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Le GÉNIE CELTIQUE et le Monde Invisible Par Léon DENIS (Édition de 1927) Léon Denis revient dans cet ouvrage sur l'origine des Celtes. Les guerres des Gaulois. Le mouvement panceltique. Le pays de Galles. L'Écosse. La Bretagne française. Les souvenirs druidiques. Vercingétorix, Gergovie et Alésia. Jeanne d'Arc, une âme celtique. La synthèse des druides. La religion des Celtes, leur culte, les sacrifices et l'idée de la mort. Le monde invisible y est aussi développé. Léon Denis rapproche les leçons de la philosophie celtique (exprimées dans Les Triades) des enseignements du spiritisme, dans la mouvance d'Allan Kardec.
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Introduction
PREMIÈRE PARTIE : LES PAYS CELTIQUES
Chapitre premier : Origine des Celtes – Guerres des Gaulois – Décadence et chute – Longue nuit – Le réveil – Le mouvement panceltique
Chapitre II : L’Irlande
Chapitre III : Le Pays De Galles – L’Écosse – L’œuvre Des Bardes
Chapitre IV : La Bretagne française – Souvenirs druidiques
Chapitre V : L’Auvergne, Vercingétorix, Gergovie et Alésia
Chapitre VI : La Lorraine et les Vosges – Jeanne d’Arc – Âme celtique
DEUXIÈME PARTIE : LE DRUIDISME
Chapitre VII : Synthèse des druides – Les triades – Objections et commentaires
Chapitre VIII : Palingénésie : préexistences et vies successives – La loi des réincarnations
Chapitre IX : Religion des Celtes – Le Culte – Les Sacrifices – L’idée de la mort
Chapitre X : Considérations politiques et sociales – Rôle de la femme – L’influence celtique – Les arts – Liberté et libre arbitre
TROISIÈME PARTIE : LE MONDE INVISIBLE
Chapitre XI : L’Expérimentation spirite
Chapitre XII : Résumé et conclusion
Chapitre XIII : Messages dus aux invisibles
N° 1 – Source unique des trois grandes révélations : bouddhique, chrétienne et celtique.
N° 2 – Évolution de la pensée à travers les siècles
N° 3 – Même sujet
N° 4 – Celtes et Atlantes
N° 5 – Sur l’origine du courant celtique
N° 6 – Le courant celtique et le caractère français
N° 7 – Analogie de l’idéal japonais avec le celtisme
N° 8 – Procédés spirituels des druides
N° 9 – Variété des races humaines
N° 10 – Le rayon celtique (Suite)
N° 11 – Méthode de communication entre esprits et humains
N° 12 – Origine et évolution de la vie universelle
N° 13 – Les forces radiantes de l’espace ; le champ magnétique vibratoire
N° 14 – Le celtisme et la nature. L’évolution de la pensée
N° 15 – Jeanne d’Arc, esprit celtique, annoncée par Jules Michelet
N° 16 – Le celtisme dans la conscience française
Au milieu de la crise que nous subissons, la pensée s’inquiète, elle s’interroge ; elle recherche les causes profondes du mal qui atteint toutes les formes de notre vie sociale, politique, économique, morale. Les courants d’idées, de sentiments, d’intérêts se heurtent violemment, et de leurs chocs résulte un état de trouble, de confusion, de désordre, qui paralyse toute initiative et se traduit en une impuissance à trouver le remède. Il semble que la France ait perdu conscience d’ellemême, de son origine, de son génie, de son rôle dans le monde.
Tandis que d’autres races, essentiellement réalistes, poursuivent un but d’autant plus précis, d’autant mieux déterminé qu’il est plus matériel, la France a toujours hésité, au cours de son histoire, entre deux conceptions opposées. Et, par là, s’explique le caractère intermittent de son action.
Tantôt elle se dit celtique et alors elle fait appel à cet esprit de liberté, de droiture, de justice qui caractérise l’âme de la Gaule. C’est à l’intervention de celle-ci, au réveil de son génie, qu’il faut attribuer l’institution des communes au moyen âge et l’œuvre de la Révolution. Tantôt elle se croit latine et, dès lors, vont reparaître toutes les formes de l’oppression monarchique ou théocratique, la centralisation bureaucratique et administrative, imitée des Romains, avec les habiletés, les subterfuges de leur politique et les vices, la corruption des peuples vieillis.
Ajoutez en dehors de ces conceptions l’indifférence des masses, leur ignorance des traditions, la perte de tout idéal. C’est aux alternances de ces deux courants qu’il faut attribuer le flottement de la pensée française, les ressauts, les brusques revirements de son action à travers l’histoire.
Pour retrouver l’unité morale, la conscience d’elle-même, le sens profond de son rôle et de son destin, c’est-à-dire tout ce qui fait les nations fortes, il suffirait à la France d’écarter les théories erronées, les sophismes par lesquels on a faussé son jugement, obscurci sa voie, et de revenir à sa propre nature, à ses origines ethniques, à son génie primitif, en un mot à la tradition celtique, enrichie du travail et du progrès des siècles.
