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Bienvenue à Meadow Haven, une paisible bourgade nichée au cœur des Green Mountains dans le Vermont. D’apparence tranquille, elle regorge cependant de mystères et de surprises. Plongez dans les profondeurs de ce lieu chargé d’histoires et d’aventures passionnantes. Quelles énigmes se révéleront à ceux qui osent explorer ses secrets enfouis ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Mélodie Grimoire explore dès son adolescence la capacité à tisser des liens intimes entre les mots et les émotions. Avec son premier ouvrage, "Les chroniques de Meadow Haven", elle magnifie la richesse des paysages et des sentiments, offrant ainsi une immersion captivante dans le monde de la littérature.
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Mélodie Grimoire
Les chroniques
de Meadow Haven
Roman
© Lys Bleu Éditions – Mélodie Grimoire
ISBN :979-10-422-2886-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Et si nous nous étions aimés dans toutes les dimensions ?
Le paysage défilait à toute vitesse. Aedan aurait voulu crier au conducteur de faire demi-tour, mais il n’avait guère le choix : le voilà à nouveau contraint de passer des vacances à Meadow Haven, village perdu dans les Green Mountains, dans le Vermont. Ses grands-parents y habitaient depuis toujours et comme chaque été, ses parents avaient insisté pour qu’il leur rende visite. Ce n’était pas qu’il n’appréciait pas leur compagnie, loin de là, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être terriblement frustré en pensant qu’il allait rester un mois dans ce trou perdu au lieu d’aller en Californie avec tous ses amis, de l’autre côté du pays. Tous avaient longuement cotisé pour pouvoir s’offrir ce voyage et louer une maison de plage. Lorsque ses parents lui avaient imposé ce séjour dans les montagnes, Aedan avait tenté de contester, d’y échapper, mais sa mère l’avait sévèrement menacé : s’il refusait de passer du temps avec ses grands-parents, elle n’accepterait pas de financer ses études de natation. Le chantage était radical, mais pour le moins efficace. Aedan rêvait de devenir nageur professionnel depuis qu’il était enfant. Dans l’eau, il se sentait à sa place et parfois beaucoup mieux que sur la terre ferme. Il soupira longuement. Le chauffeur lui adressa un regard dans le rétroviseur.
— On arrive, mon garçon. Dis donc, il n’y a pas un chat ici !
— Je ne vous le fais pas dire…
La voiture s’arrêta et en inspirant, il comprit qu’il avait quitté la ville pour de bon. L’air était frais, pur. Aedan en était presque incommodé. Le chauffeur prit sa valise dans le coffre et la déposa. Le jeune homme paya sa course puis regarda le chauffeur regagner son véhicule. Il aurait pu pleurer comme un enfant qu’on venait d’abandonner au milieu de nulle part. Après avoir rassemblé toute sa bonne volonté, il entra dans le village. Rien ne semblait avoir bougé depuis l’année précédente : les mêmes briques recouvertes de lichen, la même fontaine en face de la petite boulangerie. Ses grands-parents, Arnold et Georgia, habitaient davantage dans les hauteurs. Après un parcours d’une vingtaine de minutes, il arriva à destination. Il ne fut pas surpris d’apercevoir Georgia devant la porte. Le jeune homme sourit, attendri. Elle portait son éternel tablier à carreaux rouge et blanc.
— Oh, Aedan, te voilà ! s’exclama-t-elle.
Elle accourut vers lui et l’enlaça.
— Mon chéri, tu as tellement grandi !
Elle le serrait comme si elle ne l’avait pas vu depuis des siècles. Arnold sortit à son tour de la maison.
— Aedan ! Dis donc, tu ressembles de plus en plus à ton père !
Georgia haussa un sourcil.
— Quoi ? Je trouve qu’il ressemble davantage à notre fille !
— À Joyce ? Mais pas du tout, regarde-moi cette expression qu’il a sur le visage, c’est du Edward tout craché !
