Le châtiment des innocents - Tome 1 - Claude Mavit - E-Book

Le châtiment des innocents - Tome 1 E-Book

Claude Mavit

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Beschreibung

Dans un milieu bourgeois de la région toulousaine se déroule une histoire d’adultère, d’enfants illégitimes, de tromperies diverses… et de meurtre. La commissaire Epsebah, fin limier d’origine anglaise, se confronte à la pression excessive de sa hiérarchie lors de la résolution de cette sombre affaire. Pourquoi ?


À PROPOS DE L'AUTRICE

Mavit Claude a un penchant particulier pour la littérature policière. C’est dans ce registre que s’inscrit "Le châtiment des innocents - Tome I", une œuvre mûrie par plusieurs années d’écriture.

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Claude Mavit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le châtiment des innocents

Tome I

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Claude Mavit

ISBN : 979-10-422-0812-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je dédicace mon premier roman à mes deux filles,

Virginie et Anne Marie, ainsi qu'à mes petits-enfants, Johan, Lucas, Tristan et Lilian,

dont je suis très fière.

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

Aujourd’hui retraitée, Claude Mavit, notre auteure, après une carrière de responsable en  management de grandes enseignes, choisit  les dernières années de son parcours professionnel, de se reconvertir dans le métier de «  Formatrice en commerce » diplôme qu’elle réussit avec brio.

Créative et passionnée, la formation de ses élèves se révèle un succès avec d’excellents résultats, dus à son implication personnelle et récompensée par l’immense reconnaissance de ses apprenants.

Native du département Audois, elle réside à ce jour dans la région Toulousaine.

Claude,  dotée d’un grand pouvoir d’imagination et d’une inexorable énergie, perpétuellement en action ! Toujours disponible si un problème se pose, elle trouvera la solution…pour sa famille certes, mais aussi pour ses amis, car son amitié demeure sans faille…

Avec un emploi du temps bien rempli, elle va encore se surpasser et nous étonner bien davantage !

Personnage bourré de multiples talents, elle nous surprend encore aujourd’hui avec l’écriture de son premier roman policier dont le climat et l’accroche énigmatique  nous transporte indéniablement et nous tient en haleine jusqu’au bout dans un contexte de suspense sans cesse renouvelé.

 

Bravo et merci à notre jeune écrivaine.

Alors,  vos pages et bonne lecture…

Patricia Dupuy

 

 

 

 

 

Chapitre I

La jeune fille

 

 

 

Le corps nu déposé avec soin sur un drap blanc brodé, aucune tache de sang apparente, les cheveux blonds coiffés avec soin, le visage poudré, un rose pastel sur les lèvres, telle était la jeune fille trouvée par Cécile, première arrivée dans le salon. Elle reste muette, stupéfaite.

Un à un le reste de la famille arriva dans le salon, personne ne parle, personne ne bouge jusqu’à l’arrivée de Charles, le père. Cécile jette un regard accusateur vers lui. Il se dirige vers le téléphone, Cécile l’arrête et demande aux enfants d’aller dans la cuisine. Soulevant légèrement le drap, elle vit sur l’épaule droite, un tatouage récent représentant un « II » romain. Charles regarde sa femme les yeux hagards, Cécile lui demande :

— Tu la connais ?

— Bien sûr que non !

— Tu es sûr de toi ?

— Je ne connais pas cette fille, tu as vu son âge ! Elle paraît très jeune !

— Fais le tour de la maison pour savoir comment cette fille est arrivée là.

— Tu ne penses pas qu’il faudrait téléphoner à la gendarmerie ?

— Fais ce que je te dis et surtout contrôle que les enfants soient bien dans la cuisine et restent tranquilles ! Pendant ce temps, Cécile découvre le drap en entier. Étant avocate comme son mari, elle fait très attention aux empreintes. Elle ne décèle aucun coup, aucun bleu, pas une seule trace de violence.

Charles revient essoufflé car la demeure est grande.

— Rien de cassé, ni fenêtres ni portes, aucune effraction.

— Maintenant, téléphone à la gendarmerie et, en suivant, à Paul.

— À Paul ?

— Arrête de poser des questions ! Va téléphoner.

— Les enfants demandent s’ils peuvent aller au village ?

— À ton avis !

— Bien, je vais leur dire d’aller lire dans leurs chambres.

Cécile entend son mari téléphoner aux gendarmes et répéter trois fois qu’il a trouvé une jeune fille dans le salon. Pour finir, les gendarmes vont arriver. Pendant ce temps, Cécile regarde dehors à la recherche d’indices.

Rien, elle ne trouve rien…

À l’entrée de la terrasse trônent deux immenses lauriers. S’arrêtant tout à coup elle se baisse et avec un bâton elle retire une ballerine rouge de sous le laurier…

Charles venant vers elle lui dit :

— Paul arrive.  Paul est juge d’instruction à Toulouse et ami de la famille.

— Va voir les enfants et surtout qu’ils restent calmes, je monterai les voir tout à l’heure.

 

 

 

 

 

Chapitre II

Le château

 

 

 

La maison de maître situé à Saint-Martin-le-Viel dans le Lauragais. C’est une demeure dans laquelle la famille Montégut passe les week-ends et les vacances. Cécile en a hérité à la mort de sa tante. Le couple a quatre garçons : Louis, l’aîné de 18 ans, Pierre, de deux ans son cadet puis les jumeaux turbulents, Jacques et Claude âgés de 12 ans.

Les sirènes résonnent dans le village, pompiers, gendarmes arrivent devant le porche, Charles va à leur rencontre. Cécile attend à la porte, inquiète, la ballerine posée au sol à côté d’elle. Le Capitaine se présente et demande où se trouve le corps et si rien n’a été touché. Charles le dirige vers le salon en disant au capitaine :

— Ma femme a juste soulevé le drap pour voir si la personne était vivante.