Car la France est celtique, il n’y a pas de doute possible sur ce point. Nos plus éminents historiens l’attestent et, avec eux, nombre d’écrivains et de penseurs parmi lesquels les deux Thierry, Henri Martin, J. Michelet, Ed. Quinet, Jean Reynaud, Renan, Émile Faguet et tant d’autres. Si nous sommes Latins, ont-ils dit, par l’éducation et la culture, nous sommes Celtes par le sang, par la race.
D’Arbois de Jubainville nous l’a répété souvent, dans ses cours du Collège de France, comme dans ses livres : « Il y a 90 p. 100 de sang gaulois dans les veines des Français. » En effet, si nous ouvrons l’histoire, nous y verrons qu’après la chute de l’Empire, les Romains en masse repassèrent les Alpes et il en resta très peu en Gaule. Les invasions germaniques passèrent comme des trombes sur notre pays ; seuls les Francs, les Wisigoths, les Burgondes s’y fixèrent assez longtemps pour se fondre avec les éléments autochtones. Encore, les Francs n’étaientils que trente-huit mille alors que la Gaule comptait près de cinquante millions d’habitants.
On peut se demander comment une si vaste contrée a pu être conquise avec de si faibles moyens. Cela M. Ed. Haraucourt, de l’Académie française, nous l’explique dans un substantiel article publié dans la revue la Lumière, du 15 janvier 1926, et dont nous parlerons plus loin.
Tous ceux qui ont gardé au cœur le souvenir de nos origines aiment à retracer les gloires et les revers de cette race remuante, aventureuse, qu’est la nôtre, à rappeler les malheurs et les épreuves qui lui ont attiré tant de sympathies. À toutes ces pages célèbres, écrites sur ce sujet, je n’aurais pas songé à ajouter quoi que ce soit si je n’avais eu un élément nouveau à offrir au lecteur pour élucider le problème de nos origines, c’est-à-dire la collaboration du monde invisible. En effet, c’est à l’instigation de l’esprit d’Allan Kardec que j’ai réalisé ce travail. On y trouvera la série des messages qu’il nous a dictés par incorporation, en des conditions qui excluent toute supercherie. Au cours de ces entretiens, des Esprits, libérés de la vie terrestre, nous ont apporté leurs conseils et leurs enseignements.
Ainsi qu’on le verra dans ses messages, Allan Kardec a vécu en Gaule, au temps de l’indépendance et il y fut druide. Le dolmen qui, par sa volonté, s’élève sur sa tombe au Père-Lachaise, a par là un sens précis. La doctrine spirite que le grand initiateur a condensée, résumée en ses œuvres au moyen des communications d’Esprits, obtenues sur tous les points du globe, coïncide, dans ses grandes lignes, avec le druidisme et constitue un retour à nos véritables traditions ethniques, amplifiées des progrès de la pensée et de la science et confirmées par les voix de l’espace. Cette révélation marque une des phases les plus hautes de l’évolution humaine, une ère féconde de pénétration de l’invisible dans le visible, la participation de deux mondes dans une œuvre grandiose d’éducation morale et de refonte sociale.
À ce point de vue ses conséquences sont incalculables. Elle offre à la connaissance un champ d’études sans bornes sur la vie universelle. Par l’enchaînement de nos existences successives et la solidarité qui les relie, elle rend plus claire, plus rigoureuse la notion des devoirs et des responsabilités. Elle montre que la justice n’est pas un vain mot et que l’ordre et l’harmonie règnent dans le Cosmos.
À quoi dois-je attribuer cette grande faveur d’avoir été aidé, inspiré, dirigé par les Esprits des grands Celtisants de l’espace ? À ce que m’a dit Allan Kardec, j’ai vécu moi-même, dans l’ouest des Gaules mes trois premières existences humaines et j’ai toujours conservé en moi les impressions des premiers âges. C’est pourquoi, lorsque dans la vie actuelle, à dix-huit ans, j’ai lu le Livre des Esprits d’Allan Kardec, j’ai eu l’intuition irrésistible de la vérité. Il me semblait entendre des voix lointaines ou intérieures me parlant de mille choses oubliées. Tout un passé ressuscitait avec une intensité presque douloureuse. Et tout ce que j’ai vu, observé, appris depuis lors, n’a fait que confirmer cette impression première.
Ce livre peut donc être considéré, en grande partie, comme une émanation de cet Au-delà où je vais bientôt retourner. À tous ceux qui le liront puisse-t-il apporter une radiation de notre pensée et de notre foi commune, un rayon d’en haut qui fortifie les consciences, console les afflictions et élève les âmes vers cette source éternelle de toute vérité, de toute sagesse et de tout amour qui est Dieu.
