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Diégo, un jeune garçon, devient orphelin de mère après un tragique accident qui le plonge dans un comportement autistique. Poussé par un désir de vengeance, il se lance dans une quête acharnée pour retrouver le meurtrier de sa mère. Cependant, lorsqu’il découvre que l’homme responsable est le père de deux petites filles, il est submergé par la compassion. Cette révélation pourrait-elle suffire à apaiser sa soif de justice ? Le dilemme pour Diégo reste entier.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Luc Marchand a connu une enfance difficile qu’il s’efforce de retranscrire dans ses récits. Chaque phrase qu’il écrit est une confession authentique, profonde et sincère, où il se livre entièrement à ses lecteurs.
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Jean-Luc Marchand
Le jour du pardon
Roman
© Lys Bleu Éditions – Jean-Luc Marchand
ISBN : 979-10-422-4396-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Décembre. La nuit vient de tomber sur cette putain d’avenue, au loin sirènes et gyrophares tentent de se frayer un chemin. Comme tous les soirs à l’heure où les ouvriers s’empressent de rentrer chez eux, la cohue est à son comble, pour les secours chaque seconde compte alors griller les feux c’est une évidence, car pour eux il y a urgence. Encore deux ronds-points et ils arriveront sur cette maudite avenue où déjà s’agite un attroupement de personnes. Encore quelques dizaines de mètres, à cet instant ils sont loin d’imaginer le pire. Mais en arrivant, ils ne peuvent que constater l’ampleur du désastre.
Un enfant à genoux dans une mare de sang tenant la main d’un corps inanimé défiguré par le choc d’un chauffard qui ne s’est pas arrêté. Aucun témoin, seule l’image d’un enfant traumatisé qui ne parle plus. Sur le bitume des chiffres et quelques lettres que l’enfant avait écrites avec son index encore immaculé de sang. Et comme si cela ne suffisait pas, la pluie se mit à tomber un instant, effaçant les indices du présent.
La gentillesse et le professionnalisme des sauveteurs ne suffiront pas à retirer les mains crispées de l’enfant de ce corps sans vie que l’on venait de recouvrir d’un drap blanc. Sous une pluie battante, les secours couraient dans tous les sens vers ce véhicule où la sirène s’était tue et l’on pouvait entendre au téléphone : « Il nous faut un psy absolument ».
À son arrivée la jeune psy s’avança vers l’enfant le protégeant de la pluie avec son parapluie, elle commença à le travailler, mais ce n’était pas gagné d’avance, car devant elle se trouvait un petit garçon environ sept ans les yeux errant dans le noir qui sans cesse pencher son corps en avant.
Après de longues minutes interminables, la jeune femme n’avait toujours pas réussi. Il lui fallut beaucoup de patience et diplomatie pour que l’enfant prenne confiance pour que petit à petit les uns après les autres les doigts s’arrachent doucement du corps inerte de sa maman. Le corps pouvait enfin être retiré, mais à cet instant l’enfant se mit à hurler au point de nous crever les tympans, ces cris de douleur résonnaient sur cette putain d’avenue.
En voyant s’éloigner sa maman, pour la rejoindre, l’enfant se débattait en donnant des coups de pied aux pompiers qui le tenaient malgré eux, mais ce n’était que pour son bien. Pour les secours il n’y avait plus qu’un seul recours, une piqûre pour le calmer.
Le calme revenu, c’est à vitesse modérée que les ambulances prirent le chemin des urgences pour laisser cette putain d’avenue aux chauffards d’un soir.
En arrivant à l’hôpital, la jeune psy qui pendant le trajet n’avait pas lâché d’une seconde la main de l’enfant l’accompagna jusqu’à l’intérieur. Elle avait beau lui dire qu’elle reviendrait demain, l’enfant refusait de lui lâcher la main. Il lui fallut attendre que le petit s’endorme pour pouvoir enfin rejoindre son époux et ses deux enfants. Qui à son arrivée comprit très vite qu’elle venait de passer une sale journée. Voyant la tête décomposée de son épouse, le mari habitué à ce genre de situation ne posa pas de questions. Mais pour la jeune femme, les images qui défilaient dans sa tête étaient trop dures à supporter. Elle ne put s’empêcher de partager. Son décri fut d’une telle ferveur que le mari et les deux enfants assis sur le canapé furent transportés le temps d’un instant sur cette putain d’avenue avec des images plein la vue comme s’ils y étaient. Avec toujours cette même question sans réponse, que va devenir ce gamin.
