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Les Hommes en verre est un récit aux allures d’un mythe, une odyssée qui tente de démystifier les secrets de l’univers à travers le voyage initiatique de son héros Oury. Voyage qui lui réserve d’étonnantes surprises. Que va-t-il découvrir au-delà de l’horizon ? Qui est cet homme séculaire qui garde la mémoire de l’humanité ? Que va-t-il lui révéler au point de changer son destin ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après la publication de son premier roman
Les Bulles du bonheur au Lys Bleu Édition en 2022, un livre d’inspiration autobiographique qui a su toucher les cœurs des lecteurs et lectrices,
Sanaa Khoury-Ortega s’attache à conférer à ce récit une portée philosophique. À travers
Les Hommes en verre, elle présente au lecteur une odyssée de la vie. Elle propose de partager le secret de la création et de porter un autre regard sur le corps, sur la vie et sur la mort.
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Seitenzahl: 107
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Sanaa Khoury-Ortega
Les Hommes en verre
Roman
© Lys Bleu Éditions – Sanaa Khoury-Ortega
ISBN : 979-10-377-9373-7
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma famille…
À mon frère Georges qui m’a soutenue
et accompagnée lors de cette aventure,
À ma fille Marion, la dépositaire de la symphonie…
À mes amis, notamment ma précieuse Danièle
pour son soutien et sa relecture,
À mon cher ami Jonathan pour son soutien,
ses corrections et surtout ses précieux conseils
À la mémoire de mon père, la Source
qui m’accompagne à chaque instant de ma vie.
Oury sentait un manque, ça doit être encore son frère Syn qui est isolé au temple !
Se déplacer dans cet espace infini et sans dimension est un exercice de conscience et de volonté. Il suffit à Oury de vouloir sincèrement voir sa mère pour qu’il se retrouve face à la créature translucide, d’un bleu ciel sous une forme humaine, un océan d’amour. D’ailleurs, c’est pour cela qu’elle se nomme Océane !
Dans ce royaume d’amour, n’ayant nullement besoin de se nourrir, les bras servent essentiellement aux câlins et embrassades, les jambes, un appui certain, permettent à ces formes évanescentes de s’enraciner dans leur univers. Leurs membres expriment ainsi une euphorie contagieuse capable de répandre la joie dans la cité !
Océane serre son fils dans ses bras et lui confirme que son frère est au temple comme à son habitude. Dans ses yeux, il a su lire qu’il s’agissait du dernier avertissement, l’ultime purification avant la disparition du frère.
Cette nouvelle attriste Oury, il a de la peine. L’émotion qui secoue son être se transforme en deux gros diamants, d’une rare pureté, surgissant à la lisière de ses yeux ; ils semblent chargés d’une grande compassion. Océane les recueille avec précaution au creux de sa main, et les dépose avec une infinie piété dans un grand vase : le réservoir des larmes !
Oury ne peut s’empêcher de contempler et d’admirer le liquide cristallin qui l’a toujours fasciné par sa pureté.
— N’oublie pas, ce soir tu es invité au cercle des anciens.
Oury comprend alors qu’il s’agit de son émancipation puisqu’il a atteint l’âge encyclopédique, celui de la pleine conscience. Un sentiment de regret trouble ses yeux.
— Tu n’y peux rien. Ton frère, pourtant plus âgé que toi, a du mal à atteindre l’âge convoité par tous les enfants. Ton humilité t’empêche de percevoir la grandeur et la pureté de ton âme, elles t’ont permis d’atteindre très rapidement l’âge encyclopédique, dépassant ainsi beaucoup de tes aînés ! Allez, je ne t’en dis pas plus. Ce soir, tu comprendras.
Le jeune garçon n’a pas besoin de montre, il a senti l’heure fatidique à l’aspect de ses yeux qui commencent à se vaporiser indiquant ainsi le début de la phase de renouvellement qui correspond au sommeil, moment réparateur avant de commencer une nouvelle journée.
Le voilà devant le conseil des anciens, ils le fixent avec des yeux intenses et une solennité troublante :
— Oury, à toi l’honneur de porter le réservoir des larmes, chuchote silencieusement la conscience collective des aînés.
Ému et tremblant, Oury avance avec dévotion, il enveloppe de tout son être le récipient contenant le précieux liquide des âmes et suit les douze mentors qui ouvrent la procession. Il sent derrière lui la foule joyeuse laissant échapper de sa conscience un hymne à la vie.
