Le puits - Thomas Poncelet - E-Book

Le puits E-Book

Thomas Poncelet

0,0

Beschreibung

Urgentiste dans un hôpital de Detroit, Louis est dépêché sur le site d’un accident de voiture qui, de manière inexplicable, disparaît quelques instants plus tard. Le lendemain, alors qu’il retourne sur les lieux, la même voiture le heurte, le transportant soudainement auprès de ses parents décédés plusieurs années auparavant. Pourtant, malgré cette réunion tant espérée, Louis ressent un vide dans son cœur…


À PROPOS DE L'AUTEUR

Surnommé « Spielberg » par ses proches en raison de son esprit foisonnant d’histoires, Thomas Poncelet est un dévoreur de livres. Un jour, une idée a germé en lui : et s’il donnait vie à ses rêves ? "Le puits" est sa première réalisation littéraire.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 288

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Thomas Poncelet

Le puits

Roman

© Lys Bleu Éditions – Thomas Poncelet

ISBN : 979-10-422-2684-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Au roi Stephen

1

Un matin qui va mal

— Chéri, lève-toi, il est l’heure.

Le radio-réveil en était à sa quatrième chanson sans que Louis ait esquissé le moindre geste, Carla avait l’habitude de le voir traîner au lit le matin, et même si cela ne faisait que 2 ans qu’ils vivaient ensemble, ils se connaissaient déjà très bien.

— Tu vas être en retard, il est 27.

7 h 27, il savait qu’il pouvait se le permettre, mais dans une heure il devait être à son travail.

— J’y vais tout de suite, et toi tu prends à quelle heure ?

— À 10 heures, mais allez file, tu vas encore être en retard et tu sais très bien que Gilles ne va pas être content une fois de plus.

Il se leva non sans lui avoir fait un bisou.

Il n’était pas très grand, blond, mais plutôt pas trop mal foutu, un look à la Brad Pitt, comme disait souvent Carla, et elle se sentait tellement bien avec lui.

Il mit la cafetière en route et courut dans la salle de bain prendre une douche rapide, puis revint 14 minutes après, habillé, prêt à partir. Il regarda l’horloge qui indiquait 7 h 43.

Il était ambulancier pour les urgences à l’hôpital Henry Ford de Detroit qui se trouvait à 3 ou 4 minutes en voiture, il s’assit donc à la table pour avaler son grand bol de café et deux des cinq bouts de brioche qui restaient et que Carla ne voulait pas manger.

Il prit le stylo-feutre et écrit sur l’ardoise accrochée à côté du frigo : « Ce soir j’irais faire les courses, JE T’AIME !!! »

Carla, elle, préparait une licence en droit, et même si c’était très dur, elle ne s’en sortait pas trop mal, ses profs disaient qu’elle avait de grandes facultés et qu’elle pouvait aller très loin.

Encore plus petite que Louis, brune avec des cheveux jusqu’au milieu du dos, elle n’était pas métisse, mais elle avait un teint plutôt bronzé et des yeux noirs.

Il enfila ses chaussures, prit ses clés de voiture, son manteau, et sortit sans faire de bruit, il était 7 h 49.

Quand il mit le nez dehors et le regretta tout de suite, il ne devait pas faire plus de trois ou quatre degrés, il y avait de la brume et du givre sur le pare-brise des voitures. Il n’avait pas envie d’aller travailler, il était si bien avec elle et la seule chose dont il avait envie à l’instant présent était de remonter pour rejoindre la femme de sa vie qui dormait bien paisiblement au chaud.

Il avait dans un coin de la tête l’idée de la demander en mariage, il mettait de l’argent de côté pour lui offrir le plus beau des mariages, un mariage de princesse.

Mais il vit également le visage de son chef, Gilles, qui était son cadet de deux ans, et qui ne demandait pas énormément à son personnel, mais pour lui, la moindre erreur ou le moindre oubli, et c’était la vie de quelqu’un qui pouvait être en jeu. Certes, il ne prenait pas toujours des pincettes pour dire ce qu’il pensait, mais il avait la reconnaissance d’être droit et franc.

Il referma son manteau en cuir et sortit les clés de sa voiture qui était garée sur le petit parking juste en face de chez eux. Il les fit tomber, se baissa pour les ramasser, se releva, et elles retombèrent, il les ramassa une nouvelle fois en faisant attention de ne pas les relâcher.

