Les humains - Pierre Ladoue - E-Book

Les humains E-Book

Pierre Ladoue

0,0

Beschreibung

"Les humains" est un patchwork littéraire où les paragraphes se succèdent sans lien apparent. Ces derniers, relatant l’histoire d’un extraterrestre dont la soucoupe volante s’écrase sur Terre, offrent parfois une perspective similaire à un reportage animalier, mais avec les humains pour sujet.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Auteur de "Donc voilà", "journal sans filtre" publié aux éditions AO et d’Illusion d’optique, aux éditions Maïa, Pierre Ladoue revient avec "Les humains".

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 98

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Pierre Ladoue

Les humains

Roman

© Lys Bleu Éditions – Pierre Ladoue

ISBN : 979-10-422-3746-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

Je m’avère être ce que les humains appellent un petit homme vert, à savoir un extraterrestre d’un mètre vingt, de couleur verte et étant, de plus, maigrichon, et quant à mon visage, eh bien on peut le qualifier de triangulaire et, ce qui peut effrayer, ce sont les grands yeux noirs mais, en réalité, je ne ferais pas de mal à une mouche, et de cela, j’en suis sûr à 90 pour cent, et à quoi j’ajoute que contrairement à la façon dont on nous imagine parfois, je ne vis pas nu, mais vêtu d’une combinaison de cosmonaute et, quand je quitte ma soucoupe volante, d’un casque, et aussi je tiens à dire que je traversais, au milieu de l’univers, un énième système solaire et que, depuis ma soucoupe volante, j’épluchais les données, car voilà à quoi se résume mon travail : à éplucher les données, le but du jeu étant de cartographier le cosmos et, si anomalies il y a, de les faire apparaitre sur la carte, et donc oui je traversais, au milieu de l’univers, un énième système solaire quand soudain j’ai capté des ondes sonores, et des ondes sonores que je retranscrirais de la sorte : blablabla, blabla, bla et bla.

J’ai vite constaté, durant mon séjour forcé sur Terre, que quasiment 100 pour cent des humains étaient pourvus de dents, et or de ses dents, un humain en prend grand soin, le truc étant qu’avoir les dents blanches et, de surcroît, bien rangées, c’est motif de fierté, mais qu’avoir, a contrario, les dents jaunes et, de surcroît, mal rangées, c’est motif de complexe (je précise qu’on voit leurs dents, aux humains, lorsqu’ils parlent, et or ils parlent beaucoup, et ainsi on voit souvent leurs dents) et même que du coup, eh bien après chaque repas, les humains s’astiquent les dents, et ce à l’aide d’une brosse d’une part, et d’une pâte d’autre part, et aussi, une fois par an, ils se rendent chez un spécialiste des dents (un dentiste) et un dentiste chez qui ils n’en mènent pas large, et quant au fait que leurs dents soient bien rangées, eh bien pour ce faire beaucoup portent, à l’adolescence, un appareil dentaire, doté duquel ils ont l’air fin, mais ce qu’il faut retenir, dans l’histoire, c’est que, pour preuve que les humains tiennent à leurs dents, c’est avec beaucoup d’énergie qu’après chaque repas, ils se les brossent, et je dirais même plus, en ceci qu’un humain ne sera jamais aussi énergique que quand, après un repas, il se brosse les dents.

Peu importe le lieu de travail sur lequel tu te rendras (il peut d’agir d’une usine, d’un hôpital, d’un bureau) que tu sentiras qu’il y a de l’eau dans le gaz, et de l’eau dans le gaz entre collègues, le truc étant que c’est humain, que de détester un collègue, et réciproquement, et c’est-à-dire aussi qu’en général, les humains ne peuvent pas piffrer leur supérieur hiérarchique, et ainsi il y a de l’eau dans le gaz et, concrètement, tu peux voir, sur les lieux de travail, des employés s’échanger des regards noirs.

Toujours en train, les humains, de se prendre la tête entre eux, ce qui donne lieu, à grande échelle, à des guerres et, à plus petite échelle, à des disputes, et la vérité étant que les humains, ce sont des êtres très conflictuels, avec qui t’as vite fait d’entrer en conflit, de sorte que les fréquenter, c’est marcher sur des œufs.

Tu peux, sur cette planète, te balader tranquillement et, soudain, recevoir une goutte sur la main, et donc quand t’es entouré d’humains, tu te dis qu’il y a 70 pour cent de chances qu’il s’agisse d’un postillon, les humains ayant tendance à postillonner lorsqu’ils parlent, alors qu’en fait, il s’agit d’une petite quantité d’eau tombée du ciel et, pour preuve, tu reçois une seconde goutte dans la foulée, puis une troisième et bientôt même des dizaines et la vérité étant que si tu ne te mets pas à l’abri, tu vas finir trempé, et aussi le fait qu’il tombe ainsi des gouttes du ciel, c’est absurde mais les humains, eux, n’en font pas de cas et, plus encore, ils s’équipent, quand il est prévu qu’aujourd’hui il va pleuvoir, d’un parapluie, et d’un parapluie que le moment venu, ils déploient, et ce dans le plus grand des calmes, et c’en est à point que s’il devait pleuvoir des sachets de thé (les humains faisant parfois infuser, dans une tasse d’eau chaude, un sachet de thé) eh bien il pleuvrait des sachets de thé et les humains, habitués cela, n’y verraient rien d’anormal.