Aux premières lueurs de l’Histoire nous trouvons les Celtes établis sur une grande moitié de l’Europe. D’où venaient-ils ? Quel fut le lieu de leur origine ? Certains historiens placent le berceau de leur race dans les montagnes du Taurus, au centre de l’Asie Mineure, dans le voisinage des Chaldéens. Devenus nombreux, ils auraient franchi le Pont-Euxin (mer Noire) et pénétré jusqu’au cœur de l’Europe. Mais, de nos jours, cette théorie paraît être tombée en désuétude en même temps que l’hypothèse des Aryens.
M. Camille Jullian, du Collège de France, dans son plus récent ouvrage sur l’Histoire de la Gaule, se contente de fixer à six ou huit cents ans avant notre ère l’arrivée en Gaule des Kymris, branche la plus moderne des Celtes. Ils venaient, croit-il, des bouches de l’Elbe et des côtes du Jutland, chassés par un puissant raz-de-marée qui les avait contraints d’émigrer vers le Sud.
Parvenus en Gaule, ils rencontrèrent une branche des Celtes plus ancienne, les Gaëls, qui s’y trouvaient fixés depuis longtemps et qui étaient de plus petite taille, et généralement bruns, alors que les Kymris étaient grands et blonds. Ces différences sont encore sensibles dans l’Armorique, où les côtes de l’Océan, dans le Morbihan, sont peuplées d’hommes petits et bruns, mélangés d’éléments étrangers, atlantes ou basques, qui se sont fondus avec les populations primitives, tandis que celles des Côtes-du-Nord ou de la Manche possèdent des habitants de plus haute stature auxquels sont venus se joindre les Celtes bretons chassés de la grande île par les invasions anglo-saxonnes.
Les vues de M. C. Jullian se trouvent confirmées par la parenté des langues celtiques et germaniques, semblables par leur structure, leurs gutturales, l’abus des lettres dures, comme le K, le W, etc. Au milieu des courants migrateurs, qui se croisent et s’entrecroisent dans la nuit préhistorique, la science trouve un procédé plus sûr dans les études linguistiques pour reconstituer la filiation des races humaines1.
Nous ne retracerons qu’à grands traits l’histoire des Gaulois. On sait que nos ancêtres ont, pendant des siècles, rempli le monde du bruit de leurs armes. Avides d’aventures, de gloire et de combats, ils ne pouvaient se résigner à une vie effacée et tranquille, et ils allaient à la mort comme à une fête, tant était grande leur certitude de l’Au-delà.
On connaît leurs nombreuses incursions en Italie, en Espagne, en Germanie et jusqu’en Orient. Ils envahissaient leurs voisins et, de par la loi du choc en retour, ils furent envahis par la suite et réduits à l’impuissance.
L’âme de la Gaule se trouve dans ses institutions druidiques et bardiques. Les druides n’étaient pas seulement des prêtres, mais aussi des philosophes, des savants, des éducateurs de la jeunesse. Les ovates présidaient aux cérémonies du culte, et les bardes se consacraient à la poésie et à la musique. Nous exposerons plus loin ce qu’étaient l’œuvre et le véritable caractère du druidisme.
Au commencement de notre ère les romains avaient déjà pénétré en Gaule, remonté la vallée du Rhône, et, après avoir occupé Lyon, ils s’avançaient jusqu’au cœur du pays.
Les Gaulois résistèrent avec énergie et firent subir parfois de rudes échecs à leurs ennemis ; cependant ils étaient divisés et n’offraient souvent que des résistances locales. Leur courage, poussé jusqu’à la témérité, leur mépris des ruses guerrières et de la mort tournaient à leur désavantage. Ils combattaient en désordre, nus jusqu’à la ceinture, avec des armes mal trempées, contre des adversaires couverts de fer, astucieux et perfides, fortement disciplinés et pourvus d’un matériel considérable pour l’époque.
Vercingétorix, le grand chef arverne, soutenu par la puissance des druides, réussit un moment à soulever la Gaule entière contre César, et une lutte grandiose s’engagea. Élevé par les bardes, Vercingétorix avait en partage les qualités qui s’imposent à l’admiration des hommes et qui leur commandent l’obéissance, le respect. Son amour de la Gaule grandissait avec le progrès croissant des armées romaines.
Quelle différence entre Vercingétorix et César ! Le héros gaulois, plein de foi dans la puissance invisible qui gouverne les mondes, soutenu par sa croyance aux vies futures, avait pour règle de conduite le devoir, pour idéal la grandeur et la liberté de son pays.
César, lui, profondément sceptique, ne croyait qu’à la fortune. Tout en cet homme était ruse et calcul ; une soif immense de domination le dévorait. Après une existence de débauche, criblé de dettes, il venait en Gaule chercher dans la guerre les moyens de relever son crédit. Il convoitait de préférence les villes riches, et après les avoir livrées au pillage, on voyait chaque fois de longs convois s’acheminer vers l’Italie et porter l’or gaulois aux créanciers de César.
