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En recommandant ce livre au public français qui s'intéresse au grand problème philosophique et religieux de notre époque, je n'entends pas en contresigner dans le détail toutes les opinions. Si les idées principales m'en paraissent lumineusement exposées et victorieusement déduites, il renferme aussi des affirmations et des hypothèses qui diffèrent de mes vues personnelles. Toutefois, ayant tenté moi-même, dans un ouvrage d'un caractère différent(1) de montrer, par l'histoire vivante, l'antiquité, la continuité et l'unité fondamentale de la doctrine ésotérique, centre générateur et synthèse finale de toutes les religions, je crois de mon devoir de signaler un livre, où cette même doctrine est présentée avec une précision et une rigueur conformes au besoin scientifique de notre temps. C'est aujourd'hui un fait reconnu par les théologiens intelligents et sincères de toutes les églises que le dogme chrétien tel qu'il s'enseigne depuis dix-huit cents ans ne répond plus aux besoins de notre époque. La contradiction entre la science et la religion traditionnelle est devenue si manifeste en ce siècle, que les défenseurs à outrance de l'orthodoxie officielle ont appelé quelquefois la science une invention du diable, et que par contre beaucoup de savants et de philosophes matérialistes ou positivistes ont conclu non-seulement à l'extinction de la religion comme institution sociale, mais encore des doctrines spiritualistes qui lui servent d'appui. Mais les penseurs qui connaissent les lois historiques, ceux qui se rendent compte des invincibles besoins religieux de l'homme, lors même qu'ils ne se doutent pas des capacités transcendantes de son âme, entrevoient pour le christianisme une de ces grandes évolutions sans lesquelles les religions sont fatalement condamnées à périr, évolution qui, en lui conservant sa beauté morale, renouvellerait sa force spirituelle et la mettrait en harmonie avec la science moderne. Le livre de Mme Kingsford et de M. Maitland répond dans une large mesure à ce besoin impérieux de notre temps. C'est à la fois une synthèse du passé et une reconstruction en vue de l'avenir. Son originalité consiste en ce qu'il expose des idées habituellement enveloppées d'étranges symboles ou de formules obscures dans le langage clair de la philosophie moderne. Un mérite non moins grand est de les appuyer sur des données empruntées aux sciences, notamment à la physiologie et à l'embryogénie...
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Préface de la traduction française
Préface à la nouvelle édition
Lecteur
PREMIÈRE LEÇON : Introduction
I — But de ce livre : répondre au besoin actuel d’un système parfait de pensée et de vie en le fondant sur la nature de l’existence. Ce n’est pas une nouvelle invention mais la restauration du système original qui était la base de toutes les religions. Cette doctrine découle de la même source que les anciennes doctrines religieuses, savoir : l’Intuition, qui représente les connaissances acquises par l’Âme dans ses existences passées et sert de complément à l’Intellect, — elle-même étant vivifiée et rehaussée par l’illumination de l’Esprit. La révélation, prérogative propre de l’homme, lui appartient en vertu de sa nature et de si constitution et couronne la raison. Dieu la raison suprême. La Compréhension, « Rocher » de la véritable église. Illustrations de la méthode classique et rabbinique. Esquisse de doctrine. Esprit et matière ; leur nature, relations et identité essentielles. Existence et Être. Le Kalpa, Sabbat et Nirvana. Divinité de la substance : son unité, sa trinité, son mode d’individuation et de développement. La véritable doctrine de la création par évolution se trouve dans toutes les religions, comme aussi celle de la progression et de la migration des Âmes ; témoignage personnel et historique de sa vérité ; reconnu dans l’Ancien et le Nouveau Testament. L’homme rudimentaire. Le Sphinx.
II — Relation du système retrouvé avec celui que l’on possédait. Le véritable héritier. La religion étant fondée sur la nature même de l’existence est nécessairement non historique, indépendante des temps, des lieux, des personnes, et fait perpétuellement appel à l’intellect et à la conscience. Objections prévues. La persistance des idées religieuses due à leur réalité. Ce qui paraît nouveau n’est pas nécessairement nouveau. La chrétienté n’est pas exempte des influences qui ont amené la détérioration du Judaïsme. Son développement futur par le moyen d’une nouvelle révélation prédite par son fondateur. Nécessité de cette nouvelle révélation pour préserver non seulement la religion, mais l’humanité de l’extinction. « L’homme de péché » et l’abomination qui cause la désolation. » Substitution de l’Évangile de la Force à l’Évangile de l’Amour. Un seul nom par lequel on est sauvé. Mais plusieurs l’ont porté. Les Christs.
SECONDE LEÇON : L’âme et la substance de l’existence
I — L’Âme universelle ou individuelle, sujet et objet suprême de culture : le moi essentiel : le connaître est la seule sagesse qui suppose la connaissance de Dieu. Mysticisme, ou spiritualisme, et matérialisme ; doctrines respectives de la substance ou Esprit, et du phénomène. La matière, un mode ou une condition de l’Esprit, indispensable à sa manifestation. L’objet de toute religion et le sujet de toute révélation est la rédemption de l’esprit et de la matière. L’idée d’un non-Dieu, nécessaire à la création. L’ascension de la nature apparente jusqu’à l’Être-Dieu. Le système retrouvé est au matérialisme, ce que Phoïbos Apollon est à Python.
II — L’Âme, en tant qu’individuelle, sa genèse et sa nature ; comme idée divine, éternelle par sa nature, cependant périssable si elle n’est pas informée par l’Esprit. Le « Feu du foyer » ; le Souffle Divin. Convergence et divergence ; le Nirvana céleste et celui de l’annihilation. La fin de ce qui persiste dans le mal. La planète et son rejeton. La quadruple nature de l’existence soit dans le macrocosme soit dans le microcosme, due aux différentiations de la polarisation de la substance originelle
III — L’Âme en tant qu’individuelle, son histoire et son progrès : commençant dans les organismes les plus simples elle se développe en montant, se façonnant elle-même selon les tendances qui sont encouragées par elle ; son but final est d’échapper aux besoins d’un corps et de retourner à la condition de pur Esprit. Les Âmes de qualités variées. La parabole des Talents
IV — De la nature de Dieu ; comme Substance vivante, Un ; comme Vie et Substance, Deux ; la Potentialité de toutes choses ; le Bien absolu qui, limité par la Matière, devient le Mal. Il subsiste antérieurement à la Création comme Lumière Invisible. Comme Vie, Dieu est Il ; comme Substance, Elle ; respectivement l’Esprit et l’Âme universelle et individuelle ; l’Âme, l’élément féminin dans l’homme a sa représentation dans la femme. Dieu est l’Humanité originelle abstraite. Les Sept Esprits de Dieu. « La Nature ». La Marie Céleste, ses caractéristiques et ses symboles. Comme Âme et Intuition, elle est « la femme » par laquelle l’homme arrive à sa véritable dignité masculine. Les fautes de l’époque sous ce rapport. Sans intuition, aucun organe de connaissance. L’Âme seule est un tel organe
V — Les noms divins indiquent les caractéristiques. La fonction de la religion est de rendre l’homme capable de manifester l’Esprit divin au dedans de lui. L’homme comme une expression de Dieu. Les Christs ; pourquoi ils sont appelés Soleils-dieux. Le Planisphère zodiacale. Bible ou hiéroglyphe de l’histoire de l’Âme. Les Bibles, par qui elles sont écrites. Le « Don de Dieu »
TROISIÈME LEÇON : Des divers ordres d’esprits. Moyens de les discerner