Ce débat stérile pouvait durer jusqu’au dîner ! Ils finirent par entrer. À l’intérieur, tout était pureté, simplicité : il y avait là juste le nécessaire pour vivre correctement. Pas de décorations superflues, juste quelques fleurs fraîchement cueillies et placées dans un joli vase transparent sur la table où ils allaient déguster le dîner. Aedan monta sa valise à l’étage. Son éternelle petite chambre l’attendait, fraîche et propre. En regardant autour de lui, il se laissa tomber sur le lit. Il était vrai qu’il s’ennuyait ferme ici, mais il ne pouvait s’empêcher d’être terriblement touché par les petites attentions que pouvaient avoir ses grands-parents à son égard : il savait très bien que son grand-père avait pris le temps de poncer les meubles avant qu’il vienne, que sa grand-mère avait chassé hors de la maison le moindre grain de poussière qu’il pouvait y avoir. Tout cela pour l’accueillir convenablement.
— Aedan, nous allons souper ! cria Georgia.
— J’arrive !
Il dévala les escaliers. Georgia avait entre les mains ses plus belles assiettes en porcelaine.
— Laisse grand-mère, je vais le faire.
— Non chéri, tu dois être fatigué, assieds-toi.
— J’insiste.
Georgia ne pouvait que céder. Alors, avec un petit sourire, elle lui tendit les assiettes et il mit la table. S’il la laissait agir ainsi, il n’allait rien faire du séjour à part dormir et manger, et cela le gênait terriblement. Avant de commencer à dîner, ils prièrent. C’est à cet instant-là qu’Aedan se rappela qu’il allait devoir se rendre à la messe tous les dimanches. Une épreuve ultime pour ne pas s’endormir sur un banc ! Comme d’habitude, le repas était exquis. Une soupe à l’oignon, accompagnée d’une immense tranche de lard.
— C’est vraiment délicieux, je pense que je vais prendre cinq kilos ici !
— Et tu en as besoin, poussin, tu es bien trop maigre ! Que manges-tu donc chez toi ?
— Eh bien… Comme papa et maman travaillent beaucoup, je me prépare souvent des sandwichs ou de la salade.
Georgia semblait atterrée, ce qui amusa grandement Aedan. Il savait qu’elle avait certaines idées très arrêtées et le fait qu’une femme se doit de cuisiner pour sa famille en faisait partie ! Ils discutèrent ensuite des résultats scolaires d’Aedan, de son quotidien et des autres membres de la famille éparpillés aux quatre coins des États-Unis. Et Arnold, bien que de nature peu bavarde, prit part activement à la conversation. Après ce repas copieux, Aedan alla faire un brin de toilette et monta dans sa chambre. Ici, pas de télévision avant d’aller se coucher. Par la fenêtre, il observa le spectacle qui s’offrait à lui : un tapis d’étoiles plus scintillantes les unes que les autres. Une petite fumée blanche vint troubler ce tableau : Arnold, qui fumait sa pipe, paisiblement assis dans son rocking-chair devant la maison. Dans son enfance, Aedan avait souvent voulu s’asseoir sur ses genoux à ces moments-là. Mais Georgia le lui interdisait fermement, prenant pour excuse qu’il allait respirer la fumée du tabac. Au fond, Aedan avait toujours su qu’elle voulait surtout que ce petit instant appartienne à Arnold et à lui seul. C’était comme cela : chacun, à un moment ou un autre, avait besoin de se retrouver avec lui-même. Très vite, la fatigue gagna Aedan. Il s’assoupit alors, bercé par le chant d’un hibou.
Si la grasse matinée faisait partie des habitudes du jeune homme, il dut faire une exception le lendemain matin. Un coq qu’il imaginait vigoureux et coloré poussa son premier chant. Très vite, ce fut un véritable ballet : l’un répondait à l’autre et d’autres volailles se joignaient à ce concert. Mais de toute façon, il allait devoir s’habituer. Dormir jusque tard dans la matinée était mal vu dans le coin : signe de paresse et de non-éducation ! Aedan bondit alors hors de son lit et descendit. L’odeur du café dans la cuisine le ravit.