En quoi consiste la journée typique d’un humain adulte ? Eh bien elle consiste à tout d’abord se réveiller, et ce à l’aube, et à ensuite se préparer d’une part (à se toiletter notamment) et à petit-déjeuner d’autre part, et, une fois chose faite, notre humain s’amène jusqu’à son lieu de travail, là où il bosse quatre heures, et quatre heures suite auxquelles il déjeune, et après quoi il se remet au travail, travaillant jusqu’à dix-sept heures et, à dix-sept heures, regagnant son habitation, dans laquelle il vague un moment, et un moment à la fin duquel notre humain dîne, et quid ensuite de sa soirée ? Eh bien sa soirée, notre humain la consacre à visionner un film et, au total, il fait sa toilette et, sur ce, s’en va se coucher.

Les humains ne marchent pas pieds nus, ou en tout cas seulement dans leur habitation, car dès qu’ils sortent, ils enfilent, avant toute chose, des chaussures, lesquelles s’avèrent être, limite, des attributs sexuels, et j’entends par là que tes chaussures joueront sur ton attractivité, et aussi, et comme les chaussures comptent donc beaucoup, eh bien les humains s’en rachètent une paire tous les trois mois, de sorte que tu peux trouver, dans leur placard, des dizaines de paires de pompes, et certes c’est disproportionné mais c’est ainsi, et c’est-à-dire que les humains mettent toujours le paquet, question attractivité.

En parlant d’attractivité, eh bien sachez que tel est le but du jeu, chez les humains : être attractifs, et attractifs globalement (attractifs dans leur façon de s’exprimer, notamment) (attractifs de par leur situation, également) mais, tout particulièrement, attractifs physiquement, et sachez également qu’en vue d’être attractifs, 80 pour cent des humains, chaque matin, se parfument, et or le parfum, ça pue, et c’est tout du moins mon avis, et le comble étant que les humains sont prêts à payer cher pour un flacon de parfum, et un flacon de parfum qu’ils ont pu voir, par exemple, à la télévision, car à la télévision, les spots publicitaires pour parfums sont légions, et même que dans ces spots, tu vois souvent un ou une humaine, au physique agréable, qui se la joue.

J’ai donc capté des ondes sonores, et des ondes sonores que je retranscrirais de la sorte : blablabla, blabla, bla et bla, et, sur le moment, je n’y comprenais rien mais, depuis, j’ai appris à comprendre, et même à parler, et même à écrire, ce blabla, ou du moins l’un de ces blablas car j’apprendrais plus tard que sur cette planète bleue dont émanaient ces ondes sonores, eh bien il existe des centaines de langues différentes, celle que j’ai apprise, en l’occurrence, étant le français, et pourquoi le français ? Eh bien parce que c’est en terre française que je me suis crashé.

Chapitre 2

Il est à noter qu’après avoir capté des ondes sonores, depuis ma soucoupe volante, eh bien j’ai capté des photographies, et des photographies devant lesquelles, très vite, j’ai écarquillé les yeux, le truc étant que sur la moitié de ces photographies, tu pouvais voir des visages : les visages des êtres intelligents qui vivaient sur cette planète bleue, et en précisant que tomber sur des êtres intelligents, des êtres capables d’utiliser un coupe-ongle, ça ne m’arrive pas tous les jours.

J’ai beaucoup vogué dans l’univers, me retrouvant, à un moment, dans une galaxie puis, ensuite, dans un système solaire puis, enfin, auprès d’une planète, et d’une planète sur laquelle grouillent des fourmis, et des fourmis qui portent des habits, conduisent des voitures, vivent dans des habitations et qui, en outre, aiment à s’appeler les humains.

Les humains se rendent, parfois, à la patinoire, là où ils patinent sur la glace, ce qui leur procure du plaisir et ce qui, en outre, engendre de bonnes photos, à poster ensuite dans les réseaux sociaux, et c’est-à-dire qu’en tant qu’humain, il faut effectuer des sorties régulièrement, sinon quoi tu feras pitié.

Vous noterez que contrairement aux petits hommes verts tels que moi, tous les humains, sur cette planète, sont contraints de dormir régulièrement, et de dormir une dizaine d’heures d’affilée, et même que du coup, eh bien chaque soir ils s’allongent sur leur lit, éteignent la lumière et, une fois chose faite, ferment les yeux, pour dès lors chercher le sommeil, que certains trouvent facilement, d’autres plus difficilement, mais toujours est-il qu’au total, ils s’endorment et que de là jusqu’au lendemain matin, ils roupillent et, concrètement, sont comme morts, preuve étant que si tu les alpagues, eh bien ils vont continuer à dormir comme si de rien n’était et, si tu veux vraiment discuter avec eux, eh bien il faudra les secouer, et à quoi j’ajoute, primo, que les humains passent tout de même 33 pour cent de leur temps à dormir, et qu’ainsi on peut les qualifier de gros dormeurs, et certes ils perdent leur temps en dormant mais s’ils passent, admettons, trois jours sans dormir, eh bien ils deviennent incohérents, et j’ajoute, deuxio, qu’ils prêtent à sourire, les humains, quand ils dorment, le truc étant que vu qu’ils sont recouverts d’une couette, eh bien il y a juste leur tête qui dépasse.

Pas une journée ne passait, sur la planète Terre, sans que je tombe sur une publicité au moins, et il faut dire qu’à la télévision, et or j’ai beaucoup regardé la télévision, eh bien une page de publicité survenait tous les quarts d’heure, et une page de publicité pendant laquelle j’entendais des trucs tels que le monde vous appartient, vous le méritez, soyez vous-même, et tout cela dit d’une voix mielleuse, et de même que dans l’internet, et or j’ai pas mal navigué dans l’internet, eh bien il n’était pas rare qu’une publicité apparaisse, et c’en était à un point que même dans les rues, eh bien il m’arrivait de tomber sur une affiche publicitaire, et une affiche publicitaire promouvant un parfum, par exemple, et la vérité étant qu’en fait, les humains s’avèrent conditionnés : conditionnés par la publicité, et la publicité qui ne fait au fond que répéter le même mot : achetez.