Le mystère des grottes, au Clair de Lune - Jean-Claude Miriski - E-Book

Le mystère des grottes, au Clair de Lune E-Book

Jean-Claude Miriski

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Beschreibung

Et si ce n’était pas la première fois que les grottes volaient leurs visiteurs ?

La petite ville de Pomerol, au cœur des Appalaches, a toujours mené une existence paisible, rythmée par les touristes venus admirer les fameuses grottes Au Clair de Lune. Une quiétude qu’avait adoptée John Sanders avec son épouse, Ketty, jusqu’au jour où cette dernière disparaît mystérieusement lors d’une randonnée. Pas de traces, pas d’explications, et si ce n’était pas la première fois que les grottes volaient leurs visiteurs ? Aidé d’Enna, une jeune scientifique, John va chercher à lever le voile sur ces disparitions suspectes, quitte à s’aventurer trop loin, et à se perdre dans un autre monde aux sombres projets. La vérité sera alors bien plus terrible qu’il ne l’imaginait.

Un roman de science-fiction plein de suspense à découvrir !

EXTRAIT

John était trop absorbé par sa curiosité par rapport à cet endroit, sa prudence avait été occultée. Mais trop tard, le mal était fait, maintenant, sans s’attarder, une autre sortie devenait urgente, marchant droit devant lui avec tout autour de lui, ces gens pétrifiés pour l’éternité, il vit au fond près d’une baie vitrée, un petit temple sculpté dans de la pierre bleue, avec deux portes vertes de la couleur d’une émeraude, qui n’attendaient qu’une chose, qu’on les pousse pour vous inviter à découvrir la pièce maîtresse du musée.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Issu du milieu de la restauration en tant que chef de cuisine, Jean-Claude Miriski reste fidèle à ses fourneaux pendant plus de vingt-cinq ans avant de se consacrer à sa passion dévorante qu'est l'écriture. Aujourd'hui, son grand désir est de faire partager ses récits restés trop longtemps dans un tiroir. Pleines de mystère, parsemées de fantastique, ses histoires vont jusqu'à la science-fiction, qui a bercé toute son adolescence.

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Jean-Claude Miriski

Le mystère des grottes, au Clair de Lune

Préambule

Depuis la nuit des temps, les hommes ont toujours été fascinés et attirés par les grottes.

D’abord ce fut par commodité, s’en servant d’habitation et de protection, ensuite beaucoup plus tard par curiosité, par loisir, ou pour effectuer des recherches. À un tel point qu’à travers les âges sont nées des légendes dont certaines mystérieuses, cela dans de nombreux pays, à travers les cinq continents.

Notre histoire nous amène en Amérique du Nord, plus précisément dans le Tennessee, où une chaîne de montagnes, appelée les Appalaches, s’étendait de Terre-Neuve au nord du Canada, jusqu’au centre de l’Alabama au sud des États-Unis. Situées sur le plus haut de ses sommets, se trouvaient cinq grottes, dont la roche était pourvue d’une couleur argentée, elles eurent le nom surprenant, d’Éclat au clair de Lune.

Celles-ci cachaient l’un des plus grands mystères jamais résolus à ce jour. Les autochtones, eux, vivaient au pied de la vallée, dans un petit village fondé au xviie siècle, et qui portait le nom de Pomerol, et avec le temps, ils les appelèrent, les grottes, au clair de Lune.

Les gens venaient de tous les horizons pour les visiter, au grand bonheur des villageois qui en firent rapidement commerce. Mais très vite survinrent des disparitions mystérieuses de personnes, ne laissant aucune trace derrière elles. Les habitants gardèrent pendant longtemps ce lourd secret, pour garder la manne providentielle des touristes.

C’est là que notre histoire commence, à l’aube du xxe siècle.

Chapitre 1 : Le bon air de la montagne

Dimanche 14 avril 1907, il était sept heures, le jour venait de faire son apparition.

Sur une route mouillée par la fonte des neiges, une diligence partie de Sodfil, tirée par quatre chevaux, se rendait à Pomerol, petit village pittoresque à 1400 mètres d’altitude, situé dans les montagnes Appalaches, connues pour sa villégiature, et ses fantastiques grottes.

Face au village se dressait le mont Météore, dont le sommet culminait à 3 000 mètres d’altitude. On venait l’admirer de toutes parts, pour sa roche, unique en son genre, qui avait cette particularité dominante de couleur argentée sur son sommet, réfléchissant les rayons du soleil le jour, puis l’éclat de la lune la nuit, tel un phare dirigeant les bateaux sur l’océan.

Mais la plus grande curiosité était ses grottes, cinq au total, alignées sur la même paroi et étalées sur 800 mètres de long. Toutes étaient de tailles différentes. L’endroit était nommé ainsi à cause du reflet, les nuits de clair de lune.

Après quatre heures de route la diligence arrivait enfin au village, les chevaux étaient couverts de transpiration écumeuse, signe d’une fatigue extrême.

À son bord six passagers, deux couples qui venaient passer quelques jours de vacances pour visiter les grottes, un villageois de retour de la ville et un bûcheron en quête de travail.

Le conducteur arrêta les chevaux devant l’hôtel Le Belvédère, le cocher du haut de son poste de conduite descendit les six marches pour rejoindre le trottoir.

Dépliant le marchepied des voyageurs, il ouvrit la porte de la cabine, afin que les personnes puissent descendre sur le trottoir encore couvert de neige. Le Belvédère avait été construit en 1834, entièrement fait de bois avec du sapin de la forêt du Greenoud, un bois très réputé dans la région pour ses essences, sa qualité et sa robustesse. Des troncs d’arbres entiers polis et vernis avaient été posés debout, garnissant la façade de l’hôtel, le rendant majestueux et luxueux. De jolis balcons privés destinés aux chambres donnant sur le mont Météore étaient très prisés par les touristes. Bagages en main, les deux couples entrèrent dans l’hôtel, qui avait un long tapis rouge couvrant la majorité de la surface du sol. Un signe de bienvenue.

Le hall du bâtiment donnait sur une somptueuse salle à manger, avec des tables rondes toutes en bois de chêne, décorées de nappes en coton de Madras. Ses motifs rouges ponctués de carreaux blancs se mettaient parfaitement en valeur avec les lampes à huile disposées sur chacune d’elles. Le centre de la salle à manger se distinguait du reste par sa monumentale cheminée. Cette prestance était appuyée par le fait que l’on pouvait en faire un tour complet, diffusant ainsi sa chaleur sous le crépitement du bois pour tout l’hôtel.

–Entrez ! Je vous en prie, entrez, tintait une voix très agréable. Nous sommes ravis de vous recevoir !

L’un des clients se retourna apercevant un homme avec une longue barbe, derrière sa loge de conciergerie. Il était habillé dans un costume typique du village, une chemise de coton de chambray blanche, surmontée de grosses bretelles finement décorées, attachées à un pantalon en coton de chenille de couleur marron.

Un foulard rouge en soie servant de cravate, et pour finir un chapeau en feutrine de forme pointue.

–Oui, bonjour, nous voudrions une chambre avec vue si possible sur le mont Météore, pour cinq nuitées.

–Très bien, vous désirez dîner ici également ?

–Bien sûr et les petits déjeuners aussi.

–Cela va de soi monsieur, parfait je vais vous donner le registre, afin que vous inscriviez vos noms et adresses, s’il vous plaît.

