Le voyage inversé - Philippe Studer - E-Book

Le voyage inversé E-Book

Philippe Studer

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Beschreibung

Un cheminement intellectuel menant à une mise en cause de l'esprit taylorien dominant

Il est des expériences capables de changer nos vies pour le mieux, des expériences décisives grâce auxquelles ce qu’il y a de meilleur en nous refait surface avec tant de vitalité qu’il ne nous est plus possible de l’enfouir à nouveau. À la faveur d’une nuit d’éveil et d’inspiration en plein cœur de l’immensité amazonienne, Philippe Studer, co-fondateur et dirigeant d’une entreprise d’études marketing en pleine croissance (EDinstitut), prend une décision qui allait tout changer : partir en famille à la rencontre des peuples racines pour se reconnecter avec l’Humanité et la Nature pendant un an. Prendre le risque de tout abandonner, de faire un break, de vivre une forme de décentrement culturel radical pour mieux saisir l’essentiel. Revenu avec un œil et un cœur neufs, en compagnie de ses coéquipiers, il entame une transformation du fonctionnement de son entreprise. Il met aux oubliettes l’esprit taylorien qui a dominé l’entreprise du vingtième siècle et qui est encore de nos jours trop souvent aux commandes au profit d’un style de management fondé sur le lâcher prise, plus ouvert, plus fraternel et collaboratif. Ce livre propose le récit de cette aventure qui le conduit aujourd’hui à accompagner d’autres entreprises et dirigeants sur un nouveau chemin, celui de l’entreprise libérée.

Grâce à ce récit, découvez un nouveau style de management fondé sur le lâcher prise, la fraternité et la collaboration !

EXTRAIT

En y réfléchissant, on peut facilement se rendre compte que la Dictature de l’Urgence n’est pas sans conséquences. Travailler la tête dans le guidon, c’est être constamment sous stress. Le stress a un impact économique que le Bureau international du Travail estimait à la fin des années 2000 à environ 3 à 5 % du PIB des pays industrialisés. Ce qui se cache derrière l’impact économique du stress c’est une réalité humaine : le stress chronique, qu’il prenne la forme de l’anxiété, de l’agacement ou du découragement, nous rend moins intelligent et affecte négativement nos relations de travail, sans parler des problèmes de santé. Or chacun sait aujourd’hui qu’une entreprise ne peut se passer de l’intelligence de ses équipes. Ces choses essentielles que sont la satisfaction des clients ou la capacité à innover en dépendent directement.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Philippe Studer a fondé en 1985 l’institut d’études Marketing EDinstitut placé au 42e rang des instituts au niveau national. Il milite depuis 2009 pour l’amélioration de la Qualité de Vie au Travail (QVT) au sein des entreprises. Co-fondateur de l’antenne régionale et membre du conseil d’administration du Collectif Performance et Qualité de Vie au Travail, il est également co-organisateur de l’édition 2017 du TEDxAlsace, et participe à un groupe de réflexion piloté par Idée Alsace intitulé : Communauté apprenante « entreprises humanistes et collaboratives ». Il est co-fondateur en région Alsace du cercle des entreprises libérées initiés par Isaac Getz et Alexandre Gérard. Il dispense régulièrement des conférences sur le sujet de la QVT en France et à l’étranger, et est membre du Conseil de l’École Doctorale Augustin Cournot. Il a fondé l’association humanitaire Maya Solidarité en 2010 et est Président de l’association Ligne Verte Terre de Paix qui soutient les peuples racines à travers le monde.

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Philippe Studer avec la collaboration d’Éric Lemaire

Le Voyage

Inversé

De l’entreprise à la tribu

Je dédie ce livre à la mémoire de ma mère qui m’a inspiré le goût du voyage,à mon épouse, Fouzia,pour ses bons conseils et son soutien indéfectible,à mes deux garçons, Yanis et Noam ;enfin, à mon père qui m’a enseigné que dans une entreprise l’Homme doit compter avant tout.

Remerciements

Je remercie du fond du cœur : mes coéquipiers qui font vivre chaque jour notre vision commune : Aurélia, Brigitte, Cécilia, Sophie, Marie-Caroline, Carole, Nathalie, Nicole, Lionel, Romain, Guillaume, Jean-Claude, Nathanaël, Philippe, Sébastien G et Sébastien B ;

les membres des peuples racines que nous avons rencontrés, qui m’ont ouvert l’esprit et montré que d’autres voies étaient possibles ;

nos accompagnants extérieurs qui nous font grandir : Yannick Alexandre, Christophe Cahn, Laurent Bannwarth, Eric Hubler, Sandrine, Greg et Jennifer ;

les partenaires de notre écosystème : le Collectif Performance et Qualité de Vie au travail, Idée Alsace et les membres de son groupe de réflexion sur l’entreprise humaniste et collaborative, l’Adetem, le cercle des entreprises libérées, TEDxAlsace par l’intermédiaire de Salah Benzacourt ;

mes inspirateurs : Alexandre Gérard, Sébastien Henry, Mathieu Ricard, Frédéric Laloux, Éric Julien ;

et mes ami(e)s source d’équilibre : Anita, Claude, Denis, Éric, Gégé, Guy, Hervé, Jean-Claude, Jean-Philippe, Marc, Martin, Michel, Nicole, Olivier, Serge, Stéphane …