Il arriva à côté de la voiture, voulut mettre la clé dans la serrure, mais ses mains étaient tellement froides que les clés lui échappèrent et tombèrent à nouveau. Il les reprit et réussit à ouvrir la portière, s’assit au volant, introduisit la clé dans le contact, la tourna et… rien.

La voiture n’avait pas l’air de vouloir démarrer. Il faut dire qu’elle n’était pas toute jeune, elle devait même être plus âgée que lui.

— Allez ma vieille, pas ce matin !

Sa montre indiquait 7 h 51. À pied, ils habitaient un petit appartement au 2638 boulevard Rosa Parks et l’hôpital était, en courant, à trente minutes, et il savait très bien qu’il pouvait le faire, mais le froid qu’il faisait ne lui en donnait pas la force.

Il ressaya plusieurs fois, mais elle ne voulait rien entendre. Encore deux ou trois, se dit-il, et je n’aurais pas le choix, je devrais affronter le vent et le froid. Il se résigna après une dernière tentative infructueuse, il sortit de la voiture, referma la porte à clé et en voulant les remettre dans sa poche, il les fit tomber.

— ‘TAIN !!! Ce n’est pas mon jour.

Il les ramassa, les mit dans sa poche, regarda sa montre, il était 7 h 54, puis il partit en courant.

8 h 23, c’était l’heure quand il poussa la porte des urgences, il faisait tellement froid qu’il n’avait presque pas transpiré en courant.

Il rentra avec cette sensation que son responsable allait être derrière la porte, muni d’un fusil à pompe.

Effectivement, il était là, pas pour l’attendre, mais parce qu’il passait là par hasard.

Gilles était brun, de taille moyenne, et même s’il avait un nom à connotation italienne, Guordalini, il était blanc de peau, plutôt jeune pour un poste de responsable aux urgences.

Ils s’arrêtèrent tous les deux puis après quelques secondes, qui lui avaient semblé une éternité, il lui dit en regardant sa montre :

— Monsieur Louis, fidèle à soi-même à ce que je vois, bien joué, t’inquiète c’est tranquille y a personne.

— Désolé chef, ma voiture n’aime pas le froid.

— Celle-là, quand vas-tu penser à la changer ?

— J’y travaille, chef.

Puis Gilles se retourna et reprit son chemin. Effectivement, il n’y avait personne, Louis alla en salle de pause pour rejoindre ses collègues.

Quand il arriva, il allait attraper la poignée lorsque celle-ci s’ouvrit violemment en lui retournant le poignet :

— AÏE !!! cria-t-il.

— Louis, excuse, ça va ? c’était Nicolas son collègue.

Très grand et mince, pas rouquin, mais il avait des reflets qui tiraient sur le roux, avec de grands yeux verts.

Il ne lui répondit pas tout de suite, la douleur lui donnait envie de pleurer, mais il ne voulait pas en montrer le moindre signe, il finit par dire à son collègue :

— Ça va aller, qu’est-ce qu’il t’arrive ?

— Vite un accident sur Luther, la police est en route.

L’accident avait lieu sur le boulevard Martin Luther-King Junior où se produisaient régulièrement des accidents.

Après s’être habillés, les deux collègues sautèrent dans l’ambulance, mirent la sirène et prirent la route.

Arrivés sur place, les deux ambulanciers trouvèrent une Ford Mustang bleue encastrée dans un poteau électrique, fort bien abîmée elle aussi. La voiture avait foncé dessus pour le taper au niveau de la porte-conducteur qui arrivait au milieu de la voiture.

— Oh la vache ! s’écria Nicolas.

— Ça ne va pas être beau tout ça.

La police n’était pas encore sur place, alors les deux collègues descendirent de l’ambulance et avancèrent vers la voiture avec cette appréhension de ce qu’ils allaient trouver dedans.

Arrivés à hauteur de la voiture, il y avait du sang qui fumait sur le capot, mais personne à côté, ils regardèrent au niveau de ce qu’il restait de la porte-conducteur, ils ne trouvèrent aucune trace de qui que ce soit dedans.

Après avoir fait le tour de la voiture et examiné de plus près, il n’y avait personne dedans, ni sur le siège conducteur ni sur le siège passager.

Louis se tourna vers Nicolas et lui lança :

— Mais merde, c’est impossible, vu le choc comment il a fait pour sortir avant l’impact ?

— Et aucune porte ouverte, ce n’est pas possible.

Les deux hommes continuèrent l’inspection de la voiture, mais aucune trace de quiconque ni même dans les environs et là, ils réalisèrent que la police n’était pas là.

