La Vénus de Milo - Collection - E-Book

La Vénus de Milo E-Book

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Beschreibung

Pendant le siège de Paris par l’armée allemande, le ministre de l’instruction publique et des beaux-arts avait fait porter hors du Louvre et déposer dans un souterrain la Vénus de Milo. Elle a été retirée de cet asile et rapportée au Musée des Antiques vers la fin de juin de cette année. Le procès-verbal des opérations d’extraction et de transport, qui fut dressé séance tenante, constate que la statue n’a souffert en rien, que des fragments du plâtre employé à souder les pièces dont elle est composée, amollis par l’humidité, se sont détachés, mais que le marbre est intact.
Par les relations qu’avaient publiées sur la découverte de la Vénus de Milo en 1820 et son arrivée au Louvre en 1821 M. Dumont d’Urville, M. de Marcellus, M. de Clarac, on savait que cette statue avait été trouvée en plusieurs morceaux, qu’elle avait été embarquée d’abord sur un bâtiment turc, puis successivement sur la gabarre la Chevrette, sur la goélette l’Estafette et sur la gabarre la Lionne, enfin que dans le laboratoire du Louvre les morceaux avaient été assemblés comme ils le sont encore aujourd’hui…
La Vénus de Milo, dans le caveau de l’ancienne Mélos, où elle fut trouvée en 1820 par un paysan, était divisée en deux grands morceaux. Il y avait de plus des fragments qui en avaient été détachés, sans parler du nœud de cheveux derrière la tête, qui en fut séparé dans le transport du caveau au bâtiment turc, mais qu’on remit aussitôt en sa place. Elle arrivait ainsi au Louvre.

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Seitenzahl: 88

Veröffentlichungsjahr: 2022

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La Vénus de Milo

La Vénus de Milo

À la Vénus de Milo

Ô Vénus de Milo, guerrière au flanc nerveux,Dont le front irrité sous vos divins cheveuxSonge, et dont une flamme embrase la paupière,Calme éblouissement, grand poème de pierre,Débordement de vie avec art compensé,Vous qui depuis mille ans avez toujours pensé,J’adore votre bouche où le courroux flamboieEt vos seins frémissants d’une tranquille joie.Et vous savez si bien ces amours éperdusQue si vous retrouviez un jour vos bras perdusEt qu’à vos pieds tombât votre blanche tunique,Nos froideurs pâmeraient dans un combat unique,Et vous m’étaleriez votre ventre indompté,Pour y dormir un soir comme un amant sculpté !

(Théodore de Banville)

La Vénus de Milo au musée des Antiques.{1}

Pendant le siège de Paris par l’armée allemande, le ministre de l’instruction publique et des beaux-arts avait fait porter hors du Louvre et déposer dans un souterrain la Vénus de Milo. Elle a été retirée de cet asile et rapportée au Musée des Antiques vers la fin de juin de cette année. Le procès-verbal des opérations d’extraction et de transport, qui fut dressé séance tenante, constate que la statue n’a souffert en rien, que des fragments du plâtre employé à souder les pièces dont elle est composée, amollis par l’humidité, se sont détachés, mais que le marbre est intact.

Par les relations qu’avaient publiées sur la découverte de la Vénus de Milo en 1820 et son arrivée au Louvre en 1821 M. Dumont d’Urville, M. de Marcellus, M. de Clarac, on savait que cette statue avait été trouvée en plusieurs morceaux, qu’elle avait été embarquée d’abord sur un bâtiment turc, puis successivement sur la gabarre la Chevrette, sur la goélette l’Estafette et sur la gabarre la Lionne, enfin que dans le laboratoire du Louvre les morceaux avaient été assemblés comme ils le sont encore aujourd’hui.