— Bien dormi chéri ? demanda Georgia.
— Oui, merci !
— Je vais au marché ce matin, tu m’y accompagnes ?
— Bien sûr.
Toute sortie était une occasion de fuir l’ennui ! Enthousiaste, Aedan dévora son petit-déjeuner et suivit sa grand-mère jusqu’au fameux marché. Mais très vite, son espoir d’y trouver une quelconque distraction fana. Il n’y avait là que des fruits et légumes. À quoi s’attendait-il de toute façon ? À de l’or, des cracheurs de feu et des chevaux ? Nous étions à Meadow Haven après tout ! À chaque passant, Georgia s’arrêtait pour prendre connaissance des derniers ragots du village et pour annoncer l’arrivée d’Aedan, comme chaque année.
— Oh, mais c’est le petit Aedan ! Mais c’est bientôt un homme, dis donc ! s’exclama madame Worth, une voisine.
— N’exagérons rien, c’est encore un enfant ! rétorqua Georgia.
Aedan balança la tête en riant. Elle refusait catégoriquement de le voir grandir.
— Grand-mère, j’ai dix-huit ans.
— Déjà ? Le temps passe si vite !
Ils poursuivirent alors leurs petites emplettes, tandis que le soleil battait son plein.
« Venez voir mes pierres, venez voir mes pierres aux extraordinaires vertus ! »
Une voix féminine attira l’attention d’Aedan. Une jeune femme, placée un peu à l’écart, vendait des pierres semi-précieuses. Il y en avait pour tous les goûts : du quartz rose, du cristal de roche, de l’amazonite… Fasciné par cette nouveauté, Aedan s’approcha en observant la marchandise. Les pierres étaient plus magnifiques et attirantes les unes que les autres. Ces choses-là ne l’avaient jamais vraiment intéressé, mais il avait noté que plusieurs de ses amies du lycée appréciaient ce genre de pierres.
— Bonjour jeune homme !
Il leva les yeux vers la vendeuse. Tout à coup, tout disparu autour de lui. Il n’y avait qu’elle, cette table remplie de pierres et lui. Jamais il n’avait vu une pareille créature. La fille d’une nymphe et d’un dieu ? Assurément. Un visage fin, de grands yeux aux couleurs de l’émeraude, hypnotisants, captivants et une chevelure rousse, flamboyante, presque rouge sous les rayons du soleil.
— Bon-jour, articula-t-il difficilement.
— Tu sais déjà ce qu’il te faut ? demanda-t-elle.
Aedan balança la tête, quelque peu désorienté. Elle plissa les yeux, l’observant attentivement.
— Puis-je voir ta main ?
Aedan cligna des yeux et la tendit. Elle la prit dans la sienne et la déplaça lentement à la surface des différentes pierres.
— Passe ta paume au-dessus de chaque pierre. Ton corps réagira d’une manière ou d’une autre à celle qui te convient.
Le jeune homme était bien évidemment dans l’incapacité de se concentrer pour cet exercice. Mais soudainement, au passage d’une pierre rouge, il sentit sa paume brûler et s’immobilisa. La vendeuse sourit.
— Celle-ci ? Le jaspe rouge, une pierre qui active et stimule. Elle rend l’esprit vif et redonne confiance en soi. Tu souhaites l’acheter ?
Aedan revint à la réalité. Il n’en avait pas particulièrement l’intention. Il jeta un œil derrière lui pour voir où était Georgia. Elle discutait avec le vendeur de citrouilles.
— Eh bien, ma monnaie n’est pas sur moi alors…
— Ce n’est pas grave, je te l’offre. Tu n’es pas du coin n’est-ce pas ? C’est pour te souhaiter la bienvenue.