Est-il besoin de rappeler qu’en fait de patriotisme, César, parjure, anéantit les libertés romaines et opprima son pays. Certes, nous ne nierons pas le génie politique et militaire de César, mais nous devons à la vérité de rappeler que ce génie était terni par des vices honteux.
Et c’est dans les écrits de cet ennemi de la Gaule que l’on va souvent chercher la vérité historique ! C’est dans ses Commentaires, écrits sous l’inspiration de la haine, avec l’intention évidente de se rehausser aux yeux de ses concitoyens, que l’on étudie l’histoire de la guerre des Gaules. Mais deux auteurs romains, Pollion et Suétone, avouent eux-mêmes que cette œuvre fourmille d’inexactitudes, d’erreurs volontaires.
En résumé, les Gaulois, ardents, enthousiastes, impressionnables, avaient bénéficié du courant celtique, de ce grand courant, véhicule des hautes inspirations qui, dès les premiers âges, avait régné sur tout le nord-ouest de l’Europe. Ils s’étaient imprégnés des effluves magnétiques du sol, de ces éléments qui, dans toutes les régions de la terre, caractérisent et différencient les races humaines2.
Mais leur fougue juvénile, leur passion pour les armes et les combats les avaient menés trop loin, et les perturbations causées à l’ordre et à la marche régulière des choses retombèrent lourdement sur eux en vertu de cette loi souveraine qui ramène, sur les individus comme sur les peuples, toutes les conséquences des œuvres qu’ils ont accomplies. Car tout ce que nous faisons retombe sur nous à travers les temps en pluies ou en rayons, en joies ou en douleurs, et la douleur n’est pas l’agent le moins efficace de l’éducation des âmes et de l’évolution des sociétés.
Le druidisme s’attachait surtout à développer la personnalité humaine en vue de l’évolution qui lui est assignée. Il en cultivait les qualités actives, l’esprit d’initiative, l’énergie, le courage ; tout ce qui permet d’affronter les épreuves, l’adversité, la mort avec une ferme assurance. Cet enseignement développait au plus haut degré chez l’homme le sentiment du droit, de l’indépendance et de la liberté.
Par contre, on lui a reproché d’avoir trop négligé les qualités passives et les sentiments affectifs. Les Gaulois se savaient égaux et libres, mais ils n’avaient pas une conscience suffisante de cette fraternité nationale qui assure l’unité d’un grand pays et constitue sa sauvegarde à l’heure du danger.
Le druidisme avait besoin de ce complément que le christianisme de Jésus lui a apporté. Nous parlons du christianisme primitif, non encore altéré par l’action des temps, et qui, dans les premiers siècles, présentait tant d’analogie avec les croyances celtiques puisqu’il reconnaissait l’unité de Dieu, la succession des vies de l’âme et la pluralité des mondes3. C’est pourquoi les Celtes l’adoptèrent avec d’autant plus d’empressement qu’ils y étaient mieux préparés par leurs propres aspirations. Encore au IVe siècle, on peut voir par la controverse de saint Jérôme avec le Gaulois Vigilancius, de saint Bertrand de Comminges, que la grande majorité des chrétiens de cette époque admettaient la pluralité des existences de l’âme.
Pénétrés de l’idée qu’ils étaient animés d’un principe impérissable, tous égaux dans leurs origines, dans leurs destinées, nos pères ne pouvaient supporter aucune oppression. Aussi leurs institutions politiques et sociales étaient éminemment républicaines, démocratiques. Et c’est en elles qu’il faut rechercher la source de ces aspirations égalitaires, libérales, qui sont un des côtés de notre caractère national.
Tous les Gaulois prenaient part à l’élection du Sénat, qui avait mission d’établir les lois. Chaque république élisait ses chefs temporaires, civils et militaires. Nos pères n’ont pas connu les différences de caste. Ils faisaient découler les droits des hommes de leur nature même, de leur immortalité qui les rendaient égaux en principe. Ils n’auraient pas souffert qu’un guerrier, qu’un héros même, pût s’emparer du pouvoir et s’imposer au peuple. Les lois gauloises déclaraient qu’une nation est toujours au-dessus d’un homme.
Au moment où César pénétra en Gaule, grâce à l’action des druides et du peuple des villes, l’unité nationale se préparait. Si la paix avait permis l’accomplissement de ces grands projets, les républiques gauloises, unies par des liens fédératifs, comme les cantons suisses ou les États-Unis d’Amérique, eussent formé, dès ces âges lointains, une puissante nation.
Mais les dissensions, les rivalités des chefs, compromirent tout. Une aristocratie s’était formée peu à peu dans les tribus. Grâce à leurs richesses, certains chefs gaulois avaient su se créer des suites nombreuses de serviteurs, de partisans, à l’aide desquels ils pesaient sur les élections et troublaient l’ordre public. Des partis s’étaient constitués. Pour triompher de leurs rivaux, quelques-uns s’appuyaient sur l’étranger, de là le déchirement de la Gaule, puis son asservissement.