I — La sphère de l’Astral, ses quatre cercles et leurs habitants respectifs. Les ombres ; purgatoire ; « enfer » ; « diables » ; « le Diable » ; possession par les diables ; « les Âmes en prison » ; « sous les éléments » ; esprits des éléments assujettis à la volonté humaine ; Âmes des morts ; l’anima bruta et l’anima divina. Métempsychose et réincarnation ; conditions de cette dernière ; descente vers des degrés inférieurs ; la cause de la perte de l’Âme
II — Les esprits astraux ou magnétiques par lesquels les « médiums » sont ordinairement « dominés » ; des reflets plutôt que des esprits ; difficultés de les distinguer des Âmes ; éléments d’erreur et de déception ; caractère trompeur des influences astrales ; leurs caractéristiques ; danger d’une attitude négative de l’esprit ; nécessité d’une attitude positive pour la communication divine ; esprits élémentaux et élémentaires ;
genii loci ; chérubim
III — La sphère du céleste ; la procession de l’Esprit ; le triangle de la vie ; le Génie, ou l’Ange gardien, sa genèse, sa nature et ses fonctions ; les Dieux, ou Archanges
QUATRIÈME LEÇON : Le sacrifice expiatoire
I — Cette doctrine est la doctrine centrale de la religion, et, comme le Kosmos, d’une nature quadruple. Ce que cette doctrine n’est pas ; sa corruption par le matérialisme ; dégradation par les prêtres du caractère de la Divinité. La Bible représente le conflit entre le prophète et le prêtre, le premier en tant que ministre de l’intuition et le second en tant que ministre des sens
II — Le côté occulte du système du sacrifice. L’effusion du sang efficace pour l’évocation des esprits sous-humains ; prouvé par divers exemples. Ces esprits visibles dans les fumées des sacrifices. Les esprits astraux personnifient les esprits célestes. Horreur du vrai prophète pour le sang répandu, illustrée par la réprimande de Bouddha aux prêtres. La doctrine orthodoxe du sacrifice expiatoire, travestissement de la véritable doctrine dû aux esprits astraux. Effets pernicieux de l’usage du sang (ou de la chair) pour nourriture ; impossibilité lorsqu’on suit ce régime d’arriver à une complète perception de la vérité divine
III — Antiquité et universalité de la Croix comme symbole de la vie physique et spirituelle. Son application à la doctrine de l’Expiation est quadruple, ayant une signification séparée pour chaque sphère de la nature de l’homme. La première de ces significations est celle du physique et de l’extérieur indiquant la crucifixion ou le rejet de l’Homme de Dieu par le monde. La seconde est intellectuelle, et indique la crucifixion, ou la conquête par l’homme de sa nature inférieure. La troisième, qui a rapport à l’Âme, implique la passion ou l’oblation de lui-même au moyen de laquelle l’homme régénéré obtient le pouvoir — par la démonstration de la suprématie de l’Esprit sur la matière, — de devenir un Rédempteur pour les autres. La quatrième signification appartient au Céleste et au plus intime, et indique le sacrifice perpétuel de la Vie et de la Substance de Dieu pour la création et le salut de Ses propres créatures. Nature panthéiste de la véritable doctrine
CINQUIÈME LEÇON : Nature et constitution du moi
I Psyché, comme Âme et véritable Égo est le résultat de l’Évolution, étant individualisée à travers la matière
II — Les deux personnalités de l’homme, Karma, ou les résultats de la conduite passée et la destinée qui en est la conséquence. L’Âme est essentiellement immaculée
III — L’Égo est plus que la somme totale des consciences qui composent le système, en tant qu’il représente celles-ci combinées et polarisées vers un plan plus élevé La Psyché seule est subjective et capable de connaissance
IV — L’ombre, le fantôme et l’Âme, leurs natures et leurs destinées respectives
V — L’Anima Mundi, ou la mémoire du monde. L’Âme de la planète, comme celle de l’individu, transmigre et passe en avant
VI — L’Évolution de l’Égo, et par là de l’Église du Christ, comprise dans les dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption
SIXIÈME LEÇON : La chute (No 1)
I — La première église ; son type, le Kaabeh, ou cube, qui indique le sextuple ; elle date du « Paradis ». Le Merkaba, ou véhicule de Dieu, tiré par les quatre éléments. Les quatre rivières de l’Éden. Caractère allégorique des Écritures mystiques ; comment elles ont été retrouvées par Esdras ; leur origine et leur dégénérescence
II — La parabole de la chute ; sa quadruple signification, une pour chaque sphère de l’existence ; la première, physique et sociale
III — La seconde signification rationnelle et philosophique ; la troisième psychique et personnelle
IV — La quatrième signification spirituelle et cosmique. La Restauration impliquée dans le Sabbat et prophétisée dans le Zodiaque, et dans les armes du pape Léon XIII
V — Une nouvelle annonciation
SEPTIÈME LEÇON : La chute (No 2)
I — Interprétation de l’Écriture double, intellectuelle et intuitive, on extérieure et intérieure ; l’Âme en tant que Femme ; par l’aspiration de l’Âme vers Dieu l’homme devient Homme au sens mystique, et est fait à l’image de Dieu ; par l’inclination de l’Âme vers la Matière il s’éloigne de cette image. Comme la chute se produit par la perte de la pureté, ainsi la Rédemption se produit par la restauration de la pureté
II — L’histoire de l’Âme allégoriquement représentée dans les livres de la Genèse et de la Révélation
III — Source des erreurs de l’interprétation Biblique. La base historique de la chute. L’Église en tant que Femme. Élévation et chute de l’Église originelle. Une communauté mystique primitive. La source de la doctrine, intérieure et supérieure aux clergés
IV — La nature et la méthode de la chute historique. Les trois pas qui doivent être faits pour amener la restauration. Signes de son approche
HUITIÈME LEÇON : La rédemption
I — Le « Grand Œuvre ». La Rédemption de l’Esprit par rapport à la Matière ; en premier lieu dans l’individu, en second lieu dans l’universel. Définition des termes mystiques employés pour indiquer le processus : « Passion », « Crucifixion », « Mort », « Ensevelissement », « Résurrection », « Ascension »
II — L’Homme accompli et possédant le Pouvoir ; la « pierre philosophale » et les termes semblables ; l’Adepte et le Christ ; sens dans lequel ce dernier peut être appelé un médium pour ce qu’il y a de plus élevé ; pas comme on l’entend ordinairement ; le Hiérarque ou Mage, ses qualifications et ses conditions
III — Le plan des Évangiles pour présenter un caractère parfait de l’homme régénéré ; choix de Jésus pour ce sujet ; le manque de compréhension de l’Église par suite de la perte de la vision spirituelle due au matérialisme. Réponse aux objections. Jésus comme libérateur nécessairement spirituel ; le point de vue de Paul. Méthode du symbolisme de l’Évangile ; les miracles ; ordre cosmique des Évangiles
IV — Parenté de l’homme régénéré. Joseph et la V. Marie comme représentants de l’Intellect et de l’Âme. Les deux Josephes. Tradition catholique et hagiologie. Marie-Madeleine comme type de l’Âme ; les sept Églises Apocalyptiques. Identification du Mage ; l’Étable et la Caverne de la Nativité. Saint Jean-Baptiste au dedans. Les actes de la Sainte Vierge Marie, Ascension et Assomption. État final de l’Âme
V — Les douze portes du Salem céleste ; le Tabernacle ; la Table ronde et son « brillant Seigneur ; » le Nombre de la Perfection ; la généalogie de l’homme régénéré ; « Le Christ » n’est pas un Dieu incarné ou un ange, mais l’humain le plus élevé. La condition présente du monde due à la dégradation de la vérité par le sacerdoce. Les Évangiles chrétiens ne représentent que des étapes postérieures de la régénération ; les premières ayant été représentées dans les systèmes de Pythagore et de Bouddha. Le Christianisme a été construit en rapport direct avec celles-ci, non pour les remplacer mais pour les compléter ; Bouddha et Jésus sont nécessairement l’un par rapport à l’autre, comme la tête et le cœur d’un même système. De leur combinaison renaîtront la Religion et l’Humanité de l’avenir ; de là l’importance du lien entre l’Angleterre et l’Orient. La transfiguration, une prophétie. « Abraham, Isaac et Jacob », leur relation avec les mystères de Brahma, d’Isis et de Iacchos. Les « Rois de l’Orient. » La « question de l’Orient » ; sa signification intérieure ; la destinée de l’Islamisme