Voilà qu’elle mettait la pierre dans une petite sacoche dorée. En la lui tendant, elle eut un petit haussement d’épaules.
— Pas grand monde achète mes pierres, alors ça me fait plaisir. J’espère qu’elle t’aidera.
— Oh, merci, je…
— Aedan !
La voix de Georgia retentit de manière stridente. Les seules fois où Aedan l’avait entendue, crier de la sorte était lorsqu’il était en train de faire une bêtise. En la regardant, il comprit d’ailleurs qu’il l’avait contrariée. Avec hâte, elle s’approcha et lui agrippa le bras.
— Ce n’est pas une personne à qui parler Aedan ! Allons-nous-en.
Georgia l’entraîna avec force. Dans cette fuite, il tourna la tête vers la belle inconnue, qui le regardait s’éloigner, l’air confuse.
Alors qu’ils regagnaient la maison, Aedan ne cessa de demander des explications à sa grand-mère qui ne répondait pas. Voilà bien longtemps qu’il ne l’avait vue aussi remontée. Elle attendit qu’ils soient assis dans la cuisine pour lui parler tout bas.
— Cette femme est une pêcheuse Aedan, elle est le cœur même du vice et de la décadence !
— Comment ça ?
— Elle pratique de la magie noire, c’est une sorcière et une catin ! Elle ensorcelle et vole un par un tous les époux du village ! Crois-moi, ce genre de femme n’est pas du tout fréquentable !
— L’avez-vous déjà vue faire ?
— Inutile ! Il suffit de voir ce qu’elle vend ! Des pierres maléfiques… Qu’elle aille au diable !
Aedan haussa un sourcil, choqué par autant de sornettes. Étions-nous au dix-septième siècle ? Mais il ne pouvait pas en vouloir à sa grand-mère. C’était un village très conservateur où la fantaisie et les nouvelles pratiques n’avaient guère leur place. En ville, tout le monde avait déjà entendu parler de ces petites babioles et en aucun cas ces pierres étaient considérées comme des objets maléfiques. Mais de toute façon, dans un village aussi chrétien que Meadow Haven, n’importe qui aurait pu être un disciple de Satan !
— D’ailleurs, tu n’en as pas acheté n’est-ce pas ?
— Non non, pas du tout, mentit le jeune homme.
— Tant mieux. Et ne t’approche plus jamais d’elle, c’est clair ? S’il t’arrivait quoi que ce soit, je ne saurais pas quoi dire à tes parents et ton grand-père en serait malade !
— Oui, excuse-moi grand-mère.
Elle inspira, les mains sur ses hanches.
— Ce n’est rien, tu ne pouvais pas deviner. Il faut dire qu’elle fait tout pour qu’on la remarque !
Le jeune homme pensait que non, bien au contraire. Il n’avait pas fallu grand-chose pour qu’il tombe à la renverse. Un seul regard avait suffi et aucun artifice supplémentaire n’avait été nécessaire… Juste le visage de cette déesse. Il revoyait sa crinière de feu, épaisse, descendant en cascade sur ses épaules, pour terminer leur course sur une poitrine voluptueuse, prisonnière d’une longue robe à lacets qu’il n’avait pas voulu regarder, mais qu’il avait tout de même vue. Il en rougissait presque. À quoi pensait-il bon sang ? Une fois l’incident clos, la journée se poursuivit dans la bonne humeur. Aedan accompagna Arnold à la recherche de bois dans la forêt pour le repas du soir.
— Tu vois mon garçon, c’est une chance que nous avons de vivre ici, dans cet air pur et cette verdure. Très peu de gens sont malades ici, tu sais ?
— Ah oui ?
— Bien sûr, bien moins qu’en ville où vous respirez cet air malsain et où vous mangez toutes ces bêtises, ah !
