Les derniers jours pauvres du reste de nos vies - Dalhila Kaïach - E-Book

Les derniers jours pauvres du reste de nos vies E-Book

Dalhila Kaïach

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Beschreibung

Dans sa ville normande, Marie-Myriam traverse les défis du quotidien, tout en cherchant sa voie dans le travail et l’amour. Confrontée à une société étouffante, sa détermination et ses rêves profonds la poussent à défier les limites de son destin. Ses aspirations deviennent ainsi les leviers d’une transformation métamorphosant une existence ordinaire en une aventure exceptionnelle.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Artiste et auteure, Dalhila Kaïach est reconnue pour ses chroniques littéraires sur les réseaux sociaux et ses œuvres d’art numériques imprégnées d’émotions et d’authenticité. Lauréate du Prix 3 régional au concours national de poésie « Déclarez-vous en toutes lettres » en 2006, elle est également la fondatrice du mouvement artistique « Émotionnalisme », prônant la sincérité et les émotions dans l’art. Les derniers jours pauvres du reste de nos vies est son premier roman.

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Dalhila Kaïach

Les derniers jours pauvres

du reste de nos vies

Roman

© Lys Bleu Éditions – Dalhila Kaïach

ISBN: 979-10-422-3894-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon frère, parti trop tôt…

Le souvenir est le parfum de l’âme.

George Sand

Le doute c’est ce que nous avons de plus intime.

Albert Camus

Préface

Après une lecture attentive du roman Les derniers jours pauvres du reste de nos vies de Dalhila Kaiach, je suis frappé par l’émergence d’une nouvelle forme littéraire que l’on pourrait nommer « L’Émotionnalisme ». Ce courant novateur se distingue par une narration immersive qui non seulement suscite des émotions intenses, mais exhume également des sentiments enfouis dans les méandres de nos mémoires.

Ce texte, porté par les voix d’une génération métissée, héritière de l’histoire complexe des immigrations, des déplacements forcés et des déportations depuis les anciennes colonies des quatre coins du monde, nous confronte à une question brûlante : ces jeunes issus de ces brassages culturels et historiques sauront-ils transcender les peurs qui minent leurs aspirations et étouffent leurs émotions ?

Dalhila Kaiach explore ici les « illusions de l’émigré » et les « souffrances de l’immigré », mettant en lumière la douleur profonde de cette « double absence » si bien analysée par le regretté Abdelmalek Sayad. La jeunesse d’aujourd’hui, qu’on dit tournée vers les sciences, est-elle condamnée à porter ce fardeau identitaire, entre absence d’ancrage et quête de sens ?

Les personnages du roman, véritables symboles d’un monde en mutation, questionnent notre époque avec une lucidité déconcertante. Chaque chapitre est une invitation à reconsidérer nos certitudes, à embrasser de nouveaux schémas de pensée, générateurs de nouvelles émotions. C’est une évolution à la fois intime et universelle qui se déploie sous nos yeux.

L’essor technologique, sur lequel se repose une grande partie des ambitions humaines, sera-t-il capable de tisser des liens authentiques entre les puissants et les vulnérables, entre les opulents et les démunis ? Ce questionnement, lourd de sens, résonne d’autant plus dans ce monde numérique où les interactions se multiplient mais semblent, paradoxalement, dénuées de profondeur.

Face à ce constat, l’auteure interroge également le rôle de l’intelligence artificielle dans la préservation de notre environnement naturel et dans l’amélioration du bien-être des humains. L’IA saura-t-elle, un jour, être l’alliée des Hommes pour protéger à la fois la faune, la flore et la condition humaine ? Ou ne fera-t-elle qu’accentuer les inégalités et les divisions ?

Cet ouvrage, fer de lance de la littérature émotionnaliste, nous dévoile jusqu’où l’être humain peut repousser les limites qui lui sont imposées, et comment il peut, à travers la création et l’expression de nouvelles émotions, apaiser ses tourments et ceux de son environnement.

