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Tout au long de sa vie,
Marir Oumiche Zora a vécu des épreuves particulières l’ayant marquée. Entre découverte, religion, remise en question et famille, dans un style empreint d’émotions pures, "Les mots de l’épreuve d’une vie" retrace chacune d’elles, sur le chemin de sa résilience…
À PROPOS DE L'AUTRICE
Marir Oumiche Zora a vécu plusieurs expériences singulières dont elle s’est inspirée pour écrire" Les mots de l’épreuve d’une vie".
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Seitenzahl: 101
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Marir Oumiche Zora
Les mots
de l’épreuve d’une vie
© Lys Bleu Éditions – Marir Oumiche Zora
ISBN :979-10-422-1720-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
Avant tout, je dois vous conter pourquoi j’ai décidé d’écrire un livre. Tout a commencé chez le docteur Saré, psychothérapeute que j’ai consulté pendant quatre ans, qui m’a donné son accord pour enregistrer nos séances. À ce moment-là, je voulais me prouver quelque chose, quelque chose dont je serais fière, quelque chose qui m’identifierait.
Je le voyais deux à trois fois par semaine dans des séances qui n’en finissaient pas, à tel point que mon mari s’inquiétait, il n’arrêtait pas de m’appeler au téléphone. Ce thérapeute était passionné par mon histoire. Il aimait m’écouter. Il a su démêler les nœuds, et éclaircir les moments de mon parcours qui me faisaient mal. Il a réussi à me faire comprendre et à voir arriver ma maladie. Il est dommage que je n’aie pu récupérer toutes les cassettes.
J’ai laissé les cassettes que j’ai pu garder dormir pendant au moins dix ans, je n’ai pas pu les réécouter, c’était trop dur.
Le jour où je me suis trouvée enceinte de ma fille, j’ai décidé de faire appel à un écrivain public, Mme Véronique Guillaume, pour qu’elle m’aide à retranscrire ces cassettes et à écrire mon histoire. Je ne voulais pas de belles phrases, je voulais seulement qu’on m’écoute. Je l’ai vue une fois par semaine durant cinq ans.
Comme Mr Saré et moi avions oublié de mentionner les dates sur les cassettes, il a fallu que je l’éclaire pour qu’elle comprenne le cours des événements. Cela lui a demandé beaucoup de travail. Mais le plus dur mentalement était d’imaginer les scènes. Elle a eu à plusieurs reprises les larmes aux yeux.
Cela n’a pas été évident de relire mon histoire, cela a même été très dur. Alors j’ai écrit, arrêté, repris et arrêté à nouveau, cela pendant plusieurs années. Ma fille Sephora a aujourd’hui 9 ans, nous sommes le 5 septembre 2021, et depuis sa naissance je n’ai pas rechuté. Je suis décidée à finir cette rédaction, avec l’aide de Dieu. J’ai dû reprendre pas mal de choses.
J’ai renoncé à retranscrire les cassettes, c’était trop lourd et parfois trop intime, mais ce récit est le reflet fidèle de mon vécu. Avant de commencer mon histoire, qu’on l’appelle biographie ou témoignage, je tiens à dire que je n’écris pas très bien et que l’orthographe a été une barrière pour moi durant toute ma vie. Vous verrez plus tard comment j’ai repris confiance en moi et travaillé la langue.
C’est à travers mes écrits que j’aimerais pouvoir venir en aide aux victimes de ces maladies, de ces souffrances, de ces folies que personne ne voit ni ne comprend et auxquelles nul ne peut venir en aide. Raconter ma vie, expliquer les chemins difficiles par lesquels j’ai dû passer est le seul moyen de faire comprendre et d’apporter mon aide. Je parle de « ces maladies », car les psychologues ont trouvé toutes sortes de qualificatifs : baby-blues, dédoublement de personnalité, schizophrénie, bipolarité. J’en ai vu des psychothérapeutes !