À mesure qu’il avance, il se dissout pour s’amalgamer et se mêler à la masse, à la multitude qui le suit et chante à l’unisson.
Leurs voix coulent et emplissent l’espace les menant ainsi jusqu’à la source. Oury s’arrête devant cette source qu’on appelle la fabrique des Humains : un Grand Miroir limpide s’étale devant lui, sous ses pieds.
Le chef lui demande de déverser le liquide précieux dans le rond argenté. À peine, les gouttelettes commencent-elles à toucher le miroir, qu’il se met à scintiller de mille feux, laissant échapper une mélodie suave aussi douce et triste qu’euphorisante et joyeuse !
— C’est la mélodie humaine, le cri du cœur ! Oury, tu viens de participer à la création. Par ta pureté, tu as mérité cet honneur réservé à une élite, celle qui ne se laisse pas souiller par la noirceur de l’univers !
Soudain, un tourbillon se forme au milieu du miroir aspirant les fils d’argent qui se dessinaient à la surface, créant ainsi une cacophonie inintelligible et captivante. Le tourbillon virevolte et happe la foule, Oury s’oublie aussi. Il ne sait pas combien de temps il est resté là, subjugué par ce chant d’un autre monde.
— Demain, un nouveau-né viendra agrandir notre population. Son âme s’abreuvera des larmes de l’humanité qui s’imprimeront dans son cœur et deviendront la source de ses émotions et de son être.
Il est à présent temps de fêter comme il se doit ton anniversaire. Puisque tu as atteint l’âge de la raison, tu as droit à trois vœux et tu as trois jours pour y réfléchir.
Oury n’en croit pas ses oreilles, il sait déjà ce qu’il veut demander en premier vœu…
— Je vois déjà que tu brûles d’envie de demander ton premier vœu, mais tu dois néanmoins le formuler clairement pour que la Providence nous autorise à te l’accorder.
En effet, les anciens respectaient leur créateur. Jamais ils ne pourraient envisager un projet sans son accord.
— Je voudrais quitter la Cité et découvrir le monde au-delà de nos frontières, pense Oury très fort. Il émet sincèrement ce souhait qu’il désirait de tout son cœur depuis un moment déjà.
— Demain dès l’aube, Océane t’accompagnera jusqu’à l’horizon. N’oublie pas, tu auras une journée entière pour explorer cet ailleurs à ta guise. Mais au premier déclin de la lumière du jour, tu devras rentrer immédiatement sans tarder ni hésiter ne serait-ce qu’une seconde ! Gare à toi, ne te risque pas à troubler la pureté de ta conscience !
Encore un dernier conseil : tu as le droit de regarder, de humer et d’explorer le monde d’ailleurs avec tes yeux et ta conscience, mais ne t’avise surtout pas à toucher quoi que ce soit, à l’exception du seul objet que tu as le droit d’apporter. N’oublie pas, tu peux prendre un seul objet de l’autre monde ! Un SEUL ! ce sera ton cadeau d’anniversaire.
Pour la première fois, les yeux d’Oury ne se sont pas vaporisés, il a hâte d’aller jusqu’à l’horizon et d’explorer cet ailleurs qui l’intriguait, à la naissance de chaque jour !
— Tu n’as pas fermé l’œil de la nuit, mon fils. Ta mémoire va être lourde et chargée pour ton périple, mais elle te sera utile pour ce voyage, disaient les yeux de sa mère.
Elle l’accompagne jusqu’à la ligne bleue ; au fur et à mesure qu’ils s’approchent, la ligne devient une réalité. Or, auparavant, Oury et son frère n’arrivaient jamais à l’atteindre, plus ils s’approchaient, plus elle s’éloignait !
Mais ce matin c’est différent, l’univers semble vouloir livrer ses secrets et ouvrir les portes d’un ailleurs resté, jusqu’alors, insaisissable au jeune garçon.
— Je dois te laisser, je n’ai pas le droit de franchir l’horizon. N’oublie pas mon fils, au déclin du jour, tu dois rentrer immédiatement. Rappelle-toi que tu as le droit de prendre un objet, un seul !
Les yeux d’Oury saisissent toute l’intensité de l’amour que sa mère lui porte. Il sent toute la force qu’elle lui insuffle en cadeaux et victuailles pour cette expédition.