Cécile vient rejoindre le capitaine et lui dit :

— J’ai trouvé cette ballerine sous le laurier à l’entrée, elle n’est pas à nous.

— Bien, bien, dit le Capitaine, je vais la mettre dans une poche en plastique, vous êtes arrivés quand ? Il y a d’autres personnes ici ?

— Nous sommes arrivés aujourd’hui, samedi, en principe nous arrivons le vendredi en fin d’après-midi mais hier soir nous avions des amis pour le dîner. Nos enfants, quatre garçons sont consignés dans leurs chambres. Le capitaine demande à son adjoint de contacter le légiste de Carcassonne d’urgence et de boucler la propriété pour relever les indices. Charles et Cécile demandent à monter voir les enfants pour les rassurer. Le Capitaine donne son accord. Cécile monte l’escalier, suivie de Charles. Soudain, elle se tourne vers son mari, le regardant avec colère :

— Dis-moi que tu n’as rien à voir avec cette histoire ! Jure-moi !

— Tu me prends pour un monstre ! Je te jure que je n’ai rien à me reprocher !

— Paul va arriver, il faut préparer sa chambre.

— Le Capitaine va sûrement nous demander d’aller dormir ailleurs, ils doivent enquêter, il va falloir demander à Bernard de nous héberger ou retourner à Toulouse.

— Les jumeaux peuvent aller chez Juliette avec les Langonnais ?

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée car ils vont tout raconter, nous devons les tenir à l’écart des gens de village.

Cécile regroupe les garçons et donne les instructions.

— Nous allons téléphoner à Bernard et partir chez lui car nous devons rester à disposition pour les gendarmes. Un des jumeaux s’aventure à poser une question :

— Mais cette fille est morte, c’est qui ?

— Oui, elle est morte. Ni ton père ni moi ne la connaissons.

— Maintenant, je vous demande de rester dans les chambres et nous monterons vous chercher.

Charles et Cécile s’assoient dans le petit salon, Cécile prend la parole :

— Ce capitaine n’a pas l’air très professionnel, il faut que Paul intervienne pour que quelqu’un de compétent s’occupe de l’enquête, je n’ai pas envie que ça dure et qu’il néglige des indices.

— Je pense que le village est alerté et les mauvaises langues en route.

— Je crois que Paul arrive, un gendarme l’empêche d’entrer, je descends.

— Profites-en pour dire au Capitaine que le Juge Bertrand est là sur notre demande.

— Capitaine, il faudrait laisser entrer notre ami le Juge Bertrand, je lui ai demandé de venir.

— Pourquoi avoir fait venir un juge ?

— C’est un ami ; j’ai pensé qu’il pourrait nous aider enfin ou tout au moins nous soutenir.

— Laissez-le entrer, mais il doit rester à l’écart de l’enquête.

C’est bien mal connaître le juge… Charles, après avoir accueilli son ami l’installe dans la bibliothèque. Cécile les ayant rejoints :

— Je vais faire du thé dit-elle. Pendant ce temps, Charles raconte à Paul ce qu’il s’est passé.

Le téléphone sonne, c’est Bernard, l’ami de la famille, agriculteur. Il a vu les gendarmes et se demande ce qui se passe.

— Je t’expliquerai répond Charles. Tu peux nous recevoir ce soir et cette nuit ? Nous ne pouvons rester là.

— Bien sûr, je préviens Raymonde. À tout à l’heure.

Paul attend les explications.

— Charles raconte-moi toute l’histoire. Il faut que j’intervienne rapidement sinon ton Capitaine va faire en sorte que la PJ de Carcassonne mène l’enquête et franchement ils sont d’une incompétence rare.

— Tu sais il n’y a pas grand-chose à raconter, nous sommes arrivés il y a deux heures, hier nous avions une soirée, en principe nous venons le vendredi, nous avons trouvé dans le salon cette fille morte recouverte par un drap, pas d’effraction, rien n’a bougé, pas de vol, rien de plus. Ah ! Si, Cécile a vu sur le bras un chiffre romain le « II » et elle a trouvé une ballerine rouge sous le laurier.

— Vous la connaissez ?

— Non, non, ni moi ni Cécile.

— Bien, l’histoire me paraît complexe, je pense que, d’une manière ou d’une autre, il y a un lien avec vous.

— Que penses-tu faire ?

— Je vais contacter la PJ de Toulouse. J’ai eu affaire à une nouvelle commissaire qui est une pointure. Elle est d’origine anglaise et naturalisée française.

Elle a de l’instinct et surtout personne ne peut faire pression sur elle, elle est incorruptible. Elle s’appelle Epsebah Wilson, le problème c’est que nous sommes dans l’Aude, je ne suis pas sûr de pouvoir la faire intervenir mais je vais essayer.

Tu peux fermer la porte ? je vais passer des coups de fil, je ne veux pas que le Capitaine entende.

— D’accord, nous allons amener les garçons chez Bernard et nous revenons, Cécile est choquée, je vais essayer de la laisser là-bas.

 

 

 

 

 

Chapitre III

Le légiste, les recherches

 

 

 

Pendant ce temps, l’enquête est ouverte et le légiste vient d’arriver, il fait les premières constatations.

— La jeune fille a entre 15 et 18 ans. Au vu de la température, le décès remonte à ce matin. Pas de trace de coup. Il semble qu’elle ait été étouffée. Pas de chaussure, mais Mme Montégut a trouvé une ballerine rouge dans les lauriers. Elle était nue, couverte d’un drap blanc brodé qui appartiendrait à Mme Montégut. Tatouage très récent, il semblerait même qu’il ait été fait ce matin, sûrement post-morten, avec un caractère romain « II ».