Après avoir embrassé ses deux enfants pour la nuit, la jeune femme submergée d’émotions retourna près de son mari. Assise au bord du lit, dès que ses yeux se fermaient, la vision de l’enfant revenait. Cette jeune psy qui était habituée à résoudre les problèmes des autres était incapable de trouver le sommeil en soi. Elle avait beau se passer de l’eau froide sur son corps dévêtu, rien n’y faisait. La chaleur des mains ensanglantées du gamin dans les siennes lui faisait vivre un vrai cauchemar.
Pour cette jeune psy au petit matin, après une nuit tumultueuse, le manque de sommeil était bien présent. Malgré tout, elle se rendit en premier à l’hôpital afin de constater si l’état de l’enfant s’était amélioré pendant la nuit. Des sons arrivés après Concertation avec les infirmières qui étaient restées au chevet de l’enfant une grande partie de la nuit, elle s’avança vers la chambre. Après avoir franchi la porte, elle ne put que constater qu’aucune amélioration ne s’était produite. L’enfant qui était assis dans son lit ne parlait toujours pas, son corps se balançait toujours en avant. Toute la thérapie de la veille était à refaire. En lui tendant les mains, la jeune femme s’approcha, les yeux humidifiés par des larmes qu’elle essayait de contenir, mais en vain. Comment ne pas succomber à cette petite gueule d’ange ? se disait-elle.
D’un regard absent, le petit tourna la tête vers la fenêtre. À cet instant un grand moment de solitude pour la jeune psy qui avait pris place de l’autre côté du lit. D’un côté un regard rempli de désespoir et de l’autre des yeux rougis par le fait de ne rien pouvoir. Après deux heures de délicatesse, la jeune psy fut récompensée par un petit regard furtif de l’enfant. Avec un soupçon d’espoir, la jeune femme comprit que rien n’était encore perdu et qu’il lui fallait persévérer. En milieu de matinée, ses efforts commençaient à payer, sécurisé petit à petit, l’enfant se laissait toucher.
Mais pour la jeune psy, le cauchemar de la nuit avait hanté ses esprits. La peur du ressenti quand elle lui prit la main, peur des mêmes sensations qui avaient bouleversé sa nuit. Mais cette fois les mains de l’enfant étaient glacées. La jeune psy ne se posa pas de questions sachant que le choc psychologique qu’il venait de subir avait détérioré son corps d’enfant. En espérant entendre le son de sa voix, la jeune femme lui posa un tas de questions qui resta sans réponse.
La jeune psy comprit très vite que l’enfant comprenait très bien tout ce qu’on lui disait et qu’il était déjà en train de se fabriquer une carapace de pierre dans laquelle personne n’allait pouvoir y rentrer. Il fallait faire vite alors pour mieux comprendre. Avant de partir, la jeune psy déposa sur le lit un cahier ainsi que des crayons de couleur en lui promettent de revenir le voir dans l’après-midi.
De leur côté avec la complicité du sac à main retrouvé près de la victime sur les lieux de l’accident, les forces de l’ordre mirent peu de temps pour identifier la femme et l’enfant. Le préfet qui s’était déplacé en personne demanda aux forces de l’ordre d’apporter toute la lumière sur cet accident. Mais pour les enquêteurs, retrouver le chauffard était mission impossible. Sans indice, sans témoin, c’était comme chercher une aiguille dans une meule de foin. L’enquête s’annonçait longue et délicate, d’autant plus qu’à cet endroit, la vidéo surveillance était inexistante.
Douze heure trente, assise à la terrasse d’un café, un sandwich à la main en guise de déjeuner, la jeune psy réfléchissait. Les yeux rivés entre ciel et terre pour trouver une solution, car l’enfant ne pouvait pas rester très longtemps dans ce centre hospitalier. De temps en temps, le brouhaha des piétons venait perturber ses pensées. Sans rien demander, le serveur qui connaissait bien les habitudes de la jeune psy lui apporta son café. Voyant la jeune femme dans un profond désarroi, le serveur qui avait beaucoup d’humours se mit à plaisanter, mais il comprit très vite que sa plaisanterie était mal venue et que ce n’était ni l’instant ni le jour. Après s’être excusé, il prit le temps d’écouter et de comprendre pourquoi le sourire de la jeune femme s’était envolé.