L’homme prit la plume et l’encrier et gribouilla sur le registre le nom de George Chenay. Il laissa ensuite la plume au second couple qui réserva également une chambre. George put furtivement le voir écrire Yvan Kastropof.

–Merci beaucoup mesdames, messieurs, je vais vous conduire à vos chambres.

Suivant le concierge qui portait les valises de ces dames, ils montèrent un escalier en colimaçon qui craquait à chaque marche, pour accéder au deuxième étage.

–Voilà, je vous ai mis au deuxième, car la vue de vos chambres est imprenable.

–Vous allez voir le mont est juste en face et par beau temps, on aperçoit le plateau où se trouvent les grottes que l’on surnomme les grottes, au clair de Lune.

–Nous avons effectivement entendu parler de ces grottes, c’est le but de notre voyage d’ailleurs, nous aimerions les visiter.

Le concierge resta silencieux à l’annonce faite par son client ! Dans le village tout le monde savait qu’elles étaient maudites.

–Pourquoi pas plutôt, de bonnes randonnées ! Nos forêts sont remarquables en cette saison, vous pourriez y voir des cerfs, des biches, ainsi que de nombreuses cascades !

–Nous vous remercions de votre sollicitude, mais ce sont les grottes qui nous intéressent pas autre chose.

Se disant que cela de toute façon ne le concernait pas, il passa à la suite des explications.

–Je vous donne vos clés, la 25 pour vous et la 27 pour vous. Je vous laisse vous installer, ah ! Les toilettes sont au fond du couloir sur votre gauche. Dans les chambres par contre se trouvent des cabines pour la toilette que nous avons aménagée cette année, vous allez être les premiers à vous en servir. Si vous avez besoin de quelque chose, je suis à votre service, je me prénomme Albert.

–Tenez Albert pour vous, l’un des deux hommes, George, lui avait glissé un billet dans sa main, qu’Albert mit très vite dans sa poche, l’air gêné, mais content.

–Oh ! merci monsieur, dit Albert en le saluant chapeau en main.

Les deux couples s’installèrent chacun dans leur chambre respective qui était spacieuse, avec de grandes armoires et surtout une cabine de toilette qui était un luxe pour un hôtel de village. Les affaires rangées, ils prirent la décision de visiter ensemble les alentours, afin d’acheter du matériel adéquat à leur expédition devenue désormais commune.

Avant de sortir, Yvan demanda au concierge :

–Pardon Albert !

–Oui monsieur !

–Avez-vous une adresse d’un magasin qui vend du matériel pour affronter les rigueurs du froid des montagnes, surtout pour des vêtements chauds !

–Mais bien sûr monsieur, il y a le magasin de Joe le trappeur, il est très approvisionné en vêtements, il se trouve à deux rues d’ici sur votre droite, une petite ruelle en descente, son magasin y est juste au bout.

–Merci Albert, puis Yvan lui donna à son tour un billet dans le creux de la main.

–Ho ! Merci monsieur, répondit-il, toujours chapeau en main.

Dans les rues les gens qu’ils croisaient se retournaient sur leur passage, n’ayant jamais vu de femmes habillées dans de grandes robes de ville dans une neige lourde et fondante !

–Regardez, dit George, le magasin ! On le distingue bien en bas de la ruelle.

Nos citadins furent ravis de voir un tel établissement dans un aussi petit village.

Ils poussèrent la porte d’entrée sur un tintement de clochettes accrochées au-dessus de la porte annonçant des clients.

À l’intérieur il régnait une odeur de graisse animale mélangée à la chaleur que dégageait une cheminée située dans un angle de la pièce, qui mettait mal à l’aise ces dames.

Il y avait des étalages remplis de vestes et pantalons en fourrures avec une pancarte où il était inscrit « cousu en lacets de peau de castor ». Sur un autre, des rangées entières de chaussures fourrées avec quatre épaisseurs de semelles de peau de rennes, et puis également des bonnets avec des caches-oreilles terminés par deux cordons pour les attacher.

Une dernière partie était réservée au matériel, des raquettes pour marcher dans la neige évitant de s’enfoncer dedans, des lampes tempêtes, des bâtons de marche, des luges etc.

–Bonjour, je suis Joe, que puis-je pour vous ?

–Nous voudrions des tenues chaudes, ainsi que des raquettes, des chaussures, bonnets et de bons bâtons de marche pour aller jusqu’aux grottes.

–Aux grottes !

–Oui pourquoi ? il y a un problème ? demanda George.

–Euh ! Non, mais vous voulez pas plutôt visiter la forêt ! De très jolies balades vous seront proposées par des guides chevronnés.

–Ah ! Non, nous sommes venus spécialement pour les grottes. Vous avez tous l’air surpris qu’on veuille les visiter !

L’homme voyait qu’il avait gaffé, il essaya de se rattraper !

–C’est-à-dire que c’est dangereux là-bas en cette saison, il y a beaucoup de neige cette année et la distance pour les atteindre est longue.

–Ha ! Ce n’est que cela ! Il ne faut pas vous en faire mon ami, l’année dernière, nous avons traversé un désert en Mongolie, alors vous voyez ce ne sont pas des grottes qui vont nous faire peur.

–Très bien, je ne voulais pas vous importuner avec ça, c’est juste que vous me paraissiez un peu novices pour ce genre d’excursion ! dit-il ravalant sa salive. Eh bien ! Faites votre choix, j’ai d’excellents modèles uniques, que l’on ne trouve qu’ici, ainsi que toutes les tailles.

Il leur vendit plus que nécessaire, à tant faire autant profiter de gens fortunés.

Une fois le matériel et les vêtements achetés, ils demandèrent de livrer le tout, directement à l’hôtel Belvédère.

Après avoir fait le tour du village, ils rentrèrent pour se restaurer, l’air s’était rafraîchi rapidement et la nuit commençait à tomber.

Les deux couples se mirent à la même table, ayant bien sympathisé au cours de la journée, le menu était unique, composé de produits locaux, soupe montagnarde au lard, découpé de bœuf sauce au vin rouge, avec son gratin de pommes de terre, fromage, et pour le dessert une succulente tarte aux pommes chaude, servie avec un vin un peu âpre qui était très apprécié dans le village le Valrôme.

Le lendemain matin, ouvrant les volets, une bonne surprise les attendait, un soleil doux et radieux était au rendez-vous, avec un ciel dégagé.

Le petit déjeuner fut très copieux du pain, des œufs, du café bien chaud, du lait et même de la charcuterie faite par le vieux charcutier William Manse, qui était âgé de 75 ans tenant encore sa boutique, ensuite, ils allèrent chacun se changer pour enfiler les vêtements achetés la veille.

À l’extérieur, ils étaient l’attraction du jour, les locaux se retenaient de rire en les voyant accoutrés de la sorte. Des vêtements tous en fourrure trop large, des bonnets cachant la moitié de leurs visages, munis de bâtons et raquettes aux pieds !

Ils allèrent voir les mushers de traîneaux, pour les emmener le plus haut et le plus loin possible sur le mont Météore.

L’un d’eux accepta de les conduire, moyennant d’être payé à l’avance pour l’aller et le retour bien sûr. Ils montèrent sur le traîneau s’asseyant sur des sièges en bois, les jambes allongées en avant, une fois installés, le conducteur leur donna des couvertures pour recouvrir leurs membres inférieurs, car le froid s’intensifiait sur le traîneau une fois en route.

Le tout était tiré par douze chiens de montagne, robustes et résistants au froid, attelés les uns aux autres, le chef de meute en tête.

Le musher prit son fouet le faisant claquer en l’air, donnant le signal aux chiens du départ.