En définitive, Les derniers jours pauvres du reste de nos vies est une œuvre puissante qui marque une avancée décisive dans notre compréhension des émotions humaines. Dalhila Kaiach mérite toutes nos félicitations pour ce texte essentiel, qui saura toucher chaque lecteur au plus profond de son être. Bravo et merci à elle pour ce cadeau littéraire d’une rare profondeur !

M. Abdelouhab Bencheikh

Professeur de français en retraite

La prise de conscience est un chamboulement

La peur et l’immobilisme sont les plus grands fléaux du monde, à eux seuls, ils peuvent créer une fracture et semer une destruction. À ma montre, il était seize heures précisément, à Caen, en ce jour de la Saint-Amour de l’an 2018, et pas une rose ne peuplait les armatures des arbres desséchés par le soleil brûlant qui, lui, se déployait démesurément sur mon corps. Ce neuf août prit toute sa signification lorsque j’ai dû commencer à vivre avec les sentiments de frustration, de perte, de désamour, d’amertume, et de colère, mais aussi d’ambition, de passion, de motivation, puis d’une volonté surhumaine de m’en sortir quoi qu’il advenait. J’étais saisie par la peur ; cette ardeur intense habita la moitié de ma vie. Et mettre un terme à cet état d’âme, avant qu’il ne vienne gâcher ma seconde chance de me révéler et de vivre en harmonie, était devenu primordial.

Comme dans n’importe quelle histoire, tout début a une fin, mais recommence sur une autre. Malgré l’année écoulée, je m’en souviens comme si c’était hier ; une odeur singulière circulait dans l’air, irritante, boisée et électrique, elle annonçait les flots qui n’étaient pas tombés depuis plusieurs jours. En Normandie, l’eau tombe souvent, mais cet été-là fut chaud et sec, faisant ainsi régner une chaleur étouffante. Des nuages difformes se déplaçaient dans le ciel, flirtant avec le gris des perturbations atmosphériques où se formaient de grandes traînées blanchâtres, qui timidement cachaient la giboulée et l’orage, qui ne tarderaient plus à se manifester ; d’abord avec parcimonie, comme une piqûre de rappel qui aime se balader dans les pensées de ceux qui ne sont pas en phase avec eux-mêmes, jusqu’à son grondement d’éclairs à sa déferlante d’averse. Bien sûr, ces épisodes climatiques qui faisaient aussi partie du ravissant paysage ensoleillé que délivrait la généreuse époque de l’été, étaient pareils à mes longues réflexions nostalgiques qui composaient mon univers psychique du moment. Ainsi, mon état d’esprit était à l’image de la température élevée et déstabilisante de la saison.

Faisant miroir à cet épisode climatique, la violente tristesse intérieure que je subissais avait commencé à se déclarer avec une intensité incontrôlable, mais je devinais et j’observais dans mon for intérieur la chute de la pression atmosphérique extérieure qui excitait déjà mes sens. J’assistais, à la fois comme actrice de premier plan, mais aussi spectatrice, à cette scène chaotique, jusqu’à l’explosion de l’orage tant redouté, mais libérateur, car il vint enfin donner une fin à mon paysage désorientant et déstabilisant, pour laisser place à un autre. Comme on passerait d’une vie à l’autre, j’avais commencé à me métamorphoser, tel un papillon. En terminer avec cet état en pleine mutation malgré une révolution positive qui naissait en moi, je ne souhaitais qu’une chose, redessiner mon existence avec des couleurs claires et joviales, comme celles esquissées de l’Arc-en-ciel qui coloraient jadis le regard naïf de l’enfance sur la matière et les êtres, pour enfin gommer les contours, et le décor équivalent à une série de nuances grisâtres sur des tons diaboliquement fuligineux.