À peine Oury ouvre-t-il les yeux, qu’une lumière irradiante l’enveloppe et inonde son corps d’une chaleur douce nécessaire pour l’entreprise qu’il s’apprêtait à entamer.
Passer la ligne de l’horizon ressemble à un déchirement, Oury se sent se dédoubler, il a l’impression de s’alourdir, de s’enfoncer ! Mais en quoi ? Il ne le sait pas… il devient lourd, ses mouvements ralentissent ; son corps semble s’enraciner dans quelque chose d’invisible mais terrifiant. Il perd le contrôle de sa propre conscience, sa vue se trouble jusqu’à sombrer dans une obscurité étrange et un silence pesant envahit notre aventurier.
Il ne sait pas s’il est évanoui ou éveillé. Il se trouve dans un espace désertique : un paysage de désolation s’offre à son regard, il ne comprend pas les couleurs sombres…
Un tableau apocalyptique s’étend à l’infini. Une douleur poignante s’enroule autour de son cœur. Il a envie de s’enfuir, de s’élever, mais en vain. Cet alourdissement s’enroule autour de son être et s’épaissit tellement qu’il risque de rompre le cordon vital qui abreuve son être. Il faut avancer, renoncer à s’ankyloser et sortir de cette immobilité qui menace sa vie.
À ce moment-là, il comprend alors les paroles de sa mère lorsqu’elle lui avait dit que sa mémoire lui serait utile ! Eh oui, il a besoin de toute cette force, des liens avec les siens, avec le monde qu’il vient de quitter, pour éviter de se perdre dans ce tourbillon de rien, du Néant.
Le souvenir des siens lui donne la force pour avancer dans un espace lunaire et hostile, parsemé de grands trous de forme carrée. Oury slalome entre ces ouvertures béantes et étroites, mais en vain ; aspiré par un de ces tunnels noirs, il perd de plus en plus sa légèreté et s’engouffre dans une épaisseur palpable et effrayante, voire étouffante. Il ne comprend pas cette sensation de perdre haleine. Il manque d’étouffer.
— Tiens, c’est la première fois que j’éprouve une telle sensation ! pense-t-il inquiet.
Le souvenir des siens se trouble, il craint de perdre leurs traces dans sa mémoire. Il ne faut pas rompre le fil. Il court, court et dévale dans cet espace étroit, le long rectangle sombre et froid qui semble étiré à l’infini. Son envie de retourner chez lui décuple ses forces et son courage. Il brave ses peurs, ce désert et surtout ce gouffre qui le dévore et l’aspire jusqu’à l’aveuglement.
À mesure qu’il avance, les points s’élargissent et se transforment en traits lumineux qui laissent échapper des fils dorés et argentés.
Oury s’approche des rayons de lumière, il a besoin de se réchauffer, de reprendre des forces, car son essence commence à s’évaporer.
Son esprit retrouve sa lucidité, il distingue des petits rectangles de différentes tailles qui forment les parois du tunnel.
A-t-il le choix ? Comment sortir de cette impasse, de cet espace clos sans issue ?
Oury se rappelle les recommandations des anciens, il tend la main vers un de ces objets étranges, en décroche un et voit immédiatement les fils dorés se rassembler et se transformer en un puits de lumière aveuglant et coloré.
Oury regarde le rectangle opaque et gris, une sensation d’étouffement l’envahit, il détourne son regard et avance. Il a hâte de sortir du tunnel du désespoir. Ses yeux suivent la lumière, il se dirige vers la source lumineuse qui s’élargit et l’aspire.
Quelle volupté ! Quel silence assourdissant et enveloppant ! Oury n’a pas envie d’ouvrir les yeux, est-il retourné chez lui ? Non, il ne sent pas la présence des siens. Alors, où est-il ? Son âme s’abreuve de la sérénité rythmée par une mélodie silencieuse et envoûtante qui lui rappelle son univers.
Il ouvre les yeux et voit une paroi grise mais transparente. En la traversant, son esprit se trouble ; il entend des cris de peur, d’horreur qui lui déchirent le cœur. Il veut fuir, il cavale pour fuir cet étang nauséabond…
Il court et l’espace gris se change en mauve foncé, puis prend une teinte violette qui s’éclaircit petit à petit et se divise en deux couleurs : rouge et bleu foncé. Oury se sent tiraillé entre une joie immense et une angoisse tapie au fond de son être, il est troublé, mais ne peut rester dans cet espace étouffant…