Les gens du village regardaient passer le traîneau, certains pensaient qu’un malheur allait encore arriver là-haut.

La piste pour accéder au mont était très belle, la neige épaisse faisait plier les sapins sous son poids. Deux biches traversèrent la piste juste devant eux, les femmes s’exclamèrent en les voyant passer en sautant du haut de leurs pattes dans la neige toute fraîche.

Deux heures plus tard, le conducteur du traîneau stoppa les chiens en annonçant qu’il n’allait pas plus loin. Le paysage avait changé, il était plus austère, avec le vent sifflant entre les sapins donnait la chair de poule.

–Voilà messieurs dames, vous prenez ce chemin devant vous, vous avez encore deux bonnes heures de marche, faites attention au précipice à certains endroits c’est très étroit.

–Je reviens vous chercher pour dix-huit heures, dernier délai avant que la nuit soit totale.

–Très bien, merci à ce soir.

Ils remercièrent le musher par un signe de la main, puis bâtons en mains ils entamèrent le chemin indiqué, joyeux de la journée qui s’annonçait être agréable.

Le soir, le musher attendait à l’endroit convenu, il était dix-huit heures dix. À dix-neuf heures personne en vue ! Ne pouvant plus attendre à cause de la nuit, il redescendit à vide pour aller directement au poste de police donner l’alerte. Il frappa à la porte du shérif.

–Bonsoir shérif, je viens vous voir par ce que j’ai accompagné ce matin quatre personnes, ils voulaient visiter les grottes, mais ce soir personne n’est revenu !

–Quoi ? Tu as emmené des gens là-haut ! Tu te rends compte de ce que tu as fait j’espère !

–Ils ont insisté, et bien payé surtout, alors au bout d’un moment j’ai dit oui voilà, il faut bien vivre aussi shérif !

–Tu as dû avoir aussi un bon pourboire hein ! Ah ! Vous êtes tous pareils, dès que des touristes arrivent, hop, tout le monde saute dessus et en tire profit, se moquant des risques qu’ils encourent. Bon le mal est fait, ce soir c’est trop tard pour aller les chercher, mais demain tu vas rassembler le plus de monde possible de préférence très tôt le matin, on organisera une battue à partir de là où tu les as laissés.

–Compris shérif pas de problème, vous pouvez compter sur moi.

Le jour suivant, il était à peine six heures la nuit encore présente, que dix hommes étaient en train d’attendre avec des lanternes, les pieds gelés dans la gadoue devant la porte du shérif.

–C’est tout ce que tu as trouvé, dis-moi ! s’exclama-t-il en les voyant.

–Personne d’autre n’a voulu venir shérif, j’ai déjà eu du mal avec ceux-là !

–Ah ! Voilà c’est bien ce que je disais, on profite du touriste et après plus personne eh bien on fera avec, allez montez tous sur vos traîneaux, on y va ! cria-t-il.

Trois bonnes heures plus tard, le chemin où il les avait laissés était en vue. Ils continuèrent leur ascension munis de raquettes, tous en file indienne pour finir devant les grottes après plus de trois heures de marche, dues à un vent glacial mais sec, qui pour certains gelait leur moustache ou barbe, notamment celle du vieux Max qui était le recordman de la barbe la plus longue du village.

Le shérif, monté sur un rocher, les réunit autour de lui pour donner les informations sur la procédure de recherche. Le vent continuant d’être violent, il dut hausser la voix.

–Vous allez d’abord vous mettre par binôme pour les cinq galeries, chacun à sa torche ! Alors allumez-les, ensuite dans une heure je veux que tout le monde soit de retour ici pour la fouille du plateau, attention au ravin en contrebas d’accord et restez bien ensemble surtout, je ne veux pas que quelqu’un d’autre se perde, vous avez compris !

Tous répondirent par un oui sans enthousiasme, le sol avait trente centimètres de neige fraîche, et donc pas d’empreinte de pas pour indiquer la direction de leur passage ! Le shérif en tête posta les binômes devant chaque galerie de grottes, puis à son signal tous entrèrent dans les grottes la peur au ventre. Quarante minutes s’étaient écoulées, un des hommes était sorti d’une des grottes pour satisfaire un besoin naturel.

Urinant le long de la paroi, il fit fondre un peu de neige découvrant un morceau de bois. Amusé, il continua autant qu’il pouvait, soudain il s’aperçut que ce morceau de bois était bien particulier ! Le regardant de plus près il vit que c’était un bâton de randonnée. Se rhabillant expressément, il appela le shérif en criant.

–Shérif ? Shériiiff… Venez voir ! Venez voir !

Le chef sortit de la deuxième grotte en sautant dans la neige comme un kangourou pour aller plus vite, vers l’homme qui gesticulait les bras en l’air comme s’il venait de découvrir un trésor.

–Quoi ! qu’y a-t-il !

–Regardez ! On dirait un bâton de randonnée de chez Joe ! Il y a sa marque dessus.

–Ma foi tu as raison ! Ne le touchez pas, je vais le prendre avec mon gant, pour ne pas gâcher les empreintes.

–Les quoi shérif ?

–Les empreintes ! Ha ! C’est un nouveau procédé scientifique qui vient d’être découvert, il s’agit d’une poudre et d’un papier, afin de récupérer l’empreinte d’un doigt laissé sur un objet, mais qui est invisible à l’œil nu.

Les autres se regardaient avec étonnement ! Avec une impression de n’avoir rien compris à son explication.

Il le glissa délicatement dans un sac à dos sans le frotter contre le tissu. Puis rappela tout le monde vu le temps qui s’était écoulé. Une fois que les hommes étaient bien tous présents, il donna le signal du retour au village, les hommes tous réjouis de redescendre enfin chez eux.

À dix-huit heures, dès leur arrivée, les habitants, qui épiaient derrière les fenêtres des maisons, sortirent de chez eux pour prendre des nouvelles, dont ce pauvre Albert qui était très inquiet de ne pas revoir ses clients.

Les villageois parlaient tous entre eux formant un brouhaha incompréhensible, quand le shérif donna un coup de feu en l’air pour avoir un silence complet, ce qui fut efficace.

–Nous sommes allés là-haut, avons fouillé partout, aucune trace, mis à part un bâton de randonnée qui a été trouvé sur les abords du plateau. Je vais communiquer par télégramme avec les autorités de Sodfil pour leur signaler la disparition des quatre personnes sur le mont Météore. Voilà vous pouvez rentrer chez vous, je n’ai plus rien à dire sur le sujet.

Sur ces mots, chacun de retour dans son foyer allait dans les discussions plus folles au sujet de la disparition des touristes.

Albert alla demander au shérif que fallait-il faire des affaires des disparus ! Il lui répondit de ne rien toucher pour l’instant, simplement de les mettre de côté, le temps que la police de la ville arrive.

Deux jours plus tard une équipe de policiers de Sodfil arriva sur place, pour mener sa propre enquête.

Au bout de trois jours d’investigation, n’ayant aucune empreinte sur le bâton, ni au sol, et rien dans les grottes, ils classèrent l’affaire en inscrivant dans le dossier numéro 84, que quatre personnes de Sodfil avaient disparu mystérieusement le 15 avril 1907, vers lesdites grottes au clair de Lune. Les familles furent prévenues que les affaires des deux couples étaient à leur disposition à l’hôtel du Belvédère.