Voilà pour l’instant. Je pourrai en dire plus après l’autopsie.

Le capitaine ordonna à ses hommes de faire le tour de la maison, pièce par pièce et de faire venir des hommes supplémentaires pour fouiller le parc de fond en comble.

Le drap, le drap… d’où vient-il ? Il se tourne vers Cécile et lui demande s’il lui appartient ?

— Je vais regarder plus attentivement mais il me semble qu’il est à moi, je reconnais les broderies.

— Cela veut dire qu’ils ont fouillé dans vos armoires ! Pouvez-vous regarder si c’est le cas ?

— Le linge de maison est au sous-sol, je vais regarder…

Cécile remonte du sous-sol, blanche et effrayée.

— L’armoire des draps est presque vide ! Il manque des draps brodés.

— Ne touchez à rien, Armand mon adjoint va venir avec vous au sous-sol pour faire le point de ce qu’il manque. Cette affaire est bizarre, très bizarre !

Pendant ce temps, Paul est au bureau en train de téléphoner à droite et à gauche pour que la PJ de Toulouse s’occupe de l’enquête. Charles entre dans le bureau, Paul lui fait signe de s’asseoir et d’attendre qu’il ait fini de téléphoner.

— Je ne sais comment te le dire !

— Mais quoi ? Vas-y.

— La PJ de Toulouse va prendre en charge l’enquête sans problème car il y a eu un meurtre similaire à Toulouse.

— Similaire ? Mais que veux-tu dire ?

— Eh bien, un jeune garçon, inconnu pour le moment, a été trouvé mort au bord de la Garonne à Toulouse. Recouvert d’un drap brodé, un tatouage frais avec le chiffre romain « III ». Du coup, le procureur que j’ai eu au téléphone, vu les similitudes, a décidé de donner l’enquête à l’inspecteur Epsebah Wilson.

C’est une bonne chose mais je suis inquiet car je pense qu’il y a un lien avec toi ou Cécile mais je pense plutôt à toi.

— Pourquoi tu penses ça, je n’ai rien à voir avec ces horreurs !

— Tu as toujours trompé Cécile et… je ne sais pas, une intuition…

— D’accord, j’ai trompé Cécile mais quel lien avec cette fille et ce garçon ?

— Franchement, je ne sais pas, mais ce n’est pas un hasard si cette fille est morte ici ! Où est Cécile ?

— Au sous-sol, il manque des draps à la lingerie, elle fait le point avec un gendarme. Ne lui dis rien pour le moment. Je l’amène avec les garçons chez Bernard… À tout à l’heure.

Mais Cécile n’a pas voulu aller chez Bernard.

Charles a laissé les garçons chez Raymonde avec la consigne de les garder à la maison et surtout pas de sortie au village.

Sur le retour, Charles est pensif : Joseph, le gardien de la propriété, est absent car sa sœur est mourante dans le Nord. Lui qui ne partait jamais, c’était une coïncidence ? Il cherchait dans sa mémoire quel rapport il pourrait avoir avec cette jeune fille ? Le chiffre romain « III » ? Tout cela se bouscule dans sa tête…

Il s’arrêta devant la grille dans la rue devant la demeure car la propriété est bouclée. Il y avait des gendarmes partout, en passant dans le village, les rues étaient particulièrement agitées. Cela ne présageait rien de bon…

 

 

 

 

 

Chapitre IV

La famille Montégut

 

 

 

« Le Château » comme disaient les villageois, ils passaient à pied devant le porche en regardant vers la maison, toujours avec des intentions de commérages.

La famille vit toute la semaine à Toulouse dans un immeuble Bourgeois, rue des Lois, Charles, avocat de renom, Cécile, avocate aussi, elle avait mis sa carrière entre parenthèses pour s’occuper des enfants, elle aide aussi Charles, lui servant de secrétaire.

Toutes les fins de semaine, avec ou sans Charles, Cécile se rend dans sa demeure à Saint-Martin-le-Viel mais ne va que très rarement au village. Quelques personnes passent le porche pour demander des conseils juridiques ; Cécile ou Charles les reçoivent gentiment et le font toujours gracieusement. Plusieurs fois, ils ont invité certaines familles pour Noël ou autres événements. Mais il leur est impossible de nouer une vraie amitié ou de vrais liens. Il n’a que deux familles chez qui ils vont régulièrement : le fameux Bernard agriculteur, fermier des terres de la propriété et son épouse Raymonde, puis en haut du village les Martin. Charles chasse avec le Rolland, le père. La mère déteste les Montégut. Ils ont 5 enfants, trois filles et deux garçons. Cécile s’était particulièrement attachée à l’aînée, Jeanne, qui vient en fin de semaine et pendant les vacances faire le ménage.

 

 

 

 

 

Chapitre V

Le juge

 

 

 

Charles, hésitant, entre ; le Capitaine l’interpelle de façon cavalière.

— Vous étiez où ?

— J’ai amené les garçons chez mon ami, merci de changer de ton avec moi ! Charles n’est pas homme à se laisser parler de cette façon !

Cécile est dans la cuisine assise à la table en train de boire un thé, elle est silencieuse.

Le corps de la jeune fille est parti, le légiste aussi, le capitaine fait les cent pas dans la vaste entrée, il gesticule, il donne des ordres à droite à gauche et tout cela paraît être un immense chaos.

— Tu as vu Paul ? demanda Charles

— Non, je n’ai plus de jambe, que fait-il ?