La chute du plâtre qui dissimulait les joints a permis de se rendre un compte plus exact du nombre des divisions du monument, de la forme et de la situation des parties ; elle a révélé une différence notable entre la manière dont ces parties avaient dû être assemblées originairement et celle dont elles l’ont été depuis, une différence plus grande encore entre l’assiette actuelle de toute la figure et celle qu’elle dut avoir jadis ; heureusement il semble possible de faire disparaître ces différences sans porter au marbre la moindre atteinte, et de rapprocher ainsi le monument de son aspect et de son expression primitifs.

I.

La Vénus de Milo, dans le caveau de l’ancienne Mélos, où elle fut trouvée en 1820 par un paysan, était divisée en deux grands morceaux. Il y avait de plus des fragments qui en avaient été détachés, sans parler du nœud de cheveux derrière la tête, qui en fut séparé dans le transport du caveau au bâtiment turc, mais qu’on remit aussitôt en sa place. Elle arrivait ainsi au Louvre. M. de Clarac, alors conservateur du Musée des Antiques, publia peu après la description suivante : « La statue était divisée en deux morceaux principaux qui, bien aplanis sur les faces qui se touchent, étaient réunis autrefois par un fort tenon, et dont le joint, la partageant horizontalement vers le milieu du corps, est à 2 pouces sur la droite et à 5 sur la gauche, au-dessous du commencement de la masse des plis qui enveloppent la ceinture (i.e. les hanches). C’est à ces deux grandes divisions qu’il convient de rapporter les fragments qui en faisaient partie. »

Les deux pièces principales ayant les surfaces de jonction régulières et planes, on ne peut supposer que ce soient les fragments d’une statue d’abord faite d’un seul bloc, puis brisée en deux par accident. A s’en tenir aux termes de la description, il ne serait pas également impossible de croire qu’elle aurait été sciée en deux, peut-être en vue d’en faciliter le transport. Cependant, si l’on examine les surfaces de jonction, on voit qu’elles n’ont pas été séparées par la scie, mais qu’elles ont été travaillées à la gradine et au ciseau pour être appliquées l’une sur l’autre. En effet, on a taillé les parties centrales à la gradine, c’est-à-dire assez grossièrement, et un peu en creux relativement aux bords ; on a travaillé ces bords plus finement au ciseau, afin que le joint fût aussi juste que possible. Il est donc incontestable que la Vénus de Milo est faite de deux blocs, d’abord séparés, puis réunis.

On a des exemples nombreux de statues antiques offrant des pièces de rapport de la même époque que tout le reste ; mais ce sont en général des pièces placées à quelque extrémité où le marbre se trouvait faire défaut. On citerait, à côté de la Vénus de Milo, bien peu d’exemples de statues de quelque importance taillées dans un marbre de choix et qui aient été faites de deux blocs presque égaux. On a peine à comprendre que dans un pays où le marbre, et particulièrement le marbre de Paros, dont la Vénus de Milo est faite, se trouve aisément en blocs de grandes dimensions, un artiste tel que fut l’auteur de cette statue n’ait pas pris la peine ou n’ait pas trouvé le moyen de se procurer une pièce de marbre de dimensions suffisantes. Il est vrai qu’on pourrait dire que la Vénus de Milo ne paraît pas appartenir à cette époque très ancienne où l’on ne se contentait en rien facilement, où l’on apportait au choix même des matériaux un soin tout religieux. Exécutée d’une manière large, sans recherche scrupuleuse du fini, elle est, selon toute vraisemblance, un de ces ouvrages que les artistes grecs, au temps où l’art était le plus fécond et le plus libre, entreprenaient sans beaucoup de précautions et de calculs préalables. Il se peut aussi que l’auteur de la Vénus de Milo, qui a laissé à l’état de simple ébauche les parties de cette statue qu’on ne pouvait presque pas voir, ait été plus indifférent que bien d’autres à une circonstance matérielle dont l’aspect de son œuvre ne devait aucunement se ressentir. Néanmoins on peut s’étonner qu’un artiste si éminent ait pris son parti d’une telle circonstance : ce point de vue est celui de la stabilité et de la solidité. En effet, les deux blocs placés l’un sur l’autre sans aucun lien, il pouvait arriver qu’un ébranlement du sol déplaçât le bloc supérieur, surtout dans un pays où le sol tremble souvent. Il fallait donc fixer ces blocs l’un à l’autre : c’est ce qu’on fit en les reliant intérieurement, non, comme l’a cru M. de Clarac, par un seul tenon, qui n’eût pas empêché un mouvement de rotation, mais par deux. Ces tenons n’existent plus, on voit encore parfaitement les places qu’ils occupaient. Ils étaient en fer et soudés avec du plomb ; il reste encore des traces de rouille et une partie de la soudure.