Somme toute, redonner son éclat et sa beauté à ma vie n’était plus qu’un luxe, mais bien une nécessité absolue. J’avais attendu impatiemment le nouveau jour, celui où tout recommencerait, après que Wiki a choisi le neuf août pour rompre définitivement notre relation amoureuse, et cela, sans réelles raisons valables. Il voulait juste passer à autre chose, m’avait-il dit d’un ton coupable et désolé. Sauf que cela m’avait littéralement dévastée et laissée sur un terrain psychologique désastreux et à la merci de questionnements insurmontables. J’avais pensé d’ailleurs, à cette période, que plus personne ne subirait une souffrance ou une offense un neuf août, cela devait rentrer dans les mœurs. En règle générale, à cette date, on choisit de se marier. Ainsi, je décrétai en mon for intérieur qu’aucune rupture ni un licenciement, le jour de la Saint-Amour, ne me serait plus toléré. J’étais tellement triste, parce qu’en plus d’être quittée lâchement par Wiki, mon ancien employeur mettait lui aussi un terme à mon emploi. J’en avais assez de traîner mon ennui infatigable et mon mal-être interminable, depuis l’enfance, d’école en école, d’entreprise en entreprise, et de contrat précaire en contrat précaire. Et même si, de temps à autre, les effets révolutionnaires positifs qui s’étaient invités dans ma mutation me procuraient un tant soit peu un léger répit, j’étais dans une course folle, comme un marathonien à son parcours. Rien ne s’arrêterait donc, avant le passage de la bande d’arrivée. Allais-je réussir à traverser l’épreuve sans trop de casse ? En perpétuelle recherche sur l’existence et le sens de ma vie et en pleine quête de satisfaction, sans jamais vivre la béatitude de la condition simple des destins sans grandes difficultés. Mon cerveau ne connaissait que la surchauffe. Les déferlements d’émotions et de pensées étaient intenses, les scénarios catastrophiques que j’imaginais sans cesse m’électrocutaient, et l’idée d’échec ne me quitta plus depuis. Et bien qu’il me terrorisât chaque jour davantage et par palier d’intensité, il fut de loin le sentiment le plus déstabilisant et horrifiant à combattre dans ma jeune vie d’adulte. Sachez que la peur, elle, avait eu définitivement un rôle dans tous mes projets et mes tentatives depuis trop longtemps. À l’image de la pièce centrale d’un jeu d’échecs. Seule, elle était maître de la partie, elle pouvait vite tout faire basculer. Et pourtant, quelques mois après cet événement renversant, ma vie prit un tout autre tournant et en fut complètement transcendée et changée. J’avais été frappée par la main du destin, la roue avait définitivement tourné.

Chapitre I

Faisons connaissance et partageons nos vies

Le 11 septembre 2019 à Caen, sur le point de nous envoler vers les États-Unis pour animer une conférence sur la force de l’intelligence collective à l’innovation sociale, au salon mondial de l’inventivité des nouvelles entreprises, mes amis et moi étions attendus par la planète entière pour partager notre expérience et nos travaux. Nous avions collaboré avec l’IA pour propulser un nouveau monde économique et social.