— Je vais le voir, reste là, je ferme la porte pour qu’on te laisse tranquille.

Paul, assis au bureau, téléphone, Charles rapproche un fauteuil du bureau et attend que Paul raccroche.

— Bien, j’ai des informations et je viens de raccrocher avec le commissaire Epsebah Wilson. Elle arrive dans une heure, elle est en charge des deux affaires. Je t’avertis : elle est spéciale, très spéciale.

— Tout ce que je demande c’est qu’elle soit compétente parce que l’autre, à côté, a l’air bien dépassé. Elle a un nom spécial !

— Elle arrive d’Angleterre. Elle est venue en France pour des affaires familiales. C’est un mélange indou, anglais et un peu français.

Elle est habillée toujours pareil. Tu vas voir un personnage.

Le capitaine va recevoir un coup de fil, il ne va pas être content !

— Je m’en fous, c’est un abruti.

En effet, le téléphone sonne, un grand silence puis un gros coup de gueule…

— Les gars, remballez ! Nous sommes dessaisis de l’affaire, les pontes de Toulouse arrivent… La PJ !

— L’adjoint, Armand, arrive tout essoufflé : j’ai trouvé quelque chose dans le parc, venez voir !

Le capitaine peste mais suit l’adjoint.

Charles et Paul regardent par la fenêtre, ils sont aux premières loges.

Les deux gendarmes s’arrêtent au bord du bassin et l’adjoint avec précaution montre la deuxième ballerine rouge et une boîte en fer. Le capitaine ordonne d’ouvrir la boîte. L’adjoint l’ouvre délicatement, il en sort des chaussons roses de bébé.

— Bouclez la zone, emballez les indices et surtout finissez de fouiller le parc, nous allons avoir l’air d’amateurs si la PJ de Toulouse trouve d’autres indices.

 

 

 

 

 

Chapitre VI

La commissaire

 

 

 

— La commissaire à Toulouse ne m’a pas parlé de chaussons ! s’interroge Charles

— Il n’y en a peut-être pas ! ou alors ils ne les ont pas trouvés, répond Paul le juge.

Quelqu’un tape à la porte du bureau, un gendarme entre et annonce que la PJ de Toulouse est là. Il précise qu’il y a aussi une femme bizarre…

Le Capitaine et ses gendarmes sont encore dans le parc. Ils sont tous en civil.

La commissaire se dirige vers Charles et Paul. Elle est spéciale, en effet, très spéciale : Une crinière de lionne entre brun, roux et quelques mèches blanches, habillée de noir, un immense imperméable, des rangers noires à grosses semelles, un visage ni beau ni laid… de grandes lunettes à cadre en écailles noires, elle est grande, mince, pas très souriante.

Charles et Paul se dirigent vers elle en tendant la main, elle les regarde d’un air… impossible à décrire… dédaigneux ? Interrogatif ?

Elle fait signe à son équipe, un seul geste en levant le bras et en décrivant un cercle, l’équipe de six hommes se disperse rapidement.

— Où est le corps ?

— Le légiste l’a emporté à Carcassonne, répond Paul.

L’air agacé, elle fait signe à un de ses gars :

— Téléphone à Carcassonne à la gendarmerie, il ne faut pas qu’il touche au corps, il faut le rapatrier à Toulouse, fais le nécessaire.

— OK ! répond l’adjoint, grand très maigre, brun typé.

— Racontez-moi depuis le début, vous êtes Charles Montégut, l’avocat ? Et vous le juge Paul Bertrand ?

— Oui, c’est ça, répondent Charles et Paul en même temps.

— Venez à l’intérieur. Le capitaine est dans le parc. Peut-être devrions-nous l’attendre ?

— Non, allons-y, nous avons déjà un temps de retard.

Charles raconte l’histoire depuis le début et ajoute que les gendarmes ont trouvé d’autres indices dans le parc.

La commissaire Wilson ouvre la fenêtre qui donne sur le parc et interpelle le Capitaine en lui demandant de manière brutale de remonter avec les trouvailles. Elle est debout contre le radiateur, un pied sur le fauteuil, intimidante. Son charisme certain et son égo très certainement surdimensionné.

Le Capitaine arrive essoufflé avec dans la main deux pochettes en plastique, il dit bonjour rapidement et pose sur le bureau les pochettes en expliquant qu’ils ont trouvé la deuxième ballerine au bord du bassin. À côté, il y avait un endroit fraîchement gratté. Après avoir enlevé la terre, ils ont trouvé une boîte en fer. Il l’ouvre avec des gants et sort une paire de chaussons roses.

Epsebah demande si tout a été fouillé, le Capitaine répond oui mais le parc faisant trois hectares il manque d’effectif pour le faire de façon systématique et précise.

Un grand silence s’installe puis Epsebah prend son téléphone furieuse et demande à parler au procureur de Toulouse.

Au ton de sa voix, la personne au bout du fil a compris qu’il valait mieux lui passer le procureur tout de suite.

— Je suis sur les lieux de l’homicide à Saint-Martin-le-Vieil, les gendarmes sont encore là. Il me faut donc des hommes dans une heure maximum à cause de la nuit. Le parc est immense, il faut le ratisser. Les gendarmes n’ont fait que survoler les lieux. Ce n’est pas un boulot de pro, je suis entourée d’incompétents. Au vu des deux crimes similaires, je ne veux pas passer à côté d’indices.

— Combien d’hommes ?

— Je veux l’armée.

— L’armée ? Impossible d’ici une heure.

— À Castelnaudary, il y a la légion, je pense que c’est possible, à vous de voir ! Dans le cas contraire, je lâche l’enquête.

— Heu… je vais voir, je vous rappelle.