— Attends, dit Nicolas, je les appelle.

Il prit son téléphone et fit le numéro de la police :

— Bonjour, je suis ambulancier aux urgences, quelqu’un de chez vous a appelé pour un accident sur Luther-King, mais il n’y a toujours personne sur place. Oui, au croisement de la 14e rue. OK, je suis Nicolas Agalfred, je travaille pour le Henri Ford. Merci, passez le bonjour à Florent Webirono, c’est un pote.

Louis attendit qu’il raccroche et lui demanda :

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Personne ne sait ce qu’est cette histoire, ni n’a téléphoné, personne n’est au courant.

— Ils arrivent ?

— Oui, du coup une patrouille est en route.

À ce moment-là une nouvelle demande d’intervention se fit entendre dans la radio de l’ambulance.

— C’est pour nous ? dit Louis. On fait quoi ?

— Écoute, y a personne et les flics arrivent, alors on bouge, ça ne sert à rien de rester ici.

Ils reprirent la route vers leur nouvelle intervention.

Peu avant midi, les deux hommes étaient dans la salle de repos pour boire un petit café qu’ils avaient bien mérité, tant cette matinée n’avait pas été de tout repos.

Ils cherchaient un moyen afin de se changer les idées, quand une infirmière entra et dit à Nicolas.

— Nico téléphone, Webirono qui voudrait te parler.

— Ah cool, j’arrive, c’est mon pote flic, il va nous en dire plus sur ce conducteur qui a disparu.

Quelques minutes après, Nicolas revint en salle de pause, blanc comme un linge, et dit à Louis :

— C’était mon pote flic, il m’a demandé à quoi je jouais, trois minutes après notre appel, une patrouille de police est arrivée où on leur a dit.

— Oui, et ?

— Rien, ils n’ont trouvé ni voiture ni accident et le poteau, aucun poteau d’abîmé. Ils ont décidé de faire tout le boulevard et n’ont rien trouvé. C’est quoi ce truc ?

— Ce n’est pas possible, on l’a vue cette voiture.

— C’est ce que je lui ai dit, il a cru à un canular, c’est pour ça qu’il a voulu m’appeler, mais je lui ai certifié qu’on l’a vu cette voiture.

— Tu sais quoi, il est midi, on mange chez l’Indien qui est sur la 3e, comme ça on passera devant et on verra.

— Si tu veux, viens on y va.

Ils sautèrent dans l’ambulance en direction du boulevard Martin Luther-King junior.

En arrivant au niveau de l’accident qu’ils avaient vu ce matin, ils se décomposèrent en découvrant qu’il n’y avait aucune trace d’accident et les poteaux étaient intacts.

Ils décidèrent d’aller manger même si cette histoire leur avait un peu coupé la faim, ils prirent quand même deux sandwichs qu’ils mangèrent dans l’ambulance.

La fin de journée parut très longue, ils n’arrivaient pas à effacer la vision de cette voiture encastrée dans le poteau, mais les 15 heures arrivèrent tant bien que mal et les deux jeunes hommes, avec du mal, se dirent au revoir.

Louis rentra chez lui après avoir été faire les courses à la supérette du quartier puis il arriva vers 16 heures avec le moral dans les chaussettes.

Sur les coups de 18 h 30, Carla rentra chez elle après une bien longue journée.

— Chéri, je suis rentrée, t’es où ?

Elle découvrit son amoureux assis dans le canapé, la lumière et la télévision éteintes.

— Pourquoi tu n’es pas venu me chercher, et qu’est-ce que tu fous dans le noir ?

Il sursauta, il ne l’avait pas entendue rentrer :

— Ah chérie !

— Qu’est-ce qu’il t’arrive, ça ne va pas ?

Il lui raconta en détail tout ce qu’il lui était arrivé ce matin et surtout l’histoire de cette voiture qui avait disparu seulement trois minutes après qu’ils soient partis et ce poteau qui s’était redressé comme par magie.

— Oui effectivement, c’est bizarre ton histoire, tu veux que je te fasse couler un bain chaud et que tu te délasses dedans le temps que je prépare un truc à manger ?

— Non merci, je crois que je vais aller coucher, tu ne m’en veux pas ?

— Non aucun souci, vas dodo chéri, je me fais à manger et de toute façon j’ai des trucs à réviser.

Louis se leva et partit en direction de la chambre.