On fait souvent ressortir à nos yeux qu’en échange de son indépendance perdue, la Gaule recueillit de grands avantages de la domination romaine. Oui, sans doute, Rome apporta à nos pères certains progrès matériels et intellectuels. Sous son impulsion des routes s’ouvrirent, des monuments s’élevèrent, de grandes cités se bâtirent. Mais tout cela se serait probablement créé par la suite, sans Rome, et tout cela ne remplaçait pas la liberté perdue.
Quand la guerre prit fin, deux millions de Gaulois avaient succombé sur les champs de bataille. Rome imposa un tribut annuel de 40 millions de sesterces. La Gaule, épuisée d’hommes et d’argent, se coucha, agonisante, sous la hache des licteurs.
Puis, quand de nouvelles générations eurent grandi, quand la Gaule eut pansé ses plaies sanglantes, l’astre de Rome commença à pâlir. Du fond des bois et des marais de l’Allemagne, semblables à des bandes de loups affamés, les Francs accoururent à la curée. Qu’était-ce donc en réalité que ces Francs qui ont donné leur nom à la Gaule ? Des barbares, comme cet Arioviste qui se vantait d’être resté quatorze ans sans coucher sous un toit. Les Francs formaient une tribu de race germanique et n’étaient que trente-huit mille. Mais, au lieu de communiquer à la Gaule leur barbarie, ils se fondirent en elle. Pourtant, les Gaulois n’ont fait que chanter d’oppresseurs. Les Francs se sont partagé la terre et ont implanté chez nous la féodalité. Ces rois fainéants et cruels, ces nobles seigneurs du moyen âge, ducs, comtes et barons, étaient pour la plupart des Francs ou des Burgondes, et leurs rudes instincts rappelaient leur origine.
Si la domination romaine, qui dura quatre siècles, apporta à la Gaule quelques bienfaits, d’autre part, son administration rapace consomma sa ruine en détruisant toute sa force de résistance.
C’est ce que M. Ed. Haraucourt, de l’Académie française, nous explique dans un article auquel nous empruntons les lignes suivantes publiées dans une de nos grandes revues4 :
« C’est par eux (les Romains) et non par les barbares que la Gaule est morte. Elle est morte de son organisation intérieure qui fut une désorganisation systématique, elle a péri rongée par le fonctionnarisme et par l’impôt, anémiée par des lois qui pompaient sa richesse, supprimaient son travail et ruinaient sa production. Les envahisseurs ne sont venus qu’ensuite pour achever l’œuvre des législateurs. »
Quand on avance devant nous que nos pères furent romains ou francs, protestons de toute notre âme. Tous les grands et nobles côtés du caractère national, nous les tenons des Gaules. La générosité, la sympathie pour les faibles et les opprimés, nous viennent d’eux. Cette force qui nous fait lutter et souffrir pour les causes justes, sans espoir de retour, ce désintéressement qui nous porte à soutenir les peuples asservis dans leurs revendications, ces tendances qu’on ne retrouve à titre égal chez aucun autre peuple, tout cela nous vient de nos pères héroïques. Malgré la longue occupation romaine, malgré l’invasion des barbares du Nord, notre caractère national est encore imprégné du vieil esprit celtique. Le génie de la Gaule veille toujours sur notre pays.
Pendant la longue nuit du moyen âge, l’idéal celtique put paraître oublié, mais il subsistait et sommeillait dans la conscience populaire. Les druides, les bardes ont été chassés de la terre des Gaules et sont passés dans l’île de Bretagne. Chez nous, les nobles, les seigneurs sont divisés en partis rivaux et s’épuisent en luttes intestines. Le pauvre peuple des villes et des campagnes est courbé sous une lourde tâche, absorbé par les soucis matériels, et souvent souffre de la faim et de la misère.
Pourtant, le christianisme ayant pénétré en Gaule a dans une certaine mesure, adouci ces maux. Il représentait un bienfait, un progrès ; la religion de Jésus s’adaptait bien à la faiblesse humaine ; si la loi d’amour et de sacrifice qu’elle apportait avait trouvé son application, elle pouvait suffire au salut des âmes et à la rédemption de l’humanité.
Dans un but de perfectionnement moral la religion chrétienne comprimait la volonté, la passion, le désir, tout ce qui constitue le moi, le centre même de la personnalité. La doctrine celtique, au contraire, s’appliquait à donner à l’être toute sa puissance de rayonnement, s’inspirant de cette loi d’évolution qui n’a pas de terme, l’ascension de l’âme étant infinie. L’âme chrétienne aspire au repos, à la béatitude dans le sein de Dieu, l’âme celtique s’attache à développer ses puissances intimes afin de participer dans une mesure grandissante, de cercles en cercles, à la vie et à l’œuvre universelles.
L’âme chrétienne est plus aimante, l’âme celtique est plus virile. L’une cherche à gagner le ciel par la pratique des vertus, par l’abnégation et le renoncement ; l’autre veut conquérir Gwynfyd par la mise en action des forces qui dorment en elle. Mais toutes deux ont soif d’infini, d’éternité, d’absolu. L’âme celtique y ajoute le sens de l’invisible, la certitude de l’Au-delà et le culte fervent de la nature.