Après avoir terminé son café, pour la jeune psy l’heure des appels téléphoniques allait commencer, il lui fallait absolument trouver au plus vite un établissement spécialisé, pour cause le choc émotionnel avait déclenché chez l’enfant un autisme qu’elle espérait temporaire, mais redouté qu’il ne lui soit fatal. Certains appels restaient en attente pour d’autres sans réponse. Après une dizaine de coups de téléphone, la jeune psy qui était reconnue pour sa douceur dans ses mots ainsi que pour sa vision des choses se transforma le temps d’un instant en tigresse engagée en vers la hiérarchie de certains établissements dans cet excès de colères, certaines de ses paroles dépassèrent ses pensées.
En étroite collaboration avec les forces de l’ordre, la jeune psy fut appelée pour se rendre au domicile de l’enfant où l’attendaient le commissaire, accompagné de deux agents ainsi que la gardienne qui était là pour ouvrir la porte de l’appartement qui se trouvait au deuxième étage. Une fois la porte ouverte, le commissaire demanda à la gardienne de prendre congé. À cet instant, l’intimité du petit deux-pièces qui était simple, mais très ordonné dans lequel elle venait d’entrée fut dévastée par des regards indiscrets à la recherche d’indices de personne ou de la famille qui pourrait éventuellement accueillir l’enfant.
Seule sur la table une facture impayée, quelques photos d’anniversaires de l’enfant qui rayonnait de bonheur sur le buffet, dans un tiroir des enveloppes, un livret de famille et des papiers. En poussant la porte de la chambre, juste le portrait d’un homme sur la table de nuit, le mystère restait entier. En épluchant les papiers, le livret de famille révéla qu’elle s’était mariée à dix-huit ans et veuve dix-huit mois plus tard et que le petit s’appelait Diégo peut-être en référence à leur idole si l’on en croit le nombre d’anciens vinyles de ce chanteur parfaitement bien rangés sur une étagère.
Pour la jeune psy, ce n’était qu’un début, mais il manquait énormément de pièces au puzzle. Elle était certaine d’être passée à côté de quelque chose, mais quoi ? Alors pour ne rien laisser au hasard l’appartement fut passé une deuxième fois au peigne fin. Le commissaire interpella la jeune femme en lui demandant « On cherche quoi exactement ? ». D’un air désemparé, la jeune psy répondit « Je ne sais pas, mais je suis sûr qu’il y a quelque chose qui nous échappe ou que l’on ne voit pas ». La jeune femme était sûre que c’était là devant ses yeux, mais où ? Si cela n’était pas dans la salle à manger, ça ne pouvait être que dans la chambre. Afin d’y voir plus claire, le commissaire ouvrit les volets de la chambre dans laquelle il n’y avait rien d’in normal. Mais c’était sans compter sur la perspicacité de la jeune psy qui en s’assoyant au bord du lit pour réfléchir se rendit compte que la souplesse du matelas n’était pas extraordinaire. En regardant le commissaire, tous deux eurent la même idée, la seule chose qui n’avait pas été faite : soulever le matelas. La ténacité de la jeune psy venait d’être récompensée, tout le reste du puzzle était là, photos papiers, coupures de journaux, mais surtout un journal intime ou tout était noté avec précision. Après avoir mis les documents nécessaires pour l’enquête dans un carton, le commissaire et ses deux acolytes prirent le temps d’accompagner la jeune psy à son véhicule sous les Huées d’une vingtaine de jeunes antiflics. Une fois sortie de ce ghetto comme promis, la jeune psy se rendit directement à l’hôpital, mais maintenant elle en savait davantage sur l’enfant et elle en apprendra beaucoup plus après avoir parcouru le journal intime récupéré dans l’appartement.