— Et tu n’oublies rien ? Le bisou ce n’est pas possible ?

— Pardon, à demain.

Il lui fit un bisou.

— À demain, dors bien.

Il alla dans la chambre pour se coucher, elle se fit un peu de pâtes, s’installa devant le bureau et sortit tout un tas de livres et de cahiers pour réviser.

Sur les coups de 22 heures, elle décida d’aller se coucher, elle passa par la case salle de bains afin de se brosser les dents puis alla au lit.

En entrant dans la chambre, elle fut étonnée du silence qu’il régnait là, pas de ronflements, et elle vit son amoureux allongé, les yeux ouverts.

— Bein tu ne dors pas ?

— Je n’y arrive pas.

— Mon chéri…

Elle se coucha à ses côtés et lui souhaita bonne nuit.

2

Rencontre accidentelle

6 h 59, Louis coupa le réveil avant qu’il ne se déclenche, se leva d’un seul coup, prit ses affaires et se dirigea vers la salle de bain pour prendre sa douche, il n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit.

Il partit dans la salle de bains, avala un petit pain au lait puis sortit sans même chercher à démarrer sa voiture, il partit à pied.

Quelques minutes plus tard, il arriva à ce fameux croisement et bien évidemment, aucune trace de l’accident.

Il était perdu, il n’arrivait pas à comprendre ce qu’il s’était passé. Pourquoi cette voiture avait disparu et surtout comment se faisait-il que ce poteau se soit redressé tout seul ?

Il décida de remonter plus haut dans la rue, rien, il redescendit de l’autre côté, mais toujours pas de trace d’un quelconque accident, où était passée cette voiture ?

Il s’assit au sol non loin de là et se mit à réfléchir à toute l’histoire, heureusement qu’il n’était pas tout seul à l’avoir vue, sinon il y aurait de quoi devenir fou, mais d’un autre côté, ça lui paraissait encore plus bizarre.

Il regarda sa montre, 7 h 51, il était en retard, mais peu importe, il repartit à pied et se dit qu’il allait rentrer chez lui retrouver sa douce pour dormir, il prit son téléphone afin de prévenir son travail.

Il repassa devant le poteau, il s’arrêta à côté et une larme se mit à couler.

Quand il rouvrit les yeux, il se dit qu’il fallait qu’il appelle pour prévenir de son absence. Il fit le numéro et quelqu’un décrocha, c’était Ashley à l’accueil des urgences, il lui dit :

— Oui Ashley c’est Louis, je ne suis pas bien ce matin, je crois que je ne vais pas pouvoir venir, tu peux prévenir Gilles ? Quoi ? Nicolas vient d’appeler ? Il n’est pas bien non plus ?

Il savait que s’il ne venait pas, son chef ou un de ses collègues du service de nuit pouvait le remplacer au pied levé, mais si ni lui ni son coéquipier n’étaient là, cela serait plus difficile pour les remplacer. Il hésita un long moment et finit par dire :

— Écoute, je ne suis pas bien, mais je ne peux pas laisser Gilles en galère, ni la patrouille de nuit, j’arrive dans…

À ce moment-là en relevant les yeux, il eut une vision d’horreur quand il vit une Ford Mustang bleue qui descendait sur le boulevard Martin Luther-King.

Il lâcha son portable et regarda la voiture arriver à toute allure, il ouvrit grand la bouche.

Il vit aussi de l’autre côté du boulevard un chien errant qui a commencé à traverser la rue. Il se doutait de ce qui allait arriver, et ce qu’il attendait arriva, le chien traversa la route juste devant la voiture.

Le conducteur fou mit un grand coup de freins et partit dans une danse folle, à droite, à gauche, et il réalisa qu’elle lui fonçait dessus, mais aussi que c’était la même qu’il avait vue la veille au soir.

Le mauvais pilote perdit le contrôle de son bolide et elle lui fonça droit dessus, qu’il ne put esquisser le moindre geste, et la voiture le percuta au niveau du pare-chocs.

Il tapa le pare-brise, s’éleva dans les airs et retomba violemment sur le trottoir. Quant à la voiture, elle alla percuter le poteau au niveau de la porte-conducteur.

En essayant d’ouvrir les yeux, Louis était ébloui par une lumière vive et il lui fallut près d’une minute pour réussir à y voir quelque chose.

Il s’assit.