Trente et un ans plus tard, le 15 décembre 1938, deux hommes et trois femmes spéléologues garèrent leur voiture sur le parking de Pomerol. Les diligences commençaient à disparaître avec l’ère nouvelle des automobiles.

L’une des femmes était la nièce d’un des disparus de 1907, Caroline Chenay, la nièce de George Chenay qui venait avec son groupe étudier les grottes, pour le compte de l’académie des sciences de Knoxville agissant pour le compte du gouverneur du comté.

L’hôtel avait changé de nom, Albert étant parti vivre ses dernières années tranquillement chez son frère au bord de l’océan sous le soleil.

Dorénavant, il s’appelait Au beau séjour, la façade était restée la même, mais l’intérieur avait été modernisé, ce qui rompait le charme d’antan. Le soir autour d’une des tables de la salle à manger, ils étudièrent la carte des montagnes Appalaches pour être fin prêts au lever du jour.

Tout le village avait eu vent de l’arrivée de scientifiques, mais personne n’osa dire quoi que ce soit sur le mystère qui planait autour des grottes, surtout que les temps étaient durs.

Le lendemain, ils partirent pour un bivouac de sept jours, le temps en ce mois de décembre 1938 était clément pour la saison, peu de neige était tombée, et l’accès était bien dégagé. Le huitième jour, ne les voyant pas de retour, la police dépêcha un groupe de secours. Cette fois-ci, ils récupérèrent un survivant en bas d’un précipice, l’homme avait fait une chute de cinquante mètres, amorti par des branches de sapin. Il était horriblement mutilé et dans un coma profond. Malheureusement, il décéda le jour suivant sans avoir pu révéler quoi que ce soit, sur ce qui s’était passé là-haut. La police ne retrouva jamais les corps des cinq autres spéléologues, ni leurs affaires !

D’autres cas similaires connus eurent lieu plus tard, le dernier datant de 1984, trois frères accompagnés de leurs femmes, tous chevronnés en alpinisme et en spéléologie disparurent après seulement deux jours passés là-haut. Au cours de l’enquête, la police scientifique avait comme résultat toujours et encore la même chose c’est-à-dire rien, mis à part la voiture garée sur le parking de la passe de Wet, parking qui avait été aménagé pour faciliter l’accès aux touristes.

Chapitre 2 : Un si bon week-end !

John n’arrêtait pas de se retourner dans son lit. Cela faisait deux jours que le pays était plongé dans une vague de canicule. Les autorités annonçaient déjà que ce mois de juin 2017 battait le record de celui de 1984. À trois heures du matin la température ambiante affichait un peu plus de 22 degrés.

Il s’assit sur son lit en sueur, pouvant sentir les gouttes perler le long de son visage et de son corps. Ses cheveux blonds d’ordinaire ébouriffés étaient plaqués du fait de l’humidité.

Il mesurait un mètre quatre-vingts, les yeux bleu azur, il était doté également d’une bonne musculature. Il avait 37 ans, devenu bûcheron, il n’avait jamais pu supporter la chaleur. Il vivait grâce à un héritage d’un oncle, qui avait fait fortune dans les parcs de loisirs. Il était originaire de Charlotte en Caroline du Nord, enfant de parents instituteurs, il avait quitté très tôt le nid parental, assoiffé d’aventure, il avait bourlingué à droite à gauche, notamment à l’armée où il avait servi pendant cinq années, dans les commandos des forces spéciales. À la mort de ses parents, il s’était établi à Pomerol pour échapper aux bruits des grandes villes pour se permettre de profiter de la tranquillité d’un petit village dans la nature.

N’arrivant pas à dormir, il décida d’aller se rafraîchir un peu dans la salle de bain. Il ouvrit le robinet et se passa abondamment de l’eau fraîche sur la figure. En se relevant vers le miroir, ses yeux s’arrêtèrent sur son reflet. Ce dernier lui renvoya l’image d’un homme fatigué par les aléas de la vie et aux traits assez durs. Cette apparence était toutefois atténuée par ses grands yeux bleus. Sachant qu’il n’arriverait pas à dormir, il décida de sortir dehors pour essayer d’y trouver un peu plus de fraîcheur. Il se dirigea vers le jardin et se coucha sur l’herbe touffue qui n’avait pas été coupée depuis le printemps.

Il était seul depuis qu’il avait perdu sa femme Ketty, il y avait tout juste un an, suite à un week-end tragique. Ils étaient mariés depuis huit ans et n’avaient pas encore d’enfants. John habitait dans un petit chalet qu’il avait construit lui-même avec l’aide de sa femme. Ils avaient à l’époque le projet de l’agrandir quand viendrait le moment d’avoir des enfants. Tout cela fut stoppé par la disparition soudaine de sa femme.

Face au chalet se trouvait le mont Météore, reflétant ses beaux reflets d’argent, grâce au clair de lune, défiant qui veut l’affronter. Étendu, John pensait à ce dernier week-end qu’il avait passé avec Ketty, l’été précédant vers les grottes.

C’était un samedi, le 12 juillet 2016, la journée s’annonçait exceptionnelle, accompagnée d’un magnifique ciel bleu sans nuages.

Ketty était une fille du village, qu’elle n’avait jamais quitté, mis à part pour ses études d’infirmière à Dandridge Tennessee. Son père possédait une scierie très réputée dans la région et faisait travailler beaucoup de monde. John avait été embauché comme bûcheron par son père, qui en l’espace de quelques années était devenu son associé. C’est comme cela qu’il avait connu sa future femme.

Pour leur mariage les parents de Ketty leur avaient offert un terrain comme cadeau où le couple décida d’y construire un chalet. Ketty était blonde avec des nattes que John affectionnait particulièrement. Tout comme John elle était plutôt grande et mince. Elle possédait également quelques taches de rousseur qui lui allaient à ravir. Elle laissa tomber ses études d’infirmière en dernière année de fac, étant follement amoureuse de John, juste après son retour, ils se marièrent. Cinq années plus tard, ses parents périrent dans un tragique accident de voiture, suite à un glissement de terrain, ils finirent dans un précipice cent mètres plus bas. Par la suite John abandonna son métier, afin de rester auprès de sa femme terrassée par le chagrin. La veille du week-end du 12, John lui avait fait une surprise en lui annonçant qu’ils se rendraient aux grottes afin d’y passer deux jours. Elle sauta de joie rien qu’à l’idée de faire du camping. Ce matin-là Ketty s’affairait dans sa cuisine, préparant un excellent petit déjeuner dont elle avait le secret. Celui de la manière de cuire les œufs au plat notamment, que sa mère lui avait appris, comme personne ne savait le faire, ajoutant du bacon, du pain grillé et un bon café bien chaud. John pendant ce temps chargeait le 4x4 dans le garage avec le matériel dont ils allaient avoir besoin, pour un minimum de confort. Il était très ordonné, tout était rangé à sa place sur les rayonnages, facilitant les recherches du matériel.

L’odeur du petit déjeuner venant titiller son odorat, John arrêta le chargement pour la rejoindre dans la cuisine. Elle était à sa cuisinière, arrivant tout doucement derrière elle, il l’embrassa sur la nuque, puis la retourna pour lui donner un long baiser passionné.

–Je n’ai pas résisté à la douce odeur de ton petit déjeuner Ketty, je mangerais un bœuf !

–Eh bien, commence par les œufs, ils sont prêts, le bacon aussi, j’amène le café. Tu as fini de charger le 4x4 chéri ?

–Juste quelques bricoles, mais oui le plus gros est fait. Miam ! Toujours aussi bon tes œufs, bravo ma chérie, mais tu as oublié le pain grillé !