À peine entrée dans la chambre, la jeune psy était impatiente de voir le comportement de l’enfant au moment qu’elle prononcerait son prénom. La réaction fut loin de ses espérances, le regard toujours figé vers la fenêtre, le gamin resta stoïque dans sa souffrance. Depuis le matin le cahier et les crayons de couleur n’avaient pas changé de place, alors la jeune psy prit la première page pour écrire son prénom. En s’approchant pour lui faire voir ce qu’elle avait écrit, dans un excès de colère l’enfant projeta le cahier à terre. Après de longues minutes de discussion devant ce mur, la jeune femme trouva les mots pour enfin prendre l’enfant dans ses bras. Mais comment faire sourire cette petite frimousse qui, sur les photos, s’éclatait de joie ? Il commençait à se faire tard au moment de partir, l’enfant qui commençait doucement à refaire confiance en cette femme eut beaucoup de mal à lui lâcher la main, cette main qui ne lui voulait que du bien. En partant, la jeune psy fit un détour par le bureau des infirmières ainsi que celui des admissions, car elle était en mesure de donner un nom à ce petit inconnu.
Sur le parking elle s’aperçut que la nuit était déjà tombée depuis bien longtemps et qu’elle avait complètement oublié d’avertir sa petite famille. En arrivant chez elle vu l’heure tardive, ses enfants et son mari avaient terminé de dîner. Enlacée dans les bras de son chéri, elle s’excusa pour cet oubli. Son mari très intentionné demanda aussitôt des nouvelles du petit, puis il profita des quelques instants que la jeune femme prit pour aller embrasser ses enfants pour faire réchauffer au micro-ondes une assiette qu’il avait concoctée. Avec un verre de vin à la main il resta à ses côtés en écoutant sans dire un mot, mais après quelques coups de fourchette la jeune femme qui n’avait pas très faim repoussa son assiette, elle était impatiente de savoir ce qu’allait révéler le journal intime retrouvé dans l’appartement.
Après s’être préparé pour la nuit, calée entre deux oreillers, la jeune femme ne put s’empêcher de feuilleter. Mais elle était loin d’imaginer le calvaire enduré par cette jeune maman. Page après page depuis sa tendre enfance tout était méticuleusement écrit, allant de surprise en surprise, écœurer par ce qu’elle était en train de lire la jeune psy ne put retenir ses larmes qui de temps en temps étaient accompagnées par le ronflement de son époux.
Réveillé par les gémissements des pleurs, le mari regarda l’heure et d’une petite voix endormie se mit à dire : « Tu es encore avec ce carnet, mais il est trois heures du mat ». Voyant son épouse dans tous ses états d’âme, il s’approcha d’elle pour mieux comprendre.
Au fur et à mesure qu’elle tournait les pages, la jeune psy n’en croyait pas ses yeux, la voix chancelante, elle expliqua à son mari ce que la jeune maman avait subi et subissait encore hier. La liste était longue à commencer par des parents alcooliques, violée par son père à l’âge de dix ans devant sa mère qui regardait faire en souriant avec une bouteille de vin à la main, faisait le ménage pendant qu’ils buvaient et à chaque fois que ça leur semblait mal fait, elle était humiliée devant ce père en pleine exhibition. Parfois même quand la mère n’était pas trop bourrée, elle la tenait pour voir de plus près. Manquait souvent l’école pour ne pas faire voir les coups qu’elle dissimulait sous une écharpe autour de son cou. Alors à seize ans pour fuir une mort certaine et profiter enfin de la vie, elle quitta sans rien dire cet enfer familial ou les coups pleuvaient jour et nuit.
Accompagnée de quelques vêtements dans un sac à dos, elle arpentait les trottoirs de la ville pour faire ce sale boulot. Pendant les deux premières semaines, une couverture sous un pont faisait office de maison et tous les soirs, ses cris de SOS ne lui donnaient qu’une envie : se jeter à l’eau, mais à chaque fois la raison l’emportait alors comme si les larmes pouvaient cicatriser les blessures elle se mettait à pleurer, jusqu’au jour où une petite annonce sur la vitrine d’un café et venue changé sa vie. Après avoir menti sur son âge dans l’urgence, le patron ne posa pas de questions et lui proposa même une chambre de bonne au troisième étage en compensation de quelques heures de travail supplémentaires. Pour la jeune fille, finie la rue, c’était enfin le bonheur presque le paradis si l’on regarde en arrière ce qu’elle avait subi. Mais dès son arrivée, elle était loin d’imaginer qu’elle venait de réveiller chez certains clients des pulsions sexuelles endormies depuis longtemps. Alors, tous les jours, elle devait affronter les sifflets, les paroles et gestes déplacés des habitués. Après avoir connu le pire, tout cela la faisait sourire, car la jeune fille était victime de sa beauté qu’elle avait reçue en héritage et pour elle c’était le prix à payer la faute à la nature de l’avoir faite ainsi.