Préface duCollectif Performance et Qualité de Vie au Travail

Depuis la création du Collectif Performance et Qualité de Vie au Travail en 2013, de nombreux ouvrages, souvent bien argumentés, ont eu pour objectif de donner aux dirigeants d’entreprise des méthodes, des procédures destinées à faire évoluer leur management. Mais, conseils et habiles raisonnements suffisent-ils à « chambouler » la conception de l’ordre ancrée dans nos esprits depuis le début de notre vie ? Idriss Aberkane, dans son livre Libérez votre cerveau, parle de « Pétrification mentale » pour désigner ces croyances profondément ancrées opérant au centre de notre vie psychique, conditionnant notre intelligence. 

Le livre de Philippe Studer a ce grand mérite de présenter le récit d’une mise en question assez radicale d’une conception de la vie qui assimile la réussite essentiellement à l’enrichissement matériel. Il exprime totalement ce refus de sacrifier ce qui a du sens en retournant aux sources de l’humanité.

Le Collectif, dont il a été l’un des fondateurs, essaye de remettre la joie de vivre au cœur du travail, en encourageant l’ouverture d’esprit, l’authenticité, la création de liens simples et fraternels dans un espace-temps réduit. Philippe, sa femme et ses enfants, par leur exemple, donnent à chaque personne de leur entourage l’occasion d’apprendre par mimétisme à vivre au quotidien cette joie d’exister. Chaque rencontre avec Philippe recrée un chaleureux sentiment de bien-être. En retour il reçoit un élan d’amitié.

Bien plus qu’une préconisation, il nous plonge dans cette relativité qu’est la vie, il provoque dans notre cerveau (ou notre cœur, comme on voudra) un salutaire retour à l’humanité. Ce comportement donne du sens à ce que nous appelons « redonner de la place à l’irrationnel dans notre quotidien ». À travers l’exemple de Philippe, nous pouvons mesurer l’importance de certaines de nos intuitions. Il y a des décisions essentielles à notre équilibre qui semblent échapper à toute tentative de démonstration rationnelle rigoureuse. C’est un engagement presque mystique, un peu comme on entre en religion, à cette différence près qu’il ne cherche pas à vous évangéliser.

Lisez ce livre comme un roman, embarquez avec lui dans cette quête de recentrage ; osez remettre à plat les actes de votre vie qui semblent inexorables mais qui ne vous conviennent pas. Faites confiance à la vie ; vous relativiserez vos échecs, vos réussites, et serez capables de puiser l’énergie nécessaire pour aller de l’avant. Sortir du rationnel n’est pas facile tant nous sommes habitués à la normalisation rassurante. En réalité, les choses arrivent quand elles doivent arriver. Lisez ce livre et vous en sortirez différents. Vous comprendrez que le plus important n’est pas la quantité mais la qualité.

Denis Pollet, Président de l’association Collectif Performance et Qualité de Vie au Travail. Directeur national de Production de GCF.

Sacha Genot, Délégué Général du Collectif.

Préface de Sébastien Henri

Il y a de plus en plus de témoignages inspirants de dirigeants qui ont profondément transformé leur entreprise. Certains ont même décidé de la « libérer », ce qui signifie notamment mettre fin à des schémas hiérarchiques rigides qui tuent autant l’initiative que le plaisir.

Quand Philippe Studer m’a demandé si je pouvais écrire une préface pour ce livre, j’ai dit oui d’emblée car je sentais qu’il se rattachait à ce grand mouvement si important à mes yeux. Et aussi parce que je connaissais un peu l’homme et me souvenais de son énergie et de son enthousiasme. Mais les premières pages m’ont vite permis de comprendre que je ne le connaissais que très peu et que j’ignorais entièrement l’aventure passionnante qu’il relate dans ce livre.

Parmi tous les témoignages entendus sur la transformation d’une entreprise, c’est le premier à ma connaissance qui fait état d’un parcours inspiré par une rencontre avec des peuples dits premiers. C’est à mes yeux une contribution qui devrait être très précieuse pour d’autres dirigeants et managers. M’étant moi-même penché sur la culture de certains de ces peuples au cours des dernières années, j’ai pu saisir une partie de leur capacité à provoquer et transformer notre regard. Sur nous-mêmes, sur les autres, sur notre entreprise, et sur le monde.

Je n’ai malheureusement pas eu la même détermination que Philippe Studer à aller à leur rencontre.

Je trouve passionnants le témoignage de ces échanges qui ont eu lieu au cours d’une prise de recul d’un an, ainsi que le récit de la transformation de son entreprise qu’il a initiée à son retour.

L’écriture est claire et précise, sans mots ni concepts inutiles, et surtout sans esbroufe.

J’ai senti dans ce livre l’envie de témoigner avec sincérité et de partager, sans volonté de convaincre à tout prix. C’est justement ce qui le rend à mes yeux si convaincant.