NEUVIÈME LEÇON : Dieu comme le seigneur ; ou l’image divine
I — Les douze portes du Salem céleste ; le Tabernacle ; la Table ronde et son « brillant Seigneur ; » le Nombre de la Perfection ; la généalogie de l’homme régénéré ; « Le Christ » n’est pas un Dieu incarné ou un ange, mais l’humain le plus élevé. La condition présente du monde due à la dégradation de la vérité par le sacerdoce. Les Évangiles chrétiens ne représentent que des étapes postérieures de la régénération ; les premières ayant été représentées dans les systèmes de Pythagore et de Bouddha. Le Christianisme a été construit en rapport direct avec celles-ci, non pour les remplacer mais pour les compléter ; Bouddha et Jésus sont nécessairement l’un par rapport à l’autre, comme la tête et le cœur d’un même système. De leur combinaison renaîtront la Religion et l’Humanité de l’avenir ; de là l’importance du lien entre l’Angleterre et l’Orient. La transfiguration, une prophétie. « Abraham, Isaac et Jacob », leur relation avec les mystères de Brahma, d’Isis et de Iacchos. Les « Rois de l’Orient. » La « question de l’Orient » ; sa signification intérieure ; la destinée de l’Islamisme
II — Fonction de la Compréhension par rapport aux choses spirituelles. Sa place dans les systèmes humains et divins. « L’Esprit de Compréhension, » ses divers noms et symboles, et sa relation avec le Christ. Mythes semblables ou illustration. Hermès tel qu’il est considéré par les néoplatoniciens et par les matérialistes modernes. Le mystique et le matérialiste, la lutte entre eux. L’École des bourreaux. Le « Mystère de la Divinité » selon la Kabbale et Paul. La doctrine Paulinienne par rapport à la Femme ; son contraste avec la doctrine de Jésus. La femme selon Platon, Aristote, Philon, les Pères, l’Église, la Réformation, Millon, l’Islamisme et le Mormonisme
III — Accusations au moyen desquelles on cherche à discréditer le système des Mystiques ; Plagiarisme et Enthousiasme ; la signification et la valeur de ce dernier. Extase ; sa nature et sa fonction. Mystiques et Matérialistes, leurs points de vue respectifs. Conspiration de la Science moderne contre l’Âme. Parallèle entre les matérialistes anciens et modernes
IV — La perception que l’Homme peut avoir de Dieu, sensible aussi bien que mentale. Unité, Dualité, la Trinité et la Pluralité divines. Le Logos ou le Manifestateur. Le mystère du visage humain
V — La Vision d’Adonaï
VI — « le Christ » comme point culminant de l’Humanité et point de jonction avec la Divinité, le credo des Élus
APPENDICE
I — Concernant l’interprétation de l’écriture
II — Par rapport à l’au-delà
III — Par rapport au prophétisme. Une prophétie
IV — Concernant la nature du péché
V — Concernant le « grand œuvre » la rédemption et la part qu’y prend le Christ Jésus
VI — Le temps de la fin
VII — L’alchimie supérieure
VIII — Par rapport à la révélation
IX — Par rapport au poète
X — Par rapport à la vie une
XI — Par rapport aux mystères
XII — Hymne à la planète-dieu
XIII — Fragments du « Livre d’or de Vénus »
XIV — Hymne à Hermès
XV — Le secret de Satan
En recommandant ce livre au public français qui s’intéresse au grand problème philosophique et religieux de notre époque, je n’entends pas en contresigner dans le détail toutes les opinions. Si les idées principales m’en paraissent lumineusement exposées et victorieusement déduites, il renferme aussi des affirmations et des hypothèses qui diffèrent de mes vues personnelles.
Toutefois, ayant tenté moi-même, dans un ouvrage1 d’un caractère différent de montrer, par l’histoire vivante, l’antiquité, la continuité et l’unité fondamentale de la doctrine ésotérique, centre générateur et synthèse finale de toutes les religions, je crois de mon devoir de signaler un livre, où cette même doctrine est présentée avec une précision et une rigueur conformes au besoin scientifique de notre temps.
C’est aujourd’hui un fait reconnu par les théologiens intelligents et sincères de toutes les églises que le dogme chrétien tel qu’il s’enseigne depuis dix-huit cents ans ne répond plus aux besoins de notre époque. La contradiction entre la science et la religion traditionnelle est devenue si manifeste en ce siècle, que les défenseurs à outrance de l’orthodoxie officielle ont appelé quelquefois la science une invention du diable, et que par contre beaucoup de savants et de philosophes matérialistes ou positivistes ont conclu non seulement à l’extinction de la religion comme institution sociale, mais encore des doctrines spiritualistes qui lui servent d’appui. Mais les penseurs qui connaissent les lois historiques, ceux qui se rendent compte des invincibles besoins religieux de l’homme, lors même qu’ils ne se doutent pas des capacités transcendantes de son âme, entrevoient pour le christianisme une de ces grandes évolutions sans lesquelles les religions sont fatalement condamnées à périr, évolution qui, en lui conservant sa beauté morale, renouvellerait sa force spirituelle et la mettrait en harmonie avec la science moderne.
Le livre de Mme Kingsford et de M. Maitland répond dans une large mesure à ce besoin impérieux de notre temps. C’est à la fois une synthèse du passé et une reconstruction en vue de l’avenir. Son originalité consiste en ce qu’il expose des idées habituellement enveloppées d’étranges symboles ou de formules obscures dans le langage clair de la philosophie moderne. Un mérite non moins grand est de les appuyer sur des données empruntées aux sciences, notamment à la physiologie et à l’embryogénie. On y trouve donc un essai de synthèse ésotérique, au point de vue de la science contemporaine et en vue de notre civilisation. Pour les auteurs de ce livre, la révélation a cessé d’être un privilège sacerdotal et est destinée à devenir de plus en plus individuelle et universelle, mais graduée selon les capacités. Ce n’est pas le Christ historique qu’ils ont voulu nous montrer, mais le Christ-Principe, le Verbe humain et divin, le Fils de l’Homme devenant par sa régénération le Fils de Dieu, dont chaque homme porte en lui-même le germe latent.
La méthode employée par les auteurs diffère à la fois de celle des purs mystiques, livrés aux hasards du rêve, et des purs rationalistes parqués dans leurs idées abstraites. Cette méthode est celle de tous les penseurs voyants et croyants, qui ont pris pour base de leur spéculation et pour réalité suprême la vie de l’âme.
C’est la triple méthode intuitive, expérimentale et rationnelle.
1) Elle est intuitive, parce que l’Âme humaine avec sa constitution, ses lois, ses facultés externes et internes y est considérée comme la base de toute réalité, seule substance réelle, seule clef du monde, cause de son origine, mode de son évolution, explication de sa fin. Intuition vient de intueri et signifie : regarder au-dedans de soi. Seulement, dans son état terrestre et corporel, l’Âme humaine a toutes les peines du monde à regarder au-dedans de soi. Ses facultés intimes sont obstruées par l’épaisseur de la matière. Elle ignore son double et son triple fond. Pour le percevoir, il lui faut un certain degré de puissance native provenant de l’effort d’une existence précédente, une discipline spéciale, un long entraînement. C’est la raison de l’initiation.
2) Cette méthode est expérimentale. Car les phénomènes psychiques qui sont de leur nature multiples et complexes se modifient et se compliquent encore des conditions physiologiques de chaque individu et de l’atmosphère magnétique de la planète. Ils ont donc besoin d’être étudiés et distingués par l’observation la plus sévère et classés à la lumière des principes intellectuels.