Avec la grande expérience qu’avaient les anciens en fait de statues, l’auteur de la Vénus de Milo ne pouvait ignorer l’inconvénient que présentent de tels tenons, et qui est de produire la rupture des marbres. Pour le décharger de ce reproche d’imprévoyance qu’il semble avoir encouru, ne peut-on pas supposer qu’il a fait sa Vénus d’un seul bloc, que la statue a été brisée par accident, et que le bloc inférieur a été endommagé au point de nécessiter une restauration ? Ce serait alors le restaurateur et non le créateur de la Vénus de Milo qui en aurait fixé la partie ancienne à la partie nouvelle par des tenons de métal. Une telle conjecture acquerrait de la probabilité, s’il était vrai, comme quelques-uns l’ont pensé, que la partie inférieure de la Vénus de Milo, quoique très belle, n’égalât pourtant pas tout à fait en beauté la partie supérieure, et n’eût pas été traitée avec un soin égal. Quoi qu’il en soit, si l’on fait de la statue l’examen circonstancié que permet en ce moment la chute du plâtre qui remplissait les joints, on voit clairement les suites qu’a eues l’insertion des tenons métalliques. Les tenons ont occasionné des ruptures, et à ces ruptures on a remédié d’une manière qui met en péril la solidité du monument, qui en modifie le caractère et en diminue la beauté.

Les tenons reliant les deux blocs avaient été placés à l’intérieur du corps, à droite et à gauche de son centre et près des deux hanches. Soit par l’oxydation du fer, soit par l’effet de quelque secousse violente, ils ont déterminé deux ruptures. De là ces fragments qu’il a fallu rapporter aux deux pièces principales. Lorsqu’on s’occupa, dans le laboratoire du musée, de l’assemblage des morceaux de la Vénus, une de ces pièces appartenant à la hanche gauche ne fut pas exactement remise en place ; elle fut scellée de telle manière qu’on ne pouvait, sans risque d’une nouvelle rupture, appliquer l’une sur l’autre les deux moitiés de la statue. Au lieu de recommencer l’assemblage, on prit alors le parti d’interposer entre ces deux moitiés des cales, consistant en deux tringles de bois, qui devaient empêcher du côté gauche le contact immédiat. De la sorte, la moitié supérieure de la statue se trouve haussée par derrière et à gauche d’environ un demi-centimètre ; elle rejoint le bloc inférieur à droite et en avant. Il en résulte que le haut du corps et la tête penchent en avant et à droite. Par suite de cette déviation, le centre de gravité du torse ne se trouve plus dans un équilibre bien stable, et un ébranlement pourrait occasionner une chute. Il faut dire aussi que le corps, ainsi allongé d’un côté, n’ayant plus tout à fait les proportions ni le mouvement qu’il devrait avoir, il ne se peut pas que la beauté de toute la figure n’en soit altérée.

Ce n’est pas tout. M. de Clarac dit que le joint des deux moitiés de la statue la partage horizontalement. Cependant ce joint n’est nullement horizontal. Non-seulement la moitié supérieure de la statue est inclinée vers l’inférieure, mais le plan supérieur de celle-ci penche déjà dans le même sens : il est plus élevé de près de 4 centimètres par derrière et à gauche que par devant et à droite, et il forme avec l’horizon un angle d’environ 6 degrés.