !
Seule murmure en moi une voix fraîche comme la rosée. Tout le jour, une foule de ces refrains si jeunes que vous aimiez à fredonner ont chanté dans ma tête, légers et gais comme un gazouillis d’oiseau. « Lettre berceuse » de Mozart, surtout, qui mettait dans vos yeux une gravité inattendue !
Tout le jour, je vous ai suivie dans les étapes du voyage, à cette heure, vous êtes déjà en mer et vous quittez Bastia. Le Sampiero Corso vient de contourner la jetée ; il s’élance, si frêle sur cet infini, vous regardez les lumières de la place Saint-Nicolas qui accrochent vos yeux et leur font mal, j’en suis sûr… Et je suis sûr que ma pensée, en ce moment, appelle la vôtre et la retient… Comme le bonheur est inconstant !
Tout à l’heure, je suis allé attendre le moment du dîner sur notre petit pont de bois, mélancolique comme le soir qui descendait sur le village, l’eau courait toujours, indifférente telle une étrangère. La montagne, là-haut, était toute rosée… Ma pipe s’est éteinte… Pendant que je dînais, Boccanegra est venu m’apporter le réconfort de ses bons yeux intelligents aussi tendres et affectueux que ceux d’un ami, il a mis sa grosse tête sur ma jambe et il m’a regardé longuement. Vous auriez dit qu’il comprenait. J’ai enfoncé mes doigts derrière ses oreilles et j’ai gratté doucement, il est resté là, sans plus bouger. Je suis sûr qu’il souffre lui aussi de votre absence et qu’il pensait à vous… Et maintenant, fenêtre ouverte sur la nuit, je cherche vos yeux. Peut-être sur la lune qui se lève, elle montera comme déjà montent mes souvenirs. Des images dans les nuages se formeront que, ce soir, je ne regarderai pas… Je vais aller fumer une dernière pipe au bord de la rivière, ma main, ce soir, sans la vôtre, se sentira très pauvre… Bonsoir ! Dormez bien sur ce méchant bateau : ma pensée voudrait de loin veiller sur vous, dors, mon petit prince, dors… Dormez ma douce amie.
17 août, 11 heures
Ainsi, c’est bien réel ! Vous êtes partie…
Au réveil, ce matin, j’ai lu, plus lourde encore, cette oppression de deuil. Parce que je n’ai pas hier réalisé immédiatement tout ce que je perdais, je n’ai d’abord pas eu trop de peine, je suis resté un long moment immobile, regard tendu, esprit vide. Lorsqu’une grande tristesse s’abat ainsi, il semble que le cœur se noie, on étouffe, sans pouvoir réagir et puis l’on recommence à accomplir les gestes de la vie, lentement, et d’un seul coup, la flamme que vous aimiez en mes yeux s’est éteinte, elle s’est retirée au fond de moi où elle s’est mise en veilleuse. Elle n’éclaire plus mon visage, je la sens qui me réchauffe doucement et elle restera là, fidèle, jusqu’à notre revoir, ainsi qu’une pierre précieuse provisoirement remise en son écrin.
18 août, 10 heures du soir
Je savais que vous me manqueriez, je ne savais pas combien seraient grands l’ennui et la mélancolie, l’angoisse qui pèse sur moi et que les souvenirs irritent au lieu de calmer, car l’évocation des jours heureux n’est agréable que si l’on est encore heureux. Comme votre présence m’était douce ! Et comme j’ai vécu près de vous intensément, nos heures ont été comme un beau lac bleu, plein de reflets et rayons, j’en suis encore tout inondé. J’ai beau me répéter cette parole du sage oriental : puisqu’il chante ce pauvre qui n’a jamais rien possédé, pourquoi pleures-tu, toi qui as de si beaux souvenirs ? Ma nostalgie reste entière ; elle est encore trop jeune, je sais que les choses n’ont de puissance que celle, nous leur attribuons et qu’il nous suffirait pour ne pas souffrir, de ne pas penser ou encore de faire un bond dans le temps et de mettre, tout de suite, notre âme dans l’état où, elle serait lorsque les jours l’auraient naturellement détaché de sa souffrance ? Je ne suis et ne voudrais, j’aime ma peine et parce que je l’aime, elle m’est plus légère, elle n’en est pas moins profonde, n’êtes-vous pas pour moi la petite source d’eau pure, limpide comme le chant du rossignol, la petite source qui rafraîchit, purifie, et disperse autour de soi des perles de lumières ? N’êtes-vous pas « la lumière » ma petite Lucette ? Mais votre nom seul est déjà une clarté ! Pourquoi a-t-on envie, près de vous, d’être plus grand, plus généreux, meilleur ? Je ne sais, peut-être seulement parce que, lorsque l’on aime, on a toujours