Le capitaine était stoïque, rouge de colère, il regardait la commissaire avec mépris, il finit par dire :

— Puisque nous sommes incompétents et non professionnels, je pars avec ma brigade et je vous laisse la place avec plaisir. Je vous fais le point rapidement et puis… au revoir.

— Je vous écoute.

— Le légiste a dit :

— La jeune fille a entre 15 et 18 ans. Le décès remonterait à ce matin. Pas de trace de coup. Il semble qu’elle a été étouffée. Pas de chaussure, mais Mme Montégut a trouvé une ballerine rouge dans les lauriers. Elle était nue, couverte par un drap blanc brodé qui appartiendrait à Mme Montégut. Tatouage très récent, il semblerait même qu’il ait été fait ce matin, sûrement post-mortem, avec un caractère romain « II ». Le légiste a emporté le corps pour l’autopsie.

Pendant nos recherches dans le parc, nous avons trouvé la deuxième ballerine et une boîte en fer enterrée à côté. Vous l’avez sur le bureau. Elle contient une paire de chaussons roses. Voilà c’est tout, je vous souhaite bien du courage… Au revoir.

Il tourne les talons en claquant la porte. Après un grand bruit de voitures dans la cour, tous les gendarmes ont disparu.

Charles et Paul restent muets, attendant la suite…

Le téléphone sonne dans la poche de la commissaire, elle attend puis répond, c’est le proc !

— La légion arrive dans 30 minutes.

— Parfait.

 

 

 

 

 

Chapitre VII

Les photos

 

 

 

Epsebah sort du bureau sans rien dire et se dirige vers la cuisine où se trouve encore Cécile toujours assise à la table devant un thé froid.

Elle ferme la porte et s’assoit en face de Cécile.

— Mme Montégut ? Vous êtes choquée, je comprends. Je peux avoir un thé ?

— Oui, je vous le prépare.

— Vous êtes la première arrivée sur les lieux ?

— Oui.

— Vous connaissez cette fille ?

— Non.

— Vous avez une idée du pourquoi elle était chez vous ?

— Non.

Cécile sert le thé sans un mot. Epsebah n’insiste pas et boit son thé.

— Je sais que vous êtes choquée mais je voudrais vous montrer des photos de l’homicide de Toulouse.

— Quel homicide de Toulouse ?

— Le juge ne vous l’a pas dit ?

— Non ! pourquoi voulez-vous me montrer les photos ?

— Il y a pas mal de similitudes entre les deux cas, j’ai besoin de savoir si d’une part vous connaissez le jeune homme et d’autre part si le drap qui le recouvre vous appartient. Vous voulez bien ?

— Je ne pense pas avoir le choix !

Epsebah se place à côté de Cécile et lui montre les photos du corps recouvert du drap puis des photos du jeune homme.

Cécile reste muette un instant, les larmes coulent sur ses joues puis elle prend la parole d’une voix chancelante.

— Je ne connais pas le jeune homme mais le drap est à moi, je vois d’ailleurs mes initiales CM, ma tante avait fait broder plusieurs paires pour mon trousseau de mariée.

— Je m’en doutais, les affaires sont bien liées. Merci, Mme Montégut, vous devez partir maintenant car nous allons tout fouiller, cela va être pénible, je garde votre mari et le juge.

Avec un grand vacarme, les camions de la légion arrivent dans la cour avec une armada de militaires.

Epsebah sort sur la terrasse, cherche du regard le gradé, un commandant.

Charles et Paul sortent aussi et sont effarés par la quantité de camions et de militaires.

Le gradé s’avance vers la commissaire et se met au garde-à-vous.

— Il faut, avant la nuit, ratisser le parc qui est très grand. Je veux que vos gars fouillent millimètre par millimètre tout le parc, c’est possible ?

— Oui, pas de problème, j’ai assez d’hommes.

— Précaution à prendre si vous trouvez quoique ce soit, il ne faut rien toucher et appeler un de mes gars. Ils sont six et vont venir avec vous.

— À vos ordres, madame.

Il tourne les talons, fait signe à ses gars de se regrouper et donne les ordres. Ils se dispersent de façon méthodique dans le parc.

Epsebah rentre dans la maison et fait signe à Charles et Paul de venir dans le bureau.

Elle montre les photos à Charles et Paul en demandant s’ils connaissent le jeune homme. Ils répondent tous les deux que non mais Charles rajoute que le drap vient de sa maison.

Cécile entre pour prévenir Charles qu’elle part rejoindre les garçons et que Paul l’amènera là-bas quand ils auront fini.

 

 

 

 

 

Chapitre VIII

Toulouse

 

 

 

Epsebah les laisse dans le bureau et part dans la cuisine pour téléphoner à un de ses adjoints travaillant à Toulouse sur l’autre homicide.

— Alors il a dit quoi le légiste ?

— Il a dit que le corps ne présente aucune blessure, mort depuis quelques heures, il a entre 15 et 18 ans, un tatouage frais représentant le chiffre romain « III ». Il en dira plus après l’autopsie. Nous sommes en train de fouiller les alentours pour trouver les vêtements ou d’autres choses.

— Regardez si la terre a été retournée à certains endroits. Nous avons trouvé ici une boîte en fer enterrée avec des chaussons roses à l’intérieur. Faites une recherche dans le fichier des personnes disparues, je vais joindre le légiste de Carcassonne pour avoir une photo de la fille et je te la transmets.

— Commissaire, cette affaire est bizarre, je trouve !

— Je suis d’accord avec toi, il y a bien un lien entre les deux, le drap vient de la maison de Saint-Martin-le-Vieil. Tiens-moi au courant et surtout ne bâcle pas les recherches, demande du renfort si nécessaire.