Sébastien Henry Auteur de Ces décideurs qui méditent et s’engagent (Dunod, 2014) et Ensemble : Agir pour soi et pour les autres. Petit manuel de l’engagement au quotidien (Les Arènes, 2018).

Introduction

Accroche ta charrue à une étoile et ton sillon sera droit

Proverbe Africain

23 décembre 2005. Nous passons quelques jours au cœur de la forêt amazonienne auprès de la tribu Sarayaku qui compte environ mille cinq cents âmes. La ville la plus proche est située à environ cinq jours de pirogue de leur village. Pour quelques jours, notre famille est accueillie par un « peuple du dedans », expression qui désigne les tribus vivant au sein de la forêt. Il est trois heures du matin, la communauté des Hommes est éteinte. Nos enfants dorment, épuisés par une journée de cueillette, d’exploration dans la forêt, de baignade dans la rivière et de jeux avec les enfants de la communauté. Soudain, les multiples bruits de la forêt me tirent de mon sommeil. Malgré mes efforts, je ne parviens pas à me rendormir. Quelque chose me tient éveillé. Je ne suis pas soucieux, je ne rumine pas. Au contraire, je suis calme. Tous mes sens sont en éveil. Je me mets alors à écouter avec attention cette cacophonie nocturne jouée par des milliers d’animaux. Petit à petit, une certaine harmonie y apparaît. Les cris des uns semblent répondre aux chants des autres. Même les petits et grands craquements trouvent une juste place dans cette « symphonie » naturelle. Progressivement, cette ambiance suscite en moi un état de parfaite lucidité et de joie profonde. J’ai envie de me fondre dans la nature. Et pourtant, je suis dans mon état naturel ! Je n’ai abusé ni de chicha (alcool macéré) ni de substance hallucinogène (racines d’arbre). Je suis simplement là, couché dans une petite cabane en bois, perdu au milieu d’une nature sans artifice, plongé dans l’instant présent, sans souci du passé, ni du futur, sans espoir ni regret, jouissant simplement du bonheur d’exister. Les images de ces quelques jours passent furtivement. Je suis frappé par la joie de ces Hommes qui vivent dans un dénuement presque complet. Il s’agit d’un instant où l’on se sent connecté à soi, je veux dire, à ce qui compte vraiment. L’accessoire, ce qui parasite nos heures, apparaît alors pour ce qu’il est et cesse de nous tromper. C’est un moment de confiance dans le monde. Et puis, tout à coup, quelques pensées jaillissent. « Ce serait formidable de pouvoir faire ce genre d’expérience plus longtemps, d’être plus proche de la nature. » Et une autre. « Nous devrions partir faire le tour du monde et vivre pendant un an avec les peuples racines, histoire de prendre le temps de vivre. » Sans m’en rendre compte, je finis par m’endormir.

Quelques jours plus tard, nous étions de retour. Tout recommença comme avant, ou presque, car j’avais à présent une résolution. L’idée d’un tour du monde était là de nouveau, aussi vivace qu’à l’aube de mes vingt ans. À présent, il ne me restait qu’un tout petit détail à régler, passer de l’idée à l’action. Cette expérience fit également émerger d’autres questions. Serait-il possible de mener ma vie quotidienne (donc ma vie de dirigeant) en étant plus proche de cet état d’esprit ? Ou n’est-ce qu’un rêve à mille lieues du réalisme du monde économique auquel un dirigeant d’entreprise ne saurait échapper sans prendre de grands risques pour lui et ses équipes ? Et s’il était possible de diriger une entreprise fondée sur une recherche de plénitude, à quoi ressemblerait cette entreprise ?

Pendant des années, j’ai dirigé EDinstitut avec la tête dans le guidon. Je vivais « sous stress ». Je vivais comme beaucoup d’entre nous avec cette cloison que nous nous sentons obligés de dresser entre notre vie professionnelle et notre vie personnelle, et qui fait que souvent nous ne pouvons consacrer qu’un temps marginal à nos vraies passions. Ce mode de vie pressé, stressé, et ce cloisonnement jouaient un rôle fondamental dans mon style de management. Ils nourrissaient un sentiment de méfiance à l’égard de mes collaborateurs qui se traduisait par une attitude directive et un désir de contrôle important. Tout cela, je m’en rends compte a posteriori, nuisait beaucoup au bien-être des collaborateurs, à leur engagement ainsi qu’à leur créativité. Au fond, en tant que dirigeant, je n’étais pas particulièrement heureux. Mais, comme beaucoup, cela ne me choquait pas. Je me disais « les choses sont ainsi », « le travail n’est pas une partie de plaisir ».

Et puis, à la faveur d’une nuit lumineuse, au beau milieu de la forêt amazonienne, j’ai eu l’idée d’aller me ressourcer auprès des peuples racines du monde entier, avec ma femme et nos deux jeunes garçons. Ce voyage qui au départ était destiné à réaliser un vieux rêve de jeunesse a, au final, littéralement changé ma vie, et partant de là, ma façon de penser le rôle et le bon fonctionnement de l’entreprise au xxie