–Zut le pain grillé ! Il est dans le four ! J’espère qu’il n’est pas brûlé ! Non ça va heureusement que tu en as parlé !

–Alors John, tu crois que ce n’est pas dangereux d’aller là-haut après tout ce qu’on a pu entendre depuis des années !

–Il n’y a plus d’interdiction depuis huit ans ! Et je te le dis, depuis tout petit je rêve de le faire au moins une fois, j’assouvirai enfin ma curiosité !

–Je t’avoue que moi aussi, en secret j’ai très envie d’y aller également.

–Très bien finalement sans le savoir, on avait la même chose en commun depuis des années !

Après le délicieux petit déjeuner, John et Ketty allèrent se préparer pour leur petite aventure en amoureux.

–Tu es prête ma chérie ?

–Oui j’arrive John, encore deux minutes !

« Ha ! Les femmes, pensait-il, toujours des minutes en plus ! » Mais quelques instants plus tard, elle apparut dans une petite robe bleue bordée de blanc, un chapeau de paille avec des petites fleurs piquées sur le dessus, elle était superbe finalement cela valait le coup d’attendre.

Huit heures ! le départ était donné, direction les grottes. Dans la voiture Ketty chantonnait, heureuse de la journée qui se profilait à l’horizon.

Quinze kilomètres plus loin, ils arrivèrent à la passe de Wet, le véhicule ne pouvant aller plus loin, celui-ci avait été aménagé en 1937 dû à l’augmentation de circulation des voitures.

Tous deux prirent leurs sacs à dos bien chargés et entamèrent l’ascension du mont sur cinq kilomètres, pour deux heures de marche pour de bons grimpeurs, par un chemin sinueux et escarpé, le prix à payer pour accéder au Graal.

Une heure de marche était écoulée, quand Ketty demanda à John de s’arrêter un instant, pour boire de l’eau fraîche, ainsi que de souffler quelques minutes.

–C’est encore loin John ? J’ai un peu mal aux pieds ! Je dois avoir une ampoule !

–Encore une bonne heure ma chérie ! mais on a tout notre temps. C’est vrai que je suis parti un peu vite pour toi, excuse-moi Ketty.

–Non ça va aller, il faut juste que je reprenne le rythme, cela fait un moment que je n’avais pas fait une telle marche.

–D’ici quinze minutes le chemin va devenir très étroit et dangereux Ketty, il faudra bien faire attention où tu marches d’accord !

–D’accord John, je te suis.

En effet plus loin le chemin devenait vraiment exigu, à peine 50 centimètres de large à certains endroits, parsemé de cailloux tombés de plus haut.

Le ravin donnait le vertige, plus de 200 mètres de vide vous attiraient comme un aimant. Ketty s’adressa à John.

–Chéri je crois que j’ai le tournis, j’ai vraiment peur de tomber ! Je me sens mal.

–Ne bouge plus j’arrive, mets-toi accroupie, c’est plus sûr, le temps que je vienne jusqu’à toi.

Une fois vers elle, John prit son sac à dos, en sortit un baudrier pour l’en équiper, puis à l’aide d’un mousqueton, il attacha une corde la reliant à son propre baudrier, l’assurant ainsi en cas de chute.

–Surtout ne regarde plus en bas, ne fixe que mon dos dorénavant, d’accord !

–Oui John, tu peux avancer ça va aller !

Ketty la peur au ventre avançait à petits pas, quand après dix minutes, trop près du bord, le sol se déroba sous ses pieds, lui faisant perdre l’équilibre. Elle chuta dans le vide !

–Aaaaahhhhhh ! John je tombe mon Dieu !

John encaissa le poids de sa femme et du matériel d’un coup net.

À l’aide de son piolet qu’il avait dans sa main, il le planta dans le sol instantanément, pour arrêter la glissade qui allait être fatal pour lui aussi, en le faisant tomber à son tour.

–Arrête de bouger Ketty ! Attends je vais te tirer de là ! mais il faut que j’assure mon point d’appui, sinon on tombe tous les deux !

Au bout de la corde Ketty suspendue dans le vide, elle tanguait de gauche à droite, fermant les yeux pour ne plus avoir à affronter cette vision d’horreur qu’était ce vide sans fin.

John essaya avec l’aide d’un seul bras, pendant que l’autre tenait le piolet, de chercher dans son sac un piton et un marteau afin de l’enfoncer celui-ci dans la roche, pour pouvoir descendre en rappel.

Mais Ketty ayant perdu son sang-froid, donnait des à-coups à la corde qui vibrait, lui rendant la tâche encore plus difficile !

–Ne t’agite plus chérie ! Je vais perdre mon seul point d’appui !

–C’est trop dur John ! J’ai le corps qui tremble, je n’y peux rien, c’est plus fort que moi !

–Bon ! Tu vas jeter ton sac, j’aurai moins de poids à supporter.

À ces mots Ketty prit sur elle sa peur, pour lâcher la corde qu’elle tenait de ses deux mains fermement, afin de pouvoir détacher son sac à dos.

–John ! Je n’y arrive pas ! C’est trop difficile à atteindre.

–Respire à fond, essaye de reprendre ton calme et écoute-moi ! Prends le canif que je t’ai donné avant de partir, et coupe les sangles du sac, tu l’as à ta ceinture, attention de ne pas couper la corde qui est reliée à ton baudrier, sois bien attentive.

Elle prit le canif et regarda plusieurs fois de suite les sangles, la crispation la faisait trembler, ses yeux se brouillaient mélangés aux larmes qui coulaient, ne sachant plus laquelle il fallait couper !

Respirant un grand coup, s’essuyant d’une main ses yeux, elle se concentra pour visionner les sangles, à partir du bas pour remonter jusqu’aux épaules, puis repensant que c’était le sac à dos qu’elle avait mis en premier, elle dégagea celle de dessus et glissa la lame entre la sangle et sa robe qui finalement n’était pas très adéquate pour ce genre de randonnée. Elle ferma les yeux et d’un coup sec trancha la sangle dégageant en partie le sac à dos d’un côté, puis fut le tour de la deuxième, le sac chuta immédiatement en direction du sol 200 mètres plus bas.

John, après avoir attendu la perte du sac, finit par trouver ce dont il avait besoin, il enfonça un piton en acier dans la roche de la paroi, servant de point d’ancrage fixe, étant le moyen le plus sécurisant pour effectuer le sauvetage.

Laissant juste l’anneau de fixation, il passa une dégaine à l’intérieur du trou puis fit un demi-cabestan avec la corde.

Fixant la corde qui pendait devant lui dedans, il la saisit pour y engager une pince pour bloquer la corde, enfin jambes tendues, les pieds appuyés sur la roche, il entama sa descente en rappel afin de se dégager du chemin.

Une fois plus bas, il hissa sa femme du bout de corde qui les séparait, et une fois à sa hauteur, lui dit :

–Ne bouge surtout pas ma chérie, je vais passer un mousqueton dans ton baudrier, voilà tu es sur l’autre corde maintenant, on ne risque plus de tomber.

Il coupa la corde d’où ils étaient reliés au départ.

Ensuite à l’aide de la pince autobloquante, il remonta avec elle jusque sur le chemin.

–J’ai cru que mon heure avait sonné John ! Quel cauchemar !

–C’est fini maintenant ma chérie, tu es dans mes bras ! Tu ne crains plus rien, on est à quinze minutes de l’arrivée, si je ne me trompe pas, vu ce que l’on m’a expliqué au village.