Il est vrai qu’elle était belle et les clients ne s’y trompaient pas, surtout ce jeune homme qui venait spécialement pour elle. Tous les jours quand elle s’avançait vers lui pour servir sa bière au bout du comptoir et que le regard de chacun ne faisait qu’un tour, les habitués de ce bar se demandaient si c’était pour aujourd’hui ou pour demain. Ayant jamais rien reçu de la part de ses parents pendant son enfance, la jeune fille tout excitée se demandait si c’était ça l’amour. Pour en avoir le cœur net, elle se laissa approcher au point de se faire voler un petit baiser furtif sous les regards attentionnés des curieux. Pour mieux la séduire, le jeune homme lui prit la main pour lui lire ce poème qu’il avait écrit tout spécialement pour elle.
En cet instant où je pense à vous
J’aimerais faire un de mes rêves les plus fous
Devenir un matou pour ronronner sur vos genoux
Profitant de vos caresses dans mon cou
Je m’approcherai timidement près de vos joues
Pour vous voler un de vos baisers les plus brûlants
Qui me transformeras en prince charmant
Qui discrètement vous fera l’amour passionnément
À cet instant, la magie venait de combler le cœur de la jeune fille d’un manque qui datait depuis sa naissance. De leur côté, les clients stupéfiés par ce qu’ils venaient d’entendre applaudissaient.
Pour la jeune fille tout allait très vite, même trop vite à son gré, dans un premier temps elle repoussa les avances par peur de dégoût quand le jeune homme apprendra que pendant quelques semaines pour une question de survie sur ce parking où il n’y avait pas que des anges et qu’elle donnait son corps et faisait l’amour par procuration.
Le jeune homme d’origine portugaise, un enfant de la Ddass et qui avait comme seul repère sa famille d’accueil, trouva rien de plus normal de laisser au temps les histoires du passé, lui qui ne vivait qu’au présent, voyez maintenant un avenir différent. La jeune fille qui venait de passer du statut de pestiféré à celui de femme désirée avait du mal à réaliser.
Quelques semaines plus tard, le jeune homme proposa à la jeune fille de quitter sa chambre de bonne pour emménager dans son petit appartement. Ce qui aurait pour avantage d’économiser les heures supplémentaires non payées pour la chambre. Avec un carton et un sac à dos, le déménagement fut très rapide.
Nageant dans le bonheur les semaines et les mois défilaient à une vitesse vertigineuse. La jeune fille allait avoir dix-huit ans quand le jeune homme âgé de quelques années de plus lui demanda de finaliser leur union qui durait déjà depuis plus d’un an. Deux semaines plus tard, entre deux témoins dans cette mairie de quartier, leurs vœux furent prononcés.
Depuis leurs vœux, dix mois se sont écoulés, tout allait pour le mieux sauf que la jeune mariée était envahie de nausées et d’envies. Pour compléter un bonheur déjà grandiose, un heureux événement se profilait à l’horizon. En posant ses mains sur son petit ventre rond, elle transmettait déjà cet amour qu’elle n’avait jamais reçu. Mais ce bonheur fut de courte durée, trois semaines avant l’accouchement, le téléphone de l’appartement se mit à pleurer puis s’en suivit des cris de douleurs et de hurlements qui raisonna dans toute la citée. Au bout de fil, une personne avait la lourde tâche d’annoncer à la jeune mariée qu’un accident était arrivé et qu’ils venaient de découvrir le corps sans vie de son mari sous un amas de ferraille d’un échafaudage défectueux de chantiers sur lequel son entreprise le faisait travailler.
Alerté par les cris, c’est un voisinage solidaire qui accourut pour essayer tant bien que mal de réconforter la jeune future maman recroquevillée sur elle-même dans un coin.
De son côté, l’entreprise qui employait le jeune homme se donnait l’obligation de prendre en charge tous les frais occasionnés par cette disparition précoce. La moindre des choses pour ce jeune homme qui était très apprécié autant pour son travail que par ses camarades de chantier surtout que dans les semaines à venir la direction avait décidé de lui octroyer des responsabilités en tant que chef de chantier.
Le choc émotionnel de ces derniers jours perturba la grossesse de la future maman qui accoucha deux semaines plus tôt que prévu seul sans personne pour lui tenir la main d’un joli petit garçon nommé Diégo en souvenir de son mari qui était un fan de ce chanteur et surtout de cette chanson.