3) Enfin, cette méthode est rationnelle et constructive. Car les phénomènes psychiques ou intérieurs, une fois compris et classés doivent être mis en rapport avec les phénomènes dits naturels du monde visible ou extérieur. L’intelligence du monde et de la vie ne peut résulter que de celle comparaison. Rentrer jusqu’au fond de soi-même, c’est toute la Religion. Mettre son moi intérieur et supérieur en harmonie avec le Moi universel, c’est toute la Sagesse.
On verra par ce livre que cette méthode conduit à constater, sur toute l’échelle de l’être et en partant des phénomènes psychiques, la grande loi des correspondances universelles appliquée avec plus ou moins d’habileté dans les temples antiques. Les livres égyptiens d’Hermès l’ont formulée de la manière suivante : « Le dehors est comme le dedans des choses ; le petit est comme le grand ; il n’y a qu’une seule Loi, et Celui qui travaille est Un. Rien n’est petit, rien n’est grand dans l’économie divine. » La science moderne confirme cette loi de mille manières. À la philosophie d’en tirer toutes les conséquences.
Le plan de la Voie parfaite est exécuté avec autant de clarté que de solidité. Une noble inspiration et une intuition profonde, jointes à une grande force de raisonnement ; l’esprit scientifique et la connaissance des sciences naturelles ; une étude sérieuse de la Bible et des Pères de l’Église ; hardiesse et discernement dans l’interprétation des symboles ; profonde expérience des phénomènes occultes avec le sang-froid et le jugement nécessaires pour en distinguer la valeur relative, pour faire la part de la vérité et de l’illusion ; voilà l’ensemble des qualités rares qui font le mérite hors ligne de cet ouvrage. Elles ont permis aux auteurs de donner un des plus beaux exposés scientifiques de la doctrine occulte que nous connaissions et une théorie de l’initiation d’une logique et d’une lucidité admirables.
Cet ouvrage est dû à la collaboration d’un homme et d’une femme. Le Perfect Way fut publié sans nom d’auteur en 1881-82. Mme Kingsford, qui avait suivi les cours de la faculté de médecine de Paris et y avait acquis le grade de docteur, mourut en 1888. Son collaborateur, M. Maitland, a tenu à surveiller la traduction de ce livre avec un soin minutieux. Comme il s’agit d’une œuvre plus scientifique que littéraire, on s’est appliqué principalement dans la traduction à suivre le texte de près. L’élégance et la stricte correction ont parfois dû être sacrifiées au sens littéral.
L’idée première de cette œuvre vient d’une femme. C’est une femme aussi qui a publié ce livre en Angleterre et qui le donne aujourd’hui à la France.
Madame la duchesse de Pomar s’est fait connaître par de nombreux ouvrages sur la Théosophie comparée, par sa vaste érudition, par l’élévation de son esprit et par son activité infatigable dans les études ésotériques. Le volume qui paraît aujourd’hui a été publié comme supplément dans sa revue l’aurore, organe du christianisme ésotérique2 La traductrice, Madame Émilie de Morsier, se trouvait spécialement qualifiée pour s’associer à une œuvre qui met dans son plein jour le rôle spirituel de la femme dans l’évolution humaine, car c’est elle qui disait au « Congrès international des œuvres et institutions féminines », en 1889, « la triple mission de la femme dans le monde est de défendre la liberté, la justice sociale et l’idéal divin ». On verra dans la « Voie parfaite », avec quelle puissance d’analyse et de synthèse, avec quelle intelligence profonde de l’être humain et de la vraie vie de l’humanité, Mme Kingsford et son savant collaborateur ont défini le rôle de la femme et du principe féminin dans l’humanité organique. Ce rôle est celui de l’Âme sensible et plastique dont l’Intellect masculin est la compréhension et la mise en œuvre. Sa fonction capitale est l’Intuition révélatrice, soumise au contrôle de la Raison masculine.
La Voie Parfaite affirme scientifiquement et philosophiquement la religion universelle à travers le christianisme ésotérique. Puisse la traduction de ce livre dans le verbe français contribuer pour sa part à la restauration de l’Idée de l’Âme et de l’Idée de Dieu. Car sans ces deux colonnes toute humanité dégénère et toute société s’écroule. Elles seules pourront rendre aux sciences leur unité organique, aux arts leur idéal compromis, à l’humanité dissociée son équilibre, à l’âme humaine sa patrie perdue, à la vie terrestre son aspiration et sa foi divines.
édouard schuré
1Les Grands Initiés, arbredor.com
2 Librairie de l’Art Indépendant 11, Chaussée d’Antin, Paris.
En qualité de rédacteurs, — plutôt que d’auteurs de ce livre, et afin d’en faciliter la lecture et de répondre à plusieurs des questions qu’il peut soulever, — nous prenons occasion de cette nouvelle édition pour donner un court résumé de la nature de cet ouvrage et de son but.
La Voie Parfaite n’est ni une invention ni une compilation, mais une découverte et une restauration. Cet ouvrage représente une découverte parce qu’il est le résultat d’une tentative heureuse — l’issue l’a prouvé, — pour s’assurer de première main de la nature et de la méthode de l’existence. Et il représente une restauration parce que le système qui y est exposé s’est trouvé être celui qui constituait la doctrine fondamentale et secrète de toutes les grandes religions de l’antiquité, y compris le Christianisme, — la doctrine généralement appelée la Gnose, et présentée sous les titres de Hermétique et Kabbalistique.
Dans un autre sens encore la Voie Parfaite représente une restauration, et pour nous aussi, — une découverte, par le fait que ces idées sont indépendantes de toute connaissance antérieure en ce qui concerne les auteurs. Nous faisons allusion ici à une faculté. Car bien qu’elles aient été vérifiées par des recherches subséquentes faites selon la manière habituelle, ces connaissances ont été obtenues uniquement par le moyen d’une faculté de perception et de mémoire qui rentre dans l’espèce appelée intuitive et psychique, et, par conséquent, au moyen de la méthode qui, à toutes les époques, a été reconnue comme donnant accès à des connaissances transcendantes et divines. Cette faculté a été longuement décrite dans ce livre (Leçon I, paragraphes 4-18 ; App. III, 1, etc.) ; aussi nous ne la définirons pas davantage ici. Il est cependant nécessaire d’affirme rune chose à ce propos : si grande que soit l’importance de la restauration de cette connaissance, étant donné l’intérêt du sujet, elle s’augmente infiniment par la manière dont cette restauration a été faite. Car, quelque avantage qu’il puisse y avoir à connaître les conclusions de l’ancienne Sagesse sur les sujets les plus immenses, et à se rendre compte de leur excellence logique, c’est une chose plus importante encore de reconnaître leur vérité en voyant qu’elles comprennent en elles la nature et la destinée de l’homme dans tous les temps. Cette question suprême trouve une solution satisfaisante dans le cas présent. Si la restauration avait eu lieu à la façon ordinaire, c’est-à-dire par l’examen des Écritures oubliées ou la découverte de celles qui étaient perdues, — méthode qui, bien que souvent heureuse, aurait été cependant insuffisante pour donner les résultats actuellement acquis, — aucun pas n’aurait été fait dans le sens de la vérification des doctrines en question. Mais, au contraire, pour nous-mêmes, comme pour tous ceux qui ont eu connaissance de la genèse de ce livre, et dont la conscience spirituelle est suffisamment avancée pour qu’ils puissent accepter les faits, — en d’autres mots pour tous ceux qui en savent assez pour croire, — ce livre constitue par lui-même une confirmation absolue de ses propres enseignements et conséquemment de la gnose retrouvée. Car, étant le résultat d’une mémoire et d’une perception intuitives, — facultés exercées indépendamment de l’organisme physique, — il démontre la nature essentiellement spirituelle de l’existence ; la réalité de l’âme comme le véritable MOI ; les nombreuses renaissances de ce moi dans des conditions matérielles ; sa persistance à travers tous les changements de forme et d’état ; et sa capacité, lors même qu’il est encore enfermé dans le corps, de retrouver et de communiquer les connaissances qu’il a acquises au sujet de Dieu, de l’univers et de lui-même pendant les longs siècles de son passé, comme entité individuelle. Par rapport à tout cela, les expériences dont ce livre est le résultat, — bien qu’il y soit rarement fait allusion, — ont été de telle nature que si nous les considérions, et le monde auquel elles se rapportent, comme illusoires, nous nous priverions par là de toute raison plausible de croire à la réalité de n’importe quelles autres expériences ou de n’importe quel monde.