Mais souvent ces deux âmes coexistent, ou plutôt se superposent dans les mêmes êtres. C’est le cas pour beaucoup de nos compatriotes ; chez eux ces deux âmes s’ignorent encore, mais fusionneront un jour.
Faut-il rappeler que la doctrine du Christ, elle aussi, avait perdu sur bien des points son sens primitif ? La France s’est trouvée en face d’un enseignement théologique qui avait restreint toutes choses, réduisant les proportions de la vie à une seule existence terrestre, très inégale, suivant les individus, pour les fixer ensuite dans une immobilité éternelle. Les perspectives de l’enfer rendirent la mort plus redoutable. Elles firent de Dieu un juge cruel qui, ayant créé l’homme imparfait, le punissait de cette imperfection sans réparation possible. Et de là les progrès de l’athéisme, du matérialisme qui, à la longue, ont fait de la France une nation en majorité sceptique, dépourvue de ressort moral, de cette foi robuste et éclairée qui rend le devoir facile, l’épreuve supportable et assigne à la vie un but pratique d’évolution et de perfectionnement.
Le joug féodal et théocratique a longtemps pesé sur elle, puis, l’heure est venue où elle a repris sa liberté de penser et de croire. Alors on a voulu passer au crible toute l’œuvre des siècles et, sans faire la part de ce qui était bon et beau, sous prétexte de critique et d’analyse, on s’est livré à un travail acharné de désagrégation. À un moment donné, on ne voyait plus dans le domaine de la pensée que des décombres, rien ne restait debout de ce qui avait fait la grandeur du passé, et nous ne possédions plus que la poussière des idées.
Des écrivains de mérite, des penseurs consciencieux se sont bien appliqués dans leurs œuvres à faire ressortir la valeur et le prestige du druidisme, mais le fruit de leurs travaux n’a pas pénétré dans les couches profondes de la nation. Nous avons même eu l’étonnement de voir des universitaires, des membres distingués de l’enseignement, faire cause commune avec les théologiens pour dénigrer, travestir les croyances de nos pères. Le travail séculaire de destruction a été si complet, la nuit a été si profonde sur leurs conceptions que rares étaient devenus ceux qui en goûtaient encore la puissance et la beauté.
Ce serait une grande cause de faiblesse, et par conséquent un malheur pour la France, de rester dépourvue de notions précises sur la vie et sur la mort conformes aux lois de la nature et aux intuitions profondes de la conscience. Pendant des siècles elle avait oublié ses traditions nationales, perdu de vue le génie de sa race, ainsi que les révélations données à ses aïeux pour diriger sa marche vers un but élevé.
Elle affirmait, cette révélation, que le principe de la vie dans l’homme est indestructible, que les forces, les énergies qui s’agitent en nous ne peuvent être condamnées à l’inaction, que la personnalité humaine est appelée à se développer à travers le temps et l’espace pour acquérir les qualités, les puissances nouvelles qui lui permettront de jouer un rôle toujours plus important dans l’univers.
Et voici que cette révélation se répète, se renouvelle. Comme aux âges celtiques le monde invisible intervient. Depuis près d’un siècle, la voix des Esprits se fait entendre sur toute la surface de la terre. Elle démontre que, d’une façon générale, nos pères n’avaient pas été trompés. Leurs croyances se trouvent confirmées par les enseignements d’outre-tombe en tout ce qui concerne la vie future, l’évolution la justice divine, en un mot, sur l’ensemble des règles et des lois qui régissent la vie universelle.
Grâce à cette lumière, l’infini s’est ouvert pour nous jusque dans ses intimes profondeurs. Au lieu d’un paradis béat et d’un enfer ridicule, nous avons entrevu l’immense cortège des mondes, qui sont autant de stations que l’âme parcourt dans son long pèlerinage, dans son ascension vers Dieu, construisant et possédant en elle-même sa félicité et sa grandeur par les mérites acquis. À la place de la fantaisie ou de l’arbitraire, partout se montrent l’ordre, la sagesse et l’harmonie.
Et c’est pourquoi aux générations qui se lèvent et cherchent un idéal susceptible de remplacer les lourdes théories scolastiques nous dirons : remontez avec nous à ces deux sources, qui n’en font qu’une, se confondant dans leur identité ; remontez aux sources pures où nos ancêtres ont trempé leur pensée et leur âme. Vous y puiserez la force morale, les qualités viriles, l’idéal élevé sans lesquels la France serait vouée à une décadence irrémédiable, à la ruine et à la mort !