 

 

 

 

 

Chapitre IX

La ferme de Bernard

 

 

 

Cécile est arrivée à la ferme de Bernard. Les garçons se précipitent vers elle et posent de multiples questions. Raymonde s’interpose et demande aux garçons de laisser leur mère tranquille un moment, le temps qu’elle reprenne ses esprits. Elle installe Cécile dans la chambre d’amis et ferme la porte.

— Les garçons, allez me chercher du bois pour la cheminée, nous allons faire une grillade ce soir. Raymonde revient dans la chambre et demande à Cécile si elle veut un thé ou café.

— Merci beaucoup Raymonde, merci pour les garçons et ton hospitalité mais je ne veux rien pour le moment, juste me reposer un peu. Je vous expliquerai à toi et aux garçons tout à l’heure.

Ah… j’allai oublier : Jeanne va venir vers 18 h pour le repas, tu peux téléphoner chez elle pour annuler ? Surtout pas de commentaire si la mère te pose des questions, c’est une mauvaise langue donc, fais attention !

— D’accord, je le fais de suite, ne t’inquiète pas !

 

 

 

 

 

Chapitre X

Epsebah, les indices

 

 

 

Depuis la cuisine Epsebah, téléphone au légiste de Carcassonne. Elle lui réclame les photos du corps et lui demande s’il a fait le nécessaire pour transférer le corps à Toulouse.

Le légiste répondit froidement. Le corps est parti depuis 15 minutes et il allait lui envoyer les photos par SMS. Il raccrocha sans qu’elle puisse poser d’autres questions. Les chiffres « II » et « III » sont inquiétants, pensa Epsebah. Il manque le « I » et la liste ne s’arrête peut-être pas au « III ». Il y a un message… les chaussons roses ! Je pense qu’ils vont trouver des chaussons bleus à Toulouse.

Epsebah se dirige vers la fenêtre pour voir où en sont les recherches. Elle aperçoit le commandant qui se dirige vers la maison. Il y a un attroupement autour d’un arbre. Epsebah traverse la maison rapidement et se dirige vers le parc. Le commandant la rejoint.

— Venez vite, nous avons trouvé une boîte en bois au pied d’un grand pin.

— Vous l’avez ouverte ?

— Non, je suis venue vous chercher !

— Bien ! Allons-y vite.

Une quinzaine de légionnaires autour de l’arbre regardent la boîte en bois. Epsebah fait signe de la dégager et de continuer les recherches.

C’est une jolie boîte avec une petite serrure à peine cachée sous les feuilles. Epsebah se demande comment les gendarmes ne l’ont pas trouvée. Elle se félicite d’avoir fait venir l’armée ! S’étant munie de gants, elle prend l’objet précautionneusement et l’ouvre. À l’intérieur, la photo d’une maison, un bracelet de naissance avec le prénom « Laurent ».

Après avoir emballé la boîte dans une poche en plastique, elle demanda au commandant où en étaient des recherches, la nuit n’allant pas tarder à tomber.

— Nous avons presque terminé, il reste un petit coin d’ici quinze minutes nous aurons fini.

— Bon boulot commandant, merci beaucoup.

— Avec plaisir !

Le commandant interpelle son équipe pour les activer.

Epsebah remonte à la maison, ouvre à nouveau la pièce à conviction et regarde la photo plus dans le détail. Maison bourgeoise, isolée, les volets et le portail, fermés, un parc… Sûrement l’endroit d’un nouveau meurtre. Peut-être même celui de ce Laurent. Le bracelet est vieux mais bien conservé.

Elle se dirige vers le bureau et interpelle Charles et Paul :

— Venez tous les deux à la cuisine, je vous prie ! — Nous avons trouvé dans le parc une boîte contenant une photo et un bracelet de naissance.

Charles regarde la photo :

— Je connais cette maison, c’est la propriété « Roquette » sur la route de Cenne-Monestiés à deux kilomètres d’ici. Ce sont des amis, ils sont à l’étranger depuis un an.

— Et le prénom « Laurent » ?

Je connais des Laurent bien sûr ! Des collègues, des connaissances mais personne de proche.

Epsebah a déjà le téléphone à la main, elle parle au « proc’ » et explique la situation :

— J’ai besoin d’hommes, nous devons nous rendre dans une autre propriété pas très loin. Sûrement un autre mort…

Charles et Paul sont stupéfaits, blancs, proches du malaise.

— Mais c’est un cauchemar, un jeu de piste, gémit Charles ; Paul, que dois-je faire ?

— Rien, pour le moment, attends les ordres de la commissaire.

Epsebah appelle son adjoint Kader qui arrive au pas de course.

— Nous devons nous rendre à quelques kilomètres d’ici. Tu viens avec moi. Demande à Pascal de prendre le commandement. Qu’il prenne les empreintes et le profil ADN de M. et Mme Montégut. Ensuite, il vient nous rejoindre avec l’équipe, M. Montégut lui expliquera où se trouve la propriété dite « Roquette ». Quand l’armée a fini, il faut boucler la propriété et personne ne reste dans la maison, nous reviendrons demain.

 

 

 

 

 

Chapitre XI

Roquette

 

 

 

Epsebah et Kader montent rapidement en voiture, se dirigent vers Cenne-Monestiés et, quelques minutes plus tard, sont devant la propriété. Le portail est fermé par une grosse chaîne avec cadenas interdisant d’entrer. La propriété étant entièrement clôturée, Kader fait le tour de la voiture, ouvre la malle, et sort de grosses pinces. Epsebah lui fait signe d’ouvrir le portail. Epsebah était dubitative.