L’appel fait en faveur de ce livre ne repose cependant pas sur un témoignage uniquement personnel ou extérieur, mais sur un témoignage intrinsèque, et que tous ceux qui ont une connaissance suffisante des sujets en question pourront apprécier.
Cet ouvrage se propose spécialement de répondre à la situation religieuse de notre époque, — si bien décrite par M. Matthew Arnold lorsqu’il dit que « à l’heure actuelle il y a, par rapport à la religion chrétienne, deux choses qui doivent paraître évidentes à toute personne perspicace : la première c’est que les hommes ne peuvent pas s’en passer, la seconde que, telle qu’elle est, elle ne peut pas leur suffire. »
À une époque qui, comme la nôtre, se distingue par des recherches étendues, par une analyse profonde et une critique impitoyable, aucun système religieux ne pourra durer s’il ne fait pas appel au côté intellectuel aussi bien qu’au côté sentimental de la nature de l’homme.
Aujourd’hui la foi de la chrétienté est languissante par suite d’un défaut radical dans la méthode de son exposition, qui la met en perpétuel conflit avec la science, en sorte qu’à ses partisans incombe la tâche fatigante et peu digne défaire d’incessants efforts pour se mettre au pas des découvertes modernes ou des fluctuations de la spéculation scientifique. La méthode par laquelle on a tenté ici d’obvier au doute et à l’insécurité engendrés par ce fait, consiste à démontrer les trois propositions suivantes :
1o Que les dogmes et les symboles du christianisme sont, en substance, identiques à ceux des autres et des plus anciens systèmes religieux.
2o Que la véritable sphère de la croyance religieuse n’est pas là où l’Église l’a placée jusqu’à présent, dans le sépulcre de la tradition historique, mais dans le cœur et dans l’intellect de l’homme, c’est-à-dire qu’elle n’est pas objective et physique, mais subjective et spirituelle ; et qu’elle fait appel non pas aux sens mais à l’âme.
3o Que, ainsi considérée et bien interprétée, la doctrine chrétienne représente, avec une exactitude scientifique, les faits de l’histoire spirituelle de l’homme. Il est vrai que plusieurs hommes renommés pour leur piété et leur savoir — et appelés des piliers de la foi — ont dénoncé comme impie au plus haut degré la pratique qui consiste, selon eux, à « fausser le sens évident de l’Écriture ». Mais leur accusation d’impiété ne s’applique pas seulement à ces» moindres lumières », les Pères chrétiens et les commentateurs juifs, mais aussi à ces deux « grandes lumières » Jésus et Paul, puisque tous les deux ont affirmé que l’Écriture a un sens mystique ; qu’il faut subordonner la Lettre à l’Esprit et chercher derrière le voile pour trouver la véritable signification. En employant le terme « évident » le littéraliste suppose les questions qui sont en cause, savoir :
1o Pour quelle faculté le sens des Écritures est-il évident, — pour la faculté extérieure ou pour la faculté intérieure ?
2o Auquel de ces deux ordres de perception la compréhension des choses spirituelles appartient-elle de droit ? Rien, assurément n’est plus évident que « l’impiété » qui consiste à mettre de côté l’explication que la Sainte-Parole donne d’elle-même, et à l’accuser de mensonge, de folie, ou d’immoralité sur l’autorité d’une apparence extérieure telle que celle de la lettre.
Pour les auteurs de ce volume il est absolument évident que le sens littéral n’est pas celui qui était entendu ; et que ceux qui insistent sur ce sens encourent le reproche fait par Paul lorsque, faisant allusion au voile que Moïse met sur son visage, il dit : « Mais leurs esprits ont été endurcis jusqu’à présent, parce que ce voile demeure lorsqu’on lit le Vieux Testament. Et ce voile demeure même jusqu’à aujourd’hui, sur leur cœur, lorsqu’on leur lit Moïse. »
Nous essayerons d’exposer brièvement les principes de cette conclusion. La première vérité que nous enseigne la philosophie est que l’esprit ne peut saisir et s’assimiler que ce qui se présente à lui mentalement. En d’autres mots l’objectif doit être traduit en subjectif avant de pouvoir devenir un aliment pour la partie spirituelle de l’homme. La vérité n’est jamais phénoménale, mais toujours métaphysique. Les sens saisissent le phénomène, et ont à s’occuper du phénomène. Mais les sens ne représentent que la partie physique de l’homme, et non pas ce moi que le philosophe a en vue lorsqu’il parle de l’Homme. Celui-ci, le véritable Ego, ne peut passe mettre en relation avec, ni prendre connaissance d’événements et de personnes qui ne se présentent que phénoménalement et objectivement. Ainsi ces événements et ces personnes ne sont que des véhicules et des symboles par lesquels des vérités, des principes et des processus sont transmis à la conscience subjective, — les hiéroglyphes, pour ainsi dire, sous lesquels ils sont peints. Les personnes et les événements relevant du temps et de la matière sont — sous leur aspect phénoménal — en rapport seulement avec l’homme extérieur et périssable ; tandis que les principes et les vérités relevant du nouménal et de l’éternel ne peuvent être connus que de ce qui, dans l’homme, étant aussi nouménal et éternel, est de la même nature, savoir sa partie subjective et spirituelle. Car celui qui saisit et ce qui est saisi doivent appartenir à la même catégorie. Et comme le premier est, nécessairement, le principe purement rationnel dans l’homme, le second doit être aussi purement rationnel. Pour cette raison, donc, afin de maintenir la spiritualité qui lui est propre, la religion doit toujours — comme Schelling le montre — se présenter ésotériquement, dans l’universel et dans les mystères. Autrement, son existence, dépendant de la continuité d’un milieu seulement physique et sensible, elle devient aussi fugitive que lui. D’où il résulte que : aussi longtemps que nous regardons la vérité religieuse comme étant essentiellement constituée, et dépendant de causes et d’effets qui appartiennent au plan physique, nous n’avons pas encore saisi sa nature réelle, et, spirituellement, nous sommes inconscients et non illuminés. Ce qui est vrai dans la religion n’est que pour l’esprit seul.
La subjectivité nécessaire de la vérité a été aussi affirmée par Kant, qui regardait l’élément historique dans les Écritures comme inclinèrent, et déclarait que la transition de la croyance en une foi purement spirituelle serait la venue du royaume de Dieu. De même le mystique Weigelius (A. D. 1650) dit que, afin d’être efficace pour le salut, ce qui est écrit divinement du Christ sur le plan objectif doit être transféré sur le plan subjectif, et substantialisé dans l’individu, ou accompli intérieurement par lui.
Et le pieux et savant traducteur des livres hermétiques, le docteur Everard, écrit : « Je dis qu’il n’y a pas un seul mot (des Écritures) qui soit vrai selon la lettre. Cependant j’affirme que chaque mot, chaque syllabe, chaque lettre sont vrais. Mais ils sont vrais comme Celui qui les a prononcés les entendait, ils sont vrais comme Dieu les entendait, non pas comme les hommes veulent qu’ils soient. » (Gospel Treasury Opened, A. D., 1659).
La raison de ceci est que la matière avec ses attributs ne constitue que le terme moyen dans une série dont l’Alpha et l’Oméga sont esprit. Le monde des conséquences finales, comme celui des causes primaires, est spirituel ; et aucune finalité ne peut appartenir au plan de leur terme moyen qui n’est qu’un plan de transition.