Hé bien non ! Ce n’était rien de tout ça.
Vous n’imaginez pas les lourds traitements que j’ai pu avaler, qui m’ont enterrée vivante, un vrai tsunami ! Et je pèse mes mots.
J’étais une jeune fille gaie, aimant rire et faire la fête. J’avais beaucoup d’amis avec qui je sortais en boîte de nuit. J’étais parfaitement à l’aise dans ma vie, l’avenir me tendait les bras. Et puis un jour, tout a basculé.
Personne ne peut imaginer ce que fut ma descente dans les enfers de la maladie, ni ma famille ni mes amis ne s’en sont rendu compte. Mais que m’arrivait-il ? Il a fallu une crise, particulièrement violente, pour qu’ils ouvrent les yeux. Mais ils n’ont rien pu faire pour m’aider, il était trop tard.
Seul mon mari a toujours été à mes côtés durant ces longues années. Ma maladie l’a fait souffrir, mais il n’a jamais renoncé. Il aurait pu me quitter plusieurs fois. Mais aujourd’hui encore, il est toujours là. Quant à ma mère, elle en a souffert en silence, au fond de son cœur, et a fait des pieds et des mains pour m’aider à guérir.
Lorsque j’avais 19 ans, nous étions en 1987, je suis allée travailler au Palikao, le restaurant qui appartenait à mon frère Chérif et à ma mère. Après son divorce, ma mère a eu besoin de travailler pour subvenir aux besoins de ses 8 enfants, elle a donc décidé d’ouvrir un restaurant avec mon frère. Auparavant, Chérif avait travaillé au Galion et au Méridien, des restaurants et bars de Nice. Il a tout quitté pour aider ma mère, il s’est dévoué corps et âme pour la soutenir. Il avait beaucoup de classe et d’allure et il a fait du Palikao un restaurant très apprécié. C’est ma mère qui préparait les plats orientaux et, durant toute cette période, elle était très épanouie. Moi aussi j’ai beaucoup aimé cette période, je crois que j’ai vécu les plus beaux moments de ma vie. Quand j’ai commencé à travailler au Palikao, je m’occupais des salades. Assez rapidement, quand mon frère a vu que je travaillais bien, il m’a mise au service. Et j’aimais servir en salle. C’est grâce au relationnel avec les clients que j’ai pu me faire pas mal de connaissances ; nous avions une clientèle variée et régulière qui aimait l’ambiance du restaurant, une ambiance chaleureuse ! Nous passions de la musique que l’on n’oublie pas. Naïma, Baya (mes belles-sœurs) et moi étions toutes belles, souriantes, pleines de vie. J’aimais cette ambiance : discuter avec les clients, servir, sourire, rencontrer du monde et je me souviens qu’on disait de moi « le soleil est arrivé ».
Un jour, j’étais devant le restaurant avec Naïma (la femme de Chérif), on écoutait de la musique tranquillement dans la voiture et, là, j’ai vu arriver un jeune homme, beau, grand, très classe, comme je n’en avais jamais vu à Saint-Étienne. J’ai interrogé ma belle-sœur :
Nous sommes descendues de la voiture (je me sentais belle ce jour-là), il m’a regardée, je l’ai regardé, on s’est dit bonjour et il est entré au Palikao. Il est allé voir Chérif et lui a demandé s’il pouvait travailler avec lui pendant quelque temps. Il venait de vivre une rupture amoureuse et avait besoin de se vider l’esprit. Mon frère lui a proposé d’habiter dans un des appartements situés au-dessus du restaurant et, pendant quelques jours, il s’est joint à nous pour nous aider au service. Dès que j’ai vu Marcel, ça a été le coup de foudre ; mais il ne se doutait pas de ce que j’avais dans la tête, ni moi de ce qu’il avait dans la sienne. On a simplement fait connaissance et ensuite on a travaillé ensemble.