Le reste des passages se fit sans encombre jusqu’au moment, on pouvait enfin entrevoir la fin du couloir exigu, donnant sur l’ouverture de plateau signe de la fin du périple.

Les grottes étaient alignées le long de la paroi face au joli parterre de verdure parsemé de fleurs.

De plus près, on pouvait voir effectivement la couleur argentée sur la roche.

–C’est magnifique John, même après ce qui s’est passé, cela vaut le coup !

–Jusqu’à présent je pensais que c’était trop dangereux pour toi et cela a bien failli ! dit John essoufflé.

–Le principal est que tu m’aies sauvée ! Car maintenant je ne suis vraiment pas déçue, c’est superbe.

–Bon ! on a un sac de moins ! Il y avait quoi dedans chérie ?

–Des affaires de rechange, des biscuits, des casseroles, et une partie de la nourriture !

–Bien, on fera attention, on mangera moins, ce qui laissera du temps pour nous deux hein ma puce !

–Oui je vois où tu veux en venir John, on verra plus tard !

Elle avait repris son joli sourire qui le faisait toujours craquer.

–Alors, où veux-tu que j’installe notre campement !

–Heuu ! Près du gros rocher là-bas si tu veux bien, en face de la plus petite des grottes. Pendant que tu montes la tente, je vais faire un tour, ça ne te dérange pas John ? Il y a tellement de jolies fleurs !

–Non pas du tout, mais fais attention à 70 mètres derrière toi, c’est le vide sois prudente, ne t’approche pas du bord !

–J’ai déjà eu la peur de ma vie, je ne vais pas recommencer une deuxième fois !

John entreprit le montage de la tente rapidement, pendant que Ketty commençait à découvrir le parterre de fleurs sauvages. Ketty était passionnée par la botanique, elle regardait des edelweiss poussant dans les fissures de la roche, elle en cueillit une pour la mettre dans ses cheveux.

La tente montée John rejoignit Ketty en courant et la serra dans ses bras lui déclarant :

–Je suis l’homme le plus heureux du monde avec toi, je t’aime ma chérie.

–Je t’aime aussi John, et je suis aussi la femme la plus heureuse, ils s’embrassèrent longuement comme s’ils venaient de se retrouver après une longue absence de l’un et l’autre.

Main dans la main, ils se promenèrent admirant les fleurs qui s’étalaient devant eux. Parmi elles, se trouvaient des aconits d’un bleu violet sur de longues tiges, faisant penser à une grappe pleine de clochettes. Plus loin des perce-neige montraient leurs belles couleurs blanches, ainsi que de la joubarbe, une très jolie fleur rose dont les pétales sont curieusement détachés qui en font là une caractéristique unique.

Ketty était émerveillée par tout cela.

–John ! Tu veux savoir l’origine du nom de la joubarde en latin !

–Oui, je veux bien ! Mais tu connais le latin toi ?

–Ce sont des sempervivum montanum ! Tu vois mon chéri ! j’ai encore de petits secrets, cela prouve que je peux encore te surprendre.

Juste après, elle se mit à courir, incitant John à la poursuivre. C’était une bonne sportive, surtout à la course à pied.

John n’avait pas trop envie de se fatiguer à la rattraper vu l’avance qu’elle avait prise rapidement, alors il chuta sur le sol et fit semblant d’être blessé.

–Haar ! Je me suis foulé la cheville !

Aussitôt Ketty arrêta sa course pour revenir sur ses pas, paniquée, croyant qu’il s’était fait mal.

Une fois vers lui, elle se pencha en avant pour regarder sa cheville, quand John la saisit par la taille la faisant tomber à son tour.

–Ce n’est pas du jeu John, tu as triché !

–Je suis bien obligé, tu cours plus vite que moi, dit-il en riant à gorge déployée.

–Ce n’est pas drôle John ! J’ai eu peur, j’ai cru vraiment que tu t’étais fait mal.

–Je te demande pardon Ketty, c’était une ruse pour te faire revenir vers moi.

Après un long moment passé sur l’herbe à parler projets, ils se relevèrent pour se rendre vers l’entrée de la grotte qui était en face du campement. Elle avait une ouverture très haute, au moins dix mètres, comparé aux autres qui avaient en moyenne quatre à cinq mètres de hauteur.

–Bon, tu es prête pour aller voir enfin ces fameuses grottes que l’on désirait tant voir !

–Oui, John ! Mais crois-tu que ce soit une bonne idée ? C’est sûrement dangereux à l’intérieur ! Peut-être qu’il y a des bêtes !

–Non ne crains rien je suis là ! Je suis la seule bête qui peut te croquer ! Allez ! depuis letemps que je voulais voir cela ! Tu vas pas me lâcher au dernier moment quand même !

–Non, bien sûr, j’ai envie aussi, je te suis, mais au moindre truc qui me fait peur, on sort d’accord !

–Très bien madame à la moindre petite bébête, j’interviens et te sauve encore une fois.

–Arrête de faire l’idiot, je suis sérieuse, j’ai horreur des bestioles, tu le sais bien pourtant !

John prit Ketty par la main, direction la galerie de la grotte.

Au fur et à mesure qu’ils s’avançaient, Ketty ressentait une drôle de sensation ! Oppressée, la respiration haletante, comme s’il ne fallait pas y aller !

En pénétrant à l’intérieur, une odeur de moisi était présente et fortement désagréable, les parois étaient humides certaines étaient couvertes d’acide humique provenant de l’humus dû aux infiltrations des eaux de pluie où aux fontes des neiges des sommets, contenant des agents corrosifs comme le gaz carbonique. Ensuite ce fut au tour de la lumière de perdre de son intensité, faisant de plus en plus sombre. Le froid également survint à peine à trente mètres de l’entrée. Quand tout à coup, ils furent surpris par l’arrivée d’un homme accourant face à eux, revenant des profondeurs de la grotte ! Il donnait l’impression que quelque chose le poursuivait. John prit Ketty par la taille en la mettant immédiatement derrière lui, afin de la protéger. L’homme s’arrêta net devant lui et cria :

–N’allez pas plus loin, il n’y a que des mauvaises choses là-bas !

D’un geste vif, il saisit le bras de John, le poussant en arrière de toutes ses forces.

–PARTEZ ! dit-il de nouveau encore plus fort.

Il était pitoyable, avec des habits à moitié déchirés, une barbe de trois jours. Sa respiration était saccadée, on pouvait voir la peur dans ses yeux !

Ne voyant aucune réaction de John et de Ketty, il passa devant eux sans demander son reste.

John et Ketty le suivirent jusqu’à la sortie.

Une fois dehors l’homme resta immobile, heureux de retrouver la lumière du jour, il reprenait son souffle penché en avant comme un marathonien qui venait de finir sa course.

John le regardait sidéré, voir un homme dans cet état était lamentable, il avait une tête de déterré.

–Avez-vous de l’eau, de l’eau ! demanda-t-il en regardant John, avec des yeux sortant des orbites.

–Oui ! Calmez-vous, il n’y a personne derrière vous, ne vous inquiétez pas.

–De l’eau, je veux de l’eau !

–Bien sûr, venez, je vais vous en donner.

Il suivit John qui restait sur ses gardes au cas où il lui sauterait dessus.

–Tenez buvez, cela va vous faire du bien.

Il saisit le verre d’une main tremblante, et le but d’un trait, tout en faisant couler de l’eau sur son torse.

–Encore ! dit-il lui redonnant le verre.