Deux mois plus tard, le congé de maternité était arrivé à sa fin, après avoir trouvé une nounou pour l’enfant la jeune maman reprit le chemin du travail sous les yeux ébahis et applaudissements des clients, admiratifs de ce petit bout de femme déterminée à se battre contre cette putain de vie.
Quelques mois plus tard, la jeune maman était de plus en plus admirée pour son courage à continuer là où beaucoup auraient baissé les bras, continué comme si de rien n’était en ayant comme seul repère son enfant.
Mais son patron ne l’entendait pas de la même oreille et voyait les choses différemment. Elle était seule et vulnérable, alors pourquoi pas ? se dit-il. Elle était belle, jeune, si invincible et fragile à la fois que depuis plusieurs semaines il analysait les réactions de ses mots doux et l’obstination de ses gestes déplacés envers la jeune maman qui, à chaque fois, le repoussait. Jusqu’à ce jour, derrière le comptoir la prenant par la taille pour lui faire comprendre que si. Alors pour ne pas perdre son travail plusieurs fois par semaine, elle montait dans cette chambre de bonne pour se donner à lui.
Après avoir refermé ce journal intime, la jeune psy et son mari restèrent sans voix. Le lendemain pour toute la famille c’était jour de repos, un dimanche bien mérité pour cette jeune femme qui venait d’avoir une fin de semaine très mouvementée. Alors pour récupérer les heures de sommeil perdues, la grasse matinée fut la bienvenue. Au petit déjeuner, la jeune femme posa un regard sur son mari en pleine méditation, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Encore sous l’émotion, il se demandait si cette jeune maman qui avait tant souffert n’était pas plus heureuse maintenant dans ce paradis blanc. Une énigme à laquelle la jeune psy ne put répondre.
En début d’après-midi avant de partir en promenade, la jeune psy proposa à sa petite famille de faire un détour par l’hôpital pour vérifier si tout allait bien et faire voir au petit qu’elle ne l’avait pas oublié. Pour le mari et ses deux enfants, c’était l’occasion de voir à quoi ressemblait ce gamin.
En arrivant dans la chambre, le petit garçon fut étonné de voir tout ce petit monde autour de lui. La jeune psy demanda à ses deux enfants d’être gentil avec lui, mais les deux fillettes trouvaient énervant de le voir se pencher sans cesse en avant. Après avoir observé les regards et les gestes de l’enfant, le mari comprenait mieux l’engouement de son épouse envers ce petit.
En ce lundi matin, la semaine ne pouvait pas mieux commencer. Après avoir déposé ses deux fillettes à l’école, la jeune psy reçut un appel téléphonique inattendu. Très émue par le contexte familial dans lequel se trouvait l’enfant, le secrétariat d’un établissement spécialisé qui dans un premier temps lui avait donné une réponse négative avait réussi à convaincre la directrice de faire abstraction à certains principes qui dataient depuis plus de cinquante ans.
À peine raccroché, la jeune femme monta dans sa voiture pour aller voir l’établissement en question qui se trouvait à la campagne et qu’elle ne connaît pas afin de finaliser les démarches administratives. Une heure et demie plus tard, tout était fin prêt pour recevoir l’enfant dans les meilleures conditions. Mais avant cela, la jeune psy avait pris le temps d’aller à la rencontre des parents de la jeune maman pour leur annoncer la perte de leur enfant et de vérifier par la même occasion ci tous les écris qu’elle tenait en main était rêve ou réalité.
En arrivant devant la maison qui ressemblait plutôt à un cabanon, la jeune psy fut incommodée par des odeurs nauséabondes provenant de l’intérieur. Avant de rentrer, elle prit sa respiration et son courage à deux mains pour affronter cette odeur qui lui donnait envie de vomir. Laissant derrière elle la porte entre ouverte pour mieux respirer de temps en temps. Pendant un instant la jeune psy se voyait dans un film au moyen âge, mais non la réalité était bien là et bien pire de ce qu’elle pouvait imaginée même les écris du journal intime de la jeune maman n’en disait pas tant. Devant elle en bout de table, deux silhouettes étaient dissimulées derrière une montagne de vaisselle non lavée, deux alcooliques que l’alcool avait rongés avec le temps.