— Je ne sais pas comment il fait, il n’a quand même pas les clefs des deux maisons. C’est vraiment un mystère… ou un fantôme ?

— Il a sûrement des compétences importantes dans le cambriolage répondit Kader.

En quelques minutes, Kader casse la chaîne et ouvre en grand le portail, Epsebah entre avec la voiture au plus près de la maison.

Portes et fenêtres sont closes. Ils se dirigent vers l’entrée principale défendue par une solide porte de chêne. Kader regarde la serrure et fait signe à Epsebah qu’il n’arrivera pas à l’ouvrir. Ils se séparent et font le tour du manoir pour repérer une ouverture plus facile à ouvrir.

Sur l’arrière de la maison se trouve une porte de service en partie vitrée donnant sur un débarras. Une des vitres est cassée, il y a du verre par terre, Epsebah met des gants et appelle Kader qui arrive très vite. — Avant d’entrer, je dois téléphoner au proc’ pour le prévenir qu’il y a effraction et donc peut-être un macchabée…

Le coup de fil ne prit que deux minutes.

— Bien ! Nous avons l’accord d’entrer mais attention aux indices, mettons les chaussons de protection et sortons les armes.

Pas de lumière, les propriétaires ont coupé le compteur sûrement.

La progression est lente malgré les lampes de poche. Après le débarras, un grand corridor desservant une succession de pièces, un bureau, un grand salon cossu, une immense salle à manger avec une cheminée puis la cuisine. Pour l’instant rien à signaler. Ils arrivent au grand hall d’entrée. Un immense escalier tournant leur fait face. Epsebah demande à Kader de rechercher le compteur électrique. Il le trouve dans un placard de l’entrée. Il actionne le disjoncteur, la lumière s’allume dans la cage d’escalier. Ils montent prudemment l’escalier et arrivent sur le palier, Epsebah fait signe à Kader d’aller à gauche pendant qu’elle se dirige la droite. Une première porte, donne sur une chambre vide. La deuxième également. Il reste deux portes. Elle avance… Soudain la voix de Kader :

— Tu devrais venir ici. La lumière ne fonctionne pas, j’ai du mal à voir mais j’aperçois une masse au sol.

Epsebah se précipite vers la pièce. Sa torche éclaire un drap brodé cachant la forme d’un corps. Elle soulève le drap. Il s’agit d’un jeune homme. La commissaire tâte le pouls, il est bien mort.

— Téléphone à Pascal vite et passe-le-moi !

Kader s’exécute et lui passe Pascal.

— La légion est partie ?

— Ils sont encore dans la cour, prêts à partir.

— Passe-moi le commandant.

— OK.

— Commandant, désolée de vous demander ça, mais je suis à deux kilomètres de Saint-Martin-le-Vieil, il y a eu un autre crime. Pourriez-vous venir jusqu’ici avec vos hommes ? Vous avez des torches ?

— Oui, nous avons toujours des torches dans les camions. Si je dois venir, il faut que j’aie l’accord de mes supérieurs.

— Je comprends, je téléphone de mon côté au procureur. Vous pouvez attendre ?

— Oui, j’attends, je téléphone à mon supérieur pour l’avertir.

Pendant ce temps, Kader examine le corps et repère sur l’épaule un tatouage avec le signe « I » romain. Il avertit Epsebah.

— Je m’en doutais. Regarde si tu peux mettre la lumière !

— OK.

— M. le procureur, nous avons trouvé un autre corps dans une propriété qui correspond à la photo trouvée à Saint-Martin-le-Vieil. Un jeune homme avec un tatouage frais représentant le chiffre « I » romain. La légion est encore à Saint-Martin le Viel, j’ai besoin d’eux sur site, il faut ratisser la propriété. Vous pouvez contacter le colonel pour avoir l’accord ?

— Je m’en occupe, cette affaire n’est pas finie, je pense !

Quelle impression avez-vous ?

— Je suis de votre avis. Vous faites le nécessaire ?

— Comptez sur moi.

Pendant ce temps, Kader avait remis le fusible enlevé dans la chambre. Maintenant que la chambre était bien éclairée. Epsebah souleva le drap et remarqua le manque de trace de coup autour du corps. Rien n’a bougé dans la pièce, pas d’indice, rien de rien. — Il faut téléphoner au légiste et à la scientifique de Toulouse, ils vont râler à cette heure-ci se moque Kader.

Je sais bien, mais je n’ai pas le choix ; en plus, le légiste a dû recevoir le corps de Saint-Martin-le-Vieil. Je l’appelle. Toi téléphone à Pascal et dis-lui que nous avons l’accord pour la légion, le commandant peut venir avec son équipe.

— OK.

À présent que tout le monde est prévenu, Kader et Epsebah fouillent toute la chambre et continuent de visiter les pièces de l’étage.

Le téléphone d’Epsebah sonne, elle décroche, c’est Jules de la PJ de Toulouse.

— Oui Jules, des nouvelles ?

— Oui, un avis de recherche qui correspond à nos deux morts, des jumeaux de Toulouse disparus depuis ce matin.

— Des jumeaux ? Quel âge ?

— Une fille et un garçon de seize ans. C’est la mère qui a signalé la disparition mais pas tout de suite car ils étaient à une soirée et devaient dormir chez des amis.

— Le nom ?

— Cloé et Mathieu Parentis. La famille est de Toulouse. Ils habitent les beaux quartiers. Le père est un notaire réputé.

— Nous avons pris L’ADN de M. et Mme Montégut.

— Fait effectuer une recherche en priorité, j’ai une forte intuition. Tiens-moi au courant, nous sommes sur les lieux du troisième meurtre et j’ai l’impression que ce n’est pas fini. À demain.