Il arriva tant bien que mal à discerner ce qui l’entourait. Il était trempé, alors il se leva et remarqua qu’il se trouvait dans un petit ruisseau. Autour de lui il n’y avait rien si ce n’était une prairie et une forêt un peu plus loin au bout du ruisseau.

Mais à part ça, rien.

Il avait beau être mouillé, il ne faisait pas si froid que ça, mais pas chaud non plus.

Il ne comprenait ni où il était, ni ce qu’il faisait là.

Il se demanda où pouvait-il aller, le ruisseau dans lequel il se trouvait paraissait venir de nulle part, d’un côté et de l’autre, il y avait une forêt qui était à une centaine de mètres.

Quoi faire mis à part aller vers cette forêt ?

Alors il partit en direction de celle-ci.

Il était dans un état de tranquillité et d’apaisement et il avançait paisiblement le long du ruisseau quand tout à coup la vision de la Ford Mustang bleue lui revint.

Il tomba à genou et fondit en larmes, où était-il ?

Il n’en savait rien du tout, mais il fallait bien aller et faire quelque chose, alors il se ressaisit et partit en direction de la forêt.

En arrivant à l’orée du bois, il ne distinguait pas grand-chose, il hésita, que faire, rentrer ou pas dans cette forêt ?

En même temps, il n’y avait rien d’autre autour, alors il s’y résigna et entra dans la pénombre de cette forêt.

À peine entré, il remarqua une chose, il n’y avait aucun bruit autour de lui, pas d’animaux ni même d’oiseaux, puis il remarqua que le ruisseau tournait à angle droit sur la gauche, il décida alors de suivre en face.

La peur le traversa, il continua d’avancer à travers les arbres de cette forêt.

Heureusement qu’il y avait de la lumière qui venait de quelques trous au travers des arbres pour qu’il puisse avancer, sinon il se résignerait à rebrousser chemin.

Il avança pendant encore un moment qui lui sembla une éternité, il se rendit compte qu’il n’y avait rien si ce n’était des arbres et des fougères.

Il n’était pas certain d’avancer tout droit, mais il essaya tant bien que mal d’aller en ligne droite et au bout d’un petit moment à crapahuter au travers de ce bois qui lui semblait interminable, il commença à perdre espoir.

Fallait-il qu’il continue à s’engouffrer dans ce paysage d’horreur ? Mais toujours est-il que rien ne lui prouvait qu’il allait arriver à trouver une sortie à ce bois.

Il remarqua soudainement qu’il n’y avait pas grand-chose au sol si ce n’étaient que des feuilles et un peu de mousse, il remarqua aussi trois ou quatre cailloux.

Mais oui, est-ce la solution ?

Il en ramassa puis il les déposa derrière lui.

Il en ramassait régulièrement pour pouvoir marquer son passage en essayant de respecter une ligne droite.

Au bout d’un petit moment, il arriva à angle droit devant une rangée de cailloux, était-ce les siens ?

Comment est-ce possible, il avait bien fait attention à marcher en ligne droite et là, la preuve était que pas du tout. Il regarda la rangée devant lui, elle avait l’air d’être droite, puis derrière lui les cailloux le semblaient aussi.

Mais comment est-il possible qu’une ligne droite se croise à angle droit ?

Ou alors ils appartenaient à quelqu’un d’autre, seulement il n’avait vu personne auparavant, c’était très certainement les siens.

Il remarqua que derrière lui il pouvait voir où il était passé et au bout d’un petit moment, il se résigna à faire demi-tour même si l’idée de retraverser tout ce qu’il venait de traverser ne le réjouissait pas de trop.

Il fallait bien faire quelque chose parce que là, il allait devenir fou, alors il repartit dans le sens inverse grâce aux cailloux qu’il avait laissés au sol.

Il avança pendant quelques minutes, puis d’un seul coup, plus rien, où étaient-ils ?

Comment cela était-il possible ?

Il se retrouva perdu, il ne comprenait pas ce qu’il se passait et il décida tant bien que mal de repartir tout droit, non sans être littéralement perdu.

Il avança encore quelques minutes et arriva au ruisseau qui tournait à gauche et donc à droite pour lui. Comment est-ce possible que l’aller lui parût des heures et le retour ne lui parût que quelques minutes ?

Il se dit pourquoi ne pas le suivre, c’était la dernière chose à faire, alors il s’y résigna et partit à côté.

Il avança pendant quelques minutes puis ce qu’il vit était encore plus irréaliste, le ruisseau se terminait sous une porte.