Wiki semblait être impatient de me voir quitter l’appartement. De chez nous à l’aéroport, il y a deux heures de trajet à réaliser en train. Je n’ai jamais été très ponctuelle, un trait de caractère hérité de ma grand-mère maternelle. Elle m’avait expliqué que dans l’existence, peu importe le délai soumis par les autres, il fallait d’abord s’en tenir à ses propres compétences et à ses aptitudes et répondre à ses besoins, tout en restant en cohérence avec la nature et ses nécessités. Elle me répétait sans cesse : « sois naturelle, ma fille, ne te laisse pas emporter par la vie sans te battre contre la folie des hommes et des énergies de la nature, car tout peut arriver par soudaineté. Ton arrière-grand-père était doté d’un don extraordinaire ; il communiquait avec l’au-delà et bien des choses lui avaient été révélées pour le conduire dans la vie. » Elle aimait également me répéter sans cesse la citation suivante : « On ne demande pas à l’olivier de donner des olives en hiver, et à l’homme de les produire à la demande ». Je ne sais pas si cette appréciation venait de son imagination ou d’ailleurs, mais elle berça ma vie. Inutile de se soucier de la durée, pour se résoudre à une obligation arbitraire et imposée, alors qu’on n’a pas compris et terminé une tâche de manière optimale. Voilà comment j’avais hérité de la citation pour conduire ma vie. Prendre toujours le temps nécessaire pour soi. Réaliser une activité et un projet ne devait se soumettre qu’au seul rythme de la nature et de la réelle force de travail, si nous voulions bien bâtir les choses avec du sens et de la justesse pour atteindre une précision dans la meilleure rythmique de la vie tout en respectant le cycle de la nature globale. Jadis, depuis ses gigantesques montagnes qui faisaient la jonction entre la mer méditerranéenne et la côte, toute la Kabylie et les chants amazighs résonnaient en elle. Des contes kabyles aux figures emblématiques l’avaient bercée pendant les périodes de guerre et les périodes de misère qu’elle avait connues tout au long de sa vie. Cela ne l’avait plus quittée, lui rappelant sans cesse le poids de son passé, son statut, et son devoir de voir perdurer la tradition et les cultures amazighe et berbère auprès de sa progéniture. Guerrière dans l’âme et libre, elle ne répondait qu’aux ordres de la nature et aux clartés du soleil bleu du matin, où elle se levait avec la même ardeur pour travailler, les outils en main pour labourer la terre et aux lumières orangées du soir qui venaient embraser la mer bleu azur pour l’accompagner sur le chemin qui la ramenait vers son domicile rejoindre sa grande tribu, subsistant en altitude dans les montagnes du Djurdjura. Les après-midi étaient brûlants, à l’image des cœurs du peuple algérien, généreux et entier, et vivant au rythme du climat, de leur laborieux travail dans les terres et de leurs idées d’émancipation et de reconnaissance de leur identité. Alors même que la guerre faisait raz de leur vie depuis de nombreux siècles. Le continent algérien était riche de pétrole et de gaz, alors les colons français étaient venus en 1830, ainsi que les Arabes pendant l’âge d’or de l’Islam, après les Romains et avant les autres peuples plus anciens. Mais toujours pauvre d’unités et de structures industrialisées après l’indépendance de 1962, le pays restait encore à construire. Cependant, elle s’installa avec mon grand-père et toute la famille, des années plus tard et de manière définitive, en Normandie, juste après un court passage à Marseille.

Wiki s’impatientait, il retenait son agacement.

— Mimi, dépêche-toi, le taxi est là, qu’est-ce que tu fais encore ?

— Ça va, Wiki, c’est bon, j’arrive ! Une dernière petite seconde, et je suis prête ! Fu m’a laissé un message sur Snapchat, ils sont déjà à l’aéroport et l’avion est annoncé avec une heure de retard. Tu ne l’as pas eu ?

— Oui, je viens de le lire, mais ce n’est pas une raison pour toujours être en retard.

— C’est bon, j’ai terminé, on peut partir.

À l’époque où tout a basculé dans ma vie, j’avais 28 ans. Je m’appelle Marie Myriam Durand. Et avant mon ascension fulgurante, tout le monde me surnommait Mimi. Toutefois, malgré ce tendre surnom, je tenais à mon prénom parce qu’il était chargé de messages, de partage et du vivre-ensemble. Bien que je susse que mon nom était troublant pour certains de ma génération, puisqu’il était composé, moins à la mode dans les années 1990 et semblait assez difficile à prononcer parce qu’il se dégageait dans sa sémantique comme une sorte d’inconfort qui ne s’expliquait pas autrement que dans sa longueur de prononciation. Des périodes plus tard, il y avait dans sa composition un soupçon d’antagonisme ambiant qui se diffusait. À l’époque actuelle, il venait même perturber les esprits troublés de ma génération et de mon ère fragile, américanisée, consumériste et insouciante, portée par la conviction qu’on ne s’exprimait et qu’on n’existait en tant que personne que par l’image et l’apparence qu’on véhiculait. Fallait être dans le mouv, la tech et de nouveaux modèles venus du continent fort. Mais surtout sur les réseaux sociaux, qui étaient devenus incontournables pour toutes les activités et dans quasiment tous les corps de métiers. Également, les noms étaient remplacés par des diminutifs, comme si on s’habituait sans s’en rendre compte au clonage de masse et à l’humanoïde industriel naissant.