Un soir, on s’est tous retrouvés chez Marcel, Chérif, Naïma et moi. On a discuté et on a pas mal bu. Quand mon frère et ma belle-sœur sont rentrés chez eux, je suis restée avec Marcel et on a passé la nuit ensemble. Ce soir-là, j’ai pleuré et quand il m’a demandé pourquoi, je lui ai expliqué qu’il était le premier homme avec qui je faisais l’amour.
J’ai connu des flirts, mais rien de sérieux, alors que là j’étais vraiment amoureuse. Je crois qu’il en a été touché, même s’il venait de vivre une déception sentimentale.
Un autre soir, alors qu’on était tous les deux de service au restaurant, une gitane est entrée pour vendre des fleurs. Marcel a discuté avec elle et, après son service, ils sont partis ensemble dans une boîte où l’on avait l’habitude de se retrouver. Avant de partir, il m’avait dit :
À l’époque, j’étais trop fière et cet homme avait su renforcer cette fierté : si je pouvais plaire à un tel homme, c’est que je pouvais plaire à n’importe quel autre homme. Il n’avait pas de situation, à ma connaissance, mais je pense qu’il était issu d’une famille aisée, je n’ai jamais posé la question à mon frère. Mais cela n’était pas important. Il avait, en quelque sorte, fait ressortir la beauté qui dormait en moi.
Ce soir-là, je suis donc allée en boîte de nuit, mais je ne suis pas restée avec lui. J’ai passé la soirée à discuter avec un autre homme, un Algérien, qui était très beau lui aussi (des années plus tard, je l’ai revu malade, accompagné de son père, malheureusement pour lui), je ne me souviens plus du tout de quoi nous avons parlé. Tout ce que je voulais, c’était provoquer Marcel. Ça me faisait quelque chose de le voir discuter avec une autre femme. Au moment de rentrer, Chérif a proposé de boire un verre à la maison. Comme Naïma savait qu’on sortait ensemble, elle m’a demandé de les accompagner. Une fois arrivés, Marcel a essayé de me parler :
J’avais beaucoup bu toute la soirée et n’avais pas envie de répondre, je me suis très vite endormie. On a tous dormi chez Chérif et Naïma, moi dans le salon et Marcel dans une chambre d’amis. Le lendemain matin, que vois-je ? Marcel qui m’apporte un café, des pains au chocolat qu’il venait d’acheter, et me déclare :
J’ai compris qu’il n’était pas indifférent. Mais moi j’étais tellement fière que je faisais comme si je n’en avais rien à faire de lui.
Et puis j’étais tiraillée : d’un côté, j’étais attirée par lui et, en même temps, je ne voulais pas tomber amoureuse. À cette époque, c’était un tabou chez nous de vouloir se marier avec un Français.
Un soir que je servais au restaurant, j’ai vu, par la vitre, Chérif et Marcel se disputer. Marcel est monté dans la voiture d’un copain et il est parti, il ne m’a rien dit, moi non plus ! Ni Naïma, qui est pourtant mon amie avant d’être ma belle- sœur, ni Chérif n’ont raconté ce qui s’était passé. Je l’ai laissé partir sans rien dire, je le regardais à travers la vitrine du restaurant et mes larmes coulaient toutes seules. Jusqu’en septembre 2021, je n’ai jamais cherché la vérité !
Quelques mois plus tard, je reçois un coup de téléphone au Palikao : mon frère Chérif m’appelle et me passe Marcel qui me demande de lui envoyer le pantalon et le pull qu’il avait oubliés. En fait, je pense, ce n’est pas une certitude, qu’il s’agissait d’un prétexte pour me donner son adresse. Mais je l’ai envoyé balader. Je lui en voulais terriblement de m’avoir quittée, pour ne pas dire abandonnée. Il m’a fallu du temps pour l’admettre. Toujours est-il que je n’ai jamais plus eu de nouvelles de lui.
En fait si… je vais vous raconter à présent comment.