Mais elle était là, droite devant lui dans ce bois au milieu de nulle part.

Pourquoi une porte ?

Il fit le tour, mais ne comprenait pas comment il se faisait que de l’autre côté il n’y eût plus rien, comme si celui-ci se perdait en dessous de cette porte qui ne devait pas se trouver là.

Il refit le tour et décida d’essayer de l’ouvrir.

Il saisit la poignée, la tourna et l’ouvrit, elle n’était pas fermée à clé.

Il l’entrouvrit et regarda dans l’ouverture, mais ne distingua rien de plus que si elle n’était pas là.

Alors il l’ouvrit complètement et ce qu’il vit lui glaça les os, le ruisseau s’arrêtait là, passé la porte, il n’y avait plus rien, que la forêt.

Il ramassa un caillou et le lança à travers l’ouverture, il arriva bien plus loin, mais lorsqu’il le chercha de l’autre côté, il n’y avait rien.

Il avança jusqu’à la porte, se mit dans l’axe de la tranche, passa la main, regarda de l’autre côté, rien, le bras n’avait pas l’air d’avoir traversé.

Il était de plus en plus perdu.

Il s’assit devant la porte, ramassa tous les cailloux qui lui passaient sous la main et les lança sur l’ouverture de cette satanée porte.

Mais où pouvaient bien passer tous ces cailloux ?

Il était perdu et ne comprenait rien de ce qu’il se passait, il fit le compte rendu de tout ce qu’il s’était passé depuis son réveil dans ce ruisseau.

Il se demandait s’il devait passer cette porte, et pour quoi faire si lui aussi disparaissait en la passant.

Puis il se dit qu’il n’en était plus à ça près, perdu pour perdu…

Alors, il prit son courage à deux mains, se leva, se mit à marcher dans la rivière et se dirigea vers la porte. Il avança, s’approcha et au moment de passer la porte…

RIEN.

Il s’arrêta après l’avoir passée et se rendit compte qu’il était toujours dans la rivière. Il se retourna et vit la porte ouverte avec la forêt à travers, mais pas de ruisseau…

Il ne comprenait rien et se demandait s’il était passé ou s’il avait fait demi-tour, alors il se dit que le meilleur moyen de savoir si c’était le cas c’était d’avancer jusqu’au moment où le ruisseau tournait.

À son arrivée dans le bois, il partait à gauche donc logiquement, en sens inverse, il devait tourner à droite.

Il longea le cours d’eau encore un peu et arriva à ce fameux croisement. Seulement, au lieu de tourner à droite, celui-ci tournait à gauche.

Bon OK, il ne tourne pas dans le bon sens, il n’était plus à ça près, il continua à marcher le long du ruisseau jusqu’à ce que celui-ci termine sa course sous un puits.

Il remarqua l’orée du bois ainsi qu’une maison.

Il se précipita pour s’extirper de la forêt et voir s’il ne rêvait pas, et là il remarqua qu’il n’y avait pas une maison, mais plusieurs dizaines.

Il se dirigea vers la première et remarqua qu’il n’y avait pas de fenêtres et pas de porte d’entrée, il regarda la deuxième, même chose. Il décida de rentrer dans la première pour voir s’il pouvait trouver quelqu’un.

Il rentra en appelant, mais personne pour lui répondre, il alla dans la cuisine, personne, dans le salon, personne, alors il décida d’aller faire un tour dans les chambres, personne, pourtant la maison ne semblait pas être inoccupée, il y avait des verres sur le meuble de cuisine et même des pantoufles dans l’entrée.

Il ressortit et décida d’aller dans la seconde maison, il entra et fit le tour, mais rien, personne. Il fit de même avec la troisième et quatrième maison, mais personne.

En sortant, il entendit un bruit plus loin, cela venait des maisons qui semblaient au milieu des autres.

Alors il courut pour voir ce qu’il entendait, arriva au coin d’une des maisons, et il vit plusieurs tables avec plein de gens autour. Il s’arrêta net et se demanda ce qu’ils étaient en train de faire.

Ils mangeaient tout simplement et au bout de deux ou trois minutes, il se décida à avancer.

Il sortit donc d’un air penaud en s’excusant, tout le monde le regarda d’un air stupéfait quand d’un seul coup il entendit quelqu’un se mettre à crier :

— LOUIS !!!

Il se tourna vers celle qui avait crié et qui était en train de se lever.

Il la reconnut tout de suite, mais cela n’était pas possible, mais si elle le connaissait, cela était peut-être elle.