Arnold allait exposer pendant une heure à quel point il était chanceux. Aedan y avait droit à chaque fois et c’était avec la même conviction que son grand-père s’exprimait. Il aurait pu convaincre n’importe qui avec ses arguments et son intonation ! En rentrant, Aedan se laissa séduire par les lieux : la lumière du doux coucher de soleil couleur miel, qui se faufilait entre les troncs des arbres et la brise qui apportait l’odeur de la fumée des habitations voisines. Ce soir au menu, il y avait du ragoût de bœuf et des pommes de terre rôties. Aedan allait devoir faire de l’exercice dès le lendemain. Pas question de se laisser aller, même en vacances ! Il gardait son objectif en tête et le corps d’un futur sportif se devait d’être sain ! Il monta se coucher tôt. Sous les draps, il soupira et tourna la tête vers sa table de chevet où se trouvait sa petite sacoche. Il l’ouvrit et contempla la pierre. Elle lui réchauffait agréablement les mains. Il était certain que c’était davantage de la science que de la sorcellerie, non ? Mais une chose était sûre : cette femme lui avait jeté un drôle de sort…
Ainsi, au petit matin, vêtu d’un jogging et baskets aux pieds, il s’enfonça dans la forêt, tout d’abord en trottinant. Mais sa foulée légendaire reprit sa place. Il avait toujours aimé courir et avait une bonne endurance. Cependant, ici, l’air n’était pas le même, alors il redoubla d’efforts. L’esprit libre, serein, il laissa échapper un petit cri de joie. Cela lui faisait un bien fou. Il prit un sentier qu’il ne connaissait pas encore et aperçut un lac au loin. Il y en avait toujours eu un à Meadow Haven, mais il l’avait oublié avec le temps. Avec Arnold, il n’avait pas l’habitude de s’enfoncer si profondément dans la forêt. Le point d’eau était loin d’être immense, mais il aurait pu y nager sans problème. D’ailleurs, il n’allait pas hésiter à le faire pendant les jours à venir ! Un mois sans qu’il ne soit dans l’eau était inimaginable pour lui. De l’autre côté du lac, il pouvait apercevoir une petite maison. Il crut d’abord qu’elle était abandonnée, mais il sentit ensuite l’odeur de la fumée. Il descendit alors la petite pente et contourna le lac pour s’approcher de la propriété. Qui pouvait bien habiter ici ? La porte s’ouvrit et une femme sortit. Il se figea en la reconnaissant. La vendeuse de pierres. Elle le dévisagea puis finit par sourire.
— Oh, bonjour !
— Bonjour… répondit-il, surpris.
— Toi aussi à ce que je vois… marmonna-t-elle.
— Quoi ?
— Vu la tête que tu fais en me voyant, je pense qu’on t’a dit que je suis la fille de Satan.
Aedan s’éclaircit la gorge.
— Eh bien, je… Oui, en effet, on m’en a parlé. Mais je n’en crois pas un mot.
Elle arbora un petit sourire puis s’approcha lentement.
— Puis-je savoir pourquoi ?
— Parce que la sorcellerie n’existe pas ?
— Et si elle existait ?
Elle était assez proche pour que le jeune homme puisse sentir son parfum sucré, subtil mélange de fleurs d’oranger et de fruits rouges.
— J’aurais quand même du mal à croire que vous êtes une sorcière.
— Ah oui ?
— Oui, vous êtes bien trop… charmante.
Lorsqu’Aedan prit conscience de ce qu’il venait de dire, il s’éclaircit la gorge. Il avait pensé à haute voix. Elle cilla puis rit de bon cœur.
— Parce qu’à ton avis, les sorcières ont toutes d’affreuses verrues, des rides et j’en passe ?
— Non, je n’irai pas jusque-là, mais je pense que lorsqu’on croise une sorcière maléfique, une vraie, on sent comme une aura effrayante et sombre. Et ce n’est pas votre cas, vous…
Il déglutit un instant, se demandant si ce qu’il avançait avait vraiment du sens.