le désir de s’élever… Je sais ; en tout cas de longs jours devront encore passer avant que je ne me réhabitue à mon isolement, autrefois si précieux, telle une mère qui a perdu son enfant, je vous cherche, je vous appelle, je crie en moi et mon espoir et mon tourment, plus rien n’a de prix, plus rien n’a de saveur que mes pensées pleines de vous, que mes souvenirs riches de vous et mes souvenirs et mes pensées me remplissent, vivants comme une eau qui bouillante. Et parce que j’ai en moi trop de douceur, toute la douceur que je pouvais à la vie a changé de visage, car c’est vous maintenant qui êtes pour moi tout ce qui compte et je vais poursuivre mon rêve intérieur merveilleux et magnifique pour vous avoir eu si souvent à mes côtés toute imprégnée de soleil, pour la joie indicible de vous avoir eu si souvent pendue à mon bras, bien fort serrée contre moi, dans un élan de tendresse qui montant de vous, sans même que vous vous en doutiez, pour vous avoir vue si souvent tremblante d’émotion, de crainte, d’amour. Vous êtes maintenant en moi comme si vous m’aviez véritablement ouvert la poitrine pour vous y enfermer toute petite. Pas un de vos gestes, pas un de vos sourires, pas un de vos regards qui ne me soient familiers. Pas une de vos gentillesses qui ne soit ajoutée aux autres pour grossir ma tendresse ! Comme les grains de sable font la grève, vous êtes en moi et je me dis que vous ne pouvez pas m’avoir quitté ainsi, je vais sûrement vous retrouver tout à l’heure, que vous m’attendez, que nous irons encore ensemble par des chemins, que vous vous assoirez près de moi, que vous mettrez votre main dans la mienne, votre tête sur mon épaule, et je vous cherche, oui, comme si vraiment, vous n’aviez disparu que pour me taquiner encore. Vous êtes en moi et s’il m’arrive de m’éveiller la nuit, mon esprit court vers, vous aussi, rapide qu’une étoile qui change de place, et je ne retrouve plus le sommeil, vous êtes en moi et je pense à vous ma chérie, comme la malade à la santé, comme le naufragé à la terre.
20 août, 4 heures
Pourquoi, ma petite Lucette, suis-je resté ?
Ce matin, jusqu’à dix heures, devant la maison, tout seul avec Boccanegra qui sommeillait en croisant le museau sur la queue, tout seul à l’ombre du châtaignier, sans rien faire, sans même lire, que fumer et attendre ? Il arrive que l’amour développe ainsi une espèce d’intuition qui prévient la conscience et j’avais l’obscure certitude que vous alliez venir, quelque chose en moi me le criait, et je voulais vous attendre, comme on va au-devant d’un ami. Et vous êtes venue et le merveilleux n’est pas seulement que vous soyez venue, mais que je l’aie su à l’avance, que votre pensée ait touché la mienne et l’ait remué si sûrement. Lorsque Dominique a apporté le courrier, je n’ai eu, vraiment, aucune surprise à reconnaître la chère grande écriture bleue.
Et je vous ai emportée, mon petit, pour vous lire, loin de tous, loin du bruit, jalousement, et moi aussi, j’ai hésité, devant ce timbre de Marseille, devant ces pensées qui avaient traversé la mer, et moi aussi, j’ai craint, je ne sais quoi. Car l’amitié résiste à l’éloignement, mais l’amour, parfois, domine au fur et à mesure que passent les heures de l’absence…
Et moi aussi, maintenant, je lis et je relis ces grandes lignes élancées qui élargissent ma poitrine. Que c’est bon si vous saviez ! Votre lettre est exaltante comme un retour à la vie, et ma joie intérieure n’est comparable à rien, car vous écrivez comme le violoncelle chante et la douceur de mon émotion est prodigieuse. Des sentiments innombrables me soulèvent, qui donnent une valeur plus grande à ma vie, j’éprouve un bonheur sans bornes créé par vous hors de moi, et je goûte, dans toute sa plénitude, un présent tout empreint d’avenir. Mes possibilités de tendresse deviennent inépuisables, un rêve immense roule en moi, et une ivresse se soulève, puissante comme le monde, je vais m’en aller maintenant, par les sentiers, à travers les bois avec mon vieux Boccanegra qui m’appelle des yeux et des oreilles, je vais marcher, le cœur plein de vous, et toutes les pierres du chemin, et tous les insectes, et tous les buissons, et tous les arbres, seront mes amis. Et tous les murmures de la forêt…
22 août
Si je me souviens des détails de notre rencontre ?