Il buvait comme s’il venait de traverser un désert !

À la lumière extérieure, son visage était étrange ! On devinait une peau très claire malgré la saleté repoussante qu’il avait sur lui ! Des yeux vert foncé et des cheveux très blonds presque blanc, pourtant il ne donnait pas l’air d’une personne de plus de quarante ans.

Il était particulièrement grand, fin de taille, ses habits ressemblaient à une sorte de pyjama.

« C’est sûr, pensa John, il n’était pas du tout du pays ! »

–Que vous est-il arrivé dans cette grotte ! Pourquoi étiez-vous à l’intérieur seul ?

L’homme, l’air complètement hagard, restait là sans bouger, plus aucun mot ne sortait de sa bouche.

John insista de nouveau sur sa question, quand celui-ci rentra dans une rage folle, il lâcha le verre, prenant la fuite en courant les bras en l’air comme s’il avait un grizzly à ses trousses.

–Aaaahh !

John, surpris, resta sidéré devant cette situation, le regardant courir comme un dératé, il lui lança :

–Revenez ! nous ne vous ferons aucun mal, c’est dangereux là-bas !

Mais il disparut au bout de quelques minutes sans se retourner au détour du chemin d’accès.

Ketty n’était pas rassurée, le choc la fit sangloter, l’émotion de la surprise sans nul doute. John la blottit dans ses bras pour la réconforter, en essayant de dédramatiser la situation.

–Il avait l’air complètement perdu, ne t’en fais pas chérie, peut-être avait-il bu de l’alcool ! Il s’est endormi dans la grotte et à son réveil, il a dû être effrayé de se retrouver dans le noir de la galerie ! C’est l’explication la plus plausible que je vois, dit John à sa femme.

Sur ces mots Ketty était un peu mieux, et s’essuya les larmes de ses joues, ce qui lui enleva le fard qu’elle avait appliqué avec soin le matin même.

–Nous allons rentrer si tu veux ! Je ne veux pas que tu restes en ayant peur ! dit John.

–Non ne gâchons pas notre week-end, ce serait dommage, allons vers la tente.

À leur campement Ketty dit à John :

–Je vais me changer, je commence à avoir froid.

–Très bien, moi je vais aller chercher du bois pour faire un feu, je n’en ai pas pour longtemps.

–D’accord John, mais je ne tiens pas à rester toute seule trop longtemps après ce qui s’est passé !

–Ne t’inquiète pas, je ne vais pas très loin, juste là autour.

À son retour, John regarda sa femme, elle avait revêtu une jolie tenue de sport de couleur noire, mettant en valeur ses formes féminines, qui firent écarquiller les yeux de John comme s’il la voyait pour la première fois.

Elle avait également préparé un coin repas avec une jolie nappe rouge sur l’herbe bien verte, sur laquelle elle avait déposé les couverts et des fleurs coupées dans un verre.

John fit rapidement un feu, il était très doué pour ce genre de choses, il avait été scout pendant quinze ans, ce qui n’est pas rien dans le milieu.

L’après-midi touchait à sa fin, le soleil commençait à faiblir, la nuit tombante faisait son apparition, car en montagne le jour durait moins longtemps que dans les plaines.

John en profita pour prendre quelques photos, avant de manger le bon repas qu’elle avait préparé avec le reste du stock !

Il fut digne d’un roi, même en camping sauvage sa cuisine était excellente. La soirée prenait un air romantique, enlacés tous les deux près du feu qui crépitait, ils se regardaient

dans les yeux scintillants de bonheur sous un ciel rempli d’étoiles.

Après avoir parlé de l’avenir, ils décidèrent d’aller se coucher, la nuit s’annonçait plutôt fraîche et le vent s’était levé.

Heureusement, John avait emporté une couverture supplémentaire connaissant Ketty si frileuse.

À trois heures du matin, ils furent réveillés par un grand coup de tonnerre ! Rien n’avait présagé des intempéries de la sorte, le vent se mit à souffler de plus en plus fort, claquant la toile de la tente. John alla voir à l’extérieur, l’obscurité y régnait, rien ne filtrait tellement le noir était intense.

Il ressentait le souffle du vent tournoyer autour de lui, il décida d’agir au plus vite.

–Lève-toi Ketty ! il faut aller se mettre à l’abri ! C’est un cyclone ! Nous ne pouvons pas rester là !

–Oh ! mon Dieu, qu’allons-nous devenir ! Je suis terrifiée John !

–Ne crains rien, allons dans une des grottes se réfugier, c’est l’endroit le plus sûr pour l’instant.

Il prit Ketty par le bras pour ne pas la perdre, tout en essayant de trouver l’entrée d’une grotte dans ce noir complet.

L’atmosphère devenait oppressante, le vent sifflait sur la roche rendant l’endroit aussi lugubre que de visiter un château hanté en plein orage. Ketty, bouleversée par les événements, s’agitait de plus en plus. Soudain un éclair qui était rare lors d’un cyclone surgit, éclairant un bref instant les alentours.

–Là, l’entrée ! John, l’entrée de la grotte, est là !

Son instinct de survie et sa peur plus forts que tout, elle se libéra de la main de John pour se mettre à courir droit devant où elle avait vu un bref instant l’entrée de la grotte, sans savoir le danger qu’elle encourait en cas de mauvaise direction.

–Ketty ! Attends-moi ! Tu vas te perdre comme ça !

La suivant aussitôt, il la rattrapa de justesse et tous deux arrivèrent à la grotte sains et saufs, ils étaient enfin en sécurité et l’abri pour le reste de la nuit. Mais peu de temps après, Ketty se mit à frissonner, ses habits étant trempés et le vent qui s’engouffrait dans la galerie n’arrangeait pas les choses.

–Mon Dieu, que j’ai froid John ! Clac, clac ! dit-elle, tremblante comme si elle allait faire une crise d’épilepsie !

–Ne bouge pas, je vais aller te chercher ton sac de couchage.

À ces mots elle lui répondit :

–Non reste ici, la tempête est trop violente, ça va passer chéri !

–Ne t’en fais pas, je vais faire vite, il ne faut pas que tu restes mouillée, tu vas attraper froid, je ne veux pas que tu tombes malade.

Sortant sous la pluie battante, avec le vent qui redoublait de violence, celui-ci le poussa aussitôt sur le travers, le portant à plusieurs mètres de l’entrée tel un fétu de paille. Un second éclair d’une intensité incroyable jaillit, aveuglant John un instant, pour la première fois depuis fort longtemps, il avait ressenti la même peur, que lorsqu’il était parti avec son régiment dans un conflit de plus de six mois sur un autre continent.

La toile de tente près du gros rocher avait disparu, plus rien ne subsistait du campement, tout avait été balayé par la force du vent.

Il se baissa pour retrouver le stock de bois qu’il avait fait pour lui faire un feu, mais en vain, disparu également.

À quatre pattes, les mains au sol, il tâtonnait pour chercher des morceaux de bois, tout en résistant au vent qui essayait de le soulever pour l’emporter dans son tourbillon !

La pluie frappait son visage violemment, les gouttes d’eau semblaient être aussi dures que de la grêle l’empêchant d’ouvrir ses yeux correctement. Il était maintenant totalement plaqué au sol, le moindre mouvement demandait des efforts incroyables, ses mains se crispaient en tenant des touffes d’herbes qui s’arrachaient à cause du sol détrempé par la pluie.