— Du troisième meurtre ?

— Oui. Je t’expliquerai.

Les camions de la légion arrivent, Epsebah descend les rejoindre et s’adresse au commandant.

— Merci commandant pour votre aide. J’ai besoin de six hommes à l’intérieur de la maison avec gants et chaussons. Je les brieferai. Tous les autres sous votre commandement doivent ratisser le terrain. Il est clôturé et moins grand mais il fait nuit donc ce ne sera pas facile.

— À vos ordres, madame. Mes hommes sont habitués aux exercices de nuit et aiment se sentir utiles.

Epsebah entre dans le hall. Elle donne les consignes aux hommes : ne rien déranger et repérer tout ce qui est bizarre ou suspect. Tout le monde porte gants et chaussons. Suivie de son équipe, Epsebah remonte au premier étage. Elle fait signe aux hommes d’aller à droite, Pascal, Kader et elle iront à gauche.

La fouille des deux chambres et de la salle de bain à côté de celle de l’homicide ne donne rien quand tout à coup :

— Commissaire ! Commissaire ! Venez vite dans la salle de bain bleue du fond.

— J’arrive, ne touchez à rien !

— Oui bien sûr !

— Vous avez trouvé quoi ?

— Il y a un tas de vêtements au sol fraîchement enlevés.

En effet à côté de la baignoire traînent un jean, un sweat, des chaussettes blanches, un caleçon, des baskets blanches. Une chaîne avec un pendentif de croix cathare accrochée au porte-serviettes.

— Pascal, amène-moi des sacs d’indices.

— OK, j’arrive.

Epsebah prend délicatement les vêtements et le pendentif pour les emballer chacun dans une poche. Pascal prend le tout et l’emporte à la voiture.

— Kader, tu as eu le légiste ?

— Oui, il arrive mais il râle car c’est l’Aude et normalement ce n’est pas lui !

— Je sais, je sais, va faire un tour dehors pour voir où ils en sont ?

— OK.

Pendant ce temps, Charles et Paul sont partis à la ferme chez Bernard. Cécile se repose encore dans la chambre pendant que Raymonde s’agite à la cuisine. Les garçons sont au salon. Charles demande à Raymonde s’ils peuvent se servir un whisky. Ils ont besoin d’un remontant.

— Bien sûr, je vous laisse faire. Je prépare le repas, je dois faire les lits !

— Donne-nous les draps dits Charles, les garçons vont les faire. Nous te donnons assez de travail comme ça !

— Je vais chercher les draps. Les garçons dormiront à deux car je n’ai pas assez de chambres.

— Bien sûr, et toi, Paul, tu rentres ou tu restes là ?

— Je rentre, je reviendrai demain si tu veux ?

— Oui, je préfère que tu viennes. Je ne comprends pas pourquoi ils ont pris mon ADN ?

— C’est pour l’enquête, tu n’as rien à craindre non ?

— Ben…non ! pourquoi tu dis ça ?

— Pour rien… pour rien.

Bernard arrive, salue tout le monde et se sert aussi un whisky.

— Je vais t’expliquer proposa Charles. Il lui raconte toute l’histoire. Les garçons sont attentifs et n’en perdent pas une miette, Raymonde appuyée à l’encadrement de la porte et écoute attentivement.

— Raymonde donne les draps aux garçons, ils vont faire les lits.

— D’accord, venez avec moi !

Charles veut éloigner les garçons pour raconter la suite.

— Ils sont tous partis à Roquette car il y a probablement un autre meurtre mais je n’en suis pas sûr, ils ont trouvé une boîte dans le parc avec la photo de Roquette et un bracelet de naissance avec écrit dessus « Laurent ».

Bernard reste muet.

— Comment va Cécile ? s’inquiète Paul.

— Elle se repose dit Raymonde qui est revenue au salon, j’irai la voir tout à l’heure, elle doit être traumatisée !

Je vais finir le repas. Au fait, j’ai téléphoné pour prévenir Jeanne de ne pas venir. J’ai eu sa mère qui m’a posé mille questions. Elle est pénible cette femme…

— Tu as dit quoi ? demande Charles.

— Rien du tout.

 

 

 

 

 

Chapitre XII

Saint-Martin-le-Vieil « Le village »

 

 

 

Le village a été construit à flanc de montagne sur les contreforts de la montagne noire. Les maisons en pierre paraissent enchevêtrées les unes dans les autres. On voit des touristes parcourir les rues été comme hiver. La population de deux cents âmes se compose, en majorité, d’agriculteurs, de retraités et de quelques actifs qui travaillent à Carcassonne ou Castelnaudary pour la plupart.

Ce jour-là, dans le village, c’est la révolution : du monde dans les rues, des attroupements qui font que les langues vont bon train. La boulangère dans sa boutique raconte qu’elle a vu les gendarmes, l’armée. Ils se croient tout permis, ces bourgeois !

Sur la place, les vieux se sont aussi regroupés, chacun y allant de son histoire : le père Montégut a dû tuer sa femme ou le contraire, vu la quantité de gendarmes et la présence de l’armée : c’est grave sûrement. Ho ! Avec l’argent qu’ils ont ! L’affaire va être vite étouffée va ; en plus, ils sont avocats. La mère Martin (mère de Jeanne) assise sur le perron avec Marinette s’inquiète car Jeanne travaille là-bas et risque de voir des choses graves et même d’être en danger. Elle va en parler à Rolland et décider si Jeanne doit revenir dans cette maison du malheur. Sans aucune raison, la famille Montégut avait une mauvaise réputation, basée sur la jalousie et des ragots.

 

 

 

 

 

Chapitre XIII

Toulouse