Dans ce panel d’individualités, une bonne poignée était animée par une recherche identitaire des siècles passés, comme celles des colonies et du temps des croisades religieuses, remises au goût du jour. Ils avaient trouvé un refuge dans « le droit de penser et d’être », même dans la bouche de certaines personnalités pessimistes de ces temps anciens. Ces individus allaient vers des évolutions davantage vindicatives, populistes, communautaires et renfermées sur elles-mêmes. Ces gens avaient comme rejeté l’idée de la mondialisation et pensaient que toutes les complications venaient de là et que nous étions à l’heure des comptes. Il était devenu difficile pour eux de faire l’effort d’expliquer les choses et de reconnaître les réelles difficultés de la grande complexité qui innovait la nouvelle vie économique et environnementale du monde. Il était plus facile d’avoir un bouc émissaire et de se cacher derrière des problèmes venant souvent des plus modérés notamment, pourtant ils n’étaient pas la réelle cause de nos plus grandes difficultés au sein de notre population.

L’Europe et la France, tout comme les autres pays industrialisés, connaissaient une croissance quasiment au point mort depuis de longues années, tandis que d’autres pays moins développés connaissaient de bien meilleurs PIB que le nôtre, alors que le reste du monde continuait à se développer tant bien que mal avec les conséquences du réchauffement climatique, des catastrophes des crises sociales et du terrorisme.

Aujourd’hui, nous sommes bercés dans une masse immatérielle et éphémère où tout va très vite. Mon prénom n’aurait plus sa place dans notre société et aucun parent n’oserait baptiser son enfant avec. Les noms composés n’étaient plus à la mode ; nous accordons davantage de légitimité à la simplicité désormais et à la réduction de beaucoup de choses, même jusqu’à s’introduire en une parfaite osmose dans la réflexion de certains intellectuels, politiciens en quête avide de renommée, voulant pratiquer la politique comme on pratique un sport de compétition où il faut, sur le terrain médiatique, faire le plus de buzz possible en un laps de temps donné ou bien créer le gros buzz, la citation du moment, pour résumer la vie. La littérature et l’écriture se réduisaient à l’écriture binaire. Les politiciens ressemblaient davantage à des chanteurs de rap qui font d’une punchline un succès et ceci pour voir conséquemment sa côte de renommée exploser à travers la population virtuelle et ainsi pouvoir prétendre à donner leur avis sur le pays. Quelle drôle d’époque ! La société n’évolue plus à la vitesse de la lumière mais bel et bien à celle de la fibre. Les personnalités, sans s’en rendre compte, donnaient raison aux prémices du nouveau millénaire qui se montrait, celui baptisé par des inventeurs tech. Ainsi, la littérature, la réflexion et la longueur des textes étaient devenues quasi obsolètes en face d’une courte vidéo sur les réseaux sociaux. Le monde vivait aux dépens d’un autre monde. Le grand remplacement était là ! Le virtuose monde virtuel avait fait place. C’est comme cela, sans s’en rendre compte et en prenant du plaisir à utiliser ses nouveaux outils, que l’univers du langage web universel a presque remplacé les langues et le siècle des êtres de clarté et d’évolution humaniste, qui n’économisent pas le temps. La tech s’implante dans tous les corps de métiers. Elle domine un large remplacement de la communication et de la relation à l’autre, à défaut de fantasme d’autres remplacements, imaginé par des penseurs, et parfois décrit par des essayistes. En réalité, nous assistions à la naissance de nouveaux pouvoirs et notamment de celui de la Technologie industrielle numérique. Nos manières d’interagir et de penser ont nettement changé. Voilà le seul grand changement, alors que nous sommes à l’aube du transhumanisme.