En la voyant, il n’y avait aucun doute, c’était elle.

Anne, sa mère…

Tout de suite après, il remarqua qu’il y avait son père à côté d’elle et qu’il se levait également.

— Mais que fais-tu là ? Pourquoi arrives-tu de là ? Pourquoi es-tu tout seul ?

— Pourquoi on ne savait pas que tu allais arriver ? lui demanda son père.

— Bah… Euh… Je… Je n’en sais rien, mais où suis-je ?

— Tu ne sais pas ? lui demanda sa mère. Tu ne sais pas où tu es arrivé ?

Anne avait une allure svelte, brune avec les cheveux ondulés qui tombaient sur les épaules.

Quant à Jean, il était longiligne, 1 mètre 80 environ, une coiffure à la brosse très courte, légèrement dégarnie.

— Non, je devrais savoir ? Et vous, que faites-vous là ? Et vivants ? Et pourquoi es-tu si jeune, et papa aussi ?

— Mais il n’y a pas que nous, regarde un peu, là, il y a tes grands-parents, et là tout autour de la table, il y a tous les ancêtres. Les familles Poncelet, Thomas et même Guion.

— Mais comment c’est possible !? En plus, je ne connais pas toutes ces personnes, il n’y avait que toi et mémère.

— Tu ne sais pas ? Et toi, comment es-tu arrivé ici et tout seul ? Mais attends, viens t’asseoir, tu vas nous raconter tout ça.

Louis alla à table, entouré de sa mère et de son père non sans avoir dit un grand bonjour à tous les membres de la table.

— Explique-nous ce que tu fais ici, demanda son père.

— Alors, je travaille au service des urgences à l’hôpital Henry Ford de Detroit, hier matin, on a été appelés mon collègue et moi pour un accident et en arrivant sur les lieux, il y avait une Ford Mustang bleue, mais aucun blessé, alors on a été appelés autre part. La police nous a appris par la suite qu’il n’y avait aucune trace de Ford Mustang sur les lieux, comme si la voiture s’était envolée. Le lendemain matin, je me suis rendu où s’était déroulé l’accident, et plus rien. À ce moment-là une Ford Mustang bleue est arrivée à toute allure, elle a perdu le contrôle et est venue me percuter juste à côté de ce poteau. Et je ne sais pas pourquoi, je me suis retrouvé dans un ruisseau, je l’ai suivi et me voilà.

— OK je comprends, lui répondit son père.

— Maintenant je vais t’expliquer où tu es et ce que tu fais là, lui dit sa mère. Mais avant il faut que tu comprennes que tout ce que tu connais et que tu as vu avant n’est plus, OK ?

— Euh… Oui… D’accord…

— Alors, tu vois, ici c’est un peu comme le Paradis.

— Ouais !?

— Là toutes les personnes que tu vois autour de la table, c’est toute la famille, il y a en tout cinq générations.

— OK.

— Il y a tous tes ascendants, on remonte jusqu’à Mathieu Guion, le premier à être né sur terre. Il y a aussi la famille Thomas avec Paul qui est l’oncle de ton grand-père, sa femme Emma Guion, ses frères et sœurs ainsi que ses parents, ce fameux Mathieu et son épouse Erika. Comme je te disais, il y a en tout cinq générations, ce qui représente au total 1 995 personnes. Tu vas me dire : « Mais tout le monde n’est pas là. » Eh bien non, vu que dans un couple il y a deux familles qui se croisent, les personnes peuvent aller dans l’une ou l’autre famille ou dans les familles des enfants ou des petits-enfants, ce qui fait qu’aujourd’hui, on est 1212 à table.

— Plus de 1 000 à table, mais qui fait à manger pour tout ce monde-là ?

— Tout le monde, chacun fait son propre repas et on vient manger ici et si quelqu’un veut goûter quelque chose de quelqu’un, il demande. Mais en général cela se passe bien, il n’y a pas de problèmes, c’est la famille. De plus, il faut que tu saches qu’ici, il n’y a pas d’animosité, ni de combat, rien de tout cela, c’est la paix.

— Et pourquoi avons-nous des prénoms très français ?

— Tout vient de la famille de Paul et Emma qui avaient des parents qui venaient de France, Erika et Mathieu sont arrivés aux États-Unis après avoir perdu leurs parents et ceux de Paul venaient également de France, mais vu que leurs parents sont morts jeunes, ils sont déjà repartis.