Il commençait à se demander s’il allait s’en sortir, la terre devenait boueuse, n’ayant plus de prises, allongé il glissait comme un patin à glace, l’emportant comme un pantin de plus en plus loin, il n’arrivait pas à contrôler sa dérive, pensant que le ravin ne devait plus être très loin. Au prix d’énormes efforts, il s’agrippa à une petite roche tentant de souffler un peu. Tout autour de lui n’était que nuit noire, ce qui l’empêchait d’avoir le moindre repère. Dix minutes venaient de s’écouler, il luttait toujours sans relâche contre le vent les bras serrés sur son caillou qui était devenu sa bouée de sauvetage. Lorsque d’un coup net le souffle du vent s’arrêta, déroutant John ! Il comprit qu’il était en fait dans l’œil du cyclone, l’occasion était trop belle, il se releva tant bien que mal en marchant les bras en avant tel un aveugle cherchant son chemin sur une sorte de patinoire où au moindre geste, il glissait à terre. John s’énervait balançant ses bras en avant puis en arrière, en hurlant son désespoir de retrouver sa bien-aimée, il décida de marcher plus vite, mais encore une fois il tomba sur un terrain qui devenait un vrai bourbier. Sa détermination lui faisait honneur, mais le vent après une pause de courte durée, recommença à reprendre de la vigueur. Il avançait penché en avant contre l’effarant souffle du cyclone et un instant plus tard, il se cogna la tête sur une paroi rocheuse.

Il la toucha pour voir si ce n’était pas un mirage, non, il avait réussi à atteindre le bon côté, il reprit bon espoir. Continuant d’être sur le bon chemin, il en oublia de prendre du bois.

Perpétuellement dans la noirceur de la nuit sans fin, il mit ses mains contre la roche, pour se guider tout du long, afin de ne pas manquer l’entrée de la grotte. Ses efforts furent récompensés cinq minutes plus tard, il était dans l’une d’elles.

–Ketty ! Je suis là où es-tu ! criait-il confiant.

Rien, absolument rien, pas une âme qui ne répondait à son appel !

Il se sentit de nouveau seul, tel un petit enfant que l’on oublie par mégarde dans une allée d’un supermarché.

–Je ne dois pas être dans la bonne, bon sang ! il y en a cinq de ces fichues entrées ! Il va falloir que je les fasse toutes hein ! Dites-le-moi, qu’ai-je fait pour mériter cela !

Sa dérive l’avait emporté plus loin de ce qu’il avait pensé au départ.

Deux grottes venaient d’être faites quand séance tenante, un flash lumineux qui n’avait rien à voir avec un éclair déchira la nuit par son éclat en une fraction de seconde puis disparut.

Cela semblait sortir tout droit des entrailles de la grotte suivante !

–Qu’est-ce que c’était ?

Au bout d’effort acharné la rage au ventre, il entra dans la suivante, pour crier :

–Ketty, Ketty je t’en prie réponds-moi !

Rien pas un son ! S’enfonçant un peu plus dans la grotte, en ayant allumé son briquet, il pensait qu’elle était peut-être blottie dans un coin épouvantée. Avançant à petits pas droit devant lui, il mit son pied droit sur quelque chose de mou, regardant en direction du sol, il découvrit une chaussure sous son pied, qui semblait être celle d’une femme ! La prenant dans sa main, abasourdi la regardant de plus près, il constata, que c’était bien l’une des chaussures de sa Ketty !

–Oui c’est bien ça ! C’est la sienne ! Mais où es-tu ?

Il redoubla ses appels.

Il avait les pensées les plus folles !

« Ce n’est pas le moment de craquer, pensa-t-il, il faut que je réfléchisse ! » Sa décision fut de s’engager beaucoup plus loin dans la galerie, croyant peut-être qu’au lieu de vouloir sortir, elle s’en était allée en sens inverse prise de panique ! Mais le briquet qu’il tenait dans sa main depuis à peine une minute lui brûla les doigts, car la chaleur s’était répandue sur le briquet en métal, devenu trop chaud, il le lâcha instinctivement sur le sol.

« Quel idiot ! se dit-il, c’est malin, il va falloir que je le retrouve maintenant ! » Il ne mit pas longtemps à le retrouver grâce à sa chaleur. L’unique façon de chercher correctement était d’y voir clair, alors il eut l’idée de faire une torche. Il revint sur ses pas, pour chercher du bois à l’extérieur. Mais pas question de retourner aussi loin, il ne voulait pas se perdre une nouvelle fois. Mais la chance cette fois-ci était au rendez-vous, le vent avait faibli, à l’évidence le cyclone s’éloignait, il put trouver des branches d’un arbre que le vent avait dû arracher en amont et fait virevolter au pied de la grotte.

Il frappa les branches sur la roche afin d’enlever l’excédent d’eau. Avec dextérité, il confectionna une torche attachant les ramifications de bois entre elles avec les lacets de ses chaussures, il enleva son parka pour prendre son tee-shirt qui était encore un peu sec.

L’enroulant tout autour de la torche également et après plusieurs tentatives, il réussit enfin à l’allumer, au moment où il n’y croyait plus.

Sans attendre, il se mit en route en répétant sans cesse son prénom. L’écho renvoyait le son de sa propre voix sans suite. Au bout de six minutes la torche perdit de sa luminosité pour finir par s’éteindre, le replongeant de nouveau dans le noir !

N’y voyant plus rien, et complètement désorienté, il ne fit que trois pas de plus, pour finir par chuter dans une crevasse d’une hauteur d’au moins deux mètres.

Au moment de l’impact sur le sol, John sursauta, ouvrit les yeux comprenant qu’il avait encore fait son horrible cauchemar, pour finir les larmes aux yeux.

–Je n’en peux plus, se disait-il, hanté par sa disparition, il faut que ça cesse, je vais devenir dingue, il faut savoir ! Oui, savoir ce qui lui est arrivé aux grottes !

Sa seule façon d’aboutir à une réponse, c’était de reprendre l’enquête abandonnée par la police six mois après sa disparition, surtout que les investigations n’avaient abouti à aucune piste.

–Oui, c’est la meilleure chose à faire, demain je retourne aux grottes ! et je jure que j’y mettrai tout le temps qu’il faut, mais je ne renoncerai pas cette fois-ci.

Chapitre 3 : L’enquête !

Le jour suivant le soleil venait de faire son apparition dans le ciel déjà d’un bleu azur.

Les oiseaux gazouillaient dans les arbres, parsemés tout autour de la maison annonçant une bonne journée.

Les écureuils pointaient leurs petits museaux timidement hors des trous des troncs d’arbres.

Le chalet de John était retiré du village, près d’un bois où coulait une rivière à cinquante mètres de la maison. Une balancelle fixée sur le sol de la terrasse ballottait sous la brise du matin. Le jardin et les massifs de fleurs de Ketty étaient envahis par les mauvaises herbes, il n’avait plus le goût ni l’envie depuis longtemps de s’en occuper.

John s’était affairé aux préparatifs, ne voulant rien laisser au hasard cette fois-ci. Voyant qu’il lui manquait beaucoup de matériel pour son expédition, il savait qu’il pouvait compter sur son ami Black Bor qu’il connaissait depuis dix ans et qui tenait un bazar sur la route 61, on pouvait y trouver de tout. Ils étaient comme deux frères, prêts à faire les quatre cents coups ensemble, le soir surtout au bar du village, dans des parties de jeux de fléchettes interminables. Black était originaire du village son trisaïeul n’était que Joe le trappeur qui vendait ses fourrures aux touristes inexpérimentés.