L’absolu est, d’abord, pure pensée abstraite. En second lieu il est une extériorisation (aliénation),3 de cette pensée, par sa rupture, dans l’atomisme du temps et de l’espace, ou si projection dans la nature, processus par lequel de non moléculaire qu’il était, il devient moléculaire. En troisième lieu il revient de cette condition d’extériorisation et d’aliénation du Moi en lui-même, résolvant dans son sein la substance de la nature, et devenant de nouveau subjectif. C’est le chemin unique par lequel l’Être peut arriver à la conscience de son moi. Ainsi que Hegel l’a formulé, tel est — dans la manifestation — le processus des universaux ; et tel est, nécessairement, le processus des êtres particuliers produits par les universaux.
Par conséquent, l’homme, en tant que microcosme, doit imiter le macrocosme et s’identifier avec lui. Il doit subjectiver ou spiritualiser ses expériences avant de pouvoir les relier à ce principe interne, à cette essence de lui-même qui constitue l’Ego ou le Moi.
Il est cependant évident que cette façon de considérer la religion n’est compréhensible que pour des esprits éduqués et développés ; ses termes et ses idées dépassent la capacité des masses. Ce livre, et l’œuvre qu’il inaugure, s’adresse donc à la première catégorie : aux personnes cultivées qui pensent, qui, reconnaissant les défauts de la croyance populaire, ont renoncé à la tentative vaine de la systématiser et de la mettre en rapport avec leurs besoins mentaux. Il ne pourra jamais y avoir une façon de présenter la religion qui convienne également à toutes les classes et à toutes les castes d’hommes ; en faisant cette tentative impossible, l’Église s’est forcément aliéné ceux qui ne peuvent pas accepter la nourriture grossière offerte à la multitude.
Se donnant le rôle d’un Procuste par rapport aux choses spirituelles, l’Église a essayé de mettre à la même mesure les intelligences de toutes sortes et de toutes dimensions au mépris de cette sentence apostolique : « Nous prêchons la sagesse entre les parfaits »4... Je n’ai pas à vous parler comme à des hommes spirituels, mais je vous ai parlé comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ. Je vous ai donné du lait à boire et je ne vous ai point donné de la viande, car vous n’étiez pas en état de la supporter. »
Pour ceux-là, — ceux qui ne sont ni instruits ni développés, — l’Église doit continuer à parler avec son visage voilé sous forme de parabole et de symbole. Notre appel s’adresse donc aux personnes qui, ayant atteint leur majorité intellectuelle et spirituelle, ont mis de côté les choses enfantines ; qui, par conséquent, — au lieu de se contenter de la cosse de la lettre, de mutiler, ou d’étouffer l’esprit sous la forme, — sont poussées, par la loi même de leur nature, à chercher derrière le voile et à lire l’esprit à travers la forme, afin que, « contemplant la gloire du Seigneur à visage découvert, nous soyons transformés en la même image ».
Ceux qui sont arrivés à ce point de développement apprendront dans ces pages quelle est la Réalité que le mental seul peut saisir, et ils comprendront qu’elle n’appartient pas au plan objectif et phénoménal de l’histoire mondaine, mais au plan subjectif et nouménal de leurs âmes, dans lesquelles, s’ils cherchent, ils trouveront en action le processus de la Chute, de l’Exil, de l’Incarnation, de la Rédemption, de la Résurrection, de l’Ascension, de l’avènement du Saint-Esprit, et — comme conséquence — la possession du Nirvana, de la « paix qui surpasse toute compréhension ».
Pour ceux qui sont ainsi initiés, l’esprit n’a plus rien à faire avec l’histoire ; le phénoménal est reconnu pour être l’illusoire, — une ombre projetée par le Réel, n’ayant aucune substance en elle-même, et simplement un accident du Réel. Une seule chose, est et demeure, — l’Âme dans l’Homme, — Mère de Dieu, immaculée, qui descend — comme Ève — dans la matière et la génération, puis est enlevée — comme Marie — au-delà de la Matière, dans la vie éternelle. Un état suprême et parfait, qui couronne et résout tous les autres ; — l’état du Christ, promis à l’aurore de l’évolution ; manifesté pendant son cours ; glorifié à sa consommation. Réaliser l’assomption de Marie, arriver à la stature de son Fils, tels sont les objets et les aspirations qui constituent le désir de l’illuminé. Et c’est afin de les indiquer de nouveau, ainsi que la méthode intelligente à employer pour les atteindre, que ce livre a été écrit.
Il nous semble que nous ne pouvons pas mieux conclure cette préface qu’en donnant un témoignage de l’estime en laquelle la Voie Parfaite est tenue par des personnes spécialement qualifiées pour juger un tel ouvrage. Les extraits suivants ont été choisis parmi les nombreuses communications que nous avons reçues, venant non seulement de toutes les parties du monde, mais de personnes appartenant à des nationalités, des races et des croyances diverses, et qui prouvent que notre livre est déjà entrain d’accomplir en pays proches et lointains sa mission pacificatrice.
Le plus estimé des étudiants en « science divine » qu’il suffira de désigne comme l’ami, le disciple et l’héritier littéraire du célèbre occultiste feu l’abbé Constant (Éliphas Lévi), nous écrit ce qui suit :
« Comme pour les Écritures correspondantes du passé les preuves en faveur de votre livre sont réellement des miracles ; mais avec la différence que dans votre cas il s’agit de miracles intellectuels, qui ne peuvent être simulés, étant des miracles d’interprétation. Et en outre ils diffèrent des premiers en ce qu’ils ne violentent en rien le sons commun en empiétant sur les possibilités de la nature ; tandis que, d’autre part, ils sont en complet accord avec les traditions mystiques et spécialement avec la mère de toutes, — la Kabbale. Que des miracles comme ceux que je décris, aussi extraordinaires par leur genre que par leur nombre se trouvent dans la Voie parfaite c’est ce qu’affirmeraient avec empressement ceux qui sont les mieux qualifiés pour juger de la chose. »
Et ici, à propos de ces célèbres Écritures, permettez-moi de vous faire quelques remarques sur la Kabbale telle que nous la possédons. Mon opinion est que :
« 1o Cette tradition est loin d’être pure, et telle qu’elle était lorsqu’elle sortit pour la première fois des sanctuaires. »
2o Lorsque Guillaume Postel — d’excellente mémoire — et ses frères Hermétistes de la fin du moyen âge — l’Abbé Trithème et d’autres — prédirent que ces livres sacrés des Hébreux seraient connus et compris à la fin de l’Ère, et qu’ils spécifièrent le temps actuel pour cet événement, ils n’entendaient pas dire que cette connaissance serait limitée uniquement à la divulgation de ces Écritures spéciales, mais qu’elle aurait pour base une nouvelle illumination qui en éliminerait tout ce qui avait été introduit par ignorance ou mauvaise foi, et qu’elle ramènerait cette grande tradition à sa source en la restaurant dans toute sa pureté. »
3o Cette illumination s’est produite aujourd’hui et a été manifestée dans la Voie parfaite. Car nous trouvons, dans ce livre, tout ce qu’il y a de vérité dans la Kabbale, augmenté de nouvelles intuitions, de nature à présenter un corps de doctrine à la fois complet, homogène, logique et irréfutable.