— Voilà pourquoi nous avons des prénoms français.

— Et des noms de famille.

— D’accord, et maintenant explique-moi aussi pourquoi toutes les maisons sont grandes ouvertes ?

— Comme je te l’ai dit, il n’y a pas d’animosité, pas de combat, pas de vols non plus, donc pas besoin de fermer de portes, de fenêtres ou ce genre de truc. On vit de pas grand-chose, on boit et on mange, mais nous n’avons jamais faim. Nous n’avons même pas besoin de jardiner, si ce n’est la récolte tous les soirs, ça se fait tout seul, et à part ça on discute entre nous ou on joue.

— Vous jouez ?

— Oui essentiellement.

— Et à quoi ?

— Toutes sortes de choses, Colin-Maillard, un deux trois soleil, dauphin dauphine, ce genre de jeux, il y a aussi un jeu que tout le monde adore ici, eh bien c’est la Choule.

— C’est quoi ce truc-là ?

— Oui, c’est un sport qui date de l’époque médiévale, qui est l’ancêtre du foot, du rugby ou du hockey.

— Très bien.

— Quoi te dire de plus ?

— Je ne sais pas, pourquoi es-tu si jeune ?

— Ah oui, alors sache que quand tu arrives ici, si tu es le premier du couple, tu choisis l’âge que tu auras ici. Tu dois choisir un âge qui sera entre vingt et trente ans. Et quand le deuxième arrive, eh bien il aura forcément le même âge que son conjoint, s’il y a.

— D’accord.

— Normalement, poursuivit sa mère, toutes les personnes ici, le sont pour une durée de 100 ans et après ce temps-là, tu repars en enf… euh… sur terre. Tu repars là-haut sous une nouvelle forme, tu peux repartir sous forme humaine, mais tu peux aussi repartir sous la forme d’un insecte ou d’un animal.

— Mais si tu es un insecte et que tu meurs, est-ce qu’il y a un paradis pour chaque espèce d’animal ?

— Non, tu repars directement sur terre, ainsi de suite jusqu’à être de nouveau un humain, ce qui explique que le nombre d’humains ne cesse d’augmenter.

— S’il y a plus d’animaux, comment cela va se passer ?

— Il y aura toujours des animaux, dans ce cas-là, il y aura moins d’hommes sur terre, ce qui explique les différences de démographie.

— OK.

— Et normalement, quand le deuxième du couple arrive à 100 ans de présence ici, ils accueillent un nouveau venu et repartent d’ici pour aller sur terre. Le problème c’est que personne ne devait repartir quand tu es arrivé, ce qui explique pourquoi nous sommes étonnés de ta présence ici, mais ça on verra.

Louis resta là avec sa famille, il discuta avec plusieurs personnes afin d’essayer de comprendre ce qu’il faisait ici, mais aussi pour apprendre plein de choses sur sa famille.

Arrivé à la fin du repas, il aida à débarrasser, ranger les tables, il fut surpris d’une chose, elles ne pesaient presque rien, comme si elles étaient faites en papier ou qu’il était devenu une superstar de la musculation.

Une fois rangé, il alla avec ses parents dans leur maison, ils s’installèrent au salon sur un des trois canapés et il leur demanda :

— Si je suis arrivé ici tout seul, comment cela va se passer, où vais-je dormir ?

— Ne t’inquiète pas, lui dit son père, il y a deux chambres vides ici pour accueillir les gens qui viennent nous rendre visite et qui n’habitent pas à côté, tu vas pouvoir dormir ici.

— Normalement, comme je t’ai dit, lui expliqua sa mère, dès qu’une personne repart, avant, il accueille le nouvel arrivant, il lui explique tout et lui indique la maison qu’il va pouvoir occuper.

— Mais si je suis arrivé ici sans que personne ne parte, ensuite dans quelle maison je vais avoir alors ?

— Je n’en ai aucune idée, dit sa mère, c’est la première fois que cela arrive.

— Mais à qui demander alors, qui dirige ici, comment les maisons sont-elles construites ici ?

— Elles sont là depuis toujours, lui dit sa mère. De même tout ce que tu utilises dans la vie de tous les jours, eh bien, rien ne se casse, les verres sont incassables.

— Mais qui dirige alors ?

— Tout le monde et personne, dit son père.

— Il faudrait demander à l’ancêtre, ajouta sa mère, l’ancêtre, c’est le nom de celui qui est le prochain à partir.

— Mais c’est qui ?