Pendant des siècles les Celtes ont occupé dans l’occident de l’Europe la même situation. Refoulés par les bandes germaniques sur le continent, dans les îles britanniques par les invasions anglo-saxonnes, ils avaient perdu leur unité mais non pas leur foi dans l’avenir. La Gaule était devenue la France, et l’on ne parlait plus sa langue originelle que dans la péninsule armoricaine. Quant aux îles, les Celtes s’y trouvaient répartis en quatre peuples ou groupes différents, séparés par des bras de mer ou de larges estuaires : ce sont l’Irlande, la haute Écosse, le Pays de Galles et la Cornouaille.
Quelle force morale, quelle volonté opiniâtre n’a-t-il pas fallu à cette race celtique pour maintenir sa langue, ses traditions, son caractère propre ! L’histoire des persécutions subies par l’Irlande pendant dix siècles est impressionnante. L’usage du gaëlique était interdit et chaque enfant qui en prononçait un seul mot à l’école était frappé de la peine du fouet.
Et cependant l’Irlande, par sa ténacité, a triomphé de l’oppression anglaise. Aujourd’hui, l’Irlande a reconstitué sa langue primitive. Elle est le seul pays où ses accents retentissent comme langage officiel. Les Celtes d’outre Manche et nous, n’avons plus le même verbe, mais nous avons la même pensée ; sans nous parler nous nous comprenons toujours.
Dans la Bretagne française la persécution fut plutôt morale et religieuse. À tous les emblèmes du druidisme, à tous les noms sacrés des anciens Celtes on a substitué des symboles catholiques et des noms de saints. Les moindres souvenirs du culte ancestral ont été minutieusement expurgés.
Dans les temps modernes, c’est aux Gallois que revient le mérite d’avoir provoqué le réveil de l’âme celtique, c’est-à-dire d’avoir donné l’impulsion à un courant d’opinion qui, en rapprochant les tronçons épars de la race, a rétabli le contact entre eux.
Le mouvement panceltique, qui tend à faire converger vers un but commun les ressources et les forces des cinq groupes celtiques, a pris naissance dans le pays de Galles vers 1850. Il s’est développé rapidement et ses conséquences promettent d’être vastes et profondes.
Déjà depuis 50 ans malgré la guerre mondiale, la situation des Celtes a bien changé. L’Irlande a reconquis son indépendance ; la principauté de Galles et l’île de Man possèdent leur pleine autonomie ; l’Écosse travaille efficacement à réaliser la sienne ; la Bretagne française seule est restée stationnaire.
Le premier but à atteindre était la sauvegarde des langues celtiques, palladium de la race entière. L’Irlande y a réussi ; les autres dialectes reprennent aussi force et vigueur dans leurs milieux respectifs. Les instituteurs qui les enseignent sont subventionnés par la Ligue Celtique. Celle-ci suscite une unité d’impulsion d’abord littéraire et artistique mais qui, par la suite, devient peu à peu philosophique et religieuse.
Dès 1570 une assemblée solennelle, dite Eisteddfod, fut présidée par William Herbert, comte de Pembroke, le grand patron de la littérature galloise et le même qui fonda la célèbre bibliothèque de néo-gallois du château de Rhaglan, détruite plus tard par Cromwell. Dans une autre réunion, tenue à Bowpyr, en 1681, sous la direction de Sir Richard Basset, les membres du Congrès procédèrent à une révision complète des anciens textes bardiques : Lois et Triades. Les Eisteddfodau se sont succédé régulièrement depuis 1819. Le Gorsedd qui les prépare, les organise et en assure la direction est un libre institut recruté dans toutes les classes de la société5. Il fut dans le principe une cour de justice tenue par les druides. Malgré les éclipses temporaires et les persécutions il s’est maintenu à travers les siècles et c’est encore lui, à l’heure actuelle, qui préside au mouvement général panceltique.
Au siècle dernier ce mouvement s’accentuait, les Eisteddfodau d’Abergavenny, de Caer-Marthen réunissaient de nombreux représentants des cinq grandes familles celtiques. Lamartine y envoyait son adhésion sous la forme d’un poème dont voici la première strophe :
« Et puis nous vous disons : « O fils des mêmes plages ! Nous sommes un tronçon du vieux glaive vainqueur ; regardez-nous aux yeux, aux cheveux, aux visages ; Nous reconnaissez-vous à la trempe du cœur ?» »
Puis vint le Congrès de Saint-Brieuc, réuni sous la convocation d’Henri Marin, d’H. de la Villemarqué et d’un comité de celtisants renommés. D’autres délégations celtiques passèrent la Manche pour fraterniser avec les Bretons français.
En retour, le Congrès de Cardiff reçut la visite de vingt et un de nos compatriotes. En 1897 des délégués gallois furent envoyés à Dublin pour participer à la restauration du Feiz-Céoil. À l’hôtel de ville de Dublin, sous la présidence du lord-maire Sir James Henderson, Lord Casteletown, descendant des anciens rois celtes, fit entendre ces paroles :
« La ligue panceltique, qui a pris l’initiative du Congrès, se propose uniquement de réunir des représentants des Celtes de toutes les parties du monde, pour manifester aux yeux de l’univers leur désir de préserver leur nationalité et de coopérer à garder et à développer les trésors de langue, de littérature et d’art que leur léguèrent leurs communs ancêtres. »
Des associations celtiques se fondaient en France, l’enseignement supérieur faisait une place à l’histoire et à la littérature celtiques. Des chaires spéciales étaient fondées à la Sorbonne, au Collège de France, en 1870 à Rennes et à Poitiers.