« Puisque toute la tradition est ainsi retrouvée, ou ramenée à sa pureté originelle, les prophéties de Postel sont accomplies ; et je considère que depuis ce jour l’étude de la Kabbale ne sera plus qu’un objet de curiosité et d’érudition comme celle des antiquités Hébraïques. »
« Toujours et partout, l’humanité s’est posée ces trois questions suprêmes : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Or ces questions ont trouvé, tout au long, une réponse complète, satisfaisante et consolante dans la Voie parfaite.5 »
A. K., E. M.
Noël 1886
3 Hegel emploie le terme hétérisation.
4 Littéralement « ceux qui sont mûrs ».
5 Ce jugement ne tient pas compte du mode présentation dont tous les défauts incombent à notre propre responsabilité.
La première édition de ce livre a paru dans l’hiver de 1881 à 1882. Elle consiste en une série de leçons qui ont été faites à Londres dans l’été de 1831, suivies d’un appendice qui se compose de communications verbales, venant de sources transcendantales, qui ont été données expressément pour servir de préparation à ces leçons. Le travail dont la Voie Parfaite est le résultat, a été commencé avec l’intention de faire pour le Mysticisme de l’Occident ce que la Société théosophique a entrepris en faveur du Mysticisme de l’Orient. Il s’agit d’une interprétation de ce Mysticisme en harmonie avec son but originel, à l’effet d’arracher les Écritures et la religion, à l’obscurcissement, à la perversion et à la falsification qu’elles ont subies sous un contrôle exclusivement sacerdotal.
En conséquence il est nécessaire de constater que le travail représenté par ce livre a été commencé avant l’existence de la Société ci-dessus nommée, et accompli tout à fait indépendamment d’elle.
Paris, 1891
1. Le but que nous nous proposons dans les leçons qui vont suivre est d’exposer un système de Doctrine et de Vie à la fois scientifique, philosophique et religieux qui puisse s’adapter à tous les besoins et à toutes les aspirations de l’humanité. Ce système aurait pour but de remplacer, d’une part, le conventionnalisme traditionnel et dogmatique qui, n’ayant pu résister à l’épreuve de la science, ni répondre aux instincts moraux de l’humanité, est aujourd’hui presque entièrement repoussé par les penseurs ; et, d’autre part, de se substituer à ce matérialisme agnostique qui s’étend rapidement sur le monde, au risque de détruire tout ce qu’il y a de bon dans la nature de l’homme.
2. Mais bien que le système proposé prétende remplacer une tradition condamnée par l’expérience et une théorie trop récente pour avoir été complètement acceptée, il n’est pas nouveau en lui-même. L’exposé qui va en être fait n’est point une Invention au sens ordinaire de ce mot mais une Restauration. Car, ainsi que cela sera démontré d’une façon irréfutable, dès les premiers âges du monde a existé un système qui remplit toutes les conditions nécessaires pour être durable ; un système qui, fondé sur la nature même de l’existence, est éternel dans sa vérité et son application et ne demande qu’à être bien compris et scrupuleusement observé pour permettre à l’homme d’atteindre le plus haut degré de perfection et de bonheur qu’il puisse imaginer ou désirer.
3. Notre but est donc de rétablir et de réhabiliter la Vérité en la dépouillant des entraves, des déviations, des perversions et des travestissements qu’elle a subis à travers les siècles ; et cela nous le ferons en expliquant le sens réel des formules et des symboles qui jusqu’à présent ont plutôt servi à cacher cette vérité qu’à la révéler. En conséquence, ce que nous allons proposer ici ne sera ni une nouvelle doctrine ni une nouvelle pratique ; mais seulement quelque chose qui est assez ancien pour avoir été oublié, ou assez profond pour avoir échappé au regard superficiel des yeux modernes.
4. Pour avoir le droit d’être entendu sur un sujet aussi important et aussi abstrait, l’auteur doit nécessairement faire preuve d’une qualification spéciale, soit qu’il possède une source d’information exceptionnelle, ou qu’il soit doué d’une faculté particulière. Il est donc indispensable, dans ces remarques préliminaires, d’indiquer quelle est cette qualification sur laquelle se fondent les auteurs de cet ouvrage.
5. Ce qui est réclamé ici comme base d’autorité est à la fois une faculté et une source d’information qui, tout en étant un cas fort rare de nos jours, n’est cependant pas nouveau. Il s’agit de cet état de l’esprit qui, après s’être exercé dans une direction extérieure comme intellect, de façon à obtenir la connaissance des phénomènes, revient à son centre comme intuition, et, après s’être assuré de l’idée essentielle contenue dans ce fait saisi par les sens, complète le procédé de sa pensée. De même que c’est uniquement par l’opération égale et combinée des forces centripète et centrifuge que le système solaire se soutient ; ainsi l’homme ne peut compléter le système de sa pensée et arriver à une certitude par rapport à la vérité que par l’équilibre des modes intellectuel et intuitif de l’esprit. Et il n’est pas plus possible d’arriver à la connaissance au moyen d’un seul mode de l’esprit, que de réussir à construire le système solaire au moyen d’une force s’exerçant dans une seule direction, le système humain au moyen d’un seul sexe, ou le système nerveux au moyen des nerfs moteurs. Pourtant c’est exactement de cette façon que procède le matérialisme et, par le fait de cette erreur, il a perdu tout droit à se poser comme un système.
6. L’intuition est donc cette opération de l’esprit par laquelle il nous est possible de pénétrer dans la région intérieure et permanente de notre nature et de nous emparer du savoir que l’âme a recueilli à la suite de ses existences passées, car ce qui en nous perçoit et se souvient, c’est l’âme ! Lorsque l’âme, pour arriver à son plein développement, est restée quelques milliers d’années en relation plus ou moins intime avec la matière, et que, perfectionnée par l’expérience, elle a appris toutes les leçons que le corps peut lui donner, elle passe à des conditions plus élevées. Il en résulte que rien de ce que la race a acquis dans le passé ne peut être considéré comme totalement perdu pour le présent.
7. Mais la mémoire de l’âme n’est pas le seul facteur de l’évolution spirituelle. La faculté que nous avons appelée l’intuition est complétée et couronnée par l’opération de l’illumination divine. Cette illumination, si on la considère au point de vue Idéologique est une sorte de descente du Saint-Esprit ou l’effusion de l’Efflux céleste qui éclate en une flamme comme les rayons du soleil lorsqu’ils passent à travers une lentille. Par la, aux fruits de l’expérience de l’âme dans le passé s’ajoute « la grâce » ou l’illumination de l’esprit ; — le baptême de feu qui, en descendant d’en haut, sanctifie et consume les résultats du baptême de l’eau qui vient de la terre. Être illuminé de cette lumière intérieure ; être uni à cette divinité éternelle a été de tout temps le désir ardent de celui qui cherche Dieu, qu’il soit Épopte Égyptien, Yogi Hindou, Néoplatonicien, Grec, Sufi Arabe, ou Gnostique Chrétien. C’est ce que ces derniers appelaient le Paraclet, le Révélateur, par lequel l’homme est conduit vers toute vérité ; pour les Hindous, c’était Atman, celui qui voit tout, qui n’est pas sujet aux renaissances comme Tâme, mais qui a racheté des vicissitudes de la destinée. C’est par l’opération combinée de cette lumière avec l’élévation qu’elle produit dans l’Intuition de l’âme qui la rend capable de transformer sa connaissance en sagesse, que la race humaine a été de siècle en siècle transposée sur des niveaux supérieurs d’évolution, et qu’elle arrivera, par la suite, à transformer son acquis en substance, à être tout ce que, dans le passé, elle a connu et aspiré à posséder de la perfection.
8. Ces leçons représentent donc le résultat de la mémoire intuitive, aidée, croyons-nous, dans une certaine mesure de l’influx spirituel, et développée par le seul mode de vie compatible avec des aspirations philosophiques rationnelles. La base de la doctrine que nous prétendons remettre en honneur est la préexistence et la perfectibilité de l’âme. La préexistence vient en premier lieu ; sans elle la genèse progressive, ou le devenir graduel serait impossible. Car le développement dépend de la mémoire, et il résulte de l’application intelligente que la connaissance acquise par l’expérience fait au profil des besoins de l’individu ; le sens du besoin étant ainsi complété par le sens de la puissance.