L’écriture informatique est une sorte de langage universel où tout le monde peut se comprendre et peut se regrouper de manière vertigineuse, à la moindre occasion. Faisant ainsi disparaître et renouveler les langues et leurs conjugaisons, du monde entier, et cela, grâce notamment à l’apparition des émoticônes dans les réseaux sociaux, qui remplacent carrément une phrase entière par une émotion. D’ailleurs, on s’y exprime comme dans un bar de quartier et sans craindre d’exposer les pires horreurs entendues dans la journée, pour accoucher de sa parole du jour, toujours dans l’instantané qui tord le dos au passé de l’histoire et au futur à bien construire. Le passé de l’histoire du monde surgirait dans les pensées de certains complaisants peureux et communautaires qui perturbent l’idée d’un avenir paisible conciliable et d’une identité française plurielle et heureuse possible entre les différentes communautés vivant en France, si on ne venait pas y racoler les paroles des extrêmes caractères et des extrémistes dans chaque heure de la vie qui s’écoule. On nous divise pour mieux régner ? Régner dans un futur au diktat de la souveraineté d’une police de cotations mondiales ? Et par une future façon de gouverner par la notation et la dénonciation citoyenne ?

Wiki y avait perçu ces premiers jalons, où l’on donnerait de bons ou de mauvais points aux citoyens en fonction de leur comportement au quotidien. Les pouvoirs pourraient alors mieux gérer la population, qui est aujourd’hui plus éclairée sur le monde et mieux armée pour refuser les contraintes qui régissent les différentes sociétés du monde encore trop souvent inégales et arbitraires pour tendre vers plus de liberté.

Mais ce changement dans l’industrie technologique est aussi chargé de grandes opportunités qui augmentent démesurément les chances de réussir et qui peuvent faire basculer une existence entière sans se soucier du milieu social et de la condition de naissance de la personne concernée. Ainsi les individus, les associations, les influenceurs, les lobbys, les activistes, les chômeurs, les monoparentaux, les minoritaires, toutes les personnalités de la vie, et sans distinctions, pouvaient accéder à la notoriété, au pouvoir ou à l’argent, sans même avoir fait d’études supérieures ou appartenir à un réseau spécifique. Bien sûr, elle ne changeait toujours pas le mécanisme de nos systèmes sociaux, continuellement inégaux et qui s’accroissaient d’année en année, jusqu’à fâcher sérieusement les classes sociales les moins gagnantes du capitalisme vieillissant. Cette révolution numérique sur les réseaux sociaux ne comprenait cependant aucun régulateur fiable pour s’assurer de la véracité des propos de chacun. Et sans police, il est impossible de vérifier les sources, pour se forger une réelle connaissance et une vérité.

Alors même que certains médias relatent la notoriété des idées les plus populaires et parfois de celles nauséabondes de mon époque, où certes la décadence de l’idée d’un monde est perceptible, je devine qu’il est possible d’inverser la tendance d’idée. Mais de là à croire à la véritable croyance d’une identité malheureuse à cause d’une conformité identitaire ou d’une orientation sexuelle ou religieuse, il ne faut vraiment pas avoir d’amour pour le genre humain, pour son pays, pour l’histoire, et la stabilité des gouvernements démocratiques et laïques qui tentent d’éduquer les citoyens pour que la liberté regarde toujours vers l’évolution et plus de beauté.

La paradoxalité de l’évolution numérique et technologique dans le monde profite bien davantage aux sociétés autoritaires contrairement aux sociétés démocratiques, malheureusement, qui devaient convaincre les citoyens d’efforts intellectuels pour apprécier la liberté dans laquelle ils vivaient. Certes, malgré les difficultés inégales et difficiles à gérer pour œuvrer toujours dans un monde en constante évolution vers la liberté à la pointe humaniste et pluraliste que voulait la France. Allions-nous relever le défi et être dignes de ces grands principes ou allions-nous aussi être sous surveillance mondiale comme dans certains pays autoritaires ? Je voulais être de ceux qui portent, comme seul bracelet d’emprisonnement, la liberté absolue dans une conscience bien faite et équilibrée. Bien que j’eusse compris tardivement le prix de la beauté des idéaux de mon pays. J’avais néanmoins compris que la nécessité de le défendre était tout comme défendre ma propre personne.