La Revue celtique fut créée et n’a pas cessé de paraître, à Paris, sous la haute direction de Gaidoz et de d’Arbois de Jubainville. Après la publication des œuvres célèbres d’Henri Martin, Jean Reynaud, A. Thierry, un marin illustre, l’amiral Réveillère, pouvait écrire :
« Il est dans l’ordre des choses que les Celtes, un jour ou l’autre, se groupent suivant leurs affinités, se constituent en fédérations pour la défense de leurs frontières naturelles et pour la propagation de leurs principes. Il faut que le panceltisme devienne une religion, une foi… L’œuvre de notre époque est double. C’est d’abord le renouvellement de la foi chrétienne entée sur la doctrine celtique de la transmigration des âmes, doctrine seule capable de satisfaire l’intelligence par la croyance en la perfectibilité indéfinie de l’âme humaine dans une série d’existences successives. La seconde est la restauration de la patrie celtique et la réunion en un seul corps de ses membres aujourd’hui séparés. »
La France a envoyé parfois à ces Eisteddfodau d’illustres représentants. On y a vu successivement MM. Henri Martin, Luzel, H. de la Villemarqué, de Blois, de Boisrouvray, Rio de Francheville et, plus récemment, MM. Le Braz, Le Goffic, etc. Partout, les délégations françaises furent reçues en grand honneur, logées en des châteaux ou en de riches maisons bourgeoises. Lorsqu’elles défilaient dans les rues des antiques cités galloises ou à l’entrée des Eisteddfodau, ses sonneurs de biniou en tête jouant l’air national gallois la Marche des hommes de Harlech, les foules leur faisaient ovation. Pourtant, quel contraste avec ces délégations écossaises, composées de ces highlanders de haute stature, avec leurs puissantes cornemuses, et comme près d’elles nos binious avaient piètre mine !
À propos de cette Marche des hommes de Harlech M. Le Goffic rappelle un fait historique assez touchant. À la bataille de Saint-Cast, lorsque l’armée anglaise débarquait sur les côtes de Bretagne, une compagnie de fusiliers gallois s’avançait à la rencontre des hommes du duc d’Aiguillon qui défendaient le sol national. Des rangs de ceux-ci un chant s’éleva dans lequel les Gallois reconnurent l’hymne celtique. Aussitôt, ils s’arrêtèrent hésitants, étonnés. L’officier anglais qui les commandait les interpella rudement, leur disant : « Avez-vous peur ? » – « Non, répondirent-ils, mais à l’air que chantent ces gens nous avons reconnu des hommes de notre race. Nous aussi, nous sommes Bretons6 ! »
La musique celtique, d’une mélancolie pénétrante, est riche et variée ; ses hymnes, ses mélodies, ses chants populaires sont fort anciens et M. Le Goffic est porté à croire que les grands compositeurs allemands y ont fait de notables emprunts. Il est certain que Haendel a habité longtemps l’Angleterre et a connu les mélodies populaires galloises et écossaises. Certains morceaux de Haydn et de Mozart ressemblent de très près à des airs anciens remontant à deux ou trois siècles.
Ces Eisteddfodau, par leur cérémonial, ont pu paraître surannées et susciter les railleries de certains critiques ignorants, mais voici ce qu’écrit à ce sujet un témoin oculaire7 :
« Ceux qui ont vu dans le cercle de pierres sacrées se lever l’archidruide, grand vieillard blanc au pectoral d’or massif, la tête ceinte d’un feuillage de chêne bronzé, et qui l’ont entendu psalmodier sur la foule, inclinée et découverte, la prière solennelle du Gorsedd, ceux qui ont fait attention surtout à l’émotion religieuse de cette foule, au vaste sanglot qui la secouait, quand le hérault déroulait la liste funèbre des bardes décédés, puis l’enthousiasme qui la redressait et l’illuminait toute, quand ce même hérault entonnait l’air national gallois : la Terre des Ancêtres, repris à l’unisson par un chœur formidable de vingt mille voix, ceux-là n’ont plus souri du spectacle et ont compris la magie puissante, la fascination mystérieuse qu’il continue d’exercer sur l’âme impressionnable des Gallois. »
Depuis la grande guerre la propagande celtique a pris un nouvel essor. La Ligue celtique irlandaise organisa des fêtes et des réunions solennelles périodiques, d’abord à Dublin, puis dans chacune des villes d’Irlande. Dans le pays de Galles, plusieurs Eisteddfodau se sont succédé. Celle de 1923 fut présidée par l’archidruide de Galles assisté d’un archidruide australien et d’un autre de la Nouvelle-Zélande.