La perfectibilité s’en suit, car en tant que partie de l’Être divin — qui est Dieu — étant constituée de la substance divine et illuminée par l’esprit divin, l’âme est nécessairement capable de tout ce que sa nature suppose ; et capable de réaliser, pour l’individualité qu’elle anime, l’injonction du grand maître en science mystique : « Soyez parfaits comme votre père qui est au ciel est parfait. »
9. En vue de l’élucidation de notre système, il est nécessaire de parler de la constitution de l’homme. Sur ce point, notre doctrine est la même que celle qui a prévalu depuis les temps les plus anciens et dans toutes les religions philosophiques. Selon cette doctrine, l’homme possède une nature quaternaire, particularité qui le différencie de toutes les autres créatures. Si l’on compte de l’extérieur à l’intérieur, les quatre éléments qui le constituent sont : le corps matériel, le périsprit fluidique ou corps astral, l’âme ou l’individu, et l’esprit ou le Père divin, la vie divine de son système. C’est ce dernier principe dont le royaume est décrit comme le levain qui a été pris par la femme — la divine Sophia ou Sagesse — et qui a été caché dans trois mesures de farine, l’âme, le périsprit et le corps, jusqu’à ce que le tout ait levé ; c’est-à-dire jusqu’à ce que l’homme entier soit si bien pénétré et éclairé parce principe qu’il soit finalement transmuté en esprit et qu’il devienne « un avec Dieu ».
10. Cette doctrine de la nature quaternaire de l’homme est aussi exprimée dans les Écritures hébraïques sous le symbole des quatre rivières de l’Éden — ou la nature humaine sortant d’une source unique qui est Dieu — ainsi que par les quatre créations vivantes élémentaires d’Ézéchiel avec leurs quatre roues, ou cercles, dont chacune indique une région et une principauté ou puissance. Cette même correspondance apparaît aussi dans les quatre interprétations de tous les livres mystiques — l’interprétation naturaliste, intellectuelle, morale et spirituelle ; ainsi que dans l’unité base de toute existence physique, la cellule physiologique. Car cette cellule, comme tous les étudiants en histologie le savent, est composée, en partant de l’extérieur pour aller vers l’intérieur : premièrement de la membrane cellulaire, ou capsule, qui n’est pas une enveloppe distincte, mais une sorte de coagulation qui protège sa partie fluidique ; secondement de l’intermédiaire protoplasmique ; troisièmement du noyau, qui est lui-même un mode de la substance protoplasmique ; et enfin d’un élément qui n’est pas présent dans toutes les cellules et qui, lorsqu’il s’y trouve, est très difficile à distinguer, le nucleolus ou le noyau central qui est parfaitement transparent. C’est ainsi que l’homme, microcosme du macrocosme, reproduit dans tous les détails de son système la doctrine de la célèbre philosophie hermétique par laquelle le texte de toute véritable Bible est confirmé, savoir la doctrine des Correspondances, « L’extérieur est comme l’intérieur ; le petit est comme le grand ; il n’y a qu’une seule loi ; et Celui qui travaille est Un. Rien n’est petit, rien n’est grand dans l’économie divine. »
11. Ces mots expriment, à la fois le principe de l’univers et le secret de l’intuition. C’est Elle, la femme divine du système mental de l’homme, qui lui ouvre « la voie parfaite, la voie qui conduit au Seigneur » le « sentier du juste qui, comme la lumière du malin, va croissant jusqu’à ce que le jour soit parvenu à sa perfection. » Et sa restauration complète, son couronnement et son exaltation sont la condition essentielle pour la réalisation de la perfection idéale de la nature de l’homme, exprimée sous une forme mystique par ces mots : « trouver le Christ. »
12. L’intuition opère par deux modes, qui sont la perception et la mémoire. Au moyen du premier, l’homme comprend et interprète ; au moyen du second, il retient et utilise. En percevant, en se souvenant et en appliquant, l’esprit met en œuvre par lui-même un procédé analogue à celui qui agit dans l’organisme physique. Car son opération correspond aux trois procédés physiologiques de la nutrition (l’ingestion, la digestion et l’absorption).
13. Lorsque les non-initiés ou les matérialistes nient d’une façon absolue, comme ils le font avec une étrange inconséquence, la possibilité d’arriver à posséder une connaissance positive, et déclarent que « tout ce que nous savons c’est que l’on ne peut rien savoir, » ils disent vrai en ce qui les concerne. « L’homme animal » comme dit l’Apôtre, « ne comprend point les choses qui sont de l’esprit ; car elles lui apparaissent une folie, et il ne les peut entendre parce que c’est spirituellement qu’on en juge. Mais l’homme spirituel juge de toutes choses, et personne ne peut juger de lui. » Les deux ordres indiqués ici font allusion non seulement à l’intérieur et à l’extérieur, à l’âme et au corps de chaque individu, mais aussi aux deux grandes catégories de l’humanité, ceux qui jusqu’à présent ne reconnaissent que le corps, et ceux qui ont assez développé leur nature intérieure pour reconnaître aussi l’âme. L’initié aux mystères sacrés appartient à cette dernière catégorie. Celui-ci en suivant son intuition dirige la force de son esprit au dedans de lui-même, et, pourvu que sa volonté soit subordonnée à la volonté divine et ne fasse qu’un avec elle, il passe derrière le voile et connaît comme il est connu. « Car, comme dit encore l’apôtre : qui est-ce qui connaît ce qui est en l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même aussi personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’esprit de Dieu. Et l’esprit connaît toutes choses et les révèle à l’homme. » Si, au moyen du divin qui est en nous, nous saisissons le divin, celui qui ne réfléchit pas à un certain degré l’image divine, ne saurait s’en emparer. « Mais si son œil est mauvais tout ton corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi n’est que ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres ! »
11. La matière est l’antithèse extrême de l’esprit ; par conséquent l’ennemi de la vision spirituelle sera toujours le matérialisme. C’est donc par la dématérialisation de lui-même que l’homme acquiert l’œil qui voit et l’oreille qui entend par rapport aux choses divines. La dématérialisation ne consiste pas dans la séparation de lame du corps, mais dans la purification de l’âme et du corps qui se dégagent des attractions des sens. Là encore nous avons un exemple de la doctrine des correspondances. Il en est de la vision des choses spirituelles comme de celle des choses physiques. La pureté de l’instrument et du médium est indispensable pour la perception.
15. Telle est donc la nature et la fonction de l’intuition. En vivant assez purement en intention et en action pour empêcher qu’une barrière quelconque ne se mette entre son extérieur et son intérieur, entre son moi phénoménal et son moi substantiel ; et en cultivant avec persévérance les relations harmonieuses entre les deux moi, tout en subordonnant son système tout entier à la volonté centrale et divine qui a son siège dans l’âme, l’homme obtient accès auprès de ces sources de savoir cachées dans son âme, et arrive à la connaissance simultanée de Dieu et de l’univers. Alors pour lui, comme cela a été dit : « Il n’ya rien de caché qui ne sera révélé. »
16. Une fois doué de cette façon, ce n’est pas seulement dans sa mémoire qu’il peut lire. La Planète, dont il est un produit, est, comme lui-même, une personne et possède un médium pour se souvenir. Celui à qui l’âme prête ses oreilles et ses yeux peut connaître non seulement son histoire passée, mais l’histoire passée de la Planète telle qu’elle est contenue dans les images imprimées sur la lumière magnétique qui est la mémoire de la planète ; car il existe réellement des fantômes des événements, des mânes des circonstances passées ; des ombres sur le miroir protoplasmique qui peuvent être évoquées.
17. Mais au delà et au-dessus du pouvoir de lire dans sa propre mémoire ou dans celle de la planète, il existe le pouvoir de pénétrer dans cette sphère la plus intime où l’âme obtient et garde avec soin sa connaissance de Dieu : c’est la faculté au moyen de laquelle se produit la véritable révélation. Et la révélation, même dans le sens le plus élevé, n’est pas moins que la raison une prérogative de l’homme qui lui appartient de droit, lorsqu’il est arrive au degré le plus élevé et le plus complet de son développement.